Il rapporte ensuite les Canons des Conciles, les Statuts des Evêques, les Arrêts des Magistrats qui les ont condamnés en France. […] C’est pourquoi quel compte n’auront pas à rendre les Gouverneurs & les Magistrats qui auront introduit, soutenu & excité de pareils divertissemens ! […] Ce n’est de même qu’aux Magistrats, déserteurs des obligations de leur état, que M. […] Mais il ne faut pas espérer que ces jeux soient défendus ou empêchés par les Magistrats ; car ordinairement on en voit qui sont les premiers à ces jeux. » On a ci-devant vu page 112 de nos Lettres, que sous Charles VIII les Magistrats ne méritoient pas le reproche que Bodin faisoit à ceux de son temps. […] Les Magistrats de Rome en avoient encore, lorsque sous le Consulat de Sp.
.), est remplie de tant de licence, que du style comique fait pour délecter & corriger les mauvaises mœurs par la moquerie, elle passe dans celui de la bouffonnerie, de l’impudicité & de l’impudence, & ces farces exécrables dont la France fait un dessert de cigue après la piece sérieuse, mériteroient une sévere punition des Magistrats, parce que les mauvais propos que l’on y tient corrompent les mœurs, apprennent au peuple des mots de gueule, des traits de gausserie, des quolibets sales, & le portent à l’imitation des sottises & des fripponneries qu’il voit représenter. […] 469, le naturel est plus grave, les Acteurs sont plus modestes, on n’y connoît point les farces, & le Magistrat a tellement l’œil à ces débats, que ceux qui y disent ou font des choses contraires à la pudeur, sont séverement châtiés. […] Il étoit élu tous les ans par les Officiers du Duc de Bourgogne, les Magistrats & la Bourgeoisie.
J’ai deux points à remplir, & ces deux points renferment tous mes devoirs, être fidele à mon mari & respecter les magistrats protecteurs des nœuds du mariage. […] Mais des graves magistrats se réjouissent-ils comme des comédiens ? […] Plus les hommes cherchent à abuser de tout, plus les loix & les magistrats doivent les retenir sur les abus où ils tomberoient, lors même qu’ils en cachent les dangers sous des actions dont les dehors semblent n’avoir rien que de licite. […] Il est du devoir des magistrats d’aller au-delà des précautions, que de n’en pas prendre de suffisantes, pour maintenir l’ordre public & les bonnes mœurs. […] M. de Saint-Foix étoit l’homme le plus plein de lui-même ; à l’entendre, ses pieces étoient parfaites, aucune qui n’ait eu le plus brillant succès : si quelqu’une a d’abord essuyé quelques revers, le lendemain tout a été glorieusement réparé, la cour & la ville ont également applaudi ; si le public a trouvé quelques obscénités, le magistrat n’a trouvé que de la décence.
Les comédiens n’epargnerent rien pour rendre l’illusion complette, l’appareil de la chambre criminelle, les robes des magistrats, le greffier, la sellette, les témoins, tout le costume de la Tournelle y étoit observé. […] On le voyoit dans les rues chanter & danser avec le premier venu, comme les bohémiens & les chantres du Pont-neuf ; il devenoit amoureux de toutes les jolies filles, se déguisoit de mille manieres, il faisoit cent folies pour leur plaire ou tromper leurs parens, en officier, en magistrat, en marchand, &c. […] Comme si ceux qui sont destinés aux lettres & aux sciences, l’ecclésiastique, l’avocat, le magistrat n’avoient pas autant & plus de besoin de bien parler, de se bien présenter, de bien sentir ce qu’ils disent, qu’un marchand, un soldat, un bourgeois. […] Si Brioché s’étoit avisé de faire tenir école à ses marionnettes, & débiter des graves sentences, celles-la même dont on fait un si grand mérite à Lafontaine, formeroit-il des brillans éleves, des magistrats, des peres de familles, des négocians, des militaires, &c ? […] Quel magistrat, quel militaire, quel ecclésiastique est si bien payé ?
Tout le monde a entendu parler de l’idée burlesque de quelque Poëte de mettre l’Histoire Romaine en sonnets, le Digeste & le Code en épigrammes, pour mieux apprendre les loix aux Magistrats, à l’exemple de Benserade, qui mit en rondeaux les Métamorphoses d’Ovide, & de cet Ingénieur de Moliere qui proposoit au Ministre de mettre toutes les côtes de la France en ports de mer. […] Mandés, menacés, maltraités, réprimandés, les Magistrats furent le jouet du Théatre. […] Ce sont en effet des Magistrats très-éclairés, très-intègres. […] La piece a été répetée devant le Magistrat pour la juger. […] On avoue que les Magistrats ont défendu cette piece, qu’elle a été arrêtée à Fontainebleau, qu’on y a fait bien du changement, qu’il faut l’élaguer encore.
Les anciens mysteres que jouoient les Confrères de la Passion, dictés par une sincère piété, furent d’abord des actes publics de religion, ils étoient représentés sous l’autorité, & en présence des Magistrats dont la vertu ne peut être suspecte1. […] l’Attaignant, qui avoit fait recevoir la comédie le Fat à l’Aréopage (c’est le portrait d’un Magistrat Comédien), & Marmontel, qui avoit donné la tragédie d’Egyptus. […] Après bien des contestations le Magistrat a eu l’honneur sur le nouveau Gentilhomme : il a été joué le premier, & le premier sifflé.
Mais le Magistrat qui souffre qu’on les expose sur la scene, qu’on en frappe les yeux & les oreilles des citoyens, qui ne craint pas la funeste impression que cet affreux langage laisse enfin dans leur esprit & leur cœur, ce Magistrat est-il plus sage ? […] n’ont-elles pas des Confesseurs, des Supérieurs, des Evêques, des Magistrats, des amis, des parloirs ?
Enfin Marc-Aurele, qui souvent est désigné par la dénomination d’Antonin le Philosophe, ordonna que les Acteurs qui joueraient dans les Spectacles que certains Magistrats étaient tenus de donner au Peuple, ne pourraient point exiger plus de cinq pièces d’or par représentation, & que celui qui en faisait les frais ne pourrait pas leur donner plus du double. […] Le Public regarde comme une chose indifférente, que celle qui lui peint la Vertu, soit estimable par la pureté de ses mœurs, ou la maîtresse d’un Mondor, vil oppresseur des Peuples ; d’un Magistrat inique qui vend la justice ; d’un Seigneur débauché qui deshonore sa naissance & trahit ses ayeux. […] Ne peuvent-elles pas amollit nos Guerriers, séduire nos Magistrats, corrompre tous les Spectateurs ?
Les propriétaires de l’Hôtel de Bourgogne s’en plaignirent au Lieutenant Civil, et firent assigner devant lui, les Provinciaux ; ils cessèrent aussitôt leurs représentations, en attendant que ce Magistrat eût levé cet obstacle. […] Ce Magistrat n’estima pas que le privilège exclusif accordé au Maître de l’Hôtel de Bourgogne, fût plus fort que les Statuts des six Corps des Marchands et des Arts et Métiers de Paris, dont l’effet est suspendu en faveur des Forains pendant la Foire. […] Cette licence était parvenue à un tel point, que le Magistrat de Police fut obligé d’y mettre la main pour en arrêter le progrès.
Et comme autrefois après que l’on eût fait plusieurs lois, pour arrêter le désespoir des Vierges Milésiennes, qui se précipitaient à la mort, voyant qu’on n’en pouvait venir à bout : Les Magistrats s’avisèrent de publier un Edit, qui déclarait infâmes ces filles et les exposait à la peine d’une honteuse nudité après leur mortc. […] Mais il a fait paraître qu’il était meilleur Philosophe que sage et prudent Politique, voulant introduire la communauté des femmes dans sa République ; laquelle opinion a été condamnée universellement de tous les Magistrats comme pernicieuse et contraire au bien public.
On oppose la tolérance des Magistrats qui n’empêchent pas les Comédiens d’ouvrir leur Théâtre, on produit les Arrêts émanés du Thrône en faveur de la Comédie.
Les femmes, dit-on, ne sont ni élevées à la magistrature, ni instruites dans le droit : on se trompe, qui sait mieux le droit, qui est plus véritablement magistrat, que l’actrice qui forme les magistrats, dicte leurs Arrêts : On se louoit autrefois de la chasteté de la langue française, grace à la Comédie, & aux Femmes qui vont y apprendre à parler ; leur nouveau Dictionnaire feroit rougir les hommes les moins devots, s’ils ne devenoient femmes avec elles. […] Les Magistrats même n’ont pas respecté ces digues qu’ils avoient opposées, après avoir le matin, fait parler les loix de la Réligion & de l’Etat, ils alloient le soit à la comédie qu’ils avoient proscrite, y mênoient leurs femmes & leurs enfants : Unâ manu ædificans, & alterâ destruens. […] Quoiqu’il en soit de ces raisons, du moins est-il évident qu’elles ne peuvent tout au plus excuser que le Magistrat qui tolére un mal qu’il ne peut, ou qu’il croit ne pouvoir empêcher ; mais jamais ni l’acteur qui joue la comédie, ni le spectateur qui s’y rend ; ils se livrent volontairement au mal que rien ne l’oblige de commettre.
Quelle négligence dans les loix & dans les Magistrats ! […] Ceux qui ont joué des rôles ne sont ni plus habiles ni plus sages que les autres ; & dans la suite un Magistrat, un Avocat, un Prédicateur, un Juge ne plaide, ne prêche pas mieux ; ordinairement il le fait plus mal, il a moins l’espris de son état, l’amour du plaisir enfouir les talens. […] Le rôle du Bailli est une satire des Magistrats. […] Les Magistrats qui fréquentent la comédie sont à plaindre, si c’est là leur portrait.
Les comédiens dans les affaires sont aussi ridiculement déplacés que les magistrats au théatre, en changeant leurs robes ils se rendent également ridicules & coupables. […] Les bons magistrats, les vrais nobles qui soutiennent leur dignités par leur mérite, n’en furent jamais ni ne peuvent en être l’objet. […] Elles étoient allées en corps, chacune une branche de laurier à la main, chantant & dansant par les rues & chez tous les graves magistrats de l’ancien Parlement, leur firent un compliment & les couronnerent de lauriers : ce qui vaut bien le mortier de président. […] La grave, la savante Université de Toulouse y avoit préludé en faveur du Parlement, faisant de ses écoliers une troupe d’acteurs, qui donna la comédie aux magistrats.
On a beau dire que la comédie est autorisée par l’usage dans les Etats les mieux policés, qu’elle est permise partout : dèslors qu’on ne voit ni des Edits de la part des Princes, ni des Arrêts de la part des Magistrats qui la défendent, le prétendu usage en ce cas sera toujours un véritable abus qui ne la justifiera jamais, puisque l’Eglise l’a toujours condamnée. […] Les Empereurs Valentinien, Valens & Gratien, ont suivi en cela les loix de l’Eglise & les sentiment des saints Docteurs, en défendant qu’on admît aux Sacremens les comédiens, même au lit de la mort ; à moins qu’ils ne jurassent entre les mains des magistrats, de ne plus éxercer leur profession en cas qu’ils revinssent en santé, quelque douleur qu’ils témoignassent de leurs péchés d’ailleurs. […] C’est Dieu qui a fait les Empereurs & les Rois, pour gouverner son peuple ; les sujets & les vassaux, pour leur obéir : il a fait les magistrats & les juges, pour contenir un chacun dans les bornes de son devoir, & pour faire dans l’univers cette admirable variété, qui par une juste subordination fait les douceurs de la société civile, quand elle est bien réglée.
Pour les Magistrats, ils croiroient qu’un Arrêt seroit cassable, si on le prononçoit sans être frisé. […] il paroît qu’il y avoit à Rome un Magistrat, & de compagnies de Guet à ses ordres, chargés de veiller nuit & jour, sur les incendies, pour les prévenir ou les éteindre ; & ce n’étoit pas seulement les incendiaires décidés, qui de propos délibéré mettoient le feu aux maisons, ce qui a toujours, été un crime capital ; mais encore ceux qui négligeoient de couvrir, d’éteindre le feu, qui en portoient négligemment, par la faute desquels le feu pouvoit prendre, sans aucune mauvaise volonté, que ce Magistrat devoit sur le champ punir sévérement, de son autorité, les faisant foueter ou fustiger : Virgis aut fustibus cædi jubet.
Le caractère des Magistrats l’arrête, ou lui laisse le champ libre. […] Ils accordent d’abord que les pieces obscènes & impies ne sont pas permises, que les Acteurs pèchent en les jouant, les Auteurs en les composant, les spectateurs en les regardant, les Magistrats en les tolérant, les parens & les maîtres en y laissant aller leurs enfans & leurs domestiques. […] On y voit, dit-il, les divers collèges des Prêtres & des Magistrats, les Souverains Pontifes, les Quindécemvirs couronnés de laurier, les Flamines, les Augures interprètes des volontés des Dieux, les Vestales chargées d’entretenir le feu sacré, le Peuple, le Sénat, les Consuls, les très-augustes Empereurs, qui approchent si fort de la Divinité ; & ce qui est incroyable, la mère de cette nation guerriere maîtresse du monde (Vénus), s’applaudit de s’y voir représentée par les livrées infames d’une prostituée : Et quod nefarium est audire, gentis Martiæ genitrix, regnatoris populi procreatrix, lætatur Venus, seperaffectus meretricia vilitatis, impudicâ imitatione laudari.
.° Les lois défendent aux Magistrats et aux personnes en place d’épouser des Comédiennes, ni même leurs filles, non plus que des personnes publiques (dans les lois ces deux choses vont de pair). Les Magistrats spirituels se doivent-ils moins respecter ? […] 4.° Quoique par un usage immémorial, devenu une espèce de loi, dont on ne se serait pas dispensé impunément, les grands Magistrats de l’Empire Romain, pour signaler leur entrée dans les charges, fussent obligés de donner des spectacles au peuple, l’Eglise ne le leur pardonnait pas, et si dans la suite, quittant le monde, ils voulaient entrer dans les ordres sacrés, ils étaient censés irréguliers, comme nous l’avons ci-dessus remarqué ; et si par la facilité des supérieurs, ils étaient admis aux saints ordres, fussent-ils élevés à l’Episcopat, eux et leurs consécrateurs étaient déposés, par l’ordre du Pape Innocent III, adressé au concile de Tolède : « Qui ordinati fuerint, cum suis ordinatoribus deponantur. » (Distinct.
Ce Théâtre, dira-t-on, qui, par tant de motifs, est devenu un divertissement si nécessaire et si chéri du Public, doit donc toujours être soutenu et protégé par les Souverains, et par les Magistrats.
Le Magistrat prit la Rosiere par la main & la conduisit dans sa maison à travers un foule immense, au bruit des fanfares & de l’artillerie. […] C., putas, inveniet fidem , quels Citoyens, quels Peres de famille, quels Magistrats préparent à l’Etat cette irreligion succée avec le lait.
Ainsi les Magistrats Romains, & ensuite les Empéreurs donnoient des jeux au peuple. […] Ce sage réglement est fort mal observé dans les provinces par la foiblesse ou l’inattention des Magistrats, on n’ose pas les soupçonner d’irréligion. […] On siffla l’arrêt & la piéce, plusieurs Magistrats présens, qui siffloient aussi, quoique du nouveau Parlement, prononcerent sur le tribunal de Thalie, la cassation de l’arrêt, & la condamnation de la partie. […] Cinq cens coups de têtes donnerent le signe de l’approbation générale ; on gardoit un profond silence, l’auguste gravité de ces sages magistrats saisisoit d’étonnement & de respect.
Seigneurs, Bourgeois, Magistrats, Militaires, Artisans, tout est coupable de ce détestable abus ; les Couvents ne sont que des prisons, les pères n’ont ni humanité, ni probité, ni justice, ni religion. […] L’ambition place dans les charges un Magistrat ignorant & injuste, fait entrer dans l’Église un cadet qui sera mauvais Prêtre, dans le service un débauché. […] Enfin il insulte le Magistrat chez qui la forme emporte le fonds, mais qui ne séduira point le ciel, & n’échappera point aux remords ; c’est un crime, & vous en repondrez. […] Le Prince, le Magistrat, n’ont pas droit d’ordonner l’exil, la prison, les galeres, la mort ! […] Il n’est guère possible à un Magistrat d’élever ses enfans.
Alors, les Magistrats de la Grece punissoient un auteur comme un empoisonneur public pour avoir seulement altéré le caractere d’un héros par une intrigue de passion ; alors on vit le plus célebre Auteur d’Athènes condamné par un jugement solemnel pour avoir mis sur la scene un personnage d’impie qui parloit avec trop peu de respect de la Religion. […] Demandez-le à leurs Sages ; voici ce qu’en dit le plus éloquent de leurs Orateurs : Les spectacles firent naître l’amour du merveilleux & dégoûterent de la modeste simplicité ; on se plaigoit alors que les Magistrats & le peuple négligeoient le soin des affaires publiques ; la jeunesse quitta ses anciens exercices pour courir au théâtre ; l’oisiveté & le mollesse d’un sexe produisit la délicatesse & la sensibilité dans l’autre. […] Ce sont tous les prétendus honnêtes gens du monde : bons peres, fideles amis, magistrats équitables, hommes de cœur & de parole ; mais qui, du reste, dans les passions ne savent rien craindre que l’éclat, rien sauver que les dehors, se rien reprocher que la consommation même du crime.
Je vous avoüe donc, Messieurs, que les spectacles que j’attaque aujourd’huy, ne sont pas à beaucoup prés, de ce caractere ; la Religion Chrétienne, en détruisant l’idolâtrie, en a banni la cruauté, l’impudence, & l’impieté, qui en étoient alors comme inseparables, & le zele des Magistrats ne souffriroit pas aujourd’huy ce scandale public. […] il est évident que ce sont ceux, qui à raison de leur dignité, & du rang qu’ils tiennent parmy les autres sont obligez de leur donner exemple, & qui doivent prudemment juger, que leur presence authorifera ces divertissemens, dont on a tout sujet de se défier, & qui par-là, leveront tout scrupule à ceux qui ne sont pas obligez d’avoir les mêmes ménagemens ; parce que leur exemple ne fait point de consequence ; ainsi un Ecclesiastique, un Magistrat, une personne considerable pour sa Charge, pour son Employ, ou pour l’opinion qu’on a conçuë de sa probité ; qu’une personne, dis-je, de ce caractere distingué, se permette ces divertissemens, & contribuë à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes, c’est un scandale, & plus ces personnes sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus ils donnent de hardiesse de les imiter en celle-cy. […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont même les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, S.
En France, en Espagne, en Portugal, les représentations théatâles n’ont point été une matiere d’accusation, cet usage étoit chez eux public, & reçu, tout le monde y venoit, tous les enfans y jouoient, les Magistrats eux-mêmes avoient été acteurs, & laissoient jouer leurs enfans. […] A Athenes, où d’abord on avoit la liberté de tout dire, les Magistrats furent obligés d’y mettre des bornes, pour arrêter un si grand désordre. […] Dans la petite ville de Figeac, où se trouve une riche Abbaye, un Chapitre fort pauvre, & un petit Sénéchal ; on s’est avisé de dresser un théatre de société, dont cinq ou six Dames, autant de Chanoines & autant de Magistrats, qui font à peu près toute la Ville, ont fait les honneurs, & joué quelque rôle ; entr’autres le Procureur du Roi, premier acteur, a donné ses conclusions sur la scéne, en habit d’arlequin ; on auroit bien souhaité jouer quelque piéce de Sophocle ou d’Aristophane, ce théatre se seroit rendu célebre par un air d’érudition, & on auroit fait honneur aux Lascaris pour qui on y a beaucoup de vénération, ce fameux savant, qui, lors de la prise de Constantinoble par Mahomet, apporta en Occident, parmi bien d’autres, les manuscrits Grecs de ces poëtes ; cette fête a duré trois ouquatre mois, à la grande satisfaction des graces qui y ont étalé le chef-d’œuvre de la toilette ; mais hélas, il s’y est mêlé du tragique, dont le funeste dénoument a dispersé les acteurs, & interrompu le spectacle !
Jamais il n’y a eu au théatre plus de déchaînement qu’il y en eut contre le Tartuffe, le Parlement le défendit par arrêt, le Roi fit pareille défense ; les Prédicateurs, les Confesseurs, les Magistrats, les Écrivains, tout s’éleva avec zèle, le sublime Bourdaloue prêchant sur les divertissemens du monde le troisième dimanche après Pâques, s’étend beaucoup sur les spectacles qu’il démontre être impurs, criminels, scandaleux de leur nature, faisant naître mille pensées & désirs impurs défendus par l’Église & par tous les Saints Pères dont le témoignage vaut bien celui de quelques libertins, sans sciences, sans études, sans autorité, qui n’ont pour guide & pour oracle que des passions dont ils sont idolâtres. […] Viclet poussoit plus loin son erreur, il vouloit que le péché privât de toute autorité temporelle les Rois, les Magistrats & toute les personnes en place, ce qui seroit le renversement de toute la société. […] Que deviendroit-il donc s’il n’avoit plus de Princes, des Magistrats pour le protéger & qui voudroit y aller, si le crime qui en est inséparable anéantissoit toutes les charges & toute l’autorité ?
A Athenes, à Rome, & par-tout il a fallu mille fois employer la sévérité des loix & l’animadversion des Magistrats, pour arrêter l’excès de ces désordres : Desinit in vim dignam lege Regis. […] Les vieillards s’y rendent ridicules, les Ecclésiastiques, Religieux, Magistrats, y sont scandaleux. […] Autres fois à Rome lorsque les Acteurs faisoient quelque sottise, le Préteur les faisoit fustiger, nos Magistrats les font mettre en prison.
Ayant reçu, dit-il, la supplication des filles de joie de la grande Abbaye de Toulouse, qui se plaignent que les Magistrats les gênoient en les obligeant de porter des cordons & chapperons, ce qui les empêchoit de se vêtir à leur plaisir, & leur attire plusieurs injures, il leur octroie, & à celles qui leur succéderont en ladite Abbaye, la permission de porter telles robes & chaperons qu’il leur plaira. […] Bien plus, le malheur du temps, & la crainte de déshonorer bien des familles, ont arraché des arrêts qui défendent aux Magistrats municipaux de rechercher les femmes de mauvaise vie, à moins qu’elles ne soient publiquement livrées au premier venu. […] Elle charma toute la Cour, lorsque par une galanterie qui plut infiniment, elle fut chargée d’aller, à la tête des Magistrats, présenter les clefs de la ville à Louis XIII quand il y fit son entrée.
11. condamne celles qui sc font à … & blâme les Magistrats qui les souffrent. […] Le pinceau s’est prostitué à transmettre ces déguisemens de toute espèce aux races futures ; une tête de femme sur le corps d’un homme, dans le froc d’un Moine, dans la perruque d’un Magistrat, sur le collet d’un Abbé ; celle d’un homme sur le corps d’une coquette, sous le voile d’une Religieuse ; quels monstres ! […] Personne ne pouvoit s’y méprendre ; les Magistrats les défendirent.
Marchant sur les traces des Grecs, qui l’avoient en si grand honneur, le regardoient comme une partie essentielle de l’administration publique, y avoient proposé une Magistrat. […] L’Artisan qui travaille, n’y va pas ; le Magistrat, le Médecin, l’Avocat, l’Homme d’affaires, occupé de sa profession, le Père de famille, qui élève ses enfans, n’y vont guère. […] Un Actionnaire qui favorisoit l’autre, tansa vivement le Magistrat par une lettre foudroyante, où il lui dit ingénieusement : Votre conduite ne vient que d’ignorance & de bassesse.
Quelque grande que soit la liberté qu’on se donne de se masquer, quelque grande que soit la tolérance des Magistrats, il est certain que les masques sont défendus par les loix du royaume & par celles de la plupart des peuples, & sur-tout par la loi de Dieu, qui les traite d’abominables. […] Un Magistrat courut le bal habillé en diable. […] Il fit des cris si horribles, que le Magistrat s’éveilla en sursaut, & s’enfuit tout épouvanté, croyant avoir le mort à ses trousses.
Je vous avoüe donc, que les spectacles que j’attaque aujourd’hui, ne sont pas, à beaucoup prés, de ce caractere ; la Religion Chrètienne en detruisant l’idolâtrie, en a banni la cruauté, l’impudence, & l’impieté, qui en êtoient alors comme inseparables, & le zele des Magistrats ne souffriroit pas aujourd’hui ce scandale public. […] il est évident que ce sont ceux, qui à raison de leur dignité, & du rang qu’ils tiennent parmy les autres, sont obligez de leur donner exemple, & qui doivent prudemment juger, que leur presence authorisera ces divertissemens, dont on a tout sujet de se défier, & qui par-là, leveront tout scrupule à ceux qui ne sont pas obligez d’avoir les mémes ménagemens, parce que leur exemple ne fait point de consequence ; ainsi un Ecclesiastique, un Magistrat, une personne considerable pour sa Charge, pour son Employ, ou pour l’opinion qu’on a conçuë de sa probité ; qu’une personne, dis-je, de ce caractere distingué, se permette ces divertissemens, & contribuë à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes, c’est un scandale, & plus ces personnes sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus ils donnent de hardiesse de les imiter en celle-cy. […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont méme les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, Si talis est Roma terrestris, quid erit Jerusalem cœlestis ?
27.) écrit, au nom de Théodoric, à un Sénateur qu’on avait insulté au théâtre, que c’est tant pis pour lui, qu’il ne devait pas y aller, que ce n’est pas la place d’un Magistrat, huc nesciunt convenire Catones ; qu’il se fera respecter partout ailleurs, mais qu’il ne répond pas du théâtre : « Mores graves in spectaculis quis requirat ? […] Qu’on juge donc si l’argent qu’on leur donne, est bien employé ; si les parents et les maris qui y souffrent leurs enfants et leurs femmes, doivent être bien tranquilles ; si le Magistrat doit les protéger, et souffrir qu’on les étale publiquement sur un théâtre avec toute la pompe et les appas les plus séducteurs ; et si les lois qui ont sévi contre eux de tant de manières, ne sont pas dictées par la sagesse, la religion, le bien public, et la vertu. […] Jamais dans toutes les Troupes de province, qui sont en grand nombre, ni le Roi, ni le Magistrat, ne s’est embarrassé des Actrices que pour les contenir ou les chasser.
Et qui l’auroit tous les jours, si on ne prenoit les plus grandes précautions ; mais on les prend, dit-on, ces sages précautions, le Magistrat y veille, on y fait bonne garde, des soldats bien armés sont de tous côtés répendus, on saisit, on traine en prison le premier qui fait du bruit. […] Les Conseillers étoient les premiers siffleurs, & ceux qui faisoient le plus de bruit au spectacle, où ils étoient les plus assidus, sous des habits de couleur, & une parure élégante ; ils pouvoient impunément braver les Magistrats & les Gardes, qui n’osoient les arrêter.
On peut faire toutes sortes d’ouvrages systêmatiques dans ce goût, comme l’Abbé commandataire, l’Evêque de Cour, le magistrat, le militaire, le négociant, le ministre ; c’est-à-dire, ramasser tout ce qu’on pourra des vices & des défauts de chaque état, l’oppression des foibles, la vénalité de la justice, la bassesse de l’adulation, le despotisme de la grandeur, le luxe de l’opulence, l’hypocrisie, la mauvaise foi, le masque de la gravité, la molesse de la volupté, la présomption de l’ignorance, les coudre, les découper, en faire un systême, & dire, voilà l’évêque, l’abbé, le magistrat, le financier, l’officier, &c.
C’est sur ce principe que saint Charles Borromée témoigne dans un de ses Conciles, qu’il fallait prier les Magistrats de les chasser de Milan et de toute la Province,Ex Const. et Decr.
Chaque fois que les magistrats, qui sont les délégués du prince, feront sentir au clergé, qu’ils ont assez de courage, assez de science, pour exiger qu’il se réforme de lui-même, en me servant des expressions du garde des sceaux de Montholon, lorsqu’il exige la réforme des autres, le clergé deviendra moins ambitieux, se mêlera moins des affaires publiques, et remplira beaucoup mieux les devoirs du sacré ministère.
La coutume, & le silence des Magistrats, ne peuvent autoriser ou justifier la comédie. […] un Magistrat souffriroit sans péché qu’on joue des comédies scandaleuses, il souffriroit que la pudeur, que la piété, que la charité, que les autres vertus fussent bafouées sur un théâtre & traduites en ridicules ? […] On débitera des maximes impies ; on inspirera le mépris de Dieu & de toutes ses loix ; & un Magistrat se croira aussi innocent qu’il est insensible, & il négligera de remédier à des déréglemens qui ne peuvent être arrêtés que par une autorité qu’il a reçue de Dieu ? […] On se plaignit alors que les Magistrats & le peuple négligeoient le soin des affaires publiques ; la jeunesse quitte ses anciens exercices pour courir aux théâtres. […] La coutume, & le silence des Magistrats, ne peuvent autoriser ou justifier la comédie.
La Comédie-nouvelle, qui brilla sans le secours des chœurs, fut en partie l’ouvrage de Ménandre, & des Magistrats qui bannirent absolument du Théâtre la licence & la grossiéreté. […] La prémière s’appelait Prætexta, à cause que l’on nommait ainsi la robe de pourpre, à large bande, que portaient les Magistrats en dignité ; & parce que ses Acteurs étaient vétus de la sorte : voilà notre Comédie héroique.
Les Grands, les gens en place, les Magistrats, qui par leur charge représentent le Roi, se respectent-ils assez eux-mêmes, respectent-ils la Majesté royale, lorsqu’ils se permettent ces puérilités ? […] Il n’osa pas commencer à Rome ses folies théâtrales, un reste de pudeur lui fit craindre les yeux des Magistrats et du peuple.
Ce discours fut prononcé devant une assemblée de Cardinaux, d’Evêques, de Magistrats, qui n’auroient pas applaudi à l’apologie du théatre. […] Les premiers Poëtes dramatiques, dit-il, n’étoient pas regardés à Athènes, & ne se regardoient pas eux-mêmes comme des gens stériles, uniquement faits pour amuser le public ; c’étoit une espèce de Magistrats, de Censeurs, chargés de conserver les bonnes mœurs par la représentation théatrale, de calmer les passions par la terreur & la pitié, & de corriger des moindres défauts par le ridicule (c’est beaucoup donner à ce peuple, le plus corrompu & le plus frivole). […] Il décide, 1.° que les Magistrats ne peuvent tolérer les Comédiens que comme en certaines villes on tolere les femmes publiques ; 2.° que quand on n’y va que par simple curiosité, & moralement certain qu’on ne risque point de consentir à quelque mauvaise pensée, on peut ne pécher que véniellement, sans quoi on pèche mortellement ; 3.° enfin qu’on peut donner de l’argent à l’entrée quand les Acteurs sont déterminés à jouer, parce qu’alors on n’en est pas la cause, mais qu’on ne pourroit pas sans péché mortel les appeler chez soi ou dans une ville, faire marché avec eux, en un mot les faire jouer : Indubitatum est eos qui antecedenter conveniunt cum Histrionibus peccare mortaliter.
Concile de Milan1, exhorte vivement les Magistrats à chasser les Comédiens, comme gens perdus, qui ne sont faits que pour perdre les autres ; il ordonne aux Prédicateurs de son Diocèse de parler avec beaucoup de zéle contre les Spectacles qui sont les appas du démon, qui tirent leur origine des mœurs corrompues des Payens, & ne souillent que trop celles des Chrétiens en ce malheureux siécle.
Il demande que les Magistrats s’opposent à cela et au commerce de semblables pièces, beaucoup plus que des poisons puis qu’elles infectent les sources de la vie civile, qu’elles étouffent l’amour de la vertu, qu’elle font un jeu des crimes, et qu’elles portent efficacement les hommes à tout ce que les lois divines et humaines leur défendent.
C’est ce devoir que des Magistrats plus Chrétiens encore que Citoyens, ont rempli il y a aujourd’hui trois mois, en dénonçant à la Cour nombre d’Ecrits dangereux, entr’autres le Livre de l’Esprit, & le Dictionnaire Encyclopédique, & en dévoilant à ses yeux une partie du venin caché dans ces ouvrages, qu’on nous annonçoit comme devant servir à éclairer le monde, & qui sont démontrés n’être que l’œuvre du Pere du mensonge & de l’esprit de ténèbres. […] Non, le contraste ne peut subsister, le bras de nos Magistrats Chrétiens n’est pas raccourci : Combien de fois, sans égard pour des têtes respectables d’ailleurs qui sembloient demander grace, ne s’est-il pas appésanti déja sur ces hommes audacieux qui (Arrêt de 1541. […] Ils vont donc frapper enfin dans toute la sévérité de la puissance que le Prince leur confie, ainsi que le bien de la Religion l’exige de l’attachement de tous les Magistrats à ses dogmes & à sa morale . […] ) que le Théatre, pour mériter la protection du Souverain & des Magistrats, doit être tel que les honnêtes gens & les Chrétiens puissent y assister sans avoir rien à se reprocher . […] Pourquoi donc la pure vérité se tairoit-elle sous le regne d’un Prince autant l’Ami de la vérité que le Pere de son peuple, & sous des Magistrats également défenseurs de l’une & de l’autre ?
Les Magistrats n’en empêchent pas la publication ; et Sa Majesté même n’a pas dédaigné d’y assister en personne. […] « Mais les Magistrats ne s’y opposent pas », dit le Docteur. A cela je lui répondrai ce que me dit un jour un célèbre Magistrat, qui vit encore aujourd’hui et qui est encore en place. […] Mais afin qu’il ne s’imagine pas encore après cela, que les Magistrats autorisent les Comédiens en France, il n’a pour se désabuser qu’à consulter les Registres du Parlement de Paris, il verra comme ils y sont traités, et il y trouvera plusieurs Arrêts qui leur défendent de jouer, « à peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques Permissions qu’ils eussent impétrées ». […] J’en ai confessé et connu assez particulièrement, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire : et vous m’avez dit vous-même, que tous en général, prenaient sur la masse de leur gain de quoi faire des aumônes considérables, dont les Magistrats et les Supérieurs des Couvents pourraient rendre de bons témoignages.
« Les Magistrats, en effet, dit M. […] Les Magistrats proscrivirent tous ces Théatres, par une Ordonnance bien motivée, du 21 Avril 1777, dont M. […] Pourquoi ces sages Magistrats ne vont-ils pas à nos Spectacles ? […] Au reste, quelque fausse que soit son idée burlesque & satyrique, elle constate au moins la régularité de nos sages Magistrats. […] Les mœurs innocentes de ces Magistrats, & leur extérieur même, servoient de loi & d’exemple.
Il quitta sa partie où il avoit à craindre la sévérité du Magistrat, & vint jouir à Paris de la liberté sans borne qui regne au théatre, & dont l’abus donne un titre aux applaudissemens. […] Mais, ce qui est encore moins vraisemblable, c’est qu’après de pareils traits, il y ait des magistrats & des parlementaires adorateurs de ce poëte : on n’a rien dit de plus insultant.
Mais comme le peuple aime ces amusements, et que les Magistrats municipaux les favorisent, une nouvelle troupe s’étant présentée, et ayant promis d’être plus circonspecte, le théâtre a été rétabli. […] Leurs Prêtres et leurs Prêtresses, les Vestales, qui étaient les Religieuses de leur temps, avaient à côté des Magistrats des places distinguées aux spectacles : pourquoi donc exclure le Clergé des nôtres, qui sont plus châtiés que les anciens ?
Il soutient qu’elle est supposée, qu’il a cherché partout sans l’avoir pu trouver ; qu’il n’est pas probable qu’un saint Evêque, tel qu’était saint Charles, ait fait une Ordonnance pour permettre la Comédie, lorsqu’on trouve le contraire dans le premier concile Provincial de Milan, où ce saint Archevêque parle avec ses Suffragants en ces termes : « Nous avons, dit-il, trouvé à propos d’exhorter les Princes et les Magistrats, de chasser de leurs Provinces les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs, et autres gens semblables de mauvaise vie, et de défendre aux Hôteliers et à tous autres sous de grièves peines, de les recevoir chez eux. […] L’Auteur répond aussi à la tolérance des Magistrats, qui souffrent les Comédiens, et dit qu’il n’y a qu’à consulter les Registres du Parlement de Paris, où l’on verra comme les Comédiens y sont traités ; qu’on y trouvera plusieurs Arrêts qui leur défendent de jouer, à peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques permissions qu’ils eussent impétrées.
» Car ils ont beau dire que la coutume a autorisé la Comédie et les Comédiens dans tous les Etats les mieux policés, et que cette coutume est autorisée par les Princes et par les Magistrats : Tout cela ne suffit pas pour les justifier, puisque l’Eglise les condamne et les a toujours condamnés et qu’elle veut qu’on regarde encore aujourd’hui les Comédiens comme des gens excommuniés et qu’on leur refuse les Sacrements et la Sépulture Ecclésiastique. […] » Voilà une Loi expresse, qui prouve évidemment, que ces Empereurs, non plus que les Evêques, ne voulaient pas qu’on admit aux Sacrements les Comédiens, quoiqu’ils se trouvassent malades au lit de la mort, à moins qu’ils ne fissent une promesse authentique, entre les mains des Magistrats, de ne plus jamais exercer leur Profession ; et que même en ce cas, on ne leur donnât les Sacrements, que lorsque les Evêques le trouveraient à propos ; c’est-à-dire, qu’encore qu’on ne leur refusât pas l’absolution, quand ils donnaient des marques d’une sincère pénitence on ne leur accordait néanmoins la sainte Communion qu’avec l’approbation de l’Evêque.
Entre ce mur et le premier rang de l’Orchestre, les Magistrats plaçaient leurs chaises curules et les autres marques de leur dignité. […] Les Magistrats de la Ville qui destinaient à d’autres usages les revenus de Sosibius, furent obligés de se soumettre à l’Edit de l’Empereur. […] Que si l’Eglise tolère les Magistrats qui autorisent les spectacles, elle ne peut pas porter cette tolérance jusqu’à souffrir qu’ils autorisent des jeux où l’irréligion se montre sensiblement. […] Et les Magistrats Chrétiens exhortés, ne les souffrir, d’autant que cela entretient la curiosité, et apporte de la dépense et perte de temps. […] Ainsi les Magistrats souffrent quelquefois des choses qu’ils n’approuvent nullement.
Si un Magistrat tenoit ce langage, nous lui répondrions : Vous n’êtes point vous seul Interpréte de la Loi, il faut attendre que vous ayez de votre côté la pluralité des suffrages, nous ajouterions : Vous êtes l’Interpréte des Loix civiles, mais les décisions qui concernent la foi dans sa morale & dans ses dogmes, sont du ressort exclusif des Ministres de l’Eglise ; vous avez votre objet, les Prélats ont le leur : l’un & l’autre n’ont aucune dépendance respective.
Il fallut implorer les loix & les magistrats : on imposa silence au théatre licencieux, in vitium libertas excidit, & vim dignam lege regi, lex est accepta chorusque turpiter obticuit, &c.
Or ces trois sortes d'Acteurs, les Atellans, les Comédiens, et les Tragédiens n'étaient point compris sous les noms de Mimes, Histrions et Scéniques, sinon par quelque signification abusive et générale, ou qu'en parlant des Jeux Scéniques, on voulut comprendre tous les divertissements que les Magistrats avaient employés à leur magnificence ; mais sans que jamais on les ait traités de pareil mépris, ni qu'on les ait mis en parallèle.
Nous ne lisons quasi aucun des Anciens, qui ait parlé de cette matière, qui ne reprenne beaucoup tels jeux : lesquels je suis aussi certain que les magistrats Chrétiens n’approuvent aucunement, ains étant chargés du pesant faix d’une si grande police, les permettent seulement, comme nous avons vu les prêches des hérétiques et bordeauxv publics être permis, en intention d’éviter plus grands maux : mais toutefois s’il fallait permettre le mal, il me semble du tout intolérable que ce soit sous le titre de la Passion, comme il ne serait loisible et ne devrait être permis aux femmes débauchées, se titrer de la confrérie de la très sacrée et très pure vierge Marie mère de Dieu.
Les Auteurs, soumis à des Censeurs irréprochables, et au scrupule sévère du Magistrat ne peuvent plus se permettre que le langage de la Vertu et le talent d’instruire en amusant. […] Soumis eux-mêmes au Règlement, ils ne pourraient étendre leur autorité au-delà des bornes qui leur seraient prescrites, ni se piquer d’une indulgence préjudiciable au bon ordre dont ils seraient comptables en première instance aux Gouverneurs, aux Intendants, aux Chefs des Parlements, aux Subdélégués ou autres Magistrats ou Préposés qu’il plairait à la Cour d’indiquer. […] La seule danse qu’il permettait à ses gens était un exercice militaire au son des instruments, et qui ne ressemblait point du tout au Bal que vous établissez si comiquement sous la direction d’un Magistrat. […] J’ai partagé avec nombre de mes Confrères les témoignages glorieux de l’estime, et de la bienveillance de graves Magistrats, d’illustres Militaires, de Princes, de Princesses qui font profession de ne les accorder qu’à des gens dont les mœurs sont pures et la conduite irréprochable.
Cet ouvrage a eu le plus grand succès, & une foule d’imitateurs ; il eût dû s’en contenter, tout au plus y ajouter son théatre historique, qui peut en être regardé comme la suite ; ce n’est qu’une autre maniere d’écrire l’histoire de France : qui se seroit attendu qu’à l’âge de 80 ans, ce grave Magistrat se donnât pour comédien, & voulut, pour terminer plus glorieusement sa carriere, joindre à sa couronne les lauriers de Melpomene & de Thalie, qu’il auroit dû craindre de flétrir en les y mettant. […] Voltaire lui a fait de jolis vers, qui peignent parfaitement la chimere d’un Magistrat octogenaire, qui fait imprimer des farces, des opéras, &c. […] Le théatre Anglois par Madame de Riccoboni : on voit que les Ecclésiastiques, les Magistrats, les femmes ne croyent pas contraire à la modestie de leur état de leur sexe, de rendre hommage à la scéne ; ces articles font plus de 30 volumes, sans compter plus de 30 pieces détachées pour tous les théatres & par toute sorte d’Auteurs, chaque affiche en cite de nouvelles.
C’est la raison pour laquelle les sujets tirés des Ecritures Saintes, auroient dû n’y jamais paroître ; & c’est dans ce sentiment, sans doute, que, de nos jours, les Magistrats n’ont point permis le Moyse de M. l’Abbé Nadal, ni d’autres Tragédies modernes. […] Du côté de la Conscience, à maintenir, avec force, les Réglemens déjà établis, lesquels consistent : A ne point permettre de Piéces tirées des Ecritures Saintes, ainsi que plusieurs Magistrats s’en sont déjà déclarés.
Enfin de la licence on arrêta le cours : Le Magistrat des loix emprunta le secours. […] Ils en firent le théatre des passions & de la médisance : grands & petits, Magistrats & peuple, sages & foux, tout fut noté par nom & surnom, & cruellement déchiré.
On voit même ordinairement les bateleurs, à la honte des Magistrats municipaux qui le souffrent, dresser leur théâtre dans une place en face de quelque Eglise, intercepter par ce moyen ceux qui allaient dans le lieu saint, et leur offrir, sans doute pour les préparer à la prière, ou en assurer le fruit, les gambades, les bouffonneries, les nudités, dont ces misérables théâtres foisonnent. […] Non sans doute ; mais j’en conclus très sérieusement que la justice, la sagesse, le zèle du bien public, ne permet pas à plus forte raison aux Magistrats de tolérer les théâtres, après avoir supprimé les Congrégations.
Que ce soit là le sentiment de ce saint Prélat, la preuve en est claire ; car dans le même endroit il parle en général de la Comédie, il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats, afin qu’ils chassent les Comédiens de leurs terres et de l’étendue de leur Juridiction68. « Nous avons, dit-il, jugé à propos qu’il était bon de remontrer aux Princes, et d’avertir les Magistrats qu’il fallait chasser hors de leurs terres les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs et tous les autres méchantes gens qui sont de cette sorte. […] Si l’on veut enfin que les Comédies soient mauvaises, les Magistrats ne devraient point les souffrir. […] » A l’égard des Magistrats qui tolèrent la Comédie, c’est par prudence et pour éviter un plus grand mal. […] Mais quoique les Magistrats tolèrent la Comédie, cela n’empêche pas néanmoins qu’elle ne soit mauvaise et qu’elle ne soit toujours défendue par l’Eglise.
Un grand Magistrat, lors méme qu’il se relâche, est obligé de garder son Caractere, & de choisir des divertissemens, qui soient conformes au rang, qu’il tient parmi les hommes ; ainsi Chrêtiens, lors même que vous vous divertissez, vous devez le faire en Chrêtien.
Ces lieux consacrez aux beaux & honnestes plaisirs, doivent estre sous une protection particuliere du Roy & de ses Magistrats : & loin d’y souffrir l’insolence de ces Breteux, qui ne sont Braves que parmy les Bourgeois & les femmes : il faudroit empescher absolument la liberté d’entrer avec des armes & sans argent.
Il admoneste les Princes et les Magistrats de chasser les comédiens, les baladins, les joueurs de farce, et autres pestes publiques, comme gens perdus et corrupteurs des bonnes mœurs, et de punir ceux qui les logent dans les hôtelleries. » Je ne finirais jamais si je voulais rapporter tous les titres, dont il les note.
Les procureurs du roi, les magistrats, les maires des communes qui sont les dépositaires partiels de l’autorité du prince, doivent être les premiers à informer avec zèle, respect et discrétion, les évêques et les ecclésiastiques supérieurs, de la négligence que ceux-ci ou les ecclésiastiques inférieurs apporteraient à la pratique des lois de la discipline de l’Eglise, et si la puissance séculière et ses délégués faisaient en cette matière l’usage de leurs droits, les ministres de la religion, qui s’écartent eux-mêmes des principes voulus et tracés par les conciles, ne montreraient pas autant de rigueur et quelquefois autant d’injustice à l’égard des autres fidèles.
Il peut se renouveler chaque jour, et chaque jour ainsi offrir a la multitude un motif d’accusations haineuses contre les ministres du culte ; il perpétue d’opiniâtres préventions qu’il faudrait s’attacher à détruire, et place l’autorité dans une situation difficile, car enfin, que répondra le magistrat au pasteur qui lui dit en substance : Un comédien est excommunié ; or, ma conscience me défend d’admettre aux prières publiques de l’église le corps d’un excommunié.
Belles leçons sur le caractere & les devoirs du Magistrat, 331. […] Ses Réflexions sur les devoirs des premiers Magistrats, 471. […] Idée des mœurs des Magistrats de Rome, sous le Consulat de Posthumius Albinus, 374 Torcy (le Marquis de), Secretaire d’Etat. […] Ses fausses idées sur l’éloignement que les bons Magistrats ont pour la fréquentation des Théatres, 106.
Un Magistrat de ce mérite, dans une assemblée si respectable, dans un discours si solemnel, dans le même sujet où on emploie son autorité ! […] Le jour de la rentrée des magistrats, il fut porté en procession dans toutes les rues, environné de gardes, au bruit des fanfares. […] d’Ormesson, Magistrat habile & integre, se fit un honneur infini dans le même procès de M. […] Bel éloge du Magistrat & du Prince !
Les Magistrats se sont radoucis, ils sont presque tous amateurs, quelquefois même Auteurs & Acteurs. […] Mais de cet amas d’absurdités naissent des beautés inattendues, d’une seule partent mille traits de satire qui se dispersent & frappent à la fois ; en un moment il a démasqué un traître, insulté un Magistrat, flétri un délateur, calomnié un Juge. […] Mais le Chancelier Daguesseau, qui ne fut jamais à la comédie, & qui dans ses Mercuriales en fait un portrait hideux, pour en éloigner les Magistrats ; mais M. de Lamoignon, que Moliere joua, ce qui a fait écrire si vivement contre Moliere Baillet son Bibliothécaire ; mais M. le Franc de Pompignan, qui malgré ses brillans succès y a renoncé si généreusement & si bien écrit contre ce dangereux spectacle au religieux fils de Racine ; mais Corneille, Racine, Quinault, Lafontaine, inconsolables d’avoir travaillé pour le Théatre, lorsque la grace leur ouvrit les yeux, auroient-ils placé Moliere sur les autels ? […] Les loix ont eu grand tort de parler, les Magistrats de punir, les Supérieurs de veiller.
Il est constant que les Magistrats, bien loin de permettre la publication de ces sortes d’Affiches, en puniraient sévèrement les Auteurs qui abuseraient de l’autorité d’un Roi très-Chrétien et très-Religieux, pour inviter les fidèles à commettre des crimes si énormes. Il faut donc, concluais-je aisément, que la Comédie ne soit pas si mauvaise, puisque les Magistrats ne la Homélie 5.i n cap. 2. […] Que les Grands de la Cour et les Magistrats quittent un éclat qui leur est de bienséance et peut-être de nécessité, de peur de faire naître de l’ambition ou du désir pour les richesses ? […] J’en ay confessé et connu assez particulièrement, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire : et vous m’avez dit vous-même que tous en général prenaient sur la Masse de leur grain de quoi faire des Aumônes considérables, dont les Magistrats et les Supérieurs des Couvents pourraient rendre de bons témoignages.
On ne peut immoler à Jupiter aucune victime plus précieuse qu’un mauvais Roi. » Les Jésuites ont eu beau représenter que del Rio était encore dans le monde, et même Conseiller au Parlement de Brabant, quand il fit cet ouvrage, ce qui appartiendrait plutôt à la robe de Magistrat qu’à celle de Jésuite ; que ce n’est après tout qu’un langage de théâtre, et un rôle d’Acteur, qui est sans conséquence ; il n’en a pas moins été chargé des anathèmes des Avocats généraux, et condamné au feu par les arrêts des Parlements. […] Mon zèle pour la personne sacrée des Rois me les ferait plutôt allumer, et bien loin de réclamer contre la juste sévérité des Magistrats, je suis persuadé qu’en bonne politique, même en matière de tyrannicide, ils ont trop d’indulgence pour les spectacles ; que cette doctrine pernicieuse qu’ils ont redoutée dans le théâtre Latin de Sénèque et del Rio, mérite encore moins de grâce dans les théâtres de Corneille, de Racine, Crébillon, Voltaire, Marmontel, Héros de la scène tragique, à qui l’Académie Française a donné des provisions de l’office de bel esprit utile à l’Etat : doctrine qui débitée publiquement, dans tout le royaume, dans des représentations et des volumes innombrables, avec toute l’élégance, la pompe et le pathétique possibles, doit produire sur tous les esprits un bien plus mauvais effet que la tragédie et le commentaire del Rio, que personne ne connaît. […] ose-t-on la représenter aux yeux des Magistrats ? […] Dans une lettre adressée à Racine le fils, et imprimée à la fin de ses remarques sur les ouvrages de son père, on voit un Magistrat, Poète dramatique, condamner et justifier le théâtre, faire le procès à Racine le père, et l’absoudre, trouver la scène dangereuse, presque irréformable, et imaginer de la réformerw.
Mais depuis que les magistrats oublient leur dignité jusqu’à peupler le théatre & les loges, ces sages réglemens sont oubliés ; &, par une suite nécessaire, on s’éveille, on se leve, on donne audience fort tard, les affaires sont mal instruites, & lentement expédiées, le bureau de l’homme-d’affaires, la boutique du marchand, l’église, le chœur, sont déserts. […] C’est un Pantomime qui, avec la plus grande & la plus adroite célérité, change tout-à-coup d’habit & joue toutes sortes de rôles, de roi, de gueux, de militaire, de magistrat, de femme, de cardinal, de ministre, de paysan, monte son visage, en prend les attitudes, les tons, &c. […] La danse peint & corrige les caracteres, la niaise, la badine, la légere, la voluptueuse ; elle peint & redresse les états, le militaire, le magistrat le paysan, l’Arlequin, le petit-maître, elle s’accommode à tout & s’approprie tout ; vraie pharmacopée,, c’est un remede à tous les maux ; vraie pierre philosophale, c’est un trésor, une source de tous les biens.
C’est un mal nécessaire, disent les apologistes du théatre ; c’est la seule excuse plausible de la tolérance du Magistrat. […] Un arrêt authentique défend aux Magistrats municipaux de se mêler des filles entretenues, & ne leur laisse d’inspection que sur la prostitution publique, que la commodité des entretenues rend assez rare. […] Tout est consterné dans Rome, les Magistrats & le peuple prennent le deuil, les boutiques sont fermées, &c.
Dévineroit-on des Magistrats, des Officiers, des grands Seigneurs, des Dames, sous ces habits grotesques ? […] Sans doute aujourd’hui plus modestes, ces Magistrats ne portent que des habits decents, ils en ont prêté le serment quand il ont été reçus Avocats.
Ils les rendirent vénérables en les consacrant toujours à quelques-uns de leurs Dieux, & les mettant sous la charge des premiers Magistrats. […] Mais voit-on, dites-moi, aux coins des rues afficher comme les Comédiens, quoique permis par les Magistrats, Mde. Paris, Melle. telle, privilégiés du Roi ou des Magistrats, procurent des victimes dévouées aux plaisirs de la volupteuse jeunesse. […] Il dit aussi au sujet de Servet, pour justifier Calvin : « que ce dernier croyait que les Magistrats étaient en droit de punir de mort les Hérétiques, mais que c’était un reste de Papisme ; que ce dogme est faux, contraire à l’esprit du Christianisme, que le crime de Calvin n’est pas celui de sa secte, qu’il serait injuste de le reprocher aux Protestans : persécuter est le systême de l’Eglise de Rome. » Mais s’il rejette réellement la persécution, & qu’il n’y ait que l’Eglise Romaine qui suive ce systême, ceux qui composaient le Synode de Dordrecht, devaient donc ménager un peu plus le sang des Disciples d’Arminius. […] On voulut hausser, comme j’ai déja dit, le billet de Parterre ; les Magistrats s’y opposèrent, plutôt que de plier.
Un Magistrat étoit préposé sur la Scene**.
Les Magistrats la baissent en entrant dans le chœur des Chapitres, pour assister aux cérémonies ecclésiastiques, & quand ils montent sur le tribunal, où ils sont censés en présence du Roi, au nom duquel ils prononcent, comme dans le lit de justice, où les queues des plus grands Seigneurs sont traînantes, même celles des Evêques, Ducs & Pairs ; comment ne le seroient-elles pas à l’Eglise devant le Roi des Rois ? […] On traîne des queues aux nôces des Princes, comme aux funérailles ; au théatre, en jouant la farce, comme à la Tournelle en condamnant à mort ; au bal masqué en Magistrat, comme aux processions avec le corps de la Magistrature ; on se déguise même souvent au théatre en prenant une robe de Palais, & la longue queue n’est pas une des moindres parties de la farce.
Ce magistrat, en descendant du tribunal où il a condamné un homme à port, court écouter les bouffonneries d’Arléquin ; cet officier, qui dans un combat vient de voir la terre inondée de sang & jonchée de corps morts, court admirer une danseuse & s’enivrer des graces d’une actrice. […] n’a pas fait au Collége la défense de jouer des comédies, & que les Magistrats sont les plus assidus & les plus zélés amateurs, & même plusieurs fort bons acteurs.
Les jeunes Elèves ne débuteront sur les Théâtres publics, qu’après en avoir été jugés dignes aux Exercices généraux qui se feront chaque année : les Magistrats pourront retarder le temps du début ou l’avancer, suivant les circonstances, ou les talens des Elèves, ou le besoin du Théâtre, & la convenance de l’âge dans certaines Pièces. […] Quant aux Comédiens-ambulans, destinés pour nos Villes de la seconde grandeur, ils s’arrangeront pour qu’ils passent l’été dans l’une, & l’hiver dans l’autre : ils seront par-tout astreints à une grande régularité, & soumis à un Supérieur & à une Maîtresse, qui répondront aux Magistrats des Villes & à la Direction de la Capitale, de la conduite des Sujets de la Troupe.
Elle avait gardé un profond silence sur son projet, et l’avait recommandé à tous les Magistrats, personne n’a eu l’indiscrétion de lui en parler : son Mizaël lui fait cent questions, elle lui laisse tout entrevoir. […] Les Magistrats d’Amsterdam, plus sages, défendirent aux Comédiens français la représentation d’Athalie, comme une parodie indécente des livres saints, et un attentat sur la majesté de la religion, et on ne voit pas en effet des sujets pris de l’Ecriture sur le théâtre de Hollande.
M. de Lamoignon était le Magistrat du royaume le plus estimé et le plus respectable. […] Qu’on aille à Venise parler ainsi du gouvernement, à Constantinople de Mahomet, à la Chine, au Japon, des Bonzes, des Pagodes, de l’Empereur : les Athéniens ne purent le souffrir, les Magistrats s’armèrent de leur autorité pour arrêter cette licence, et avec raison.
Et les Magistrats Chrêtiens exhortez de ne les souffrir, dautant que cela entretient la curiosité, & apporte de la dépense & perte de temps. […] Elle a renouvellé ces défenses à chaque Carnaval, mais inutilement, parce que les Magistrats qui les devroient garder inviolablement sont, les premiers à les enfreindre. qui est un mal qu’on ne sçauroit assez déplorer. » Il y a encore un autre desordre qui se commet en certains lieux au sujet des mascarades, non pas du Carnaval mais du Mercredi des Cendres & de quelques autres jours du Carême. […] On en peut dire autant des habits des Ecclesiastiques, qui ne sont pas moins dignes de veneration, que ceux des Religieux ou Religieuses, & de ceux des Magistrats & de toutes les autres personnes qui meritent d’estre respectées.
Dans les beaux jours d’Athènes il y avoit cinq Magistrats établis pour juger de la bonté des Piéces de Théâtre, & si elles méritoient d’être représentées au Public.
Il est donc du devoir des Prélats et des Magistrats de détruire cet abus déplorable dans toutes les Provinces. » « Irreligiosa consuetudo est, quam vulgus per sanctorum solemnitates agere consuevit : populi qui debent officia divina attendere, saltationibus, et turpibus invigilant Canticis, non solum sibi nocentes, sed etiam religiosorum officiis perstrepentes.
Ils appréhendaient néanmoins la corruption des mœurs si dangereuse aux Républiques ; ce qui fit que leurs Philosophes blâmèrent cette occupation, et les Magistrats châtièrent ceux qui en faisaient le métier.
Que ce soit là le sentiment de ce saint Prélat, la preuve en est claire ; car dans le même endroit où il parle en général de la Comédie, il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats, afin qu’ils chassent les Comédiens de leurs terres et de l’étendue de leur Juridiction Ibid. tit. de histrionibus et mimis. […] » . « Nous avons, dit-il, jugé à propos qu’il était bon de remontrer aux Princes, et d’avertir les Magistrats qu’il fallait chasser hors de leurs terres les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs, et tous ces hommes perdus qui sont de ce genre. […] Si l’on veut enfin que les Comédies soient mauvaises, les Magistrats ne devraient point les souffrir. […] A l’égard des Magistrats qui tolèrent la Comédie, c’est par prudence et pour éviter un plus grand mal. […] Mais quoique les Magistrats tolèrent la Comédie, cela n’empêche pas néanmoins qu’elle ne soit mauvaise, et qu’elle ne soit toujours défendue par l’Eglise.
Un premier Ministre obligé de prendre la fuite, dont on met la tête à prix, & qu’on va quelques jours après recevoir en triomphe, qu’on comble de bénédictions, qu’on remercie de ses soins, à qui on baise les pieds ; un Roi & la Reine sa mere fugitifs au milieu de la nuit, qui avec sa petite Cour va coucher sur la paille ; des Princes emprisonnés pour crime d’Etat, & l’auteur de leur détention, enveloppé des détours de la politique & des bassesses de la frayeur, court à la prison, brise leurs fers à genoux, & les ramene à la Cour ; le Roi lui-même, après les avoir déclarés coupables d’une révolte qui eût mérité la mort, par un assemblage incompréhensible de fermeté & de déférence, écrit humblement au Parlement pour les justifier ; deux femmes, la Régente & la Duchesse, se disputant la souveraineté, se déclarant la guerre, se fuyant, se poursuivant, se caressant, se maltraitant ; des courtisans incertains, passant selon le vent de la fortune d’une Cour à l’autre, de la soumission à la révolte, se trahissant, se déchirant mutuellement ; un Archevêque de Paris, l’ame de toutes les intrigues, toujours avec des femmes, portant des pistolets dans ses poches, levant un Régiment, soulevant le peuple, enfin emprisonné, obligé de se défaire de son Archevéché, & mourant dans l’obscurité, & heureusement dans la pénitence ; deux Cardinaux plus divisés qu’on ne l’a jamais été dans les brigues des Conclaves, se poursuivre tous les deux comme ennemi de l’Etat, l’un par les entreprises les plus hardies, l’autre par les artifices les plus obscurs ; un grand Prince couvert de gloire, jusqu’alors défenseur de l’Etat contre les étrangers & contre les Frondeurs mêmes, s’arme contre son Roi, quitte le royaume, va combattre chez l’ennemi, & répand le sang des françois pour lesquels il avoit tant de fois exposé sa vie ; une Postulante Carmelite amoureuse, séditieuse, à la tête de la révolte, se moquant de son mari, tantôt brouillée, tantôt intime avec ses freres, les embrassant, les caressant, les insultant, écoutée comme un oracle, haïe & méprisée, ses associés brouillés entre eux, se plaignant les uns des autres, prétendant de remédier aux désordres & en causant de plus grands ; les Magistrats guerriers dirigeant les opérations militaires ; les Guerriers magistrats prenant l’ordre de la Grand’Chambre, & se réglant sur les formalités de la Justice ; des Soldats & des Officiers passant de la toilette aux combats, couvrant de rubans leurs épée, leur tête de frisure & de poudre, & au premier coup de mousquet prenant la fuite ; des Citoyens courageux, qui après avoir bien bu, opposant Bacchus à Mars, se font des retranchemens de leurs barriques ; un Parlement qui prêche la fidélité, & leve des troupes ; des Conseillers qui se plaignent d’une legere imposition sur leurs charges, & en établissent une énorme sur le peuple, sur eux-mêmes, pour les frais de guerre, qui envoient des députés à la Cour rendre hommage & signer la paix ; un Peuple aveugle qui fait également des foux de joie pour l’emprisonnement des Princes & pour leur élargissement, pour l’entrée de la Princesse & pour sa fuite précipitée pendant sa nuit, dans une voiture empruntée, par des chemins détournés, pour éviter la prison ; &, après une folle joie pour des biens imaginaires ou plutôt des vrais maux, tombe dans la sombre consternation, croyant tout perdu ; &, toujours victime des grands, tantôt se livre à une fureur insensée, tantôt rampe bassement dans la poussiere. […] Elle fut solemnellement mise sous la protection de la Cour avec les Seigneurs, ses partisans ; elle joua le même rôle qu’avoit joué sa belle-mere, présente requête contre le gouvernement, sollicite les magistrats, entre dans la salle où les Chambres étoient assemblées, avec son fils, se jette à genoux au milieu du parquet, & verse des torrents de larmes.
Prenez avec vous des témoins & des magistrats, faites-en dresser procès-verbal, que vous présenterez au juge ; demandez la dissolution du mariage, j’y consentirai : nous voilà libres. […] Il en fait même un honneur à la femme d’avoir gagné le cœur de Jupiter, & au mari d’être entré dans une maison de qualité, les loix le condamnoient à mort ; mais soit indulgence du Prince, soit négligence du Magistrat, à qui l’on disoit comme le Sauveur, que celui qui est sans peché, lui jette la première pierre l’adultere étoit impuni.
« du côté de la politique, à se rendre de plus en plus sevère sur le choix des Sujets ; 2°. du côté de la conscience, à maintenir les Règlemens déja établis, lesquels consistent à ne point permettre de Pièces tirées des Ecritures-Saintesa, ainsi que plusieurs Magistrats s’en sont déja déclaré ; 3°. à mettre ordre à la conduite des Acteurs & des Actrices, qui éclateroit trop, comme on en a vû plusieurs exemples ; à recommander enfin aux Censeurs de redoubler d’exactitude, pour ne souffrir dans les Pièces, ni impiétés, ni satyres personnelles, ni obscénités.
Les Magistrats touchés de pitié pour leurs Concitoyens, envoyèrent aux Oracles, comme on avait accoutumé de faire en de semblables occasions, pour apprendre d'eux les moyens de se délivrer d'une si longue et si cruelle maladie, et les Dieux leur répondirent, « qu'il fallait instituer les Jeux Scéniques en l'honneur de la Déesse Flore ».
Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés.
« Au XVIIe siècle, un homme s’est rencontré qui, par l’admirable sagacité d’un esprit toujours plaisant, toujours naturel, toujours varié, toujours utile, a banni du sein de la nation française et l’esprit faux, et le jargon, et l’équivoque, et les pointes, et les jalousies folles, et l’amour honteux des vieillards, et la haine de l’humanité, et la coquetterie, et la médisance, et la pruderie, et la fatuité, et la basse avarice, et l’esprit de chicane, et la frivolité des magistrats, et la petitesse qui fait aspirer à paraître plus grand qu’on n’est, et l’empirisme ignorant des médecins, et la risible imposture des faux dévots ; » eh bien ?
Charles, dans son prémier Concile de Milan, exhorte les Princes & les Magistrats, Principes & Magistratus &c. […] Nos Spectacles , dit ce savant Magistrat, dans sa lettre à Louis Racine, dans leur état actuel, ne sont pas, à beaucoup près, des lieux surs pour la vertu ; & les Acteurs publics étant dans les liens de l’excommunication &c. Cette excommunication, si universelle dans ses effets, est de la plus grande, & de la plus respectable antiquité… Plusieurs Rituels, même modernes, mettent les Comédiens au nombre des excommuniés ; & dans les Diocéses, où les Rituels sont moins précis, on ne s’en conduit pas moins de la même maniere à leur égard, sans que les Magistrats aient jamais troublé l’Eglise, dans la possession constante, où elle est, de faire observer dans toute leur rigueur, les loix canoniques portées contre les Comédiens… sans distinction.
Dans une Ville toujours agitée de troubles & de factions, les Magistrats sentirent la nécessité de donner des spectacles.
Des magistrats non moins séveres que lui y ont assisté plusieurs fois.
Les Législateurs, les Magistrats peuvent permettre ces horreurs, & les villes y applaudir & s’en faire une fête !
D’où il arrive que la risée des grands corrige les petits, et que la risée des petits corrige les grands ; c’est-à-dire que les seigneurs, les milords, les barons et baronnets, les ducs, les comtes, corrigent leurs tailleurs, leurs bottiers, leurs perruquiers, leurs valets, et en reçoivent la correction, avec mesure et une égale impartialité ; et que les duchesses, les marquises, les comtesses, corrigent en riant leurs femmes, leurs marchandes de modes et leurs blanchisseuses, qui les corrigent à leur tour en riant et se moquant d’elles aussi judicieusement ; d’où il arrive que les sots corrigent les gens d’esprit ; que des Anglois corrigent sans passion des Français, et réciproquement ; que l’impie, que l’athée corrigent les croyants, que des Turcs corrigent des chrétiens, et, comme je l’ai déja exprimé, que des jeunes gens corrigent des vieillards, en se moquant d’eux, que des supérieurs, soit magistrats, juges, soit instituteurs, pères et mères de famille, sont corrigés par la moquerie de subordonnés, ou d’écoliers et d’enfants qui sont encore sous leur pouvoir, et qui saisissent avidement ces occasions de se venger impunément de ceux qui les régentent et les répriment ou contrarient habituellement. […] La société jouirait ainsi des avantages de cette autre législation qui, d’après un célèbre magistrat, pourrait encore largement moissonner dans le vaste champ laissé hors du domaine des tribunaux.
Auguste les laissa se débattre, se ridiculiser, se déchirer mutuellement ; il aida même en leur accordant les privilèges des citoyens, entr’autres de les soustraire à la juridiction des Magistrats, pour les soumettre immédiatement à la sienne, comme en France on a soustrait les Comédiens aux Magistrats municipaux, pour les soumettre à un inspecteur particulier.
Cependant, c’est aux Magistrats d’examiner si le Poète est comptable ou non de ces conséquences : quant à son dessein, il ne me paraît à moi nullement équivoque. […] Nous aurions des Magistrats qui feraient beaucoup d’honneur à la nation s’ils étaient formés et choisis de la main de notre Poète ! […] « Plusieurs pieux Bourgeois, et autres personnes de considération bien intentionnées pour la ville de Londres, considérant que les Comédies et les jeux de hasard étaient des pièges tendus à la jeune noblesse et autres, et voyant de grands inconvénients, tant pour les particuliers que pour toute la Ville, si on les permettait davantage, et que ce serait une honte aux Gouverneurs et au gouvernement de cette honorable ville de Londres, de les souffrir plus longtemps ; en ont averti quelques religieux Magistrats, les suppliant de prendre les moyens de supprimer les Comédies etc. dans la ville de Londres et dans ses dépendances ; lesquels Magistrats ont sur cela présenté une humble requête à la Reine Élisabeth et à son Conseil privé, et ont obtenu de sa Majesté la permission de chasser les Comédiens de la ville de Londres, et de ses dépendances : ce qui a été conformément exécuté ; et les salles de la Comédie de la rue Grace Church furent interdites et entièrement détruites. […] « Les Magistrats mêmes qui protègent le Théâtre, traitent fort mal les Comédiens.
Tantôt ils accusent les Magistrats, blâment les Pasteurs, les méconnaissent pour ne les reconnaître pas : et ainsi que les fourmis qui se travaillent de monter et descendre le long des arbres, sans savoir qui les pousse, recourent en tout, et surtout imitant les vautours qui ne s’attachent qu’à la charogne, ils ne font comme les abeilles qui se paissent des plus belles fleurs : leurs sens impurs ne voient qu’impureté, et leurs âmes ensevelies dans les ténèbres de leur présomption ne jouit que d’une fausse lumière, où ils se perdent, et leurs heures, et leur peines : et comme les compagnons d’Ulysse mangent les bœufs du Soleil.
Princes, Ministres, Magistrats, Militaires, Savants, tout est cité à son tribunal.
Magistrats qui le gouvernez, punissez ses calomniateurs ; dès qu’il verra que vous l’estimez, il se respectera lui-même ; l’ambition d’être estimable germera dans son cœur ; il acquerrra du nerf ; il se perfectionnera dans la vertu et dans les mœurs.
La même main qui a séché ses pleurs adoucira aussi tes peines ; la même Providence qui lui a rendu ses autels, te rendra aussi tes apôtres : encore un moment, et toi aussi, comme elle, tu seras consolée. » Un désir si juste et si noblement manifesté, ne pouvait manquer d’être favorablement accueilli du premier magistrat de la Républiqueh. […] « Auguste y vint, pour la troisième fois, demander le consulat, afin d’y conduire lui-même ses enfants en qualité de magistrats, et Tibère y ayant pareillement conduit Néron et Drusus, fit des libéralités au peuple, afin de rendre le jour de leur réception plus solennel. […] S’il n’éclaire pas le Magistrat par la profondeur de ses lumières, il épargne au moins son temps si précieux au public, il soulage sa mémoire, qui, si facilement, peut s’égarer dans le dédale immense des faits ou des autorités, enfin il l’aide à supporter le terrible poids de son ministère, lorsqu’en récompense de ses services glorieux, il n’est pas personnellement appelé à l’honneur de le partager en titre avec lui. […] Sans pudeur comme sans expérience, ces êtres vils et corrompus ne pouvaient offrir aux yeux des magistrats indignés, l’image de ces anciens orateurs du barreau, dont les talents et les vertus étaient si propre à inspirer la confiance et la vénération, et dont la gloire ne pouvait que les illustrer eux-mêmes. […] De l’aveu de toute la France, que je ne crains pas d’en appeler à témoin, le sanctuaire où siègent les magistrats de ce tribunal souverain, semble être celui même de la divinité.
Le goût de la Cour se repandit dans les provinces : de-là cette multitude d’exécutions de sorciers, que le zèle peu éclairé des Magistrats se crut obligé de faire, qui ne servit qu’à donner un air de réalité à ces folies, que la sagesse a fait évanouir, en les méprisant. […] Le Sénat Romain en a donné souvent à ses Empereurs, il donna le nom d’Auguste à Octave ; mais le Sénat Romain avoit une vraie autorité législative, même sur les Empereurs, qui n’étoient proprement que des Magistrats perpétuels, en qui étoient réunies toutes les Magistratures : quoiqu’il en foit, l’Ordonnance de la Ville de Paris fut exécutée dans tout le Royaume.
La Vertueil, après avoir roulé sur les théatres des Provinces, contribué en bonne citoyenne à la population, & à faire tournet la tête (à la vérité bien légere) à plusieurs graves Magistrats, sans être pourtant ni jolie, ni spirituelle, la divine Vertueil dédaignant la Province, est enfin venue étaler ses graces sur le théatre de la Capitale. […] Il est de l’intérêt public qu’on ne souffre pas de comédie dans les villes où il y a des Tribunaux supérieurs, Le théatre dérange plusieurs Magistrats.
Le Peuple & les Magistrats s’en amusoient beaucoup ; mais lorsqu’on eût osé en venir aux Magistrats, ceux-ci trouverent que la plaisanterie passoit les bornes : autrement ils auroient continué de s’amuser de voir la vertu attaquée, & la Religion ridiculisée. […] Il avoit été le Gouverneur de M. le Président Le Peletier de Saint Fargeau ; plante heureuse qui lui fut confiée, & sur laquelle il n’eut pas beaucoup d’efforts à faire pour développer toutes les qualités dont elle étoit douée, & qui en ont formé un Magistrat éclairé, vertueux & integre.
Ceux mêmes qui allument le flambeau de l’hymen, énervés par la débauche, dissipés par une vie frivole, dégoûtés du travail et des affaires, n’ont la plupart, ne peuvent ni ne veulent avoir des enfants, n’ont aucun soin de ceux que le hasard leur donne ; ils ne savent leur donner qu’une éducation théâtrale, qui ne forme ni Magistrat, ni Militaire, ni artisan, ni laboureur, ni aucun genre de citoyen, mais des hommes frivoles, à charge à la société.
Le second remède et le plus sûr, serait de chasser les Comédiens : il appuie cet avis par celui de Menochiusu, qui porte que les Princes et les Magistrats sont obligés de faire leurs diligences pour les chasser des Villes ; et par celui de saint Charles Borromée, qui dit la même chose en son 1.
Le savant magistrat, l’habile officier, le bon père de famille, la femme fidèle, sont-ils des personnages formés de la main des actrices ? […] Princes, ministres, magistrats, savants, tout est cité à son tribunal : qui peut se soustraire à ses arrêts souverains ?