« Ut spectacula theatrorum, cæterorumque ludorum die dominico, et cæteris religionis christianæ diebus celeberrimis amoveantur, nec oportere quemquam Christianum cogi ad spectacula. » Nous avons dit que le zèle de ces Princes ne se borna pas à interdire les jours de dimanche les spectacles aux Chrétiens, ils y ajoutèrent beaucoup d’autres fêtes, et renfermèrent dans la défense les Juifs et les Païens. […] Et chez des Princes Chrétiens l’intérêt de la religion l’emporta toujours sur celui de la politique. […] Ils ferment bien le théâtre à la maladie du Roi, à la mort des Princes ; l’ouvriront-ils à la mort d’un Dieu ?
Outre ceux qui font profession publique de monter sur la Scène, on voit dans les Collèges, dans les Couvents des deux sexes, parmi les Bourgeois, les Seigneurs et les Princes mêmes, qu’on s’amuse à jouer la Comédie.
Ces deux Poëtes lui apprenoient à penser, tandis que ses plus éloquens prosateurs bornoient encore tout leur génie à défendre Jansénius, ou à flatter en chaire les Princes morts & les Princes vivans. […] Voyez dans ses pièces nationales, les Rois, les Princes, les Pairs du Royaume, les Prêtres, les Prélats de l’Eglise Romaine & ceux de l’Eglise Anglicane, introduite sur la scène, & pesés, pour ainsi dire, avec un esprit de liberté que le Philosophe David Hume est loin d’avoir égalé dans son histoire. […] L’orgueil & la foiblesse des Monarques, la vanité des Princes, la bassesse des Courtisans, les préjugés & l’ambition du Clergé, l’avarice, l’insolence & l’incapacité des Ministres, les prétentions des corps toujours armés les uns contre les autres ; voilà ce qui a réduit votre Nation au néant politique, où elle s’est vue plongée si long-temps.
L’esprit de Chevalerie s’empara de la Noblesse ; on ne connut de spectacle que les joutes & les tournois, spectacles nobles & décens, où les Princes se faisoient honneur de remporter le prix, qui entretenoit les sentimens d’honneur, la probité, le courage dans la noblesse, que la comédie avilit. […] Ces deux Princes sont l’image du monde, pleins d’ambition ; de cupidité, de faste, de mépris pour la vertu. […] Car alors il n’y avoit point d’actionnaires ; on ne payoit point à la porte : on ne chargoit point les villes de la dépense, le Prince la faisoit toute, & de si petits princes n’auroient osé braver le goût, l’usage, la loi de la nation, comme avoit fait leur pere. […] Ces lâches flatteurs dont les discours empoisonnés répendent un venin mortel dans le cœur des Princes, s’écrierent ce n’est pas un homme mais un Dieu qui parle.
Ils avaient espéré qu’à cette nouvelle résurrection du Christ parmi nous, apôtres nouveaux de sa loi, ses ministres nous la ramèneraient dans toute sa pureté primitive, libre de la dépendance d’un prince étranger, dégagée de ses pratiques superstitieuses, et résumée, en un mot, dans les commandements de Dieu et dans la morale de Jésus-Christ. […] Ainsi donc, riches, renoncez à vos festins sensuels, à vos réunions corruptrices… Princes : pourquoi ces fêtes brillantes dans lesquelles les femmes disputent entre elles de grâce, d’élégance, de toilettes et peut-être de coquetterie, fêtes qui ne sont autre chose que les pompes du démon auxquelles les chrétiens ont renoncé à leur baptême… C’est en vain que vous allégueriez la raison politique, la raison d’Etat qui vous force à protéger, autant qu’il peut dépendre de vous, tous les arts et toutes les industries qui font fleurir une nation ; c’est en vain que vous prouveriez que ces fêtes ont pour résultat de faire circuler dans toutes les veines du corps social l’argent qui en est le sang, pour le faire parvenir de mains en mains jusqu’à celles du pauvre. […] Dans la tragédie, les peuples apprennent à connaître et à juger les passions des hommes élevés, pour ainsi dire, au-dessus de l’humanité, que les lois ne peuvent atteindre, et qui, le plus souvent, se livrent à ces passions avec d’autant plus d’abandon et de fureur, qu’ils ne sont retenus par aucun frein et qu’ils y sont excités, poussés par de vils courtisans qui, comme le dit Phèdre dans son désespoir : …« Par de lâches adresses Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin. […] mes frères, la scène comique est le point central élevé du panorama dans lequel le prince de la comédie fait passer successivement sous nos yeux, les vices, les travers et les ridicules de l’humanité.
Le Théatre est un tableau aussi dangereux : il présente les mêmes désordres, & avec les mêmes couleurs, dans les dieux & les déesses, dans les héros, dans les princes ; l’élévation du coupable semble les ennoblir, en effacer la bassesse & le crime. Nous n’adorons pas ces dieux, nous ne sommes pas soumis à ces princes, il est vrai ; l’effet de ces exemples sera moins rapide, mais on le sentira tôt ou tard. […] Toutes les Tragédies sont pleines d’horreurs : renversement de fortune, conspirations, assassinats de princes, suïcides, tel en est le dénouement, telle en est l’intrigue. […] Il ne traînoit point après lui L’or & l’argent de ses provinces, Superbe & tirannique appui De la vanité des grands Princes, &c. […] Siége, la pratique sacrée des Indulgences, l’adorable Sacrifice de la Messe, avec l’infâme grenier d’une courtisanne, sans compter les impôts, Superbe & tirannique appui de la vanité des Princes ?
La vérité parvient rarement aux Princes par d’autres voies, ridendo dicere verum quid vetat ? […] Dieu est glorifié par différentes Religions, comme les Princes par différens peuples. […] C’est un homme dans une forêt qui ne sait quelle route suivre ; on n’écoute plus que l’intérêt, c’est le vrai mobile des Princes & des Sujets ; la Religion lui est sacrifiée, l’intérêt est le seul évangile qu’on consulte. […] Où est la sûreté des peuples & des Princes ? […] On admire, on respecte ces grands événemens politiques, où les Princes, selon leurs intérêts, se jouent du genre humain ; regardez de près, ce n’est qu’une comédie que joue une Actrice couronnée.
Ils représentent Vénus impudique, Mars adultère, et leur Jupiter, non moins prince de vices, que du royaume, qui brûle d’amour des humains, avec ses foudres : maintenant blanc comme un cygne, maintenant descendant du ciel en forme de pluie d’or : maintenant par le ministère des oiseaux se lançant pour s’amouracher de jeunes enfants et les ravir.
Ils sont la plupart du temps appelés pour divertir les Rois, les Princes, et les Seigneurs de leurs sérieuses occupations : dont les délices, comme disait un Duc de Florence, sont plus à estimer que le travail de leurs sujects, et dont les plaisirs et divertissements nous doivent être aussi précieux que leur personne nous est chère. […] Car encore que les Rois donnent et ôtent la noblesse quand il leur plait, est-ce pas comme qui dirait qu’une laide femme en présence des Rois et des Princes serait belle, et qu’au sortir de là elle reprendrait sa première laideur ?
Princes, Ministres, Magistrats, Militaires, Savants, tout est cité à son tribunal. […] Religion, politique, droit public, morale, intérêt des Princes, histoire, philosophie, etc. tout est de son ressort.
Je reponds en général que la législation humaine suit la condition de l’homme : l’infaillibilité n’a jamais été promise aux puissances temporelles, comme à l’Eglise : quelquefois les Princes multiplient les impôts, font courber leurs Sujets sous un joug arbitraire, convertissent les Républiques en Monarchies, les Monarchies en Despotismes : les Dictateurs Romains se sont faits Empereurs, les Califes se sont érigés en tyrans, un sceptre de fer a plus d’une foi remplacé une domination raisonnable.
On y voit des Princes & des Bouffons ; des Reines & des Soubrettes ; & chacun s’exprime selon le caractère qui lui est propre.
Pendant qu’Israël et Juda, Joab et vos Princes sont sous des tentes, dans les brûlantes chaleurs de la guerre et de la saison, il vous sied bien d’écouter à votre aise un Chanteur ou une Chanteuse, et de voir sur un Théâtre comme en raccourci la figure du monde qui passe.
Les monuments élevés aux Princes, & de même aux auteurs pendant leur vie, sont bien équivoques, ils peuvent n’être, & ne sont très-souvent que l’ouvrage de la flatterie, de l’intérêt, de la crainte, de l’intrigue, ils peuvent avoir été mandiés, ordonnés, achetés par le maître, les courtisans, les parents, les amis ; & communément ils sont très-flattés. […] Les villes célebrent ces fêtes avec le plus grand éclat, tout l’empire des lettres devoit solemniser de même la dédicace des statues de leurs Princes ; il en avoit comme les villes, fait les frais, il devoit en faire les honneurs. […] Les obséques des Princes, des Généraux d’armée, des gens en place, des moindres citoyens, à proportion vont encore plus loin que Casimo dans l’assemblage des objets lugubres de toutes especes.
Comment excuser la maniere indécente, dont il parle des Rois & des Princes ? […] Les Princes d’Allemagne ses amis, ses confreres, plusieurs ses égaux, quelques-uns ses supérieurs, n’obtiendront pas plus de grace. […] Des Princes, dont l’Etat contient six mille arpens, Reduisent en jardins la moitié de leurs champs ; Et pour avoir chez eux Marli, Meudon, Versailles, Oppriment leurs sujets, gémissans sous les tailles.
On ne peut sans horreur lire les Philippiques ; mais les Epitres dédicatoires, qui avancent que la Regence de ce Prince fut toujours paisible & heureuse, qu’il réunit toutes les Puissances de l’Europe, trouveront-elles quelque créance quand on se souviendra de la guerre d’Espagne, des entreprises d’Alberoni, du systeme des billets de banque, des troubles de la Constitution du proces des Princes legitimés, de l’exil du Parlement de Paris ? […] Les Princes comme vous font leur félicité de repandre la joie dans leurs Etats, & les Auteurs comiques, Ministres en ce point des intentions d’un bon Prince, tâchent de nourrir cette joie. […] Elles figureroient parfaitement avec leurs édits & declarations, & l’histoire, qui dans la vie des Princes ne parle guere, & toujours pour les blâmer, des comédies qu’ils ont donné, a grand tort de négliger cet article essentiel de leur gloire.
Louis et Philippe-Auguste, l’un et l’autre très pieux et très grands Princes, qui ont le plus sagement gouverné ce royaume, et sur qui Dieu a le plus abondamment répandu ses bénédictions, ont rendu, au rapport de tous les historiens, des ordonnances dans les termes les moins flatteurs pour les élèves de Thalie. […] Les Princes leurs prédécesseurs avaient accoutumé de faire des présents à ces gens-là, et de leur donner leurs vieux habits (quels présents !) […] Mais la Comédie Française n’en peut tirer aucun avantage, elles lui sont même contraires. 1.° La Basoche a eu des lettres patentes de Philippe le Bel et de quelques autres Princes ; mais elles ne regardent que leur juridiction et leurs privilèges, et ne font aucune mention de comédie, qui ne s’y introduisit que longtemps après.
C’est celle d’Armand, le Dieu tutélaire des lettres : c’est la voix de cet oracle. » On trouve dans cette pièce des traits bien singuliers : « Les Rois sont au-dessus des crimes … Toutes choses sont légitimes pour les Princes qui peuvent tout … Raison, dont la voix importune vient s’opposer à ma fortune, tais-toi, le conseil en est pris » … quelle morale ! […] Les pièces de Corneille au contraire respiraient un air républicain, et parlaient assez cavalièrement des Grands, des Princes et des Ministres : quels blasphèmes ! […] Une preuve des plus singulières de la fureur du Cardinal pour le théâtre, c’est de l’avoir fait construire chez lui : exemple unique alors, que peu de Princes ont imité, qui ne fut suivi que dans les collèges des Jésuites.
» Cette manière directe et courageuse de terrasser un lâche imposteur paraît aussi à cet homme sensible, qui a déjà donné plusieurs autres preuves de son amour du bonheur commun, la plus sûre pour éviter de compromettre, ou confondre avec de méprisables intrus, audacieux agents d’iniquités, les hommes les plus utiles et les plus chers à la société, des magistrats intègres, des administrateurs et chefs vertueux, justes et vénérables, sincères amis de leur prince, véritables soutiens du gouvernement, qui savent faire respecter les lois en les respectant eux-mêmes.
Je ne m’y oppose pas ; mais cette protection et cet avantage ne doivent être accordés par les Princes, et ne peuvent être mérités par les Comédiens, que temps que le Théâtre sera dans un état tel que les honnêtes gens et les Chrétiens puissent y assister, sans avoir rien à se reprocher.
Ainsi donc, les prêtres feraient non seulement ce qui ne leur est pas permis par notre législation, mais encore ils contreviendraient aux lois de l’église, en frappant d’opprobre, un cadavre que le prince et les citoyens honorent et qui dans l’ordre social réclame les égards qui sont dus à celui qui, de son vivant, a mérité l’estime de ses concitoyens. […] C’est donc de la part du prêtre, une usurpation sur l’autorité séculière, que de blâmer, punir, et damner la profession de comédien, que le prince a créée, et instituée.
Le second remède et le plus sûr, serait de chasser les Comédiens : il appuie cet avis par celui de Menochiusu, qui porte que les Princes et les Magistrats sont obligés de faire leurs diligences pour les chasser des Villes ; et par celui de saint Charles Borromée, qui dit la même chose en son 1. […] Dans le troisième Chapitre, il nomme les Supérieurs auxquels il faut s’adresser, savoir les Papes, les Prélats et les Princes ; il conclut qu’il serait et plus sûr, et plus utile de défendre absolument les Spectacles, que d’entreprendre de les modérer : car pour modérer et purifier les Spectacles, il faut bannir les expressions tendres, et les sujets qui regardent l’amour des femmes.
Amissionem militiæ, proscriptionemque patrimonii sustinebit, si quis umquam hoc die festo spectaculis interesse, vel cujuscunque Judicis apparitor, prætextu negotii publici, vel privati, quæ hac lege statuta sunt, crediderit temeranda. » On voit bien dans ces Constitutions pieuses et Chrétiennes, quels ont été les sentiments des Princes touchant l’observance des Fêtes, et des autres jours qui demandent une particulière application à Dieu, et à la prière, puisqu’ils ont défendu en ces saints jours, sous des peines très rigoureuses, tout ce qui sert à la volupté.
Les Princes et les Grands Seigneurs se donnaient souvent ce plaisir, et leur faisaient de riches présents.
La Scène ne passe point tout d’un coup des Princes aux simples Bourgeois, & ceux-ci ne doivent pas tous être rangés dans la même classe.
Ils allèrent plus loin : il chargèrent les princes de l’Eglise de prendre part à leur lutte.
Pendant qu’Israël et Juda, Joab et vos Princes sont sous des tentes, dans les brûlantes ardeurs de la guerre et de la saison, il vous sied bien d’écouter à vôtre aise, un Chanteur ou une Chanteuse, et de voir sur un théâtre, comme en raccourci, la figure du monde qui passe.
Le peuple est bien aise d’entendre le secret des cœurs et des conseils ; d’entrer dans l’intelligence des causes, que la police et que les passions lui cachent ; de se rendre juge des Princes, qui se font la guerre, pour lui donner du plaisir.
Cette idée de cheveux noirs sur cette tête d’or, semble plutôt indiquer le sens physique d’une tête chargée & ornée d’or, que le sens moral d’une tête pleine de sagesse ; quoique l’une n’exclue pas l’autre, je suis surpris que dans l’excès & le rafinement du luxe, où le théatre donne, il n’ait pas employé cette parure, riche & brillante, sur-tout dans le rôle des Princes & des Princesses, dont plusieurs sont employées, notamment dans le rôle de Salomon. […] Ces Princes ne sont connus que par leurs excès. […] On ne sentoit plus la douceur, la légereté, les inflexions qui en expriment les nuances des sentiments, & donnent beaucoup de grace à la déclamation ; ils étoient en grand nombre ; on en avoit pour chaque rôle, ils représentoient des hommes, des femmes, des viellards, des jeunes gens, des princes, des esclaves ; l’acteur les prenoit en entrant sur la scéne, & les quittoit en sortant ; cet usage étoit commode, on n’avoit pas besoin de composer son visage : acteur, ou actrice, jeune ou vieux, laid ou joli, le visage étoit tout fait, & la tête toute coëffée ; mais aussi étoient-ils toujours les mêmes, on ne pouvoit ni peindre les mouvemens des passions, ni diversifier le feu des regards, ni répandre à propos les graces du souris ; & ce qui est le plus terrible pour une femme, sa beauté étoit cachée, & ne pouvoit faire de conquêtes ; on ne conservoit pas le chef-d’œuvre de la toilette, dont ces vilains masques dérangeoient toute l’architecture.
De si grands intérêts doivent exciter de violentes tempêtes sur la mer des foiblesses humaines, à Rome sur-tout où tous les princes catholiques semblent se réunir pour les exciter. […] en faut-il tant pour tenter, amollir, corrompre un jeune prince ? […] Il avoit un autre tribunal chez lui, pour les audiences secretes : oubliant qu’il étoit disciple de Jesus-Christ, il faisoit le prince ; il vouloit qu’on écoutât ses prédications, non avec le respect & la modestie qui conviennent à la parole de Dieu, mais avec les applaudissemens du parterre, des hommes & des femmes qui donnoient le ton en battant des mains, en criant miracle.
J’ai ramassé des sommes immenses, j’ai rançonné les Rois & les provinces ; le théatre est un gouffre qui engloutit, & les pensions des Princes, & les présens des Seigneurs, & les fortunes des particuliers, & les filouteries des enfans de famille. […] Les maximes de la plus profonde politique coulent de la bouche des confidens & des Ministres de tous les Princes ; les Philosophes développent leurs systemes ; souvent les Théologiens y viennent débites leurs hérésies. […] Les Princes les plus débauchés en faisoient leurs délices, & les femmes se servoient de ce moyen pour les amollir de plus en plus.
Ce Prince en prit le goût, & se seroit toujours habillé en femme, si sa dignité le lui eût permis ; mais les Princes sont emprisonnés dans leur grandeur. […] Ces héros, ces grands Princes, s’habilloient tous en femme, quoique par des motifs différens, extravagance dans Caligula, foiblesse dans Hercule, crainte dans Achille, excès de mollesse dans Sardanapale. […] Plusieurs Princes Allemands & plusieurs Députés des autres s’y rendirent, n’y parurent qu’en masque, & firent leur partie sans être connus de personne.
Tout cet assemblage de tant de belles choses estoit immediatement suivy des Rois, des Princes, des Capitaines & autres Personnages considerables & mal-heureux. […] , cinq fils, deux filles de Mithridate, & trois cent trente & tant d’autres Princes & Grands Seigneurs, ou grands Capitaines. […] en compte en tout trois cent vingt, & veut que l’Empereur Probus soit le dernier des Cesars qui ait Triomphé, comme si toute la vertu guerriere estoit morte dans les Princes ses Successeurs, & ensevelie ou dans leurs voluptez ou dans leurs avarice.
Ils indiquent à la vérité quelque différence dans le jeu, les pièces, la conduite ; une dissolution, une impudence plus ou moins grande, excite la sévérité des lois, le zèle des Princes et des fidèles. […] Des pères de cet état, fort peu instruits des droits que la loi leur donne, fort peu sensibles à un déshonneur qu’ils ne sentent pas, et qui dans le fond n’est rien pour eux, trop heureux même que leur enfants trouvent du pain, en faisant les Rois et les Princes, ne se sont pas avisés de déshériter leurs enfants Comédiens, et ceux-ci se sont aussi peu embarrassés de la tache d’une exhérédation que personne ne sait, et qui n’aboutit à rien. […] A Paris on les traite souvent en Princes, on les enferme dans les maisons royales, les Acteurs à Bicêtre, les Actrices à la Salpetrière, où l’on ne leur épargne pas la correction.
En effet, lorsque nous savons par tradition et par nos propres observations que des hommes de tous les rangs, que des princes même, que des prêtres, que des prélats, des pontifes, ont donné des exemples de toutes les perfidies et de tous les scandales, qu’ils ont même commis des atrocités, pourquoi tant d’art et d’apprêts, et de si ingénieux tours de force pour nous dire une chose que nous ne devons pas avoir de peine à croire, pour nous montrer qu’un petit particulier, clerc ou laïc, déguisé en dévot veut séduire une femme et encore avoir sa fortune par-dessus le marché ? […] Les excès multipliés de plusieurs membres du clergé, dévots par profession, les grands scandales de prélats, de princes même de l’église, ont fait peu de mal à la religion, constatés et transmis, pendant des siècles, par des voies ordinaires ; au lieu que la peinture dramatique de la perfidie d’un misérable clerc l’a ébranlée jusques dans ses fondements !
Mais, si du moment qu’on joue la comédie on doit être réputé infâme, tant de rois, tant de princes, tant de magistrats, tant de prêtres, tant de religieux qui l’ont jouée, ou qui la jouent le seront aussi. […] Mais ici les gens en place se taisent, ou approuvent & autorisent, par leur exemple, la comédie ; princes, magistrats, évêques.
Les Rois, les Hèros & les Princes, ne parlent-ils pas comme le reste des hommes ?
Page 177 MM. les procureurs du roi, se rendraient coupables de souffrir une usurpation, contre l’autorité légitime du prince. Page 178 Le refus des prêtres, de recevoir à l’Eglise le cadavre des comédiens décédés, est plus outrageant pour le prince et pour les lois, que pour les comédiens eux-mêmes.
Je ne sais, ajoute cet Historien, combien tous ces spectacles ont de charmes pour le peuple, mais je puis assurer que les bons Princes n’en font point de cas. […] Les Princes étaient contraints de s’accommoder au plus grand nombre, et ils laissèrent pour ce sujet les spectacles. […] Quoiqu’il en soit, le désir de parler purement Provençal, porta plusieurs Princes à appeler des Poètes Provençaux dans leur Cour. […] Ils ne s’appliquaient pas seulement à réjouir les Princes par leurs plaisanteries, mais encore ils chantaient au son des instruments leurs louanges et celles de leurs ancêtres. […] C’était le défaut de plusieurs qui composaient des Vers amoureux et des Satires piquantes, qu’ils appelaient des Sirventès, où les Princes n’étaient pas épargnés.
Nos Princes ne sont pas patiens. […] Fortune indigne de grands Princes comme eux. […] Celui qui joue les Princes, peut-il juger de George Dandin ?
Dans ce ballet on vit les Princesses & les Dames de la Cour danser avec les Princes & les Seigneurs, comme dans un bal. […] Il est certain que les plus grands Princes n’ont pas de plus riche appartement. […] Les Princes, les Princesses y dansoient déguisés de mille manieres, représentoient le soleil, la lune, Jupiter, Mercure, Vénus.
Souffrirait-on à la Cour, ni même dans un Etat policé, qu’on jouât le Roi, les Princes, les Magistrats même des autres royaumes, non seulement par la crainte de la satire, mais encore, ne jouât-on que leurs belles actions, pour ne pas blesser le respect qui leur est dû, et familiariser le peuple avec ses maîtres, en les lui donnant en spectacle ? […] Sans doute rien n’offre à l’esprit, au cœur, à l’imagination, des traits plus sublimes, des sentiments plus touchants, des spectacles plus merveilleux, que l’histoire Sainte ; mais comme la magnificence des palais des Princes n’est pas faite pour réjouir la populace, la magnificence de la divine parole est encore moins faite pour amuser les pécheurs. […] C’est jusque là que ces Princes portaient leur respect pour la religion.
C’est lui qui représenta Vespasien aux funérailles de cet empereur ; et, selon la coutume de ces temps-là, il en joua le personnage en imitant et en contrefaisant les paroles, les gestes, les mœurs et les inclinations de ce prince.
distingue les Gladiateurs, les Comédiens, les Tragédiens, les Histrions, les Mimes et le Cirque, et attribue aux Gladiateurs la cruauté, aux Comédiens les Histoires amoureuses, aux Tragédiens les crimes des mauvais Princes, aux Histrions ou Bateleurs les gestes impudiques, aux Mimes l'imitation des actions les plus honteuses qui doivent toujours être cachées dans les ténèbres, et au Cirque les vaines extravagances des Courses et des Combats.
Ce qui est invinciblement confirmé par les lois des Empereurs que nous avons encore citées, dans lesquelles ces Princes zélés pour la gloire de Dieu, défendent comme un crime, de s’adonner les jours des Fêtes aux exercices qui servent à la volupté et au plaisir, par la considération de cette même obligation que les Chrétiens ont de s’appliquer uniquement au culte de Dieu, et de travailler à leur propre sanctification.
Les pères traversés dans leur passion par leurs enfants, prennent contre eux des sentiments de haine : les fils, de leur côté, deviennent ennemis de leurs propres pères, en devenant leurs rivaux : et, dans quelques Tragédies même, on voit des Princes qui ne veulent pas régner aux dépens de leur amour.
Car si le libertinage doit faire mépriser le Clergé, il doit aussi rendre méprisables les Grands & les Princes. […] M. le Prince a toujours été, il sera toujours appellé le Grand Condé ; nonseulement à cause de ses grandes actions, que par la facilité qui se trouve à le distinguer, par ce nom, des autres Princes de son nom ; si on l’avoit nommé Condé le Grand, ce titre ne lui fût pas demeuré. […] Madlle. de Montespan, enlevée à son mari, entretenue pendant 15 ans, mere de six à sept Princes, promenée en triomphe dans toute la Flandre, avec des Gardes du Corps aux portieres de son Carosse, logée dans toutes les Villes comme une Reine, avec les plus beaux meubles de la Couronne, qu’on portoit par-tout, des bals masqués, des bals parés, des comédies, des feux d’artifice, recevant tous les honneurs, tous les hommages en présence du Roi & de la Reine qui accompagnoient la favorite, & pour comble de gloire, justifiée par le plus saint Prédicateur, Pocquelin de Moliere ; dans les beaux sermons de George Dandin & d’Amphitrion, qui peut méconnoître les heureux fruits du théatre ?
Ménage-t-on bien les intérêts des Princes chez la postérité que de confier leur gloire à des plumes de théatre ? […] Le même intérêt fait pancher la balance en faveur de l’Octogenaire, qui ne mérite pas plus que Rousseau la grandesse littéraire, & tant d’autres noms qu’on accumule sur sa tête, comme les noms & les qualités des Princes d’Allemagne. […] On s’attend bien que dans ces fêtes, que donnent tant de Princes & de Princesses, il y a des diamans, des perles, des robes magnifiques, & sans fin, des meubles d’or, des palais de cristal, &c.
Ils disent pour excuser les Princes qui tolerent la comédie, que ceux qui tenoient à Athenes & à Rome les rênes du gouvernement, avoient recours aux spectacles, lorsqu’ils voyoient quelques dispositions à la révolte, & qu’ils craignoient une émotion populaire. […] Mais ces réflexions y sont sans application, elle est très-soumise à ses Princes, ce seroit faire tort au gouvernement de le soupçonner de pareilles allarmes, & lui faire prendre de pareilles précautions. […] C’est la leçon qu’il veut qu’on donne aux Princes.
Cinq grandes batailles, toutes les provinces dévastées par les Huguenots, la Religion Catholique dans le plus grand danger, tous les Princes & grands Seigneurs divisés & soulevés, les troupes étrangères par-tout répandues, la rebellion de la Flandre contre l’Espagne, l’ambition des Guises, les troupes, l’argent, les intrigues de Philippe II, le massacre de la S. […] Mais pourquoi dissimuler qu’ils n’y ont été que des Acteurs subalternes que les Princes ont fait agir, qui n’ont paru sur le théatre qu’à la fin de la piece ; que la ligue étoit formée depuis plusieurs années ; qu’elle avoit été adoprée dans les provinces, dans les Parlemens, dans les Etats généraux, par la Sorbonne & les Evêques ; qu’elle avoit le Roi même à sa tête, armé pour la défendre contre l’hérésie, avant qu’aucun Religieux parût sur les rangs ? […] Les Princes Mahométans & idolâtres le font bien dans tout l’Orient.
Au septième de l’Æneïde, Virgile nous donne comme une liste des Princes et Officiers généraux qui vinrent au secours de Turnus, et il dit entre autres : « Quin et Marrubia venit de gente Sacerdos Archippi Regis missu fortissimus Vmbro. » Le Poète loue ce Prêtre et pour son courage, et pour ses belles connaissances : Umbro avait le secret de calmer les passions, et d’empêcher les effets du poison par le moyen des plantes dont il connaissait parfaitement la vertu : sa mort laissa de grands regrets à sa patrie qui lui fit de pompeuses funérailles. […] Plusieurs d’entre eux étaient nourris dans les Cours des Rois, employés à l’éducation des jeunes Princes et admis au Conseil d’Etat. […] En France, ils sont Ducs, Pairs, Comtes ; en Allemagne, Princes Souverains ; en Angleterre, Lords du Parlement : et la loi y distingue positivement la Chambre haute entre la Noblesse Ecclésiastique et la Noblesse Séculière.
Ces Princes, entêtés de l’erreur des Iconoclastes,2 permettoient que des Bouffons, revêtus d’habits Episcopaux, fissent mille indécences. […] J’ose remarquer en passant, que si les Théologiens de France, qui voyoient les Princes & le Peuple si amoureux de cet Exercice, eussent représenté dans les Conciles la nécessité de le régler plutôt que de le condamner en général, & que la sévérité des Conciles n’eût tombé que sur ce que l’on appelloit les Combats à outrage & à fer émoulu, ces Jeux, sans doute, n’auroient pas eu des effets ni des suites aussi funestes.
S’ils n’ont rien éprouvé de criminel au spectacle, c’est une ignorance, un aveuglement volontaire & inexcusable, contraire au sentiment de tout le monde & à leur propre conscience, une punition redoutable ; que la tolérance des Princes n’excuse pas devant Dieu ceux qui y vont ; que le projet de réformer le théatre, proposé par Muratori & par Riccoboni, est une chimère ; que le théatre ne sert de rien pour corriger les mœurs ni des Princes ni des particuliers, & ne travaille point en effet à les réformer ; qu’il ne produit d’ailleurs aucun bien, qu’il n’attire point les étrangers, n’enrichit point l’Etat, n’empêche aucun autre crime, n’est point nécessaire au divertissement du public, nuit au contraire à tout ; & fait les plus grands maux ; que si quelques Casuistes ont été plus indulgens, ils sont très-répréhensibles ; que leur opinion même, bien appréciée, n’est pas si favorable qu’on pense, & réduit presque à rien la liberté qu’on prétend se donner ; qu’ils ont contr’eux les plus grands hommes, dont le suffrage est bien préférable, le Pape Benoît XIV, le Cardinal Bellarmin, Bossuet, Jacques Pignatelli, Mariana, &c.
Une Action grande, qui se passe dans un endroit public, entre des Princes, doit se passer devant des témoins qui s’y intéressent : ces témoins restant toujours sur la scene, mettoient à toutes les parties de l’Action, une liaison continue, qui ne se trouve pas dans nos Tragédies partagées en Actes isolés. […] Elle eût du ressusciter à la Cour des Ptolomées, si la faveur des Princes faisoit naître les Genies.
Ce fut sur une telle estime qu’un de leurs Princes nommé Phrynicus fut couronné Roy, aprés avoir emporté le prix de la Dance. […] Ce qui dépend de la matiere n’est pas de si peu d’importance, que je ne croye devoir donner cét avis, à ceux qui sont preposez aux Balets, de prendre soin de la fabrique des Masques, sur tout de celles du Roy, des Princes, & des Seigneurs ; car il n’est rien de si dangereux qu’un Masque essayé sur des visages suspects, & que de dancer sous un Masque mal propre, & qui peut avoir servy à quelque homme mal sain. […] Ce n’est pas que j’ayme trop ces perpetuelles loüanges que lon donne aux Princes & aux Personnes de qualité ou de faveur, & mesme que je ne rougisse quelquefois, tant pour les loüez que pour les loüeurs. […] Nos Princes nous doivent estre plus chers que nos plaisirs ; & ce ne sera jamais de mon conseil qu’ils s’exposeront à de pareils dangers, quoy que sur la foy de toute la Philosophie. […] Car il y a de grandes Salles, de belles Chambres, avec les escaliers degagez, où le Roy, les Princes, les Dames peuvent s’habiller, & se coeffer separement.
n’est-ce pas une chose lamentable, de voir qu’un si grand nombre de Chrétiens emploient les Fêtes et les Dimanches, surtout depuis la Septuagésime jusqu’au Carême, au jeu, au bal, à la danse, et à la comédie, ou à voir, ou donner d’autres semblables spectacles, d’une manière très indigne, et pour ne pas dire avec impiété, ou au moins avec un mépris intolérable des Canons de l’Eglise, des Ordonnances des Princes, et de la loi de Dieu même, qui nous oblige de passer les Fêtes saintement ?
Il admoneste les Princes et les Magistrats de chasser les comédiens, les baladins, les joueurs de farce, et autres pestes publiques, comme gens perdus et corrupteurs des bonnes mœurs, et de punir ceux qui les logent dans les hôtelleries. » Je ne finirais jamais si je voulais rapporter tous les titres, dont il les note.
Peut-on admettre aux Sacrements une Troupe de Comédiens qui représentent et qui sont dans la disposition de représenter à l’avenir la Comédie qui a pour titre le Festin de Pierre, sous prétexte que les Princes qui les ont à leurs gages veulent qu’elle soit représentée devant eux ?
Tous les sujets de tragédie regardent des Princes, toutes les catastrophes sont quelque meurtre, et la pièce une intrigue contre eux : la plupart sont des conjurations. […] Fuir, comme un déshonneur, la vertu qui le perd, Et voler sans scrupule au crime qui le sert. » Cet affreux machiavélisme forme-t-il de bons sujets ou de bons Princes ? […] Prêtres saints, c’est à vous de prévenir sa rage : Il faut finir des Juifs le honteux esclavage, Venger vos Princes morts, relever votre loi. […] Allez, sacrés vengeurs de vos Princes meurtris, De leur sang par sa mort faites cesser les cris.
La cause est jugée par trois salles magnifiques, bâties par l’Etat, au nom & par ordre du Roi, une à Versailles & deux à Paris, dans les maisons de deux Princes du sang ; l’Opéra chez le Duc d’Orleans, la Comédie Françoise à l’Hôtel de Condé. […] L’empire du Mexique dans l’Amérique septentrionale, peut être aussi puissant que celui du Pérou, n’étoit pas aussi bien policé quand il fut conquis par Fernand Cortez, soit que les peuples y fussent moins spirituels & moins traitables, soit que les Princes eussent été moins heureux, & moins Philosophes que les Incas ; peut-être que n’ayant pas eu d’Historien comme Garcilasso de Vega, du sang royal, fort instruit des affaires du Pérou, nous ne connoissons point l’histoire du Mexique ; du moins est-il certain par tout ce que nous en savons, qu’on n’avoit point à Mexico, comme à Cusco & à Lima, un théatre régulier, où l’on représentât de vrais drames selon les regles de l’art, soit dans le genre noble entre des grands & des Héros, les seuls que permettoient les Princes Péruviens, soit dons le genre subalterne, bourgeois & bousson, comme en ont tous les théatres d’Europe.
Les plus connus sont Arnauld Daniel de Tarascon, qui vivoit en 1189 ; Anselme Faydit fils d’un Bourgeois d’Avignon, pensionné du Légat, & ensuite attaché au service de Richard Cœur-de-lion Duc de Normandie, en 1199 ; Brunet, Gentilhomme de la ville de Rhodez, pensionné du Roi d’Arragon & du Dauphin d’Auvergne, en 1223 ; Usez & ses freres Seigneurs du lieu de leur nom, aux gages de Reynauld Vicomte d’Albuson, l’an 1230 ; Perdigon, Gentilhomme du Gevaudan, au service du Dauphin d’Auvergne, & ensuite au Comte de Provence, en 1269 ; & Bourneilh, gagé par différens Princes, en 1278. […] « Les Princes & les Ministres, dit M. de Fontenelle en parlant de Corneille & de sa tragédie du Cid, n’ont qu’à commander qu’il se forme des Poëtes & des Peintres, tout ce qu’ils voudront, & il s’en formera. […] Chaque fois il étoit obligé d’habiller ses Officiers, ceux de la Reine & des Princes.
Car on ne voudrait pas imiter ces Peuples qui n’ayant jamais pu garder pour leurs Souverains, une obéissance parfaite, ne veulent point d’autres Spectacles que la mort des Princes, et qui demandent toujours du sang dans les Tragédies, parce qu’ils ont peu d’humanité. […] Mais quand on voit un Prince dont tous les sentiments sont généreux, et toutes les actions honnêtes ; l’estime que nous avons pour lui nous dispose à le suivre dans ses faiblesses, et l’on croit qu’il est permis d’être amoureux, en voyant des Princes illustres et d’une si haute vertu, qui n’ont pas fait scrupule d’avoir de l’amour. […] Avons nous rien vu de plus tendre et de plus touchant que l’embarras extrême où se trouve Phocas dans Héraclius q lorsqu’il cherche un fils entre deux Princes, qui ne veulent point le reconnaître pour Père ?
« Quia tunc daretur ratio sufficiens peccatis aliorum sic remotè cooperandi et cuidem periculo se exponendi. » C’est d’après cela, ajoute-t-on, qu’il est permis d’aller aux spectacles non obscènes, aux femmes mariées, pour ne pas déplaire à leurs maris qui exigent d’elles cette complaisance ; aux domestiques, pour servir leurs maîtres ou leurs maîtresses ; aux enfants, sur l’ordre de leurs parents ; aux magistrats et aux gens de police, pour le maintien du bon ordre ; aux rois et aux princes, afin de se concilier l’affection de leurs sujets ; aux hommes de cour, qui sont obligés d’accompagner le prince, etc., pourvu que toutes ces personnes aient une intention pure et ne consentent à aucune délectation charnelle.
Quiconque est annoncé pour Plaisant, soutient rarement sa reputation ; & dans le tems où les Princes avoient à leur suite un homme chargé de les divertir, le Fol du Roi devoit souvent faire sa charge très-mal.
C’était un devoir aux personnes publiques de s’y trouver en cérémonie, comme parmi nous c’est un devoir aux Magistrats de se trouver aux entrées des Princes, au sacre des Rois, etc. […] La Basoche se partagea sans doute aussi, car se prêtant tour à tour aux deux parties, on la voyait jouer tantôt le Dauphin, la Pucelle d’Orléans et les Seigneurs Français, tantôt le Roi d’Angleterre et sa Cour, la Reine Isabeau, les Princes du sang et les Seigneurs Anglais.
Les jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font. […] Ce proverbe étoit : Jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font. […] Elle fut reçue en France avec les plus grandes démonstrations, elle étoit femme & Reine, c’est le goût, l’usage, le style françois ; on s’épuise en apparences, plus pour soi-même que pour celui qu’on paroît honorer ; on veut étaler son esprit dans les éloges, son bon goût dans les repas, sa magnificence dans les Fêtes, sa fécondité dans les décorations : Princes & Princesses de toutes les nations y ont fait faire des profusions excessives, on a trouvé dans ces derniers siècles l’expédient de l’incognito sous un nom supposé, ce qui débarrasse de la géne du céremonial & des excès de la dépense.
» Cependant malgré l’indécence de cet usage, il fallut le défendre durant trois siècles, par les lois de l’Eglise et des Princes, avant que de l’abolir entièrement.
Ils ignorent que si les fondations des Princes ne sont pas sacrées, il n’y aura plus rien dans le monde qu’on doive épargner ; qu’enfin ces Moines qu’on déchire si cruellement, gagnerent par leurs sueurs, par leurs veilles & par leurs travaux le pain qui les nourrit. […] Durfé 27, dans son Astrée, avoit fait de bergers très-frivoles des héros de Roman considérables ; mais Gomberville 28, la Calprenede 29, la Demoiselle Scudery 30, qui lui succéderent dans ce genre de productions, eurent la mal-adresse de choisir les héros de leurs Romans parmi les Rois, les Princes & les plus grands Capitaines de l’antiquité, pour les faire parler & agir en Celadons & en Sylvandres, qui ne font du matin au soir que lamenter, gémir & filer le parfait amour : tels sont dans le Roman de Clelie, les Lucreces, les Horacius-Cocles, les Mutius-Scevola, les Brutus, & presque tous les personnages des Romans de cette espece. […] La Cour abandonna ces divertissemens, où il arrivoit toujours malheur ; & on les vit remplacés par les jeux de Théatre & les Ballets, où le Roi, les Princes & les Seigneurs étoient Acteurs : mais ce n’étoit que des fêtes extraordinaires, qui n’avoient lieu que dans des événemens qui rassembloient à la Cour les personnes d’état à y paroître. […] Cette contagion infecta les Provinces, Du Clerc & du Bourgeois passa jusques aux Princes.
Les Poètes Grecs ont mis sur leur Scène des Souverains qui venaient de mourir, & quelquefois même des Princes vivans : ils se proposaient par-là de plaire à leur Partie, en rendant odieux le gouvernement d’un seul ; & c’était un moyen d’y réussir, que de rendre les Rois méprisables par un caractère vicieux, & l’exposition de faiblesses dont l’univers retentissait encore.
Dieu a inspiré aux Princes d’entretenir cette défense par leurs Lois, puisque Philippe Auguste dans le 12 Siècle, chassa de sa Cour les Comédiens, au rapport de Dupleix Historien.
Si quelque chose au contraire adoucit à nos yeux la peine de Titus, c’est le spectacle de tout un peuple devenu heureux par le courage du prince : rien n’est plus propre à consoler de l’infortune, que le bien qu’on fait à ceux qui souffrent, et l’homme vertueux suspend le cours de ses larmes en essuyant celles des autres. […] Les Princes et les grands sont trop loin de nous, pour que nous prenions à leurs revers le même intérêt qu’aux nôtres. Nous ne voyons, pour ainsi dire, les infortunes des Rois qu’en perspective ; et dans le temps même où nous les plaignons, un sentiment confus semble nous dire pour nous consoler, que ces infortunes sont le prix de la grandeur suprême, et comme les degrés par lesquels la nature rapproche les Princes des autres hommes.
Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] Mais la religion des Princes Payens émoussoit tous ces traits.
Les Princes Chrétiens étoient très-sévères, ils n’y alloient presque pas ; ils n’avoient point de théatre dans leur palais. […] Aujourd’hui ces barrieres ne subsistent plus, aucun Evêque ne s’occupe du théatre, tous les Princes y sont assidus, toutes les maisons riches ont des théatres de société, les grands, les femmes y jouent, la magistrature, la police s’y rendent journellement, & pourvu qu’on n’interrompe pas les Acteurs, & qu’on n’insulte personne, ils ne s’embarrassent de rien.
Les Princes ne connoissent rien de difficile, il fallut obéir, & tracer la figure. […] En outre abusant de leur privilège, les masques supposent le nom d’autrui, soi-disant Princes, qui est un entregent abusif, & crime de faux qui tourne à la déception des damoiselles, lesquelle se décèlent à eux, pensant qu’ils sont ce qu’elles supposent, sont pareillement les maris déçus ; que les masques, par les propos qu’ils tiennent aux damoiselles, les dégoûtent de leurs maris, leur mettent la gloire par leurs flatteries, qui est cause que quelquefois il y a de l’âne & de la mule aux femmes ; que les masqués entrent avec nombre de varlets qu’on ne connoît pas, qui font désordre à la cuisine, sur la chambriere & sur les vivres, &c. qu’ils sont embâtonnés, garnis d’épées & de poignards en leurs brayettes, en sorte que la force est devers eux, & les maris ne sont plus maîtres on leur maison, leur disent des paroles outrageantes, & commettent plusieurs autres grands abus.
Qui prendra ce soin honorable et dangereux de montrer aux princes le tableau de leurs devoirs ? […] qui honorent également et le prince qui les entendit avec calme et respectd, et l’apôtre, qui ne craignait pas de lui rappeler la plus sainte de ses obligations, celle de soulager une multitude d’infortunés qu’accablait le poids de la misère et des impôts3. […] « Titus, qui réunissait en lui toutes les qualités d’un grand prince, venait quelquefois au barreau, avant d’être empereur, pour y prendre la défense de ceux qui étaient opprimés ». […] NDA Ceci rappelle le trait de l’empereur dont parle Racine le fils, dans son poème de la Religion : « Au plus juste courroux qui peut s’abandonner, Quand le prince lui-même apprend à pardonner ? […] De Dieu, nous disent-ils, descend toute puissance ; Le prince est son image et maître des humains, Tient du maître des cieux le glaive dans ses mains.
Il est vrai que votre passion vous aveuglait beaucoup ; car, puisque ce grand prince, si chrétien et si religieux, ne s’éclaire que par lui-même, vous deviez considérer que les matières les plus embrouillées étaient fort intelligibles pour lui, et que par conséquent vos accusations ne serviraient que pour convaincre d’une malice d’autant plus noire que le voile que vous lui donniez était trompeur et criminel.
Je réponds que saint Louis chassa les comédiens de ses Etats comme en étant la peste, si les meilleurs Princes n’en font pas de même, c’est qu’ils sont souvent obligés de tolérer divers abus pour en empêcher de plus grands, il ne faut pas croire que tout ce que souffre la police à cause de la dureté des cœurs soit licite, et que ce qu’elle est obligée d’épargner n’ait rien à craindre de l’arbitre suprême.
De vrai, on nous allègue, que plusieurs qui sont gens d’honneur et de probité s’y rangent, et aucuns même du plus haut degré, jusques là que ces divertissements sont autorisés ès Cours des Princes, qui avec leurs plus considérables Ministres s’y rendent parfois pour s’y chercher du relâche, après les fatigues de leurs soins, pour la conduite de leurs Etats. […] Mettant donc à part ce qui est de leur personnel, Nous répondons à ceux qui nous en couchent, pour nous tirer en envieeo, 1. qu’ils ne sont quant à eux ni Rois ni Princes, dont le respect retînt devant eux, ces gens d’eux-mêmes dissolus, de suivre leur vrai et propre génie. 2. que ces Rois et Princes dont ils veulent faire bouclier ne sont pas liés de leur même serment, ni astreints à leur obligation, puisqu’ils se disent quant à eux de la Religion, et suivent une profession qui défend absolument cette sorte de récréationsep. 3. qu’ils argumentent en très mauvais Théologiens, vu que le Chrétien vit par règle, et non pas par exemple, quelque illustres que pussent être d’ailleurs ceux qui le donneraient. Même nous nous assurons, que quand ces Princes qu’ils veulent flatter, en seraient consultés, Il n’y a aucun d’eux qui voulût donner les pratiques de sa Cour pour régler la conscience, qui n’a son regard qu’à Dieu tout seul. De fait, lorsqu’il est question d’une action, il faut s’enquérir, non pas si elle est en vogue à la Cour d’un Prince, mais si elle est selon Dieu, et conforme aux enseignements qu’il nous donne en sa Parole ; autrement si la conscience de quelqu’un lui dit que Dieu y est offensé, et son Eglise scandalisée, l’exemple de tous les Princes de la terre ne le doit pas emporter dessus le devoir.
L’usage moderé que les grands Princes font de ces plaisirs, n’empêche pas qu’on ne les prenne toujours pour ce qu’ils sont.
La destinée des Princes & des Princesses des coulisses, est une affaire aussi chaude à Paris, que l’unité des Parlemens à Londres, où le théatre est fréquenté par un peuple immense, de tous les Etats, & n’est fait que pour divertir, & c’est son vrai point de vue. […] Lopes de Véga, comme Corneille en France, le rendit décent, & guérit les Rois & les Princes de la maladie ordinaire aux grands, de ne pas aimer à entendre leurs vérités.
Telle est la conduite, tel est le langage du théatre d’après lequel agit & pense ce qui se dit le beau monde, il faut soutenir la dignité des Princes ; en effet la belle Princesse, les les beaux représentans ! […] De retour au Palais, il donna un festin à cette troupe de Nains, il y avoit deux petits dais de soie au-dessus des places des nouveaux époux qui avoient une petite table séparée de celle des autres ; les filles Naines qui avoient servi de conductrices, avoient des couronnes de laurier ; il y avoit pour servir un Maréchal & huit sous-Maréchaux, tous Nains : l’Écuyer tranchant avoit une cocarde, cette troupe de petites personnes étoit au milieu de la salle, l’Empereur, les Princes, les Princesses & toute la Cour dînoient dans la même salle, à des tables rangées le long des murs, comme elles le sont dans un réfectoire de Religieux, & rioient des saillies de leurs Nains qui faisoient plus de bruit à mesure qu’ils buvoient les santés.
Je ne sais comment Cahusac en fait un crime à Trajan, & le traite d’homme médiocre que Pline a loué en courtisan, & qu’il auroit dû blâmer en Philosophe, puisque, de l’aveu de toute l’antiquité, ce fut un des plus grands Princes qui soient montés sur le trône des Césars. […] Germain, la Reine, les Princesses dansèrent en Sirenes, Nayades & Néréides ; les Princes, les Seigneurs, en Tritons, Faunes, Satyres, & reçurent chacun un présent de sa Dame.
Les Princes, les Princesses, les plus grands Seigneurs, remplissaient tous les rôles sur le théâtre et dans l'orchestre. […] Les Princes ont tous les talents, et disposent de tous les suffrages.
On ne peut mettre les grands princes sur la scène que dans le genre héroïque : en faire le sujet d’une farce, c’est les rendre ridicules & avilir leur dignité. […] La députation suppose une supériorité, une dépendance qui détruit la souveraineté : ce Roi ne peut recevoir que les honneurs d’Ambassadeur & non de Roi, il doit céder le pas aux Princes particuliers & à quelques autres ambassadeurs, on lui donne des instructions & des ordres auxquels il doit se conformer, il est payé, il peut être révoqué, flétri, désavoué, il doit rendre compte de sa gestion. […] Il n’y a ni justice, ni bon goût, ni vérité, ni respect pour la majesté royale, de lui faire tenir des propos de hales : mais c’est le goût du Théatre de croire honorer les Princes, en faisant d’eux des tabarins.
Conti, Traité de la Comédie et des spectacles, 1666 • Conti, Armand de Bourbon (1629-1666 ; prince de) : Traité de la Comédie et des spectacles. […] • Jean Le Blond : De l’Estat et maniement de la chose publique ; ensemble du gouvernement des royaumes et instruction des princes ; recueil… extraict des œuvres latins [sic] de François Patrice,… traduit en nostre langue par M. Jean Le Blond, plus y est adjousté un petit abrégé du livre d’Érasme, touchant la doctrine et enseignement du prince chrestien…, Paris, C. […] [Couet ou Couot], docteur de Sorbonne, sur le poème dramatique, où l’on examine s’il est permis d’aller à la comédie, d’en faire et d’en représenter, et où l’on répond aux objections de Mgr le prince de Conty, Mgr l’évêque de Meaux, M. […] → Textes : 4e traité, « Des devoirs du Roi envers soy-mesme » (p. 183-248) : Discours 6, « Si le prince peut apprendre les arts libéraux comme la peinture, la musique et l’astrologie », p. 219-226 ; Discours 7, « De la magnificence des Princes dans les habits, dans les Festins et dans les spectacles publics », p. 226-234).
Le Président Henault & cent autres ont fait des abrégés d’histoire, des tables chronologiques, où les noms des Princes & des hommes célébres, sont distribués par ordre de datte, de dignité & de matieres. […] Voltaire-même les a faites & plus fortement encore ; on seroit bien injuste de ne pas avouer que la galanterie a presque tout affoibli ; que d’environ quatre cent tragédies données au théâtre, depuis qu’il est en possession de quelque gloire en France, il n’en est pas dix ou douze qui ne soient fondées sur leur intrigue d’amour ; plus propre à la comédie qu’au genre tragique, c’est presque toujours la même piece, le même nœud formé par une jalousie, dénoué par un mariage, une coquéterie perpétuelle, une vraie comédie, où des Princes sont acteurs, & dans laquelle il y a du sang répandu pour la forme.
Pour donner aux dieux, aux héros, aux princes les habits qui leur sont propres, il faut que le Tailleur costumier possede à fond la Mythologie, l’Histoire sacrée & profâne, ancienne & moderne, les mœurs, les usages, les modes de tous les peuples & de tous les siecles, les couleurs de chaque nation d’un pole à l’autre, sur-tout l’Histoire de France, les coutumes, les modes, les toilettes, depuis Pharamond jusqu’à Louis XVI : ce qui n’est pas une petite étude. […] Dans un autre pot-pourri de prédictions, au commencement du regne de Louis XVI, dont les papiers publics ont fait un grand étalage, & qui n’est qu’une répétition déguisée de l’ancien vaudeville, Et tout s’en va cahin, caha, & de vingt autres que Panard & les Italiens ont fait en divers temps, on trouve ce couplet : Désormais l’acteur, loin de trancher d’un ton de prince, sans air protecteur, recevra le modeste auteur ; Chloé, qu’on vit si mince, dans son éclat, se souviendra des sabots que jadis en Province elle porta, & n’attendra pas pour se corriger qu’on la pince , &c.
On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Quelle leçon pour ce Prélat Distributeur des Prélatures, qu’un jeune Poëte ne voye dans ces honneurs que l’étendue des devoirs qu’ils imposent, qui vinrent le chercher, que la résistance par probité aux offres les plus avantageuses, & dont cet Académicien étoit bien éloigné de se croire digne , tandis que lui, Prince de l’Eglise, y voit la récompense de quelques comédies, & deux Princes de l’Eglise en font l’éloge !
Ils croyoient que rien n’honore tant la Religion que de voir les Princes & les Grands confondus aux pieds des Autels avec le reste des Fideles dans les devoirs communs & extérieurs de la foi. […] Et comme dans ces Ballets les Princes & les Seigneurs étoient Acteurs, on y invitoit toutes les personnes de la Cour, sans en excepter les Prélats. […] d’Estrade ne manqua point de donner comme une autorité imposante, l’accueil qu’on faisoit à ces sortes d’amusemens dans les Cours de plusieurs Princes Souverains. […] Certes, je ne crois pas que les Princes eux-mêmes le voulussent dire, ni qu’il y eût aucun d’eux qui voulût donner les pratiques de sa Cour pour regle de la conscience. […] C’est donc aux Princes & aux Magistrats de faire en sorte qu’elles soient constamment observées, s’ils ne veulent point voir leurs Etats tomber en décadence en très-peu de temps.
C’est dans ces pièces que les vices qui ont de l’éclat, et qui ont déshonoré les Princes qui les ont eus, sont élevés au-dessus des vertus abattues sous leurs pieds : que l’impudicité est appelée chasteté, et qu’elle passe pour telle dans une fille qui n’a qu’un amant, et qui lui abandonne son cœur et son corps sans lui donner de rival.
Dans la guerre de Flandres de 1744 les deux Généraux s’étaient accordés pour avoir tout à tour la comédie chaque semaine : la troupe passait d’un camp à l’autre, et pour mettre à couvert de toute insulte ces Princes et ces Princesses, un détachement de cinquante maîtres était commandé pour les escorter jusqu’à demi-chemin, où un pareil détachement de l’autre armée venait les prendre et les conduire.
Nicole Gilles, dans la vie de Philippe Auguste, dit : « Ce Prince voyant que des robes et des deniers qu’on donnait alors aux Comédiens, plusieurs pauvres eussent été entretenus pour bien longtemps, il fit vœu que pendant toute sa vie cet argent et ces robes seraient distribués aux nécessiteux. » Ce fut un des plus grands et des plus heureux Princes qu’ait eu la France.
Le tragique fait penser profondément, s’occupe d’objets sérieux, fait parler des personnes graves, décentes, élevées, raisonne dans le conseil des Princes d’affaires importantes, & traite de grands intérêts. […] Aucun délassement ne conviendroit mieux à la dignité des Princes, des Ambassadeurs, des Officiers généraux, même des Rois ; ce seroit non-seulement varier & multiplier, mais perfectionner, ennoblir, élever, étendre la grande école du Théatre par la création d’un nouveau genre heureux & fécond.
Est-il vrai-semblable que deux Princes se croyant toujours tous deux ce qu’ils ne sont pas, parce qu’ils ont été changés en Nourrice, s’aiment tendrement, lorsque leur naissance les oblige à se détester, & même à se perdre ? […] La Péripétie est la mort de Phocas : les deux Princes ne sont reconnus qu’après cette mort, & comme alors ils n’ont plus à le craindre, qu’importe au Spectateur, qui des deux soit Héraclius ?
En effet Polyxène tirait sa naissance de l’un des plus grands Rois du monde, qui venait de perdre son Royaume, après une guerre de dix années : Cette Princesse n’avait alors que seize ans, et passait pour l’une des plus belles personnes de l’Asie ; on voulait l’immoler aux Mânes d’Achille, qui l’avait tendrement aimée, et qui avait voulu l’épouser malgré les cabales des Grecs ; et ce qui devait redoubler encore la douleur de Polyxène, c’est que Pyrrhus, le propre fils d’Achille, était celui qui demandait ce barbare sacrifice, et qui la poignarda de sa propre main, à la vue de l’Armée, et de tous les Princes de la Grèce. […] Si les Princes et les Magistrats tolèrent la Comédie par une espèce de politique, on ne doit pas conclure pour cela, qu’elle soit permise devant Dieu ; on tolère dans les Etats et dans les Républiques bien d’autres désordres, à quoi il serait peut-être trop dangereux de remédier.
Je ne représenterai point la suite des Rois, et des Princes dont il est descendu. […] « Il pécha, comme les Princes ont accoutumé de faire ; mais il fit pénitence, ce que les Princes n’ont pas coutume de faireS. […] Elle apprend aux peuples qu’il ne faut pas qu’ils se plaisent à imiter les Princes dans leurs chutes, mais qu’au contraire il faut que la chute des Princes augmente leur crainte, et leur vigilance. […] Tous leurs soins ne vont qu’à complaire à la Cour de France, et à la ville de Paris ; et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent. […] , peuvent recevoir les Princes des personnes infâmes ?
Louis le Maure, Usurpateur du Milanois, empoisonneur de son Pupille Héritier naturel, un soufflet donné par l’Electeur de Brandebourg au Duc de Neubourg, excite une guerre sanglante entre ces deux Princes, le motif était le partage de Clèves & de Juliers. […] Personne n’ignore que l’un & l’autre sortaient de recevoir leur Dieu aux pieds des Autels, lorsqu’ils portèrent leurs mains parricides sur ces Princes, hélas ! […] « Mais les Comédiens n’ont jamais reçu cette disgrace, ayant toujours été traités avec honneur par les personnes de grande condition & capables de toute société civile ; ce que l’on peut justifier par beaucoup de rencontres, & même de ce que les Poètes dramatiques dont aucuns ont été Généraux d’Armée, jouaient quelquefois eux-mêmes le principal Personnage de leurs Pièces ; & s’ils ont été quelquefois maltraités à Rome après la mort des tyrans sous lesquels ils avaient servi, ce fut par maxime d’Etat, comme amis des mauvais Princes, & non par règle de Police, comme ennemis des bonnes mœurs. » [Prat. du Théât. par l’Abbé Daubignac, t. 1er p. 349. […] Cet honneur ne fut accordé depuis qu’aux plus grands Princes, & même avec peine.
Dans le premier Concile Provincial de Milan, où il parle avec ses Suffragants : « Nous avons, dit-il, trouvé à propos d’exhorter les Princes et les Magistrats de chasser de leurs Provinces les Comédiens, les Farceurs, les bateleurs, et autres gens semblables de mauvaise vie, et de défendre aux hôteliers et à tous les autres, sous de grièves peines, de les recevoir chez eux.» […] « Pourquoi, dit-il, les Comédiens seront-ils plutôt infâmes, que les jeunes gens dans les Collèges, que les personnes les plus sages, et quelquefois les plus qualifiées, les Princes mêmes et les Rois, les Prêtres et les Religieux, qui tous pour se divertir et sans scandale représentent des personnages dans les Comédies ? » Nous répondrons à notre Docteur : mais qu’il nous dise, s’il lui plaît, auparavant, où il a vu des Rois et des Princes, des Prêtres et des Religieux, et enfin des personnes les plus sages jouer la Comédie. Néron autrefois a monté sur le Théâtre, mais nous n’avons point, que je sache, d’exemples de Princes Chrétiens qui se soient piqués de l’imiter.
tant de Princes que leurs apothéoses montroient dans le ciel, gémissent dans les enfers avec Jupiter lui-même & ses adorateurs !
Les Princes d’Italie en faisoient quelquefois représenter dans leurs Palais ; c’étoient des Fêtes particuliéres : mais le premier Opéra donné au Public, fut joué à Venise en 1637.
Il s’y soutint en Orient et en Occident jusqu’à l’extinction des deux empires, et même sous les Princes Wisigoths, comme le rapporte Cassiodore.
Comme s’il était probable que les Princes, que les Conquérants, que les Rois eussent bien voulu avoir des Comédiens et des Farceurs pour Pédagogues. […] « Nous avons cru, dit-il, qu’il fallait représenter aux Princes et aux Magistrats, l’obligation où ils sont de chasser de toute l’étendue de leurs Terres les Comédiens, les Baladins, les Farceurs, et toute cette sorte de gens corrompus ;De Histrionibus. […] C’est la différence qu’il y a entre la Loi de Dieu et la Loi des hommes, que la Loi de Dieu étant émanée d’une puissance infinie, s’assujettit tout l’homme pour ne laisser rien d’impuni de ses désobeissances, parce qu’elle a la force de convertir son cœur ; au lieu que la Loi des Princes temporels, quoiqu’elle oblige en conscience, sortant d’une puissance finie et bornée, suppose dans la plupart de ceux auxquels elle s’addresse un reste de corruption et de cupidité qu’elle ne détruit pas.
Ce Programme est un long verbiage assez mal écrit, on y fait une espece de traité de l’art dramatique, dont on donne des regles fort triviales, ce qui n’est ni l’usage des programmes, ni le style des Princes ; il y en a même d’assez peu justes. […] Jean Cardinal de Medicis fils du fameux Laurent fut élévé dans les plaisirs, l’opulence, le luxe & le faste des Medicis, qui l’emportoient sur les plus grands Princes, & par ce moyen parvint à la plus haute fortune.
Un habile Ecrivain, qui a laissé beaucoup d’ouvrages, dans le goût de son temps, il est vrai, comme les meilleurs Ecrivains ses contemporains, mais savans, utiles, d’une bonne théologie, & d’une saine morale ; un homme distingué dans les Cours des Princes, du Pape, & de l’Empereur, qui a refusé plusieurs Evêches très-considérables, qu’on lui a offert ; un Martyr de la charité, qui dans un temps de conragion se livra sans reserve au service des pestiferes ; un reformateur de l’Ordre de S.François, qui a retabli l’observation de la regle primitive dans trois cents Couvens, dont il a fondé une partie ; reforme qui a passé dans tous les royaumes Chretiens, sous le nom d’Observantins, ou de la grande observance, c’est-à-dire, observateurs de la regle. […] ce seroit bien plutôt celle d’une femme parée, pour faire des conquêtes, comme la femme de l’Apocalipse, qui donne à boire aux Princes dans la coupe de la volupté ; comme l’enchanteresse de la fable, qui change les hommes en bêtes par un breuvage délicieux, comme le pêcheur prend les poissons a l’hameçon.
Sur l’infâme tableau de Leda ; il décide qu’on ne peut le retenir en conscience, même en le voilant, quoiqu’un chef d’œuvre de peinture : Omnis immunditia ne nominetur in vobis (nec pingatur ;) on péche mortellement en regardant dans les lieux publics, les jardins des Princes, les nudités indécentes.
Ils allaient dans les Cours des Princes faire le récit d’un trait d’histoire ou d’une avanture galante, ils accompagnaient, sans doute, leurs discours de quelques gestes ; & nous pouvons présumer qu’ils ne chantaient pas toujours.
Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions.