Le Théâtre devant réprésenter des actions humaines, soit les actions éclatantes des grands Hommes telles qu’on en voit dans la Tragédie, soit les actions communes des hommes ordinaires comme dans la Comédie, il est évident que l’art principal de ce Spectacle doit consister à imiter la nature, en sorte que le Spectateur croit voir ceux qu’on lui représente, et soit affecté de la même manière qu’il le serait si l’action représentée se passait réellement devant ses yeux.
Personne assurement ne méconnoîtra dans ces portraits la toilette & le visage d’une actrice & de toutes les femmes qui sont gloire de les imiter. […] Je ne suis pas moins surpris de le voir prosterné aux pieds de La Fontaine avec une vénération qu’on n’a pas dans ce siécle pour les livres saints ; il se tue à excuser son attentat, d’avoir osé travailler après ce prodige, & trouver dans cet auteur divin quelque legere négligence, qu’il a cru ne devoir pas imiter, quelques endroits qu’il a cru devoir retoucher, & qui en effet sont mieux que dans son modele. […] Cette fureur a été de tous les tems, comme de tous les pays ; César dit que les Bretons se servoient du Pastel, pour se donner un air terrible, & les femmes un air mâle ; glusto se inficiunt carnuo colore horridiores aspectu ; Martial se moque d’une femme qui se fardoit, ainsi ; barbara depictis venit baccauda britannis : baccauda, veut dire un ange à laver la vaisselle, à laquelle il compare cette femme, le bleu étoit alors la couleur cherie des Bretons, comme aujourd’hui le blanc & le rouge ; Pline prétend qu’on régardoit le bleu comme une couleur céleste, dont par réligion on peignoit les Dieux, & dans leurs fêtes ; les femmes pour les imiter, s’en enluminoient tout le corps. […] Les hommes efféminés qui les louent, & les imitent, ne sont pas moins faux.
Le dernier des Citoyens, alors, met toute sa gloire et tout son bonheur à l’imiter ; et il n’est point d’Ecrivain sensé qui ne se sente naturellement enflammé du désir de consacrer sa plume au développement de quelques vérités utiles.
On n’apréhende point d’être mis au rang des plagiaires, quand on donne au Hèros d’une Pièce nouvelle, les mêmes passions qui ont déja servi de matière à cent Tragédies : il suffit que le Héros qu’on fait agir soit d’un pays éloigné du Prince dont il imite les mœurs, & qu’il s’exprime différemment. […] Qu’il faudrait imiter les Poètes Tragiques.
Si ce qu'ils font n'est pas infâme, que n'imitez-vous ce que vous louez ? […] Imitez au moins les Barbares qui se passent bien de tous ces Jeux.
Quelques-uns ont imité la politique des Rois de Juda, qui proscrivant le culte des fausses Divinités, toléroient néanmoins les sacrifices que l’on offroit au vrai Dieu sur le sommet des montagnes, tout irréguliers qu’ils étoient, selon la loi de Moïse, Verumtamen excelsa non abstulit , dans la persuasion qu’il faut souffrir un moindre mal pour éviter un plus considérable.
J’avoue qu’il est mal aisé d’assembler tout ce qui est nécessaire à la composition de cette sorte d’ouvrages, d’autant plus qu’il y a peu de modèles dans ce genre d’écrire, et peu d’Auteurs qui soient d’humeur de les imiter.
C’est pourquoi, comme Sénèque l’a fort bien remarqué dans l’une de ses a Epîtres, il faut imiter ce que l’on voit faire sur le Théâtre, ou en avoir de l’aversion.
Si, dans les ouvrages de belles Lettres, les Savants ont soin de laisser au Lecteur intelligent le moyen d’occuper son esprit, soit en devinant, ou même en ajoutant quelque fois aux idées qui lui sont présentées, et que l’Auteur, dans cette intention, n’aura pas tout à fait développées, j’ai cru que je ne pouvais rien faire de mieux que d’imiter une conduite également sage et utile ; parce qu’elle ne dérobe rien au Lecteur ignorant (pour qui il y en a toujours assez) en même temps qu’elle procure un vrai plaisir au Lecteur de génie et de goût, qui est bien aise de pouvoir mettre quelque chose du sien à sa lecture.
Le Prince imitera donc David ; s’il chante ce sera pour louer Dieu, et dans la Musique où les autres se divertissent, il s’instruira de son devoir, et pensera qu’il n’est assis sur le Trône que pour entretenir cette agréable harmonie qui fait la paix et le bonheur des Royaumes.
L’Auteur s’est proposé d’imiter M. de Fenelon, & de faire de son Néoptoleme une suite de Telemaque. […] Je ne sais si l’Editeur qui l’a publié, aura bien pris les allures, la naïveté, l’énergie de son modele, pour les licences qui lui sont familieres, ne doutons pas qu’il ne les ait imitées & même surpassées. […] Il faut n’imiter que la belle nature ; le reste déplaît en peinture comme en réalité. […] Santeuil chante les Saints, & Gourdan les imite.
C’est se jouer de tout, & imiter le théatre, qui met sur la même Scène Mathan & Joyada, Aman & Mardochée. […] Ils se sont gloire d’imiter Racine dans ses écarts ; que ne l’imitent-ils dans ses vertus ! […] La Champmelé, amante & eleve de Racine, n’eut pas le bonheur de l’imiter, elle lui fut infidele & fit d’autres amans, continua à sêduire, vécut & mourut actrice, admirée dans son art, méprisée par la vertu.
Je pense donc que presque tous les peuples qui habitent aujourd’hui l’Europe ne font, dans leurs Jeux et dans leurs Spectacles, qu’imiter imparfaitement ce que leurs Pères avaient exécuté avec plus de régularité et de magnificence.
Si le Gouvernement dissimule certains abus parce qu’il en résulte un avantage, les Auteurs doivent imiter sa discrétion et ne pas trop appuyer sur cet abus, et c’est à cet égard qu’on pourrait être de votre avis et reconnaître que le Gouvernement a quelque influence sur le spectacle. […] Si nos petits-Maîtres n’ont pas moins de confiance dans leur esprit, dans leurs manières que du temps de Molière, au moins savent-ils que les femmes les trouvent très sots quand ils le laissent entrevoir, que ce n’est pas un moyen de plaire que de faire comme on faisait autrefois l’éloge perpétuel de sa figure et de son ajustement, qu’un moyen sûr de révolter le Sexe contre eux serait d’imiter les Mascarilles de Molière, en faisant à tous propos l’énumération de ses conquêtes. […] Les ridicules lassés de voir rire à leur dépens, les vices fatigués d’être contrariés ont pu prendre une autre forme et se cacher sous un autre déguisement : c’est l’affaire des Auteurs du siècle, d’imiter Molière et de leur arracher le nouveau masque qui les déguise. […] Des actions d’autrui l’on nous donne le blâme […]. » ai Ce ton comique vous révolterait dans la bouche d’un sage, aussi n’est-ce pas le style que je proposerais d’imiter, mais l’emploi de ces mêmes arguments en style plus grave contre les abus du point d’honneur mal entendu. […] Ce serait ici le lieu peut-être de vous faire part de mes réflexions sur votre mauvaise critique de la Musique Française et d’attaquer votre préjugé ridicule pour la Musique Italienne ; mais comme l’objet occasionnerait une trop longue digression, j’aime mieux la renvoyer à la fin de cet ouvrage pour ne point imiter votre désordre et sautiller d’un objet à l’autre comme vous faites.
La même reflexion a dû faire sentir à tous leurs Poëtes, que puisqu’ils vouloient imiter une Action, il falloit que l’imitation rendît l’Action telle qu’on l’eût vue se passer, si on y eut été présent : de-là les trois Unités, tellement nécessaires, que si l’une manque, toute vraisemblance disparoît.
Il se livrait donc sans peine à la supposition sur laquelle les incidens de la Pièce sont fondés, au lieu que nous avons beaucoup de peine à nous prêter à cette supposition, dans la Représentation des deux Pièces* que Molière & Renard ont imitées de Plaute.
Si donc il est arrivé que le libertinage des Acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des Ames Chrétiennes, il ne faut en cela qu'imiter les Empereurs qui n'ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d'en réformer l'abus, et d'imposer des peines rigoureuses contre ceux qui par leurs désordres corrompaient l'excellence de cette Poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout, et conserver un art qui peut plaire.
C’est pourquoi s’il s’en trouve parmi eux quelques-uns qui suivent encore la folie des Juifs, ou qui imitent l’erreur et l’extravagance des Païens, par les danses et par d’autres divertissements indignes ; qu’ils apprennent que c’est abuser d’un temps, qui est tout consacré à la prière, que de l’employer à la recherche de son plaisir ; et que c’est irriter Dieu, que de s’occuper à des exercices qui ne servent qu’à la satisfaction des sens ; lorsqu’on devrait être prosterné devant sa majesté, pour l’adorer, et pour invoquer sa miséricorde.
Conteours ou Conteurs inventaient des Historiettes en prose qui ont été imitées par Boccace, et comme sont aujourd’hui nos contes des Fées ; et les Jongleours ou Jongleurs jouaient des instruments.
L’Angleterre s’honore de l’avoir produit, & le met à côté de Neuton : elle a institué pour lui une fête dramatique, que notre théatre a imité en l’honneur de Moliere, quoiqu’avec moins de pompe & d’enthousiasme. […] On peut douter si le jardinage a beaucoup gagné à cette anglomanie, désavouée peut-être par les anglois mêmes, qui vient de bouleverser tous nos jardins, proscrire la ligne droite, l’ordre simétrique, les formes régulieres, avec les décorations & les points de vue qui en résultent ; offrir des rivieres sans eaux, des montagnes faites à la main, des palais déguisés en masures, des irrégularités étudiées, des accumulations grotesques d’objets disparates, parodier d’une maniere mesquine & bisarre le grand tableau de la nature, tourmenter cette nature, sous prétexte de s’en rapprocher, la contrefaire aulieu de l’imiter, la défigurer pour l’embellit : voilà le théatre, les drames à deux, à quatre, à cinq actes, ces fragmens qui font un ouvrage de marqueterie à pieces rapportées, ces malheureux qui se tuent en chantant & en dansant, ces bergers qui fredonnent des ariettes, ces paysans ingénieux & courtisans, ces héros petits-maîtres, ces actrices prudes, ces conversations en sentences, cette philosophie que personne n’entend, cette licence modeste, cette malignité bienfaisante, &c. […] Terence, dans l’apologie de l’Andrienne, dit qu’il aime mieux imiter l’heureuse négligence des uns, que d’observer l’exactitude des autres. […] Avec les mêmes instrumens de musique, il imite le chant des oiseaux, le bruit des quadrupedes : on croit entendre un rossignol, un corbeau, un dindon, un bœuf, un âne, &c.
Quoique l’Action qu’il imite soit véritable, il n’est pas moins créateur & auteur de sa Fable, parce que l’œconomie avec laquelle il l’a disposée, est ce qui en établit la vraisemblance. […] Elle est bien plus parfaite, quand l’Action qu’elle imite est implexe, quand elle a une Péripétie, ou une Reconnoissance, ou l’une & l’autre, & quand l’une & l’autre naît du Sujet. […] Les Modernes ont permis (mal à propos peut-être) à la Comédie, parce qu’elle imite des Actions ordinaires, de parler le langage ordinaire : mais la Tragédie, si elle parloit ce langage, n’auroit plus de Grandeur. […] C’est cette mélodie que tache d’imiter le Musicien qui compose un Air triste : s’il est bien composé, nous le chantons avec plaisir, en goûtant l’imitation de la tristesse, mais un homme plongé dans une douleur véritable ne le chanteroit pas, & même ne voudroit pas l’entendre chanter.
La Comédie Grecque excita l’admiration de ces Républicains, par sa perfection : ils résolurent de l’imiter, de se l’approprier ; car l’art Dramatique ne pouvait pas se transplanter comme la Peinture, la Sculpture, l’Architecture : ces derniers Arts sont comme les arbres qu’on enlève, & qu’il suffit de placer dans un terrein convenable, pour qu’ils reprennent ; au lieu que la Comédie, ressemble à un Edifice, qu’on peut copier, imiter, mais qui reste attaché au sol sur lequel il a été élevé. […] Dans le même temps, les Clercs Basochiens imitèrent Aristophane, leurs Pièces, qu’ils apelaient Moralités, dégénérèrent en Satyres personnelles ; le Parlement fut obligé de les réprimer. […] – Nos voisins nous imiteront bientôt […] D’ailleurs, on peut imiter les Salles, les Décorations, mais les Pièces, c’est une chose moins facile.] […] Tite-Live dit, que les Enfans imitèrent les Comédiens qu’on avait fait venir de l’Etrurie ; & que c’est à cette imitation qu’on doit l’origine des Atellanes.
De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] L’Acteur s’étudie à vous imiter ; il seroit parfait, s’il vous rendoit parfaitement. […] De simples bourgeois se donnent les airs d’avoir un théatre chez eux, & en cela, comme dans tout le reste, ces singes-là ont parmi le peuple d’autres singes qui les imitent.
Quelle facilité de les imiter, multipliés de tous côtés, étalés avec avantage, offerts avec empressement, loués à l’excès, goûtés avec transport, invitant, pressant avec une sorte de violence ! […] n’y tâche-t-on pas d’en imiter l’enchantement ? […] Le théatre s’est avisé d’imiter l’Académie.
Pour trouver ce remede efficace, il faut imiter la conduite d’un Médecin courageux & prudent, qui remonte à la source du mal, & qui ne s’arrête point aux topiques lorsqu’il a quelque lieu de craindre les progrès de la maladie. […] Ils imiteront la conduite des abeilles, qui tirent quelquefois un miel salubre des plantes venimeuses.
La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. Oui, ces peintures outrées qui ne corrigent personne ; c’est une vérité reconnue jusques dans les écrits de leurs plus éloquents défenseurs, ont beaucoup contribué encore à augmenter le nombre des méchants en fournissant de bons modèles à la multitude des gens enclins au mal, qui ne les auraient jamais imaginés, et qu’ils se sont fait l’habitude d’imiter ou servilement, ou avec des modifications selon les circonstances.
Nous fûmes très-longtems sans oser, comme nos Voisins, imiter les Grecs : enfin cette fureur nous saisit aussi. […] Après que notre Garnier eut fait voir sur son Théâtre la Captivité de Babylone, & Nabuchodonosor avec son Prevôt d’Hôtel, faisant crever les yeux à Sedecias ; Hardi, son successeur, loin d’avoir l’ambition d’imiter les Poëtes Grecs, ne prit pour guide que les caprices de son imagination.
Les Auteurs se contentent bien souvent d’imiter le sujet & même la marche des Drames qu’ils parodient ; mais ils ne les copient pas si fidèlement qu’on puisse dire que leurs Ouvrages soient trop ressemblans : ils font agir des Personnages différens, qui éprouvent les mêmes situations ; en sorte qu’ils paraissent composer un Poème nouveau, lorsqu’ils ne font que le calquer sur un modèle.
Les quatuor & les quinqué sont éxcellens pour répandre de la chaleur dans un Poème comique, & pour imiter cette confusion, ces querelles de gens qui parlent tous à la fois.
C’est un homme si digne d’être imité que monsieur Des Tianges !
.… nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron. » C’est ce divin modèle du Fils de Dieu qu’ont toujours suivi et imité tous les véritables Pasteurs : Et l’Eglise n’en honore aucun comme Saint, dont elle ne puisse dire ce qui est marqué dans le Bréviaire de Paris pour le commun des Pontifes : « Ille non vano tenuit tremendam Spiritu sedem, proprio nec ausu, Sed sacrum jussus Domino vocante Sumpsit honorem. » Les Saints n’ont pas seulement été éloignés de cette ambition pour les charges de l’Eglise, qui fait, pour parler conformément à votre allégorie, que l’on se jette après, qu’on tâche de s’en saisir et qu’on y court en dansant, c’est-à-dire dans une disposition bien contraire à cette crainte et cette frayeur que leur humilité leur a toujours inspirée, mais ils ont encore marqué quels étaient sur cela leurs sentiments, et qui selon eux étaient les plus dignes de ces charges.
Le Théatre n’est que le Paganisme mis en drame, chanté, joué, imité par d’autres libertins. […] Il n’est pas inconnu au théatre, au bal, à l’opéra, où souvent on prodigue les pierreries, les étoffes les plus précieuses, l’or, l’argent, l’ivoire, le cristal, & toujours on l’imite par des diamans faux, & on l’étale dans la peinture des décorations, pour satisfaire le goût du luxe. […] De là Lucain passe à la description du repas donné par Cléopatre, ce qui n’est que trop imité par le raffinement de la délicatesse, du luxe ; le ciel, la terre, la mer, le nil, ont fourni des animaux de toute espece, les mets y sont servis dans des plats d’or, on y boit du vin exquis dans des vases de pierres précieuses, les liqueurs y sont conservées dans le cristal, on y est couronné de roses, & parfumé d’essences. […] Ce rouge Dauphin ne desseche point la peau, & ne lui fait contracter aucune ride ; il l’adoucit au rontraire, & en conserve l’uni, la finesse, la douceur, la fraîcheur, la couleur, l’éclat, & lorsqu’il est adroitement appliqué, il imite, à s’y tromper, la plus vive incarnation.
Les Peuples modernes loin de les imiter, font entrer dans leurs Pièces le plus d’intrigue qu’il leur est possible. […] Les Auteurs d’Opéra-Bouffons, ou de la Comédie-mêlée d’Ariettes, devraient bien s’éfforcer d’imiter dans leurs Vaudevilles, l’Auteur immortel dont je parle ici.
Nos théâtres modernes les ont imités, et depuis Molière jusqu’aux derniers opérasf on trouve mille endroits, et même des scènes entières, où les Comédiens se décèlent, se trahissent les uns les autres, et se font mépriser en se dévoilant. […] Pour imiter les Chrétiens, qui s’abstenaient du théâtre, il défendit à ses Prêtres d’y aller.
Il n’est pas douteux que nos Prélats, qui sont Papes dans leur Diocèses, n’imitent parfaitement leur chef, & que par leur éloignement du monde des femmes, du jeu, de la bonne chere, de la chasse, des spectacles, &c. […] Ses deux Vicaires qui confessoient aussi, & l’avoient imité subirent le même sort, les actrices triompherent, la piece fut jouée avec encore plus d’éclat ; il y eut bal, on dansa toute la nuit, on y fit toutes sortes de folies. […] J’avoue que je ne voulois entrer à l’opéra que dans la vuë d’imiter mes compagnes, & d’arriver comme elles au bonheur, par la route du plaisir.
Car ces eaux attirées & retirées avec tant de promptitude & de justesse, ne sont que des galanteries imitées & qu’un reste des vieilles imaginations & des succez precedents.
Les Nations modernes, ont encore imité les Anciens dans cette partie du Dramatisme : dès l’année 1662, on vit à Paris, à la Foire St-Germain, la Troupe d’Enfans nommée la Troupe du Dauphin, sous la Direction du sieur Raisin & sa femme : on se rappelle avec plaisir, que le fameux Baron sortit de cette Ecole.
la Tragédie ayant été comme une même chose, avaient eu même nom au rapport d'Athénée, et se nommaient toutes deux Comédie, et que nous avons insensiblement imité cette façon de parler, comprenant sous ce nom de Comédie toute sorte de Poèmes Dramatiques ; et sous celui de Comédiens tous ceux qui font profession de les représenter en public.
Mon véritable sentiment serait donc que l’on imitât, en cela, les Anciens qui ont diversifié la Comédie, en l’accommodant au temps, aux mœurs et au goût des Spectateurs.
Ouvrage facile, qui a été depuis si bien imité, qu’on n’a presque fait que le copier, dans les innombrables colloques qu’on a mis sur le théatre, sous le titre de pastorale. […] Le nouvel Ovide a pris l’ancien pour modele : même doctrine, même licence d’idées & d’images, peintures aussi lascives ; il le copie, le traduit souvent, l’imite par-tout, c’est même son caractere. […] Il affecte fort injustement de mettre les galanteries sur le compte des religieux & des ecclésiastiques : ce qu’ont imité Rabelais, la Reine de Navarre, Lafontaine ; comme si la sainteté de l’état étoit un sel plus piquant. […] Pour cette raison, je n’ai été attentif qu’à remarquer son ton de voix, ses gestes, ses expressions pour les imiter.
E Ntre les diverses inclinations qui emportent & qui agitent le cœur de l’homme, il y en a une certaine si cachée dans son origine, & si bizarre dans ses effets, qu’on a peine d’en découvrir la cause, & d’en reformer les dereglemens, c’est que la nature luy a donné un si furieux penchant, & une si grande facilité à imiter tout ce qu’il voit faire aux autres, que comme s’il étoit incapable de se determiner de luy-même au vice ou à la vertu, toute sa vie se passe à considerer les actions des autres, & à se les proposer comme des originaux dont il s’efforce de faire des copies, & à se rendre bon ou méchant par imitation. […] Voilà M. le doux poison de la vie civile & la maladie contagieuse qui corrompt les meilleurs naturels, lors qu’ils imitent plutôt les vices d’autruy qui nous entraînent par une force agreable, & qui flatte la nature, que les vertus qui nous attirent par un charme contraire, qui choque ses inclinations : & c’est si je ne me trompe cette pernicieuse inclination d’imiter tout ce qui se passe dans le monde, qui a donné le commencement à la comedie, & la naissance aux Comediens. […] Il est vray que les sages du paganisme avoient fait du theatre une école publique, pour inspirer avec plaisir l’horreur du vice, & l’amour de la vertu : & que les Poëtes qui étoient les Theologiens des Gentils avoient inventés les pieces comiques & tragiques pour une bonne fin ; en effet, ceux qui ont étés les juges plus favorables de leur intention, ont voulu nous persuader que ces autheurs n’avoient pretendus autre chose, sinon de purger la volonté de ses passions dereglées, par la representation de la tragedie, dans laquelle le theatre étoit toûjours ensanglaté par la mort des vicieux, & par le châtiment des coupables ; & de purger l’esprit des opinions erronnées, par la representation des comedies, dans lesquelles on tournoit en ridicule les autheurs de la fausse doctrine, & les maîtres des méchantes opinions : mais comme la poësie qui a été employée à ces sortes d’ouvrages s’est corrompuë parmi les Payens, elle a donné plus de force au vice pour le faire suivre, que de charme à la vertu pour la faire imiter. […] Mais je ne m’en étonne pas, c’étoit un artifice des puissances du monde & de l’Enfer : car comme elles craignoient que la fureur & la tempête de la persecution ne pût pas ébranler la fermeté de la religion Chrétienne, elles ont eu recours à la superstition & à la comedie pour en alterer au moins la pureté ; & c’est pour reussir dans cette entreprise que le demon qui est, dit Tertullien, le rival de Dieu, & le copiste de Jesus-Christ, a imité & contrefait les mysteres de la religion, & les Sacremens de l’Eglise, pour opposer Eglise contre Eglise, & Religion contre Religion, & partager ainsi avec luy les adorations & les sacrifices.
C’est en voulant imiter ce qui se pratique à ce Spectacle, que quelques Musiciens ne sauraient composer une Ariette sans l’annoncer par une Simphonie. […] Il faut encore que le Rithme soit court ; pour être tout à-fait lyrique, & prêter plus de graces & de légèreté au chant : imitons en cela les chœurs des Pièces Grecques & les Poètes d’Italie.
De même que quand le Comédien Théodore joue, ce n’est par Théodore qu’on croit entendre, mais le Personnage qu’il imite ; le Poëte pour cacher son artifice, ne doit employer que les mots qui sont le plus en usage. […] Parce que dans celles-ci l’Amour parle son langage véritable, ce qui, malgré les intentions de l’Auteur, doit les rendre très-dangereuses, quand elles sont représentées par des personnes habiles à imiter la Nature.
Les imitations du théâtre n’exigent que des pleurs ; au lieu que les objets imités exigeraient de nous des soins, des soulagements, des consolations dont on veut s’exempter. […] Au contraire, nous estimons comme gens d’un bon naturel ceux qui, vivement affectés de tout, sont l’éternel jouet des événements ; ceux qui pleurent, comme des femmes, la perte de ce qui leur est cher ; ceux qu’une amitié désordonnée rend injustes pour servir leurs amis ; ceux qui ne connaissent d’autre règle que l’invincible penchant de leur cœur ; ceux qui, toujours loués du sexe qui les subjugue, et qu’ils imitent, n’ont d’autres vertus que leurs passions, ni d’autres mérites que leur faiblesse.
Les Casuistes ne sont point rares dans la capitale du Royaume ; il falloit interroger la Sorbonne : le Prélat, les Pasteurs vous auroient répondu volontiers ; mais vous vouliez être autorisée, & désesperant d’en tirer un avis favorable, vous avez imité les Rois d’Israël, qui consultoient les faux Prophétes : semblable à ces enfans du mensonge dont parle Isaie, qui disoient aux Prophétes : Ne nous annoncez aucune vérité fâcheuse, ce sont des oracles conformes à nos inclinations, que nous attendons de vous ; n’importe pas que ce soit des erreurs, pourvû qu’elles nous plaisent1.
Non, Mademoiselle, parce que c’est un chrétien qui les lui suppose, ce sont des chrétiens qui les écoutent, qui les admirent, & qui dès-là sont tentés de les imiter.
Mais pour remonter plus haut, Aristote nous en instruit par un beau discours en ses Problèmes, où il écrit que les tons ou modes qu'il nomme Soudoriens et Souphrigiens, qui étaient deux manières de chanter, n'étaient point usités dans les chœurs des Tragédies, parce qu'ils n'étaient pas assez doux et modérés, et qu'ils étaient magnifiques, impétueux et violents, mais au contraire, ils étaient propres et familiers aux Scéniques, parce que la scène imite les paroles et les actions des Héros ou Demi-Dieux, c'est-à-dire des Chefs des Armées, dont les anciens faisaient seulement leurs Héros ; ceux des autres conditions n'étant estimés que de simples hommes.
Je ne craindrai toutefois de dire et affirmer que de mon temps et demeure à Paris, ville beaucoup libertine et toutefois couverte d’une grande apparence et montre de la religion Catholique en cérémonies externes, je n’y en remarque chose plus professant le paganisme et blasphématrice contre Jésus Christ et sa très mémorable passion que les jeux, lesquels je désirerais que ceux de notre université eussent plus raisonnablement et louablement condamnés et fuis que imités ou tolérés les jours des saints Dimanches et autres fêtes solennelles principalement.
Molière dans le plus grand nombre de ses Pièces a été imitateur, il n’a inventé que la moindre partie de son Théâtre ; j’observe donc que lorsqu’il a imité, si la source où il puisait n’était pas pure, ses Comédies ne sont pas assez correctes : et de là vient qu’il nous a donné plusieurs Pièces où les bonnes mœurs ne sont pas toujours régulièrement conservées ; au contraire lorsqu’il a inventé, il nous a fait connaître combien il était exact observateur des règles de l’honnête homme, en respectant les égards de la Société civile, et en ne donnant que des Pièces utiles pour la correction des mœurs.
A peine y en a-t-il un bon sur cent mauvais, & avec les couleurs les plus vives, les plus séduisantes, les plus propres à les faire aimer & imiter. […] C’est imiter le zele de S. […] Les Sages du Paganisme ont condamné les spectacles, surtout pour la jeunesse, non à cause de l’idolatrie, puisque c’étoit pour eux un acte de religion ; non pour l’impiété, ils respectoient leurs Dieux ; non pour l’obscénité, les tragédies grecques sont peu galantes, & certainement moins licencieuses que les nôtres ; mais par une raison prise du fond des choses, & de la nature même des spectacles, il ne faut pas allumer les passions de la jeunesse, elles n’y sont que trop vives, ni représenter même pour les blâmer, les vices qu’elle ne doit pas imiter, dont il faut lui donner de l’horreur & conserver l’ignorance, si elle est possible.
Lulli & Quinault en firent peu de temps après un assemblage de merveilles, que l’on admire & tâche d’imiter dans l’Europe. […] Il avance que la danse, la poësie, la musique sont intimement unies, ont la même origine, même objet, le même effet : elles imitent la nature, & rendent les sentimens & les faits. […] Panard, Chaulieu, & sur-tout Lafontaine, qui l’ont imité, valent mieux que lui.
Il a trouvé le merveilleux secret d’une colle ou pommade attractive d’une odeur très-agréable, qui a la propriété de faire tenir les toupets postiches sur la tête, de maniere qu’ils imitent parfaitement la naissance des cheveux, & font allusion à la chevelure la mieux plantée. […] Celle-ci suffit pour amuser, & c’est tout ce qui en est permis : mais il ne suffit pas pour en faire un spectacle ; elle doit peindre les passions & les inspirer, imiter leurs excès, ce n’est plus danser qu’imparfaitement : c’est un pantomime, une partie de la piece. […] Mercier, pour lui faire honneur, & se réconcilier avec les comédiens, en célébrant leur père, a exposé ses turpitudes sur le Théatre François, en traduisant la comédie-satyre de Goldoni & Moliere, & même y ajoutant & changeant des scènes, sous le titre de Moliere, drame en cinq actes, imité de Goldoni, par M.
quelle jeune personne ne les prend pour modelle, & ne se fait gloire de les imiter ? […] De toutes ces discussions théologiques il résulte que la comédie, envisagée dans la spéculation, par une abstraction métaphysique, n’étant que la représentation des actions humaines, est par elle-même indifférente, comme la peinture, la sculpture, l’histoire, le chant, &c. tout peint, tout imite : les enfans même savent contrefaire.
C’est un scandale ; & plus ces Dames sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus la plaie, qu’elles font, est profonde, parce qu’elles donnent plus de hardiesse de les imiter en celle-ci. […] Que cette Demoiselle imite les autres en leur devotion ; mais qu’elle ne les suive point dans leurs égaremens.
Je demande, si pour imiter la nature par exemple d’après un autre tableau, avec les secours des couleurs, il faut être animé de toutes ses lumières, instruit de tous ses moyens, enfin s’il faut être la nature même?
La crainte, l’intérêt, tout porte à imiter l’homme d’un rang élevé.
On veut encore que les Amans des Drames modernes ne se parlent qu’en se tutoyant ; il est vrai que c’est imiter la franchise, l’aimable simplicité des habitans de la campagne.
Il imite en cela sur-tout les Tragédies grecques.
Dans ton excellente farce de Scapin, Boileau ne la jugeoit pas telle, tu as pris de Cirano Bergerac, dans le Mysantrope tu as imité Lucrece ; les canevas Italiens, les romans Espagnols t’ont servi de guide. […] Enfin je crois avec Boileau qu’il tombe trop bas quand il imite le badinage de la comédie Italienne : Dans ce sac ridicule, &c. […] Quoiqu’après tout, elle peut servir à faire le procès aux modelles qu’on a rougi d’imiter. […] L’Auteur parcourt tous les comiques, anciens & modernes, bons & mauvais, pour découvrir en quoi Moliere a été imitateur, & en quoi il a imité, pour lui donner la palme.
L’Eglise a imité cet usage dans le Jubilé de l’année Sainte, espece de fête séculaire qui revenoit tous les cent ans, qu’on a depuis reduit à cinquante, & enfin à vingt-cinq ans, pour multiplier un si grand bien. […] Le second drame appellé la Centenaire, quoi qu’assez mal conçu, est mieux entré dans cet esprit, il est plus ingénieux dans le détail, c’est le revers de l’ombre de Moliere que l’auteur a voulu imiter ; celle ci, quoique peu de tems après la mort du poëte, suppose tous ses personnages morts comme lui, pour les avoir tous dans ses enfers, & les fait venir l’un après l’autre au tribunal de Pluton, accuser les critiques de Moliere, & par les réponses & le jugement du tribunal, fait indirectement la justification & l’éloge de l’accusé, ce qu’il fait souvent avec esprit. […] Les suites de Melpomene & de Thalie se joignent à elles, dansent, sautent, forment des marches, des danses, des divertissemens imités des comédies de Moliere, du Bourgeois Gentilhomme, du Malade Imaginaire, de la Princesse d’Elide ; tout ce bruit est terminé par des couplets qu’on recite & qu’on chante à l’honneur du demi-Dieu, placé dans le Ciel, c’est à-dire, du buste sur son pied d’estal.
Richelieu & Mazarin avoient fait des profusions énormes ; elles furent sans conséquence, personne ne se crut ni obligé ni en état d’imiter le premier Ministre. […] Jamais Prince ne le porta si loin ; on ne pouvoit sans l’imiter, l’approcher & lui plaire. […] Après avoir vu des décorations si brillantes, quelle femme ne s’efforcera de les imiter ?
Une des ruses de Satan pour détourner les âmes de la vie vertueuse, est de vouloir persuader au monde, qu’il n’y a point de plaisir en icelle, et qu’on n’y rencontre que des mécontentements, et des mélancolies ; qu’on n'y rit jamais ; on ne joue jamais ; on est en récollection, et Oraison continuelle : si bien qu’on tient les personnes dévotes, chagrines, stupides, critiques, insupportables, et pour cela on les appréhende si fort, qu’on ne veut pas se trouver en leur compagnie, ni les imiter en leur vie, de peur d’être privé de toute sorte de récréations. […] s’il arrive que vous soyez contrainte, soit par vos parents, soit par d’autres, à qui vous n’osiez pas refuser de vous trouver en des compagnies, où les discours récréatifs ont quelque chose de mal, et sont contraires à la volonté de Dieu : de peur d’y intéresser votre âme ; imitez Sainte Catherine de Sienne, dressez en votre cœur une cellule ou cabinet, et une secrète retraite, en laquelle votre esprit demeure, se retire, et traite avec Dieu ; lors vous y pourrez être, sans encourir aucun dommage, et quasi sans savoir ce qu’on y a dit, ou fait. […] N’imitez pas ces personnes ici, Ame Chrétienne, jouez selon vos moyens, et plutôt moins que trop, soyez l'avocat des pauvres, et pactisez avec ceux avec qui vous jouez en faveur des pauvres, afin qu’ils participent à quelque chose qu’on aura gagné au jeu.
Car on ne voudrait pas imiter ces Peuples qui n’ayant jamais pu garder pour leurs Souverains, une obéissance parfaite, ne veulent point d’autres Spectacles que la mort des Princes, et qui demandent toujours du sang dans les Tragédies, parce qu’ils ont peu d’humanité. […] Ceux qui se plaisent à ces livres, entrent insensiblement dans les sentiments des personnes dont ils lisent les aventures, et comme ils n’ont pas assez de force pour imiter leur vertu, tout le cœur se porte vers leur amour, le moindre mal qui en puisse arriver, est de se remplir l’esprit de toutes ces vaines idées de tendresse, qui nourrissent un esprit dans l’oisiveté, et qui ne tardent guère à gâter les mœurs. […] Il est vrai qu’il y a peu d’exemples à imiter sur ces sujets, à moins que de vouloir faire comme quelques Auteurs Latins de ces derniers temps, qui croient qu’il leur est permis de faire dire deux cents Vers de suite à un même personnage, pourvu qu’il dise de belles Sentences touchant la conduite des mœurs.
Quelque vifs que soient ces portraits, ils ne rendent que faiblement les Actrices de tous nos théâtres, et les Spectatrices, qui se font un mérite et une étude de les imiter. […] Ce n'est pas assez de ne pas les imiter, ne vous liez pas avec eux ; plût à Dieu pussions-nous en être entièrement séparés !
Qu’il faut en cela imiter les Nazaréens, qui s’abstenaient non seulement de tout ce qui pouvait enivrer, mais aussi des raisins et du verjus». […] Néron autrefois a monté sur le Théâtre, mais nous n’avons point, que je sache, d’exemples de Princes Chrétiens qui se soient piqués de l’imiter. […] « Or le Dimanche est institué, afin que nous nous reposions à son exemple. » « Donc ce repos se trouvant dans la Comédie, on peut y aller le Dimanche, afin d’imiter l’exemple que Dieu nous a donné. » D’où il s’ensuit que d’aller le Dimanche à la Comédie, ce sera un moyen de tendre à la ressemblance de Dieu, et par conséquent chose tout à fait méritoire. […] Mais ce qui est encore de plus surprenant, c’est qu’en cela même ils contribueront à la gloire de Dieu, en procurant un agréable repos à leurs Spectateurs, dans un temps où ils doivent en se reposant imiter son exemple. […] Mais le véritable repos de Dieu consiste dans des actions qui n’ont point de fin, c’est-à-dire, dans la contemplation et dans l’amour éternel de ses perfections infinies : et c’est ce repos que nous devons tâcher d’imiter les Fêtes et les Dimanches, en ne cessant point durant tout le jour de contempler les merveilles de Dieu, de lui donner des marques de notre amour, et de célébrer ses louanges, et non pas en allant à la Comédie.
C’est pourquoi nous ne faisons pas consister la chasteté, seulement en l’abstinence de la jouissance des voluptés charnelles ; mais aussi en celle des paroles et gestes peu honnêtes, lesquels aussi entrent sous le genre de telles débauches ; soit qu’on les profère ou qu’on les imite en particulier ; soit qu’on les exerce en public : mais surtout en ce dernier, pource que le danger est plus étendu, et la contagion plus grande, et que plus il y a de spectateurs et auditeurs, plus on y emploie d’artifices, attraits, et allèchements, qui sont aussi le plus souvent promis par exprès, ès affiches de ces ouvriers d’iniquité. […] On ne doit permettre ni entretenir en public, ce qui détourne les ouvriers et le peuple de leurs ouvrages ordinaires, et les accoutume à l’oisiveté et curiosité au préjudice de leurs familles ; ce qui détourne les jeunes enfants de l’obéissance due à leurs parents : ce qui les divertit de leurs études et autres exercices honnêtes ; ce qui débauche les serviteurs, au préjudice de leurs maîtres, et les rend négligents à leurs devoirs, et désireux d’imiter les fainéants auxquels ils voient qu’on applaudit. […] Car les ornements des Comédies et leur sujet pour le plus souvent, sont les adultères et larcins amoureux, d’où vient que la coutume de regarder et ouïr, apporte aussi la licence de les imiter. […] Certes, non seulement elles corrompent les tendres esprits des enfants, mais aussi elles tentent la pudicité des femmes plus chastesbw, lesquelles sont induites non seulement à ouïr leurs inepties bouffonnes, mais aussi à imiter les actions, desquelles elles regardent attentivement les spectacles.Finalement, nous pouvons définir les Théâtres, la sentine et l’école de toute infameté, et de tous vices. […] Peut-il regarder vers ceux qui font les insensés ès cirques à la façon des bacchantes, et qui prennent plaisir de voir imiter les sales amours ès théâtres ?
Il suffit qu’on emploie ces deux choses dans des combinaisons différentes, pour que l’on ne soit point accusé de rien imiter.
Le Stile que Moliere imita dans ses Précieuses Ridicules, étoit alors à la mode, & avoit séduit des gens d’esprit.
« Mimorum, hoc est Histrionum mores hominium gestu corporis imitantium. » il entend par le mot de Mimes, les Histrions, qui par leurs postures imitaient toutes les mœurs des hommes.
Le grand principe qui nous fait voir que Jésus-Christ condamne les divertissements mondains, est qu’il a ouvertement déclaré qu’il était impossible de se sauver sans porter sa croix, et sans imiter sa vie souffrante.
Les gens de génie respectent ce modèle et l’imitent, et ce n’est qu’aux pièces les plus estimées des Français philosophes, que les étrangers rendent hommage.
Mais ce n’est pas de cela qu’il est question ; c’est d’agir conséquemment à ses principes et d’imiter les gens qu’on estime. […] Sénèque n’a point mis d’amour dans la sienne, et puisque l’Auteur moderne a pu se résoudre à l’imiter dans tout le reste, il aurait bien dû l’imiter encore en cela. […] Je sais que le jeu du Comédien n’est pas celui d’un fourbe qui veut en imposer, qu’il ne prétend pas qu’on le prenne en effet pour la personne qu’il représente, ni qu’on le croie affecté des passions qu’il imite, et qu’en donnant cette imitation pour ce qu’elle est, il la rend tout à fait innocente. […] Si mes écrits m’inspirent quelque fierté, c’est par la pureté d’intention qui les dicte, c’est par un désintéressement dont peu d’auteurs m’ont donné l’exemple, et que fort peu voudront imiter. […] [NDE] Aristote, Poétique, Chapitre II, V : « [C’est la même différence qui permet à la tragédie de se distinguer de la comédie :] l’une entend en effet imiter des hommes pires, l’autre meilleurs que les contemporains.
Les femmes de Cour imiteront la Reine, les bourgeoises imiteront les femmes de Cour, & Dieu sait si les maris en patiront ; mais ce qui nous chagrine le plus en Glorieuse, elle ne va pas rondement en besogne ; par exemple on ne connoît rien à sa beauté, la nuit elle est tout autrement que le jour.
Cet ornement d’une belle robe est devenu chez les Dames de haut parage une piéce importante de la parure, & l’art du caudataire un des beaux arts, un des arts libéraux, qu’on a grand soin de leur faire apprendre, & exercer, pour bien imiter toute la grace & l’adresse des animaux. […] Tertullien de Pallio tient le même langage, & appelle effeminés les hommes qui portent ces robes longues & flottantes sans ceinture, comme celles des femmes, dont ils imitent les mœurs en prenant leurs habits.
Pasquier prétend que c’est encore l’origine de la poésie galante, des aventures romanesques aussi dangereuses qu’agréables, qui louent autant le vice que la vertu, ou plutôt qui inspirent le vice & dégoûtent de la vertu qu’on a imité des Grecs & des Arabes ; il est vrai que les Troubadours ces Poëtes coureurs, ces avanturiers d’amour, ces charlatans du Parnasse n’ont paru qu’alors, & porté de toutes parts leurs licencieux fabliaux, leurs romans, leur poésie amoureuse & très-maussade. […] Ne faut-il pas en prendre les odeurs comme les habits pour les mieux imiter ?
La différence des vices des rois & des vices des sujets n’est pas facile à comprendre ; les mauvais exemples produisent par-tout le même effet, & ceux de particuliers sont plus dangereux, parce qu’ils sont plus à la portée, & plus faciles à imiter. […] Dans le dernier siecle on inventoit, aujourd’hui on imite : encore si ces imitations étoient fameuses.
N’est-il pas juste qu’un grand maître appuie sa doctrine par ses exemples, & que ses admirateurs & ses élèves l’imitent ? […] Puisqu’on fait honneur d’un tel maître à la philosophie, on peut croire que les sages ne rougissent pas d’imiter celui qu’ils se font gloire de s’associer.
Il est d’abord singulier qu’on veuille mettre une différence entre les anciennes & les nouvelles pieces de théatre, tandis que tous nos dramatiques se piquent & se font un devoir & un mérite d’imiter les anciens. […] On voit bien que nous imitons les anciens.
…… Il faut attendre : tant-pis & pour nous & pour lui, s’il veut toujours imiter. […] Elle parodie mademoiselle Dumesnil, en voulant l’imiter.
Ils connaissaient le théâtre Grec et Romain, ils connaissent le nôtre, et sont à portée de l’imiter ; vit-on jamais de Juif, ni auteur, ni acteur, ni spectateur ? […] Pélegrin, Voltaire, tous les autres Poètes imitent leur maître.
Les juridictions subalternes ayant voulu avoir leur basoche, il les soumit à celle du Parlement, et chaque classe du Parlement ayant imité celle de Paris, elle eut aussi sa basoche, mais moins privilégiée que celle de la Cour des Pairs. […] On ne connaissait alors que les Mystères des Confrères de la Passion, qu’ils voulurent imiter, et qui étaient des exercices de religion.
Quelques Papes ont été plus vicieux, comme Alexandre VI, un de ses prédécesseurs, aucun n’a approché de son luxe & de son faste ; ce défaut dont on ne se défend pas, dont on se fait gloire, que le public se fait honneur d’imiter, fut-il exempt de vice grossier, ce qui n’arrive jamais, est plus nuisible au bon gouvernement, que le vice même qu’on cache, qu’on punit dans les autres, & qu’on n’affecte pas d’imiter. […] Je ne doute pas que la sale de l’opéra n’imite enfin celle du théatre de Parme, elle mérite de voir servir tous les élémens à sa décoration, & ses murailles sont dignes du grand Prince qui daigne loger dans son Palais les divinités qui y étalent leur gloire.
S. tête imite celle de Moïse, qui descendit tout rayonant de la montagne. […] Quand je parle du luxe des femmes, je n’exclus point ces hommes effeminés, Ochon, Heliogabale, Comode, & ces élégans Seigneurs, qui parmi nous les imitent. […] L’empire des Grecs, qui imita les désordres de Rome, & peut-être les surpassa, subit la même destinée.
Je suis mondain , dit-il, je fais gloire de l’être ; j’ai des passions, je serois bien fâché d’en manquer ; j’ai beaucoup de richesses, & j’en désire encore ; j’aime les plaisirs honnêtes, je les quitte le moins que je pris, je les conduis d’une table delicate à des jeux amusans, que j’intéromps pour pleurer les malheurs d’Andromaque, en-rire des boutades du Misantrope ; je me garderai bien de les imiter. […] La licence de ses écrits, sa morale épicurienne souilloit une vie qui ne suivoit de religion que la volupté ; des mœurs qui ne connoissoient point de décence lui ouvrirent les cœurs des libertins, & lui donnèrent encore des lecteurs, des admirateurs, des proselytes qui se font gloire de l’imiter, & meritent de l’obtenir ; mais lui fermerent la porte de l’Académie Françoise, où il eut la présomption de solliciter une place. […] Ce trait, s’il est vrai, paroît imité de la fondation de Carthage, où l’on accorda à Didon autant de terrain qu’elle pourroit en occuper avec le cuir d’un bœuf.
Je n’eus pas vu plûtôt mon ami sur la scene applaudi, chéri, caressé, estimé, comme il le mérite, par les gens les plus respectables, que je fus convaincu que je ne pouvais prendre un meilleur parti que de l’imiter : mais les circonstances ne me permettant pas d’aspirer au Théâtre de Paris où quelques talents que j’eusse possedés, j’aurais été un sujet superflu surtout pour le genre que je me promettais d’adopter. […] Qu’il me prouve auparavant que Sidney h, la Tragedie d’Edouard IIIi ., la Comédie du Méchant j aient scandalisé personne ; qu’il me prouve clairement le danger qui peut résulter des maximes sages qu’il a repandues dans ses Ouvrages ; qu’il me prouve clairement qu’on se damne en mettant en action un traité de morale et j’imiterai sa conduite. […] Rousseau un fripon, l’engager à m’imiter et à avouer, comme il le pense sûrement, que les Comédiens qui jouent des valets et des arlequins ne sont pas non plus des Coquins.
Les Histoires Saintes n’ont pas été écrites pour donner du plaisir aux peuples, mais pour les porter à imiter les vertus des Saints qui seraient profanés dans des bouches impures, et par des misérables qu’on a bannis du commerce des gens de bien.
Mais après tout, quand les loix civiles autoriseroient la comédie ; quand au lieu de flétrir comme elles ont toujours fait les comédiens, elles leur auroient été favorables ; les Prélats & les Prédicateurs, doivent imiter les Chrysostômes & les Augustins qui pendant que les loix ne pouvoient déraciner tous les maux, ou les souffroient, ou les permettoient, ces grands hommes disoient hautement que ces abus & ces désordres étoient réprouvés par la loi de l’Evangile. […] On s’autorise des choses qui se représentent sur les théâtres, & dès-là qu’on ne les regarde plus comme des crimes, ce sont des exemples qu’on croit devoir imiter. […] Ne la regarde-t-on pas comme une belle foiblesse qu’on propose à imiter ? […] Car enfin, ce n’est pas pour vous seuls qu’une piece est représentée : or, en supposant que vous y fussiez insensible par la disposition de votre cœur, ne péchez-vous pas toujours par le mauvais exemple que vous donnez en y assistant, qui autorise tant d’autres à vous imiter ? […] Mais c’est à l’Eglise, à ses Ministres, d’imiter dans ces circonstances, les Augustins, les Chrysostômes, les Ambroises, de réclamer les droits de l’Evangile, de crier au scandale.
Dites donc plûtôt, qu’elles vous sont un exemple de scandale, pour les fuïr, & non pas un exemple d’édification, pour les suivre, & les imiter.
Dès que l’expérience eut prouvé le contraire, on cessa d’être copiste, & l’on se rendit digne à son tour d’être imité.
Les Grecs établirent beaucoup d’ordre pour les Places ; & les Romains les imitèrent.
Il a voulu peut-être imiter M.
Mais c’est à l’Eglise, à ses Ministres d’imiter dans ces circonstances les Augustins, les Chrysostomes & les Ambroises, de réclamer les droits de l’Evangile, de crier au scandale. […] Précisément, parce que rien, dit-il, n’est plus contraire à l’honnêteté publique & particuliere que d’imiter, soit par représentation, soit par fiction, ce qu’il ne peut jamais être permis de faire.
Je vous demande si jamais vous n’avez entendu sortir de ces bouches impures que des paroles chastes & mesurées ; si jamais vos yeux & vos oreilles n’ont rien rencontré dans les Spectacles, qu’on dit être les plus châtiés, qui pût alarmer la modestie ; si vous voudriez imiter, ou si vous souffririez dans les personnes dont la conduite vous est confiée, les parures indécentes, les manières lascives & dissolues, l’air d’effronterie & d’impudence qu’on étale sur le théâtre ; si vous adopteriez le langage qu’on y parle ; & si enfin vous n’avez jamais rougi, en souriant à des propos que vous auriez honte de répéter ? […] Non : si les Auteurs dramatiques qui les ont prises pour modèles, en ont imité les beautés, ils en ont encore plus copié les vices.
Bourdoise, les courtisans qui hantent le beau monde craignent de passer pour mal propres & peu ajustés, & ne veulent imiter que les femmes & les Marquis, non les vrais Ecclésiastiques, qui ne doivent hanter que des gens sortables à leur état, & ne faire paroître que simplicité aux habits, modestie aux gestes, retenue aux paroles. […] L’un des traits qu’il donne à l’homme impudique, dans ces caracteres que la Bruyere a traduit & imité, c’est d’aimer les bonnes odeurs.
Le Pervigilium Veneris de Catulle, tous les anciens épithalames, qu’on imite de nos jours, étoient de vraies prieres religieuses. […] L’Auteur de la vie de Moliere convient de tous ces défauts, des grossieretés des valets ; de l’excès du gentilhomme, du libertinage scandaleux de la femme, dont les démarches criminelles tournent toûjours à son avantage, en sorte qu’on est tenté d’imiter sa conduite, toûjours heureuse, quoique toûjours coupable.
Ces deux personnes professent-elles la même religion, suivent-elles le même évangile, imitent-elles le même modèle d’un Dieu crucifié ? […] Il ne peut y avoir de plus touchante leçon ni de plus grand exemple : qu’il seroit heureux de l’imiter !
Les Grecs ne faisoient pas monter les femmes sur la scène, mais des hommes habillés en femme, ce qu’on a long-temps imité en France, & ce qui est moins dangereux pour les mœurs. […] Peut-on contrefaire, imiter, paroître excuser ce qu’on ne peut trop détester ?
Baal, Moloc, Dagon, Artaste, contemporains de Moyse, étoit aussi un monstrueux assemblage de mascarades, que les Grecs & les Romains ont imité. […] Les Payens étoient très-capables d’imaginer ces folies, & les Juifs de les imiter.
Je ne vous dirai point ici, mes Frères, que vous privez les pauvres de leur substance, lorsque vous dépensez pour les Spectacles ; que vous perdez un temps dont toutes les minutes sont le prix même du sang de Jésus-Christ, et des moyens de salut ; que vous entraînez par votre exemple, des personnes qui se font peut-être un devoir de vous imiter ; et que, quand même les Spectacles ne vous feraient nulle impression, vous répondez devant le Seigneur du mal qu’ils peuvent causer à ceux qui vous suivent, ou que vous y conduisez. […] et afin de n’en pas douter, considérez ce firmament où les étoiles comme en sentinelle attendent les ordres du Dieu qui les conduit ; contemplez ce soleil qui, toujours ancien et toujours nouveau, vous offre journellement l’image des plus brillantes couleurs et des plus superbes décorations ; regardez cette lune qui, par la douceur de sa lumière, donne à la nuit même des beautés que tout l’art des Peintres ne peut imiter ; voyez cette terre qui, par la plus admirable variété, se couvre successivement de fleurs et de fruits, et paraît un assemblage d’émeraudes, de saphirs et de rubis ; fixez la majesté de ces mers qui promenant leurs flots d’un bout du monde à l’autre, transportent les richesses et les passions des humains, et qui toujours prêtes à engloutir la terre, se voient continuellement arrêtées par un seul grain de sable que le Tout-Puissant oppose à leur fureur ; enfin considérez-vous vous-mêmes, admirez les merveilles qui résultent de l’union de votre âme avec votre corps, et donnez à vos pensées un essor qui les conduise à ces espaces immenses, et à ces jours éternels pour lesquels nous sommes nés.
M. de Voltaire a sans-doute imité Racine dans le billet que Nérestan écrit à Zaïre, & qui tombe entre les mains d’Orosmane.
Dites donc plûtôt, qu’elles vous sont un exemple de scandale, pour les fuïr, & non pas un exemple d’édification, pour les suivre, & les imiter.
parce qu’ils sont passionés pour des sons, il faut, pour les mieux imiter, mettre en vogue des Pièces où le Spectateur ne peut effectivement saisir que des sons !
dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté.
Si on pouvait ainsi se prévaloir du silence de Jésus-Christ, on justifierait les combats sanglants des gladiateurs et quantité d’autres dérèglements qui régnaient alors dans le monde, et dont il parle aussi peu, sa mission était bornée au peuple Juif qui était demeuré dans sa première simplicité, et n’avait jamais été tenté d’imiter les Romains et les Grecs dans ces divertissements profanes, accoutumé dans son domestique à des plaisirs plus innocents et plus tranquilles, il ne leur enviait pas ces plaisirs aussi dangereux que tumultueux.
Ils ont tous des scapulaires, et portent au-dessous du genou des jarretières garnies de petits grelots ; ils ont en main une baguette ornée de rubans et sont accompagnés d’une troupe de petits danseurs, qui imitent après eux, les danses qu’ils viennent d’exécuter ; « 31. […] Ainsi si les jésuites eux-mêmes mettaient au néant les canons des conciles qui proscrivent la danse, les particuliers, ou les danseurs publics, pouvaient bien imiter leur exemple, sans craindre la damnation éternelle, et pratiquer un art réservé aux gens du monde, puisqu’ils le voyaient exercé par des ecclésiastiques qui passaient pour les plus fervents soutiens de la religion romaine. […] Dans l’intervalle des leçons on faisait manger et boire l’âne ; enfin, après les trois nocturnes, on le menait dans la nef, où tout le peuple, mêlé au clergé, dansait autour de lui : on tâchait d’imiter son chant. […] A Beauvais, dans la fête de l’âne, l’introït, le kyrie eleison, le gloria in excelsis étaient toujours terminés par le cri, hin, han, qui imite celui de l’âne ; et à la fin de la messe, le prêtre se tournant vers le peuple, au lieu de dire l’ite, missa est, criait trois fois, hin, han, à quoi le peuple répondait de même et trois fois, au lieu du Deo gratias.
Plus nous sommes reglez dans nos autres actions, plus les gens déreglez sont hardis à nous imiter en celle-ci.
Se familiariser, vivre avec eux, prendre leur ton, adopter leurs principes, imiter leurs désordres, être de leurs fêtes, leur en donner, nouer des intrigues, payer la bonté des actrices, &c.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens.