Ces amusemens étoient devenus pour lui des affaires plus importantes que l’administration de la justice, & le gouvernement de l’Etat ; ils avoient leurs temps marqués, & remplissoient toutes les heures de la journée.
Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont méme les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, Si talis est Roma terrestris, quid erit Jerusalem cœlestis ?
Tous les Etats mêlés ensemble, en ont été plus hardis à braver la honte.
3.) est adressée à un homme en place qui gouvernait un Etat et voulait excuser sa tolérance pour les spectacles, sous prétexte que la comédie corrigeait les hommes par ses bons mots, « salibus meliores reddit » ; ce que ses partisans ne cessent de répéter.
Outre cela il y avait des places de distinction qui appartenaient en propre à certaines personnes, et qui étaient même héréditaires dans les familles, pour de grands services rendus à l’Etat. […] Le Prévôt fut mandé à ce sujet, et dit, « qu’il ne pensait avoir failli ayant donné telle permission, suivant le Mandement du Roi, porté par ses Lettres Patentes et Lettres clauses signées de sa main et de l’un de ses secrétaires d’Etat, et encore que cesdites Lettres Patentes ne soient scellées ; ladite Chambre a fait et fait inhibitions et défenses audit Prévôt de Paris de donner plus telles permissions, ni faire ou ordonner autre acte en sa maison ni ailleurs pour le fait de la Justice et Police, sans au préalable en avoir communiqué au Lieutenant Civil ou Criminel, Conseillers, Magistrats, Avocats et Procureur du Roi audit Châtelet, et pris leur avis en Conseil, lui étant audit Châtelet. […] Dès le premier Concile Provincial, il fit ordonner que les Ecclésiastiques n’assisteraient jamais aux Jeux de Théâtre290 ; qu’on ne les souffrirait point les jours de Fêtes291 ; et qu’on exhorterait les Princes et les Magistrats à chasser de leurs Etats toutes sortes de Bateleurs et de Comédiens292. […] Mais toutes ces choses jointes aux circonstances qui accompagnent les représentations des Comédiens, forment des spectacles défendus par l’Ecriture, par les Pères, les Conciles, et les Scholastiques, comme nous venons de le voir ; et s’il était nécessaire d’y joindre les derniers Casuistes qui ne passent pas pour les plus sévères, on serait peut-être surpris de voir qu’Escobar porte l’horreur qu’il a des Comédies jusqu’à ne point approuver qu’on en souffre dans un Etat. […] . « Comme il y a toujours, dit-il, dans un Etat une infinité de gens qui demeurent oisifs, ou parce qu’ils ne sont pas d’humeur assez laborieuse, ou parce que leur emploi n’est pas continuel, cette fainéantise les porte ordinairement, ou à s’abandonner à des débauches honteuses et criminelles, ou à consumer en peu d’heures ce qui pourrait suffire à l’entretien de leur famille durant plusieurs jours.
J’avois compris que dans un Etat où l’intrigue dispose de toutes les places, un bon livre, c’est-à-dire un livre utile, devient la seule action publique permise à un Citoyen qui ne veut point descendre à des démarches humiliantes.
Henri de Transtamare, son frere naturel, qui lui avoit échapé, profita de ces dispositions, fit soulever les peuples, se mit à leur tête, & le détrona ; Pierre vint en Guyenne, où les Anglois regnoient, ils lui fournirent des troupes, & le rétablirent dans ses Etats.
de sa façon, Mahomet, la Henriade, ouvrage où il a le moins menagé la Religion & l’Etat, par un fanatisme d’impiété bien plus pernicieux que celui qu’il attaque.
Quel service y rend-on à l’Etat, à sa patrie, à sa famille ?
Il ajoute que les Poètes s’attiraient autrefois de l’admiration pour les grands services qu’ils rendaient : ils instruisaient de tout ce qui avait rapport à la Religion et à l’Etat : ils polissaient les mœurs, modéraient les passions, perfectionnaient l’esprit, et apprenaient aux hommes à devenir habiles pour leurs affaires personnelles et pour les emplois publics.
Les lois Romaines avaient les mêmes alarmes, et prenaient les mêmes précautions que Marseille païenne, parce qu'il est de l'intérêt essentiel de l'Etat que les jeunes gens qui en sont l'espérance, aient de la religion et des mœurs, et étudient les sciences propres à leur profession.