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66. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Il appelle gloire le goût qu’a le libertinage pour la licence de Moliere. […] On ne peut douter que Fenelon ne condamne le théatre, & ne blâme Corneille d’avoir introduit des épisodes d’amont dans ses pieces, Racine d’en avoir fait le corps des siennes, Moliere surtout de sa licence, de ses bouffonneries, de sa mauvaise morale, & cependant il propose à l’Académie le projet d’un traité de la tragédie & de la comédie, & en trace le plan & les regles ; & dans le temps qu’il proteste ne pas souhaiter qu’on perfectionne le théatre, qu’il se réjouit d’y voir des défauts, parce que le poison en est moins dangereux, il donne les moyens de le perfectionner & d’en ôter le poison en corrigeant les défauts qui l’affoiblissent. […] Il est vrai qu’en préférant dans le choix de ceux qu’elle éleve sur ses autels un Comédien, un libertin, un homme de néant, qu’elle avoit méprisé pendant un siecle, à deux des plus grands hommes qui lui avoient fait le plus d’honneur, qui avoient rendu les plus grands services à l’Eglise & à l’Etat, elle avoit ouvert la porte à la licence des plus odieux parallesles. […] La licence des imitateurs de Moliere est-elle une preuve de la modestie de leur modelle ? […] Mais pour une licence sans bornes, afin d’en faciliter la séduction.

67. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

de Montchal nous apprend que les Prélats vertueux éleverent leur voix contre cette licence ; tel fut entr’autres M. […] Jean Dryden, l’un des plus fameux Poëtes de cette Nation, se livra totalement à la licence de son Pays. […] N’avons-nous pas adopté plusieurs de leurs licences scandaleuses ? […] Puisqu’on tolere de telles licences, que ne devons-nous pas attendre à voir représenter ?  […] Ces causes réunies ont occasionné le débordement d’une licence effrénée.

68. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

L’Obscénité du Théâtre Anglais dans le langage, page 1 Suite de cette licence de nos Poètes modernes, 3 L’obscénité ; contre le savoir vivre aussi bien que contre la Religion, 7 Le Théâtre Anglais scandaleux au souverain degré sur ce point, 11 La modestie, caractère propre des femmes, 13, et suiv.

69. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Vous diriez, à voir leur vie et leur débordement, qu’ils n’ont été élevés sur des trônes que pour abuser de leur pouvoir, et pécher avec plus de licence.

70. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Licence très-indécente dans un prince, dans un philosophe, cruelle dans un souverain, qui blesse jusqu’au vif des sujets à qui il n’est pas permis de se défendre. […] C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire.

71. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Si de la belle Esther un Prince est enchanté, C’est sa vertu qu’il vante et non pas sa beauté, Rien du profane amour n’y ressent la licence ; Tout respire en Esther la paix et l’innocence.

72. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Ils eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir généreusement la doctrine des anciens, appuyée sur la discipline de l’Eglise, et animée de son esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur apprendre une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui par conséquent ne peut que les conduire au précipice, par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement dans la doctrine de l’Eglise, ni dans celle des Saints.

73. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Je dis à peu près, car les femmes y ont plus de liberté, & il y regne plus de licence dans les deux sexes. […] En revanche la licence y est plus grande, les Actrices à meilleur marché, la galanterie plus ouverte & plus commune. […] La noblesse & la pureté ne souffroient ni bassesse, ni licence, ni bouffonneries. […] Je ne sais si l’Editeur qui l’a publié, aura bien pris les allures, la naïveté, l’énergie de son modele, pour les licences qui lui sont familieres, ne doutons pas qu’il ne les ait imitées & même surpassées.

74. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

La licence va à l’exces, on ne rougit pas de peindre ce qu’il est honteux de nommer. […] Je présume que malgré leur licence, ils ménagent assez la foiblesse & la pudeur de cet âge, pour ne pas lui faire la confidence & l’explication de ce beau theme qui lui est inconnu, si l’on a eu quelque soin de son éducation, & quelque zele pour son innocence. […] L’Auteur des trois Siecles prononce en termes radoucis que ses tableaux ont trop de mollesse , il eût dû dire de licence. […] Mais la vue, le dessein, l’esprit du théatre depuis le Docteur Moliere fut toujours d’affoiblir les idées du vice & de la vertu, pour diminuer l’horreur de l’un & la sévérité de l’autre, ériger la galanterie en vertu, la tolérance, la licence en politesse, en agrément de la société.

75. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Il y en a dans Moliese ; dans le Théatre Italien ; mais il n’en est point sur la toilette d’une Actrice, fonds très-comique & inépuisable, qui fourniroit à plusieurs pieces ; mais la licence y seroit inévitable, si le portrait étoit ressemblant. […] La modestie est le garant & le gardien de la vertu autant que la licence y répand de justes ombrages. […] la licence conduit-elle à la vertu, & le crime à la paix & à la félicité ? […] La passion se plait à la licence des nudités, la sagesse les condamne.

76. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

La manière de représenter est communément indécente : gestes, parures, nudités, emportement, licence, mollesse. […] Mais ici plus qu’ailleurs ce sont des questions de nom, personne ne se déclare pour la licence contre les mœurs ; mais qu’est-ce que licence ?

77. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Il arrive cependant sur ce sujet, comme il est arrivé sur tant d’autres, des moments de lumière où la vérité se découvre, et où les excès deviennent si grands et si visibles, que l’on est obligé de parler et de donner des règles pour en arrêter la licence.

78. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Les Loix, pour réprimer cette licence, défendirent de nommer. […] mais ni ces exagérations forcées, ni une licence d’imagination qui viole toutes les règles, ni un rafinement de plaisanterie souvent puérile n’ont pu faire refuser à Lopez de Vega une des premières places parmi les Poètes comiques modernes.

79. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Homme une licence pour tout le monde d’aller à la Comédie, encore qu’il ne la donne qu’à ceux-là seulement qui ne peuvent résister à une puissance Souveraine qui les y mène : qu’il n’use de cette condescendance que pour des personnes dévotes, qui comme des flambeaux bien allumés, dont la flamme croît par le souffle des vents, redoublent les ardeurs de l’amour sacré qu’ils ont dans le cœur au milieu des tentations. […] Il n’y a artifice dans la Rhétorique, ni licence dans la Poésie, dont ils ne se servent pour exprimer les passions des personnages  qu’ils font parler, et pour les faire paraître dans la dernière extrémité.

80. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Athènes, dans sa prévoyance, arrêta cette licence et plaça le théâtre, encore dans son enfance, sous la direction de son premier archontea. […] J’appelle influence expansive ce qui développe le germe d’une passion ou d’un goût ; et il est incontestable que les sujets dramatiques actuels, par eux-mêmes et les formes qu’on leur donne, substituent l’horreur à la terreur qui suffisait autrefois pour émouvoir profondément : la conséquence de cette innovation s’aperçoit par la préférence que le public accorde aux nouvelles compositions sur nos premiers chefs-d’œuvre : si quelquefois encore on représente au Théâtre Français une tragédie de Corneille ou de Racine, la salle est toujours vide, ce qui pourrait faire craindre que la licence de la scène ne se glissât un jour dans les mœurs et qu’on ne sifflât pas toujours sur la place publique ce qu’on tolère aujourd’hui au théâtre.

81. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle jouoit avec la même facilité toute sorte de rôles, prenoit toute sorte de visages, de figures, d’habits, de maintien, pleuroit, rioit, portoit le deuil, & donnoit des fêtes, louoit, blâmoit, caressoit & faisoit enfoncer le poignard ; dévotion & débauche, magnificence & simplicité, hauteur & bassesse, licence & modestie, tout lui étoit bon, tout lui étoit familier, elle étoit propre à tout, parloit avec la même aisance & la même hardiesse d’affaires d’Etat & de mascarades, de guerre & de galanterie ; le plus fin Conrtisan ne pouvoit la penêtrer, les plus rares politiques étoient ses dupes ; elle faisoit la guerre au Prince de Condé, & lui écrivoit pour le remercier d’avoir pris les armes contre le Roi son fils, armoit contre le Roi d’Espagne, & lui demandoit sa protection, faisant massacrer les Protestans, & leur accordant la liberté de conscience, manquant à toutes les promesses avec la même facilité qu’elle les avoit faites. […] Les Italiens entrerent mieux dans ses vues en suivant leurs propres passions ; ils ne donnerent que des spectacles purement prophanes & licencieux, comme ils font encore, quoique un peu plus voilés depuis qu’on a puni leur excessive licence. […] Autre excès incroyable, de licence dans une mere Chrétienne. […] Cette conduite & ce systeme refléchis de licence supposent dans la Reine très-peu de religion. […] Il est vrai que la galanterie de François I a été l’époque de la liberté des femmes en France, qui auparavant étoient presqu’aussi retenues qu’en Italie ; mais jamais il n’a porté la licence aussi loin que sa Bellefille.

82. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution.

83. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Mais qui peut t’assurer, qu’invincible aux plaisirs, Chez toi, dans une vie ouverte à la licence, Elle conservera sa première innocence ?

84. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Il faut que le Prince songe que ce désordre passe aisément de son Palais dans les Maisons des particuliers ; que la Débauche qui donne de la licence aux Conviés, leur fait perdre le respect qui est dû au Souverain, que dans la chaleur du vin toutes les passions se réveillent, que ç’a été dans ces rencontres qu’Alexandre a commis des meurtres et donné sujet à ses amis de conspirer contre sa personne.

85. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

C’est sans doute dans quelques-uns de ces rêves qu’elle a formé ces réflexions ; comme si les soupers & les parties nocturnes, la licence de la nuit qui couvre tous les désordres de ses ombres, n’étoient pas l’occupation la plus dissipante & la plus opposée aux effets de la morale. […] Ces repas, ces licences, cette solitude favorisent bien les humeurs rêveuses. […] On peut douter si le jardinage a beaucoup gagné à cette anglomanie, désavouée peut-être par les anglois mêmes, qui vient de bouleverser tous nos jardins, proscrire la ligne droite, l’ordre simétrique, les formes régulieres, avec les décorations & les points de vue qui en résultent ; offrir des rivieres sans eaux, des montagnes faites à la main, des palais déguisés en masures, des irrégularités étudiées, des accumulations grotesques d’objets disparates, parodier d’une maniere mesquine & bisarre le grand tableau de la nature, tourmenter cette nature, sous prétexte de s’en rapprocher, la contrefaire aulieu de l’imiter, la défigurer pour l’embellit  : voilà le théatre, les drames à deux, à quatre, à cinq actes, ces fragmens qui font un ouvrage de marqueterie à pieces rapportées, ces malheureux qui se tuent en chantant & en dansant, ces bergers qui fredonnent des ariettes, ces paysans ingénieux & courtisans, ces héros petits-maîtres, ces actrices prudes, ces conversations en sentences, cette philosophie que personne n’entend, cette licence modeste, cette malignité bienfaisante, &c. […] La scène changea de face, la Mythologie prit la place de l’Evangile, la licence fut substituée à la vertu : les anciennes comédies sont révoltantes.

86. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Les licences qu’il prenoit dans l’Ecole des femmes, les leçons pernicieuses qu’il donne à la jeunesse, les railleries sur la chasteté du sexe, offenserent beaucoup les femmes, alors plus jalouses & plus délicates sur leur honneur. […] Les femmes n’étoient pas les seules, tous les gens de bien condamnoient la licence de ses pieces & leur mauvaise morale. […] En un mot c’est une espece d’école de morale mondaine & d’impiété qui enseigne la licence pour soi, la tolérance pour les autres, ennoblit le vice, & rend méprisable la vertu. […] Ce ne sont pourtant pas des hibous qui fuyent le jour, mais c’est le goût regnant, les bougies éclairent mieux que le soleil, & les ombres qui favorissent la licence sont bien plus agréables que la lumiere qui la décele.

87. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Point de comédie où on ne prenne la même licence contre son père, son maître, son mari. […] Outre les inconvénients innombrables pour les mœurs, cette plaisanterie médisante et habituelle monte l’esprit sur le ton de la licence. […] Les sarcasmes, les équivoques, les licences, les impiétés d’un libertin sont-ils des instructions ? […] la licence.

88. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

La licence qui y régnoit, & qui leur a attiré tant de justes censures, en est sévèrement bannie. […] Si la licence est, en effet, bannie du théâtre national, ne s’est-elle pas réfugiée sur un théâtre, étranger d’origine, & malheureusement trop naturalisé parmi nous ? […] N’avons-nous pas entendu des hommes du monde reconnoître qu’on ne pouvoit y être attiré que par l’appas même de la licence, & avouer qu’en grossissant la foule des spectateurs, ils auroient eu honte d’y conduire les personnes dont ils avoient intérêt de conserver l’innocence & la vertu ?

89. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser. […] Garassi, fameux Jésuite, étoit certainement habile homme, homme d’esprit, homme de bien, mais malheureusement d’un caractère bouffon ; son style qui s’en ressentoit, ne respectoit pas toujours les loix austères de la décence, il nous paroit même aujourd’hui plus indécent qu’il n’étoit alors, parce que le langage est devenu plus poli, il donna prise dans divers ouvrages, on lui fit bien des reproches, & on n’avoit pas tort ; le détail nous en estétranger, une accusation qui intéresse le théatre, c’est la prophanation des noms qui n’appartiennent qu’à Dieu, Divinité, Déesse adorable, autel, temple, sacrifice, &c. on les applique aux créatures & aux Dieux du Paganisme ; je suis bien éloigné d’approuver cet abus idolatrique des termes ; j’en ai parlé ailleurs, mais je ne comprends pas que ceux qui ont blâmé en lui cette licence ne se soient pas dit médecins, guérissez-vous vous-même, vous êtes aussi malade que le P. […] Moliere lâcha quelque trait contre lui dans ses précieuses ; tout cela n’aboutit qu’à lui faire quitter le monde, il l’aimoit alors, il fréquentoit le théatre comme tout l’hôtel de Rambouillet, mais quoiqu’amateur, poëte, homme du monde, galant, il composa ce sonet où il semble d’abord se justifier, parce que c’étoit les beaux jours de Corneille, qui bien plus décent que ses prédécesseurs en avoit banni la licence, mais malgré cette réforme il reconnoît l’inutilité de ses leçons & son danger pour les mœurs.

90. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

La frivolité & la licence dont ils s’occupe les rendent funestes. […] Les poëtes comiques, peu d’accord avec eux-mêmes, ne savent le plus souvent ce qu’ils disent : ils ne sont d’accord que pour la licence. […] Comment Favart n’a-t-il pas vu que, par ce mêlange mal-adroit de modestie & de licence, de bonne & de mauvaise morale, de passion & de pruderie, il se fait le procès à lui-même & à sa piece, & qu’il en a manqué le sujet, l’esprit, & presque tous les rôles ?

91. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

On comprend aisément l’énorme licence que trouve la débauche, pourvu qu’elle sauve, ce qui n’est pas bien difficile, la publique vénalité. […] Mais c’en est assez pour sentir la licence de leur vie, le désordre de leur immodestie, le danger de leur société. […] Elles sont infiniment susceptibles de tendresse, & portées à la passion : tout ici respire la licence, en offre les objets, en découvre les moyens, en inspire les sentimens, en lève les obstacles, en ôte la honte ; & ce qui les enchante, c’est que jetant un voile transparent sur le crime, on y familiarise en le déguisant, on soulage la pudeur en l’affoiblissant, on les flatte d’assez de vertu pour en éviter la grossiereté, d’assez de bonheur pour sauver les apparences, & d’assez d’indulgence dans le monde pour n’en être pas moins estimées ; leurs exploits font bien-tôt voir de quels lauriers méritent de ceindre leur front des guerrieres si bien exercées.

92. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Cet extrait, par l’excès, la fadeur & la licence des éloges qu’il lui prodigue, décelle la main de l’Auteur du livre qui l’encense lui-même. […] On finit par justifier la licence qui regne dans ce théatre (& on n’en rougit pas !). […] Les personnages du prologue sont la Parade, ce sont les farces licentieuses de Vadé, la Gravelure, mot nouveau, c’est-à-dire discours obscène ; la fausse Décence, c’est-à-dire l’hypocrisie de la chasteté, qui se donne toute sorte de licence sous des dehors décens ; enfin le Poëte la Fontaine, qui se moque de la décence, comme en effet il s’en est joué dans ses Contes.

93. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Il n’est point de licence qu’on ne puisse se donner, & qu’on ne se donne impunément sous le masque, & le soin de se cacher annonce les vues criminelles qu’on se propose : Nolentes detegi se ipsos aperte produnt, nil boni acturos oriuntur ex illis larvis innumera scelera. […] La plus grande raison du bien public, c’est d’écarter les dangers innombrables & l’extrême facilité de commettre toute sorte de crimes, sur-tout d’impureté, qu’occasionne, ou plutôt qu’assure par les méprises, les erreurs, le secret, la licence, l’impunité, les attraits confondus des deux sexes, un état où l’on n’est connu de personne, dit S. […] Les masques causent la plus grande licence, dit Verdier du Privat, Diver.

94. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

L’éloquent Lactance, appelé le Cicéron Chrétien, connaissait le monde, il avait été Païen ; il connaissait la Cour, il y avait passé plusieurs années Précepteur de Crispe, fils de l’Empereur Constantin ; que pense-t-il des spectacles, dont le Prince nouveau Chrétien aurait si peu souffert la licence, qu’il en abolit une partie, et fit contre eux des lois sévères, et dans le portrait desquels nous voyons l’image des nôtres (L. […] On y forme de mauvais desseins, on s’y donne des rendez-vous ; la licence des regards fait naître de mauvais désirs : « Dum lasciviunt oculi, calescunt appetitiones. » Les yeux, accoutumés à regarder avec impudence, satisfont la cupidité. Fuyez ces spectacles, que la licence et la frivolité des discours rendent si dangereux.

95. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Un écrivain Anglois, pour remédier à l’extrême licence des comiques de sa nation, est d’avis qu’on y établisse des censeurs éclairés & vertueux qui repassent sur les pièces tant anciennes que nouvelles, & n’y laissent rien de grossier, rien d’équivoque, rien qui puisse offenser la pudeur. […] C’est qu’on n’y puise que le persifflage, la dissipation & la licence ; que les hommes apprennent à y devenir des sybarites ou des scélérats, & les femmes de petites maitresses ou des mégères.

96. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Le Machiavélisme littéraire des auteurs, le Machiavélisme galant des actrices n’est pas moins dangereux ; les écrivains se déchirent sans cesse, cabalent, s’intriguent, font gémir la presse, le sang coule sur la scène tragique, les brochures inondent le parterre, les actrices rivalent, se disputent un seigneur, un financier, un fils de famille, étalent leurs charmes & leur licence, font espérer leurs faveurs, aiguisent leurs traits ; la toilette est l’arcenal, les foyers le champ de bataille. […] Outre la licence, la malignité, l’irréligion, excès communs à tous les théatres, dont on ne se défend gueres, celui de Machiavel en a deux que l’on ne veut pas avouer, quoiqu’aussi communs, le plagiat & les personnalités.

97. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

vous ne souffririez pas de pareilles licences dans les rues, encore moins chez vous, & vous y applaudissez au théatre ! […] Ces licences sont plus nuisibles que tout ce qu’il y a de plus dégoûtant ; & ce qui est le plus insupportable, non-seulement vous n’en avez pas horreur, quand vous les voyez au théatre, mais vous en riez, vous y applaudissez.

98. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Le Poéte & le Comédien s’animerent d’une ardeur mutuelle ; l’un substitua la régularité du plan, une diction noble, l’éclat des pensées, aux licences extravagantes, aux sujets peu convenables, à un badinage grossier ; l’autre, au lieu de la bouffonnerie trivialle, des contorsions, des grimaces, donna à son jeu une action honnête, une déclamation aisée, des gestes expressifs.

99. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

Par ce détour artificieux, l’Auteur s’est donné la coupable licence de hazarder les propositions les plus contraires à la Religion & aux bonnes mœurs, & de confondre la nature & les bornes des deux Puissances.

100. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Molière même, lorsqu’il habillait ses Acteurs de la même manière que ceux qu’il tournait en ridicule, se permettait des licences toutes pareilles à celles d’Aristophane, ainsi que je l’ai déjà dit ailleurs(14).

101. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

Les Pièces de Théâtre d'où cette licence est bannie, et où l'on réprésente les actions héroïques des anciens Grecs, et Romains vous paraissent-elles dangereuses ?

102. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

où il est prescrit d’éviter « les femmes dont la parure porte à la licence : ornatu meretricio : qui sont préparées à perdre les âmes, ou comme traduisent les Septante, qui enlèvent les cœurs des jeunes gens, qui les engagent par les douceurs de leurs lèvres » : par leurs entretiens, par leurs chants, par leurs récits : ils se jettent d’eux-mêmes dans leurs lacets, « comme un oiseau dans les filets qu’on lui tend » g.

103. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

J’avoue que cette licence effrénée d’un Particulier sans caractère, nourri dans nos Théâtres, qui ose faire publier à Paris un Libelle aussi monstrueux, contre une Nation dont il n’a qu’à se louer, m’a révolté ; et je n’ai pu m’empêcher de faire la critique de son Livre, malgré toute la faveur où sa façon d’écrire et la nouveauté des idées qu’il présente, le mettent aujourd’hui auprès du Public.

104. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Il est vrai que ce sont des tragédies & que la comédie se donne bien plus de licence. […] Quelque vaste que soit le recueil des éloges de Moliere, il se feroit un recueil double & triple de ce qu’on a dit contre lui en tout genre, sur ses mœurs, sa religion, sa malignité, sa licence, son tabarinage, son mauvais style, ses mauvais termes, ses plagiats, &c. […] Les amateurs, sont-ce des libertins, il faut par-tout de la galanterie ; le caractere du libertinage décide du genre de licence. […] N’en voilà que trop de ces folies qui ne finissent point, dont l’absurdité fait pitié à l’homme sage, & la licence fait gémir le chrétien.

105. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Rien du profane amour n’y ressent la licence ; Tout respire en Esther la paix & l’innocence. […] L’on craindroit que les Spectacles n’y diminuassent le goût du travail, & n’y introduisissent la licence. […] N’est-ce point parce que la bouffonnerie qui en fait le caractere dominant, y donne lieu à une plus grande licence ? […] Les conversations, fideles échos des lectures ordinaires, redisent en mille endroits ce qui s’écrit avec tant de licence. […] Qui croiroit, qu’au lieu d’aller chercher la lumiere dans les admirables Ecrits de ce grand homme, on n’auroit pas honte d’en faire l’Apologiste de la licence !

106. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Ceux même qui, donnant dans un genre moins relevé, s’attachaient spécialement à la comédie, devaient nécessairement, avant qu’elle dégénérât en une horrible licence, être regardés comme exerçant une profession vraiment utile et propre à maintenir la liberté dans l’état, ou à fortifier ses ressorts politiques. […] C’est cette maxime dangereuse qui mit le feu dans Athènes, et força le gouvernement effrayé à mettre un frein à la licence des poètes qui, plus mesurés et moins hardis, donnèrent naissance au second age de la comédie chez les Grecs. […] Si, comme attaché à un état respectable, l’abbé Latteignant, par la licence de ses propos et même de ses actions, est déplacé sur la scène, il y figure agréablement comme un bon vivant et un excellent convive. […] Il n’est donc pas vrai que la licence, l’immoralité, l’irréligion soient absolument essentielles au succès des jeux de la scène, et qu’elle ne puisse se soutenir en France sans le dangereux prestige qu’elles y entretiennent si abusivement. […] Mais vainement, par leurs efforts généreux et constants, vainement tenteront-ils de la rendre heureuse et florissante, si la scène, par sa licence et ses fausses maximes, détruit journellement leur ouvrage.

107. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Aussi lui laissa-t-on prendre d’abord toutes sortes de licences. […] La Comédie-nouvelle, qui brilla sans le secours des chœurs, fut en partie l’ouvrage de Ménandre, & des Magistrats qui bannirent absolument du Théâtre la licence & la grossiéreté.

108. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Ce qui m’étonne d’avantage, c’est de voir que celui, qui devrait avoir une domination de raison, sur les impétueux mouvements de son esprit, le laisse emporter à des licences qui sont non seulement indignes d’un Chrétien, mais même d’un Athée, que celui (dis-je) qui doit donner un calme et une tranquillité à la partie imaginative de son âme, et régler ses écrits à la dignité de sa vocation, s’altère l’esprit contre une chose que tout le monde approuve ; Je suis fâché qu’un Religieux qui doit être le miroir de soi-même pour servir d’exemple à la piété, ne résigne plutôt les affections de son cœur à des actions saintes, qu’à se jeter sur les invectives.

109. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

 4.) qui la leur défend, sous peine de suspense ipso facto, et un Concile de Venise, pays célèbre par la licence des divertissements. […] Ainsi il l’entraîne au vice, et lui fait le procès ; le lui rend nécessaire, et le tourne en ridicule ; plaisante également sur son recueillement et sur sa dissipation, sur sa retenue et sur sa licence, sur sa fréquentation et sur son éloignement du théâtre.

110. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Pour les mysteres qu’une dévotion simple & grossiere avoit établie, qu’un corps de confreres comédiens représentoit, outre que c’étoit un objet très-borné, un spectacle momentanée qui revenoit très-rarement, qui n’eût d’abord rien de mauvais, où l’histoire maussadement défigurée, ne pouvoit plaire à des gens d’esprit, ni par le ton de piété aux libertins ; d’ailleurs dès qu’on vit ce pitoyable spectacle dégénérer en licence, & confondre monstrueusement la Réligion & le vice : on n’eut point besoin de loix & de décisions, ils deviennent l’objet du mépris qu’ils méritent. […] La ville de Geneve n’a jamais souffert le théâtre, malgré la licence du calvinisme dont elle est le centre ; elle a conservé une pureté, une simplicité de mœurs qu’on n’a vu ni ne verra jamais dans les Villes où la Comédie est soufferte. […] Etoit-ce à la Fontaine à prendre un air de piété & de modestie, dans les tems qu’il donnoit au public ses contes scandaleux, où les loix de la pudeur & de la Réligion sont également violées par une licence sacrilege que foulent aux pieds l’une & l’autre ?

111. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Les chansons dissolues qui s’y chantent, les libertés qui s’y prennent, le peu de modestie des filles, la licence des garçons, la durée des ces divertissemens, qui quelquefois sont prolongés les jours entiers & portés dans toutes les rues par des troupes d’insensés qui les courent en sautant, la rapidité, la grossiereté, la bizarerie de leurs mouvemens, l’accablante fatigue qu’ils se donnent, les maladies qui en sont la suite, l’ivresse & la fureur dont ils paroissent agités, & celles où ils tombent en effet dans des parties de débauche & de cabaret, qui en sont inséparables, les querelles, les batteries, les juremens, les blasphèmes, qui en sont l’accompagnement ordinaire, le dérangement de leurs affaires, la cessation de leur travail, les mécontentemens domestiques, &c. C’est avec raison qu’un Pasteur pieux & éclairé s’élève de toutes ses forces contre ces bacchanales qui rappellent toute la fureur des Orgies, les folies des Bacchantes, l’indécence des Saturnales, & toute la licence du Paganisme dans ses fêtes infames. […] Le mouvement des pieds, la mollesse du chant, le mélange des scènes ; voilà les ennemis de la pudeur, les amis du crime, les attraits de l’impudicité, les sceaux de la licence : Hestes pudicitiæ, amici libidinum, stimuli scelerum, sacramenta licentiæ.

112. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

La licence et l’irréligion ont-elles donc toujours été des titres glorieux sur le Théâtre ? […]  » Ben Jonson nous fournit quelque chose d’important sur cette matière dans son Epître dédicatoire du Renard, où il invective avec beaucoup de chaleur et de force de raisonnement contre la licence du Théâtre. […]  » Il ajoute que la plainte générale d’aujourd’hui est que les Ecrivains n’ont rien de Poète que le nom ; que la poésie et en particulier celle du Théâtre ne met plus en œuvre que l’obscénité, la profanation et la licence effrénée d’outrager Dieu et les hommes : il confesse que cette plainte n’est que trop bien fondée, et marque une extrême douleur de ne pouvoir pas la démentir : il se flatte pourtant que tous ses confrères ne sont pas embarqués dans cette horrible entreprise de se damner. « A mon égard, poursuit-il, j’ose avancer, et je le fais sur le témoignage sensible de ma conscience, que j’ai toujours tremblé à la moindre pensée d’impiété et que j’ai toujours frémi des ordures qui sont aujourd’hui l’aliment du Théâtre.… Quel homme raisonnable, ou quel homme bien né ne rougit pas d’enflammer ainsi la convoitise ?

113. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Il y a long-tems qu’on en juge ainsi ; car c’est dans cette vue que les Athéniens accorderent aux Poëtes comiques la licence de satyriser tout le monde, sans épargner même le Gouvernement….

114. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Les autres au contraire qui s’écartent de la voie des Anciens, et qui commencent à salir la Scène par une licence inconnue à leurs prédécesseurs, rougiront de dégénérer de ces grands Hommes ; et se corrigeront peut-être dans la crainte qu’on ne leur fasse bientôt les mêmes reproches que M.

115. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

[NDA] On pourrait répondre que ces avantages se trouvent, pour la plus grande partie, dans les Pièces comiques du Théâtre Français, surtout dans les Pièces de caractère ; mais, en supposant même que ces caractères soient traités d’une manière propre à la correction des mœurs, il sera toujours vrai de dire, par les raisons que nous avons déjà expliquées dans le premier Chapitre de cet ouvrage, que ces mêmes Pièces sont ternies et en quelque sorte dégradées par mille traits de licence et de corruption ; en sorte que, si elles contiennent quelque instruction, elles renferment infiniment plus de mauvais principes et de dangereux exemples.

116. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Au reste, il paraît que notre Théâtre fait grand fond sur les expédients de la fureur et de la folie : les femmes y sont tantôt furieuses et tantôt folles ; afin de leur ouvrir un vaste champ à la licence et de mettre leur effronterie à couvert. […] Plaute en reléguant ainsi la licence du langage au menu peuple, pèche bien moins que nos Poètes. 1°.  […] En effet, le Théâtre avait alors un frein, il redoutait les Censeurs publics ; et l’office de celui qui présidait au Chorus était établi pour arrêter la licence des Dramatiques. […] Certainement, il saute aux yeux, après tout ce que j’ai mis en jour, que notre Théâtre moderne est d’un scandale au-dessus de toute comparaison : il excède la licence de toutes les nations et de tous les siècles : non, il n’a pas même le misérable prétexte de l’exemple dont les plus affreux crimes tâchent du moins à se couvrir.

117. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

dressant par-tout un piege à l’innocence, Des Romains & des Grecs ils passent la licence. […] C’est la licence elle-même qui suggere l’établissement de pareils divertissemens, dont les suites sont démontrées devoir être funestes aux mœurs. Mais la licence plaisoit ; & on se contentoit de la déguiser sous des noms honnêtes ». […] Les Marseillois, comme nous l’avons dit d’après Valere Maxime, page 86 de nos Lettres, sçutent se préserver de la contagion de ces Spectacles dont Salvien qui vivoit vers l’an 439, reprocha la licence aux Romains de son temps21. […] Le Parlement de Paris réforma cette licence, & il n’y eut que les Enfans sans souci qui pendant quelque temps demeurerent seuls en possession de divertir le Public.

118. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Or, comme en toutes choses, c’est toujours le premier pas qui décide, les nombreux Auteurs qui succéderent aux premiers qui leur avaient si lâchement ouvert cette nouvelle carriere, voulurent à l’envi les uns des autres, renchérir sur les platitudes, & reculer les bornes de la Licence ; ils n’y réussirent que trop. […] D*** de B**, s’illustrer par l’éclat des talens, tentent de se faire une réputation, au moins éphémere, par la licence de leurs Ecrits. […] Il est si vrai que la licence est portée à son comble dans ces lieux de prostitution, sur-tout aux Jeux nocturnes, que l’on y rencontre rarement un galant homme, encore moins une honnête femme. […] Toute liberté qui passe ces bornes est licence, & la licence est la plus proche voisine de l’esclavageParallele de la condition & des facultés de l’homme, avec la condition & les facultés des autres animaux : Ouvrage traduit de l’Ang. par M. […] Le meilleur moyen de mettre un frein à la licence & à la corruption, est de supprimer les Trétaux.

119. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Le Comédien ne respire que la licence et le plaisir ; le Pasteur des âmes, et le défenseur de la veuve, se réservent la justice et la piété : le langage comique répand partout le sel de la satire, l’amertume de la malignité ; le langage évangélique ne fait couler que le lait et le miel de la charité : les regards, les paroles, les démarches annoncent la dissolution et la frivolité des acteurs et des spectateurs ; et d’un autre côté peignent le recueillement et la religion de l’orateur et de l’auditeur chrétien, l’équité, la fermeté, la sagesse de l’oracle des lois. […] Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux, on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de Comédiens, qui n’ont de règle que leur profit et le plaisir des spectateurs ?

120. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Si nous avions pour la gloire et le service de Dieu seulement la moitié de la sensibilité et du zèle que nous témoignons à nos amis ou à nos partisans politiques, trouverions-nous quelque plaisir dans des lieux où la débauche enflammée par les fumées du vin, guidée par la licence, vient puiser des impressions conformes à son état et à ses goûts ; ces lieux qu’on a osé appeler des écoles de morale, et du voisinage desquels s’empressent de se retirer la morale, la modestie, la décence, tandis que la débauche et le libertinage s’empressent de s’y rendre, et y établissent leur résidence de prédilection ; ces lieux où le saint nom de Dieu est journellement blasphémé, où l’on applaudit des gestes et des paroles qui ne seraient pas tolérés dans une société quelconque, mais qui peuvent hardiment dépasser toutes les limites les plus reculées assignées à la licence dans nos cercles, sans franchir les limites tout autrement larges de la décence théâtrale ; ces lieux enfin où la morale qu’on débite n’est pas celle que doit chérir et respecter tout chrétien, mais celle à l’extirpation de laquelle doivent tendre ses efforts de tous les jours ; non celle que nous recommandent les saintes Ecritures, mais celle qu’elles condamnent comme fausse et criminelle, fondée sur l’orgueil, l’ambition et la faveur.

121. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Le bon ordre régneroit donc à la place de la licence, & la vertu à la place du crime.

122. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Examinons cependant la matière et cherchons s’il ne serait pas possible de trouver quelque expédient qui put concilier deux choses aussi opposées que le sont la sagesse et la licence.

123. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Ces jeunes gens trouveraient le Théâtre réformé, et s’en accommoderaient sans peine ; les principes d’honneur et de vertu, dans lesquels ils sont élevés, ne leur permettraient pas de souhaiter des Spectacles d’une autre espèce ; et quand, dans un âge plus avancé, ils liraient les Pièces de l’ancien Théâtre, loin de se plaindre de ce qu’on ne les jouerait plus, ils auraient plutôt peine à comprendre que leurs pères eussent pû goûter la licence de leur temps.

124. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

Etrange licence !

125. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

La licence, la mauvaise foi et; la crapule de ces méprisables Baladins les rendit bientôt l’objet de la haine et; du dédain public. […] A vous entendre, rien ne peut arrêter la licence des Comédiens ; toutes les Loix les plus sages ne pourroient les contenir. […] Je me suis sans doute trop avancé, puisque vous nous faites la grace de décider qu’il n’est pas possible qu’ils soient honnêtes gens, parceque c’est un état de licence et; de mauvaises mœurs. Cette licence et; ces mauvaises mœurs sont-ils absolument et; indispensablement attachés à cette profession ? […] Ne craignez-vous pas la licence des rendez-vous nocturnes ?

126. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

L’exemple des comédiens publiquement étalé, les graces séduisantes que les actrices doivent à la licence, que chaque femme voudroit avoir, & tache d’acquérir en étudiant ce modele, le succès de leur liberté qui seul vaut tant de conquêtes & de profit ; qui peut resister à ces attaques, quelle pudeur n’y succomberoit ? […] De quatre ou cinq femmes qu’il introduit, quelques-unes parlent & agissent avec une sage retenue, les autres se livrent à la licence ; sur quoi le P. […] Est-il rien de plus opposé au respect que la licence de l’impureté ?

127. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

il y a quelques Cardinaux que le souffle impur de la Scène a insecté, Bibiana se dèshonora par une licence effrénét, Richelieu par le ridicule, Mazarin par la prodigalité ; qui ne connoit le Cardinal du Bois, & ne pense sur ses mœurs comme l’Eglise, tout le public, le Duc d’Orléans ? […] Son Philotanus, dont il avoit la folie de se faire honneur, que personne ne lui disputoit, quoiqu’il y eût peu de part, n’est de même qu’un tas de méchancetés, d’impiétés & de licence, semé de quelques vers ingénieux qu’il faut aller pêcher dans le bourbier. […] Une mort prématurée l’appella au Tribunal de Dieu où l’abandon de sa vocation, sa licence dramatique, son libelle, sa vengeance ne furent pas apparamment des titres à la gloire du Ciel.

128. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Dès qu’elle parut, elle surprit par sa nouveauté, étonna par sa témérité, révolta par son impiété & sa licence. Le théatre n’avoit encore attaqué que des ridicules : ici il attaqua la vertu même, sous le masque d’une fausse dévotion, avec lequel il défiguroit tous les gens de bien, décourageoit tous ceux qui voudroient la pratiquer, par la crainte du ridicule, donnoit des armes à tous ses ennemis, par les ombrages qu’il répandoit sur elle, rendoit méprisables les choses les plus saintes, par le soupçon des vices cachés, & autorisoit la licence de sa conduite, en traitant de cagotterie la modestie & la retenue.

129. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

David en fit autant devant l’Arche, lors qu’elle fut recouvrée des mains des Philistins ; mais ces danses, ces chants se faisoient, par des motifs, & pour des sujets bien differens de ceux des mondains, que l’Eglise a souvent condamnez avec juste raison : c’estoit alors chanter les Victoires que Dieu remportoit sur les ennemis ; c’estoit pour marquer la joye qu’ils avoient de voir le Seigneur exalté, & glorifié, au lieu que les mondains y cherchent leur plaisir, & leur divertissement, & que la vanité, l’immodestie, la licence, & l’impureté sont presque inseparables des bals, des danses, & des cercles de compagnies enjoüées.

130. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Cette excursion ne sera pas hors-d’œuvre, le théatre y revient souvent, elle achevera de caractériser son esprit, & la licence sur la religion, & les mœurs des Auteurs & amateurs du théatre. […] Là-dessus il rapporte l’autorité du Chancelier de l’Hôpital, qui loue Louis XII de prendre plaisir à voir jouer farces & comédies, même celles qui étoient jouées en grande licence, que lui Chancelier auroit dû défendre. Jamais les farces jouées en grande licence ont-elles dû être permises ?

131. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Le Tartuffe a dévoilé les impostures des faux Dévots, et révélé les mystères des Hypocrites, qui abusaient de la Religion, et de la piété, pour faire leur fortune aux dépens des dupes, et pour se donner impunément toutes sortes de licences. […] Quelques paroles trop libres qui échappaient, de temps en temps, aux Comédiens Italiens, et quelques licences qu’ils se donnaient dans leurs représentations, dont les personnes délicates étaient alarmées, faisaient crier contre eux le public, et les ont fait chasser sans ressource. […] Si nos mœurs ne sont pas plus chastes que celles des Anciens ; au moins notre langue est infiniment plus retenue et plus modeste ; elle ne se permet jamais la moindre licence, semblable à ces prudes farouches, avec lesquelles on est toujours dans le respect.

132. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Elles portent ordinairement à toutes sortes d’impuretés ; l’habitude de les voir entraîne à la licence, les yeux et les oreilles des gens sages les ont toujours redoutées : « Comœdiarum argumenta adulteria et stupra commendant, spectandi consuetudo imitandi licentiam facit, aures oculosque gravissimorum virorum formidant. » La réflexion et les bonnes mœurs les ont fait bannir de l’Italie : « Ex Italia explosæ severitate morum et religionis sanctitate. » Leur retour depuis ce temps-là et leur vogue sont-ils l’éloge de la pureté des mœurs Italiennes ? […] ce n’est pas la place des Caton (c’est celle de Vénus) : « Ad circum nesciunt convenire Catones. » Toutes les folies que le peuple y fait, ne peuvent passer pour des injures, la licence du lieu excuse les excès : « Injuria non putatur, locus defendit excessum. » Liv.

133. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Qu’entre les Païens mêmes, où cette licence a commencé et avancé, il a fallu souvent remédier par les lois aux désordres qu’elle apportait. […] Que siz la Tragédie semble plus sérieuse, et ne souffre pas la licence des Comédiens, marchant d’un pas plus grave, et traitant de choses plus sévères, pource qu’on y représente de grandes infortunes, des cruelles aventures et des vengeances horribles. […] Car les ornements des Comédies et leur sujet pour le plus souvent, sont les adultères et larcins amoureux, d’où vient que la coutume de regarder et ouïr, apporte aussi la licence de les imiter. […] Je ne dirai rien d’Aristophane, qui est la bouche connue de l’ancienne Comédie, on sait sa liberté, ou plutôt licence, turpitude et impudence de ses paroles. […] X De la circonstance des temps où nous sommes, par laquelle la licence de ces jeux publics, est grandement aggravée.

134. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

La plupart ont considéré le Théâtre dans son état de relâchement & de licence.

135. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Qu’ils viennent aux représentations des Ouvrages de nos grands Maîtres ; ils verront la licence bannie d’un lieu qu’ils ont méprisé ; ils sentiront la vertu pénétrer insensiblement dans leur cœur ; ils apprendront à s’intéresser au sort des malheureux.

136. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb.

137. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Toute licence y était en horreur : par ce moyen, la vertu des femmes était à l’abri de toute occasion.

138. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Mais le parti contraire en éludoit la plûpart au moyen d’un leger détour, qui les faisoit retomber sur la licence, ou l’idolatrie des Spectacles anciens. […] Fort bien, pourvû qu’il n’y ait rien dans leur licence que vous deviez plus justement réduire aux bornes du bon sens. […] Est-il surprenant, Messieurs, que l’Auteur compose licentieusement suivant leur goût, & que l’Acteur y conforme sa licence ? Doit-on balancer par conséquent à charger le Spectateur de cette double licence qu’il a exigée ? […] Ils reformeroient la licence, les uns de leur composition, les autres de leur action.

139. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

J’avoue , dit-il, que la comédie peut corrompre les mœurs quand la gayeté degenere en licence  ; ce qui n’arrive que trop souvent, ou plutôt ce qui arrive toujours de mille manieres par le reste de la piéce, le libertinage des acteurs & des spectateurs, l’immodestie des actrices, des décorations, &c. […] L’Auteur se plaint encore que le goût depravé a fait assaisonner sa piece de beaucoup de licences & de mauvaises maximes , qu’il a supprimé.

140. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Je ne daigne en parler que pour faire sentir l’étroite liaison de la licence & du théatre dans l’imagination des Poëtes dramatiques, même polis & gazés. […] Tout cela peut être bon, donner des leçons utiles, être aisément saisi & joliment exécuté, pourvu qu’on n’y glisse pas de la galanterie & de la licence ; mais le théatre peut-il s’en passer ?

141. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Ces excès de licence ne sont pas aujourd’hui à craindre, l’autorité du Roi et le respect du peuple sont mieux établis ; aucun Comédien ne serait assez hardi pour attaquer son maître, il ne le ferait pas impunément. […] Par ce détour artificieux, l’Auteur s’est donné la coupable licence de hasarder les propositions les plus contraires à la religion et aux bonnes mœurs, et de confondre la nature et les bornes des deux puissances.

142. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Il est vrai que celles où il eut part sont plus mesurées, et qu’il fit donner une déclaration du Roi pour interdire cette licence. Mais c’était exiger l’impossible, et ce fut une de ces contradictions qui lui étaient assez ordinaires : le théâtre, qui le connaissait, n’eut aucun égard à ces défenses de cérémonie ; la licence survécut à la déclaration et à lui, jusqu’à ce que Corneille ayant pris le dessus, étant devenu le père et le modèle de la scène tragique, et toutes ses belles pièces étant décentes, son exemple fit impression et apporta quelque réforme.

143. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Elisabeth d’Angleterre, qui après quarante ans de comédie venoit par sa mort de quitter la scène, lorsque Christine y monta ; avec tous les défauts de son sexe, une vanité, un luxe, une licence poussée plus loin que ceux de la Suédoise, parce qu’elle étoit plus aimable, plus puissante, plus riche. […] Chapelain qui travailloit au poëme de la Pucelle, & qui étoit alors en considération consulté sur cette comédie, en blâma la licence ; la Reine se tourna vers Menage qui étoit prèsent, & lui demanda son sentiment. […] Quittor.s-la, & faisons nous honneur de notre licence, réunissons la gloire & la liberté ; le monde sera assez dupe pour nous en croire & nous en louer.

144. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

LA peste désoloit la Provence, on avoit la guerre avec l’Espagne, la Bretagne étoit prête à se soulever, il s’étoit formé des conspirations contre le Régent ; le Royaume, par le systême des billets de banque, étoit dans une confusion qui faisoit tout craindre, & cependant ce fut le regne des plaisirs & du luxe, & de la plus grande licence de la comédie.

145. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Car encore bien que ce peuple nonobstant cette licence, qui a été sans doute arrachée de la Cour de Rome, et qui ne leur a été donnée que comme par contrainte, et à cause de la dureté de leur cœur ; ne laisse pas d’être coupable devant Dieu ; les fidèles néanmoins qui sont sous ma charge, et que je dois régler et conduire, s’appuient sur cet exemple ; et ils ont pris même, dis-je, cette liberté de déclarer qu’ils auront recours à votre Sainteté pour éviter de faire ce que je ne désire que pour leur salut.

146. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

L’Origine de ce nom vient d’un Comus, que les Idolâtres ont jadis adoré pour le Dieu de la Gourmandise et de l’Impureté, à la louange de qui les débauchés faisaient forcea vers lascifs, qu’ils récitaient en public avec tant de licence, qu’il fallut y employer la sévérité des Juges.

147. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Ils prennent pour guide la licence, qui est une pauvre aveugle qui leur fera faire autant de fautes, qu’ils feront d’actions, ou qu’ils diront de paroles. […] Certainement c’est faire injure à la mémoire d’un des plus saints de notre siècle, et à la plume la plus discrète qui ait écrit de nos jours ; il a parlé de cette matière avec tant de circonspection, que la licence n’en peut tirer aucun avantage, et que les consciences les plus délicates ne se peuvent plaindre qu’il les ait gênées. […] Ceux qui aiment la licence cherchent des lieux à l’écart ; ils ne se produisent pas devant les meilleurs yeux de toute une ville. […] C’était le regret du grand Pape Pie II. lequel ayant donné trop de licence à sa plume pendant les boutades de sa jeunesse, cherchait les moyens par après d’en arrêter le mal, et ne les pouvait trouver : Il révoquait ce qu’il avait dit, il conjurait tout le monde d’avoir plus de créance à un Pape qu’à un jeune étourdi, et de recevoir l’amende honorable qu’il faisait étant en la première dignité de l’Eglise, pour obtenir le pardon des sottises de son enfance. […] Aussi à bien parler tout n’en vaut rien ; on ne cherche point d’être méconnu pour faire de bonnes actions, où il n’y a rien à craindre, il n’y a rien à cacher ; sitôt qu’on prend un voile quel qu’il soit, on témoigne ou qu’on se veut donner une licence qui ne doit point avoir d’approbation, ou qu’on se veut défendre d’une honte qu’on a méritée.

148. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

« En commençant par observer les faits avant de raisonner sur les causes, dit Jean-Jacques Rousseau2, je vois en général que l’état de comédien est un état de licence et de mauvaises mœurs ; que les hommes y sont livrés au désordre ; que les femmes y mènent une vie scandaleuse ; que les uns et les autres, avares et prodigues à la fois, toujours accablés de dettes, et toujours versant l’argent à pleines mains, sont aussi peu retenus sur leurs dissipations que peu scrupuleux sur les moyens d’y pourvoir.

149. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Il faut qu’en comparant un Ecrivain à Bocace, à Machiavel, à l’Arêtin, on approuve la licence, la malignité, l’impiété, la tyrannie, &c. […] Le luxe est le corrupteur universel des mœurs, dont il nourrit, étend & perpétue la licence, des ames qu’il amolit, des esprits qu’il dégrade, des corps qu’il énerve, de la religion qu’il détruit ; des sciences sérieuses & des arts utiles, dont il éteint le goût & l’étude, pour ne s’appliquer qu’à la frivolité qui flatte le vice.

150. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Dans ce siècle de la licence, Où le vice heureux & fêté Brave l’honneur & la décence, Et rit avec impunité ; Où, si faussement ingénues, Et nos Phrynés & nos Laïs Étalent aux yeux de Paris Les trésors qu’elles ont acquis, Et les mœurs qu’elles ont perdues ; Où l’art de vendre & d’acheter Se traite avec tant de justesse ; Où l’on sait le prix de Lucrèce Pour peu que l’on sache compter…. […] Le paganisme n’a jamais porté jusques-là ses plus grande excès : il avoit à côté du théatre des coulisses, qu’on appeloit des caves, où régnoit la licence, dans le goût de nos foyers & de nos coulisses ; mais il respectoit le public.

151. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Dans tout cela il y a encore moins de bonnes mœurs : la fripponnerie des domestiques, l’insolence des enfans envers leurs pères, leur licence dans leurs passions, la liberté entiere de leurs mariages, sont dans la société des désordres incomparablement plus grands que les ridicules de l’avarice, fussent-ils poussés aux excès où on les porte, aussi peu vrais que vraisemblables. […] Cette maniere profane & cavaliere de traiter une des actions de la vie les plus importantes & les plus saintes, accoûtume les esprits à la plus grande licence, à ne plus envisager le mariage que comme une partie de plaisir, un engagement d’inclination, une liberté de satisfaire son amour.

152. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Aussi est-ce le plus puissant empire de la licence & de tous les crimes. […] Il y a même en France, surtout dans les provinces méridionales, à Toulouse, à Montpellier, à Aix, à Marseille, des débordemens de masques qui courent les rues les derniers jours de carnaval ; mais rien n’égale la licence du carnaval de Venise.

153. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Comment y laissoit-il introduire la licence ? […] Si on attend la réformation des Grands, la licence peut être tranquille.

154. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Quand ces Acteurs seroient aussi chastes par eux-mêmes que l’étoient ceux de madame de Maintenon à Saint-Cyr, la licence de leurs pièces ne tarderoit pas à les familiariser avec le vice. […] D’abord, elle gardoit l’incognito ; insensiblement la licence même de ces jeux là, accoutumée à se mettre au-dessus de la gêne des bienséances, dernière sauve-garde des mœurs.

155. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Le Sérail à l’Encan 40, la Vierge du Soleil 41 et le Château du Diable 42, sont je crois les trois premiers enfants de cette bâtarde43, qui accoucha quelques années après de deux enfants, l’un avoué par le malheur, et l’autre par le bonheur44, et d’un Diable et d’une Bohémienne 45, qui furent à leur tour, avec une certaine Marguerite46, servante chez un moine, les pères et mères du tendre comique, pathétique ou cruel, quelquefois même féroce ; mélodrame de nom, tragédie en prose avec toutes licences. […] Ses jeux de nuit60, jadis amusèrent la ville et encore plus la cour ; plus corrompus, mais plus susceptibles que nos pères, nous crierions au scandale si, de nos jours, on tolérait de telles licences ; et nous avons des académies clandestines, dans lesquelles on s’expose journellement à de plus grands dangers qu’aux représentations de nuit de l’après-souper de l’Hôtel Soissons 61, du Dîner des dupes 62, de la Matinée du comédien 63, et de l’Ane et le procureur 64.

156. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

« Je vois en général, dit-il, que l’état de Comédien est un état de licence & de mauvaises mœurs ; que les hommes y sont livrés au desordre ; que les femmes y mènent une vie scandaleuse.

157. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Je ne parle pas des licences, du libertinage, des indécences, des tableaux présentés & sous-entendus, que l’actricisme de ces Pièces, prises de Contes trop libres, ne couvre que de gaze ; parce que ce n’est pas-là ce qui fait la fortune des Comédies-chantantes : plus un siècle est libre dans ses mœurs, plus il est retenu & chaste dans son expression : les oreilles des débauchés, sous l’expression la plus innocente, croient toujours entendre une lasciveté : ainsi le Monstre qu’élevèrent Sénèque & Burrhus, ne voyant aucune partie de son corps qui ne fût souillée, ne pouvait envisager un autre homme, sans se former une image obscène.

158. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

La sainteté de la Religion que nous professons, ne demande pas seulement l'application de notre cœur à l'adoration du vrai Dieu seul, tout puissant et infiniment jaloux de sa gloire, et la soumission de notre esprit à la croyance de ses mystères incompréhensibles ; mais elle exige encore de notre devoir une pureté de vie qui ne soit corrompue ni par le dérèglement des actions, ni par la licence des paroles.

159. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Quant aux indécences et aux libertés de l’ancien théâtre contre lesquelles on ne trouve pas étrange que les Saints Pères se soient récriés, je dirai encore à notre confusion que les tragédies des anciens Païens surpassent les nôtres en gravité et en sagesse, ils n’introduisaient pas de femmes sur la Scène, croyant qu’un sexe consacré à la pudeur ne devait pas ainsi se livrer au public, et que c’était là une espèce de prostitution, j’avoue qu’il y avait souvent de l’idolâtrie mêlée et que leurs pièces comiques poussaient la licence jusqu’aux derniers excès, mais les nôtres sont-elles fort modestes, ce que vous appelez les farces n’a-t-il rien qui alarme les oreilles pudiques ?

160. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et à dire la vérité les Comédies Italiennes sont remplies de tant de licences déshonnêtes qu'elles passent du style Comique fait pour délecter, pour enseigner et pour corriger par la répréhension et la moquerie les mauvaises mœurs, dans celui de la raillerie, de la bouffonnerie, de l’Impudicité et de l’imprudence.

161. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Peut-on disconvenir que cette licence effrénée du siècle, cette affreuse corruption de mœurs dans tous les âges, ce dégoût de la piété si universel dans le monde, cette différence, pour ne pas dire, ce mépris de la Religion, réduite presque aux seules bienséances parmi les mondains, ne soient le fruit nécessaire de ces spectacles profanes ?

162. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

La licence que sa bonté nous a concédée jusques ici de tirer l’épée et de mettre toutes sortes d’armes à la main en sa présence, avec autant de franchise et de liberté que en ce lieuah, nous lave de toutes calomnies, montrant la créance qu’il a que nos armes non plus que nos âmes ne sont faites que au détriment et à la ruine de ses ennemisai.

163. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

J’aurai l’avantage de lui répondre à cet égard que nos Auteurs modernes,3 guidés par de meilleures intentions, ne suivent en cela que le but des Instituteurs des Spectacles : si la licence en a exilé la pureté, c’est le sort des meilleures choses : mille exemples le prouvent. […] Mais sitôt que ce même peuple commença à s’agrandir par ses victoires qu’il se vit obligé d’étendre l’enceinte de ses murs, & qu’il se donna impunément la liberté de passer les jours de fête à boire & à se divertir, la licence s’empara des Vers & de la Musique ; car que pouvait-on attendre d’un Villageois ignorant qui n’avoit plus rien à faire, & qui se trouvait mêlé avec le citoyen ? […] Bon, me répondra un de ces idolâtres de l’imposture, êtes-vous assez simple, assez scrupuleux pour faire un crime à un Historien d’une licence permise par l’éloignement des tems ? […] Ainsi, jusqu’à ce qu’on ait réprimé cette licence, l’accès en doit être interdit. […] Ajoutez à cela des desirs luxurieux que le vin précurseur de la licence, excite, & que la raison troublée ne peut réprimer : quel tableau pour des Enfans !

164. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Ajoûtons à cela, que les jeux défendus & la licence, sont des suites presque toujours certaines de ces sortes de déguisements, qui par ces circonstances deviennent encore plus criminels.

165. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Ce saint Pere étant monté sur le Siége Patriarchal de Constantinople, trouva dans cette capitale de l’Empire d’Orient, des jeux dont la licence étoit affreuse ; on les nommoit Majuma.

166. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Gazer la licence, colorer les expressions, c’est exciter davantage les désirs.

167. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

La passion de Ladislas naît du vice et non de la vertu : telle était la licence de la Scène du temps de Rotrou ; mais les Poètes tragiques depuis lui ont toujours fait ou tâché de faire croire aux Spectateurs que l’amour dans leurs Tragédies était enfanté par la vertu.

168. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

C’est un non-sens perpétuel, aussi bien que leurs Comédies, dont rien n’égale la licence, grace à la censure des Chanceliers, qui ne craignent que la raison. […] Il n’y en a ni pour l’esclavage, ni pour la licence.

169. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Cette femme célebre, soi-disant vierge, eut tous les défauts des femmes : fatuité du faste, idolâtrie de sa beauté, fureur des conquêtes, jalousie d’amour, rivalité de graces, emportement de colere, licence de privautés, & même leur imprudence, malgré sa politique. […] Sa Licence. […] Malgré les minauderies de la pruderie, & la dissimulation de sa politique, sa licence étoit réellement extreme.

170. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

La licence l’emporte toujours sur la morale ; la morale n’est même que le sauf-conduit de la licence, pour la faire recevoir & pardonner. […] semblable à celui qu’on voudroit nous faire accroire qu’il se trouve dans quelque bonne maxime que débitent quelque fois les acteurs, qui ne guériront & n’empêcheront jamais les profondes blessures que font à la vertu le fonds de la piece, l’objet de l’intrigue, le libertinage des rôles, la licence des décorations, la très-mauvaise morale qui y domine, & qui, comme I’ivraie que l’homme ennemi seme dans le champ, l’étouffe totalement le bon grain.

171. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Paul même montre, qu’il a lu les Poètes, alléguant de leurs vers, et entre autres d’un Comiquew : je réponds, que cette permission de les savoir, n’infère pas la licence de les jouer, et que la connaissance en doit être rapportée à une fin, et usage tout autre, où visent les Théologiens, en lisant les écrits des hérétiques ; les Médecins, apprenant à connaître les poisons, et herbes dangereuses ; les Logiciens, étudiant aux Elenches sophistiquesx, etc. […] I.ca. 32 cg , « Vous qui ignorez ces choses-là : Ecoutez-vous, qui feignez ne les savoir pas : Les jeux Scéniques, spectacles de toute turpitude, et la licence des vanités, ont été institués à Rome, non par les vices des hommes, mais par les Commandements de vos Dieux, c.à.d. les Diables. […] Les Comédiens des Païens, avaient une fin beaucoup plus spécieusecj, utile, et nécessaire, en apparence, pour les Républiques, et pour les familles ; à savoir, la réformation des mœurs, et l’étude de la vertu ; à laquelle un chacun s’adonnait, par la crainte qu’on avait, d’être échafaudéck en public, par les Comédies ; où du commencement, les Poètes avaient toute licence, de brocarder celui, qui avait commis quelque chose de déshonnête ; et toutefois l’abus y croissant, on n’y put remédier autrement, qu’en abolissant la chose même ; comme firent lors les Grecs pour le regard de la Comédie, qu’on appelle Ancienne : d’autant, comme dit Cicéronlib. 4. de Rep. apud August.

172. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

C'est sous ce titre qu'il a été établi dans le monde; car auparavant dés qu'on dressait des Théâtres, souvent les Censeurs les faisaient abattre pour conserver la pureté des mœurs dont ils prévoyaient la corruption, et la ruine inévitable, si l'on souffrait la licence des Spectacles.

173. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« L’état des Comédiens est un état de licence et de mauvaises mœurs ; les hommes y sont livrés au désordre ; les femmes y mènent une vie scandaleuse.

174. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

., qui ne finit point sur les éloges de Cicéron, ne dit qu’en passant un mot sur la latinité de Térence, & lui préfere le poëte Afranius, que nous n’avons pas, qu’il appelle excellent, pour le style, quoique très-blâmable pour la licence ; Plût-à-Dieu, dit ce grand instituteur de la jeunesse, qu’Afranius n’eût pas souillé ses drames par les amours des jeunes gens, peignant aussi sa propre corruption : Utinam juvenem amoribus poemata non fœdasset, mores suos &c. […] Il réforma le luxe & la licence des gens du théâtre : défendit d’exposer dans les lieux publics, les portraits des pantomimes, histrions, &c.

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