Je ne puis pas accuser de péché ceux qui y assistent, à moins que leur état et leur condition ne les en dût empêcher. […] Grégoire demeure constante, comme il n’y a pas lieu d’en douter, que celui qui peut empêcher le crime, et ne l’empêche pas, se rend coupable du même crime : qui pourra exempter Messieurs les Gens du Roi, de tous les péchés que commettent et font commettre dans leur Ville, ces sortes de gens ; vue que non seulement ils le peuvent empêcher, mais de plus qu’ils y sont obligés par leurs Charges ? […] n’aura-t-il point assez à faire à rendre compte de ses propres péchés, sans se voir obligé à rendre raison de ceux des autres ?
que quand même on assisterait à la Comédie sans affection et sans plaisir, on ne laisserait pas d'être coupable du péché de vanité : que la vanité et l'occupation à des choses inutiles est un péché : que le monde est l'ouvrage de Dieu; mais que les œuvres du monde sont l'ouvrage du Diable, et que la Comédie doit être mise au nombre des œuvres du monde ; que la Comédie, en elle-mêmeChap. 25.
Les hommes effeminés à leur exemple ont à peine la moitié du pied enfermé, ce qui avec les boucles, les brillans, les broderies, les rubans, les talons de toute couleur, composent à nos petits-maîtres une chaussure bisarre qu’ils croient élégante, de qui on peut dire avec l’Ecriture, le pécheur est couvert de péchés & de folies depuis la tête jusqu’aux pieds. […] C’est une figure, comme quand on dit, les nuages sont la poussiere de ses pieds, la terre lui sert de marchepied, il marche sur l’aile des vents, cela veut dire que la sainte Vierge, représentée par cette femme, est au dessus de toutes les créatures, même des astres qu’elle foule aux pieds, & du démon dont elle écrase la tête, selon la prophêtie faite à Eve, soit par l’exemption du péché originel, soit par la préservation du péché actuel : Ipsa conteret caput tuum, & tu insidiaberis calcaneo ejus. […] Il ajoute très-irréligieusement : Elle alla en cet état à la procession, & je vous jure que nous perdimes nos dévotions, (la perte est legere) pour nous ravir plus que le service divin, (il n’a pas besoin d’en jurer) & ne pensions faire aucun péché. […] C. a voulu expier par là les innombrables pechés dont les pieds sont l’instrument : ces danses voluptueuses, cet amour sensuel, cette vanité insensée de leur beauté & de leur parure, ces démarches criminelles, tous les péchés dans les lieux de débauche, dans les endroits suspects, vers les personnes dangereuses, au théatre, chez les actrices. […] L’Eglise ajoute ces paroles : Que le Seigneur par cette sainte onction & son infinie misericorde vous pardonne les péchés que vous avez commis par tous vos pas.
Ce qui peut y avoir quelque rapport, c’est le séjour que firent Adam & Eve dans le Paradis terrestre, où ils avoient tout en abondance, depuis leur création jusqu’à leur péché. […] Du paradis terrestre d’où le péché les fit chasser, Gesner paroît encore supposer qu’Eve y conçut son premier né avant son péché : ce qui combat l’universalité du péché originel. […] Toute la masse des hommes, à l’exception de la Très-Sainte Vierge, ne l’est-elle pas par le premier péché ? […] Il n’en est point parlé dans les premiers chapitres de la Genese, d’où on a pris le poëme d’Abel, & il faut convenir qu’avec le peu d’habits dont les premiers hommes étoient couverts, ces licences eussent été bien dangereuses ; & sur le Théatre où les actrices, comme les premieres femmes, sont à demi-nues, ce seroit pour elles, les acteurs & les spectateurs des tentations bien délicates, & un péché inévitable.
Cette loi au contraire paraît dire qu’il faut en faire métier ou habitude : question superflue ; qui peut compter les pièces que joue un Acteur, et les péchés qu’il fait commettre ? […] Cependant on peut dire, pour justifier cette indulgence, que l’Eglise regarde de plus près aux qualités des Ministres qu’elle admet, que des Ministres déjà reçus, qu’un refus ne fait pas autant de tort qu’un châtiment, que la privation de tout privilège clérical est une plus grande punition que la simple exclusion, qu’on exclut pour de simples défauts de corps ou d’esprit, qui ne sont point de péchés, et que des bouffons, tels qu’ils étaient dans ce siècle, qui amusaient les passants dans les rues, étaient moins pernicieux et moins coupables que des Comédiens et Comédiennes de profession qui passent toute leur vie à exciter par toute sorte d’artifices les passions les plus criminelles : métier si opposé au christianisme, que d’autres canons appellent cette espèce d’hommes des apostats et des démons. […] La leur donnât-il, elle serait nulle, ils en sont indignes, et par l’état de péché mortel, où ils persévèrent, et par l’occasion prochaine de péché active et passive, où ils vivent, et par l’habitude de scandale qu’ils donnent. […] Les Curés de Paris observent religieusement cette conduite, qui est fort approuvée par le Cardinal de Noailles, parce que les Comédiens contribuent aux péchés de tous ceux qui vont au spectacle, que l’Eglise a toujours condamné. » N’y eût-il que la manière indécente dont on y traite le mariage, ils devraient en être exclus. […] Une autre condition qui ne porte pas sur la validité, c’est un renoncement sincère à leur métier de Comédien ; sans quoi leur mariage, comme fait en état de péché mortel, public et certain, serait une profanation dans les contractants et dans le Ministre.
où il décide le contraire par ces paroles : « A l’égard de ceux qui vont à la Comédie, il y en a qu’il serait indécent et scandaleux d’y voir assister, comme sont les Religieux, et surtout les plus réformés ; et je vous avoue que j’aurais de la peine à les sauver du péché mortel, aussi bien que les Evêques, les Abbés et tous les gens constitués en dignité Ecclésiastique. […] Monsieur de la Grange les rapporte ainsi : La première est de penser que plusieurs âmes brûlent dans l’Enfer pour des péchés commis au Bal et à la Comédie. […] Ces Docteurs concluent que les Comédiens par leur profession comme elle s’exerce, sont en état de péché mortel ; c’est pourquoi on ne doit pas les absoudre, s’ils ne promettent de quitter leurs profession. […] Que le Ciel aujourd’hui favorise, illumine, Qui détestant ses Vers trop remplis de tendresse, Les prend pour des péchés commis en sa jeunesse. » Il répond à la prétendue correction des mœurs par les Pièces de Molière, en citant le jugement qu’en a fait l’Auteur de la République des Lettres dans son Recueil d’Avril 1684. où il parle de Molière en ces termes : « Il n’a corrigé que certaines qualités, qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez l’humeur des prudes, des précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse. […] Novembre, sont d’avis que telles Comédies ne peuvent être sans péché mortel en ceux qui les représentent, et en ceux qui y contribuent.
Abelly ont introduit dans la morale Chrétienne cette pernicieuse maxime : Que l’on peut suivre une opinion moins probable et moins sûre en faisant ce qui est péché selon l’opinion contraire qui nous paraît plus probable. […] D’où il s’ensuit que selon cette moelleuse Théologie, il n’est pas certain qu’un Chrétien qui aurait vécu 80. ans et qui aurait commis beaucoup de crimes pendant cette longue vie, ne fût pas sauvé sans avoir jamais aimé Dieu de cet amour qui nous est commandé par ce précepte, « Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo », dont Jésus Christ, dit, « Hoc est maximum et primum mandatum », parce qu’il n’aura point manqué de Confesseur à qui il aurait confessé tous ses péchés par la crainte d’être damné, quand il aura eu besoin de se réconcilier avec Dieu.
Nous n’avons en horreur, que les péchés qui ne sont pas à la mode. […] N’est-ce pas un mal de se mettre dans une occasion prochaine de péché ? […] Peut-on, sans péché, s’amuser à des œuvres de Satan &c &c ? […] Une jeune personne ne s’est point confessée d’un péché honteux ; donc il n’est point péché. […] Direz-vous, que vous pouvez vous y présenter sans péché ?
Car il faut avouer que la corruption de l’homme est telle depuis le péché, que les choses qui l’instruisent ne trouvent rien en lui qui favorise leur entrée dans son cœur. […] N’est-ce pas en quelque sens le plus grand péché qu’on puisse commettre ? […] De là vient qu’on ne peut être parfait Chrétien, que ce corps de péché ne soit détruit, que l’homme céleste ne règne, et que le vieil homme ne soit crucifié. […] Saint Augustin assure que celui qui danse le Dimanche fait un plus grand péché que celui qui laboure la terre. […] Il déplore comme un grand égarement, de ce qu’il pleurait la mort de Didon, et qu’il ne pleurait pas celle de son âme ; et les Chrétiens dont la vie est si courte, au lieu d’employer les jours saints à racheter leurs péchés par des dignes fruits de pénitence, les donnent à des divertissements défendus.
Si néanmoins on s’étoit expliqué en leur faveur, & qu’on les ait declarés libres de toute censure, ils gagnent bien peu à ce privilége ; puisqu’ils sont en état de péché mortel, comme la Troupe Françoise, incapables d’être reçus à la participation des Sacremens, tandis qu’ils perséverent en une profession que j’ai fait voir criminelle de sa nature. […] Je ne connois pas, Mademoiselle, l’état de votre fortune, mais avec autant de célébrité que vous en avez acquise, il n’est pas à présumer qu’une sage retraite vous laissât sans ressource : dans la supposition qu’elle fût suivie de la plus triste indigence, c’est un malheur qui doit moins vous effrayer que votre situation presente ; le Théâtre est un œil qui vous scandalise, vous devez l’arracher1, c’est un pied qui vous porte au péché, vous devez le couper ; car il n’est pas raisonnable de sacrifier la vertu aux richesses, & toutes les douceurs de cette vie sont un très-petit objet, au prix du bonheur de l’autre.
C’est cette concupiscence de la chair, qui ne vient pas de Dieu, mais du péché ; un des principaux devoirs d’un Chrétien, c’est de lui résister avec courage, de la combattre sans cesse, d’embrasser avec ardeur tout ce qui peut la réprimer & l’affoiblir. […] D’après cela ne demandez plus, mes Frères, si c’est un grand péché de fréquenter ces Spectacles pernicieux. Oui, c’en est un, sans doute ; parce qu’on ne peut sans péché, violer une loi de l’Eglise & paroître approuver ce qu’elle condamne ; parce qu’on ne peut s’exposer soi-même à la tentation, & attiser le feu de la concupiscence ; parce qu’enfin des personnes, sur-tout qui font profession de quelque régularité, de quelqu’attachement à la religion, ne peuvent sans péché se conformer à un monde pervers, & devenir pour leurs frères un sujet de scandale. […] L’aumône efface les péchés sans doute, mais c’est quand on les fuit, quand on les déteste de tout son cœur, & non pas lorsqu’on y persévère. […] L’aumône efface les péchés sans doute ; mais c’est quand ont les fuit, quand on les déteste de tout son cœur, & non pas lorsqu’on y persévère.
.° que de changer les habits d’un sexe à l’autre est un péché grief. 2.° C’est un péché, quoique moindre, de se masquer sans changer de sexe : un pere ne peut pas le permettre à ses enfans, & un maître à ses domestiques. 3.° C’est toujours un grand péché de faire & de vendre des masques ; il faut quitter ce métier, ou refuser l’absolution. […] Ce ne sont que les péchés graves contre la religion, les mœurs, &c. qui rendent abominable : Non induatur mulier veste virili, nec vir veste fœminea ; abominabilis enim est coram Deo qui facit hæc. […] & tous les bons Casuistes, traitent en général ce péché de mortel. […] Comme si tout étoit permis, si le vice n’étoit plus un péché quand la face est couverte.
On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché; comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvaises suites.
» « Que son oration lui soit imputèe à péché.
C’est pour cela que bien loin de cacher le péché de David, on le publie même dans l’Église à cause de sa pénitence ; afin que ceux qui ne sont pas encore tombés, l’écoutent de peur de tomber : et que ceux qui sont déjà tombés, l’écoutent pour se relever. […] Dans ce qui regarde l’Eglise, il avait pour maxime, que les Princes étant plus exposés que personne, à la tentation, et au péché, ont aussi besoin plus que personne, d’implorer le secours, et la miséricorde de Dieu. […] . » Et en un autre endroit : « Qui est-ce qui connaît ses péchés ? […] » Mais comment n’aurions-nous pas sujet de craindre pour les péchés que nous commettons par ignorance, puisque nous avons sujet de craindre même pour nos bonnes actions ? […] , « Que les Pénitents qui désirent obtenir la grâce entière et parfaite de la rémission de leurs péchés, doivent s’abstenir des Jeux, et des Spectacles ».
Vous ne sauriez faire une pénitence plus douce, facile et salutaire des péchés de votre vie passée, que de vous priver de ces divertissements pour l’amour de Dieu ; cette pénitence ne ruine point votre santé, ne diminue point vos biens, n’incommode point votre famille, ne fait point tort à vos affaires.
Comme la passion de l'amour est la plus forte impression que le péché ait faite dans nos âmes, ainsi qu'il paraît assez par les désordres horribles qu'elle produit dans le monde; il n'y a rien de plus dangereux que de l'exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la retient.
Comme la passion de l'amour est la plus forte impression que le péché ait faite sur nos âmes, ce qui paraît assez par les désordres horribles qu'elle produit dans le monde, il n'y a rien de plus dangereux que de l'exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la tient en bride et qui en arrête le cours.
Jésus-Christ présiderait à des assemblées de péché, où tout ce qu’on entend anéantit sa doctrine, où le poison entre par tous les sens dans l’âme, où tout l’art se réduit à inspirer, à réveiller, à justifier les passions qu’il condamnebb ! […] Il y a des délassements nécessaires au corps et à l’esprit, quand l’un et l’autre ont été affaiblis par le travail, et il ne faut que savoir quelle est notre condition depuis le péché, pour sentir le besoin que nous avons de ce secours. […] Remarquons d’abord que nous avons en nous-mêmes un fond de corruption, que nous portons avec nous une malheureuse concupiscence capable de nous livrer aux plus affreux excès, si on n’a soin de la réprimer, une concupiscence que nous avons promis solennellement de combattre, et à la destruction de laquelle sont attachées les couronnes dont jouissent tant de saints ; une concupiscence que la moindre parole excite, que le moindre objet allume, dont les Hilarion, les Antoine, les Paul ont gémi plus d’une fois ; c’est ce souffle de Satan dont l’apôtre saint Paul priait le Seigneur de le délivrer ; c’est le malheureux apanage de la nature corrompue qui doit coûter tant de violence ; c’est le vieil homme, sur les débris duquel doit s’élever l’homme nouveau, et que nous ne saurions vaincre qu’en mourant sans cesse au péché et à tout ce qui peut nous y porter.
Mais porte-t-on moins dans leur ame le coup de la mort éternelle par les péchés qu’on fait commettre ? […] Craignez tout, si la passion le choisit, si le péché le négocie ; gagnez l’estime qui dure, méprisez un fol amour aussi facilement évanoui que formé. […] pourquoi s’étaler commee une marchandise, & presque comme un esclave qu’en bien des endroits on mène au marché, se faire acheter par des péchés, & enfin être traitée comme on le mérite ? […] Le voulût-il, on devroit s’y refuser ; doit-on obéir jusqu’au péché, jusqu’au scandale, perdre les ames pour lui plaire ? […] Les autres péchés sont l’effet rapide, souvent imprévu, de la tentation & de la surprise.
On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n'en arrêtait les mauvais effets.
Mais on s’est trompé : ce n’est pas seulement l’idolâtrie, c’est encore la dangereuse représentation du crime, les leçons du vice, l’apologie des passions, les occasions du péché. Les attraits, l’indécence, la facilité, l’invitation des actrices, la scandaleuse multitude des objets séduisans dont on est environné, des piéges qui y sont tendus, dont presque personne n’échappe, ce corps de péché en donnoit horreur, comme il en donne encore aux Chrétiens, excitoit le zele des ministres, & allumoit les foudres de l’Eglise, comme il fait encore.
) Depuis le péché originel, les garçons et les filles, les hommes et les femmes, sont si dangereux l’un à l’autre, qu’il ne faut qu’une œillade lancée inconsidérément, à la volée, en passant et en un moment, dans la rue ou même en l’église, pour allumer un fort grand feu ; témoin Samson, témoin David, témoin celui qui disait : Ut vidi ut perii, ut me malus abstulit error (Virg.
Mais si le mouvement du corps est accompagné de quelque sentiment lascif, et impudique ; ou si on s’en sert pour éveiller la sensualité, et pour exciter, ou entretenir quelque mauvais plaisir, ou quelque satisfaction dangereuse dans la chair, et dans les sens ; le même Docteur Angélique nous apprend que c’est un péché mortel ; et saint Bonaventure, Angélus, Roselius, et Sylvestre, après Alexandre de Halès, sont de même avis.
On a juré de réprimer les désirs charnels qui combattent contre l’ame ; de s’abtenir de l’apparence même du mal ; de haïr les péchés qui paroissent les plus légers, qui sans tuer d’un seul coup, ne laissent pas d’affoiblir & de préparer souvent aux chutes les plus déplorables.
L’Église est si persuadée des péchés de l’odorat que dans le premier & dernier Sacrement qu’elle administre aux Fidèles, le Baptême & l’Extrême-Onction, elle fait sur les narines comme sur les yeux, les oreilles & la bouche une onction & une prière particulière pour demander à Dieu la grâce de préserver ses enfans des péchés qu’ils pourroient commettre par l’odorat, & de pardonner aux mourans ceux qu’ils pourroient avoir commis. […] Et quoiqu’à la vérité ces sortes de péchés soient communément moins graves que les autres ; il n’y a point de Théologien qui ne convienne qu’ils peuvent être très-considérables ; mais il n’est pas douteux que si on répand les odeurs avec une mauvaise intention pour amollir, pour séduire, pour exciter les mouvemens de la chair, pour animer la débauche ; ce qui n’est que trop ordinaire, ce seroit alors un très-grand péché, il n’est guère d’Actrice qui ne mérite ce reproche. […] Mais on a beau faire, l’homme est destiné à souffrir & à mourir pour punir ses péchés, tous ses efforts ne retarderont pas d’un instant le coup de la mort, & n’empêcheront pas que l’odeur qui s’exhale de leur cadavre, n’oblige à les enfoncer bien avant dans la terre, pour n’en être pas infecté ; & c’est souvent au moment de leur dernier soupir, que comme Antiochus, leur corps tombe en pourriture, écarte leurs plus chers amis qui ne peuvent en approcher.
On commence par servir le poison de la passion, le faire mordre par le goût du péché, et on vient annoncer une mort le plus souvent un suicide, qu'on dit en être le remède. […] Pour les moyens criminels, les péchés intermédiaires, songe-t-on même à les reprendre ? […] quel plaisir peut trouver la vertu dans le tableau animé des péchés qu'elle déteste, et des malheurs dont elle gémit, dont elle voudrait anéantir jusqu'à l'idée ? […] Quel piège pour la faiblesse, si le préservatif du chagrin ne la garantit pas toujours du péché ! […] Qu'importe au démon qu'on se damne par un péché ou par un autre ?
Le premier est de s’en informer des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de spectacles.
Nous exhortons tous les Fidèles que la Providence nous a confiés de s'abstenir de ces faux et malheureux plaisirs du Siècle, où quand on s'abuserait assez pour croire que l'on n'y fait aucun mal, on ne saurait se défendre de celui qu'y font les autres, et comme les complices du péché selon St.
Souvenez-vous que Jésus dit en l’Evangile, que celui qui regardera une femme en la convoitant a commis l’adultère en son cœur, et que Tertullien ajoute : Regarder et vouloir être regardée, convoiter ou se plaire d’être convoitée, c’est un même genre de péché : Videre et videri velle, est ejusdem libidinis.
Le Monde Chrétien avoit toujours été très-décidé sur le théâtre : on y alloit en foule dans tous les tems, comme on y va aujourd’hui, quoiqu’avec moins d’enthousiasme, mais on ne doutoit point que ce ne fut un péché. […] Racine inconsolable d’avoir travaillé, qui met ses piéces au nombre de ses péchés, & ses succès au nombre de ses malheurs, n’est pas moins décidé. […] Qu’on se rende de bonne foi justice, va-t-on à la comédie la plus châtiée, sans avoir jetté quelques regards, pris quelque liberté, entendu quelques discours, formé quelque désir, senti quelqu’émotion, consenti à quelque mauvaise pensée, & par-conséquent commis quelque péché ? […] Le spectacle est donc interdit au grand nombre qui y péche, & même au petit nombre, qui prétendoit n’y pas pécher parce qu’il s’expose témérairement au péché. […] La confession de certains péchés faite aux Prêtres, la découverte de ses blessures, de ses infirmités, aux médecins, quelquefois avec la plus vive douleur, ne sont pas sans danger.
Dans le Chapitre de la seconde Partie, où il traite de l'obligation des Prédicateurs à reprendre continuellement les pernicieuses coutumes, qui sont la source des péchés, et à persuader de les abolir. Que les Prédicateurs reprennent continuellement les plaisirs qui portent au péché, auxquels les personnes qui suivent le dérèglement d'une coutume dépravée se laissent emporter si facilement; que les Prédicateurs s'efforcent de rendre ces choses odieuses; qu'ils représentent au peuple combien est grande l'offense et l'injure que Dieu en reçoit; que c'est de là que viennent tant de maux; que c'est ce qui cause les calamités et les misères publiques, et une infinité de malheurs.
Vous verrez dans les Théâtres des choses qui vous donneront de la douleur, et qui vous feront rougir; c'est le propre de la Tragédie d'exprimer en vers les crimes de l'antiquité: On y représente si naïvement les parricides et les incestes exécrables des siècles passés, qu'il semble aux spectateurs qu'ils voient encore commettre électivement ces actions criminelles, de peur que le temps n'efface la mémoire de ce qui s'est fait autrefois ; les hommes de quelque âge, et de quelque sexe qu'ils soient entendant réciter ce qui s'est déjà fait, apprennent que cela même se peut encore faire ; les péchés ne meurent point par la vieillesse du temps. […] Chacun selon son sexe se représente à son imagination dans ces Spectacles ; on les approuve lors qu'on en rit, et non seulement les enfants-là qui on ne doit point faire gouter le mal, avant même qu'ils le puissent connaître ; mais aussi les vieillards, à qui il est honteux de commettre des péchés qui ne sont plus de leur âge, emportant les vices du Théâtre, s'en retournent plus corrompus en leurs maisons.
« Ils ignorent que c’est ainsi que le péché est entré dans le monde, et que les hommes ne meurent que parce que la première femme aima mieux éprouver si elle mourrait en désobéissant que d’obéir et de vivre. […] « C’est un effet du premier péché de n’avoir point de goût pour les biens spirituels, et de n’en avoir qu’une faible idée.
Ils ignorent que c’est ainsi que le péché est entré dans le monde, et que les hommes ne meurent que parce que la première femme aima mieux éprouver si elle mourrait en désobéissant, que d’obéir et de vivre. […] C’est un effet du premier péché, et la source de tous les autres, de n’avoir point de goût pour les biens spirituels, et de n’en avoir que de faibles idées.
Quand les peuples considèrent ces célèbres iniquités qui ont violé la foi divine et humaine pour l’accomplissement d’un dessein, les péchés de la vie commune en comparaison de cela ne leur paraissent plus que des atomes, leur conscience s’y tient assurée, et sans en concevoir des remords, elle se croit assez juste de n’être point si méchante. […] ils mettent le feu à la paille, pourquoi s’étonner si elle brûle ; La justice s’arme afin de punir les auteurs et les complices d’un enlèvement qui blesse l’honneur de quelque illustre famille, elle poursuit avec rigueur et avec toutes les notes d’infamie ces âmes perdues qui corrompent la pudicité des autres ; Néanmoins on permet que les Romans qui sont des bouches toujours ouvertes à persuader le mal, aient libre entrée dans les maisons, dans les cabinets pour y débaucher tous les esprits, pour leur inspirer des affections illicites, avec les moyens d’y réussir ; on punit le corrupteur d’une chasteté particulière, cependant on tolère, l’on agrée, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion, dont la fin est l’incontinence, le péché, le déshonneur, le désordre des familles et des Etats.
Un chrétien ne se permet pas un assemblage profâne de deux objets de son amour & de ses chants qui s’excluent mutuellement, le vice & la vertu, Dieu & le péché. […] Péché du démon. […] Aussi un curé, qu’il fait parler, prononce sérieusement, la privation d’un plaisir innocent est un très-grand péché . […] On avoit confondu la vertu & le vice : mais non transformé la vertu en vice, les actes de vertus en très-grands péchés. […] Se plaire à des mauvaises pensées, à des mauvais regards, s’y exposer volontairement ; la morale la plus indulgente le traite de péché mortel.
Il faut conclure nécessairement de tous les principes si solidement prouvés dans tous les Ouvrages dont j’ai fait l’Abrégé dans celui-ci, que les Comédies seront toujours défendues tant que les hommes et les femmes s’entretiendront d’amour et des autres passions sur le Théâtre, et que les Chrétiens n’y pourront aller sans péché, à cause du danger qu’il y a d’exciter ou de réveiller leurs passions, à cause du mauvais exemple, à cause qu’ils contribuent à l’excommunication des Comédiens qui exposent leur salut pour divertir leurs Spectateurs.
Il est vrai que les mouvements les plus extravagants, et les plus visiblement opposés à la vertu Chrétienne, se trouvent dans cette sorte de danses, qu’on appelle ordinairement des ballets, et qui se font par les rues et dans les places ; mais cela n’empêche pas que l’immodestie, et le désordre que l’on remarque dans les bals et dans les danses ordinaires touchant la seule composition du corps, ne soit un fondement raisonnable de juger que l’on ne peut y assister, et y prendre part sans péché mortel.
C’est un Prêtre, c’est un Confesseur qu’on introduit pour nous assurer qu’il ne connaît pas les péchés que des docteurs trop rigoureux attribuent à la comédie : on affaiblit les censures et l’autorité des Rituels, et enfin on n’oublie rien dans un petit livre dont la lecture est facile pour donner quelque couleur à une mauvaise cause.
S'est dit, dans les débats des casuistes, de l'attention que le pécheur, en péchant, porte à son péché (Littré).
Quelle folie et quel péché (de peccato et vanitate) de négliger des études utiles, pour m’occuper des aventures de je ne sais quel Enée, tandis que j’oubliais mes propres égarements, et de pleurer la mort que se donna Didon pour son amant, tandis que je vois d’un œil sec la mort de mon âme ? […] Augustin à la lecture de l’Enéide, sont des péchés et des folies, de pareilles larmes à la représentation de Didon sont-elles des vertus ? […] On voit dans cet exemple la fragilité de la jeunesse, le danger des mauvaises compagnies, la fureur des spectacles, la difficulté de s’en corriger, le péché de ceux qui y vont. […] Donner au pécheur, c’est donner parce qu’il vous plaît par son péché.
S’abandonnaient sans crainte aux plus honteux péchés.
Quiconque assiste à leurs représentations, contribue donc, pour sa part, à les retenir dans un état habituel de péché, et coopère à la perte éternelle de ces âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ. […] D’une part, on m’assure que ces sortes de divertissements sont criminels ; d’autre part, on soutient qu’ils sont exempts de péchés. […] Cependant, loin de se rendre à de semblables Autorités, les partisans du Théâtre en appellent à leur propre jugement, et ne se font pas le moindre scrupule de ce que tous les Pères de l’Eglise ont cru devoir hautement qualifier de péché. […] Jésus-Christ présiderait à des assemblées de péché, où tout ce qu’on entend anéantit sa doctrine, où le poison entre par tous les sens dans l’âme, où tout l’art se réduit à inspirer, à réveiller, à justifier les passions qu’il condamne ? […] Vous participez donc à leur péché ; et si la Comédie ne vous fait point de plaies, vous vous en faites à vous-même par celles que les autres reçoivent en vous imitant, et ainsi vous êtes le plus coupable de tous. » « Mais, la nécessité de se délasser d’un long travail, ne peut-elle pas justifier la fréquentation des Spectacles ?
« éviter sans sortir du monde » : il n’y a donc point de péché de chercher volontairement de mauvaises conversations, et cet Apôtre se sera trompé en nous faisant craindre « que les mauvais entretiens ne corrompent les bonnes mœurs ?
Il faut afin qu'il en puisse user sans péché, qu'il lui soit nécessaire en quelque manière, et que l'on puisse dire véritablement qu'il s'en sert avec la modération de celui qui en use, et non avec la passion de celui qui l'aime : « Utentis modestia, non amantis affectu.
Il faut afin qu'il en puisse user sans péché, qu'il lui soit nécessaire en quelque manière, et que l'on puisse dire véritablement qu'il s'en sert avec la modération de celui qui en use, et non avec la passion de celui qui l'aime : « Utentis modestia ?
Elles sont l’image du scandale qui a l’odeur contagieuse du péché ; le péché mérite toutes les peines ; elles servent à l’expier. […] Le Prophete, dis-je, s’en sert pour peindre le malheur du péché & le prix de la rédemption : Eduxit me de lacu miseriæ & de luto fæcis . […] Rien n’est plus sale que la corruption du péché ; il représente l’état du genre humain depuis le péché originel comme une fosse profonde où les hommes rouloient de vice en vice, d’erreur en erreur, mal extrême d’où le Sauveur l’a délivré par sa mort, & délivre chaque pécheur par la grace du Baptême & de la pénitence, espece de bain salutaire où tout est lavé.
quand elles couleraient pendant toute votre vie, elles ne seraient pas suffisantes pour expier vos péchés, et vous ne les réservez que pour vous rendre plus coupables, que pour exprimer votre sensibilité sur des aventures Romanesques vraiment dignes de mépris et de pitié. […] s’il nous est ordonné de faire un pacte éternel avec nos yeux, pour ne pas nous exposer à considérer un objet dangereux ; si, selon la sagesse éternelle, on a déjà commis l’adultère dans son cœur, lorsqu’on regarde une femme avec un œil d’envie ; s’il faut être en garde contre toutes les occasions qui nous environnent dans la crainte de nous laisser surprendre par le péché ; si, lorsqu’on aime le danger, on y périt, comment excuser les Théâtres qui présentent à la vue des Actrices chargées de tout l’attirail propre à séduire, qui ne retentissent que des charmes de l’amour, qui ne préconisent que les plaisirs des sens ; et qui ne s’annoncent qu’avec tous les attributs du luxe et de la volupté ? […] Mais qui, de vous ou des dispensateurs des saints mystères établis juges des péchés, chargés de les remettre et de les retenir, décidera ce point important ? […] parce que vous êtes tellement corrompus que rien n’est plus capable de vous pervertir ; parce que vous êtes tellement familiarisés avec le crime, que rien ne peut plus vous séduire ; parce que vous êtes rassasiés de ses infâmes voluptés dont l’habitude conduit à l’endurcissement ; parce que le péché qui règne en vous, vous rend insensibles aux plus terribles vérités. […] Hélas, il n’y a personne qui ne reconnaisse alors que c’est véritablement un péché de fréquenter les Théâtres, et qui ne demande pardon au Seigneur d’y avoir été.
Certes, votre confesseur se gardera bien de vous absoudre s’il sait son devoir, ou s’il est fidèle à son maître ; il vous remontrera que ces danses et autres semblables assemblées sont des écoles de tous vices, des fourmilières de mille péchés.
Il tremble à la vue du péché, dont cet affreux état est la juste punition.
toutesfois pource qu’ilb n’y a pas faute de gens délicats, favorisant et soutenant les vices, et leur donnant autorité, voire qui pis est, abusantc de l’autorité des saintes et divines écritures, pour soutenir les vices, comme si ce ne fût point mal fait se trouver aux Spectacles publics pour se récréer (car la vigueur de la discipline ecclésiastique est tellement abâtardie et écouléed, et déchoit si fort de mal en pis, qu’il n’est plus jàe question d’excuser les péchés, ainsf de les approuver et avouer.) […] Car vu que l’esprit de l’homme s’adonne de soi-même à vices et péchés, que fera-t-il s’il a des exemples d’une nature corporelle glissante, et facile à tomber ? […] Il verra comme Dieu crée le monde, comme il fait l’homme avec les autres animaux : comme il façonne sa machine, et la rend meilleure et plus belle : il connaîtra comme le monde se baigne en ses péchés, il verra les justes naufrages, les loyers des gens de bien, et les supplices des méchants : Exod. 14. 22il apprendra comme les mers ont été séchées pour passer le peuple de Dieu, Exod. 17. 6.
On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source empoisonnée qui nous infecterait, si Dieu ne nous aidait point à la contenir. […] Ces doux et invincibles penchants de l’inclination, ainsi qu’on les représente, c’est ce qu’on veut faire sentir et ce qu’on veut rendre aimable : c’est-à-dire, qu’on veut rendre aimable une servitude, qui est l’effet du péché, qui porte au péché ; et on flatte une passion qu’on ne peut mettre sous le joug que par des combats qui font gémir les fidèles, même au milieu des remèdes.
« Avez vous mûrement examiné combien le péché d’adultère est un péché criant, horrible, abominable ? […] Car c’est un énorme fardeau que ce péché… Et quoiqu’il puisse arriver que.… votre époux néanmoins en doit aussi porter sa part. […] Il est vrai que l’on dit après cela que cette chanson est pleine de péché et d’impudence. […] elle entend La Mode, répand à toute main les trésors de sa bonté et de sa miséricorde ; non seulement elle a daigné nous pardonner nos péchés ; mais ce qui est bien plus considérable, elle m’a déterminée à devenir votre moitié. […] Le Poète nous avertit après cela par ladite Brute que le blasphème n’est pas le péché des femmes.
C’est pour entrer dans cet esprit d’affliction qu’on introduit cette pénible soustraction de la nourriture : pendant qu’on prenait sur le nécessaire de la vie, on n’avait garde de songer à donner dans le superflu : au contraire on joignait au jeûne tout ce qu’il y a d’affligeant et de mortifiant, le sac, la cendre, les pleurs ; parce que c’était « un temps d’expiation et de propitiation pour ses péchés » Ibid.
Un vrai pénitent ne fait pas plus de grâce à l’idolâtrie du vice : il va, comme Madeleine, arroser de ses pleurs, essuyer avec ses cheveux, embaumer de ses parfums les pieds du Sauveur ; matière, occasion, danger, image, souvenir du péché, il voudrait tout immoler. Comment un vrai Chrétien peut-il souffrir, louer, aimer, représenter l’une et l’autre idolâtrie dans ces spectacles, qui sont toujours pour les hommes une source intarissable de péchés ? […] Les sept têtes qui l’environnent sont les sept péchés mortels dont chacun y trouve sa matière et son exercice.
« Pour comble de misère, un tas de faux Docteurs Vint flatter les péchés de discours imposteurs, Infectant les Esprits d’exécrables maximes, Voulut faire à Dieu même autoriser les crimes.
Je dois encore avertir ici, que je n’ai point hésité à rendre les termes d’Amant et de Maîtresse en d’autres plus propres et plus expressifs : et je ne suis pas convaincu que j’aie péché en ceci contre la politesse bien entendue.
Quel péché y a-t-il, dit-elle, d’aller au bal ou de hanter les compagnies, de se masquer, de jouer aux cartes et aux dés, ou d’aller à la comédie ?
Que les Evêques qui manqueraient de zèle en ce point pour les répréhensions et les corrections nécessaires, méritent eux-mêmes et encourent la déposition, qui suppose un péché très grief. […] ». « Si l’excès dans le jeu, dit-il, est un péché, les Histrions dont toute la vie se rapporte au jeu, seront donc toujours en état de péché. […] Dans un Manuel du Diocèse de Senlis imprimé à Paris en 1525. on trouve une espèce d’examen de conscience sur les sept péchés mortels. […] que si les Comédiens représentent quelquefois des pièces honnêtes et quelquefois de déshonnêtes, c’est un péché d’assister jamais à aucune. […] Il est certain que c’est un très grand péché.
Là se donnent les rendez-vous, se nouent les intrigues, s’entretiennent les commerces, se commettent mille péchés. […] Quel plus grand, quel plus instruisant spectacle que la passion, la mort d’un Dieu sur une croix, pour expier les péchés du monde ! […] Qui peut compter les pensées, désirs, paroles, actions, en un mot, les péchés qu’elle fait faire, non seulement dans l’instant que le trait part, maïs long-temps après par le souvenir ? […] Le Saint Ecrivain appelle ces visages. l’un le visage de la nature, l’autre le visage de l’art, le visage de la passion, le visage du péché, le visage du mensonge : Facies peccatorum similis . […] Quoi de plus hideux que le péché, quelles ténébres plus épaisses que celles du vice ?
Celui qui délivre son frère d’un si grand péril, se rend digne d’une récompense éternelle ; et celui qui néglige de l’aider, ne peut être que coupable devant Dieu ; parce que, comme dit saint Ambroise, celui qui pouvant empêcher le mal, ne l’empêche pas par négligence, sert à rendre plus hardi celui qui le commet, et participe par conséquent à son péché ; et celui-là semble commettre une mauvaise action, qui pouvant la défendre la souffre sans rien dire par lâcheté de cœur, et par défaut de zèle. […] « Il est permis de se taire, dit saint Ambroise, lorsqu’il n’y va que d’un interêt temporel ; mais dans la cause de Dieu, et lorsque les âmes sont dans le péril de leur salut ; ce n’est pas un petit péché que de dissimuler, et d’être lâche. » On dira peut-être que saint Charles était un Saint.
Il lie avec les méchans, il sépare des bons ; sous prétexte de foiblesse excusable, ou d’hypocrisie condamnable, on applanit la voie du péché, & on seme des ronces sur celle de la religion.
Et un peu après, il ajoute encore,« ce saint Docteur veut même qu’il y ait quelque péché à ne point prendre de divertissement ». […] « C’est, dit-il, qu’à même temps que vous étiez au bal, plusieurs urnes brûlaient du feu d’enfer pour les péchés commis à la danse. […] Qui lui a dit que si ces riches qu’il a confessés n’avaient point du tout été à la Comédie, ils n’auraient pas moins péché que les pauvres, par la bonne éducation qu’ils ont au-dessus des pauvres ? Qui lui a dit de même que si les pauvres y avaient été comme les riches, ils n’auraient pas péché plus que les riches ? […] Il défend aux Religieux, aux Ecclésiastiques et aux Evêques de France d’aller à la Comédie, sous peine de péché mortel ; « parce qu’étant consacrés à Dieu, ils doivent se priver des divertissements du siècle, et ne se nourrir l’esprit que de la lecture et de la méditation des saintes Lettres» ; et en même temps il fait grâce aux Religieux et aux Evêques d’Italie, « parce que, dit-il, cela est passé en coutume».
N’est-ce pas, mes Pères, que vous voulez qu’il vous ressemble,22 et « que craignant de perdre aussi bien que vous, la douceur et la commodité qu’il trouve à être aimé, et ne voulant pas se faire des ennemis, et s’engager dans des suites fâcheuses qu’attirent après eux les mécontentements qu’on donne aux hommes, encore que ce soit en faisant sa charge et en soutenant la cause de Dieu ; il demeure dans le silence, et dissimule les péchés des hommes, de peur qu’en les reprenant il ne trouble sa paix en troublant celle des autres.
Aller aux spectacles un jour de Fête, serait-ce une circonstance qui ajoutât un nouveau degré de malice au péché qu'on commet en y allant un autre jour ?
C'est donner à un pécheur à cause de son péché, parce qu'il vous divertit par son impiété. […] Nous ne pouvons-nous divertir sans faire des péchés de nos divertissements ; nous penserions que nos plaisirs seraient en quelque façon défectueux s'ils ne nous rendaient coupables, et qu'il n'y aurait point de contentement à rire si l'on n'offensait Dieu. […] L'on laisse sur les Autels un Dieu qui se donne à nous pour nourriture, et l'on va se repaître de la viande du Diable : L'on va commettre des adultères par la vue, l'on va applaudir à sa perte ; et lors que l'on se réjouit ainsi dans ses prospérités, l'on ne songe pas à ces paroles que Dieu prononce par la bouche du Prophète, vous serez perdus pour vos péchés, et les autels du ris et de la réjouissance seront abattus.
M. le Curé de saint Germain de l’Auxerrois à Paris, consulta les Docteurs de Sorbonne sur les Comédies ; il fut décidé qu’il y avait péché mortel, et pour les Comédiens et pour ceux qui y contribuent : L’on verra cette décision dans la Section 6. du Chap. 4. de cet Ouvrage.
Car enfin, Mes Pères, est-il possible que vous n’ayez pas vu le tort que vous faites à la jeunesse à qui vous devez une éducation Chrétienne, en leur inspirant de si bonne heure et dans un âge qui est susceptible de tout, la passion pour la danse qu’on ne peut douter, pour peu que l’on sache ce qui se passe dans le monde, qui ne leur puisse être un jour une grande occasion de commettre beaucoup de péchés.
Il ne le faut point, et comme ils ne peuvent vous commander chose qui soit contre la loi et volonté de Dieu, aussi n’êtes-vous pas obligé de leur obéir, s’il y a du péché.
On ne peut excuser ce genre de récréation d’un péché grief, 1°.
Et ailleurs (hom. 56. in Genes.) il remarque qu’aux noces du patriarche Jacob, d’Isaac, d’Abraham, de Tobie et des autres Saints, que l’Écriture raconte, il n’est fait aucune mention de danses ni de semblables folies ; aussi Dieu bénissait-il leurs mariages, au lieu que vous encourez souvent les anathèmes de sa malédiction, parce que vos noces sont des occasions de mille péchés qui s’y commettent.
Un Ministre, Moine Apostat, Concubinaire, excommunie quelque femme pour avoir dansé ou assisté aux danses : Mais où ont-ils trouvé en l’Ecriture que danser est un péché qui mérite Excommunication ?
La ville de Milan offensoit grandement Dieu dans ces jours, elle étoit livrée habituellement à la débauche, & on eût dit que ce qui étoit péché mortel les autres jours, ne fut pas péché véniel ces jours là, & les Milanois élargissoient tellement la main aux deshonnêtetés, mascarades, comédies, spectacles vains & lascifs : qu’il y avoit à pleurer à chaudes larmes. […] On peut voir dans Saint Chrisostôme le danger des spectacles, & le péché qu’on commet en y assistant. […] On peut en dire autant de la déclamation théatrale : tous vos gestes sont des sentimens ; on le peut dire des ornemens, des parures, mouches, fard, boucles de cheveux, draperie, de tout l’appareil de la scéne : ce sont des sentimens ; c’est un scandale de les ramasser, les combiner, les étaler pour produire cet effet dans le cœur ; c’est un péché de s’y exposer : peut-on mieux faire le procès au théatre, & détruire toutes ses apologies, que par l’éloge qu’en font les amateurs même.
L’espérance d’un droit futur ne donne aucun droit présent sur la personne, & la condition que l’esprit pourroit intérieurement y mettre, ne réalise rien dans l’objet, & le consentement que l’on y donne rend le plaisir présent & réalise le péché. […] Outre le péché de la témérité qui expose à un danger évident, c’est la même nature de crime, qui ne differe que par ses divers degrés d’énormité. […] Principe inépuisable de péché. […] Non, non, la morale & l’intrigue théatrale n’autoriseront jamais à souiller l’imagination par de mauvaises pensées, le cœur par le plaisir du péché, ni à en courir volontairement le risque, parce qu’Arlequin à la derniere scene doit prendre Marinette pour sa moitié.
Vous avez tort, M. de Molière : il fallait que le père fût absolu, qu’il parlât toujours sans que le fils osât lui dire mot, que la religieuse, bien loin de paraître sur un théâtre, fit dans son couvent une pénitence perpétuelle de ses péchés, et cet athée supposé n’en devait point échapper ; ses abominations, toutes feintes qu’elles étaient, méritaient bien pour leur mauvais exemple une punition effective. […] ignorez-vous encore qu’un comédien n’est point un prédicateur et que ce n’est que dans les chaires des églises où l’on montre, les larmes aux yeux, l’horreur que nous devons avoir pour le péché ?
Il faudra pendant le Carême pleurer ses péchés, il faut se dédommager par avance de ces pleurs à venir, par toute sorte de licence. […] Et certes si les spectacles profanes sont défendus ; si les assemblées mondaines sont peu chrétiennes ; si l’on ne peut s’exposer au péril sans péché ; si la sûreté n’est pas entière dans la solitude ; si l’Evangile est la règle des mœurs, si la pureté se flétrit par un seul regard ; s’il ne faut qu’un désir pour corrompre le cœur ; si les héros chrétiens ont de la peine même dans le désert de conserver leur innocence, quel homme de bon sens oserait dire qu’il est licite d’aller au bal ?
Enfin, ils nous pressent de leur dire ce que l’on y trouve de si mauvais, & en quoy consiste précisément le péché qu’on y commet. […] d’éviter les occasions prochaines du péché, parce que celuy qui aime le péril, y périra, Eccli. […] Il veut dire, parfaitement affermie dans la crainte de Dieu & dans l’horreur du péché, entierement vuide de l’esprit du monde, préparée par la priére & par le jeûne, revêtuë de la haire & du cilice, toujours appliquée à la présence de Dieu. […] Les spectacles sont une occasion prochaine de péché, & un péché pour une infinité de personnes.
C’est un espece d’Inoculation du péché, pour sauver les ravages de la petite vérole ; le théâtre est comme l’hôpital de Londres, établi pour cette opération ; les actrices sont des Inoculatrices, plus habiles que tous les Médecins Anglais. Leur portrait seul porte le virus, & leurs faveurs en communiquent un autre qu’Apollon célébre moins que Mercure ; ce n’est pas la politique farouche de Saint Paul qui défend de commettre le moindre péché, pour empêcher un plus grand mal, non sunt facienda mala ut eveniant bona ; les courtisannes d’Italie souffertes par la police, comme un mal inévitable, sont moins zélées que nos actrices. […] Combien d’artistes ont taché de les remplacer, & n’ont que trop réussi pour leur malheur, & celui de ceux qu’ils ont entraîné dans le péché. […] Ignore-t-on les péchés innombrables que ces leçons voluptueuses font commettre ? […] 13. de la Sagesse remercie Dieu comme d’un grand bienfait, d’avoir préservé son Peuple du poison de la peinture & de la sculpture, dont il appelle les ouvrages une ombre vaine, un travail sans fruit, umbra picturæ, effigies, labor sine fructu ; mais dont la vuë empoisonnée fait naître le désir, excite la passion, enflâme la concupiscence, & conduit au péché, cujus aspectus dat concupiscentiam.
L’Evangile nous apprend à combattre les passions par les vertus, avec la grace, l’orgueil par l’humilité, la colere par la douceur, l’avarice par l’aumône, la crainte par l’espérance, la sensualité par la mortification ; jamais un vice par un vice, un péché par un péché. […] Les grands canons, les falbalas, les vertugadins, les criardes, les paniers, les juppes piquées, les linges multipliés, ce n’est que grossir le volume, se donner un air d’embonpoint qu’on croit devoir embellir ; les toiles transparentes, des moyens de montrer des nudités, sur lesquelles on fonde les espérances de conquête, & avec lesquelles on ne réussit que trop à faire commettre le péché. […] L’entrée dans la troupe étoit un sacrilege, on y faisoit une défense expresse de parler de Dieu & de religion ; précaution inutile, on n’en parleroit pas davantage, à moins que ce ne fût pour la combattre ; & le serment ne se fait plus, c’est un péché de moins. […] Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté.
Ils les accablent d’une foule de passages tirés des Conciles et des Pères, et même de la sainte Ecriture, qui sont autant d’anathèmes lancés contre la Comédie ; car ils la regardent comme une occasion prochaine du péché, puisqu’on y trouve tout ce qui peut plaire aux yeux, charmer les oreilles, et séduire le cœur ; en effet, disent-ils, le but des Comédiens est d’émouvoir les spectateurs, pour les faire entrer dans toutes les passions qu’ils représentent, et dont les âmes faibles se laissent aisément surprendre. […] Voilà pourquoi plusieurs Docteurs qui ne sont pas même les plus sévères, décident, qu’on ne peut assister, sans péché mortel, aux Comédies, telles qu’on les représente aujourd’hui, par le péril où l’on s’expose : Car quoique l’on en ait retranché les grossières équivoques, et tout ce qu’il y avait de trop libre dans les anciennes Comédies ; et que les Modernes soient plus délicates et plus fines, elles n’en sont pas pour cela moins dangereuses, parce qu’elles sont remplies de sentiments capables d’attendrir le cœur, et d’inspirer toutes les autres passions ; sans parler de l’action, des décorations, de la compagnie, qui ne sont pas d’un médiocre secours pour séduire le cœur. […] Voilà pourquoi les Lois politiques laissent beaucoup de péchés impunis, parce qu’elles ne peuvent les empêcher : Mais cette tolérance ne prouve nullement, que ce ne soient pas des péchés. Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
Si nous parlions donc rigoureusement, et dans l’exactitude des Jurisconsultes, ne considérant que ce qui se rencontre le plus souvent dans la pratique ordinaire de ces danses profanes, qui ont pris naissance de la corruption des mœurs des Hébreux, et des observances superstitieuses des Païens ; nous pourrions dire que tous ces exercices qui ne vont qu’au contentement des sens sont absolument mauvais ; parce que les vices s’y mêlent, et le péché s’y trouve très fréquemment, et que suivant la règle des Jurisconsultes,L. 3. et 4. ff. de leg.
Elle inspire la ruse, la défiance, le mépris d’autrui, la satire, non la charité ; elle a fait commettre des millions de péchés, et jamais elle n’en a fait détester un seul.
Antonin2 qui permettent la Comédie de bonnes mœurs, et qui décident qu’elle peut s’exercer sans péché, et que les Comédiens peuvent vivre du gain de leur Profession : mais, à dire vrai, une Comédie de bonnes mœurs, telle que ces deux Saints la demandent, se trouve-t-elle aisément sur les Théâtres publics ?
Le succès n’autorise point le péché. […] S’il portoit indiscretement son zele dans le tribunal de la Pénitence, où l’homme n’a point de voix (car il se confesse sans parler), jusqu’à traiter au nom de Dieu cette récréation si nécessaire & si légitime, de péché horrible, qu’il ne faut absoudre qu’après des épreuves préalables & éclatantes de repentir & de correction ? […] Ils le sont en effet : il n’y a point de danse publique, point de bal où il ne se commette mille péchés ? […] Non, il suffit que, par les circonstances, elle soit une occasion prochaine de péché, pour obliger un confesseur à l’interdire à son pénitent, & à lui refuser l’absolution, jusqu’à ce qu’il l’ait quittée, quoique la chose ne soit pas mauvaise en elle-même.
Après qu’ils en furent chassés, le repentir de leur péché, la nécessité de travailler la terre, la foule des maux dont ils furent accablés, ne leur laisserent guère ni le loisir ni l’envie de donner le bal. […] Mais il n’est pas douteux que les pieges qu’on y tend à la vertu avec tant d’adresse, sur-tout au bal & au théatre, ne soient un ouvrage du péché, inspiré par le démon. […] Point d’erreurs qui plaisent plus au démon, père de l’idolâtrie, que ce qui favorise les passions & multiplie les péchés. […] L’expérience, dit-il, ne montre que trop que tous ces divertissemens ne se font jamais sans de très-grands péchés : Sine multis & gravissimis Dei offensionibus nunquam fieri.
Combien aurait-on mieux réussi et touché les cœurs, en tranchant tout d'un coup en deux mots cette affreuse reconnaissance, pour laisser la place à un sentiment de religion et de repentir, et si Commenge à sa place fondant en larmes sur ses péchés et sur ceux qu'il avait fait commettre, n'eût parlé que pour montrer sa conversion et édifier la Communauté ? […] Cette femme fait une confession qui a grand besoin d'absolution, qui elle-même est un nouveau péché. […] les feux de l'enfer n'expient aucun crime, les feux de la passion, qui sont des péchés, expient-ils le péché ?
« Comme la passion de l’amour est, dit-il, la plus forte impression que le péché ait faite sur nos âmes, ce qui paraît assez par les désordres horribles qu’elle produit dans le monde, il n’y a rien de plus dangereux que de l’exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la tient en bride, et qui en arrête le cours. […] Mais sans l’être, on peut savoir comme les Théologiens ont parlé, et représenter à M.F. qu’aucun d’eux n’a dit ce qu’il leur fait dire, que les pompes du démon sont dans le péché. On a appris au catéchisme que les pompes du démon et le péché sont choses très distinctes ; et quand on y explique ce que c’est que renoncer à satan, à ses pompes, et à ses œuvres, on nous dit que par satan, il faut entendre le monde ; par les pompes de satan, les pompes du monde, qui sont l’éclat trompeur et le faux brillant des richesses, ses honneurs, ses plaisirs, ses vanités, ses coutumes pernicieuses, ses maximes corrompues, etc. et par les œuvres, toutes sortes de péchés. En sorte que les pompes ne sont pas le péché, ni dans le péché. Les pompes sont purement extérieures, le péché est souvent intérieur.
C’est une maxime certaine parmi les Casuistes, qu’un homme doit réparer autant qu’il le peut le scandale qu’il a causé, s’il veut obtenir le pardon de ses péchés : qu’il faut restituer ce que l’on a pris, pour que notre crime nous soit remis, selon ces paroles de Saint Augustin : « Non dimittitur peccatum, nisi restituatur ablatum ».
Les filles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur elles que sa piété, qu’elles sont plus touchées de la perte qu’elle fait de son amant, que de celle qu’elle fait de son père, et qu’elles sont plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner. » Il regarde comme impossible, depuis le péché originel l’entière pureté du théâtre, ainsi que des Poètes, parce « que les mauvais exemples plaisent plus que les bons, qu’on a plus d’inclination pour le vice que pour la vertu, qu’on exprime beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les criminelles que les innocentes, et que les Poètes, contre leur intention même, favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et lui prêtent des armes contre la vertu, qu’ils veulent défendre, etc. » Sans toutes ces antithèses, ordinaires à cet éloquent et pieux Ecrivain, et qui n’affaiblissent pas la vérité qu’il enseigne, le P. le Moine, Jésuite, dans son Monarque, le P. […] Les attraits de la passion, le goût du vice, le langage du péché, les mouvements du cœur, les nudités, les attitudes séduisantes, la magie de la décoration et des parures, les pièges de la coquetterie, les agaceries, la vénalité des Actrices, les adresses de l’hypocrisie, les artifices de la fourberie, etc. toutes ces batteries de l’enfer sont autant et plus que jamais dressées au théâtre.
F. en défertant leurs spectacles impies, d’abandonner une profession, qui les met dans un état perpétuel de péché ; afin que frustrés des gains injustes, qu’ils se promettoient, ils travaillent pour subvenir à leurs besoins par des voies légitimes.
C’est ainsi que l’Écriture qui est le modèle de la plus parfaite éloquence, fait dire aux méchants dans le livre de la Sagesse : « Trompons le juste, parce qu’il nous nuit, qu’il est contraire à nos œuvres, et qu’il nous reproche nos péchés, nous avons même de la peine à le voir, parce que sa vie est différente de la nôtre »Sap. 2. 12.
Un péché, dites-vous ! […] Que tous les jours de votre vie Dieu soit présent à votre esprit, gardez-vous de consentir jamais à aucun péché, & de transgresser en rien ses préceptes (minutie scrupuleuse !). […] Dieu vous regardera dans sa miséricorde, & vous paroîtrez devant lui avec confiance, car l’aumône efface le péché & délivre de la mort (non pas corporelle, l’homme charitable meurt comme un autre), & préserve l’ame des ténèbres : Eleæmosina à peccato & à morte liberat, nec patitur animam ire in tenebras (encore la foiblesse d’esprit de croire l’immortalité de l’ame !).
C’est un reproche qu’on fait bien ou mal aux Missionnaires, aux Confesseurs, aux Casuistes, aux livres d’examen de conscience, d’enseigner le vice par le détail trop circonstancié des péchés. […] Tous ces livres ne parlent des péchés que pour les condamner. […] Tout est soumis à l’empire de la mode, jusqu’au péché.
Elle répond en biaisant : il réplique en pressant : enfin, après quelques façons, elle témoigne se rendre ; il triomphe, et voyant qu’elle ne lui objecte plus que le péché, il lui découvre le fond de sa morale, et tâche à lui faire comprendre qu’« il hait le péché autant et plus qu’elle ne fait » ; mais que dans l’affaire dont il s’agit entre eux, « le scandale en effet est la plus grande offense, et c’est une vertu de pécher en silence » ; que quant au fond de la chose, « il est avec le Ciel des accommodements ». […] Il est certain que la Religion n’est que la perfection de la Raison, du moins pour la Morale, qu’elle la purifie, qu’elle l’élève, et qu’elle dissipe seulement les ténèbres que le péché d’origine a répandues dans le lieu de sa demeure : enfin que la Religion n’est qu’une Raison plus parfaite. […] Je sais encore qu’on me dira que le vice dont je parle étant le plus naturel de tous, ne manquera jamais de charmes capables de surmonter tout ce que cette comédie y pourrait attacher de ridicule : mais je réponds à cela deux choses ; l’une, que dans l’opinion de tous les gens qui connaissent le monde, ce péché, moralement parlant, est le plus universel qu’il puisse être ; l’autre, que cela procède beaucoup plus, surtout dans les femmes, des mœurs, de la liberté et de la légèreté de notre nation, que d’aucun penchant naturel, étant certain que, de toutes les civilisées il n’en est point qui y soit moins portée par le tempérament que la Française : cela supposé, je suis persuadé que le degré de ridicule où cette pièce ferait paraître tous les entretiens et les raisonnements, qui sont les préludes naturels de la galanterie du tête-à-tête, qui est la dangereuse ; je prétends, dis-je, que ce caractère de ridicule, qui serait inséparablement attaché à ces voies et à ces acheminements de corruption, par cette représentation, serait assez puissant et assez fort pour contrebalancer l’attrait qui fait donner dans le panneau les trois [qu]arts des femmes qui y donnent. […] Or cette connaissance d’être plus qu’un autre est fort agréable à la Nature ; de là vient que le mépris qui enferme cette connaissance est toujours accompagné de joie : or cette joie et ce mépris composent le mouvement qu’excite le Ridicule dans ceux qui le voient ; et comme ces deux sentiments sont fondés sur les deux plus anciennes et plus essentielles maladies du genre humain, l’orgueil et la complaisance dans les maux d’autrui, il n’est pas étrange que le sentiment du Ridicule soit si fort, et qu’il ravisse l’âme comme il fait ; elle qui se défiant à bon droit de sa propre excellence depuis le péché d’origine, cherche de tous côtés avec avidité de quoi la persuader aux autres et à soi-même par des comparaisons qui lui soient avantageuses, c’est-à-dire par la considération des défauts d’autrui. […] Le désordre ne procède d’autre cause que de l’opinion impie où la plupart des gens du monde sont aujourd’hui, que ce péché est moralement indifférent, et que c’est un point où la Religion contrarie directement la Raison naturelle.
L’homme pénétré des fades douceurs du péché, trouvera toutes les douceurs de la grâce de mauvais goût.
La comédie moderne, tout épurée qu’elle est, étant une occasion prochaine et quasi inévitable de péché, comment, disent ces censeurs, peut-on permettre d’y aller ?
En 1657, le Curé de Saint Germain l’Auxerrois, à Paris, consulta les Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris sur la matière de la Comédie ; il fut décidé qu’il y avait péché mortel, et pour les Comédiens, et pour ceux qui y contribuaient.
N’est-ce pas en quelque sorte le plus grand péché qu’on puisse commettre ? […] Ce seraient des vérités trop fortes dans ce temps de relâchement d’ajouter avec le même Tertullien, que l’état d’un Chrétien l’engage de fuir les plaisirs des sens, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, la rémission de ses péchés, la paix d’une bonne conscience, festin continuel, la connaissance de la vérité et le mépris même des plaisirs.
Ce sont donc des vices, des péchés du moins véniels ; ce qui est toujours bien éloigné d’Aristote qui en a fait des actions de vertu ; qui range parmi « les vices »4.
Il ne vous reste plus qu’à dire que c’est un péché d’aller à la Comédie. […] Mais pour en revenir à ce que vous disiez, que c’est un péché d’aller à la Comédie, je n’ai rien à vous dire là-dessus. […] Mais que ce soit un péché ou non, vous ne sauriez nier qu’il ne puisse y avoir du danger à assister à la plupart de nos pièces de Théâtre. […] Je le crois ainsi, si vous considérez la Comédie en soi, et non pas dans les circonstances qui la peuvent rendre dangereuse, quand elle sert d’occasion de péché ; car non seulement la Comédie, mais toute autre assemblée est dangereuse en ce sens-làl : je dis donc qu’à ne considérer la Comédie que comme un Spectacle, c’est l’amour seul qui la rend mauvaise.
Il n’y a que les comédies, où ceux qui regardent, et qui agissent commettent un même péché ; où la vue devient contagieuse et criminelle ; où ceux qui sont venus chastes, s’en retournent incontinents.
Tels sont l’Histoire des Flagellans, Traité de l’habit court des Ecclésiastiques, des libertés impudiques, où il prouve que ce sont des péchés mortels : ce qui est très-vrai. […] Vous n’avez point à pleurer la vôtre, actrices, filles mondaines, qui prévenez vos amans, les cherchez des yeux, & plus encore du cœur ; qui craignant peut-être la honte que fait le péché, vous souciez si peu d’en éviter les approches, vous qui êtes si engageantes dans vos manieres, si libres dans vos paroles, si complaisantes dans vos enjouemens, si familieres dans vos privautés, si désireuses de voir & d’être vues ; qui, pour plaire aux hommes, avez recours à ces parures dont à peine on peut savoir les noms, tant elles sont bisarres, inconstantes, multipliées. […] Le divertissement de la comédie sert de fourrier à la débauche, de mains à la volupté, d’allumette au péché, de scandale à la vertu.
Le seul qu’on ne lui donne pas, & qu’il mérite, est celui de Lieu de débauche, sa situation est avantageuse, on y arrive par une longue allée plantée d’ormeaux, & il est entouré d’autres arbres de haute futayé, dont le feuillage met à l’abri du soleil ; une magnifique salle s’éleve dans le fond ; l’architecture en fait honneur à l’artiste, & la décoration superbe & très agréable, en fait beaucoup au peintre, il y a de tous côtés des caffés bien distribués, on y trouve toutes sortes d’amusemens & de rafraîchissemens, & d’occasions de péché. […] Le nouvel Aréopage, plus grave & plus austere, ne craindra-pas sans doute, le réproche de l’Evangile, Médecin guerissez-vous vous-mêmes : que celui qui est sans péché jette la premiere pierre ; cette actrice à qui vous ne demandez rien, & qui n’a plus dans ses charmes de quoi faire payer cherement la sévérité d’un arrêt, ne tiendra plus la balence & l’épée.
Dieu lui redemandera son innocence, et lui fera porter la peine des péchés auxquels elle l'aura exposée.
Vous y avez des Génies, des Anges, des Cupidons, des Sirènes, des Diables ; Venus et saint Georges, Pan et le Curé de la Paroisse, l’Enfer du Paganisme et l’Enfer du Christianisme ; des incartades d’obscénité, et des turlupinades sur le péché originel. […] Sérieusement, si pour mes péchés j’étais Poète ; ou bien j’enverrais promener les Muses, ou bien elles me deviendraient plus propices. […] Nier ainsi en face l’évidence d’un fait, c’est comme si l’on soutenait qu’il n’y a point de péché qui s’appelle blasphème ; ce qui est de tous les blasphèmes le plus énorme. […] « Evitons, non seulement le péché ; mais tout ce qui pourrait nous y engager. […] Or, que ce soit la langue, ou bien l’oreille qui serve d’organe au péché ; n’est-ce pas à peu près la même chose ?
ne doivent-ils pas fuir les occasions du péché, approcher des sacrements, demander les secours de la grâce, pratiquer les vertus chrétiennes ? […] 30.), autant et plus sévère que les Casuistes, décide que les Magistrats ne peuvent en conscience souffrir les Comédiens dans leur ville, et doivent empêcher les citoyens d’aller à la comédie, sans quoi ils se rendent comptables devant Dieu de tous les péchés qui s’y font ?
Que l’usage du fard est un péché, que c’est une invention du vice, qu’il ne donne que des faux attraits, que les hommes en sont généralement peu touchés, & qu’à la longue, il défigure le visage, & détruit les graces même qu’on esperoit d’y trouver. […] La vraie sagesse fuit avec soin tout péché, & les occasions de péché.