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135. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Evitez les discours vains et profanes ; ils répandent, comme la gangrène, la dépravation des mœurs et l’irréligion : « Prophana et vaniloquia devita, multùm enim proficiunt ad impietatem ; sermo eorum, ut cancer, serpit. » Eh ! […] Tous ses discours sont une nouvelle dérision. […] Je ne les approuve point ; mais du moins ils doivent éviter deux choses que j’ai toujours remarqué avoir un mauvais succès. 1.° Il ne faut jamais faire des invectives contre la religion, comme dans le Polyeucte de Corneille, où Stratonice, qui n’est qu’une suivante, et quelques autres Acteurs font plusieurs discours en faveur de l’idolâtrie, et disent une infinité d’injures atroces contre le christianisme. […] Il y a toujours quelque Acteur qui fait la fonction de celui qu’on appelle à Rome l’Avocat du Diable, et qui fait plus de mal que tous les beaux discours qu’on prête à d’autres Acteurs.

136. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Dans ses Mémoires sur la Mothe-Houdart, il rapporte ce trait pris du discours de ce Poète sur la tragédie de Romulus donnée en 1722. « Les tragédies ne peuvent pas être d'un grand fruit pour les mœurs, quoique la partie du théâtre la plus sévère. […] intrigues, artifices pour le commettre, audace pour le soutenir, mauvaise morale pour l'excuser, discours licencieux, téméraires, impies, qui ont déjà produit leur mortel effet avant le remède tardif et devenu inutile par les préludes qui amènent la catastrophe. […] Quel goût de luxe et de magnificence, quels grands airs ne prend-on pas dans ces discours pleins de hauteur et de fierté, très souvent d'insolence, ces parures, ces décorations brillantes, cet or, cet argent, ces pierreries ! […] Une expérience de six mille années, dans le monde entier, a appris au genre humain qu'il n'est rien de si pernicieux que le mauvais exemple ; dans toute bonne éducation on écarte, autant qu'il est possible, la vue et l'idée du vice, mauvais livres, mauvais discours, mauvais tableaux, mauvaise compagnie ; on présente de bons modèles, de bons exemples, etc.

137. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

La dépense en fut excessive, & les discours & les postures des Acteurs très-libres. […] Autant que son discours orne son visage, autant son visage orne son discours. […] Cette puerile antithése & ce jeu de mots, un visage qui orne le discours, un discours qui orne le visage, & sur-tout ces oreilles d’âne pour goûter la beauté du discours d’Isabelle, sont d’un ridicule complet.

138. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

Quel plaisir trouvez-vous à ces turlupinades, A ces fades discours, à ces sales propos, Que débite un Pasquinb monté sur deux tréteaux ? […] déjà tout finit, et la vive Camilleh Pour le séjour des Dieux abandonnant la Ville, Des trois Grâces suivie, et son fils dans les bras, Va priver les Mortels de ses riants appâts : Vénus toutefois prête à quitter sa toilette, Adressa ce discours à plus d’une Coquette : "Il n’est qu’un seul moyen de parer la Beauté, C’est l’Amour : ce miroir sans cesse consulté, Ne vous y trompez pas, apprend mal l’art de plaire, Le cœur conseille mieux dans l’amoureux mystère ; Belles qui m’écoutez, quand vous saurez aimer, Mon fils vous montrera comme on peut enflammer."

139. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

» Que les Prédicateurs et les Théologiens, frappés de ces exemples, ne cessent point de crier contre les Spectacles, tandis que l’Eglise lance ses foudres contre les Comédiens ; qu’ils représentent le Théâtre, comme l’école de l’impureté, la nourriture des passions, l’assemblage des ruses du démon pour les réveiller, où les yeux sont environnés d’objets séducteurs, les oreilles ouvertes à des discours souvent obscènes et toujours profanes, qui infectent le cœur et l’esprit. […] Le Traité suivant en forme de Discours n’a été composé que pour justifier sa conduite.

140. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Qui que vous soyez, Prêtre ou Religieux, quoi qu’il en soit, Chrétien qui avez appris de Saint Paul que ces infamies ne doivent pas seulement être nommées parmi les fidèlesb, ne m’obligez pas à répéter ces discours honteux : songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel, des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante ; et la pudeur toujours offensée, ou toujours en crainte d’être violée par les derniers attentats, je veux dire par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces.

141. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

Dans ce premier paragraphe, Desprez de Boissy cite le Discours contre les spectacles de l’abbé Clément.

142. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

C’est, Messieurs, le sujet de ce Discours, où nous allons voir quel a été le Théâtre depuis le premier siècle de l’Eglise jusqu’à présent, et pour quelle raison les Pères ont toujours condamné la Comédie. […] Rappelez, je vous prie, Messieurs, ce que nous disent dans le Discours précédent M. […] Louis chassa absolument ; c’est pourquoi il est bon d’éclaircir ce point d’histoire, on le trouvera à la fin de ce second discours. […] Fin du second Discours. […] Le Père Senault quatrième Général de l’Oratoire en parle aussi d’une manière qui vous satisfera, si vous vous donnez la peine de lire le quatrième Traité du Monarque, Discours 7.

143. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

« Tous les Savans en l’Art, dit l’Abbé d’Aubignac, nous apprennent que les Fables polymythes, c’est-à-dire, chargées d’un grand nombre d’incidens, ou sont vicieuses, ou ne sont pas des meilleures. » C’est parce qu’elles sont toutes occupées par les actions, qui ne laissant point de place au discours, tiennent le sujet comme étouffé, sans air & sans mouvement.

144. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Il leur met dans la bouche des discours indignes des héros du Christianisme, qui ne sont bien caractérisés que par l’humilité, & qui ne conviennent qu’à ces prétendus grands hommes de l’Antiquité payenne.

145. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre prémier. Qu’on ne doit pas se figurer que la composition des nouveaux Drames soit aisée. » pp. 116-120

On ne saurait refuser d’ajouter foi aux discours de ce Poète chansonnier.

146. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre V. Du nombre des Acteurs. » pp. 252-256

Le Spectateur, étonné d’un Tableau aussi vaste, ne sait où ses yeux doivent s’arrêter ; il le parcourt d’un œil inquiet : lorsqu’il croit avoir trouvé l’objet sur lequel il peut se fixer, le discours d’un nouvel Acteur lui fait craindre de s’être mépris, son attention détournée à chaque instant, se lasse enfin ; & ne se fatigue plus à écouter un si grand nombre d’interlocuteurs.

147. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

Secondement lorsqu’il parle dans cet endroit du plaisir que ces histrions donnaient au peuple « en paroles et en actions », il ne sort point de l’idée des discours facétieux accompagnés de gestes plaisants : ce qui est encore bien éloigné de la comédie.

148. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

« Il n’y a peut-être point de gens, dit Bayle, qui puissent se donner plus de carrière, en fait de maximes impies et libertines, que ceux qui composent des pièces de théâtre ; car, si on voulait leur faire un crime de certaines licences qu’ils prennent, ils ont à répondre qu’ils ne font que prêter à des profanes ou à des personnes dépitées contre la fortune les discours que le vraisemblable exige.

149. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

En voici le titre & le plan : Chefs-d’œuvres dramatiques, ou Recueil des meilleures Pieces du Théatre François, Tragiques, Comiques & Lyriques, avec des Discours sur les trois genres, & des Remarques sur la Langue & le Goût, par M. […] Chaque volume in-4 contiendra quatre pieces de cinq actes, ou l’équivalent en petites pieces ou discours qui feront un traité de tout l’art dramatique. […] Tous ces discours sont parfaits, qui en doute ? […] Elles inviteront les curieux, & occasionneront la lecture de ses discours & de ses remarques. […] L’Académie des Jeux Floraux ne l’a pas écouté, elle lui a laissé lire dans une assemblée particulière un discours où il prétend trouver qu’on doit abandonner le Grec & le Latin, qu’il n’entend guere, pour n’étudier que les langues vivantes de Moscou, de Varsovie, de Berlin, de Londres, &c. qu’il ne fait guere mieux.

150. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE Quel nouveau spectacle que des pièces de Théâtre soient jointes à l’ouvrage d’un Théologien ! […] , De quel air penses-tu que ta sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces Danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces Discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la Vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer : Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa des sons de sa Musique. […] « Des Discours trop grossiers le Théâtre épuré Epitre à M. de Valincour.

151. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

D’ailleurs ce Poète avait des défauts ; il y avait chez lui de vieux mots, des discours quelquefois embarrassés, des endroits qui sentaient le déclamateur. […] Il créa le Théâtre Anglais, par un génie plein de naturel, de force & de fécondité, sans aucune connaissance des règles : on trouve dans ce grand génie le fond inépuisable d’une imagination pathétique & sublime, fantasque & pittoresque, sombre & gaie ; une variété prodigieuse de caractères, tous si bien contrastés, qu’ils ne tiennent pas un seul discours que l’on pût transporter de l’un à l’autre.

152. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

malgré mille précautions, une femme honnête et sage, exposée au moindre danger, a bien de la peine encore à se conserver un cœur à l’épreuve ; et ces jeunes personnes audacieuses, sans autre éducation qu’un système de coquetterie et des rôles amoureux, dans une parure immodeste, sans cesse entourées d’une jeunesse ardente et téméraire, au milieu des douces voix de l’amour et du plaisir, résisteront à leur âge, à leur cœur, aux objets qui les environnent, aux discours qu’on leur tient, aux occasions toujours renaissantes, et à l’or auquel elles sont d’avance à demi vendues ! […] L’immodestie tient si bien à leur état, et elles le sentent si bien elles-mêmes, qu’il n’y en a pas une qui ne se crût ridicule de feindre, au moins de prendre pour elle les discours de sagesse et d’honneur qu’elle débite au public.

153. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Je ne vous déclarerai pas leur crime par mes discours ; mais par les propres paroles de celui qui doit juger toutes les actions des hommes : Celui, dit-il, qui verra une femme avec un mauvais désir, a déjà commis l’adultère dans son cœur. » Si une femme négligemment parée, qui passe par hasard dans la place publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop de curiosité ; ceux qui vont aux Spectacles non par hasard, mais de propos délibéré, et avec tant d’ardeur, qu’ils abandonnent l’Eglise par un mépris insupportable pour y aller ; ceux qui regardent ces femmes infâmes, auront-ils l’impudence de dire qu’ils ne les voient pas pour les désirer, lorsque les paroles, les voix, les chants impudiques et tendres les portent à la volupté ? […] » Je laisse faire de bonne foi l’application de tout ce discours de saint Jean Chrysostome : n’est-ce pas une peinture de nos Comédies, et une réponse à toutes les excuses de notre siècle ?

154. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

C’est peut-être, qu’elle était languissante dans le même sens que l’on dit : Qu’un discours est languissant, lorsqu’il est froid et n’a rien de vif.

155. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

Pour donc prouver quelque chose, et pour satisfaire à la première condition, d’abord il faudrait montrer, ou qu’il ne soit pas nuisible d’exciter les passions les plus dangereuses, ce qui est absurde ; ou qu’elles ne soient pas excitées par les délectables représentations qu’on en fait dans les comédies, ce qui répugne à l’expérience et à la fin même de ces représentations comme on a vu ; ou enfin que Saint Thomas ait été assez peu habile pour ne sentir pas qu’il n’y a rien de plus contagieux pour exciter les passions, particulièrement celle de l’amour, que les discours passionnés : ce qui serait la dernière des absurdités, et la plus aisée à convaincrez par les paroles de ce saint, si la chose pouvait recevoir le moindre doute.

156. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Du moins donc, selon ces principes il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, et qu’on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière : on réprouvera les discours, où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d’une infâme tolérance dans les maris, et sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux.

157. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Chrysostome (tom. 1. homil. 2. de David et Saul, initio.) ayant appris qu’on avait fait un ballet, et que quelques-uns de ses auditeurs s’y étaient trouvés, sitôt qu’il fut monté en chaire, il commença son discours par de grandes invectives contre cet abus, et entre autres il dit : Si je connaissais ceux qui ont été à ces folies, je les chasserais de l’église, je ne leur permettrais pas d’assister aux redoutables mystères, et il appelle ces divertissements des pompes du diable.

158. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Esprit-Saint, donnez force & efficace à mon Discours ! […] Là-dessus, Messieurs, je forme le plan de ce Discours, en proposant simplement deux questions. […] Dans un spectacle on trouve plus de profit à faire pour la vertu que dans tous nos discours. […] Admonentur quid facere possint ; quand les exemples des héros, leurs sentiments, leurs discours, leurs actions, leur bonheur, jusqu’à leur infortune, tout autorise la passion : Admonentur quid facere possint, & inflammantur libidine.

159. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

En voici de toute espèce, que l’on voit avec surprise, non seulement dans des domestiques & des amis petit-maîtres, on s’y attend, mais dans la bouche de Sophie, amie raisonnable, &, ce qui est tout-à-fait indécent, dans la bouche d’Argante père, qui au lieu de consoler, d’exhorter sa fille en père vertueux, se met du côté des railleurs, & conte ses prouesses galantes, dont il fait trophée ; ce qui révolte & scandalise par de mauvais exemples & de mauvais discours dans une personne si respectable, faite pour inspirer la vertu à ses enfans. […] Je ne rapporte point les discours aussi mauvais de Saphie, des domestiques & du mari dans ses irrésolutions ; il faudroit copier la moitié de la piece. […] Sous prétexte de corriger l’avarice du père, elle prête aux enfans les sentimens, les discours & les démarches les plus insolentes, & aux domestiques les plus criminelles. […] Le bal, le repas, les discours licentieux, les plaisirs de la chair, voilà son christianisme.

160. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Dans leurs discours légers la saillie étincelle, L’art d’orner le frivole & d’embellir des riens Some de mille fleurs leurs brillans entretiens. […] Discours sur le sentiment, pag. […] Comparez une Actrice avec une Religieuse, & pour mieux sentir le contraste, imaginez une Religieuse sur le théatre au milieu des Actrices, une Actrice dans un chœur de Carmelites au milieu de la Communauté ; comparez cette guimpe, ce bandeau, ce voile, ce scapulaire, cette robe ; avec ce rouge, ces cheveux frisés, ces riches habits, ces parfums, ces pierreries, cette immodestie ; comparez ces yeux baissés, ces regards modestes, ce maintien honnête, ces démarches mesurées, cette voix douce & ferme, avec cette légèreté, ces transports, cette mollesse, ces langueurs, ces regards passionnés, ces yeux perçans, ces tons efféminés, ces attitudes séduisantes ; comparez leurs actions, leurs discours, le chœur où l’on chante les louanges de Dieu, le théatre où l’on célèbre la Déesse d’Amathonte, ces cellules où se pratiquent tant de mortifications, ces coulisses où se prennent tant de libertés, ces parloirs où l’on ne reçoit que des visites de charité ou de bienséance, ces loges où l’on donne des rendez-vous à ses amans, ces discours pieux où l’on ramène tout à Dieu, ces entretiens licencieux qui ne respirent que le plaisir, la débauche, la malignité, ces repas dissolus, ces soupers fins, poussez bien avant dans la nuit, cette vie sobre & frugale, austere même, où la loi du jeûne laisse à peine le nécessaire.

161. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

mettre cinq ou six heures de temps à se parer et à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pièges à la chasteté des hommes, et servir de flambeau au démon pour allumer partout le feu de l’impudicité : demeurer les nuits entières exposé aux yeux et à la cajolerie de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville ; employer tout ce que l’art et la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regards, et pour séduire leur cœur, déguiser sa personne et son sexe, pour ôter à la grace ce petit secours qu’elle trouve dans nos habits ; rouler de quartier en quartier sous un masque de théatre ; ne se pas contenter de discours frivoles et inutiles, se relâcher jusqu’à dire des paroles qui scandalisent : de quel terme oserait-on se servir pour autoriser une licence si scandaleuse ? […] Que de railleries piquantes sur l’inébranlable probité de Loth au milieu d’une ville si universellement corrompuec ; que de plaisanteries à essuyer sur sa piété, sur sa modestie, sur sa retraite ; que de discours désobligeants ; que d’insultes pour s’être conservé dans l’innocence, pour ne s’être pas laissé entraîner au torrent !

162. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] N’est-il pas indigne d’un chrétien, dont la conversation doit être dans le ciel, d’aller voir les indécences les plus grossières, et entendre les discours les plus dissolus ?

163. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Les images indécentes font-elles faire un acte de vertu, & n’occasionnent-elles pas des pensées, des discours, des actions infames ? […] Les images sont en effet un langage très-énergique, comme les discours & les écrits sont des images, & ne sont même dangéreux qu’à titre d’image. […] Les Chapitres 13 & 14, couvrent de ridicule un des abus de la peinture ; c’est d’adresser la parole à des tableaux, des statues inanimées, comme si c’étoit des personnes vivantes ; tant, il est vrai, que les images entretiennent la passion jusqu’à s’épencher en vains discours, à des actes sans vie, qui ne peuvent ni leur répondre, ni les entendre ; non erubescit loqui cum ille qui est sine animâ, il demande la protection d’un bois mort, pro vila rogat mortuum ; car ils ont des yeux, & ne voient pas ; des oreilles, & n’entendent pas ; des pieds, & ne marchent pas ; des mains, & ne touchent pas ; une bouche, & ne parlent pas. Ces folies sont communes sur le théatre, dans les scenes, si fréquentes qu’elles sont usées, où des portraits jouent un grand rôle, font quelquefois l’intrigue & le dénouement ; on leur adresse les discours les plus tendres, les louanges les plus flatteuses, les propos les plus passionnés. […] Si ces amans savoient que la personne qu’ils aiment entend derriere la tapisserie les discours qu’ils tiennent à son portrait, ils seroient fondés à les tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ?

164. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Discours sur la gloire des illustres François, à l’honneur des Comédiens, dont le tribunal agit en souverain avec les Auteurs. […] Il suffira pour détruire toute leur éloquence, d’appeller de leurs discours à leur exemple. […] Il inspire tous les mauvais principes d’orgueil, de vengeance, d’ambition, d’amour propre, d’indépendance ; il dégoûte de la sainteté du mariage, de la légitime population, du bon emploi des richesses ; il excuse, il loue, il inspire le luxe, le faste, l’oisiveté, la galanterie, la molesse, l’adultere, le divorce, l’indécence, les mauvais discours ; on peut s’en convaincre dans tout le cours de cet ouvrage. […] Les raisons sont communes, dangers extrêmes pour les mœurs, galanteries, discours libres, indécences des Actrices, mauvaises compagnies, &c. […] Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté.

165. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

Un instant plus tard, j’étais deshonoré dans son esprit ; elle venait de tout apprendre, je ne sais comment ; si la première elle eût entâmé ce discours, moi-même, je me fusse cru forcé par la nécessité ; je n’aurais pu m’honorer à mes yeux de ma franchise & de mes remords… Le mystère qu’elle découvrait, l’idée d’enlever… à la plus vertueuse épouse, le cœur de son mari… cette idée parut lui faire horreur.

166. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Soit à insérer avec grâce dans le discours, un vers entier d’un Poète, ou une partie de vers sans y rien changer, le sens que prend ce vers par l’apropos de la citation, suffisant pour la Parodie ; soit en y fesant quelque léger changement. 2.

167. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

Despreaux : « De n’oser de la fable employer la figure, De chasser les Tritons de l’Empire des eaux, D’ôter à Pansa flûte, aux Parques leurs ciseaux, D’empêcher que Caron dans la fatale barque, Ainsi que le Berger, ne passe le Monarque ; C’est d’un scrupule vain s’alarmer sottement, Et vouloir aux Lecteurs plaire sans agrément, Bientôt ils défendront de peindre la prudence : De donner à Thémis ni bandeau ni balance, De figurer aux yeux la Guerre au front d’airain, Où le temps qui s’enfuit une horloge à la main : Et par tout des discours comme une idolâtrie, Dans leur faux zèle iront chasser l’allégorie.

168. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

C’est-à-dire, Toutes les choses où se trouvent les attraits des yeux et des oreilles, par où l’on croit que la vigueur de l’âme puisse être amollie, comme on le peut ressentir dans certaines sortes de musique et autres choses semblables, doivent être évitées par les ministres de Dieu : parce que par tous ces attraits des oreilles et des yeux, une multitude de vices, turba vitiorum, a coutume d’entrer dans l’âme.  » Ce canon ne suppose pas dans les spectacles qu’il blâme, des discours ou des actions licencieuses, ni aucune incontinence marquée : il s’attache seulement à ce qui accompagne naturellement « ces attraits, ces plaisirs des yeux et des oreilles : oculorum et aurium illecebras » ; qui est une mollesse dans les chants, et je ne sais quoi pour les yeux qui affaiblit insensiblement la vigueur de l’âme.

169. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

Il est vrai qu’en cet endroit de sa seconde partie, après un fort long discours où il condamne amplement le jeu de dés, il vient à d’autres matières, par exemple à plusieurs métiers, et enfin à celui des histrions, qu’il approuve Ibid.

170. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

un pareil discours dans la bouche d’un Chrétien, est un raisonnement insensé, qui ne mérite pas qu’on y réponde : « Ne respondeas stulto, dit le Sage, juxta stultitiam suam », Prov. 26.

171. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Les jeunes gens trouveront tous ces points traités avec soin, dans la Poétique d’Aristote, dans la pratique du Théâtre de l’Abbé d’Aubignac, dans les discours Préliminaires du Pere Brumoy, &c. […] * Voici comme on lit ces vers, dans un discours de Corneille au Roi.

172. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

On voit de pareilles extravagances dans les noces, qui sont une chose sainte ; les danses, les discours, &c. tout y est licencieux, &c. […] C’est une vrai fournaise en effet, dans laquelle le démon vous jette, c’est lui qui en allume les flammes ; ce n’est pas, comme les tyrans, du bitume, de la poix, des étoupes qu’il y emploie, mais des alimens plus combustibles & plus funestes, des ris dissolus, des discours obscènes, des airs lascifs, des objets indécens, des femmes immodestes, Les premiers feux étoient allumés par des mains barbares, & ceux-ci le sont par de mauvaises pensées, des désirs criminels.

173. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Souffrés, mes Freres, que je finisse mon Discours par ces paroles : au sortir de ce Temple vous allés rentrer dans le monde figuré par l’infidelle Babilone : vous y allés voir ces Dieux d’or & d’argent, postés dans les places publiques, devant qui presque tout le monde est prêt de fléchir le genoüil : vous y allés trouver les Idoles vivantes de luxe & de vanité, ces hommes & ces femmes revêtus d’habits riches & pretieux qui brillent par la pompe de leur train, & la magnificence de leur équipage, devant qui tout le monde rampe & se prosterne : vous y allés trouver ces marques d’orgueil dont tous les riches & les grands se parent ; pour inspirer du respect & de la crainte aux petits : ces plaisirs que tout le monde se permet, ces richesses que tout le monde adore, ces voluptés aprés lesquelles tout le monde soupire, ces honneurs & ces dignités que tout le monde brigue, ces usages que tout le monde embrasse ; prenés bien garde de vous laisser entraîner à ces exemples de mondains : ne vous laissés par aller au torrent de la multitude ; & si vous voulés être du petit nombre de ces Israëlites fidelles, dites comme eux dans vôtre cœur : oüi, mon Dieu, il n’y a que vous qu’il faille adorer, te oportet adorari Domine . […] Voilà le fruit que vous devés tirer de ce Discours : vivés dès à present comme si vous êtiés prêts de paroître devant vôtre Juge ; veillés pour vous preserver de la corruption du grand nombre, pensés sans cesse que ce grand nombre se danne : detestés ses maximes, méprisés ses usages, ne comptés pour rien ses coûtumes, & souvenés-vous que tous les Saints se sont separés au moins de cœur & d’affection de son commerce, pour ne s’attacher qu’à Jesus-Christ, ne suivre que ses Loix, ne craindre que lui, & n’aimer que lui.

174. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Il étudia Aristote, prit pour commentaire, comme il le dit, ses cinquante années d’expérience, & fit après cette lecture, trois Discours sur le Poëme Dramatiques. […] Nos Poëtes obligés depuis la suppression des Chœurs à donner plus d’étendue à l’Action, & ne pouvant soutenir le même feu des Passions dans une Action étendue, ont réuni ces deux espéces de Tragédie, dont l’une étoit appellée par les Grecs Pathétique, & l’autre ηθἱκη ; ils nous occupent par les peintures de ces grands caracteres, soutenus depuis le commencement jusqu’à la fin, par des délibérations que font tranquillement entre eux, des Personnages assis, comme Auguste avec ses Conseillers, Ptolomée avec les siens, Mithridate avec ses Fils, Scenes que ne connoissoit point la Tragédie Grecque, où il y a plus de mouvemens que de discours.

175. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

distingue les jeux de théatre, tels qu’ils se faisoient autrefois pour inspirer l’amour (la vraie comédie, ludi qui in theatris agebantur ad excitandam luxuriam), des jeux de son temps, qui n’étoient que des discours facétieux, des contes, des vers, des jeux accompagnés de gestes plaisans (de lazzis), ce que le Droit Canon de vit. […] une aventure amoureuse, où l’intrigue, les obstacles, les moyens, le succès, le dénouement, les sentimens, les discours forment un vrai roman ; une galanterie continuelle, mise artificieusement en action, assaisonnée de chants efféminés, de danses lascives, d’attitudes indécentes, de décorations licencieuses, de passions les plus vives, de crimes applaudis, exécutée par des Actrices immodestes, libertines, dans la parure la plus rafinée, environnées dans les loges de spectatrices enivrées de plaisir, armées des artifices de la plus décidée coquetterie, & dans le parterre de l’irréligion & de la débauche, où la vertu la plus affermie se perd dans une forêt de pieges, où la séduction est au comble par le plaisir le plus exquis & la pompe la plus éblouissante. […] Qui ne sent la différence des romans avec les livres de médecine, des peintures lascives avec les planches anatomiques, des discours licencieux avec la confession de ses péchés ?

176. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Son principal mérite est d’avoir retenu quelquefois la construction latine ; mais je crois avoir prouvé en peu de mots que les inversions des membres d’une phrase répandaient de l’obscurité dans le discours ; & que la Nature éxige qu’on èxprime ses idées dans le même ordre, & avec autant de clarté qu’on les conçoit. […] Ce que j’ai entre-vu dans leurs discours ; ce que mes réfléxions m’ont appris ; m’encouragent à risquer une définition claire & précise de la musique Française & Italienne. […] Voilà quels sont les Philosophes ; leurs actions démentent quelquefois leurs discours.

177. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

DISCOURS PRELIMINAIRE1. […] Je donnerais aussi des notions plus étendues sur les causes qui ont produit l’immoralité religieuse, politique et particulière ; mais je ne puis, quant à présent, m’étendre au-delà des bornes que je me suis prescrites dans ce discours préliminaire. […] [NDA] Le présent Discours préliminaire contient quelques fragments extraits de l’avant-propos de mon Exposition critique du système et de la doctrine mystique des magnétistes, 1 vol. in-8°, de 424 pages.

178. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Il n’en est pas comme du discours du Sieur Thomas, de l’Archevêque de Toulouse, & de quelques autres que le Roi a supprimé. […] Il prétendoit avoir tiré plus de lumiere pour l’art Dramatique, des mou vemens & des gestes des Acteurs, que de toutes les lectures, soit en voyant leur accord avec le discours qu’il se rappelloit, comme s’il eût entendu, soit en étant dérouté par la maladresse des Comédiens. […] On réalise, pour ainsi dire, le sentiment & l’action dont on parle, ou entraîne invinciblement ; ce qui met une si grande différence entre les Acteurs qui jouent les mêmes pieces, les Orateurs qui prononcent le même discours. […] Les plus éloquens discours sont sans force.

179. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Combien sur notre Théatre ne hazarde-t-on point de discours infiniment plus pernicieux ! […] Qu’on lise les Discours du P. […] Languet, Archevêque de Sens, dans son Discours pour la réception de M. […] quelle profonde sagesse dans ses discours ! […] On ne voit rien que de louable dans leurs actions, leurs discours & leurs sentimens.

180. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Il est certain que nous n’avons point reçu les yeux pour allumer en nous les feux de la concupiscence, ni les oreilles pour écouter de mauvais discours, ni la langue pour la médisance, ni la bouche pour la gourmandise, ni l’estomac pour la débauche, ni les mains pour dérober, ni les pieds pour courir au crime. […] Car souvent le discours s’adresse tellement à des particuliers, qu’il regarde en même temps tout le monde. […] La pourpre, les écharpes, les bandelettes, les couronnes, les harangues, les discours, les festins, qu’on fait la veille, tout cela n’est que la pompe du diable. […] Jugez de leur folie par la vanité de leurs discours : il a déjà, dit-on, envoyé la serviette : chacun dit à son voisin, ce que son voisin a vu lui-même. […] Celui qui n’oserait proférer la moindre parole déshonnête en présence de sa fille, la conduit lui-même à la comédie pour lui faire entendre mille discours impurs, et lui faire voir mille postures indécentes.

181. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Un Magistrat de ce mérite, dans une assemblée si respectable, dans un discours si solemnel, dans le même sujet où on emploie son autorité ! […] On lui fait tenir un grand discours au Clergé, qui lui faisoit, selon l’usage, des remontrances sur les maux de l’Eglise. […] Jamais Henri n’a tenu ce discours : il a été fabriqué dans le dix-huitieme siecle ; il en a le style & le langage, & non celui de son temps : il y a même des termes nouveaux qu’on ne connoissoit pas alors. […] Henri disoit un bon mot, avoit une répartie agréable, une conversation amusante ; mais il n’a jamais tenu sur le champ un si long discours & si bien suivi. […] Louis XIV. étoit incomparablement plus grand que son aïeul, non-seulement par les évenemens mémorables de son regne, mais encore par sa conduite & ses discours : on pourroit faire de ses paroles un recueil plus vastes, & bien supérieur en mérite.

182. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Rien de plus juste ; tous ces discours malins, téméraires, irréligieux, ne sont qu’un air d’esprit fort, qu’on veut se donner. […] On n’a fait pour elle que ce que l’on fait pour les Pensionnaires que l’on élève avec amitié & avec piété, à qui l’on fait craindre le monde & ses dangers, & estimer l’état religieux, très-estimable en effet, & très-heureux pour ceux qui y sont appelés par de bons discours & de bons exemples. […] On lui fait tenir des discours ingénieux au-dessus de la portée d’une fille de seize ans, des vers bien tournés, élégans, figurés, un style, des sentimens, des idées, des termes, qu’elle ne peut avoir puisé que dans les romans, dont cependant elle ne doit avoir lu aucun, puisqu’elle a toujours vécu dans une grande piété. […] En un mot on épuise toutes les fadeurs, le jargon & les folies des romans, pour mettre, contre toute vraissemblance, dans la bouche d’une jeune fille, d’une Novice qui n’a jamais connu l’amour, qui fut toujours remplie de piété, parlant à son Curé, qui l’examine, & qu’elle ne connoit pas, un discours sans décence, un discours insensé, qu’une Actrice de l’Opera oseroit à peine se permettre ; & on dira encore cette piece est décente, il n’y a point d’obsénité ! […] Un moment après ses discours elle expire en prononçant le nom de son amant.

183. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Mercure perd le respect à Jupiter son père, badine sur ses intrigues, plaisante sur sa Grandeur, et tient des discours infâmes. […] après bien des discours obscènes, Berinthie est conduite dans un lieu que tous les Spectateurs savent être un infâme rendez-vous. […] Or, les témoins de ces sales discours peuvent-ils n’en pas ressentir les effets ? […] Prêter l’oreille à de mauvais discours, c’est le moyen d’approuver bientôt le mal même. […] Nous croirons que vous ne tenez point de sales discours, lorsque nous saurons que vous avez soin de n’en point entendre.

184. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Les mêmes accidens, le ravage des années, qui nous ont privés de son Traité des passions, pourraient bien nous avoir enlevé ses discours au sujet de l’Opéra-Bouffon, ainsi que je le démontrerai plus bas.

185. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre III. Que les Danses sont défendues aux Ecclésiastiques. » pp. 14-21

Car le I. défend seulement les bouffonneries, « les railleries, et les discours immodestes et indiscrets, et veut que les Clercs qui sous prétexte de divertissement usent de ces paroles impertinentes, soient déposés et éloignés de l’exercice de leurs fonctions ».

186. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Ce que j’aime dans Jean-Jacques, c’est qu’en voulant prouver une chose, il se détruise lui-même (« les discours de sagesse, d’honneur, &c. ») la Comédie traite donc la morale la plus saine, puisque les Actrices au sortir de l’avoir débité, prennent un air non nuisible à leurs intérêts. […] « Pour les Spectacles qui consistent autant dans les discours que dans les actions, comme furent autrefois les disputes de Théâtre entre les Poètes Epiques ou Dramatiques, ils sont non seulement utiles, mais absolument nécessaires au peuple pour l’instruire, & pour lui donner quelque teinture des Vertus morales. […] Les discours d’un homme en démence sont plus raisonnables que les siens ; il avait assurément la fiévre chaude : je ne puis le penser autrement. […] tandis qu’il était attentif à ce discours : Dieu sait ce qui se passait loin de lui. […] Il prit la défense de ce dernier contre Fannius dans le beau discours intitulé Pro Roscio.

187. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Les Drames du nouveau genre veulent être serrés dans leurs marches & dans leurs discours. […] Mais reprenons le fil de mon discours.

188. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Que si vous voulez savoir comment ils sont coupables d'adultère, je ne le vous déclarerai point par mes discours, mais par les propres paroles de celui qui doit juger de toutes les actions des hommes : Celui, dit-il, qui verra une femme pour la désirer, a déjà commis l'adultère dans son cœur. […] Comment vous pouvez-vous appliquer aux bonnes choses, étant accoutumé à ces sortes de discours ; comment pourrez-vous supporter le travail qui est nécessaire pour s'affermir dans la continence, lors que vous vous relâchez jusqu'à prendre plaisir à entendre des mots et des vers infâmes ; car si lors même qu'on est le plus éloigné de ces infamies, on a tant de peine à se conserver dans toute la pureté que Dieu nous demande ; Comment notre âme pourra-t-elle demeurer chaste, lors qu'elle se plaira à entendre des choses si dangereuses.

189. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Ce qui ne s’observe pas seulement dans la nature de l’homme et dans ses actions, mais aussi dans ses discours : De là est venu que l’Eloquence pour persuader avec plus de force, a mêlé parmi ses préceptes celui de la délectation : c’est ce point qui assaisonne les autres, c’est lui qui donne jour à la doctrine et aux raisons, et de l’activité aux mouvements. […] Pour ce qui est de la lecture, elle est ennuyeuse si elle n’est diversifiée : par exemple, si les Dames lisent les livres de L’Astrée, les discours sérieux d’un Sylvandre leur sembleraient-ils pas dégoûtants sans les naïvetés d’un Hylas ?

190. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

La seconde remarque, est que c’est une figure ordinaire de faire parler les gens selon leurs mouvements intérieurs, et d’exprimer ainsi, non ce qu’ils disent, mais ce qu’ils pensent, ou plutôt ce qu’ils ont dans le cœur, ce qui donne lieu de leur attribuer des discours qui seraient ridicules s’ils s’en servaient effectivement.

191. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer.

192. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Tout ce qui est mis en action fait plus d’effet que le discours ; le théatre qui met tout en action, est donc plus éloquent & plus efficace que les plus grands Orateurs. […] Les mauvais discours, les peintures indécentes, les romans licencieux, pour n’offrir que des libertins imaginaires, sont-ils moins redoutables à l’innocence ? […] Qu’on ne se rassure pas sur quelque discours honnêtes, quelques maximes utiles, débitées par des bouches impures, quelques traits de vertu, vraie où apparente, semés çà & là dans une piéce, qui semblent tempérer l’horreur du désordre, & jetter un voile sur l’indécence du tableau, trop superficiel, trop rapide pour faire quelque impression, trop foible pour tenir contre le vice qui domine ; bien loin d’arrêter le mal, souvent ils l’augmentent. […] C’est au gènie de l’auteur à mènager des épisodes, à amener des circonstances, à prolonger ou à abreger le discours, à faire paroître ou disparoître à propos des acteurs, pour trouver d’une maniere naturelle une durée convénable.

193. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

A ses discours, à ses regards, à ses allures, on saura si les acteurs & les actrices sont en vogue. […] Une femme montée sur des tretaux, se montrer les heures entieres aux yeux du public, dans la parure d’une actrice, y faire toute sorte de mouvemens, toute sorte de gestes, y écouter, y prononcer toute sorte de discours, y jouer sans balancer toute sorte de rôles, qu’y a t-il d’impudent dans le monde, si l’état & la vie d’une actrice n’est pas le comble de l’impudence ? […] La timidité en Chaire & au Barreau défigureroit tous les discours. […] Les regards, les désirs, les discours licencieux, ne sont-ils pas des outrages ?

194. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

L’intendant du prince fit un fort beau discours sur le prix d’un si riche présent, & d’une marque de bonté si distinguée. […] Mais il est fort singulier que, dans un discours qu’on a mis à la tête, M. […] Au reste, ce chansonnier vante fort son mérite & ses services, qu’il réduit pourtant à peu de chose : tant la fatuité & la frivolité rendent les hommes aveugles, & dans les discours qu’ils tiennent, & dans les discours qu’ils sont tenir !

195. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Le Franc de Pompignan, ayant été reçu à l’Académie Françoise, fit à la reception un très-beau discours sur l’irréligion. […] & cela doit être ; le nœud de toutes les tragédies est la passion de quelque Prince, quelque conjuration formée contre lui : le dénouement, la mort de quelqu’un ; plusieurs rôles exigent nécessairement des plaintes ameres, des discours licentieux, des entreprises audacieuses. […] Enseignez-moi les captieux discours Dont vous avez fabriqué les oracles.

196. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Aussi ne le crois-je pas assez profondément méchant pour ourdir cette chaîne diabolique ; c’est une troupe de libertins qui donnent les plus mauvais exemples, tiennent les plus mauvais discours, offrent les objets les plus dangereux, mais n’agissent qu’au hasard, par goût & par passion, sans avoir en vûe aucun plan raisonné de conduite. […] Tobie de son côté se préparoit à son mariage, non par la société des libertins, les mauvais discours des domestiques, des parties de plaisir, le bal, le jeu, la comédie ; mais par la religion, l’aumône, la modestie, la soûmission à ses parens, toutes les vertus que son père avoit eu soin de lui enseigner dès le berceau : Quem ab infantia timere Deum docuit, & abstinere ab omni peccato. […] Ayez toûjours un grand respect pour votre mère, souvenez-vous de tout ce qu’elle a souffert & risqué pour vous, en vous portant dans son sein (discours de nourrice !).

197. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] Par-tout même indécence, passions de toute espèce, galanterie voilée, équivoques dans les discours, juremens, nudités, fard, masque, mélange des sexes, caractere des spectateurs, même danger pour la vertu, même anathème de l’Église. […] Qu’on les compare enfin avec tous les Prédicateurs & les livres de piété de notre siecle, qu’on fasse un discours tissu des seules paroles des Pères contre la comédie, personne qui n’y trouve peint au naturel ce qui se passe parmi nous : c’est toûjours le même cri de la religion & de la vertu, les mêmes armes contre l’ennemi commun de tous les siecles, qui a toûjours tendu les mêmes pieges & fait les mêmes ravages.

198. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Il est impossible que les discours des amans, toujours outrés sur la scène, ne confirment le libertin dans son dérangement, ne réveillent l’esprit le plus assoupi, & ne donnent entrée au vice dans la jeunesse la plus innocente. Cette passion, vue de loin dans des personnes qui s’aiment, dont même on n’entend pas les discours, peut faire la plus vive impression. […] Cette comparaison est prise du Discours 32 de Dion Chrysostome aux Athéniens, où cet éloquent Orateur les exhorte non-seulement à bien recevoir les avis qu’on leur donne pour la réformation des mœurs, & des personnes qui ont assez de zèle & de courage pour les leur donner, mais à bien distinguer les charitables moniteurs qui agissent par de bonnes vues, de ceux qui sont conduits par l’intérêt, la vanité, & qui détruisent par leurs exemples le bien qu’ils pourroient faire par leurs remontrances, comme sont les Comédiens.

199. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Les Auteurs de Poètique n’en ont presque rien dit, parce qu’ils ont crus qu’il serait inutile de faire de longs discours sur une chose qui se prouvait d’elle-même. […] Ecoutons maintenant M. de Voltaire ; & songeons à ce que répondit certain Prédicateur à qui l’on reprochait que sa conduite démentait ses discours ; réglez-vous, dit-il, sur mes paroles & non pas sur mes actions. […] Dans une autre Scène, la tendre, la naïve Isabelle, tient ce discours à Dorlis, qu’elle prend, il est vrai, pour un esprit Aérien. « Votre image me suivra par-tout ; vous m’apparaîtrez dans mes songes ».

200. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

 15. 34. 35. 37. 45.) sur la retenue dans leurs discours, sur le mensonge, la médisance, la raillerie, l’obscénité, la dissolution, la frivolité ; (C. […] Dans un discours qu’il fit devant Julien l’Apostat en faveur des prisonniers, dont il expose pathétiquement la misère, à peu près comme le P.  […] Ainsi c’est pour remplir les vœux de l’ordre des Avocats que j’ai l’honneur de le dénoncer. » « Après ce discours du Bâtonnier, M.

201. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

« Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue. » Choix du sujet, distribution des scènes, progrès du trouble, intrigues, dénouement, situations, obstacles, dialogue, expression, couleur de visage, inflexion de voix, mouvements, gestes, regards, tout doit être passion. […] Bernard (avril 1701) : « Expressions blasphématoires, discours athées, railleries profanes, la gravité méprisée, la vertu avilie, le vice applaudi, le Clergé injurié, déclamations contre le mariage, les infirmités humaines tournées en plaisanterie, la vieillesse tournée en ridicule, les plaisirs de la débauche représentés an naturel, etc. […] Qui a plus d'éloignement de la prière, des saintes lectures, des bons discours, et de tout exercice de piété, qu'un homme plein des frivolités du théâtre ?

202. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

A l’image animée de ces passions, il ne manque guère de s’en élever de pareilles du fond de corruption qui est en nous, tel est l’empire d’une représentation vive sur le cœur humain, lorsqu’elle est accompagnée de discours passionnés, tout y concourt, la déclamation, le port, la geste, les ajustements, la symphonie, n’est-ce pas là jeter de l’huile sur du feu, et aplanir le chemin à un torrent ? […] C’est à quoi j’ai destiné cette seconde partie de mon Discours.

203. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

— (Page 137), « Son discours est un monument à jamais mémorable de sophismes, de démocratie, d’impiété, d’orgueil, et en même temps d’hypocrisie. » — (Page 138), Il le nomme, « cet homme d’orgueil », etc., etc. Telles sont les charitables imputations, les aimables épithètes, et les douces calomnies que notre auteur atrabilaire, prodigue à un célèbre orateur, à un député du Corps-Législatif, à l’occasion d’un discours que ce même député a prononcé avec toute la convenance que le sujet méritait, et sans blesser l’orthodoxie la plus méticuleuse.

204. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Les héros de Racine sont plus aimables que ceux de Corneille, mais ils étonnent moins ; leurs discours sont plus classiques, mais ils ont moins de verve et d’autorité. […]  » Ce discours d’une atroce ironie, la victime pâle et sanglante, tout cela forme un tableau aussi horrible que repoussant, et quand un pareil spectacle n’aurait que le danger d’accoutumer le peuple au sang, et de le familiariser avec le crime, ne serait-ce pas un motif suffisant pour le condamner ?

205. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Personne, le discours même merveilleux de sa vie, qu’on appelloit la legende de Sainte Cathérine, ne l’ont tant décriée qu’elle s’est décriée elle-même. […] C’étoit des exemples, des discours de piété, qui entretenoient la religion parmi un peuple grossier, à qui il faut des images & des discours à sa portée, à qui la perfection enleve ce même spectacle, qu’on dit lui être nécessaire. […] Le devot Abbé de Brantome conclud son dévot discours par un trait de sa propre dévotion fort comique. Mon petit discours n’est pas pas tant pour chanter ses louanges (de Cathérine), je le sais bien mais aussi la qualité de mon savoir (qui est fort médiocre), n’y sauroit suffire.

206. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

On a beau dire que le mérite des Drames modernes dépend plutôt du Décorateur que du Poète, plutôt du jeu du Comédien que de l’élégance du stile & de l’action représentée ; on se moque de pareils discours, & l’on ne charge pas moins la Scène de décorations éclatantes, & d’une pantomime difficile à bien éxécuter.

207. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Entendra ces discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer ; Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique ?

208. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Si vous ne m’eussiez pas vous-même engagé dans le discours que je viens de faire, vous n’auriez jamais tiré la conséquence que vous tirez ; puisqu’enfin mon dessein était de vous faire voir qu’on peu souffrir la Tragédie, et que même c’est un divertissement fort honnête. […] Au reste en tout ce discours, je n’ai point prétendu donner des règles aux Auteurs. […] [NDE] En 1673, la réédition du Clovis de Desmarets de Saint-Sorlin a relancé la querelle du merveilleux chrétien qui l’oppose à Boileau, grâce à l’insertion d’une Comparaison de la langue et de la poésie française avec la grecque et la latine ainsi que d’une Epître au roi et d’un Discours pour prouver que les sujets chrétiens sont les seuls propres à la poésie héroïque. […] [NDE] Aristote le permet, en 53b26, ce que Corneille glose dans le Discours de la tragédie (Oeuvres complètes, éd.

209. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Un Sérrurier trouvera plutôt à profiter en voyant agir ses pareils, qu’un Duc en écoutant les discours d’un Maçon, ou d’un Maréchal-Ferrant.

210. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Je parleray de la composition dans le Discours de la lecture ; je repete qu’il n’est pas permis de les souffrir qu’aprés qu’elles auront esté corrigées par des personnes de sçavoir, & de pieté. […] Prevenez ces dangers, & ces malheurs, avec les précautions que j’explique dans cette derniere Partie de ce Discours. […] Conclusion du Discours. […] Que je serois heureux si ce Discours arrivoit jusqu’aux personnes capables d’apporter quelque ordre à ces abus, ou par leur autorité, ou par leurs remontrances. Que je serois heureux, si je contribuois par ce Discours à une reforme, & à un établissement, pour qui je n’épargnerois pas mon propre sang.

211. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

C’est un fait unique dans l’histoire, qu’un roi compose, prononce, donne au public un discours, l’éloge d’un académicien, bien plus, d’un fou, d’un débauché, d’un impie, reconnu pour tel dans toute l’Europe ; qui n’a échappé plusieurs fois au supplice que par une fuite précipitée, & qui a consigné dans ses livres le systême le plus extravagant, sans même se voiler dans les titres. […] Les jésuites, dans l’instruction des jeunes régens, suivoient cette idée pour sujet des discours qu’ils leur donnoient à composer : ils choisissoient une matiere opposée à leur défaut. […] Il y a fort peu de fable dans l’histoire ; on n’en voit qu’une dans l’Ecriture, des arbres qui choisissent un roi ; on voit parmi les grecs celle d’un orateur qui, pour se faire écouter, commence son discours par une fable ; parmi les romains, celle de l’estomac qui digere les alimens pour tout le corps. […] Qui peut regarder comme un bon mot, une sentence utile, une regle de morale, les discours d’une poule, l’entretien d’une taupe ? […] La fable dans le sens où on le présente aux enfans, est une action, un discours d’animaux, ou des choses inanimées, à qui on prête une raison, une langue qu’ils n’ont pas.

212. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

L’illustre Chancelier d’Aguesseau pensoit bien différamment, dans son discours sur l’imitation par rapport à la tragédie ; il parle fort au long contre les spectacles, il dit entr’autres ces belles paroles, les caractères, les sentiments, les pensées, les expressions des personnages mis sur la scéne, tout conspire à reveiller, à réflecter les inclinations que nous avons pour la gloire, les richesses, l’amour, la veangeance, qui sont les mobiles du cœur humain ; les passions feintes que nous y voyons nous plaisent, par la même raison que les réelles, parce qu’elles en mettent de réelles dans notre ame, ou parce qu’elles nous rappellent celles que nous avons éprouvées : Rapiebant me spectacula plena miseriarum mearum. […] Sa belle ame qui étoit faite pour la pratiquer, fut si frappée de ces discours, qu’il retira ses pieces, & renonça au théatre, que l’étourderie & les passions de la jeunesse lui avoient fait d’abord trop goûter, pour s’adonner à l’étude de la sagesse ; il ne permit, non plus qu’Aristote dans sa République, aucune représentation théatrale, parce qu’il n’en est aucune qui n’excite quelque passion, colere, vengeance, ambition, amour ; l’action suit de près les discours & la représentation, on se laisse aisément gagner lorsqu’on aime de voir & d’entendre.

213. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Médard, la Rosiere le suit, marchant toujours dans le même ordre, l’officiant bénit le chapeau de roses, le met sur la tête de la fille, & fait un discours à l’assemblée. […] Dans la vérité, la Rosiere modestement habillée, & coëffée à son ordinaire, accompagnée de sa famille & de ses amies, modestes comme elle, sans souffrir qu’aucun garçon les approche, & suivie de tout le village, se rend à l’Eglise, se met à genoux, fait sa priere, & le Prêtre, après un petit discours, bénit la couronne & la lui met sur la tête : elle s’en retourne chez elle avec la même modestie. […] C’est un libertin qui devient amoureux des prétendantes à la Rose, leur tient des mauvais discours, prend avec elles des libertés auxquelles elles se prêtent : il ne réussit pas, parce qu’elles aiment ailleurs.

214. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Entre une infinité de traits répandus dans ses discours, il établit par-tout les principes de morale qui en font la condamnation. […] Il a des titres bisarres & des idées singulieres : rayons du soleil de justice, bouquet de fleurs célestes, discours sentencieux, selon le goût du temps : du reste rempli de piété, morale solide, connoissance de l’Ecriture sainte. […] Un rapporteur au palais & un académicien gentilhomme à l’académie lit & débite le discours que lui a composé son secrétaire, un petit-maître, une coquette étalent comme leur appartenant les graces que le baigneur & le tailleur ont faites.

215. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Les personnages du prologue sont la Parade, ce sont les farces licentieuses de Vadé, la Gravelure, mot nouveau, c’est-à-dire discours obscène ; la fausse Décence, c’est-à-dire l’hypocrisie de la chasteté, qui se donne toute sorte de licence sous des dehors décens ; enfin le Poëte la Fontaine, qui se moque de la décence, comme en effet il s’en est joué dans ses Contes. […] ni dans la vue des Actrices, ni dans la douceur de leur chant, ni dans les attitudes de leurs danses, ni dans la liberté de leurs discours, ni dans la lubricité de leurs gestes, ni dans la tendresse de leurs sentimens, ne cherchez-vous, ne trouvez-vous rien qui flatte la sensualité ? […] Vous étalez vos passions aux yeux de votre famille, comme sur un théatre où vous êtes l’Acteur de la piece, vos discours licencieux, vos emportemens, vos intrigues, vos désordres ; Auteur & Acteur, quelle comédie vous y jouez, & plus vivement que sur la scène !

216. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Fuyez ces spectacles, que la licence et la frivolité des discours rendent si dangereux. […] Je n’en parle qu’avec peine, je voudrais ne pas même les connaître : « Piget malum illud, vel nosse. » On ne peut en rappeler le souvenir sans risque ; les autres péchés ne s’attachent qu’à une partie de l’homme : l’esprit est souillé par les pensées, les yeux par les regards, les oreilles par les mauvais discours ; tout se rend coupable à même temps au spectacle : « In theatre nisi reatu vacat. » L’œil, l’oreille, l’esprit, le cœur, tout est attaqué, saisi, corrompu à la fois ; gestes, attitude, parure, danse, chant, discours, sentiments, tout se réunit pour perdre les cœurs : la pudeur souffrirait d’en tracer le tableau : « Quis integro verecundiæ statu eloqui valeat ? 

217. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

En lisant un beau discours, on essaye ses forces.

218. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Or, quel doit être la surprise des Spectateurs, chaque fois qu’on la représente, de voir arriver Mercure, de n’entendre parler que de Jupiter, tandis que l’action parait être moderne, & que les habits, les discours même des Acteurs, servent à nous en convaincre ?

219. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Un certain Hipponax fut, selon les Grecs, l’inventeur de la Parodie des discours : c’est-à-dire qu’il s’avisa d’écrire des critiques qu’on ne fesait auparavant que de bouche, ou par des gestes bouffons.

220. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Le spectacle saisit les yeux, les tendres discours, les chants passionnés, pénètrent le cœur par les oreilles.

221. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Le grand Scipion s’y opposa, et fit à ce sujet un discours si véhément, pour prouver que les spectacles corrompraient infailliblement les Romains, que le Sénat fit vendre aussitôt tout ce qui avait été préparé pour la construction du Théâtre.

222. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Paul né frapperoit point des oreilles dramatiques ; mais au moins ne peut-on se dissimuler que les nouvelles Gorgones ne soient tous les jours souillées dans nos Eglises par les regardt & les discours, les désirs & la licence de nos nouveaux Neptunes ; que leur fard, leurs nudités, leurs parures ne les attrouppent au tour d’elles, & que leur vanité, leur libertinage ne donne volontairement ce scandale sacrilége. […] Une Chrétienne tiendroit-elle ces discours & cette conduite ? […] Tous les livres historiques de l’Ecriture offrent un mêlange de bien & de mal dans les discours, les actions de ceux dont on écrit l’histoire ; ce qui montre la nécessité d’un Juge, d’un Interprete infaillible dans l’Eglise qui en fasse le discernement. […] Les discours du Prince, du Général, d’Achior, du Grand Prêtre, de Judith, d’Ozias, feroient de belles scenes, offriroient des sentimens de toute espece, pourroient ramener toute l’Histoire Sainte, sans avoir besoin d’épisode d’amour, ni de donner des amans à Judith, contre son caractere & son dessein, comme a fait l’Abbé Boyer dans la seule piece de Judith qui soit connue, & qui est aussi médiocre que par décente.

223. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

La peinture est un langage, & le discours un tableau ; la modestie doit donc également regner dans l’un & dans l’autre ; la peinture doit être aussi chaste que le langage : c’est une des bonnes qualités de la langue Françoise, d’être naturellement modeste ; nous l’avons prouvé dans une autre occasion, par un Discours exprès sur la chasteté de la langue Françoise ; il s’en faut bien que le pinceau, que le burin soient aussi retenus que l’homme sage ; quelle honnête femme oseroit faire la description du corps humain, en nommant les choses par leur nom, comme une estampe les prononce & les étale ?

224. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Nos bons Gaulois se contentaient d’une sorte de divertissement entremêlé de danse & de discours satyriques ; ils donnaient à tout cela un nom que j’ignore. […] Ils allaient dans les Cours des Princes faire le récit d’un trait d’histoire ou d’une avanture galante, ils accompagnaient, sans doute, leurs discours de quelques gestes ; & nous pouvons présumer qu’ils ne chantaient pas toujours.

225. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

L’exposition de nos Tragédies me parait pourtant trop lente, trop grave ; il faut bien qu’elle soit un récit, mais ce récit ne doit pas avoir l’air d’un discours Etudié. […] Il faut qu’ils ne tiennent que des discours absolument nécessaires : le langage du ménu Peuple est vif, coupé, il ne disserte jamais.

226. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

C’est un discours rampant et vide de sens, plein d’autant de vanité que son auteur a de présomption et qui n’a rien qui soit bastantw d’ébranler le moindre esprit, ses raisons sont si mal rangées, ses paroles si confuses, et ses termes si grossiers, qu’ils tiennent de la froideur de son tempérament, et de la qualité de son jugement ; Bref, il aurait besoin de se faire relever de la folie, comme d’un acte de sa Minorité, ou faire un voyage au pays d’Anticyre pour se purger le cerveau d’un peu d’elléborex. […] Je le conjure en finissant cette lettre, de se servir en tous ses discours des armes de la Déesse Adrastie, que les anciens figuraient un mors dans la main, enseignant par cette figure emblématique, qu’il est nécessaire que les Détracteurs donnent un frein à leur langue, quand ils se jettent trop avant dans l’excès de la médisance : Cette bonne Déesse dit Artémidore, fut adorée par les Egyptiens, comme étant celle qui prenait la défense des Innocents, pour les venger de la persécution des Calomniateurs.

227. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Elle ne pouvoit s’accoutumer à la magnificence des habits, au caprice des modes, à la vanité des parures : les discours de galanterie la faisoient rougir & la déconcertoient ; en se regardant dans le miroir, il lui sembloit qu’elle étoit une comédienne. […] La coquetterie est leur magie, leurs discours tendres & licencieux sont leurs paroles magiques ; le chant, la danse, sont leurs talismans ; la necromancie d’Agrippa n’enseignent point de plus puissant enchantement. […] Ce n’étoit pas le style des Apôtres, ce ne fut jamais celui des Saints qu’on appelle abus de la raison ; des opinions philosophiques ou litteraires, les sophismes dont on les appuie, les graces du discours dont on les pare, qu’on appelle luxe, l’affectation du bel esprit, le néologisme, l’érudition déplacée, un style pompeux, ambitiosa ornamenta , comme dit Horace ; les Poëtes qui courent après les pointes ; Corneille plus boursoufflé que grand, Seneque, Fontenelle, &c.

228. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Le bruit, le tumulte, les chants efféminés, les discours licentieux, les mauvaises chansons, sont bien plus insupportables à son oreille que les injures des bourreaux : Rursùm erucifigentes in semetipsis filium Dei, & ostentui habentes. […] Leurs regards, leurs discours, leurs gestes, leurs attaques laissent-ils leur défaite douteuse ? […] les mauvais regards, les discours licencieux, les désirs, les pensées d’impureté, les libertés, le scandale, l’occasion donnée du péché, ne sont-ils pas dans les principes du Christianisme de véritables péchés ?

229. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

C’est ce que nous allons montrer dans les deux propositions qui vont faire le sujet et le partage de ce Discours. […] Contre la connaissance de l’Histoire de ce temps, et le silence de l’Ecriture, on fait faire un vœu de chasteté à Judith, et malgré ce vœu elle écoute les discours les plus tendres. […] Il serait à souhaiter que bien des gens lussent le discours qu’il a fait, pour montrer combien se trompent ceux qui voulant vivre en Chrétiens, ne laissent pas de se trouver dans les parties de plaisir, où les chants agréables entretiennent l’esprit et le cœur dans la mollesse : « Où se trouvent les chœurs de musique, qui excitent la sensibilité et les applaudissements des Spectateurs, dit ce grand Saint, là aussi se forme l’aveuglement des hommes ; les Anges en gémissent, et la fête n’est que pour le Démon.

230. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

On appelait ainsi chez les Romains, des Acteurs, qui par des mouvemens, des signes, des gestes, & sans s’aider de discours, exprimaient des passions, des caractères & des évènemens.

231. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Quelqu’un me disait qu’il fallait intituler ce discours La Drôlerie k des jésuites : d’autant qu’ils ont représenté l’enfer et les diables.

232. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Les vers polis, et les discours agréables, gagnent les esprits, et les portent où ils veulent : c'est pourquoi celui qui recherche la vérité, et qui ne veut pas se tromper soi-même, doit rejeter les voluptés pernicieuses, auxquelles l'âme s'abandonne, comme le corps aux viandes délicieuses, il faut préférer les choses véritables à celles qui sont fausses, les éternelles, aux passagères, et les utiles aux agréables.

233. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

De là naîtraient des pensées, des discours et des actes séditieux ; car le prêtre par sa conduite, semble dire publiquement, le prince et les lois ont tort d’honorer ce qui est digne d’anathème, mon autorité dans l’état est supérieure à celle du prince et à celle des lois, et j’ai la puissance de punir, d’anathématiser publiquement, et sans opposition, les actions sacrilèges du prince. » MM. les procureurs du roi doivent donc punir ce délit réel, qui est d’autant plus dangereux, qu’il laisse propager une usurpation de pouvoir, qui met le clergé au-dessus du prince et des lois, et qui lui donne les moyens terribles de punir audacieusement et publiquement, ce que le roi et les lois constituent et protègent.

234. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Ils ne doivent point se plaire aux discours des flatteursS. […] Et comme il était convaincu qu’il n’y a rien de si dangereux, ni qui donne de plus pernicieuses impressions aux enfants que la Comédie, il composa un excellent discours contre la Comédie, y joignant tout ce qui se trouve de plus fort dans les Conciles, et dans les écrits des saints Pères sur ce sujet. […] Et c’est en vain que l’Auteur de la Dissertation fait un si long discours de l’impudence des Jeux Scéniques dans le V Chapitre : Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques, dans le VI. […] qui ont la hardiesse de dire qu’il est bon de permettre des mauvais discours sur le Théâtre ; parce, disent-ils, que par là ceux qui ont mal vécu, sont repris, et les autres de peur d’être joués dans la Comédie, prennent soin de se bien conduire. […] , employé des discours pour obliger les Fidèles à quitter les Théâtres, et les désordres qui s’y font, sans qu’ils en aient rien fait : Ils ne laissaient pas de courir aux danses publiques qui leur sont défendues, et qui font partie de cette assemblée diabolique, formée contre la plénitude de l’Eglise de Dieu.

235. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

C’est ce que je pense, parce que je suis persuadé que dans les Langues où l’on ne se régle pas sur la quantité breve ou longue des Syllabes, il n’y a point de Vers sans Rimes ; & la Beauté de ces Vers, quand ils sont faits par un bon Poëte (les autres n’en devroient point faire) est que la Rime ne fait jamais rien dire, & se présente si naturellement, que le discours quoiqu’enchaîné dir legato a toute la liberté d’un discours qui ne l’est pas, & paroît dir sciolto.

236. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Nous faisons, répondit-il, déclamer les jeunes gens en public pour les accoutumer à prononcer un discours avec grâce. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère.

237. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Cet homme, dont la vertu si unanimement reconnue doit nous être toujours présente, empêcha le Sénat de bâtir un théâtre, et par un discours très sage de laisser énerver et corrompre les mœurs pures d’une ville guerrière, en introduisant le luxe et les spectacles des Grecs. Son discours et son autorité furent si efficaces, que le Sénat fit enlever tous les sièges que l’on avait préparés pour voir le spectacle : « Hujus verbis commota senatoria providentia, etiam subsellia quibus in spectaculo civitas uti cœperat, prohiberet apponi. » Avec quel zèle eût-il totalement aboli ces jeux, si éclairé des lumières de la foi, il eût connu combien étaient méprisables les dieux que le peuple croyait honorer par ces fêtes !

238. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Si donc nous trouvons du plaisir dans des discours impurs, dans d’impudiques amours, dans des passions violentes, dans des maximes d’immoralité, il n’en faut point douter, c’est qu’il y a quelque chose dans notre nature qui répond à tous ces principes de vice. « Vous reconnaissez que Dieu vous ordonne la pureté dans la conversation, qu’il vous défend les discours insensés et les plaisanteries indécentes aussi sévèrement qu’il vous défend de prendre son nom en vain : vous savez qu’il vous a été recommandé de ne laisser échapper de votre bouche aucune parole impure ; et néanmoins vous allez dans un lieu où vous n’entendez qu’un langage impur et profane ; les hommes que vous voyez ne vous entretiennent que d’objets grossiers et immoraux ; ces hommes sont chargés de revêtir toutes ces obscénités de toute la magie du langage, afin de vous en faire avaler le poison, et ils poussent si loin cet art funeste, qu’il n’est point de mauvaise compagnie qui pût vous être aussi fatale !

239. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

C’est à vous-même, Monsieur, que j’adresse mes réflexions sur votre nouveau discours. […] [NDA] Lisez le second discours de Corneille, tome 1. p. 30 et suiv. édit. de Charles Osmont en 1715.

240. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Je ne dis rien de la multitude des choses qui se traitent dans la conversation ; ni de la rencontre de tant de divers esprits qui font une espèce de concert très divertissant : Les uns s’élèvent dans leurs discours, les autres s’abaissent. […] Cela me fait dire qu’il n’est point d’entretien, si ce n’est des Anthropophages ou des Lamies, qui n’ont que des discours de meurtre et de carnage, qui ne nous tire de nos pensées ordinaires, et ne nous laisse dans une plus grande liberté d’esprit, qui est ce que nous prétendons du divertissement. […] Il est de si beaux discours de l’Astrologie, qui nous enseignent en peu de mots ce que nous n’apprendrions de nous-mêmes qu’en plusieurs années ? […] Ce grand Pontife donnait de la compassion à tous ceux qui l’approchaient, lorsqu’il était sur ce discours : Qui m’assurera, disait-il, que mes déplaisirs toucheront le cœur de Dieu ; puisque mes écrits continuent à faire du mal ? […] Tous le quittaient avec une si grande égalité d’esprit, qu’on ne pouvait deviner ni de leurs mines, ni de leurs discours qui avait perdu ou qui avait gagné.

241. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Du cœur naissent les mauvaises pensées, les discours scandaleux, les écrits licentieux ; mais l’homme de bien tire de son trésor des choses anciennes & nouvelles : c’est l’Evangile.

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