Il s’agit de savoir si le goût que Molière a reconnu dans ses compatriotes, était un mauvais goût en lui-même, et si en le respectant c’était entretenir les défauts, les ridicules et les vices que ce goût mal dirigé pouvait produire. […] La complaisance d’un Auteur à peindre dans ses personnages les mœurs et les caractères de ses compatriotes, c’est-à-dire de donner à ses Héros des Vertus que l’histoire leur refuse, et qui sont communes dans sa Patrie, me paraît louable en ce que c’est un moyen d’entretenir ces bonnes qualités dans la Nation, de les faire aimer davantage et de captiver l’attention du spectateur en l’intéressant pour des Vertus et des bonnes qualités qu’il a lui-même ; c’est sans doute le motif qui a porté Racine à donner à ses Héros la politesse et la galanterie Françaises, et ce ne sont que des gens de mauvaise humeur qui peuvent trouver que ces Héros y aient perdu. […] La charge ne consiste effectivement que dans le laps de temps dont la brièveté ne laisse pas supposer l’assemblage actuel d’un si grand nombre d’incidents, mais elle n’est pas capable d’altérer la vérité des traits ; c’est au contraire l’assemblage de ces traits vifs et vrais qui rend le tableau plus frappant, et qui force le spectateur d’apercevoir les inconvénients du Vice ou du ridicule que l’on joue : comment donc voulez-vous que cette manière d’instruire soit capable d’entretenir le Vice au lieu de le corriger et que le cœur des méchants en tire parti ? […] Prouvez encore un coup que nos mœurs sont mauvaises et que nos Drames entretiennent la corruption. […] Entretenir le courage dans le cœur d’un Peuple quelconque, c’est faire un bien moral et politique.
Il est très-bon, comme je l’ai dit, d’exciter en nous la Pitié, & d’entretenir cette sensibilité que la Nature nous a donnée pour les malheurs de nos semblables ; mais les Poëtes Tragiques plus empressés d’amuser que d’instruire, pour exciter dans les Spectateurs une violente émotion, faisoient retentir les plaintes de malheureux qui s’abandonnant à la plus vive douleur, loin d’apprendre à supporter les maux de la vie, & les injustices avec patience, étoient les modeles de toute l’impatience d’une Nature irritée, & qui demande vengeance.
D'où il s'ensuit que ceux qui leur font des libéralités, ne pèchent point, et qu'au contraire ils font justice en les payant du service qu'ils en reçoivent, si ce n'est qu'ils y consument leur bien en de vaines profusions, ou qu'ils le donnent à des Bouffons qui ne s'emploient qu'à des divertissements illicites, parce que c'est entretenir et favoriser leur péché. » Je veux bien qu'en cet endroit S.
aux pénitents de s’abandonner dans leur particulier aux jeux réjouissants, parce que « la pénitence demande des pleurs et non pas des réjouissances » ; et tout ce qu’il leur permet, « est d’user modérément de quelques jeux en tant qu’ils relâchent l’esprit et entretiennent la société entre ceux avec qui ils ont à vivre » ; ce qui ne dit rien encore, et se réduit comme on voit, à bien peu de choses.
Mais cela paraît particulièrement dans le luxe de leurs Habits, dans la magnificence de leurs Festins, et dans la pompe de leurs Spectacles : Car quand ils se montrent à leurs Sujets dans quelques occasions extraordinaires, ils doivent prendre ces ornements qui semblent être consacrés aux cérémonies publiques ; Ils sont obligés d’emprunter l’éclat des Perles et des Diamants pour éblouir les yeux des Spectateurs, et de ne rien oublier de tout ce qui peut entretenir la Majesté de leur Personne, et l’admiration de leurs Sujets.
Aujourd’hui on entretient publiquement. […] Ce Marchand ne désire que le luxe ; ses vues & ses projets ne tendent qu’à l’entretenir & à l’exciter par des ressources ingénieuses qui réveillent l’amour propre du citoyen, esclave de la mode, qui l’appauvrit. […] Les chansons militaires ou grivoises distraisent, dit-il, délassent l’esprit du Soldat au milieu des fatigues, l’amusent dans ses marches, & entretiennent dans le camp une gaieté martiale & nécessaire. […] C’est dommage qu’elle fasse précisément tout le contraire, qu’elle excite les passions, qu’elle les enflamme, les entretienne, qu’elle fasse aimer le vice, qu’elle en prenne tous les moyens, qu’on passe les heures entieres à produire dans l’ame cette pernicieuse fermentation, comme un Chimiste met les matieres dans un alambic, pour n’en distiller que le vice.
qui concerne le corps, et qu’ordinairement on appelle récréation, comme sont, 1. prendre l’air, 2. se promener, 3. s’entretenir en des devis et des discours joyeux, 4. jouer du luth, de la guitare, de la harpe, des épinettes, des orgues, et semblables instruments. 5. chanter en musique, ou entendre chanter. 6. aller à la chasse. 7. jouer à quelque jeu licite, qui montre l’habilité et l’industrie du corps et de l’esprit, comme sont les jeux de paume, du ballon, du paille-mailb, des boules, des échecs, des tables, du billard, ou courre à la bague. 8. se trouver aux bals, danses, comédies, et même y danser, ou y jouer son personnage comme les autres. […] Les jours de Communion, pour avoir plus de loisir pour bien entretenir le Saint Hôte que vous avez reçu. […] Ce qui est d’obligation doit précéder ce qui ne l’est pas ; payer ses dettes, entretenir sa famille, oblige la conscience d’un chacun, ce qui ne se peut faire, parlant pour l’ordinaire, en jouant ces sommes excessives, lesquelles sont cause qu’au lieu de payer ce que l’on doit, on fait de nouvelles dettes, soit pour jouer, soit pour entretenir sa maison.
L’esprit qui ne laisse pas de prendre interêt à ce qu’on lui représente, devine les événements, découvre les embuscades, préside aux conseils, donne les avis et les ordres avec autant de chaleur, que s’il avait à vaincre lui-même la fortune ; néanmoins comme la prudence humaine n’est pas assez éclairée, pour voir bien nettement l’avenir, mille accidents font des bigarrures, et des surprises qui l’entretiennent dans une délicieuse admiration.
Vous ne vous croiriez pas innocens, dit l’évêque d’Arras, si vous fournissiez à une créature impudique les moyens d’entretenir son mauvais commerce, et vous croiriez l’être en donnant lieu, solidairement avec les autres qui assistent aux spectacles, à entretenir les acteurs et les actrices dans un état qui sûrement les damne. […] S’il y a des personnes qui fréquentent le théâtre et les sacrements, ces personnes se trompent grossièrement, parce qu’elles entretiennent dans leur mauvaise profession des gens, qui sont notés d’infamie et qu’elles scandalisent les autres par ce mauvais exemple ; cependant, comme il peut y avoir des circonstances extraordinaires, qui forcent certaines personnes à se trouver au théâtre, nous leur avons indiqué les dispositions avec lesquelles elles doivent y assister.
C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce penchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, à ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer le plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets sont naître, & que l’on entretient ensuite ; sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, sçavoir, de nous arracher les yeux, s’ils nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes les plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Matth. […] Or cet esprit consiste dans l’estime que l’on fait de ses pompes & de ses vanitez, ensuite dans les sentimens que l’on y prend, & qui sont opposez à la Morale Chrétienne, & enfin dans un refroidissement de la pieté, & dans l’éloignement de tous les exercices qui l’entretiennent.
C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce panchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, a ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer les plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets font naître, & que l’on entretient ensuite, sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, savoir, de nous arracher les yeux, s’il nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes le plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Qui viderit mulierem ad concupiscendum eam, jam mœchatus est eam in corde suo. […] Or cet esprit consiste dans l’estime que l’on fait de ses pompes & de ses vanitez, ensuite dans les sentimens que l’on y prend, & qui sont opposez a la Morale Chrétienne, & enfin dans un refroidissement de la pieté, & dans l’éloignement de tous les exercices qui l’entretiennent.
.), demande pourquoi les Comédiens ont toujours de mauvaises mœurs, comme il avait demandé dans un autre problème pourquoi l’eau de la mer est salée, il répond, parce que ces gens-là ne connaissent point l’étude de la sagesse, et ne sont occupés que de l’incontinence : « Cur Histriones improbri moribus sunt, quia non se dedunt studio sapientiæ, et incontinentiæ operam dant. » Leurs apologistes même (Marmontel, Fagan…) en conviennent, et ne se défendent que sur la pauvreté des Actrices, qui n’ayant pas de quoi s’entretenir honnêtement, sont forcées par la misère d’employer toute sorte de moyens. […] Molière entretenait la Duparc, et ne pouvait vivre avec sa femme. […] Quelquefois aussi elle impose la loi de n’aimer qu’en second, et de laisser équitablement la place à celui à qui la supériorité de ses largesses ou l’antériorité de sa possession a assuré le privilège ; elle sait même entretenir la paix dans sa cour, et les engager à se voir favoriser tour à tout, sans trouble et sans jalousie.
Là il étoit fondé par l’Etat, entretenu à ses dépens, & sous ses yeux.
L’effort de mémoire étoit d’autant moins nécessaire, que le chœur lui-même aidoit à entretenir l’attention du spectateur, l’empêchoit de porter ses regards ailleurs & les fixoit, mais d’une maniere plus agréable, sur les objets que le Poëme lui représentoit.
Oui, Mademoiselle, c’est avec un plaisir infini, que je vais me revêtir des droits que vous m’offrez : je veux vous traiter comme la sœur de mon épouse : & c’est chez madame D’Alzan, dans son appartement, en sa présence, que je desire de vous entretenir ce soir.
Là se donnent les rendez-vous, se nouent les intrigues, s’entretiennent les commerces, se commettent mille péchés. […] Les ouvriers, les domestiques, qui fabriquent, qui appliquent ces instrumens d’iniquité, qui inventent, repandent, multiplient à l’infini ces modes pernicieuses, qui même font acheter cherement ce poison funeste, & profitent d’une folle envie, qu’ils ont excitée, & qu’ils entretiennent, mettent à un prix énorme leur propre enfer & celui de leur maîtresse. […] Elle reveille & entretient la passion, conduit au libertinage, en offre l’objet le plus piquant, le plus analogue, ou plutôt le seul. […] Trop heureuses quand elles savent se moderer, & ne pas aller au théatre en entretenir le goût, & chercher les modeles !
Si nous sommes obligés de résister à nos passions dès le commencement, nous ne le sommes pas moins d’éviter avec soin tout ce qui est capable de les inspirer & de les entretenir. […] Tout ce qu’on y voit & tout ce qu’on y entend, excite & entretient ces impressions. […] N’est-ce pas le comble de la misere de ne pouvoir trouver de plaisirs que dans ses propres maux, & de récompenser ceux qui nous apprennent à les entretenir & à les rendre incurables ? […] Seroit-il innocent d’entretenir dans un état tellement abhorré par l’Eglise des ames rachetées du Sang de Jesus-Christ ? […] Allez cependant leur faire apprendre à cette école de vertu l’art de conduire habilement une intrigue, de vous dérober les secrets de leur cœur, l’art de nourrir, d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent.
On voit bien que Dieu ne se sert guère de votre ministère pour convertir le pécheur, ou pour entretenir le pécheur converti dans l’horreur du péché. […] C’est à vous à voir si cela suffit pour les faire passer pour des blasphémateurs, des impies et des libertins : car qu’on les punisse ou qu’on ne les punisse pas, qu’on les entretienne ou qu’on ne les entretienne pas, tout cela ne décide pas la difficulté, et je n’en dis rien présentement, parce que j’en parlerai peut-être dans la suite. […] Ce n’est pas tout, ils disent encore et font des choses préjudiciables au prochain : car ou ceux qui les voient sont dans le désordre, ou ils n’y sont pas ; s’ils y sont, ils ne voient et n’entendent rien qui ne les y entretienne ; s’ils n’y sont pas, il n’y a rien qui ne les y porte. […] De manière que sans le crédit qu’ils entretiennent parmi la Bourgeoisie par leurs billets de gratis pour l’Amphithéâtre, on pourrait dire que leur vie hors du Théâtre serait bien solitaire. […] Si MM. les Curés de Paris en usaient de même à l’égard des Officiers que le Roi entretient dans sa Cour ou dans ses Armées, qui ne seraient pas d’ailleurs scandaleux, n’auraient-ils pas raison de s’en plaindre hautement, d’en faire des affaires à MM. les Curés, et d’implorer sur ce sujet la protection du Roi ?
Bien loin d’instruire et de reprendre les Grands, le théâtre entretient, flatte, augmente tous leurs défauts, oisiveté, paresse, frivolité, raillerie, mollesse, faste, luxe, hauteur, ambition, dissimulation, intrigue, etc. bien plus dangereusement que pour la bourgeoisie et le peuple, parce qu’il leur en fait un mérite, un air de dignité, un devoir d’état, un apanage de la naissance, surtout il nourrit leur vanité. […] Cette sévérité superficielle, quoique gênante pour les Comédiens, n’est pourtant qu’un sacrifice médiocre ; ils savent s’en dédommager en particulier, et obtiennent toujours leur principal objet, qui est de gagner de l’argent, de séduire les cœurs, d’entretenir l’oisiveté et les passions.
Des troupes innombrables de Comédiens & de Comédiennes, formés, agguerris, exercés, qui font dans l’état un corps établi, une profession décidée, qui ont des bâtimens magnifiques, des revenus fixes, des richesses considérables, des troupes de gens constamment sans mœurs, sans Réligion, sans décence, qui passent leur vie dans la débauche, & y entretiennent ceux qui les fréquentent ; des armées de libertins, de gens frivoles, qui vont y perdre leur tems, leur argent, leur santé, leur conscience : des armées de coquettes ; des femmes mondaines qui vont y offrir leur cœur & leur charmes, & tendre des piéges à tout le monde. […] Il rebâtit magnifiquement le temple de Jérusalem ; mais en même tems il bâtit celui de Garisim à Samarie, pour entretenir le schisme. […] Je ne prétens ni attribuer au théatre tous ces malheurs & ces crimes, ni approuver les violences & les conjurations des Juifs, qui s’y opposoient ; mais on ne peut disconvenir que les passions ne l’ayent fait construire, & qu’il n’ait beaucoup contribué à les entretenir & à les augmenter.
Falût-il l’aller chercher aux enfers, rien ne coute pour entretenir, pour augmenter sa beauté ; on en est mal payé. […] Non, le portrait est chargé, ces horreurs ne seroient pas souffertes, & tout le crédit de ces grandes Princesses ne les sauveroit pas de la corde ; mais se livre au libertinage, suivre les amans contre la volonté de la famille, passer sa vie dans des mauvais commerces, vivre soi-même, & entretenir ses amans dans un célibat & une débauche volontairement sterile, réduire par les enchantemens, c’est-à-dire, par tous les charmes que peuvent prêter l’art & la nature ; enlever la toison d’or, c’est-à-dire, la bource à ses adorateurs ; à ces traits qui ne sont pas chargés, le public sans s’y méprendre, reconnoît aisément les nouvelles Médées : au reste, les rôles de Medée sont si communs sur le théatre, qu’il n’est pas étonnant qu’en s’y familiarisant, on les réalise. […] Ulysse est doublement perfide à Pénélope sa femme femme, & à Circé qu’il fait semblant d’aimer, pour entretenir un commerce criminel avec Zolis.
De quoi s'entretiennent-ils ? […] La morale lubrique qu'on y débite à tout propos, dévoile les idées, les sentiments, l'occupation d'un cœur pétri de corruption que la scène fait naître et entretient, au préjudice de tous les devoirs, l'imprudence et le crime des parents qui le souffrent, et se repentiront, mais trop tard, d'avoir ainsi éteint dans leurs enfants la vertu, la sagesse, la soumission. […] Ce Prince, à qui l'âge, la dévotion, la satiété rendaient les plaisirs insipides, s'ennuyait beaucoup, et ennuyait Madame de Maintenon, chargée de l'entretenir.
Les Farceurs avec leurs gestes honteux ne corrompent-ils pas les mœurs, ne portent-ils pas à la débauche, n'entretiennent-ils as les vices ?
Mais n’est-ce pas le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux, de récompenser ceux qui savent les entretenir ?
Mais c’est le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux ; de récompenser ceux qui les savent entretenir et les rendre incurables, au lieu de penser à les guérir ; et il est incompréhensible, que les Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer.
Entretenus par l’actrice, le vice les dégrade, les dépouille, les deshonore, les accable d’infirmités, abrege leurs jours, &, ce qui est bien plus terrible, les conduit à la damnation éternelle. […] Sa famille hors d’état de l’entretenir dans son indolence voluptueuse, ne le paya point de ses épigrammes, il fut obligé de chercher fortune.
Le Tasse cependant ne nous entretient que d’avantures amoureuses, & Homere ne nous entretient que de combats.
J’ai honte de le dire, mais il n’est que trop vrai : les Comédiens leur plaisent plus que Dieu : « Impiis, iniquis magis et facilius pantomimus placet quam Deus. » De quoi vous entretenez-vous jusques dans les Eglises ? […] On applaudit aux combats des Gladiateurs, et on se moque des œuvres de miséricorde ; on entretient la débauche des Comédiens, et on laisse manquer les pauvres du nécessaire ; on blasphème la doctrine de Dieu et on décrie les Prédicateurs qui condamnent cette infamie publique, et on adore ces Dieux prétendus qui se plaisent à des spectacles de théâtre qui déshonorent le corps et l’âme.
Enfin l’Auteur de la Réfutation s’applique à prouver que les Comédies et les Opéra excitent ou entretiennent l’Amour impur dans les cœurs. […] » Enfin il finit en répondant à ceux qui voudraient ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois, et il dit : « Que les Rois n’apprendront jamais rien au Théâtre : et que Dieu les renvoie à sa Loi pour y apprendre leurs devoirs : Qu’ils la lisent tous les jours de leur vie ; qu’ils la méditent nuit et jour comme un David ; qu’ils s’endorment entre ses bras, et s’entretiennent avec elle en s’éveillant comme un Salomon : que pour les instructions du Théâtre, la touche en est trop légère, et qu’il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu des vices, et un amusement de la Vertu.
C’est ce qu’il a voulu signifier dans les commandements qu’il a donnés aux ministres de l’ancienne loi, lorsqu’il leur recommande d’entretenir le feu sur l’autel, et de lui donner tous les matins de nouveaux aliments. […] « Vous reconnaissez que Dieu vous ordonne la pureté dans la conversation, qu’il vous défend les discours insensés et les plaisanteries indécentes aussi sévèrement qu’il vous défend de prendre son nom en vain : vous savez qu’il vous a été recommandé de ne laisser échapper de votre bouche aucune parole impure ; et néanmoins vous allez dans un lieu où vous n’entendez qu’un langage impur et profane ; les hommes que vous voyez ne vous entretiennent que d’objets grossiers et immoraux ; ces hommes sont chargés de revêtir toutes ces obscénités de toute la magie du langage, afin de vous en faire avaler le poison, et ils poussent si loin cet art funeste, qu’il n’est point de mauvaise compagnie qui pût vous être aussi fatale !
« Il faut s’abstenir, dit ce Souverain Pontife, les jours des Fêtes de toutes les affaires séculières, afin que l’âme Chrétienne puisse plus librement et entièrement les passer dans l’Eglise, et s’entretenir avec Dieu par des Psaumes, des Hymnes, et des Cantiques spirituels. » « Idcirco in diebus festis ab opere mundano cessandum est, ut liberius ad Ecclesias ire, Psalmis, Hymnis, et Canticis spiritualibus insistere, orationi vacare, etc. valeat Christianus. » Il est donc évident par l’autorité de ce Pape, et par plusieurs autres que nous en avons rapportées, que le fondement général de toutes les prohibitions qui regardent la solennité des Fêtes, est l’obligation de les sanctifier, qui nous est imposée dans l’Ecriture sainte, et par le commandement de Dieu même.
« De quoi dans ces beaux lieux s’entretient Melpomène ?
Non, il n’est pas permis de se souiller par des spectacles de cette nature » : « Neque enim fas est hujusmodi spectaculis fœdari38. » Le premier concile de Ravenne, de l’an 1286, défend aux clercs d’entretenir dans leurs maisons ou des deniers des pauvres les comédiens qui leur étaient envoyés par les seigneurs, après qu’ils s’en étaient divertis, n’étant pas juste de faire un usage aussi illicite d’un bien qui doit être converti en aumônes39.
Il en entretient les Princesses, pensionne les Seigneurs, les traîne dans son char, les fait manger à sa table, les loge dans ses palais, en soudoie des compagnies, fait faire chez lui l’exercice, se met à la tête.
Il serait donc très sage et très utile de multiplier les spectacles et les entretenir aux dépens même de l’Etat pour occuper et distraire une quantité de gens oisifs et libertins qui, ne sachant pas s’occuper à bien faire, ont toujours le temps de faire du mal et sont toujours prêts à le faire, pour peu qu’un factieux, un ambitieux, un conspirateur ait l’intention de profiter de leurs mauvaises dispositions. […] Aujourd’hui la Police entretient la décence et le respect dans ce spectacle. […] Chaque Directeur entretiendrait une correspondance régulière avec elle et l’informerait de la conduite des sujets dans chaque Troupe. […] Ce serait l’unique moyen de faire jouir les Provinces de spectacles aussi brillants que la Capitale ; et j’indique les ressources nécessaires pour les entretenir avec plus de magnificence, quoiqu’avec bien moins de frais qu’à l’ordinaire.
Bientôt comme nous vous serez citez au tribunal de Dieu ; pulvis es & in pulverem reverteris : Soyez toujours prêts, vous ne savez ni l’heure ni le jour, & loin de vous préparer à ce terrible passage & à vous ménager une sainte mort ; ce spectacle même vous prépare la plus malheureuse, par l’oubli de la mort, où il vous entretient, par l’habitude du vice dont il forme la chaîne, par les péchés qu’il fait commettre, par la frivolité dont il vous amuse ; les images dont il souille vos imaginations & vos regards, les sentimens dont il corrompt votre cœur, les passions qu’il exalte, le goût du monde qu’il vous donne, les exemples du vice qu’il vous offre, les leçons qu’il vous en fait, les attraits & les occasions qu’il vous en fournit : memento homo quia pulvis es & in pulverem reverteris. […] Il prévient ; ajoute le rédacteur, une infinité de vices que l’oisiveté feroit naître ; c’est lui au contraire qui entretient l’oisiveté, & avec elle tous les vices, & par lui-même encore les fait naître sans elle. […] interdit aux actrices l’usage des pierreries, & la magnificence des habits, & aux femmes chrétiennes tout commerce avec les comédiens & comédiennes ; il défendit d’acheter, de vendre, d’instruire, de produire dans les festins & les spectacles, d’entretenir même chez soi des chanteuses & danseuses, joueuses d’instrumens, &c.
Ces jeux sont communément de très-grandes playes qui entretiennent & agrandissent toutes les autres, & les rendent incurables. […] Venise dont le gouvernement passoit pour le plus sage de l’Europe, avoit, dit-on, un grand soin d’entretenir son Clergé dans la molesse, afin qu’étant moins revéré, il fut sans credit parmi le peuple, & ne pût se soulever. […] (Ils furent le germe de bien d’autres passions que la molesse & le théatre entretinrent.)
Tel jeu n’est rien pour celui-là, mais il est tout pour celui-ci ; l’un peut aisément porter telle dépense, mais elle passe les forces de l’autre, et ce qui seroit un léger dommage pour le premier, doit avoir pour le second de fâcheuses suites : ainsi on a des dettes à payer, on a une nombreuse famille à entretenir et des enfants à pourvoir, on a des domestiques à récompenser, on a des aumônes à faire et des pauvres à soulager ; à peine les revenus y peuvent-ils suffire, et si l’on étoit fidele à remplir ces devoirs, on ne trouveroit plus rien, ou presque rien pour le jeu. […] Que tout à coup on verroit tomber de tables de jeu, si le jeu par la loi des hommes étoit interdit à ces débiteurs, qui bien-loin de le quitter pour se dégager de leurs dettes, entassent dettes sur dettes pour l’entretenir et se rendent enfin insolvables ! […] Mais s’il ne vous est pas même permis de la tolérer, qu’est-ce donc d’entreprendre de la justifier, qu’est-ce de l’approuver, de l’entretenir et de l’autoriser ?
Tous ces Esprits différents s’entretiennent familièrement du premier état des Démons, et de Lucifer leur Chef, de leur révolte, de leur châtiment et de leurs prestiges : Et c’est là ce que M. […] Nous entretenir de la sorte, c’est nous outrager, nous donner une idée méprisable de la nature de l’homme, et nous réduire presque à regretter d’être hommes nous-mêmes. […] c’est qu’on lui refuse de entretenir son extravagance et fournir à ses dérèglements. […] Or le lieu ne change pas la nature des choses : les Comédiens ont dans la salle où ils jouent, la réputation qu’ils ont partout ailleurs ; ils y sont les mêmes hommes, excepté qu’alors c’est chez eux que l’on va, et qu’il y a plus de monde pour en entretenir le métier. […] Cependant nos Poètes n’oublient rien pour entretenir la méchanceté du siècle, et pour en rassurer le désordre : ils ont fait de la vengeance en particulier, la marque et la distinction de l’homme d’honneur ; ils l’ont érigée en titre de Noblesse et de mérite.
Jean de Salisberya Evêque de Chartres qui vivait au même temps, a réprouvé les Spectacles, quand il a dit que de son temps les Spectacles allumaient le feu de l’impureté, que les Comédiens entretiennent l’oisiveté de ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement, que c’est un dérèglement pernicieux, puisqu’une simple oisiveté serait encore plus avantageuse qu’une si honteuse occupation59. « Dans le siècle où nous vivons, dit ce savant Evêque, où l’on est fort adonné à tout ce qui ressent la fable et la bagatelle, on ne se contente pas de prostituer ses oreilles et son cœur à la vanité ; mais on est encore ravi de charmer sa paresse par le plaisir des oreilles et des yeux, on est ravi d’enflammer la luxure en cherchant à fomenter le vice. La paresse est à fuir comme un écueil dangereux, mais les Comédiens entretiennent les hommes dans cette paresse : car des esprits sans occupation s’ennuieraient bientôt et auraient peine à se souffrir eux-mêmes, s’ils n’étaient flattés dans leur oisiveté par le ressentiment de quelque plaisir. […] dist. 86, Où saint Augustin dit que c’est un grand péché de donner de l’argent à ces sortes de gens, il veut dire aux Comédiens, pour leur peine, parce qu’on les entretient dans leur crime ; et c’est un péché qui paraît mortel, parce que par là on coopère à une action qui est péché mortel. […] On doit conclure que ceux qui outre cela donnent encore de l’argent pour assister à la Comédie sont plus coupables, puisqu’ils contribuent d’une manière plus efficace à la faire jouer ; de sorte que l’argent qu’on donne aux Comédiens, dit Saint Augustin81, tend à les entretenir dans leur iniquité, comme celui que l’on donne à une femme débauchée. […] Sylvestre83 a suivi ce sentiment, et il ajoute qu’il semble que c’est un péché mortel, parce qu’on les entretient dans leur profession, et que l’on coopère à quelque chose qui est mortel ; Comitolus84 est pareillement de ce sentiment.
S’il ne peut éviter qu’ils s’entretiennent de leur amour, que ce soit en très peu de paroles ; qu’ils n’en disent qu’un mot en passant.
« Qu'ils s’endorment entre ses bras, et qu’ils s’entretiennent avec elle en s’éveillant » comme un Salomon : pour les instructions du théâtre, la touche en est trop légère, et il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu de ses vices et un amusement de la vertu.
Les Docteurs en Théologie de Paris qui ont vu l’exposé ci-dessus, sont d’avis qu’on ne peut accorder les Sacrements à ceux qui jouent, ou qui font jouer la Comédie intitulée le Festin de Pierre, ils les en croient indignes, comme gens qui servent à entretenir le crime ; car ç’a toujours été une doctrine constante dans l’Eglise, que nul Chrétien ne peut ni représenter, ni même assister comme simple spectateur à la représentation des Pièces de Théâtre qui sont remplies d’intrigues amoureuses et d’impiété.
On ne s’entretient de ceci que par occasion, et sans autre intérêt que celui de la vérité.
Toutes deux d’une vertu fort équivoque, pour ne pas dire sans mœurs ; mais la première à découvert, entretint un serrail pour offrir des maîtresses à tous ceux dont on avoit besoin ; la seconde en prude, avec une sorte de décence : aimons , disoit-elle, à la façon des Anges ; il est vrai que sur la fin de ses jours on l’humanisa. […] La Reine sourit à cette bouffonnerie ; je les délivrerai , dit-elle, je les entretiendrai & n’instruirai par leur bouche. […] D’ailleurs sa mère avoit vécu & étoit morte Catholique, il étoit Protestant, Elisabeth lui avoit fait sucer sa Religion avec le lait, & l’y avoit entretenu ; il s’y étoit rendu savant, & vouloit le paroître. […] Elle renvoya les Evêques qui venoient l’entretenir, elle couchoit toute habillée, se levoit cent fois la nuit, ne vouloit voir personne, toujours les yeux fichés en terre, le doigt sur la bouche comme le Dieu du silence ; elle voulut être enterrée dans cette attitude.
Du moins les salles du bal & de la comédie sont chaudes, on y étale les graces, sa parure, son adresse à danser, on s’y entretient avec son amant : grand adoucissement des rigueurs de la saison. […] Une dame en masque noir, empaquetée sur un traîneau, pendant la nuit au flambeau, peut-elle faire briller sa parure son adresse, ses graces, & s’entretenir tendrement, en galopant sur la glace ? […] Un des grands inconvéniens de ces villes énormes (Journ. du 9 mai 1771) c’est que la moitié de ces hommes entassés pêle-mêle, ne vivent qu’en procurant au public des amusemens dangereux & criminels, qu’ils sont intéressés à rendre plus séduisans pour en tirer parti, opéra, comédie, bal, mascarades, vauxhal, café, brelan, maison de jeu, scênes de toutes especes, &c. ce qui produit & entretient tous les vices, & attire les scélérats & les débauchés de tout le royaume ; on y trouve plus d’objets de crime, plus piquans, plus faciles, plus rusés, mieux exercés, prévenans, accomodans ; le vice moins connu & plus protégé y est en sureté, c’est une forêt épaisse où il se cache. […] Les innombrables théatres de société semblent y suppléer ; le vice les a fait éclorre & les entretient.
De là, je conclus (poursuit ce grand homme) que ceux qui les paient et qui les assistent avec modération ne pèchent point, et qu’ils font même une action de justice, puisque c’est leur donner la récompense de leur ministère : mais si quelqu’un dissipait tout son bien après eux, ou bien qu’il entretint des Comédiens qui jouassent d’une manière scandaleuse et illicite, je ne doute point qu’il ne péchaient comme s’il les entretenait dans le péché, et c’est dans ce sens que se vérifie cette parole du grand saint Augustin : Que donner son bien aux Comédiens, c’est moins une vertu qu’un vice. » Aug. sud. […] Il y a des Lois terribles dans ce Royaume contre les blasphèmes : on leur perce la langue ; on les condamne même au feu : Entretiendrait-on les Comédiens, et leur donnerait-on des Privilèges s’ils étaient Blasphémateurs, Libertins ou Impies ? […] Je réponds à cela avec les propres paroles de saint Thomas« Musica in luctu importuna narration. » : « Que dans ces sortes de jeux le pénitent doit se comporter autrement que les autres, lui qui doit chercher les larmes de la pénitence : qu’il peut toutefois en user modérément comme d’une honnête récréation de l’esprit, ou pour entretenir la société entre ceux avec qui l’on est obligé de vivre. » D’où l’on peut inférer, qu’à la vérité les Chrétiens doivent moins fréquenter ces sortes de Spectacles pendant le Carême, non pas qu’ils soient défendus, mais parce que leur état les oblige à se mortifier en ce temps ; de plus que les Comédiens qui jouent tous les jours ne pèchent point, parce qu’étant dévoués au public, c’est moins pour leur divertissement qu’ils jouent que pour celui des autres ; et qu’ils peuvent jouer tous les jours, parce que tous les jours il se peut trouver des particuliers qui veulent prendre une récréation modérée.
Est-ce bien entretenir la santé des hommes que de les nourrir de poisons, et bien entretenir l’humanité et la vertu que de la nourrir d’assassinats ? […] Est-ce un crime d’entretenir des intelligences avec le Prince légitime, pour le faire remonter sur le trône ? […] Le duel est une vertu nationale qu’il faut entretenir, l’incontinence un besoin physique et périodique qu’il faut satisfaire.
Ce sont des libertins qui se réunissent pour se réjouir, faire de bons repas, s’aider dans leurs amours, s’entretenir librement, en se gardant un grand secret qui y répand un assaisonnement plus piquant ; le lieu de l’assemblée bien fermé, & éclairé par des bougies, est un vrai théatre où l’on joue assis autour d’une table ; le tablier, la truelle, l’équerre font un habit d’Arlequin. […] Les femmes veulent par-tout des amans de ce caractere, aiment un de ces étourdis formé par nos tendres Laïs, qui chaque jour avec délices, vous entretient de ses coureurs, de son boudoir & des coulisses, & s’imagine avoir des mœurs parce qu’il est las des Actrices . […] Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté.
Mais de bonne foi, vous qui ne voulez point d’Amour, pourriez-vous souffrir un Personnage aussi peu galant que l’est Achille dans l’Iphigénie d’Euripide, lequel n’ose entretenir Clytemnestre, parce que, dit-il, il n’est pas bienséant qu’un jeune homme soit si longtemps seul avec une femme ; cela ne vous fait-il pas pitié ? […] Euripide a si peur de blesser la pudeur de ses Personnages, qu’il aime mieux faire commettre une incivilité que de donner la moindre atteinte à cette vertu ; et cependant c’est une femme déjà âgée avec laquelle Achille s’entretient, Achille n’est point amoureux, Clytemnestre ne lui parle que du Sacrifice auquel Agamemnon se dispose ; et cependant Achille a de la peine à demeurer seul avec elle. […] Ainsi le cœur s’accoutume insensiblement à l’amour : Une jeune fille souhaite de trouver un Amant aussi fidèle que celui qu’elle a vu sur le Théâtre ; elle trouve du plaisir à entretenir un commerce aussi tendre que celui-là ; elle voudrait être à la place d’une Amante si fort aimée ; elle ne trouve point qu’il y ait de mal à écouter un homme qui parle d’amour, puisqu’une Princesse si fière le souffre bien, et tout ce que la Morale Chrétienne lui avait persuadé de contraire à cela, s’évanouit bientôt dans son cœur par l’exemple qu’on lui propose sur le Théâtre.
Ces théologiens, contre l’opinion d’un grand nombre d’autres, donnent pour raison que, dans l’espèce, cette simple assistance n’est point une grave coopération à l’entretien de la profession des acteurs ; ce qui ne nous parait pas exact : car qu’est-ce qui appelle sur le théâtre les acteurs, les entretient dans leur état, dans leur luxe, etc., si ce ne sont les spectateurs ? […] Voici ce qu’il en dit : « Comme les fauteurs des comédiens soutiennent que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire que la profession des comédiens n’est pas mauvaise de sa nature, et que l’on peut même contribuer à leur subsistance pourvu que ce soit d’une manière modérée…, il est nécessaire que l’on sache que ce saint docteur n’entend pas parler des comédies telles que les dépeignent les conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, où on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter ou à entretenir les passions les plus honteuses.
Mais tout cela ne suffit pas pour placer sur le trône de la gloire un libertin, un ambitieux, un homme emporté, un homme plein de hauteur & de fierté, un aventurier qui se jette dans une ville révoltée, pour y entretenir le feu de la révolte, un flatteut qui promet la souveraineté à la France, l’autorité à la noblesse, la République au peuple, & dans le fond ne travaille que pour lui-même. […] Quand il fut fait prisonnier & conduit au château de Gaëte, il ne s’entretint que de propos galans, composoit & chantoit des chansons (il se mêloit de rimailler.)
Toute sorte de bouffonnerie est interdite, encore même ne se fiant pas à leurs promesses, il ne laisse représenter aucune pièce qui n’ait été vue et approuvée par le Magistrat : « Nous serions des insensés, dit-il, de faire enseigner à nos femmes, à nos enfants, à nos concitoyens, rienr de contraire à notre religion, à nos lois, à nos mœurs, et détruire tout ce que nous nous efforçons d’établir. » L’Etat est intéressé, dit-on, à entretenir la comédie, pour amuser le peuple, ou naturellement remuant, ou désespéré par sa misère, ou aigri par la dureté des impôts. […] Le théâtre, comme tout le reste, doit sans doute, selon le génie des nations ou des siècles, le goût de la Cour ou de la ville, la diversité des modes, la variété des circonstances, le caractère des Auteurs, prendre des tons différents de modération ou de débauche, de différentes nuances de décence ou d’effronterie ; mais ce n’est que changer d’habit, le fond est toujours le même, c’est toujours une troupe de gens sans religion et sans mœurs, qui ne vit que des passions, des faiblesses, de l’oisiveté du public, qu’il entretient par des représentations le plus souvent licencieuses, toujours passionnées, et par conséquent toujours criminelles et dangereuses, et qui enseigne et facilite le vice, le rend agréable, en fournit l’objet, et y fait tomber la plupart des spectateurs.
Je me propose, Monsieur, de vous entretenir de ces objets, plus intéressans qu’on ne se l’imagine peut-être, dans un autre moment. […] Et qu’importe à l’homme vertueux, dira-t-on, que telles & telles personnes prodiguent les trésors dont elles regorgent, à entretenir un Serrail pour leurs menus-plaisirs ? […] C’est dans ces Salles, enfin, qu’on dévoue au ridicule le plus amer, ces vérités sans l’existence desquelles l’homme serait le plus à plaindre des êtres ; c’est-là qu’on se permet de renverser les bornes que Dieu posa de toute éternité entre le bien & le mal, & de détruire ainsi l’ordre & la justice ; vertus essentielles qui entretiennent l’ordre des corps politiques, & impriment à notre espece le seul caractere énergique, qui la distingue de celles de tous les autres animaux. […] Je ne vous ai entretenu, jusqu’à ce moment, Monsieur, que des vices, des accidens & des désordres auxquels les Spectacles du Boulevard donnent lieu ; je ne saurais m’empêcher de parler du nombre assez considérable des individus perdus, pour l’Etat, qui composent ces troupes toujours mal montées. […] Or, comme l’intérêt le plus sacré de l’Etat, n’est pas d’entretenir dans son sein une foule de gens paresseux, inutiles, adonnés à l’ivrognerie, à la luxure, à tous les vices que fait naître & nourrit la paresse ; nous sommes bien fondés à conclure qu’il est de l’intérêt public de ne pas tolérer des Spectacles pernicieux pour ce petit Peuple, qui y perd & son tems & ses mœurs.
Il n’est pas permis de dire toutes choses ; mais il est certain que comme on y est libre, on y fait des déclarations qu’on n’oserait faire autre part, et dans ce malheureux commerce on forme des alliances qu’on entretient secrètement, et dans le cabinet.
« Si on abaisse ses regards vers la terre, on la voit entremêlée de plaines, de vallons et de montagnes : celles-ci ont dans leurs entrailles profondes des réservoirs secrets que les cataractes du ciel entretiennent ; les nuages y déchargent leurs eaux condensées, après avoir abreuvé la terre.
Vous contribuez par tous les moyens possibles à entretenir cette boutique diabolique. […] « Ceux, dit saint Thomas, qui donnent de l’argent pour ces indignes spectacles, péchent considérablement ; parcequ’ils entretiennent ces farceurs dans leur péché. » Et c’est pour cela que saint Augustin sur saint Jean, assure que c’est un péché énorme : Vitium est immane.
Ce n’est pas un péché isolé, un péché momentané, c’est un feu qui s’entretient, & brûle sans cesse, qui apporte partout la désolation, sans respecter ni la dignité de l’état, ni la sainteté de l’Eglise, ni la majesté des mystères, ni les priviléges de la vertu, ni la foiblesse de l’âge, ni la misere de la condition, ni l’éclat de la naissance ou des richesses, comme un feu qui consume sans distinction, tout ce qui s’offre à son activité. […] Le public calcule mieux qu’on ne pense, les facultés de ces beautés brillantes ; on se ruine, on vole à qui l’on peut, on est paré de filouterie, on s’habille du bien d’autrui ; mais non, dira-t-on, je ne vole pas, je trafique mes charmes, on me donne de quoi les entretenir, l’honneur est le prix de la parure, ma personne vaut bien la plus belle étoffe : au reste, tout se négocie de gré à gré, & sans marchander.
On l’y apporte ou on l’y prend bientôt, & on ne cesse de l’entretenir & de le fortifier en le fréquentant. […] Celui-ci, après quelque légere exhortation pour la forme, de ne pas s’engager dans une si pétilleuse carriere, entretient ce beau feu naissant, & cultive ses talens.
En outre, il y aura chaque semaine un jour de congé, & ce jour-là toutes les personnes de quelque considération qui se présenteront, pourront être admises dans le Collége, pour entretenir les Acteurs & les Actrices, en présence des Gouverneurs & des Gouvernantes ; & cette permission aura pour objet de donner aux Acteur & aux Actrices la connaissance du monde & des usages, nécessaire au Théâtre. […] Les Acteurs & les Actrices, une fois admis à l’un des Théâtres de la Capitale, y resteront attachés pour tout le temps qu’ils seront en état de remplir leurs rôles ; ils y seront logés & entretenus : pour cet effet, on prendra un bâtiment convenable, ressemblant aux Cloîtres de nos Moines, où la Troupe en entier sera rassemblée, sous le gouvernement d’un Supérieur pour les hommes, & d’une Maîtresse pour les femmes.
La fin à laquelle la Comédie tend d’elle-même, et le but que les Acteurs s’y proposent ; c’est d’émouvoir, d’entretenir, et de fortifier les passions qui ont rapport à leurs sujets, dans l’esprit et le cœur de leurs spectateurs, et particulièrement celles de l’amour, de l’ambition, de la jalousie, de la colère, de la vengeance, et autres semblables. […] c’est à dire, s’appliquer uniquement à penser à lui, prendre plaisir à s’entretenir de ses bienfaits, lui en témoigner sa reconnaissance, le remercier de ses bontés, lui demander pardon de ses ingratitudes, et de ses offenses.
Peut-il paraître au théâtre, que son état même l’oblige de proscrire, sans être censé l’autoriser, sans jeter dans la tristesse les gens de bien qui voient mépriser la vertu et triompher le vice, et remplir de joie les méchants, qui ont droit de s’autoriser dans leurs désordres par de si grands exemples, et sans tendre des pièges aux âmes faibles, dont on affaiblit les remords, et donner de l’audace aux Comédiens, dont on entretient et accrédite l’infâme profession par la même autorité qui l’a couverte d’infamie ? […] Vain prétexte, dit Libanius, ces occasions n’arrivent qu’une ou deux fois l’année, et vous n’êtes obligés d’y donner que quelques moments de la matinée ; au lieu que sans nécessité et avec scandale, vous qui vous dites accablés d’affaires, et vous donnez pour les protecteurs de la veuve et de l’orphelin, on vous y voit matin et soir, nuit et jour, vous vous en faites gloire, quand vous en sortez vous vous entretenez de ce qui s’y est passé.
Commode, Caracalla, en un mot tout ce qu’on a vu de monstres sur le trône des Césars, ont été fous du théâtre ; ils entretenaient et souvent causaient leurs excès. […] Il représenta que ces sortes de divertissements étaient inutiles, et ne servaient qu’à entretenir la mollesse et l’oisiveté.
Ce sont des pécheurs publics d’un ordre singulier, au plus haut point de la notoriété : un concubinaire qui entretient publiquement une femme, ou allant chez elle, ou la tenant chez lui, comme sont la plupart des Acteurs et des Actrices, est moins connu. […] Si en donnant ou en recevant, on est censé approuver, favoriser, entretenir le crime, y participer, cela n’est jamais permis.
Elles ont leurs Prêtres et leurs Prêtresses qui entretiennent leur culte avec le plus grand zèle, des Prédicateurs pleins d'esprit et de talents qui en débitent la morale et lui gagnent une foule de prosélytes, des Dévots innombrables qui viennent assidûment l'écouter et la mettent fidèlement en pratique, et dans leur sainte impatience vont dans des chambres pratiquées à dessein autour du Temple en faire dévotement les exercices. […] S'ils n'en ont pas, ils entretiennent et augmentent leur dépravation.
L’esprit de ce jeune homme fut cultivé par les plus habiles hommes de son tems, Calchondile, Politien, qu’on se fit honneur d’entretenir auprès de lui, à grands frais. […] Mais ce qui attiroit le plus de gens chez le Cardinal de Médicis, étoit Bibiana son Camerier, qui n’eut jamais son semblable pour entretenir une compagnie, assez bien fait de sa personne, il ne tenoit rien de son vilage ; il avoit un fonds de joie inépuisable, toujours cent nouveaux contes pour faire rire, sans rien dire de bas, d’impie ni-d’impudique ; il lui prenoit quelquefois envie, au milieu du repas, d’apprêter des sausses dont aucun cuisinier ne s’étoit avisé, & réussissoit toujours ; mais le service le plus important qu’il rendoit à son maître, c’est qu’il avoit le secret d’engager les gens à lui prêter de l’argent, sans autre sureté que l’horoscope qu’il avoit fait faire de Cardinal de Médicis, à qui on promettoit de grandes richesses ; mais il y avoit si peu d’apparence, qu’on ne pouvoit assez admirer sa hardiesse, & la crédulité des créanciers. […] Il y a une différence infinie entre l’homme en place qui fais ses fonctions, & le particulier qui se livre à son plaisir ; entre le Juge qui prononce un Arrêt, & un libertin qui entretient une actrice : entre un Pasteur qui dans un Mandement ordonne une Fête, un jeune, une abstinence, & un voluptueux, ou un petit-maître qui ne vient point à l’Eglise ; entre Léon X. qui parle ex Cathedra contreLuther, & Jean de Medicis qui fait jouer des comédies.
La quatriéme, parce que, comme remarque Tertulliene, l’Ecriture condamne la Comédie & les Spectacles dans les passages qui nous défendent de suivre les desirs deréglez de la convoitise & de satisfaire nos passions ; dans ceux qui nous obligent de tendre toûjours à la perfection, laquelle consiste dans l’assujetissement des passions à la grace, ce qui ne se peut acquerir qu’en éloignant de l’esprit tout ce qui peut servir à les fortifier & à les y entretenir ; Et dans ceux qui nous défendent les moindres impuretez & les moindres paroles deshonnêtes ou frivoles. […] Saint Jean Chrysostome, parce qu’elles sont des obstacles à la conversion des ames & à leur salut ; saint Augustina, parce que c’est un crime énorme que de donner son bien aux Comédiens qui sont des gens infames, que plus un homme est vertueux & plus il doit s’éloigner du theâtre ; & que l’on n’eût jamais approuvé les Comédies & les crimes qu’elles representent sur le theâtre, si les mœurs des hommes qui estoient soüillez des mesmes vices ne l’eussent soufferte ; saint Isidore de Damiéteb, parce que les Comédies d’elles-mêmes & de leur nature, ne peuvent estre que pernicieuses & nuisibles ; saint Bernardc, parce qu’elles ne sont que vanité ; enfin Jean de Salisberi Evêque de Chartresd, parce qu’elles sont propres à entretenir les vices, & sur tout l’oisiveté, qui est l’ennemie de l’ame & qui la dépoüille de toutes ses inclinations vertueuses, & qu’en y assistant on participe aux crimes des Comédiens, à qui l’Eglise a interdit la sacrée Communion. […] Et les Magistrats Chrêtiens exhortez de ne les souffrir, dautant que cela entretient la curiosité, & apporte de la dépense & perte de temps.
Il y a pourtant des Princes et Grands Seigneurs qui en entretiennent à leur dépens ?
Jean de Salisbury Evêque de Chartres, qui vivait dans le même siècle, a réprouvé les spectacles, quand il a dit que de son temps ils allumaient le feu de l’impureté, que les Comédiens entretiennent l’oisiveté de ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement ; que c’est un dérèglement pernicieux, puisqu’une simple oisiveté serait encore plus avantageuse qu’une si honteuse occupation Jean. […] La paresse est à fuir comme un écueil dangereux ; mais les Comédiens entretiennent les hommes dans cette paresse : car des esprits sans occupation s’ennuyeraient bientôt, et auraient peine à se souffrir eux-mêmes, s’ils n’étaient flattés dans leur oisiveté par le ressentiment de quelque plaisir. […] Augustin dit que c’est un grand péché de donner de l’argent à ces sortes de personnes, il veut dire aux Comédiens, pour leur peine, parce qu’on les entretient dans leur crime : et c’est un péché qui paraît mortel, parce que par là on coopère à une action qui est péché mortel. […] » , tend à les entretenir dans leur iniquité, comme celui qu’on donne à une femme débauchée. […] » a suivi ce sentiment ; et il ajoute qu’il semble que c’est un péché mortel, parce qu’on les entretient dans leur profession, et que l’on coopère à quelque chose qui est mortel.
S’agissait-il de parler d’un Cordonnier, d’un Perruquier, aussitôt ils couraient les chercher, s’entretenaient familiérement avec eux ; & les gratifiaient de légers présens.
Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre.
Seroit-il innocent d’entretenir dans un état tellement abhorré par l’Eglise des ames rachetées du Sang de Jesus-Christ ? […] Allez cependant leur faire apprendre, à cette école de vertu, l’art de vous cacher les secrets de leur cœur, l’art de nourrir & d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent.
pourquoi proscrire leur art avec plus de sévérité que tant d’autres qui ne servent qu’à entretenir le luxe & la mollesse ? […] ne contribuent-ils pas tous solidairement à entretenir les Comédiens dans un état que l’Eglise réprouve, & dans tous les désordres qu’il entraîne ordinairement après lui ?
Collet comédie), c’est ici la même chose, les trois théatres sont trois lieux publics, qui entretiennent près de trois cents courtisannes, & en ont sous leurs aîles plus de mille ; ils sont plus dangereux que ceux d’Italie, les courtisannes actrices, sont plus séduisantes, plus exercées, mieux choisies ; elles s’étalent impunément, & dans les plus beaux jours, & se répandent par tout : on va au théatre & chez elles, on les appelle chez soi, sans craindre la police ; ces trois lieux fourmillent aussi des hommes courtisans pour les Dames, acteurs, danseurs, musiciens, ce qui n’est pas toléré en Italie. […] Portrait ingenieux des actrices & des gens riches qui les entretiennent.
C’est lui même, non dans le cours de ses égaremens, mais depuis qu’il est converti, Prêtre, Réligieux, Abbé, fondateur d’Abbaye, après avoir, par sa mauvaise doctrine & sa causticité, mérité d’être chassé de l’Abbaye de Saint Denis, condamné par un Concile, excommunié par le Pape, qu’il s’avise d’écrire ses avantures, non pour les déplorer, comme Saint Augustin a écrit ses confessions, mais pour entretenir sa passion ; car on n’en fait rien que de lui, & de la savante Climene, qui se le rappelloient mutuellement dans leurs lettres, dans le style qu’on appelle tendre, noble, pathétique, parce qu’il est très-licentieux & très-passionné, le tout mêlé de dévotion ; déreglements des Réligieuses, de passages de l’Ecriture, aussi bien que des poëtes, & sur-tout d’éloges infinis deux-mêmes. […] L’acteur de son côté, dévient Prêtre ; Réligieux, Abbé, passe sa vie dans des couvens, & ne trouve par tout que de débauchés ; il en est, dit-on, le censeur, & il n’entretient pas moins un commerce de lettres, où il se détaillent, l’un à l’autre, leurs anciens désordres, avec une licence dont une danseuse de l’opéra rougiroit.
Il ne peut être approuvé que dans un Serrail, où l’unique loi est d’allumer & d’entretenir les passions sensuelles d’un homme livré à la débauche, ou dans le monde & sur le théatre, où par une sorte de Serrail ouvert au public, & plus criminel que celui de Constantinople, on allume & on entretient par toute sorte de moyens les passions de tous les libertins.
Ces objets n’excitent dans l’ame que des mouvemens doux & tranquilles qui ne portent à aucun péché, & ne favorisent aucune passion, ils invitent même à louer, à aimer, à admirer un Dieu dont ils peignent les perfections, mais les beautés théatrales, vanités des vanités, pompe du monde, attraits de la chair, cette musique efféminée, ces paroles tendres, ces intrigues galantés, ces nudités, ces gestes, ce fard, ce luxe ne viennent que du vice, ne portent qu’au vice, n’entretiennent que les passions les plus criminelles, & ne peuvent que conduire au dernier crime. […] Une femme qui écrit met toujours son sexe sur les autels : les jolies femmes se croyant de divinités, tout leur doit & leur rend des hommages divins, pleines de cette idée & pour l’en entretenir, leur langage est toujours monté sur ce ton, elles le prêtent à tout le monde.
Cette grande ville a connu enfin l’importance de ses jeux, elle en a fait son affaire : elle bâtit & entretient à ses dépens des sales, des décorations magnifiques, & a obtenu la direction de cette grande œuvre. […] Mais les Ediles chrétiens, qui vont à deux mille ans ans chercher des apologies dans le paganisme, n’ont-ils pas vu que tous les Peres & les Conciles les ont condamnés, & que la Religion leur défend non-seulement de les entretenir, mais encore d’y assister ?
Sulpitius répudia la sienne, parce qu’il la trouva sans voile dans les rues ; Antistius, parce qu’il la vit s’entretenir familierement avec un affranchi de mauvaise réputation ; Sempronius, parce qu’elle alla à la comédie sans sa permission. […] Pour le consentement des parens, dont la nature, la loi, la conscience, le bien public, l’intérêt du particulier, font un devoir essentiel, non seulement il n’est jamais ni attendu ni demandé, mais l’engagement est toûjours contracté & entretenu à leur insçû, ou contre leurs ordres & leur opposition, contre laquelle on se roidit opiniâtrément, révolte dont on fait un acte héroïque qui forme le nœud de la piece ; & pour tout dénouement bien édifiant & bien instructif pour la jeunesse, on se passe de ce consentement, on l’arrache par force, on le surprend par des mensonges, on trompe par des déguisemens absurdes & sans aucune vrai-semblance, comme sont tous ceux du Théatre Italien, par de faux actes d’un Notaire affidé, par un changement de nom, un parent supposé, &c. que sais-je !
La vie de l’Abbé de Choisi ajoute, mais ne donne que comme un trait incertain, qu’il y emmena & entretint une Actrice qu’un Comédien son amant lui céda, apparemment en payant, & qu’après trois ou quatre ans, au retour de l’Abbé il eut la bonté de reprendre & d’épouser avec une bonne dot que l’Abbé lui fit. […] On aborde qui l’on veut, on s’entretient aussi long-temps qu’on veut, & ce n’est pas au profit de la vertu.
Quant à moi, je vous en entretiendrai toujours plus long-temps que je ne voudrois. […] Voulez vous que celle dont vous desirez de faire une bonne épouse et une bonne mere entende, seulement une fois, ces femmes, la lie de leur sexe, commenter à leur manière ces pièces dissolues, s’entretenir des ressources qu’elles ont été chercher au Mont-de-Piété, des dupes qui sont tombés ou qui tomberont dans leurs lacs, s’offrir au premier venu, conclure sans façon leur marché ?
c’est une sirène qui corrompt et qui mène à tous les vices : ne fissent-ils d’autre mal, ne l’entretiennent-ils pas ? […] » De là ces bateleurs, sauteurs, danseurs, tabarins, pantomimes, bouffons, et toute cette vermine malfaisante : « Hinc Mimi, salii, balatrones, palestræ, gignadi, etc. » Ils se sont si bien accrédités que les honnêtes gens les souffrent chez eux : « Quorum adeo error invaluit, ut a præclaris domibus non arceantur. » L’autorité des Pères de l’Eglise ne nous permet pas de douter qu’ils ne soient excommuniés, « communionis gratiam Histrionibus, auctoritate patrum non ambigis esse præclusam », et que ce ne soit un crime de les favoriser ou de leur donner, car c’est se rendre leur complice, puisque c’est les entretenir dans le vice : « Illis fovens in quo nequissimi sunt. » Dans les autres chapitres il parle de la danse, de la musique, des instruments, des masques ; il en fait voir le danger en détail : combien en est-il augmenté par leur union sur la scène ?
plût à Dieu, mes Frères, que ce Spectacle s’offrît à vos yeux, au lieu de celui que vous allez chercher, et que le Dieu terrible et vivant vous convainquît par cette image de sa justice, combien il sera redoutable envers les amateurs des Théâtres, et les Poètes qui contribuent à les entretenir. […] Ajoutons à tant de vérités que c’est participer à l’excommunication des Comédiens, que de se rendre à leurs assemblées ; que c’est les entretenir dans leur révolte contre l’Eglise, et dans leur impénitence, que de payer leurs actions, et que si l’on doit faire tous ses efforts pour arracher au Démon une âme pour laquelle Jésus-Christ est mort, on ne peut, sans la plus horrible impiété, contribuer à sa damnation.
Répandez un vernis honteux sur un métier quel qu’il soit, vous verrez bientôt ceux qui l’auront embrassé se dépouiller de cette noblesse de sentimens qui entretient l’ame dans l’élévation. […] En exaltant la sagesse du Gouvernement, l’ordre de la Police, la beauté du pays, il ne cessoit à son retour de nous entretenir de l’accueil gracieux dont les jeunes gens, et; même les principales maisons l’avoient favorisé. […] On sait que quand le fonds d’une garderobe est une fois fait, on l’entretient à peu de frais. […] Ne me faites donc plus un pompeux étalage de la nécessité d’entretenir chez vos Citoyens l’humeur martiale, la force et; la vigueur des Athlétes. […] Cette personne qui en entrant chez sa voisine n’avoit pas encore osé permettre à son imagination de s’entretenir d’un objet trop cher, en sortira pour oser se permettre un tête-à-tête avec ce nouvel amant.
« Avertissez incessamment vos voisins et vos proches, dit ce saint Docteur, de s’appliquer toujours aux bonnes œuvres, et de ne s’entretenir que de discours honnêtes et Chrétiens dans leurs conversations, de peur qu’en détractant, et parlant mal de leur prochain, et dansant les jours des Fêtes des Saints, ou en chantant des chansons impudiques, ou indécentes, ils ne blessent leur conscience par ces dérèglements.
Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint.
Quant à ceux mêmes qui tirent ce qu’ils payent là de leur superflu, Dieu ne leur avait pas donné ses biens pour les dispenser si mal, et n’est pas à croire qu’au compte qu’ils lui en rendront, il alloue ces articles, et passe ce qu’ils auront mis pour payer des divertissements où il aura été offensé, et aidera entretenir des Bateleurs, en une profession déshonnête, et préjudiciable à la Société. […] q , « qui voyant que des robes et sommes de deniers qu’on donnait à ces gens-là, plusieurs pauvres eussent été entretenus, et vêtus par un bien long temps, Il voua que toute sa vie, ses robes, et l’argent qu’on leur donnait, serait distribué aux nécessiteux ». […] Et de fait, qui voudra reconnaître de bonne foi ce qui se voit là tous les jours, sera nécessité d’avouer que la licence y est en son règne, et que ceux qui ont dessein de cajoler de jeunes filles, en ménagent les occasions pour les aller là entretenir ; et peu à peu, par leurs approches, et en leur disant de bons mots sur ce qui se représente, les accoutument à ouïr le tout sans que la rougeur leur en monte au front, afin qu’ayant banni la pudeur, qui est la gardienne de l’honnêteté, enfin ils les tirent à leur désir. […] 3. d’une grâce accordée à des Ecoliers par extraordinaire, et rarement, à l’approbation de ceux qui font métier ordinaire de monter sur le Théâtre, et y entretenir l’oisiveté d’une foule inutile qui y court ? […] Nous avons justifié que l’Ecriture ne leur est pas plus favorable, et combien que le mot de Théâtre n’y soit pas, en divers endroits elle condamne la chose. 10 Nous avons montré que les Sages Politiques de cet âge, ont opiné à ce qu’on les bannît des Etats, si on voulait y entretenir l’intégrité, et les bonnes mœurs. 11.
La Tragédie étant destinée à être la peinture des Passions les plus violentes, doit nous entretenir toujours dans l’émotion & nous remplir de tristesse jusqu’à la fin. […] Si le Poëte par une Catastrophe heureuse pour les bons & funeste aux méchans, remet les choses dans l’ordre, & l’ame de ses Spectateurs dans la tranquillité, comme dans le Poëme Epique ; le Spectateur n’a pas à se plaindre d’un Poëte qui a su par son Art l’entretenir pendant quelque tems dans un trouble qui s’est appaisé ; mais ce Spectateur est encore bien plus content lorsqu’au lieu d’essuyer ses larmes & d’étouffer ses sanglots sur le champ, il quitte le Spectacle encore tout ému, & emporte avec lui sa tristesse ; ce qui arrive dans ces Sujets qui répandent la Terreur, & dans ces Catastrophes qu’Aristote recommande. […] Ce n’est point assez d’y voir une Fille qui recevant dans sa chambre un homme couvert du sang de son pere, s’entretient de son amour avec lui, en gémit avec lui, & qui lui est enfin destinée pour épouse, par un Roi qui paroît autoriser le crime : on y entend toujours vanter cette affreuse justice qu’un Particulier se rend à soi-même ; & dans une Nation où les Rois, par des Loix si sages travaillent à éteindre la fureur du duel, on entend le coupable de ce crime s’en glorifier sans cesse, l’appeller une bonne action, & son Pere transporté de joye comparer ce funeste exploit aux Exploits guerriers contre les ennemis de l’Etat, en disant à ce Fils, Ton premier coup d’épée égale tous les miens.
Desmares m’est parfaitement inconnu ; en second lieu j’éprouve une vive satisfaction à vous entretenir de la question qui s’est agitée entre nous et à vous faire juge des dires de chacun : mon plus grand bonheur serait d’obtenir votre approbation ; j’y attacherais, je vous assure, un prix infini.
C’est en nous refusant tout ce qui peut favoriser nos passions, & les flatter, & non pas en nous dissipant, que nous entretenons la vie de nos ames.
Point d’examen de conscience on le spectacle ne soit compris, point de Confesseur qui en donne l’absolution ; c’est participer à l’excommunication des Comédiens, les entretenir dans leur révolte, payer leurs scandales, y entraîner par votre exemple, répondre des péchés qu’on y commet.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens.
Tant qu’il nous entretient dans la crainte & dans les larmes, nous n’examinons point si le Sujet qu’il a traitté, est bien conduit : jamais Spectateur qui pleure, ne critique celui qui le fait pleurer, & il applaudit bien plus à la Piéce, en pleurant, qu’en battant des mains.
On a établi des Censeurs, agens subalternes du Gouvernement, qui recherchent, avec un soin scrupuleux, dans les Pièces de Théâtre, ce qui pourroit choquer la tyrannie & combattre les préjugés qu’il lui convient d’entretenir. […] Que le Public me permette de l’entretenir un moment, non pas précisément de cet ouvrage qui n’a pas encore été soumis à son jugement, mais des difficultés qu’il a fait naître à plusieurs lectures, & des prétendus inconvéniens que quelques gens ont trouvés à sa représentation.
Toute la liturgie Payenne est pleine de danses, & toutes les danses y sont licencieuses, le fruit du vice qui les a établies, des sources de vice qui les inspirent & entretiennent. […] La danse entretient l’harmonie de tous les mouvemens de l’ame ; il se forme de tous ces mouvemens une danse juste & mesurée (il ne dit pas si c’est un menuet ou une courante).
et est-il rien de plus criminel que d’entretenir les autres dans cet esclavage ou de les y attirer ? […] Don Sébastien après toute la grandeur de son repentir, toutes ses tentatives pour se donner la mort et toutes ses résolutions de se retirer dans un Cloître, se rappelle avec complaisance le souvenir de son inceste : et s’entretient dans le désir d’y tomber de nouveau.
Dieu approuve ses ajustements et ajoute même de nouveaux agréments à sa beauté ; quelle joie pour une assemblée, qui ne sait presque s’entretenir d’autres choses que de parures, d’ajustements, et des avantages de la beauté ? […] Il serait à souhaiter que bien des gens lussent le discours qu’il a fait, pour montrer combien se trompent ceux qui voulant vivre en Chrétiens, ne laissent pas de se trouver dans les parties de plaisir, où les chants agréables entretiennent l’esprit et le cœur dans la mollesse : « Où se trouvent les chœurs de musique, qui excitent la sensibilité et les applaudissements des Spectateurs, dit ce grand Saint, là aussi se forme l’aveuglement des hommes ; les Anges en gémissent, et la fête n’est que pour le Démon.
Ce prince ne se contentoit pas d’avoir une troupe de musiciens à son théatre de Dresde, d’y faire venir une seconde troupes de musiciens italiens, dans les fêtes qu’il donnoit, il envoya encore en Italie, & y entretint pendant un an le Giacon à la recherche de tous les chanteurs, pour en faire une recrue & les amener en Saxe. […] Il est certain que c’est lui fare un tort irréparable, d’entretenir, d’exalter ses passions, de concentrer le vice dans son caractere, par la représentation de son personnage. […] Il a beau être un génie supérieur, un écrivain inimitable, le premier des beaux esprits, qui n’a ni prédécesseur, ni successeur, ni égal ; il est rélégué dans le coin d’un cabinet, avec les rats & les vers, dont il a si bien décrit les hauts faits, avec lesquels il continue de s’entretenir encore.
A quelque nuance près de modestie superficielle, selon le carractère des Auteurs plus ou moins retenus, ou des spectateurs plus ou moins libertins, du sujet plus ou moins grave, la licence toujours sans bornes n’a écouté que la passion, n’a cherché que le plaisir, n’a joué que le vice, l’a toujours entretenu & l’entretiendra toujours dans le public. […] Il entretient, il augmente, excuse la frivolité, l’oisiveté, la dissipation, la coquetterie, le dégoût des devoirs du mariage & des fonctions de l’État.
Mais s’il est ainsi, comme il est vraisemblable, que l’homme d’entendement ne se laisse jamais vaincre d’un plaisir ridicule, et borne celui qu’il prend et donne aux autres, comme s’il s’était imposé lui-même la loi pour entretenir ceux qu’il veut réjouir, de propos, aussi décent que délectables ; c’est en quoi le docte est reconnu de l’ignorant ; l’un pour toute fin n’a que le ris, et ne se soucie de quel prix il l’achète : et l’autre n’en veut séparer 1’honnêteté.
Voilà le goût qui fait aimer le théâtre, et que le théâtre entretient, un goût frivole de colifichet.
Le serait-on, en fournissant à un homme dans le délire, des armes meurtrières, ou à une créature impudique, les moyens d’entretenir son infâme commerce ? […] Il leur est donc impossible d’allier avec la pureté de notre Religion, un métier que d’ailleurs les Conciles leur font une obligation de quitter, et il n’est permis à personne de contribuer à les y entretenir, ni de l’autoriser par sa présence. » « Parmi les personnes qui vont aux Spectacles, y en a-t-il beaucoup qui connaissent toute la pureté de l’Evangile, et toutes les obligations du Chrétien ?
Il est aujourd’hui peu de bourgeois, de commis, d’artistes et ouvriers même, qui ne commencent par avoir une maîtresse, une bonne amie, qu’ils entretiennent ou aident pendant quelque temps, qu’ils déshonorent, qu’ils avilissent et abandonnent ensuite ordinairement. […] Elle donnait, ainsi que celle de Longueville, l’exemple et le ton d’une vraiment bonne compagnie, ce qui propageait et entretenait les bons principes.
La richesse, la chaleur du pays, le mêlange avec les Barbares, le service des esclaves de toutes les couleurs, l’éloignement du Prince, la tolérance nécessaire du Gouvernement, le changement continuel des Vices-Rois, l’esprit primitif des Pyzarros & des autres usurpateurs qui n’étoient que des avanturiers, des libertins, des corsaires, sans mœurs, sans religion, sans probité, sans humanité, qui eurent & avec les habitans & entr’eux les guerres les plus cruelles ; cet esprit qu’ils y apportèrent, qu’ils y établirent, & qui subsiste encore, quoiqu’adouci par un gouvernement régulier, par la religion, par le Clergé, par l’état religieux, tout doit nécessairement entretenir dans le pays la plus grande débauche. […] Ces magasins de filles, comme des provisions de guerre & de bouche, étoient entretenus des offrandes faites au soleil, & des revenus attachés au sacerdoce.
Le serieux & les pleurs de la tragédie, qui causent la tristesse par l’idée des malheurs, le plaisant & le rire de la comédie, qui excitent la joie par l’idée du bonheur donnent des idées fausses, des biens & des maux, entretiennent fortifient, augmentent des sentimens déraisonnables. […] Faut il que l’art d’entretenir, d’augmenter les anciens préjugés, les prestiges de la chair & du monde, c’est-à-dire la corruption des mœurs, soit un art estimé, goûté, récompensé par des Chrétiens même qui font prosession de croire ces vérités, & doivent éviter avec le plus grand soin ce qui peut en affoiblir & la créance & la pratique ?
) des Ecrivains dangereux, des hommes sans pudeur, ennemis de l’autorité & du Christianisme, dont ils ont vainement juré la perte , si de l’autre elle ne chasse du milieu de nous une troupe formée pour entretenir le Matérialisme, pour détruire la Religion, pour inspirer l’indépendance & nourrir la corruption des mœurs… des déclamateurs dangereux ; des hommes sans pudeur, ennemis de l’autorité & du Christianisme dont ils n’ont que trop efficacement juré la perte. […] Enfin écoles d’irréligion, ou, si l’on ne soutient pas ex professo le matérialisme, c’est que le croyant bien établi, on pense n’avoir qu’à l’entretenir : & voici comment on y réussit. […] selon les principes d’une science mondaine, qui n’ont pour fondemens que la sagesse humaine & les impressions des sens , le moindre des crimes est de nous entretenir des choses mêmes qui nous sont ici défendues !
C’était sans doute pour entretenir une terreur si salutaire, que non seulement les Poètes Satyriques furent d’abord tolérés, mais gagés par les Magistrats, comme censeurs de la République.
Nos rituels y sont formels, ils sont encore irréguliers pour les ordres sacrés, et la sépulture Ecclésiastique leur est déniée après leur mort, or si leur profession est illicite et reprouvée par les lois du Christianisme, en quelle conscience peut-on contribuer à les entretenir et les autoriser par sa présence ?