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78. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVIII. Autorité des loix. » pp. 45-47

Il les dépouille de la protection si vantée des loix de l’Etat, pour les livrer à la sévérité de celles de l’Eglise, & les engager par-là à renoncer à des divertissemens si criminels.

79. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

C’étoit alors une censure délicate des vices, des entreprises de ceux qui tenoient les rênes de l’Etat.

80. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

Les mêmes esprits qui bouleverseraient un Etat pour établir une opinion souvent absurde, anathématisent les plaisirs innocents, nécessaires à une grande ville, et des Arts qui contribuent à la splendeur d’une nation : l’abolition des Spectacles serait une idée plus digne du siècle d’Attila, que du siècle de Louis XIV.

81. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Il l’a rendu florissant dans ses Etats, & y a appelé de toutes parts, à grands frais, & des acteurs & des actrices, qui avant lui y étoient inconnus. […] Il les tolere même ces Papistes dans ses Etats ; il les protege non seulement dans la partie Catholique nouvellement conquise mais dans la partie Luthérienne dont il fut toujours maître ; car toutes les religions lui sont indifferentes. […] Des Princes, dont l’Etat contient six mille arpens, Reduisent en jardins la moitié de leurs champs ; Et pour avoir chez eux Marli, Meudon, Versailles, Oppriment leurs sujets, gémissans sous les tailles. […] Un Homme, un Etat même est à peine compté.

82. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Un Prince qui veut la guerre pour le bien de l’Etat ; qui déteste son fils, parce qu’il est aimé d’Antigone, qu’il aime lui-même, & qui, quelques Scènes après, veut la paix pour n’avoir pas à combattre ce même fils. […] Corneille, dans le commencement de Rodogune, a peint cette Princesse avec un dévouement pour le bien de l’Etat, qui lui fait oublier ses ressentimens propres, & sacrifier ses intérêts au traité de paix conclu entre le Roi des Parthes son frere & Cléopatre.

83. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Il eut pour eux toutes les attentions qu’on devoit attendre de l’homme du monde le plus poli ; c’est en effet une très grande politesse de s’emparer des Etats d’un Souverain, de l’en chasser, de les dévaster, & ensuite d’embrasser ses enfans ; il fit ouvrir les boutiques, que la plus juste crainte avoit fermées, il donna un repas à tous les Ministres, il fit jouer un opéra Italien. […] Il travailla lui-même comme le plus simple artisan, il fit venir en Moscovie, à grands frais, toute sorte d’artistes ; mais jamais il ne daigna penser au théatre, il n’étudia point l’art de la déclamation, ni la danse, ni la musique, il ne parut point sur la scéne, comme sur les chantiers d’Amsterdam, il ne demanda ni comédiens ni comédiennes, il ne bâtit aucun théatre dans ses États ; il étoit trop grand pour s’amuser à ces miseres.

84. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

& par l’État actuel de nos Acteurs, avec le sentiment du Public à leur sujet. […] On a raison de dire, que ce Plan entraîne d’énormes dépenses ; Mais cet inconvénient se réduit presqu’à rien, lorsque l’Etat exécute au-dedans, des travaux dont le coût ne lui fait rien perdre, puisqu’il n’a d’autre effet que de rendre plus vive la circulation des espèces.

85. (1825) Des comédiens et du clergé « Table des matières, contenues dans ce volume. » pp. 409-427

., société de pèlerins qui s’était réunie pour jouer les saints mystères, pag. 85 ; obtiennent en 1402 des lettres patentes de Charles VI, pag. 90 ; et de François 1er en 1518, pag. 94 ; sont obligés par arrêt du parlement de Paris, de 1548, de ne plus établir leurs comédies que sur des sujets profanes, pag. 101 ; succèdent entièrement aux confrères de la Passion, pag. 103 ; obtiennent des privilèges, p. 107 ; leurs pièces soumises aux procureurs du roi, pag. 108 ; ils sont admis au Louvre et protégés du roi Louis XIV, pag. 112 ; la législation change en leur faveur, pag. 114 ; jouissaient à l’exclusion des autres classes du privilège de conserver leur noblesse, pag. 116 ; leurs droits comme citoyens dans l’Etat, pag. 125 ; leur profession étant instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes du prince, ils n’en sont plus comptables au clergé, pag. 131 ; l’abjuration que le clergé exige de leur profession, ainsi que le refus de sépulture, qu’il leur fait à leur décès, sont des délits que les procureurs du Roi doivent poursuivre devant les tribunaux, pag. 134 et 282 ; ils font l’aumône aux cordeliers, aux capucins, aux augustins, qui la leur demandent par placet, et qui promettent de prier Dieu pour leur chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés, le clergé ne peut leur faire l’application des anathèmes, pag. 182 ; saints et saintes honorés par l’Eglise romaine, et qui ont été comediens, pag. 193 ; piété et bienfaisance de Beauchâteau comédien, pag. 365*. […] Etats de blois tenus en 1588 et dans lesquels la nation et le roi Henri III font signifier au clergé de rentrer dans la discipline imposée par les lois ecclésiastiques, pag. 332*.

86. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  TABLE. DES MATIERES. Et des Personnes dont il est parlé dans les deux Volumes. » pp. 567-614

Leur indiscrétion à demander des graces onéreuses à l’Etat, a, 249 Coutel, b, 155 Couvreur (le), Actrice. […] Caractere des bons Ministres d’Etat, 244. […] Combien ils sont dangereux à l’Etat, 540, 542 Innocent XI & Innocent XII. […] Idée de ce mauvais Ouvrage, b, 407 Ministres d’Etat. […] Motifs qui dans les Etats anciens & modernes ont porté le Gouvernement civil à les tolérer, 284-297 ; b, 324, 557.

87. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

C’est depuis cette époque que les incrédules se sont tellement multipliés qu’un étranger arrivant en France, dans les grandes villes, aurait bien de la peine à se persuader que la religion chrétienne fût la religion de l’Etat.

88. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Et à l’égard des Comédiens et Comédiennes, Nous défendons très expressément à nos Pasteurs et à nos Confesseurs de les recevoir aux Sacrements si ce n’est qu’ils aient fait Pénitence de leur péché, donné des preuves d’amendement, renoncé à leur Etat, et réparé par une satisfaction publique, telle que nous jugerons à propos de leur ordonner, le scandale public qu’ils ont donné.

89. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Nous l’avons vu ailleurs ; mais ses sarcasmes & ses détours sont très inutiles ; & l’irreligion qui a dirigé le pinceau, qui ne fait que tous les Etats gémissent d’avoir de mauvais sujets ; la Magistrature, d’avoir de mauvais sujets ; la Magistrature, le service militaire en sont-ils moins respectables ? […] Opiniâtre dans la dispute qu’il aimoit fort, ne cédant jamais même à Benoît XIV, plus savant que lui, qui l’avoit élevé à la pourpre, ennemi déclaré du Cardinal Valenti, Secrétaire d’Etat, qu’il n’appelloit que le Pacha ; & à la grand’Messe quand ce Cardinal lui portoit la paix, au lieu de dire pax tecum selon l’usage, il lui crioit tout haut salamala ; mais ce sont des phénomenes dont ses confreres ne sont point responsables. […] Il fut d’abord Calviniste comme sa famille ; il eut le bonheur de se convertir, & même d’embrasser par dévotion, dit-on, l’Etat ecclésiastique. […] Ce Gacon qui avoit quitté l’Oratoire, & qui, sur la fin de ses jours, prit l’habit Ecclésiastique, valoit encore moins & par ses talens & par sa conduite ; il se convertit aussi, & abandonna le métier de Satyrique, branche du Théatre ; Nous avons souvent parlé de l’Abbé de Chaulieu, ce libertin trop célébre qui deshonora la noblesse de sa naissance & la saintete de son Etat, de ses maîtresses, de ses débauches, de ses ouvrages obscènes, de la profanation des revenus de ses riches Bénéfices, à la gloire de qui, pour quelques vers délicats, élégans & faciles, des chrétiens sacrifient la religion & les mœurs, au lieu de publier, imprimer & réimprimer ce qui n’auroit pas dû voir le jour ; la vertu demandoit que ses poésies fussent ensevelies avec lui dans le même tombeau.

90. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Tous les imprimés du temps en sont remplis ; on voit les noms les plus illustres à côté des plus méprisables, les premières personnes de l’Etat figurer avec un Acteur ou une Actrice. […] ils n’ont aucun rang dans l’Etat ; dans quelle place de citoyen pourrait-on les mettre ? […] » Est-il du bien de l’Etat de laisser tendre à la Noblesse de si dangereux pièges, plus dangereux pour elle que pour d’autres états ?

91. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Les couronnes méritées, par leurs Citoyens, leur donnoient quelquefois droit de suffrages dans les délibérations de l’Etat, quelquefois la préséance, quelquefois enfin, elles faisoient lever ces fameux interdits, qui excluoient tout un Peuple, des jeux solemnels & des assemblées générales. […] Les grands hommes qui se sont distingués dans le Gouvernement, où à la tête des Armées ; les événemens qui ont décidé de la conquête, où de la perte d’une Province, où de la conservation de l’Etat, étoient, pour les Grecs, des objets à jamais frappans & mémorables.

92. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Il y avait en outre des Places marquées où il n’était pas permis à tout le monde de s’asseoir ; ces Places étaient héréditaires dans les familles, & ne s’accordaient qu’aux Particuliers qui avaient rendu de grands services à l’Etat : les Grecs les nommaient Proedrias (premières Places), parce qu’elles étaient les plus apparentes, & les plus proches de l’Orquestre, La Scène, chez les Grecs & les Romains, se divisait en trois parties : la première & la plus considérable était proprement la Scène : c’était une grande façade de bâtiment, qui s’étendait d’un côté du Théâtre à l’autre, & sur laquelle se plaçaient les Décorations. […] Ce qui était autrefois l’objet des premiers Magistrats ; ce qui fesait la gloire d’un Archonte Grec, & d’un Edile Romain, j’entens de présider à des Pièces Dramatiques avec l’Assemblée de tous les Ordres de l’Etat, n’est plus que l’occupation lucrative de quelques Citoyens oisifs.

93. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Cependant on pouvait dès lors se récrier, comme plusieurs le font, sur l’inconséquence de déshonorer des gens qu’on protège, qu’on paie, qu’on pensionne ; ce qui, à vrai dire, ne me paraît pas si étrange ; car il arrive quelquefois que l’Etat encourage et protège des professions déshonorantes, mais devenues comme nécessaires, sans que ceux qui les exercent en doivent être plus considérés pour cela. […] Il est certain que chez eux la profession du théâtre était si peu déshonnête, que la Grèce fournit des exemples d’acteurs chargés de certaines fonctions publiques, soit dans l’Etat, soit en ambassade.

94. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Etre les dépositaires des constitutions de l’Etat, & des volontés suprêmes de nos Rois, les organes de la Justice, les appuis du Trône, des Peuples & des Loix ; voilà leurs fonctions.

95. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

On a fait la même chose dans la Tragédie pour suppléer aux situations prises dans des intérêts d’Etat qu’on ne connaît plus, et aux sentiments naturels et simples qui ne touchent plus personne. […] Il n’y a point d’Etat bien constitué où l’on ne trouve des usages qui tiennent à la forme du gouvernement et servent à la maintenir. […] Cet inconvénient qui dégrade l’homme, est très grand partout ; mais c’est surtout dans les Etats comme le nôtre qu’il importe de le prévenir. […] Le grand Sully qui nous aimait, nous l’eût bien su dire : Spectacles et Comédies dans toute petite République et surtout dans Genève, affaiblissement d’Etat. […] [NDA] A chaque corps de métier, à chacune des sociétés publiques dont est composé notre Etat, préside un de ces Magistrats, sous le nom de Seigneur-Commis.

96. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Or on demande s’il est bon que ce genre de spectacle ait, dans un Etat bien policé, des théâtres réguliers et décents.

97. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

.), regarder cet argent comme une amende que le coupable s’impose à lui-même, et que la loi laisse à cette malheureuse pour la faire subsister et décharger l’Etat. […] Voici un témoignage non suspect de l’intérêt que l’Etat et le Roi doivent prendre à retenir dans les troupes des Comédiens des personnes aussi distinguées par leur naissance et leur vertu, et qui y font de si grands biens par leur conduite édifiante. […] « Je soutiens que deux ou trois cents Courtisanes souffertes à Rome sont moins pernicieuses à l’Etat que les filles de l’Opéra. […] Au souper qui suit le spectacle, on ne parla que des intrigues des Actrices, de dix amants ruinés, de trente trompés, de quarante assez imbéciles pour se croire aimés, etc. » Ne sont-ce pas bien là des objets dignes d’occuper le Conseil d’Etat, d’être soigneusement retenus dans leurs nobles fonctions, de n’obtenir que très difficilement la liberté de priver le public de leurs importants services ?

98. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

passons en Amérique, vous trouverez des Acteurs Citoyens dans l’Etat le plus policé de cette partie du monde. […] Nous pourrions en donner ici les raisons, mais elles trouveront leur place plus à propos dans l’Etat des Acteurs chez les Nations modernes. […] Etat des Acteurs chez les Nations modernes. […] pourquoi les Ministres composent-ils le premier Ordre de l’Etat ? […] Que le l’asteur soit le lien qui unissent les deux Ordres, mais qu’eux-mêmes ne fassent pas un Ordre dans l’Etat.

99. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Tous les Citoyens de cette République étant occupés, on n’y redoute point, comme dans d’autres Etats, les désordres de l’oisiveté. […] C’est-là le motif qui engage même le Chef de l’Eglise à souffrir dans ses Etats l’usage des Spectacles. […] Les troupes de Comédiens y sont ambulantes, & restent plus ou moins dans les Etats qui les admettent. […] C’est un scandale humiliant pour les Etats catholiques, puisque les Protestans se piquent à cet égard d’une grande régularité. […] L’Etat est accablé de dettes ; le Peuple gémit sous le poids des impôts.

100. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Parce qu’ils ne sont pas d’infidèles régisseurs des deniers de l’Etat ? […] [On trouve dans l’ Etat actuel de la Musique du Roi et des trois Spectacles de Paris (chez Vente, Libraire 1770) & dans le Calendrier Des Spectacles, les Eclaircissemens nécessaires sur notre Théâtre Italien ; le nom de ses Acteurs, depuis son établissement ; le catalogue de ses Pièces, & la liste de ses Auteurs.

101. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Plusieurs troupes de différents Comédiens s’étant établis au Marais et ailleurs, Louis XIV. par un simple Brevet les remit tous en 1680. en une seule troupe : et c’est là l’unique titre de l’établissement des Comédiens d’aujourd’hui, qui n’a pas été suivi de Lettres Patentes ; parce qu’ils ne font aucun corps dans l’Etat ; d’où ils peuvent être chassés, comme le furent par saint Louis, ceux qui se trouvèrent alors dans le Royaume, où ils ne sont tolérés encore à présent que par des raisons de pure politique, comme d’autres maux y sont soufferts, aussi bien qu’à Rome même et ailleurs. […]  » Ce sont les termes de ce Concile ; et il n’y a pas lieu de s’étonner de cette ancienne sévérité de l’Eglise à l’égard des Comédiens, et de ceux qui assistaient, ou qui participaient à leurs spectacles ; puisque les Païens mêmes, comme Sénèque, ont regardé les Comédies, comme la chose la plus contraire aux bonnes mœurs : « Nihil tam moribus alienum, dit ce Philosophe, quam in spectaculo detineri » ; et qu’il y eut même quelques Empereurs, du nombre desquels est Domitien, qui chassèrent de Rome tous les Comédiens, comme autant de gens, dont il regardait la profession, comme pernicieuse au bon Gouvernement de ses Etats : en quoi certainement il ne se trompait pas dans cette pensée. […]  » Car ils ont beau dire que la coutume a autorisé la Comédie et les Comédiens dans tous les Etats les mieux policés, et que cette coutume est autorisée par les Princes et par les Magistrats : Tout cela ne suffit pas pour les justifier, puisque l’Eglise les condamne et les a toujours condamnés et qu’elle veut qu’on regarde encore aujourd’hui les Comédiens comme des gens excommuniés et qu’on leur refuse les Sacrements et la Sépulture Ecclésiastique.

102. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis. […] Voici ses propres mots : « La punition des méchantes actions et la récompense des bonnes, employées de nos jours, n’était pas en usage dans le siècle d’Aristote : ce Philosophe écrivait après Platon qui bannit les Poètes tragiques de sa République, parce qu’ils remuent les passions trop fortement ; et comme il écrivait pour le contredire, et montrer qu’il n’est pas à propos de les bannir des Etats bien policés, il a voulu trouver cette utilité dans les agitations mêmes de l’âme, pour rendre les Poètes recommandables par la raison même sur qui l’autre se fonde pour les bannir : mais ce fruit, qui peut naître des impressions que fait la force de l’exemple, lui manquait. » Voilà, ce me semble, un précepte constant, dont je crois que j’ai montré l’application dans Cinna. […] » Daignera-t-on nous apprendre pourquoi un Etat ne serait pas bien gouverné par des femmes, quand les deux sexes auront reçu la même éducation ?

103. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

C’est une bonne chose dont on pourrait, j’en conviens, reprocher aux Césars qu’ils abusaient ; mais dans des Etats bien constitués, il sera toujours sage d’employer un moyen propre à rendre les factions pour ainsi dire impossibles, puisqu’il détourne les oisifs des Assemblées secrètes et dangereuses. […] Il serait donc avantageux pour tous les Etats du monde que les spectacles fussent non seulement le plaisir des honnêtes gens et des riches, mais qu’on les mît à la portée des pauvres qui, s’ils sont incapables de former des projets factieux, sont au moins capables de les seconder. […] J’indique en même temps les moyens d’appliquer, au profit de l’Etat, le produit du spectacle qui excèderait les frais de l’entretien, et ce n’est pas un si petit objet qu’on le pense, quoique j’aie eu soin de ménager dans mon plan une situation très avantageuse à mes Confrères. […] Un Roux de Corse est aux yeux des sages un homme aussi respectable, aussi essentiel à l’Etat qu’un brave Lieutenant Général ; et je partagerai toujours mon hommage et mon respect à tous les deux ; je suis d’ailleurs bien sûr que des hommes de cette trempe ne s’amusent pas à mépriser les Comédiens. […] Je dénoncerais au Ministère public un Auteur dans les écrits duquel je découvrirais des opinions nouvelles, contraires au repos de la foi, et par conséquent à celui de l’Etat.

104. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Ce prince lui réplique qu’il veut les garder, & lui ordonne de quitter ses Etats avant le lever du Soleil. […] Orosmane en devient jaloux, puis il condamne cette foiblesse, rend justice à Zaïre, & sort pour aller penser une heure aux affaires de l’État.

105. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

C’est un grand malheur pour un État lorsqu’il se trouve beaucoup de gens dans la Capitale qui peuvent y vivre sans rien faire : ces dangereux frelons y corrompent les mœurs ; la contagion gagne les conditions occupées, & de la Ville, elle s’étend jusqu’aux Provinces les plus reculées.

106. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Nous pouvons, sans faire tort à l’Etat, ne pas suivre la Comédie. […] On les écoute ces interprètes, ils prononcent sans distinguer l’Etat d’avec l’Eglise, que la Comédie n’est pas un mal ; et ce qui ne manque jamais d’arriver entre gens de profession opposée, un Cavalier qui survient ne veut pas qu’elle soit permise. Les uns confondent volontiers l’Eglise avec l’Etat pour donner quelque chose à l’amour des plaisirs. […] Une décision sûre en pareil cas ne ferait-elle point également honneur à la Religion et à l’Etat ?

107. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Il est à désirer, dit-on, qu’on puisse représenter cette piece, apparemment défendue, & avec raison, qui n’enseigne que la morale la plus pure & la félicité publique de tous les Etats, la destruction de toutes les religions. […] Mais s’il prétend que si les loix de l’Etat sont opposées à la croyance, il faille sacrifier l’Autel au Trône, il ne pense pas en Chrétien : un Chrétien doit plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes, & comme des millions de Martyrs, mourir plutôt que d’abandonner sa foi. […] Ce n’est qu’une action de grace rendue à Dieu d’une victoire remportée sur les ennemis de l’Etat. Dans les guerres de la religion, où les Hugenots, armés contre le Roi, étoient déclarés ennemis de l’État, un détachement de l’armée qui ravageoit le Languedoc, trouva le moyen d’entrer dans Toulouse, & de s’emparer de l’Hôtel-de-ville, à la faveur d’une intelligence avec un Capitoul Calviniste secret. […] Il entretient, il augmente, excuse la frivolité, l’oisiveté, la dissipation, la coquetterie, le dégoût des devoirs du mariage & des fonctions de l’État.

108. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Tous deux au service d’un grand Roi ; mais le premier choisi pour l’objet le plus important à l’Etat, l’éducation de l’héritier de la couronne ; le second pour l’objet le plus méprisable, pour le divertir un instant par des bouffonneries, comme ces foux qu’on avoit autrefois dans les Cours, auxquels les Comédiens ont succédé. […] Comparer, mettre sur la même ligne, pour objet du même prix, le bouffon de la Cour, parce qu’il a des saillies amusantes, & l’homme d’Etat, le Mentor des Rois, le Pasteur des ames, dont toute la vie fut consacrée au bien public, le corrupteur des mœurs à l’homme apostolique, en un mot, le vice & la vertu, la vie la plus sainte & la vie la plus débauchée, Moliere & Fenelon ; qui peut soutenir, qui a pu faire ce parallelle ? […] L’arrêt du Conseil d’État n’a pas besoin de conjecture. […] Le savant Prélat quia rendu de si grands services à l’Église, à l’État, en a rendu un très-grand par son Traité contre la Comédie. […] Il est vrai qu’en préférant dans le choix de ceux qu’elle éleve sur ses autels un Comédien, un libertin, un homme de néant, qu’elle avoit méprisé pendant un siecle, à deux des plus grands hommes qui lui avoient fait le plus d’honneur, qui avoient rendu les plus grands services à l’Eglise & à l’Etat, elle avoit ouvert la porte à la licence des plus odieux parallesles.

109. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Grands, médiocres, petits, la Scéne embrasse tous les Etats. […] Vous transportez vos Eleves de la poussiere des Ecoles sur l’Ecole brillante du Theatre, pour apprendre de bonne heure à la Jeunesse qui doit joüer un jour dans l’Etat des rôles importans, à mépriser ou à rechercher ce que la Scene domestique leur a fait sentir de ridicule ou de louable. […] Autorisés par les Magistrats à donner des Spectacles au Public, ils se regarderent comme des hommes publics, & consacrés au bien de l’Etat. […] La Scéne antique, éteignoit dans, les Athéniens la soif de l’ambition, parce qu’elle la regardoit comme la plus dangereuse peste de la République : la Scéne Françoise souffle aujourd’hui dans les cœurs un double poison que nous devons regarder comme également funeste à la Religion & à l’Etat ; la vengeance & l’amour. […] Ecoles pour d’autres Etats.

110. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Vous serez sûrement le premier Philosophe (M. d’Alembert) qui jamais ait excité un Peuple libre, une petite Ville, et un Etat pauvre à se charger d’un Spectacle public. […] Quoi, on punit d’exil et de prison, les premiers d’un Etat, pour une chanson d’un jour que leur jeunesse a fait éclore, qui ne satirise qu’en particulier !

111. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Vous reprochez à notre Theatre d’avoir cherché à donner plus d’énergie au sentiment de l’amour, pour substituer aux situations prises dans les intérêts de l’Etat qu’on ne connoît plus. Appartient-il au Theatre de discuter les intérêts de l’Etat ? […] Il faudroit un public composé de Souverains, pour tirer quelque utilité d’un poëme qui ne seroit fondé que sur les situations prises dans les intérêts de l’État ; encore en faudroit-il de nouveaux à tous les changemens de circonstances, pour en pouvoir recueillir quelque fruit : chaque mutation exigeroit une production nouvelle : la leçon du jour ne seroit plus celle du lendemain : les évenemens ne sont jamais les mêmes ; mais la vertu ne change point, & son influence sur les mœurs est invariable. […] L’administration publique régit un Etat par les mœurs & par les loix ; l’empire des loix pese d’autant-plus à ceux qui sont chargés du soin de les faire observer, que les mœurs de ceux qui sont soumis à leur autorité, y sont opposées : la puissance législatrice a besoin à tous momens de redoubler ses efforts pour les contenir. […] Je crois avoir suffisamment prouvé par ces exemples, que le Gouvernement ne doit pas redouter, que les spectacles portent la moindre atteinte à la vertu guerriere ; mais cela ne démontreroit pas incontestablement, que l’administration publique dût favoriser leur introduction dans un Etat.

112. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Au regard des bonnes mœurs, Eschyle est sur cela d’une attention qui tient du scrupule : il comprenait qu’on ne saurait rendre un plus mauvais service à l’Etat que de corrompre les hommes ; et que la ruine publique a le plus souvent sa racine dans la dissolution des peuples. […] Le Conseiller d’Etat des oiseaux continue et avertit qu’après avoir achevé la cité suspendue, et fortifié l’air d’alentour, leur premier soin doit être de réclamer leur ancienne souveraineté : que si Jupiter est sourd à leur juste prétention, il faut lui déclarer et aux autres Dieux confédérés une sainte guerre ; et couper incessamment toute communication entre le Ciel et la terre. […] Mais la conjoncture où ces membres considérables de l’Etat s’entretiennent de la sorte, ajoute un nouveau degré à l’extravagance du Poète ; c’est lorsqu’ils vont se rendre au Conseil, la tête remplie du bien de la nation. De petits bouffons sont-ils propres à régler les affaires importantes de l’Etat, et à donner de l’autorité aux lois ? […] Les excès en fêtes et en équipages sont les symptômes d’un Etat malade ; et la mollesse du langage est la marque d’un esprit énervé….

113. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

C’est l’intérêt propre que l’on a préféré à celui de l’État ; ce motif plein de force sur l’esprit humain, étouffe les leçons de la justice & de l’honnêteté ; mais dans la défense des Spectacles, l’ambition ne se trouve nullement intéressée, la tolérance n’est pas une dérogation aux droits du Prince, le peuple songeroit moins à la révolte, seroit moins occupé d’intrigues & de cabales, s’il étoit amusé dans un Amphithéâtre.

114. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Le Chinois sans doute se réjouit comme le François, aux dépens des ridicules ; mais jamais n’a fait une affaire d’Etat d’un divertissement frivole ; jamais la ville de Pekin n’a fait bâtir une salle d’opéra, jamais la Cour Impériale n’a pensionné de troupe d’acteurs, jamais n’a proposé aux Lettres des récompenses pour l’éloge d’un comédien ; jamais on n’a disserté pour ou contre la comédie, en vaut-elle la peine ? […] Voici le témoignage de Voltaire, aussi grand amateur de la scéne dont il fait l’ornement, & panégyriste de ce luxe & de cette licence, qui a tout perdu, & perdu les Médicis même, dont la famille est éteinte, & les Etats ont passé à une famille étrangere, ce témoignage n’est pas suspect, le voici. […] Les jeux sont plus faciles, plus commodes, moins couteux que nos théatres ; ils sont moins dangereux, ils ne forment point d’enthousiaste, le poison y est moins apprétié, les empoisonneurs demeurent toujours dans le mépris & l’infamie ; on se licencie moins sous les yeux d’un pere de famille, dont la présence en impose ; ses enfans ne le volent point, ne se dérobent point à ses yeux, pour aller courir l’actrice ; on n’en fait point une affaire d’Etat, ce sont des Pandoures, qui sans doute font des ravages, & portent des coups à la vertu ; mais ils voltigent, & ne paroissent qu’un moment. […] La debouche d’un Prince est ordinairement un pretexte de revolte, & un germe de révolution dans l’État ; mais il est incroyable, que ce qui, dans les Tribunaux ordinaires, ne suffiroit pas pour dépouiller un enfant de la succession de son père, ait suffi pour faire perdre un Trône à une Princesse, née dans un mariage légitime.

115. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Henri III pendant vingt années esclave de ses Mignons, livré avec eux à la plus infame débauche, occupé des jeux les plus indécens, & les plus puériles, joua le rôle de l’Actrice la plus dissolue & du plus vil baladin, & plein de l’opinion de sa suffisance méprisoit tous les sages conseils, & plongé dans les plaisirs & l’indolence abandonnoit aux mains les plus méprisables toutes les affaires de ses Etats dans les temps les plus orageux & les plus critiques. […] Non, rien ne dégrade plus l’homme, & ne rend plus incapable des actions de vertu d’un sage gouvernement, des fonctions importantes de la royauté, du sacerdoce, de la magistratere, que ce goût efféminé de luxe, de parure, de frivolité : fruit & principe trop ordinaire des plus grands vices, qui énerve l’ame, amollit le cœur, blase le corps, dissipe les biens, fait perdre la confiance, l’estime, le respect de tout le monde, ruine les familles, & porte les plus funestes coups à l’Etat, faisant de l’homme public, du pasteur des ames, du père de famille, une espece de baladin & d’Actrice. […] Mais pourquoi dissimuler qu’ils n’y ont été que des Acteurs subalternes que les Princes ont fait agir, qui n’ont paru sur le théatre qu’à la fin de la piece ; que la ligue étoit formée depuis plusieurs années ; qu’elle avoit été adoprée dans les provinces, dans les Parlemens, dans les Etats généraux, par la Sorbonne & les Evêques ; qu’elle avoit le Roi même à sa tête, armé pour la défendre contre l’hérésie, avant qu’aucun Religieux parût sur les rangs ? […] Encore même ces ouvriers sont utiles à l’Etat, & les femmes sous les armes lui nuisent.

116. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Ces loix Romaines ont subsisté dans les deux Empires, & subsistent encore chez tous les peuples, malgré toutes les révolutions des religions & des États, & à l’exception de quelques têtes théatrales qui voudroient rendre tout le monde Comédien, elles ont toûjours été regardées comme très sages par l’univers entier. […] L’Auteur du Mercure pense-t-il en Anglois sur la Religion & l’État ? […] Oui sans doute : rien n’est plus contraire à la religion, aux bonnes mœurs & à l’État, que le théatrisme ; rien de plus barbare que lui.

117. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Les révolutions que la Comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des Peuples & dans la forme des Gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des Chefs, étant l’objet principal de l’envie, & de la censure dans un Etat démocratique, le Peuple d’Athènes, toujours inquiet & mécontent, devait se plaire à voir exposer sur la Scène, non-seulement les vices des Particuliers, mais l’intérieur du Gouvernement ; les prévarications des Magistrats, les fautes des Généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre & séduire. […] Un Etat où chaque Citoyen se fait gloire de penser avec indépendance, a du fournir un grand nombre d’originaux à peindre.

118. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Euripide, Magnès, Cratès, Phérécrate suivirent la ligne tracée par la législation : Cratinus, Eupolis, Aristophane s’en écartèrent les premiers, en introduisant la satire personnelle sur la scène ; soit que, d’abord timide, elle ne blessât que d’obscurs citoyens ou les ennemis des chefs de l’Etat, les magistrats ne la réprimèrent point, et ne le firent que lorsque, abusant de leur tolérance ou fière de leur complicité, elle souleva l’indignation publique par ses excès. […] Athènes lui ouvrit ses portes, l’investit d’une magistrature protectrice des lois de l’Etat et des mœurs publiques.

119. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Sans ternir votre fer d’un indigne attentat, Laissez vivre, & vivez pour le bien de l’Etat. […] L’âge avancé auquel presque tous les Papes sont élus, est cause qu’ils ont rarement le talent de régler sagement & l’Eglise & leurs Etats ». […] Enfin ces amusemens frivoles infectent l’Etat entier, & amollissent les ames jusqu’au point, comme l’observe M. […] C’est donc aux Princes & aux Magistrats de faire en sorte qu’elles soient constamment observées, s’ils ne veulent point voir leurs Etats tomber en décadence en très-peu de temps. […] Il déclame contre le privilege que l’Ordre du Clergé à toujours eu d’occuper dans l’Etat le premier rang.

120. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

et que Philippe Auguste dès la première année de son règne, les chassa de sa Cour, et les bannit de ses Etats.

121. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

A la mort du Roi d’Angleterre il eut la folie de demander audience à la Reine sa veuve, pour lui conseiller fort sérieusement de danser, afin de dissiper son chagrin, conserver sa santé & bien gouverner l’Etat. […] La cause est jugée par trois salles magnifiques, bâties par l’Etat, au nom & par ordre du Roi, une à Versailles & deux à Paris, dans les maisons de deux Princes du sang ; l’Opéra chez le Duc d’Orleans, la Comédie Françoise à l’Hôtel de Condé. […] Feroit on une si grande dépense, si le peuple étoit miserable & l’Etat endetté ? […] Si quelque homme sage essaye de les corriger & de les éloigner des spectacles, tout est perdu ; vous m’ôtez la vie, l’Etat est bouleversé : Pol !

122. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Pingeron, Capitaine d’Artillerie, sur l’Etat actuel des Arts libéraux & méchaniques en Angleterre. […] En France, il est vrai, être enterré à Saint-Denis parmi nos rois, est un honneur distingué qui n’a été accordé qu’au Connétable du Guesclin & au Vicomte de Turenne, en récompense des grands services qu’ils avoient rendus à l’Etat. […] L’Etat y gagneroit : aulieu d’aller en France prendre le goût de la parure, ou en faire venir à grand frais les modeles, nous les aurions tous à Londres. […] L’auteur pense que le bien de l’Etat demande qu’on encourage & qu’on perfectionne l’art de siffler, que la Société Royale n’a pas encore traité : il perfectionneroit la musique, les sifflemens feroient de très-harmonieuses consonnances avec les autres parties.

123. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Il étoit Albigeois, c’est-à-dire Manichéen, & favorisoit l’hérésie dans ses Etats ; il avoit fait maltraiter les Prédicateurs que le Pape y avoit envoyé. […] Ils en profitèrent pour se faire regarder comme le premier corps de l’Etat, & pour achever d’exercer toute autorité sous le despotisme de la superstition. […] Il est très-utile qu’un Roi voie souvent la comédie ; elle est l’image de la vie commune, des vices, des vexations des familles, des maux de l’Etat. […] Les Rois auroient bien tort de ne pas aimer éperdument la comédie ; elle fait la gloire & la richesse de leur Etat.

124. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Les vertus et la sagesse, la religion et les mœurs ; l’Eglise et la noblesse me donnent dans les illustres pères de la patrie, réunis avec l’Académie, le collége des électeurs et celui des princes, soutenu d’un côté par les troupes légères des grâces, et l’autre par la puissante phalange de l’Academie et des Etats, que toutes les troupes des auteurs et des amateurs s’arment contre moi, je marche sans crainte à l’ennemi. […] Tous les dramatiques, charmés de trouver cette veine facile de prétendu sublime, se sont applaudis de faire contraster l’homme avec Dieu, le sujet avec le monarque, d’attaquer la religion et l’Etat, le ministre de Dieu et celui du prince. […] Un roi d’Orient les ayant vus jouer, demanda à Néron quelqu’un de ces comédiens ; j’ai dans mes États, disait-il, des peuples qui parlent diverses langues ; j’ai bien de la peine de leur faire connaître mes volontés par des truchements. […] Point de tragédie où quelques acteurs ne parlent des rois, des grands de l’Etat sur un ton à se faire mettre à la Bastille, s’il tenait dans le monde le même propos.

125. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

126. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Au lieu de rendre les Etats florissans, il prépare les calamités, & consomme la chûte des plus grands Empires. […] Il multiplie les passions, l’ambition, la cupidité, la vanité, le libertinage, la frivolité, la molesse, & rend par conséquent une infinité de gens inutiles, à charge, & pernicieux à l’Etat, en corrompant leurs mœurs, sur lesquelles il a la plus grande influence. […] Madame Staal étoit à la Bastille pour quelque affaire d’Etat où elle avoit été impliquée ; & on lui faisoit son procès.

127. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

L E Philosophe Sans-souci ne s’est pas borné à des poësies aussi peu avouées par Apollon que par la saine philosophie ; il a encore entrepris de faire des loix pour régler ses Etats, & abreger les procès. […] Le Roi de Prusse se réserve tout, & prétend lui seul donner toutes les dispenses matrimoniales dans ses Etats.

128. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

L'adultère avec Bethsabée, le meurtre d'Urie, la perfidie pour le faire périr, l'adresse de l'enivrer pour le faire aller avec sa femme, et cacher le vrai père de l'enfant adultérin, le mariage avec la veuve adultère dont il avait tué le mari, le jugement contre Miphiboseth, les emportements contre Nabal, la retraite chez les ennemis de l'Etat, les invasions, du moins simulées sur les terres d'Israël, et la promesse de combattre son Roi légitime, le mensonge au grand Prêtre pour obtenir des provisions et des armes, l'assemblage d'une troupe de voleurs et de scélérats à la tête desquels il se met, font voir que dans ce Prince, non plus que dans Salomon son fils, plus grand homme que lui du côté des lumières de l'esprit, il s'en faut bien que tout doive servir de modèle. […] [NDE] Cyrano de Bergerac, auteur de L'Histoire comique des Etats et Empires de la Lune.

129. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

La Princesse ne sacrifie-t-elle pas son ressentiment & sa vengeance au repos de l’Etat ?

130. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Là il étoit fondé par l’Etat, entretenu à ses dépens, & sous ses yeux.

131. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Il ne serait point étonnant qu’ils en eussent de meilleurs que les nôtres, puisque chez eux l’état de Comédien n’a rien de vil, & que l’Etat ni la Religion ne le flétrissent point.

132. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Le péché des Comédiens est énorme, puisqu’il est puni dès cette vie de l’Excommunication et de l’infamie, qui sont les deux plus grandes punitions qu’aient l’Eglise et l’Etat civil : le péché de ceux qui contribuent à leur entretien, ne peut donc pas être léger.

133. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Le sieur de la M** avoit d’autres principes dans la tête quand il a composé son Mémoire : Au milieu de votre troupe, Mademoiselle (que je crois copiée d’après celle dont Scarron raconte les Aventures dans le Roman Comique) je me représente le vénérable Jurisconsulte que vous introduisez, pour y faire trophée de son sçavoir contre les censures qui vous lient : il triomphe à peu de frais, aucun des Auditeurs n’est en état de le contredire ; il peut sans aucun risque avancer autant de contre-sens, d’Anachronismes1, de citations fausses, qu’il lui plaira : c’est assez qu’il débite force loix pour éblouir, qu’il vomisse du Latin à grands flots, & s’exprime en bons termes de Palais, avec un déluge de paroles : Dans ce cercle de Sénateurs de nouvelle fabrique, feu M. de Noailles, Auteur prétendu de leur Excommunication, est fort maltraité ; le Clergé de France, surtout les Auteurs de la réclamation, n’ont pas eu beau jeu ; enfin on a concédé à l’Apologiste, sans la moindre repugnance, le titre de Docteur de l’Eglise : on l’a proclamé l’Interpréte des Loix, l’appui de l’État, la lumiere du monde entier, tandis qu’il érigeoit la troupe en Académie Royale, la faisant marcher de pair avec les premiers Académiciens de l’europe. […]  14) être citoyen sans être fidéle, en France où la seule Religion Catholique est soufferte ; & si vous permettez à l’Eglise, sans le concours des Magistrats, d’excommunier publiquement le fidéle, les effets de cette sorte d’Excommunication influent nécessairement sur le citoyen : par conséquent vous faites dépendre l’Etat des volontés de l’Eglise.

134. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Il est du bien de l’Etat qu’on lui conserve la confiance et le respect du public ; mais il faut aussi que les Magistrats se l’attirent et se respectent eux-mêmes. […] On a cru qu’il valait mieux pour l’honneur de l’Etat, les cacher dans la foule ; n’étant point affichés ni souvent connus, les affronts et les fautes ne retombent point sur le corps, et ne scandalisent pas le public, qui est censé les ignorer.

135. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

La destinée des Princes & des Princesses des coulisses, est une affaire aussi chaude à Paris, que l’unité des Parlemens à Londres, où le théatre est fréquenté par un peuple immense, de tous les Etats, & n’est fait que pour divertir, & c’est son vrai point de vue. […] Je crois bien que les acteurs font moins bons, & les actrices moins belles, les décorations moins brillantes qu’à la comédie française ; mais c’est toujours une bonne école de mœurs & de réligion dans le goût du Prélat ; on y représente les mêmes pieces, on y donne les mêmes leçons de vertu, on y inspire à la jeunesse le même amour du plaisir, le même esprit du monde : c’est un second Collége sous le même toit qui met la perfection au premier, & y fait fleurir les études, & de concert avec lui, forme à l’Etat de graves Magistrats, de pieux Ecclésiastiques, d’excellens peres de famille. […] Cette actrice couronnée causa les plus grands maux dans l’Eglise & dans l’Etat : elle soutint l’hérésie des Eutichéens, fit déposer & mourir le Pape St. 

136. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

L’Eglise & l’Etat se réunirent pour les proscrire ; il n’y a plus que les danses que le peuple fait au-tour des feux de la S. […] Quand on lit toutes ces belles choses, on croit être de la scène du Bourgeois Gentilhomme, où son Maître à danser fait dépendre de la danse, & son Maître à chanter, de la musique, le gouvernement de l’Etat & le succès de toutes les affaires. […] La Cour les défendit par raison d’Etat.

137. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

» Le Cardinal de Richelieu qui était un grand Théologien, un grand Evêque, et un grand Ministre d’Etat, se serait-il si hautement déclaré le Protecteur de la Comédie, et de ceux qui écrivaient avec succès pour le Théâtre, s’il eût trouvé ce Divertissement indigne d’un Chrétien : et la Sorbonne, qui lui est redevable de tant de bienfaits, peut-elle condamner ce qu’approuvait ce grand Homme, sans donner une atteinte à sa mémoire ? 

138. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

ils mettent le feu à la paille, pourquoi s’étonner si elle brûle ; La justice s’arme afin de punir les auteurs et les complices d’un enlèvement qui blesse l’honneur de quelque illustre famille, elle poursuit avec rigueur et avec toutes les notes d’infamie ces âmes perdues qui corrompent la pudicité des autres ; Néanmoins on permet que les Romans qui sont des bouches toujours ouvertes à persuader le mal, aient libre entrée dans les maisons, dans les cabinets pour y débaucher tous les esprits, pour leur inspirer des affections illicites, avec les moyens d’y réussir ; on punit le corrupteur d’une chasteté particulière, cependant on tolère, l’on agrée, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion, dont la fin est l’incontinence, le péché, le déshonneur, le désordre des familles et des Etats.

139. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

J’ai peine à croire aussi qu’on ne pût remédier par des lois sévères aux alarmes de vos ministres sur la conduite des Comédiens, dans un Etat aussi petit que celui de Genève, où l’œil vigilant des Magistrats peut s’étendre au même instant d’une frontière à l’autre, où la législation embrasse à la fois toutes les parties, où elle est enfin si rigoureuse et si bien exécutée contre les désordres des femmes publiques, et même contre les désordres secrets. J’en dis autant des lois somptuaires, dont il est toujours facile de maintenir l’exécution dans un petit Etat : d’ailleurs la vanité même ne sera guère intéressée à les violer, parce qu’elles obligent également tous les Citoyens, et qu’à Genève les hommes ne sont jugés ni par les richesses, ni par les habits. […] Mais quand la suppression de ces deux derniers articles produirait, pour parler votre langage, « un affaiblissement d’Etat » aa, je serais d’avis qu’on se consolât de ce malheur. […] , p. 220 : « Spectacles et Comédies dans toute petite République et surtout dans Genève, affaiblissement d’Etat. » ab.

140. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Louis XII, dès l’an 1512, avoit donné une pareille Ordonnance, qui n’avoit pas eu son exécution ; de même que Charlemagne n’avoit pu réussir à établir dans ses Etats la langue Tudesque. […] « Ceux qui se déchaînent continuellement contre les Moines, qui voudroient qu’on prît leurs possessions, & qu’on les bannît de tous les Etats, ignorent certainement qu’ils furent appellés dans les différens Royaumes par les Rois mêmes qui les doterent, & les comblerent de leurs bienfaits. […] On ne les vit jamais, quoique riches & puissans, cabaler dans les Royaumes, ni se livrer à aucune intrigue préjudiciable aux Etats. […] Dans les Etats les moins policés, on punit du dernier supplice un seul homicide, un seul larcin ; & on laisseroit impunis des Auteurs qui, se faisant gloire d’être sans religion, & se croyant honorés de la réputation d’hommes licencieux & sans pudeur, se permettent insolemment & de ravager & d’empoisonner ; qui, cherchant moins à se satisfaire par le plaisir qui accompagne le crime, qu’à détruire la vertu, & à en étouffer toutes les semences, font publiquement des leçons de débauche, & s’applaudissent de leurs succès ? […] L’ignorance avoit répandu les ténebres les plus épaisses sur tous les Ordres de l’Etat.

141. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Les royalistes ne me surprennent pas moins : on n’a jamais plus insulté l’autorité royale que dans ce poëme, où l’on trouve le pour & le contre sur la Religion & l’Etat, en très beaux vers, & d’un style très-vif. […] Jugez au nom du peuple, & tenez au Sénat, Non la place des Rois, mais celle de l’Etat.

142. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Lazare crurent devoir à la gloire de leur fondateur, et se devoir à eux-mêmes, de faire tous leurs efforts pour abolir le théâtre de la foire, et la Cour de Versailles, qui protège cette Congrégation, et qui s’intéressait à la canonisation d’un Saint à qui l’Eglise et l’Etat étaient redevables des plus importants services, donna cette satisfaction à la Cour de Rome, et supprima ce théâtre, qui par sa licence l’avait d’ailleurs bien mérité. […] Grignon de Montfort, pieux Ecclésiastique, qui a fait de grands biens en Bretagne et en Poitou, et y a fondé une Congrégation d’hommes, et une de filles, qui rendent de grands services à l’Eglise et à l’Etat.

143. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Qui ne sait pas que de tout temps l’ambition a changé la face des Etats ; que l’amour de l’or à éteint celui de la vertu ; que par-tout où il y a eu des hommes, on a vu régner tour-à-tour le mensonge, la calomnie, la trahison, le luxe, le libertinage, la perfidie, la mauvaise foi, & généralement tous les vices dont le cœur de l’homme est malheureusement la victime ?

144. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

» Ne sembleroit-il pas que la forme du Gouvernement, et; les Constitutions de l’État vont changer, parce que nos Actrices ont sçu dire aux hommes qu’ils devoient éviter tel et; tel mal, pour pratiquer tel et; tel bien ? […] Il a démontré la brutalité de deux combattans qui plus féroces que les bêtes, vont de sang froid s’arracher la vie ; il a prouvé le préjudice qui en résultoit pour l’Etat en général et; pour les familles des particuliers. […] Le Spectacle étant stable, la consommation s’en fera dans ses Etats, ce qui devient pour lors une affaire de circulation. […] Je vous ai déja répondu à cette objection en vous faisant voir qu’un État ne peut pas se ruiner quand ses thrésors ne sortent point de chez lui, et; qu’au contraire la circulation l’enrichit. […] Dans d’autres circonstances, les maximes d’État les condamnerent, comme ayant eu trop de part à la confidence de certains Empereurs proscrits.

145. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Il a paru sur le plus grand théatre, il a intéressé les premiers hommes de l’Etat ; les autres ouvrages, quelques parfaits qu’ils puissent être, ont à percer l’obscurité d’une condition médiocre, & jamais ne peuvent parvenir à ce grand éclat. […] Le Mercure de novembre, qui rapporte ce grand événement comme une affaire d’Etat, ne fait pourtant qu’un éloge modeste de cette Actrice : Elle est utile, agréable, joue avec aisance, avec agrément, avec distinction, mais ne t’éleve point à l’énergie des passions. […] A la place des foux, ils mettent des Evêques avec la mitre & la crosse, à côté du Roi & de la Reine, disant qu’il est plus raisonnable & plus utile au bien de l’Etat de mettre pour Conseillers auprès du Prince des gens sages & religieux, que des foux sans religion.

146. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Pour favoriser la guerre du Roi de Pologne contre le Turc, il lui envoya cent mille florins, accorda un Jubilé pour faire faire des prieres en sa faveur, & défendit la comédie dans tous ses États, même pendant le carnaval, comme ne pouvant qu’attirer la malédiction de Dieu (La Roque, Mémoire de l’Église, L. […] C’est l’outrager de décrier un Ministre à qui il donnoit sa confiance, & une action éclatante de zèle, dont il se faisoit gloire, & qu’il croyoit devoir à la religion & au bien de l’État, l’abolition du calvinisme.

147. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Ce n’est ni violence, ni nécessité, ni obligation d’Etat qui les entraîne au théatre ; ils y vont volontairement, & pour leur plaisir. […] S’ils n’ont rien éprouvé de criminel au spectacle, c’est une ignorance, un aveuglement volontaire & inexcusable, contraire au sentiment de tout le monde & à leur propre conscience, une punition redoutable ; que la tolérance des Princes n’excuse pas devant Dieu ceux qui y vont ; que le projet de réformer le théatre, proposé par Muratori & par Riccoboni, est une chimère ; que le théatre ne sert de rien pour corriger les mœurs ni des Princes ni des particuliers, & ne travaille point en effet à les réformer ; qu’il ne produit d’ailleurs aucun bien, qu’il n’attire point les étrangers, n’enrichit point l’Etat, n’empêche aucun autre crime, n’est point nécessaire au divertissement du public, nuit au contraire à tout ; & fait les plus grands maux ; que si quelques Casuistes ont été plus indulgens, ils sont très-répréhensibles ; que leur opinion même, bien appréciée, n’est pas si favorable qu’on pense, & réduit presque à rien la liberté qu’on prétend se donner ; qu’ils ont contr’eux les plus grands hommes, dont le suffrage est bien préférable, le Pape Benoît XIV, le Cardinal Bellarmin, Bossuet, Jacques Pignatelli, Mariana, &c.

148. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Ils comprendront que l’alliance du gouvernement avec le sacerdoce est trop dangereuse et toujours a été la source inévitable de tous les maux qui ont troublé et troubleront à jamais la paix intérieure des Etats. […] Ils sont démoralisés par principe ; ils se persuadent que tous les crimes du machiavélisme sont des vertus et se croient en droit de les commettre sans remords, toutes les fois qu’ils les croient nécessaires à la gloire de Dieu et à celle de l’Etat.

149. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Au milieu du monde, leur présence contient ces esprits superbes qui ont toujours des traits à lancer contre des dogmes vénérables, ces esprits corrompus qui attaquent les principes des mœurs, ces esprits inquiets qui censurent l’État & calomnient l’autorité souveraine.

150. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Mesme en quelque façon, l’honneur de l’Etat en patit.

151. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

C’est sur cette législation protectrice des bonnes mœurs à une époque reculée et dirigée de concert par l’Etat et par l’Eglise contre des excès répréhensibles, que se fondent les membres du clergé actuel pour refuser la sépulture chrétienne aux comédiens morts sans avoir abjuré.

152. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Le Théâtre Français n’appartiendra plus à la Troupe des Comédiens, mais à l’Etat : les Sujets qui seront admis à y faire briller leurs talens, ne devront être que des Citoyens aisés. […] S’ils ont quelques réprimandes à leur faire, ils s’adresseront à leurs parens, ou même aux Directrices : le Directeur qui contreviendrait à cette règle, pourrait être accusé par quiconque le voudrait ; &, s’il est convaincu, il sera honteusement expulsé de la Direction, privé de son emploi ordinaire dans l’Etat, & condamné à une amende. […] Des Acteurs, tels que je les suppose, n’ont point de gages, & ne jouissent d’aucuns priviléges onéreux à l’Etat. […] Je crois pourtant, qu’eu égard à son origine, l’argent qui en proviendra, devrait être employé à doter des jeunes-gens sans fortune, dans les deux sexes, & seulement à la campagne, pour que tous les ordres de l’État profitassent de la Réforme, les uns par l’agréable, les autres par l’utile. […] C’était encore sur le Théâtre que paraissaient les Orfelins élevés aux dépens de l’État, lorsqu’ils étaient parvenus à l’âge de se gouverner par eux-mêmes.

153. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Quel spectacle auguste pour un être qui pense, d’un côté l’assemblée des Plénipotentiaires, des Puissances de l’Europe, & de l’autre le sanctuaire de la politique ouvert, le conseil des Rois, le cabinet des Ministres, les mysteres d’Etat exposés aux yeux du public, les intérêts des nations pesés, discutés, balancés, la morale des Cours, le caractère des grands, le langage des dépositaires de la fortune mis dans un beau jour ; pourquoi ne goûteroit-on pas un plaisir solide & instructif ? […] Peut-être ces leçons comico politiques attireroient la plus auguste assemblée de l’Etat & les plus illustres étrangers. […] Moliere joua toute la Cour, mais ce ne fut que les vices & les ridicules des Courtisans, jamais il ne parla politique, ni ne s’avisa de raisonner sur les affaires de l’Etat.

154. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

L’Article assez hardi pour l’enrichir de nouveaux Tons, pour retrancher ou ajouter des cordes à quelque instrument, était traité d’impie, de criminel d’Etat, & puni souvent comme tel. […] Ecoutons ce singulier raisonnement du divin Platon, il prouve que je n’ai point tort de prétendre qu’ils la regardaient comme l’unique source de la sagesse & du maintien du bon ordre : « Toute nouveauté introduite dans le chant, est suivie d’un changement dans l’Etat, & l’on ne saurait toucher aux loix de la musique sans toucher aux loix du Gouvernement » : ceci est-il formel ? […] Cet Empereur les ayant entendus, craignit qu’ils n’amolissent son courage, & ne causassent de grands désordres dans ses Etats ; il fit briser tous leurs instrumens, les renvoya sans délai, & défendit qu’aucun Musicien pût s’établir jamais dans son Empire.

155. (1731) Discours sur la comédie « TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. »

Soufferts dans un Etat, pour éviter de plus grands maux, 281.

156. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

La scène Française souffle aujourd’hui dans les cœurs un double poison, que nous devons regarder comme également funeste à la Religion et à l’Etat. […] Tous les défenseurs du Théâtre ont toujours été étonnés que les Comédiens fussent excommuniés, et que les Spectateurs ne le fussent pas ; et M.F. regarde encore aujourd’hui comme une singularité frappante, que les Comédiens soient en même temps proscrits et autorisés ; et il trouve que c’est une contradiction insoutenable, que de vouloir diffamer une troupe de gens à talents, que l’on reconnaît d’ailleurs être nécessaires, et que ce contraste ne peut pas longtemps subsister dans un Etat, dont le goût et les décisions sont des lois pour toutes les autres Cours de l’Europe. […] Le Brun, que dans les Etats les mieux policés, il y a certains abus, certains dérèglements qu’il serait trop dangereux de vouloir extirper ; qu’on est obligé prudemment de laisser croître l’ivraie avec le bon grain ; que si les Puissances supérieures semblent influer et fournir en quelque sorte à l’accroissement de cette mauvaise semence, c’est un mystère qu’il faut respecter par une sage discrétion, et non pas entreprendre témérairement de le sonder ; que les plus grands Prélats, depuis Constantin jusqu’à Justinien, n’ont point fait un crime aux Empereurs de n’avoir pas aboli les Théâtres ; que le Gouvernement de la France est trop bien entendu, trop sage, et trop prudent, pour qu’il se prête à l’innovation que se promet M.F. et qu’au surplus les raisons d’Etat et de Politique ne peuvent pas ôter à l’Eglise le droit de condamner ces abus et ces dérèglements tolérés. […] Charles Borromée ait été persuadé de la nécessité de la Comédie, et qu’il l’ait permise ; que, sur ce que les Gouverneurs de Milan s’opposèrent aux exhortations qu’il faisait aux Princes et aux Magistrats de chasser de leurs Etats toutes sortes de Comédiens, il fit ordonner au troisième Concile provincial que les Prédicateurs reprendraient avec force les dérèglements de ces plaisirs, que les hommes séduits par une conduite dépravée, mettaient au nombre des bagatelles, où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du Théâtre, etc.

157. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

La Reine Glorieuse apprendroit à son mari à lui obéir, cela seroit d’un bon exemple pour les nôtres ; mais pour un bien qu’elle nous seroit, il en arriveroit bien de maux, si nous avons une Reine pleine de vanité, elle tiendra tous les matins conseil de beauté, pour inventer des modes, & tous ces conseils n’avanceront point les affaires de l’Etat. […] L’auteur se promet un grand fruit de son livre ; c’est qu’il sera utile au théatre, en enseignant aux comédiens le vrai costume de tous les tems, ce qui contribuera à rendre l’illusion plus parfaite, bien inestimable pour l’Etat, les mœurs & la Réligion.

158. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Rétabli dans ses États, il court à son cabinet, & ramasse les débris de ses vases, & son premier soin fut de rétablir ses parfums & ses cassolettes. […] 4.° Le livre d’Esther fait un détail singulier du goût extrême qu’avoit pour les odeurs le voluptueux Roi de Perse ; on ramassoit dans ses vastes États les plus belles filles, mais avant de paroître devant lui, elles passoient une année entière à se parfumer, comme si on eut voulu leur incorporer les parfums : les premiers six mois se passoient à se baigner dans l’huile de myrrhe pour amollir la chair, ouvrir les pores & les mettre en état de recevoir les aromates dont on les parfumoit les autres fix mois, sex mensibus oleo ungebatur myrrhino, & aliis sex mensibus, unguentis & aromatibus utebantur .

159. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Comme une partie du Diocèse de Spire est en France, cet Envoyé prétendu, qui par ce nom se donne un air d’homme d’Etat, n’est qu’un Grand-Vicaire résidant à Paris, comme ceux que se donnent plusieurs Evêques de France. […] Un Ambassadeur de Spire est fort indifférent à l’Etat : cependant comme il est dangereux de permettre qu’un Sujet soit attaché à un Prince étranger ; ce qui dans bien des occasions, & de la part de plusieurs Princes pourroit tirer à conséquence, le Roi a déclaré qu’il ne vouloit pas que dorénavant aucun de ses Sujets représentât en France un Prince étranger.

160. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

On a cinq ou six fois renvoyé les Italiens, deux ou trois fois supprimé le théatre de la Foire, sans causer le moindre mouvement dans l’Etat. […] L’approbation des sages nous dédommagera de leur désertion, & comme tout dans l’Etat doit se mouvoir par la même impulsion, l’éducation publique & particuliere s’arrangera sur ce plan de vertu.

161. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Il est certain que nous ne pouvons jeter les yeux sur aucun des Membres de l’Etat ; depuis le Manœuvre qui sert d’aide au Masson, jusqu’au Bourgeois aisé, il n’y a personne, sous un Gouvernement comme celui des Français, à qui l’on puisse proposer de renoncer à la qualité d’homme libre. […] L’on ne saurait disconvenir, que dans l’Etat actuel de nos Acteurs & de nos Actrices, le Théâtre n’est pas à beaucoup près l’école de la vertu.

162. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Ce ne sont point ces Gentilhommes respectables que des paysans fortunés se félicitent d’avoir pour Seigneurs depuis 300 ans3, ce n’est point cet aimable buveur, arbitre équitable et Bachique de tous les différends de son Canton que Molière a joués ; ce sont ces Gentilhommeaux ridicules qui, le nez collé sur leurs Titres, croient y trouver des raisons suffisantes pour mépriser tout ce qui n’est pas noble, qui tapis dans leurs Chaumières oublient que leurs égaux et leurs Supérieurs sont logés sous la Toile en rase campagne, prêts à répandre leur sang pour l’Etat avant qu’on ait publié l’arrière-ban, au lieu que nos Hobereaux l’attendent pour se souvenir de ce qu’ils doivent à la mémoire de leurs ancêtres, à leur Prince et à la Patrie. […] Il ne convient point à des gens que le Prince et l’État ont nommés leurs défenseurs, de ne pas remplir ce titre, et de vouloir en conserver les honneurs et les privilèges.

163. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

L’un ôte tout le poison que les Païens ont mis dans leurs Comédiesad, l’autre en compose de nouvelles et tâche d’y mettre de nouveaux poisons, l’un enfin fait un sacrifice à Dieu en travaillant utilement pour le bien de l’Etat et de l’Eglise, et l’autre fait un sacrifice au Démon (comme dit saint Augustinae) en lui donnant des armes pour perdre les âmes. […] Que si depuis quelque temps les écrits ne s’adressent pas directement aux Jésuites, et s’ils ne sont plus comme vous dites que les Spectateurs du combat, c’est parce qu’on les a mis hors d’Etat de combattre.

164. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

C’était un homme du métier, puisqu’après avoir été Conseiller et Président au Parlement de Toulouse, et ensuite Conseiller au Parlement de Paris, il mourut enfin Conseiller d’Etat. […] L’Avocat, dans une longue consultation, soutenue d’un long mémoire, tranquillise la conscience timorée de la Clairon, dont il élève jusqu’aux nues la noblesse, les talents, les grâces, la religion, la vertu, la supériorité des sentiments, se répand en invectives contre l’Eglise, qu’il déclare n’avoir pas même le pouvoir d’excommunier les Acteurs, gens, selon lui, les plus utiles à l’Etat, les plus distingués, etc.

165. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Juger d’une étoffe, prononcer sur une couleur, discuter une mode, essayer un habit, placer un ponpon, ce sont des affaires d’Etat ; c’est l’occupation générale du sexe. […] Il peut y avoir sans doute quelque femme forte, qui comme Elizabeth, s’il faut en croire les Anglois, sauroit gouverner un Etat. […] Les calamités publiques, le renversement des Etats, sont encore le fruit du luxe des femmes.

166. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Magistrats ne défendent point la Comédie ; donc ils l’approuvent. » Il est indubitable que les Magistrats qui sont revêtus de l’autorité du Prince, ne doivent pas moins travailler à conserver la Religion dans son lustre qu’ils s’occupent à maintenir l’Etat en paix et en tranquillité. […] Ainsi quand ils semblent se relâcher, c’est la crainte de voir troubler l’Etat et le repos public par des esprits inquiets et remuants, qui les porte malgré eux à cette fâcheuse tolérance. […] Après l’heureuse opération faite sur la personne sacrée de sa Majesté, tout le monde s’efforçant d’en faire paraître sa joie, le Te Deum fut chanté dans toutes les Eglises de Paris en action de grâces d’une santé si souhaitée, et si nécessaire à l’Etat.

167. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

S’il y avait tant de mal, les Papes dans l’Eglise et les Princes dans leurs Etats, en auraient condamné l’usage ?

168. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

A ces grands mots ne diroit-on pas qu’il s’agit de quelque affaire d’Etat entre des têtes couronnées ? […] Le sieur Palissot avoit lu, dit-il, dans la plus respectable société, & devant les personnes les plus considérables de l’Etat (elles ont donc bien du loisir ?) […] Qu’est-ce que cet Abbé Fichet, qu’on ne fait venir que pour rimer à colifichet, à qui on faire dire des sottises, pour livrer au ridicule, dans la personne, l’Etat ecclésiastique, & par une suite inévitable, contre l’intention de l’auteur, la Religion même ? […] Les Comédiens, comme tous les individus, comme tous les corps de l’Etat, sont soumis aux loix générales, qui défendent de se faire justice à soi-même ; ils ont en outre des réglemens particuliers.

169. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Lors que des hommes inutiles & dangereux à l’Etat & à la Religion, n’ayans point d’autres métiers pour vivre que celuy de divertir le genre humain, ont faits des spectacles publiques pour representer la vie & les plus memorables actions des Heros & des Heroines de l’antiquité payenne, non pas tant pour reformer les mœurs des peuples, que pour tromper & divertir les faineans. […] Ah M. voilà ce qui fait ma douleur & l’opprobre du Christianisme ; ils sont donc Chrétiens disent-ils ; mais helas quels Chrétiens, qui sont de la même profession que ceux contre lesquels l’Empereur Tybere rendit un arrest de bannissement pour consacrer la septiéme année de son Empire ; quels Chrétiens qui font le métier de ceux que l’Empereur Theodose condamne par les loix de son Code à estre exposés à la fureur des tygres & des leopards, comme étant la corruption des peuples & la peste des Etats ; quels Chrétiens qui sont declarés infames par les saints-Canons, comme on le peut voir dans le troisiéme Concile de Carthage ; quel Chrétiens que S.  […] aux Etats d’Orleans, & celles de Henry III. aux Etats de Blois, ont faits plusieurs articles qui sont autant de carreaux de foudre qui exterminent dans tout le Royaume ces ennemis secrets de l’Etat aussi bien que de la Religion ; quels Chrétiens ausquels les saints Canons ôtent tous les moyens de vivre & de continuër dans cét exercice, en defendant qu’aucun ne soit si hardi de contribuer à leur subsistance, & declarant que c’étoit un très-grand peché de leur donner de l’argent, ou quelque autre chose, donareres suas histrionibus vitium est immaneI. p. dist 86. […] , dit-il, que le Senat rougisse de ce qu’il ne retranche pas ce desordre par la severité de ses Arrests ; que tous les ordres du Royaume rougissent de ce qu’ils ne s’y opposent pas pour l’interest de l’Etat, & pour le bien de l’Eglise ; Que le Clergé, que les Prêtres, les Confesseurs, que les Predicateurs, erubescat ; rougissent d’authoriser une telle licence par leur complaisance, ou par leur lâcheté ; Que la noblesse rougisse, erubescant, de quiter les exercices, où l’honneur & la naissance les appellent pour venir au pied d’un theatre applaudir à un Comedien, ou badiner avec une coquette.

170. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Embrassez avec ardeur le parti de votre Etat.

171. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Vous vous étendez fort au long sur celle qu’on a faite de Térence, vous dites que je n’en puis tirer aucun avantage, et que le Traducteur a rendu un grand service à l’Etat, et à l’Eglise, en expliquant un Auteur nécessaire pour apprendre la Langue Latineo.

172. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Nos peres y protestoient qu’on les trouveroit par tout les premiers pour le service de l’Etat & de l’Empire : sur la terre, sur la mer, dans le commerce de la société, sur les tribunaux, dans les armées ; qu’il n’y a que deux endroits où ils sont profession de ne jamais paroître ; que, quoiqu’on fasse pour les y forcer, on ne les y verra jamais : dans les temples des Idoles & sur les théâtres. […] Je le souhaite, je souhaite que tous les saints Peres se soient trompés ; car tous les saints Peres assurent tous le contraire ; mais laissez-nous cependant déplorer la corruption de leurs cœurs, le déshonneur de la Religion & de l’Etat, & peut-être le déshonneur prochain de vos propres familles.

173. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Lorsque nous leur représentons que les loix de l’Etat les comptent à peine au nombre des Citoyens, & les excluent de tous les emplois qui supposent de l’honnêteté & de la vertu ; ils nous objectent que ces hommes, que nous traitons avec tant de mépris, sont souvent l’objet de la faveur des Grands, & qu’ils exercent leur art sous la protection du Gouvernement & des loix. […] Peut-être y a-t-il parmi nous des hommes assez corrompus pour que l’assistance aux Spectacles, quelque condamnable qu’elle puisse être, soit encore le moindre mal qu’ils commettent : peut-être ne pourroit-on les priver entièrement de ce plaisir, sans donner lieu à des désordres plus honteux pour les mœurs, plus dangereux pour l’Etat, plus ruineux pour les familles.

174. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Les papiers publics de Paris sont les seuls qui parlent des affaires du théatre comme des affaires d’État. […] Un seul bal de l’opéra, en 1770, rapporta douze mille livres de profit au directeur ; ceux des trois jours gras valurent quarante mille livres : les François ont-ils droit de se plaindre des impôts, il n’en est point de plus onéreux que les spactacles ; s’ils peuvent tant donner à leur plaisir, doivent-ils se réfuser aux besoins de l’État, & n’est-ce pas une invitation à ce ministere ?.

175. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand. […] La Noblesse, comme de raison, l’a emporté dans une affaire si intéressante pour l’État : une action devient par là un titre de noblesse.

176. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

En certains cas il est permis de le faire, pour sauver sa vie, pour servir l’Etat, comme un Religieux dans les pays infidèles se déguise pour instruire les peuples ou administrer les Sacremens sans être découvert, un garde pour découvrir & saisir un criminel ; mais à moins que la nécessité, le bien public, la droiture d’intention ne sauvent, il n’est pas permis de se masquer. […] Ils vouloient tranquillement reprendre l’étude des loix, mais l’œil vigilant d’Henri sut bien distinguer des citoyens si précieux à l’Etat.

177. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Il se fonde sur Suetone, qui rapporte que Caligula ayant fait venir à son audience les principaux Personnages de l’Etat, entra au son des instrumens dans la chambre où ils étoient assemblés, & desultato cantico abiit, ce qui signifie suivant l’Abbé du Bos, il fit les gestes d’un monologue. […] Voulant se mocquer des personnes qu’il avoit mandées comme pour leur communiquer des affaires d’Etat, il entre avec des instrumens, danse un intermede & s’en va : Desultate cantico abiit, comme nous dirions après avoir dansé une Chaconne.

178. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Le droit canonique n’est pas moins précis que le droit civil, non seulement parce que l’Eglise regarde comme infâmes tous ceux que les lois de l’Etat déclarent tels (Caus. […] Qu’on s’amuse à en faire un moment l’application détaillée, qu’on dise à Rome, un Consul, un Préteur, un Sénateur, etc., Comédien ; dans tous les pays du monde, un Ministre d’Etat, un Ambassadeur, un Gouverneur de province, Comédien ; qu’on dise parmi nous, un Général, un Colonel, un Capitaine, un Président, un Conseiller, un Avocat, un Notaire, etc., Comédien ; ces idées sont si disparates, les personnes et l’emploi sont si opposés l’un à l’autre, que ce seul langage révolte : la seule proposition serait une insulte et une folie, exciterait l’indignation, ou ferait rire par le ridicule ; ce serait allier le bon ordre et la dissolution, la sagesse et la folie, la considération et le mépris, la confiance du public et la friponnerie.

179. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Qu’il pese tout dans la balance de la raison ; qu’il examine le plus grand bien de l’Etat (la religion même & les mœurs à part), & il nous donnera ensuite le fruit de ses réflexions.

180. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Et le peuple qui se plaisait à la danse d'Hylas s'étant écrié contre Pylade qu'il ne pourrait mieux faire lui-même, il quitta sa place, et monta sur le Théâtre, pour danser cette Poésie ; et étant arrivé à cette parole, qui avait donné lieu à la contestation, il pencha la tête, et l'appuya de la main, à la façon d'un homme qui rêve ; et Auguste qui assistait aux Jeux, lui demandant pourquoi il représentait ainsi le grand Agamemnon, il répondit, parce que la grandeur d'un Roi ne consiste pas en la masse du corps, mais aux soins qui le font sérieusement penser aux affaires de son Etat.

181. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie.

182. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Je réponds que saint Louis chassa les comédiens de ses Etats comme en étant la peste, si les meilleurs Princes n’en font pas de même, c’est qu’ils sont souvent obligés de tolérer divers abus pour en empêcher de plus grands, il ne faut pas croire que tout ce que souffre la police à cause de la dureté des cœurs soit licite, et que ce qu’elle est obligée d’épargner n’ait rien à craindre de l’arbitre suprême.

183. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

[NDE] Allusion à l’interventionnisme des jésuites, accusés de favoriser l’intervention du pape dans les affaires d’Etat, contre les traditions gallicanes.

184. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Il avance que les Poëtes Tragiques animerent chez les Grecs cette valeur qui les rendit victorieux à Salamine, & à Marathon ; que le Cardinal de Richelieu travaillant en même tems à l’agrandissement de notre Monarchie & à la gloire de notre Théâtre, d’une main tenoit les rênes de l’Etat, & de l’autre écrivoit des Tragédies, enfin que les François doivent leurs conquêtes à leurs grands Poëtes. […] Ce n’est point assez d’y voir une Fille qui recevant dans sa chambre un homme couvert du sang de son pere, s’entretient de son amour avec lui, en gémit avec lui, & qui lui est enfin destinée pour épouse, par un Roi qui paroît autoriser le crime : on y entend toujours vanter cette affreuse justice qu’un Particulier se rend à soi-même ; & dans une Nation où les Rois, par des Loix si sages travaillent à éteindre la fureur du duel, on entend le coupable de ce crime s’en glorifier sans cesse, l’appeller une bonne action, & son Pere transporté de joye comparer ce funeste exploit aux Exploits guerriers contre les ennemis de l’Etat, en disant à ce Fils, Ton premier coup d’épée égale tous les miens. […] Dangers dont les suites funestes à l’honneur, au repos, & à la fortune des Familles, peuvent causer des désordres qui intéressent l’Etat ; dangers qui se trouvent dans la Représentation même d’Athalie, Piéce qui n’eût jamais paru sur le Théâtre public, si les intentions de l’Auteur, & celles de sa Famille, avoient été suivies.

185. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

On a vu des Affranchis manier, presque à la place des Empereurs, le timon de l’Etat.

186. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Qu’un air d’importance qui, comme un Ministre d’État, peut à peine respirer, parce que l’une dans l’autre, il y a une piéce à lire chaque mois.

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