Vous venez du néant, d’où le Créateur vous a tiré, de la terre d’où il vous a formé, du péché dont le Rédempteur vous à sauvé, d’une femme que la vanité a perdue, & qui par le dangereux poison de ses charmes, a perdu son mari, & tout le genre humain. […] Martial disoit plaisammant aux coquettes de Rome, vous portés des terres pendues à vos oreilles & à votre cou, parce qu’elles les vendoient pour acheter des pierreries. Nos Princesses qui n’ont point de terre à vendre, mangent un morceau de pain bïs, & portent leur dînés & leur soupé sur leurs joues.
Il fait embrasser jusqu’aux anges, & sur la terre, quand ils y paroissent, où ils baisent tout, & dans le Ciel même ils sont bras dessus & bras dessous, quoique ce soit des purs esprits. […] Ce magistrat, en descendant du tribunal où il a condamné un homme à port, court écouter les bouffonneries d’Arléquin ; cet officier, qui dans un combat vient de voir la terre inondée de sang & jonchée de corps morts, court admirer une danseuse & s’enivrer des graces d’une actrice. […] Le sieur Serane, ancien Doctrinaire, Professeur d’Histoire, Instituteur de la Jeunesse, vendeur d’engrais de terre ; dans son Traité de l’Education, ose avancer : Il s’en faut bien que dans Lafontaine ainsi que dans Phedre, toutes les Fables soient également propres à l’éducation des Enfans.
Il vaudroit bien mieux nous dire les vices dont elle a purgé la terre, & les vertus qu’elle a fait pratiquer. […] Ce ne sont ni les Femmes savantes, ni les Précieuses ridicules, ni le Malade imaginaire, qui nuisent ; ce sont les fripons, les libertins, les gens durs, injustes, violens, dont il faudroit purger la terre ; ce sont ces femmes hardies qui par leurs désordres enseignent à leur sexe que la pudeur est ignoble & puérile ; ces brillantes débauchées, à qui l’on pardonneroit peut-être de ruiner les fortunes, si elles ne détruisoient pas les sentimens ; ces Actrices corruptrices de la jeunesse, ces mères étrangères à leur famille, ces marâtres qui dépouillent leurs premiers enfans, ces intrigantes qui trafiquent de leurs charmes pour faire monter l’ignorance & le vice aux grandes places. […] Il disoit assez naïvement : La nature a prodigué d’excellens hommes dans tous les genres ; il n’y a eu sur la terre que deux grands hommes, Roscius & moi.
Mais s’il a bêché la terre comme vous dites, avec quel esprit osez-vous en parler comme vous faites ? […] Vous parleriez sérieusement et avec Eloge de ces anciens Romains qui savaient cultiver la terre, et conquérir les provinces, que l’on voyait à la tête d’une armée après les avoir vus à la queue d’une Charruev ; et vous vous moquez d’un Chrétien qui a bêché la terre avec la même main dont il a écrit les Vies des Saints, et les Traductions des Pères.
Le ciel et la terre passeront plutôt : « Cœlum et terra transibunt, verba autem mea non præteribunt. » Le travestissement de l’Ecriture la rend insensiblement méprisable. […] Il y faudra quelquefois faire intervenir la Divinité, ou sensiblement, comme Jésus-Christ agissait sur la terre, ou par des voix, des tonnerres, des visions. […] L’Etre suprême, qui dans l’ancienne loi avait défendu de prononcer son nom, au nom duquel tout fléchit le genou au ciel, sur la terre et dans les enfers, servira-t-il de jouet à ses créatures, et à quelles créatures ?
) porte l’excommunication bien plus loin ; il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats qui se sont obligés de chasser de leurs terres tous les Comédiens, ces hommes perdus : « Histriones, perditos homines, de suis finibus Principes et Magistratus ejiciant. » Il ne faut pas s’attendre qu’il y ait dans chaque diocèse une excommunication particulière portée contre les Comédiens, comme il y a partout une défense d’aller à la comédie, parce que des gens de tout diocèse peuvent aller au spectacle, et qu’on ne voit des troupes réglées de Comédiens avoir un théâtre que dans les grandes villes. […] On distingue des dîmes réelles, qui se lèvent sur les fruits de la terre et les animaux. […] La profession n’y est pour rien : c’est la terre qui doit, en quelque main qu’elle se trouve.
Mais ils en croiront tout ce qu’ils voudront ; je sais bien que quand ils se sont mis en tête de nier un fait, toute la terre ne les obligerait pas de l’avouer.
Le judicieux Législateur, dont les vûes profondes en pénétroient les funestes suites, lui dit, frappant la terre de son bâton : Tu te trompes, ces jeux sont plus pernicieux que tu ne penses ; après avoir appris à mentir par amusement, nous nous ferons un jeu, une habitude de mentir dans les affaires les plus importantes. […] Le mensonge a perdu le ciel & la terre : tout péché est un mensonge ; il se dit préférable à la loi qui le défend.
Et afin que j’omette les choses qu’il ne peut encore contempler pour le présent, il peut regarder et admirer la beauté de ce monde : qu’il contemple comme le soleil va d’Orient en Occident, et que par tel mouvement il rappelle les jours et les nuits par réciproque succession : qu’il contemple comment la lune par ses accroissements et décroissements, signe les cours des temps et saisons : qu’il regarde ces beaux rangs des astres reluisants, et éclairant d’en haut avec leur subit mouvement : qu’il regarde les parties de toute l’année avec leurs alternations, et semblablement les jours avec les nuits distingués par les intervalles et espaces des heures : le contrepoids de la terre tant pesante, avec les montagnes : le cours des rivières avec leurs fontaines et sources : la grande étendue de la mer, avec ses flots et rives : qu’il contemple l’air étendu au milieu conjoint avec les autres Eléments, lequel de sa subtilité, donne force et vigueur à toutes choses, maintenant étant couvert de nuées, et engendrant les pluies, maintenant se montrant beau, clair, et serein : il pourra voir aussi qu’en tous ces Eléments il y a des habitants : comme en l’air, l’oiseau : en l’eau, le poisson : en la terre, l’homme.
Il faudrait, ajoute-t-il, pour représenter ce spectacle, les tragédies d’Echyle et de Sophocle, encore même ne pourraient-elles pas atteindre à l’excès de ces maux : « Quæ Carthaginenses passi sunt Æschilis et Sophoclis tragediis egerent, atque horum quoque linguam vinceret malorum magnitudo. » Cette ville si puissante, si riche, qui a longtemps disputé à Rome l’empire du monde, qui a mis Rome à deux doigts de sa perte, qu’à peine Rome a pu vaincre après trois grandes guerres, est aujourd’hui le jouet des barbares : « Illa a Romanis vix capta, quæ cum maxima Roma de principatu certaverat, eamque in summum discrimen deduxerat, modo facta est ludibrium barbarorum. » Ses célèbres Sénateurs, errants et fugitifs dans toute la terre, attendant pour vivre quelque aumône des gens charitables, arrachent les larmes des yeux, et présentent le plus triste tableau de l’instabilité des choses humaines : « Orbe toto errantes, vitam ex hospitalium manibus sustentantes, cient spectantibus lacrimas, et rerum humanarum instabilitatem declarant. » Cet Auteur ajoute que peu de temps auparavant, les habitants de Trèves, après avoir vu trois fois piller, saccager et brûler leur ville par les Francs, eurent la folie de demander des spectacles pour toute consolation et tout remède à leurs maux : « Quis æstimare hoc genus amentiæ possit qui excidio superfuerant quasi pro summo deletæ urbis remedio, circenses postulabant ? […] » Craignez ces hideux Espagnols, ces féroces Gaulois ; ils n’ont pas de théâtre, mais ils ont des armes : « Horrida vitanda est Hispania, Gallicus axis, arma supersunt. » Craignez même ces grossiers paysans, qui travaillent la terre, et qui ont la bonté de nourrir une ville fainéante qui ne s’occupe que de spectacles : « Parce messoribus illis qui saturant urbem circo scenâque vacantem. » Je ne parle ici que d’après les principes de l’art dramatique.
On se plaint que les terres sont mal cultivées, qu’il manque de cultivateurs. […] C’est une terre féconde, cultivée avec soin par un grand nombre d’ouvriers et d’ouvrières, adroits, laborieux, infatigables.
Pourquoi la terre est-elle couverte de tant de corps privés de sépulture ?
) commemoratio Apostolicæ passionis, totius Christianitatis magistræ, a cunctis jure celebratur, omni theatrorum, atque Circensium voluptate, per universas urbes earundem populi denegata, totæ Christianorum, ac fidelium mentes Dei cultibus occupantur, si qui etiam nunc vel Judaicæ impietatis amentia, vel stolidæ paganitatis errore, atque insania detinentur, aliud esse supplicationum noverit tempus, aliud voluptatum. » et enfin lorsqu’on fait les Fêtes, et la mémoire de la mort des Apôtres, qui ont été les Maîtres de la terre, et qui nous ont enseigné toutes les vérités du Christianisme.
Tout ce qui nous environne n’est point en repos ; le silence est banni de l’Univers, il est l’image du néant : l’habitant de la terre était donc conduit par ce qui l’entourait, autant que par sa nature, & ses besoins, à faire & à éxciter des bruits ; & voilà ce qui insensiblement lui fit découvrir la musique instrumentale. […] Les prémiers habitants de la terre rendirent sûrement un culte à un Etre suprême ; ils sortaient trop nouvellement de ses mains pour le méconnaître. […] Le bruit est pour ainsi dire, notre élément ; les prémiers habitans de la terre en auront fait d’abord par instinct, ensuite par nécessité, & après quoi par goût. […] Les Romains avaient-ils d’autres qualités lorsqu’ils commencèrent à se faire admirer de toute la terre ?
Mais où trouver sur la terre un si touchant spectacle. […] Le luxe a gagné les campagnes : ce n’est pas le luxe des villes qui enleve les hommes à la culture de la terre, mais le luxe même des campagnes. […] On n’y connoît point encore les créations de charges & de finances ; la Justice y est administrée à peu de frais, & les impôts sont perçûs par commission par les Seigneurs des terres & les Gouverneurs des Provinces, & déposés ensuite à la chambre des rentes. […] Agis, Roi de Sparte, ayant voulu renouveller l’ancien partage des terres de Lycurgue, commença par abolir les dettes.
.. va’ nel limbo di’ bambinic. » Il faut espérer que de tels hommes trouveront un jour cette répulsion sur la terre, et on pourra dire alors qu’ils auront fait bien des efforts pour la mériter.
Les saints Canons ont toujours défendu les réjouissances publiques aux pénitents ; et quand le serons-nous, Mes Très-chers Frères, si nous ne le sommes lorsque nous voyons la colère du Ciel répandue sur toute la terre.
De quel droit aller chasser sur leurs terres ? […] Il envoie son Télémaque dans un village, & lui donne un paysan pour instituteur, le fait travailler à la terre, comme les valets de son maître. […] Il parcourt rapidement les peuples de la terre, & donne pour une rare érudition & une profonde philosophie, un coup de pinceau sur leur gouvernement dont il fait l’éloge, & un trait de satyre en deux ou trois lignes sur ceux de l’Europe. […] Et pour l’agriculture, n’avons-nous pas son propre ouvrage des Saisons, où il en donne tant de regles, où il loue si fort nos campagnes, nos paysans ; la culture de nos terres ? […] Heureusement pour les terres australes, il n’en avoit point entendu parler, le poison du christianisme n’auroit point manqué de l’infecter, dès que les françois, anglois, espagnols y avoient mis le pied.
Fenelon a non seulement notifié son jugement à toute la terre par l’impression, mais il a adressé à l’Académie elle-même la lettre celebre qu’il écrivit. […] Je n’ai jamais cru, dit le jeune, & bien jeune orateur, que la secte de Fenelon ait jamais pu être autre chose que cette grande & respectable société d’hommes vertueux répandus sur la terre & éclairés par ses écrits (les philosophes). […] Si Dieu vouloit faire un miracle pour amener à la foi toute la terre, il n’en pourroit choisir de plus grand que de renouveller les exemples & les vertus de Fenelon. […] Tout est dit sur la terre, rien de nouveau sous le soleil. […] Pour Moliere la moindre ressemblance est un nouveau fleuron ajouté à sa couronne, il ne marche sur les terres d’autrui que pour embellir tout ce qu’il touche, & le convertir en or.
Racine est, je pense, l’homme de la terre qui en a eu davantage. […] Et bien, Madame, il faut renoncer à ce titre Qui de toute la terre en vain me fit l’arbitre. […] L’autre dans la bouche d’Esther, au dernier Acte : Ce Dieu, maître absolu de la terre & des cieux, N’est point tel que l’erreur le figure à vos yeux…. […] Il fut des Juifs, il fut une insolente race ; Répandus sur la terre ils en couvroient la face. Un seul osa d’Aman attirer le courroux : Aussi-tôt de la terre ils disparurent tous.
Et le courroux du ciel, pour en purger la terre, Nous doit un parricide, au défaut du tonnerre. […] Quelle gloire pour vous en domptant les Romains, Que sans avoir des Dieux emprunté le tonnerre, Un seul homme ait changé la face de la terre ! […] Lavons, mon cher Brutus, l’opprobre de la terre, Vengeons le Capitole au défaut du tonnerre. […] La main, la même main qui t’a rendu ton père Dans ton sang odieux pourrait venger la terre. […] Varus et ses Romains dans ce camp égorgés … Je ne puis rien souffrir qui me gêne ou me brave, Et ne connais pour maître en terre et dans les cieux Que la vertu, l’honneur, la justice et les Dieux.
On y voit les trois états de la nature humaine ; d’abord innocente, & dans le jour de la verité ; ensuite rachêtée & enbaumant toute la terre dans ses progrès par le parfum de la perfection évangélique ; enfin élevée dans la gloire toute resplandissante de beauté. […] Une simple histoire du luxe dans les divers siécles, & les différences parties de la terre, répondroit à toutes les apologies qu’on en a fait, & qu’on en pourroit faire. […] Se peut-il qu’on préfere quelques jours de satisfaction sur la terre à une infinité de bonheur dans le ciel, & qu’on achête ce moment au prix d’une éternité de malheurs dans l’enfer ?
Mais que sera cette voix, Seigneur, si vous ne vous faites vous-même entendre à ces insensés qui, oubliant le magnifique Spectacle de la Terre et des Cieux, n’en connaissent point d’autres que ceux qui leur sont préparés par le Démon ; qui, ne se souvenant plus des promesses de leur Baptême, vont continuellement les abjurer aux pieds des Trophées que le monde érige à la gloire du mensonge et de la volupté, et qui, ne craignant, ni la perte de l’innocence, ni le naufrage dans la foi, s’abandonnent au milieu des plus grands dangers. […] et afin de n’en pas douter, considérez ce firmament où les étoiles comme en sentinelle attendent les ordres du Dieu qui les conduit ; contemplez ce soleil qui, toujours ancien et toujours nouveau, vous offre journellement l’image des plus brillantes couleurs et des plus superbes décorations ; regardez cette lune qui, par la douceur de sa lumière, donne à la nuit même des beautés que tout l’art des Peintres ne peut imiter ; voyez cette terre qui, par la plus admirable variété, se couvre successivement de fleurs et de fruits, et paraît un assemblage d’émeraudes, de saphirs et de rubis ; fixez la majesté de ces mers qui promenant leurs flots d’un bout du monde à l’autre, transportent les richesses et les passions des humains, et qui toujours prêtes à engloutir la terre, se voient continuellement arrêtées par un seul grain de sable que le Tout-Puissant oppose à leur fureur ; enfin considérez-vous vous-mêmes, admirez les merveilles qui résultent de l’union de votre âme avec votre corps, et donnez à vos pensées un essor qui les conduise à ces espaces immenses, et à ces jours éternels pour lesquels nous sommes nés.
Tout le systême de Machiavel, bien analysé, se réduit à trois points : 1°. s’emparer de ce qui est à notre bienséance, royaumes, provinces, terres, autorité ; 2°. employer tous les moyens possibles, sans s’embarrasser de la religion, de la probité, de la conscience, des promesses, des traités ; 3°. en arborer cependant les apparences, en faire profession, tout promettre, pour endormir les gens & venir plus aisement a ses fins : ce n’est que la friponnerie mise à couvert & réduite en systême. […] L’histoire est pleine de ces traits : rien n’est nouveau sur la terre ; tous les tyrans ont opprimé les peuples de bien des manieres.
On fait tourner la terre comme sur un pivot. […] Aristote lui donne le cours d’un Soleil22, ce qui signifie, sans doute, le tems que sa lumière paraît sur notre horison, plutôt que le cercle qu’il décrit autour de notre Globe, ou que la révolution que fait la terre sur elle-même.
Sa tête est ceinte de plusieurs diadèmes ; elle joue toutes les Reines et les Princesses de la terre, elle porte à sa main une coupe pleine de volupté, qu’elle fait boire à tout le monde ; une foule de beaux esprits, enivrés de ses attraits, s’épuisent pour assaisonner et faire goûter le breuvage empoisonné, par tout ce qu’ils peuvent imaginer de plus séduisant. […] Sulpice de l’enterrer en terre sainte, fut jetée dans un fossé au bord de la Seine.
Pendant cette représentation qui durait deux heures, l’on voyait un personnage bouffon qui faisait des singeries et se moquait de la sainte Vierge qui montait au ciel ; pour exprimer sa surprise, ce bouffon se couchait par terre pour faire le mort ; se relevait ensuite, et courait avec rapidité se cacher sous les pieds du père éternel, où il ne montrait que sa tête. […] Après l’office de la messe, le chapelain de la confrérie montait à la tribune des apôtres et entonnait : assumpta est Maria in cœlum : gaudent angeli, laudantes benedicunt Dominum ; après quoi il récitait quarante vers français pour engager les apôtres à publier par toute la terre l’Assomption de la sainte Vierge, dont ils venaient d’être les témoins. […] z On voyait aussitôt accourir sur le théâtre le saint-Pierre et les autres apôtres, qui témoignaient leur surprise de se voir ainsi transportés en ce lieu, des différents endroits de la terre par une force surnaturelle ; et ils exprimaient leur douleur de la perte qu’ils allaient faire de la sainte vierge qui alors paraissait expirer. […] Le garde de l’évêque, chargé de la distribution des rameaux, était obligé avant toutes choses de faire près de la croix, dont j’ai parlé, deux figures de bouteilles qu’il creusait sur la terre, remplissant les creux de sable, en mémoire et à l’imitation du chanoine Bouteille qui, comme je viens de dire, a donné son nom au bois qui fournissait les branches. […] L’autorité du prince, qui est émanée de Dieu même, lui donne la puissance directoriale sur toutes choses ici-bas ; c’est l’Apôtre Saint Paul, qui nous confirme cette grande vérité : « Que toute âme, que tout le monde se soumette aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c’est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre ; « Le prince est le ministre de dieu pour votre bien » ; (Epître aux Romains).
La malheureuse coutume vint ensuite d’honorer la Pompe funèbre des Grands qu’on voulait faire passer au rang des Dieux, par des Combats de gens qui se tuaient au bas du bûcher, comme pour dire, que la terre ayant perdu ces Héros, il n’y avait plus qu’à faire périr tout le reste. […] « Nous avons cru, dit-il, qu’il fallait représenter aux Princes et aux Magistrats, l’obligation où ils sont de chasser de toute l’étendue de leurs Terres les Comédiens, les Baladins, les Farceurs, et toute cette sorte de gens corrompus ;De Histrionibus. […] Je souhaite de tout mon cœur, qu’au moins à la mort ils reconnaissent l’infamie de leur profession, et qu’ils y renoncent, afin d’être inhumés en terre sainte, et qu’on leur donne un Épitaphe où il y ait ces mots : Ci-gît honorable homme. […] par le rapport très fidèle que ces bons Pères nous en firent, que le saint homme Paphnuce, qui menait sur la terre une vie toute Angélique, ayant un jour prié Dieu de lui faire connaître auquel des Saints il ressemblait ; un Ange lui répondit, qu’il était semblable à un certain Joueur de flûte qui gagnait sa vie à chanter dans un Bourg proche de là : Ce qui ne l’ayant pas moins surpris qu’étonné, il s’en alla en grande hâte dans ce Bourg y chercher cet homme ; et l’ayant trouvé, il s’enquit de lui ce qu’il avait fait de saint et de bon, et l’interrogea très particulièrement de toutes ses actions : À quoi il répondit selon la vÉrité, qu’il était un grand pécheur, qu’il avait mené une vie infâme, et que de voleur qu’il était auparavant, il était passé dans le métier honteux qu’il lui voyait exercer alors. […] Saint Augustin avait bien d’autres pensées, lorsqu’expliquant le Psaume 32. il disait à son peuple : « Observez le jour du Sabbat ; mais que ce ne soit pas d’une manière charnelle et dans les plaisirs, comme les Juifs qui abusent du repos de ce saint jour pour commettre le mal : Il vaudrait bien mieux pour eux qu’ils passassent la journée à bêcher la terre, que de la passer dans les divertissements de la Danse. »Melius tota die foderent quam tota die saltarent.
Et chez les Français, chez cette Nation polie & éclairée, on daignât à peine accorder un peu de terre au grand homme qui nous corrigea de nos ridicules, & dont le nom vivra autant que la Monarchie.
Le Spectateur contemple avec éffroi ses passions dans l’âme des Princes de la terre ; il voit en grand les malheurs qu’elles occasionnent parmi le Peuple.
Tout n’est presque 1 a sur la terre qu’illusion pour les hommes ; c’est leur seule réalité : ils parlent, ils s’agitent dans le mode des impressions qui les met en mouvement ; mais la cause de ces impressions en est cachée à tous.
Un laboureur prend-il plaisir d’ensemencer une terre qu’il voit toujours demeurer stérile, après la peine qu’il s’est donnée de la bien cultiver ? […] Car les mœurs de son siècle étant entièrement corrompues, il n’a pû d’abord corriger tous les abus qui régnaient dans son Diocèse ; mais on peut juger par ce que nous voyons qu’il a fait, de ce qu’il aurait pû faire, si Dieu l’eût laissé plus longtemps sur la terre. […] C’est une illusion d’espérer d’être un jour bienheureux dans le ciel, en vivant sur la terre d’une autre manière que Jésus-Christ n’y a vécu. […] Quels contentements sentirez-vous, lorsque ces Philosophes, qui voulaient vous persuader que Dieu ne prenait pas soin des choses de la terre, paraîtront devant vos yeux avec leurs Disciples, tout couverts de feux et de flammes ?
Si on peut abuser des images, on peut aussi en tirer des avantages sans nombre ; elles instruisent de l’histoire de la Réligion ; elles font entendre les mystéres, les dogmes de la foi ; c’est le livre des ignorants, très-souvent même des sçavans ; elles excitent à la vertu par les exemples, à la fuite du vice par la vue de sa punition ; elles font honorer les Saints ; les Anges & la Sainte Vierge, Dieu-même, dont elles peignent les grandeurs, la justice, les bienfaits, comme le ciel, la terre, les astres, annoncent sa gloire. […] Tels sont les titres que les Seigneurs font peindre aux Eglises de leur terre.
Il seroit juste que la piece fût comme un fonds de terre qu’on baille à ferme. […] Après s’être quelque temps embarrassés avec un air de surprise, ils se divisent en plusieurs pelotons ; chacun s’en va de son côté pour chercher une nouvelle terre. […] Si jamais Salenci étoit dans ses terres, les baisers, de galanterie donneroient de grands droits à la rose.
Il attaque l'immortalité de l'âme : « O terre dans tes flancs, à ton sein qui m'appelle. » Le sein appelle, quel jargon ! […] Que de mouvements divers, où une plume religieusement impie aurait pu filer de longues tirades, et ménager autour des tombeaux une infinité d'autres lazzi et d'autres grimaces que celles qu'on fait faire à deux Moines pantomimes qui se poursuivent, se fuient, s'arrêtent, tombent, laissent tomber leur pioche, trouvent la terre dure, etc. […] Dans des personnages vrais et connus l'anacronisme est ridicule : l'extinction de la maison de Comminge, dont on dit avec emphase, arrête au trône seul sa tige enorgueillie ; et la réunion de la comté de Comminge à la Couronne, où les deux branches prétendues de cette maison vivent dans leurs terres jusqu'à mettre le Comte en prison dans un château au pied des Pyrénées.
Au moment de la chute de l’homme, la Terre devint un grand théâtre, qui dans la suite se trouva couvert d’une infinité de différents personnages, tous plus ridicules les uns que les autres, puisque la raison retranchée, il ne reste que le ridicule. […] Aussi le vice inonda-t-il la Terre de plus en plus : et ce qu’on y appelait vertu ne fut-il jamais qu’une pure ostentation. […] Le Monde présent étant fait pour le Monde futur, les Princes de la Terre doivent travailler pour l’Eglise : mais il ne s’ensuit pas qu’ils n’aient point d’autres règles à suivre que celles qu’a l’Eglise dans son gouvernement ; il suffit qu’ils fassent observer les lois divines et ecclésiastiques autant qu’il est en leur pouvoir, et qu’ils n’en fassent point de contraires.
Il nous suffit par conséquent de voir que les Prophètes, les Evangélistes & les Apôtres s’accordent pour donner à Jésus-Christ le nom, les attributs & les prérogatives de la Divinité, pour nous déterminer à l’adorer comme vrai Dieu, & à reconnoître avec l’Apôtre9 qu’il est juste qu’au nom de Jésus-Christ tout genou se ploie dans les cieux & sur la terre.
» Si Votre Grandeur me voulait permettre de lui parler avec autant de bonne foi que de respect, je lui dirais que l’orage qui s’est élevé depuis quelques jours contre la Comédie, dont, sans y penser, j’ai été la cause, a été comme une de ces pluies heureuses, qui redoublent la fertilité de la Terre ; et que les raisons contre un Divertissement si approuvé ont paru si faibles qu’elles ont augmenté l’envie d’y aller.
Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.
Car comme la vertu, conduit à la vie éternelle, aussi la volupté conduit à la mort : Car quiconque s'attache aux choses temporelles, perdra les éternelles : Quiconque met sn affection aux choses de la terre, n'aura point de part aux biens du Ciel.
En prenant acte de cet aveu, que les jésuites et leurs partisans regrettent sans doute, d’avoir renouvelé dans leurs brochures modernes, on acquerra la triste conviction, que ce qu’ils appellent l’église, ainsi que les papes d’alors, étaient, en ces temps-là, plongés dans la corruption la plus infecte, et foulaient audacieusement à leurs pieds, la vraie religion chrétienne, les préceptes de Jésus-Christ et la morale évangélique, qui commande la charité, la douceur, l’humilité, et prescrit formellement d’obéir aux princes de la terre.
Il y avait alors deux cents ans, que deux Gentilhommes Allemands frères utérins, nommés Guillaume Escuacol et Jean de la Passée, avaient acheté deux arpents de terre hors la Porte de Paris, du côté de S.
C’est ce qui rend les comédies infâmes par les lois, et néanmoins si célèbres, par la coutume qu’elles ont les puissances et les juges de la terre pour auditeurs, qu’elles sont à leur gage et sous leur protection.
Dans nos assemblées nombreuses, la voix de la nature prend un ton plus imposant ; c’est un torrent qui entraîne & qui subjugue tout ce qu’il rencontre, on diroit que la vertu descend sur la terre, & dicte ses oracles à tout le genre humain. […] Cette prétention monstrueuse, qui prend sa source dans l’humeur, pénetre aisément toute l’ame, si la raison n’oppose une digue à la rapidité du torrent, & ne nous ramene à des sentimens plus doux : on devient cruel & vicieux en prêchant sans cesse la vertu & l’humanité : on substitue le chagrin, la colere, les passions les plus incommodes à la société, à la place de l’honneur & de la probité qu’on a sans cesse dans la bouche, & dont on a défiguré les idées dans une imagination déréglée, & l’on finit comme Alceste par chercher sur la terre un endroit écarté, où d’être homme d’honneur on ait la liberté ; c’est-à-dire, homme d’honneur à sa maniere, en vivant seul. […] Si la modestie & l’honnêteté étoient exilées de la terre, vous trouveriez encore leurs vestiges chez Thalie & Melpomene. […] Les artistes sont des nouveaux Promethées, qui ont ravi le feu céleste pour éclairer la terre.
Qu’elles sachent que la diminution ou la perte de leur amour pour Dieu leur sera imputée à crime ; et en effet, si c’est un péché que de prodiguer au jeu ou dans les frivolités du luxe les biens de la terre et les richesses mondaines, combien plus coupables sont ceux qui dissipent les richesses de la grâce, et ce précieux trésor dont parle l’Ecriture, trésor si précieux en effet, que nous devons l’acheter aux prix de tous les autres biens et de tous les plaisirs de cette vie imparfaite et passagère ! […] N’oublions pas surtout que le christianisme nous apprend que nous ne sommes sur cette terre que des étrangers et des voyageurs, aspirant à une céleste patrie, et nous ordonne de ne point aimer le monde, de ne point nous conformer à ses coutumes et à ses mœurs, de dépouiller le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, l’homme spirituel, et de veiller constamment et avec une austère vigilance, sur les convoitises de la chair, sur les plaisirs des yeux et sur les vanités de la vie.
Dans une secte, l’antipode de la morale relâchée, on est étonné de voir naître un Apologiste des Spectacles : que diroient Vendrok, l’Auteur des Provinciales & tant d’autres grands hommes qui ont démasqué une foule de Casuistes anti-chrétiens, s’ils revenoient sur la terre, & qu’ils lussent le présent mémoire ?
Ces crimes dont jadis a frémi la Nature Ne souillèrent jamais une Terre si pure : Si quelques Passions y règnent tour à tour, C’est celle de la Gloire, et celle de l’Amour Quitte la ruse Grecque, et la fierté Romaine, Choisis quelque grand Nom sur les bords de la Seine.
les nations de la terre verront, et plutôt qu’on ne pense.
La Tragédie ne fut pas reçue sans contradiction à Athenes ; je parle de celle même de Thespis (si elle peut être appellée Tragédie) qui quoique trop grossiere encore pour être capable d’émouvoir les Passions, allarma Solon qui s’écria en frappant du pied contre terre, que de pareils amusemens, si on les permettoit, parleroient enfin plus haut que les Loix. […] Platon débite une très belle maxime, quand il dit que n’y ayant rien sur la terre qui doive nous causer de grandes douleurs, on ne doit point flatter en nous cette foible Partie de nous-mêmes, cette Partie plaintive qui aime à s’épancher en gémissemens. Mais ce n’est point sur la perte des biens de la terre que la Tragédie nous fait gémir, c’est sur les malheurs de nos semblables : ce qui nous rend compatissans & secourables, comme je l’ai fait voir. […] Eschyle est choisi, & Pluton lui dit en le renvoyant, Retourne sur la terre, & va sauver la République.
Si Dieu vous a privés d’un appui sur la terre, ah ! […] Que sont devant le trône de l’éternel toutes les puissances de la terre ? […] Préposés par le gouvernement au soulagement des peuples, ils ne sont pas sur la terre pour les rendre esclaves ou malheureux. […] La reconnaissance n’habite plus sur la terre, et son temple, aujourd’hui désert, détruit, renversé, ne présente plus à nos regards consternés qu’un amas de tristes et déplorables ruines. […] Dieu a commandé à la terre de nous fournir notre nourriture.
S’il est des périls à éviter sur la terre, n’est-ce pas dans ces assemblées que se trouvent les plus grands ? […] Un Chrétien, disent les Peres, est un citoyen du Ciel qui, éxilé pour quelque temps dans une terre étrangere, ne doit soupirer qu’après cette patrie céleste pour laquelle il est destiné ; qui, ne perdant jamais de vue la perfection à laquelle il est obligé de tendre, doit marcher sans cesse dans la voie de Dieu pour y atteindre ; & qui, ne jugeant des choses de la terre que par le rapport qu’elles ont avec l’éternité, s’interdit tout ce qui peut l’attacher au monde, aux créatures, pour ne s’attacher qu’à Dieu. […] Enfin si, ayant promis d’embrasser la Croix de Jesus-Christ & de mourir au monde, de faire vivre son Sauveur en lui, & de continuer sa vie sur la terre, il peut se trouver dans des assemblées où régne l’esprit du monde, où l’on apprend à vivre comme le monde, à se conformer à ses maximes, à ses coûtumes, à ses usages criminels. […] J’y ai renoncé par les vœux de mon Baptême, j’y renonce plus que jamais ; je le jure à la face de vos saints Autels : soyez le témoin & l’appui de mes promesses, & remplissez-moi de votre esprit, afin que ne m’occupant plus que de ce qui est saint, je puisse vous être fidele sur la terre, & jouir un jour du spectacle de votre gloire dans le Ciel. […] Ils sont persuadés que vous y avez renoncé, & ils nous répondront en nous citant les premiers écrits de nos Docteurs à leurs Césars : nos Peres y protestoient en effet qu’on les trouveroit par-tout les premiers pour le service de l’Etat ou de l’Empire, sur la terre, sur la mer, dans le commerce de la société, sur les tribunaux, dans les armées ; qu’il n’y a que deux endroits où ils font profession de ne jamais paroître, que quoiqu’on fasse pour les y forcer on ne les y verra jamais, dans les Temples & sur les théâtres.
Une réflexion générale est que l’établissement du Christianisme demandoit, sans doute, des précautions, qui aujourd’hui ne seroient pas nécessaires ; & tout le monde conviendra que l’on doit être bien plus sur ses gardes, quand on est sur des Terres Ennemies. […] On leur répond, sur l’autorité de plusieurs autres Théologiens, que les pompes du Démon sont dans le péché, & spécialement dans l’orgueil ; que les choses les plus riches & les plus brillantes ne sont point, en elles-mêmes, criminelles ; que le plus beau de tous les Spectacles est la contemplation du Ciel, de la Terre, & de la Mer ; que Salomon, dans sa gloire, n’étoit pas si artistement vêtu que le Lys des champs ; & que tous les efforts de magnificence, que peuvent faire les Souverains, ne valent pas un simple boccage que nous offre la Nature.
La manie des petites loges , dit-il, outre le ridicule & l’incommodité qu’elles produisent, prive le public des nouveautés, & donne aux commédiens la liberté de se négliger, & de rébuter les auteurs parce qu’elle leur assurent un révénu considérable ; les principeaux d’entr’eux, qui passent quatre mois dans leurs terres, ou leurs maisons de campagne, ne veulent pas se donner la peine d’apprendre les pieces nouvelles dont leurs porte feuiles sont remplis, à moins que les auteurs ne renoncens à leurs droits. […] La recette eut été bonne, leur singularité eût attiré bien du monde, & ces Seigneurs (de fraiche datte) n’auroient pas regretté le séjour de leurs terres & de leurs chateaux, ni mérité les réproches du Prince Clenerlow.
Le monde lui devient odieux, le tombeau où il respire un venin si fatal, lui paraît un asile encore trop incertain contre la corruption qui inonde la terre, il ne peut être sage qu’à force de mépris pour les hommes : mais les femmes surtout lui paraissent odieuses et redoutables ; à ce seul nom il tremble ou s’enflamme. […] Il est frappé du malheur de la terre ; il s’éveille en apostrophant ces monstres redoutables.
Les prêtres s’en servirent pour augmenter leur influence, leur crédit, leurs richesses et leur autorité sur terre. […] Que le pape chasse les jésuites qui n’offrent qu’une société dangereuse, ou plutôt une secte désorganisatrice qui n’est en harmonie avec aucune autorité sur terre, pas même avec celle du chef de l’église, auquel plus d’une fois elle fit la loi, et dont les éléments tendent à la dissolution de tout ce qui lui résiste, et de tout ce qui lui est contraire.
Si l’on se méthamorphose journellement & sans le moindre effort, dans les divers rôles que l’homme joue sur la terre, pourquoi le Comédien n’emprunteroit-ils pas dans le sien, la même facilité, un ton de grandeur, & des affections que la nature lui auroit refusés ?
Ces effets tiennent du prodige ; cependant ne seroit-on pas dépourvu de sens, si, l’encensoir à la main, on rendoit de vives actions de grace à cette machine, à cet amas de bois, de fer, de terre & de pierre ?
Nos rois sont les protecteurs des saints canons ; ils sont en outre les ministres de Dieu sur la terre, et ils doivent employer toute leur autorité, toute leur surveillance pour que l’Eglise, commise à leurs soins, ne tombe pas dans l’anéantissement, par l’effet de la non-exécution des décrets des conciles de la part des ministres de la religion.
Les Rois d’Angleterre prennent aussi le titre de Roi de France, auquel ils n’ont aucun droit, mais ils prétendent en avoir, & ils ont quelque temps regné en France, Elisabeth seule a regné sur tout le globe, cette Actrice couronnée a appellé toute la terre à la représentation de ses comédies. […] Cependant les Écossois révoltés contre Marie, lui déclarètent la guerre, animés & soutenus par Elisabeth, ils la poursuivirent si vivement qu’ils la prirent prisonnière ; elle s’échappa, & demanda un asyle à Elisabeth qui le lui accorda avec la plus tendre démonstration & les plus belles promesses ; à peine fut-elle sur les terres, que par une insigne trahison elle fut arrêtée & renfermée dans la tour de Londres où elle demeura dix-huit ans, sans que la Reine d’Angleterre daignât la visiter, ni même voulût lui accorder une audience qui lui fut souvent demandée ; elle ne sortit de sa prison que pour perdre la vie sur un échaffaud. […] L’arrêt qui condamna cette Reine infortunée à la mort, prit pour prétexte une prétendue conspiration contre l’Etat qui ne fut jamais ; mais sa prison n’eut pas même de prétexte ; on dit d’abord qu’il falloit punir les crimes que Marie avoit commis en Ecosse, mais on ne le dit pas deux fois : ces crimes vrais ou faux n’avoient pas été commis sur les terres d’Elisabeth, ne la regardoient pas, & Marie n’étoit pas sa sujette, elle étoit même Souveraine, & n’avoit à rendre compte qu’à Dieu de ses actions. […] Elle renvoya les Evêques qui venoient l’entretenir, elle couchoit toute habillée, se levoit cent fois la nuit, ne vouloit voir personne, toujours les yeux fichés en terre, le doigt sur la bouche comme le Dieu du silence ; elle voulut être enterrée dans cette attitude.
Il leur attribue l’idolâtrie, & tous les vices qui ont souillé la face de la terre. […] L’abus de la peinture a été la source de toutes les fornications, & a corrompu toute la terre : Initium fornicationis exquisitio idolorum, & corruptio vitæ, &c. […] Les catholiques, dira-t-on, adressent bien leurs prieres aux images des Saints ; on se trompe, ce n’est point aux images, c’est aux Saints qu’on adresse les prieres, parce que les catholiques sont persuadés que les Saints dans le Ciel, sont instruits de ce qui se passe sur la terre, s’intéressent pour nous, & emploient leur crédit auprès de Dieu, pour obtenir le succès de nos vœux.
La mort de Moliere n’est pas certainement son plus bel endroit, mourir subitement sur le théatre, sans aucun signe de réligion, être enterré furtivement dans un coin abandonné d’un cimetiere, après le refus de l’Eglise de l’inhumer en terre sainte ; il est vrai que sa Veuve, actrice aussi fameuse par ses galanteries que par ses talens, crioit en l’accompagnant au tombeau : se peut-il qu’on réfuse un peu de terre à un homme à qui on doit des autels ? […] Thalie en habit de deuil, comme veuve de Moliere, & Momus en médecin, viennent, par ordre de Jupiter, découvrir s’il y a sur la terre un nouveau caractère comique, après un siècle, à présenter à Moliere ; voilà un si long veuvage.
On ne voit pas que l’excès de ces éloges les détruit, que les commentaires ne sont le plus souvent que des apologies des fautes de ces grands maîtres ; qu’ils tirent de ces mines si riches, dit-on, plus de terre que des trésors, qu’il résulte de ce fatras de déclamation, que ces beautés sublimes se réduisent à très-peu de chose ; que dans ces chef-d’œuvres il y a plus de médiocre, plus de mauvais que de bon. […] Shakespear, dit le Spectateur, t. 6, disc. 25, étoit né avec toutes les semences de la poësie : c’est une terre qui cache dans son sein les graines & les racines. […] Ce nouveau monde a son théatre au milieu des nuages, dans la moyenne région de l’air, les météores sont les acteurs, ils donnent du relief, de la dignité aux tragédies de la terre.
Bernard promettoit autant d’arpens dans le ciel qu’on en auroit donné sur la terre à son Abbaye. […] Pour justifier les Anglois sur leur grande charte, qui déprime si fort la royauté, & sur la déposition de leur Roi Jean sans terre, il avance cette doctrine : Le regne d’un Roi foible & méprisable peut quelquefois devenir un bien ; le peuple reprend ses droits & ses franchises, qui ne sont que trop souvent de nulle considération sous des regnes glorieux & pleins de succès. […] n’est-ce pas dire que les Princes heureux ne sont trop souvent que des tyrans, que le peuple en faisant la loi à ses Rois, quand leur foiblesse le lui permet, ne fait que reprendre ses droits & ses franchises, & même en le déposant, comme Jean sans terre, Charles I, Jacques II, & le foible Childeric ?
vn prestre nommé Epachius des plus notables familles de Riom sortoit souuent de l’Eglise la veille de Noel pour boire mesmes apres minuict, peu de temps apres, comme il disoit la messe solemnelle, außitost qu’il eut mis en sa bouche le precieux sacrement & l’eut baillé aux autres se print à hannir comme vn cheual tomba par terre, & escumant reietta ce qu’il auoit pris, fut emporté par ses seruiteurs hors l’Eglise & le reste de ses iours vesquit epileptique : Le mesme recite vne autre exemple aduenu à Lyon. […] n’ont point trouué de plus court expedient pour abroger les Masques, que d’instituer vn jeusne le premier iour de l’ã auquel on masquoit & ont creu qu’il falloit semer des cendres de penitẽce pour corriger la graisse & l’abondance de la terre mere de luxure qui auortoit les fruits de noz bonnes œuures, D. […] l’Eglise mesmes qui a redoublé l’office à fin qu’on n ẽployast à autre vsage ces saincts iours, ausquels le sainct des saincts la saincteté mesmes a daigné se reuestir de nostre humanité : se faire homme pour nous deifier & rẽdre plus heureux que les Anges, descendre en terre pour nous monter au ciel, bref qui n’a espargné ny sa vie ny son precieux sang qu’il a respandu iusques à la derniere goutte pour expier noz pechez & nous rendre participans de sa gloire.
Dans une terre idolâtre ? […] Des hommes faibles et impuissants, des vers de terre qui osent braver le Tout-puissant, que ne feraient-ils pas si leur pouvoir était proportionné à leur volonté ? […] En effet, le Poète, pour ne manquer à rien qui soit de son devoir, fait conduire Prométhée au supplice : il lance les foudres et les carreaux sur la tête du criminel : il ébranle son rocher par un affreux tremblement de terre : il change l’air qui l’environne en un tourbillon effroyable ; il emploie en un mot tous les sujets de terreur pour faire de Prométhée un exemple mémorable.
C’est merveille que ce menteur ayant une fois lâché la bride à l’impudence, n’ait dit que tout le mont de Fourvière avait cabriolé au-delà du Rhône, et s’était allé percher dessus le colombier de la Ferrandièreal, et que là-dessus il faisait le moulin à vent ; ou que tout le quartier de saint Sébastienam, ébranlé en ses fondements, s’était perdu dans les abîmes, quatre mille sept cents cinquante-six toisesan au-delà du centre de la terre, et que le Rhône passant ores par-dessus et se joignant avec la Saône, on y péchait des huitres longues de dix-huit brassées. […] Pour le père latin, en effet, le spectacle du jugement dernier s’oppose à ceux de la terre et les acteurs seront les premiers à brûler en enfer (30, 5).
On changea dans la suite ; le rouge fut destiné à Mars, le blanc aux zéphirs, le verd à la terre ou au printemps, l'azur au ciel ou à la mer, ou à l'automne. […] Est-ce à vous, Disciples de Jésus-Christ, a goûter la volupté sur la terre ?
Qui entoure de toutes parts Le Globe de la terre ronde, Et qui gouverne ce bas monde ? […] appelle quelquefois Dieu, Esprit, quelquefois entendement, quelquefois il l’appelle Dieu par son propre nom, quand il dit : « Dieu va de toutes parts Par terre, et mer, et par le ciel épars. » Ovide 1.
Après avoir couru tout le bois, celui qui était particulièrement chargé de sa conduite, le trouva enfin étendu par terre & noyé dans son sang. […] C’est là que l’ambition passe devant eux comme un grand mal, quand ils considèrent un ambitieux plus travaillé par sa passion que par ses ennemis, violer les loix du Ciel & de la Terre, & tomber en des malheurs inconcevables, pour avoir trop entrepris. […] Elle eut de ses amours Dom Juan d’Autriche, Grand Prieur de Castille, & Généralissime des Armées de Terre & de Mer. […] On tient que les Phocéens, Peuples de l’Ionie, jettèrent les fondemens de Marseilles, vers l’an du monde 3400, & la nommèrent Marseilles, en latin Massilia, de deux mots grecs qu’ils répétèrent en abordant, pour marquer la joie qu’ils préssentaient de se voir sur les terres des Saliens. [Jouvin de Rochefort, Voyage de France, d’Obdam, Voyage de la Terre Sainte, chap. 65. au diff.
Les mœurs des différents Peuples sont comme les mers, qui communiquent toutes ensemble ou par des abîmes souterrains, ou sur la surface de la Terre, par des lacs, des détroits, & des fleuves.
Ses habitants satirisés par Julien l’Apostat, 102. affligés d’un tremblement de terre, 133 Aroadius permet les Jeux Majumes à certaines conditions, 111.
Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ?
Jesus-Christ enfin a envoyé ses Apôtres par toute la terre, pour précher son Evangile : mais il n’y a jamais envoyé de comédiens, pour y débiter des maximes contraires à cet Evangile, comme font tous les gens de théatre. […] C’est de vous seule que nous apprendrons la vraie sagesse, qui consiste à préférer la pénitence aux plaisirs trompeurs du monde, à sacrifier les honneurs passagers de la terre à la gloire du Ciel qui, ne passera jamais.
Le principal empire de Voltaire est le Parnasse, c’est là qu’assis sur un trône d’or, il prononce des oracles, il donne des loix en souverain, il pese le mérite des auteurs, il apprécie leurs ouvrages, il distribue l’immortalité, il sourit aux jolies actrices, & leur adresse ses vers ; il foudroye ses envieux, il écrase les reptiles, il enrichit les libraires, & met un impôt sur les éditions qu’il multiplie à l’infini, & qu’il fait voler ses productions & celles des autres, sous son nom, au-dela des mets, dans les terres australes. […] Du char sortoient nombre de grands drapeaux ainsi peints, qui pendoient jusqu’à terre après chacune des pauses déterminées par la trompette, la troupe chantoit en marchant, d’une voix tremblante, entrecoupée de soupirs, Miserere mei.
le Franc dans ses poésies peint aussi la volupté d’une Déesse : Sur son corps rafraîchi dans un bain d’ambroisie, elle verse des flots, d’une essence choisie, & la douce vapeur d’un parfum précieux embaume au loin la terre & le Palais des Dieux. […] Mais on a beau faire, l’homme est destiné à souffrir & à mourir pour punir ses péchés, tous ses efforts ne retarderont pas d’un instant le coup de la mort, & n’empêcheront pas que l’odeur qui s’exhale de leur cadavre, n’oblige à les enfoncer bien avant dans la terre, pour n’en être pas infecté ; & c’est souvent au moment de leur dernier soupir, que comme Antiochus, leur corps tombe en pourriture, écarte leurs plus chers amis qui ne peuvent en approcher.
Je le plains d’être si étranger sur les terres de la vertu. […] Tobie continue : Dieu de nos pères, que le ciel & la terre, & toutes les créatures vous bénissent ; c’est vous qui avez fait le premier mariage, en formant Adam, & lui donnant Eve pour compagne.
L’urbanité, la modestie, le sérieux, la gravité, ne sont pas tout-à-fait bannies de dessus la terre, & les Comédiens, accoûtumés à jouer toute sorte de rôles, ont intérêt de se conformer au goût dominant. […] Le vice est un Comédien, c’est-à-dire un imposteur : il se déguise sous les habits & les façons du jour ; il est servi chez les grands avec respect dans une coupe d’or, chez les petits familierement dans une écuelle de terre.
Pour faire un parallèle des mœurs des François avec celles des autres peuples, il-ramasse les usages bizarres de toute la terre, souvent fabuleux & de son invention, & croit y trouver quelque trait de ressemblance. […] Adorer l’Etre suprême, travailler à peupler le monde, secourir ses voisins, planter un arbre fruitier, défricher une terre inculte, ne tuer que des animaux nuisibles ; voilà la belle & sage morale des Payens (& des Déistes).
Mais, comme il ne veut pas se brouiller avec les Dames, & qu’il n’espere pas leur faire abandonner les rubans & les épingles, il leur conseille d’avoir un grand fil d’archal qui aille depuis la tête jusqu’aux pieds, il conduira le feu du tonnerre jusqu’à terre, sans leur faire aucun mal. Les actrices s’armeront ainsi contre la foudre, & en seront maîtresses comme Jupiter ; elle descendra le long de ce fil d’archal, & ira se perdre dans la terre. […] Nous revînmes avec peine de notre extase, & nous crûmes pendant long-temps n’être plus sur la terre.
Il serait ridicule qu’Aléxandre, ou César, se trouvassent tantôt sur la terre, tantôt dans les cieux. […] On veut que l’ouverture par laquelle les Démons sortent de l’Enfer, ressemble à ces abîmes que la terre forme en s’entre-ouvrant : on veut que la voûte d’un Palais se partage, se brise quand une Magicienne ou une Divinité est supposée la fendre pour s’élancer dans les airs. […] Alcide descend aux Enfers, combat les Démons ; arrache Alceste du séjour de la mort, la ramène sur la terre, & la cède à son époux : est-il croyable que tant d’événemens se soient passés dans vingt-quatre heures ?
Avant qu’un peu de terre obtenu par priére Pour jamais sous la tombe eût renfermé Moliére.
Ce n’est pas en effet, ce qui auroit fait taire toute la terre en sa présence ; ce mélange de désolation & de comédie, est à peu près comme si un juge qui a fait enfermer des prisonniers, leur menoit des arléquins dans le cachot, pour se moquer d’eux.
En un mot, n’en est-il point d’elles, comme de ces Gentilshommes ruinés qui portent le nom des terres qu’ils n’ont plus ?
Elle n’a point rappelé ses droits sur la féodalité, revendiqué ses seigneuries, ses terres, ses privilèges, ni exhumé le code renfermant les lois qui lui étaient propres et qui avaient trait à son ancienne existence : elle ne l’a pas fait, parce qu’elle a senti qu’étant réhabilitée par la Charte, elle ne devait pas aller au-delà de la loi commune ; elle s’est soumise à l’esprit de cette loi ; elle s’y renferme parce qu’elle sait que le législateur a fait tout ce qu’il était en lui en la consacrant, et qu’aller au-delà, serait sortir du cercle tracé par sa volonté suprême, serait méconnaître la puissance séculière, et se constituer en opposition criminelle contre elle.
Homere, le premier fertile en fictions, Transporta dans le Ciel toutes nos passions ; C’est lui qui nous fit voir ces maîtres du tonnerre, Ces Dieux dont un clin d’œil peut ébranler la terre, Injustes, vains, craintifs, l’un de l’autre jaloux ; Au sommet de l’Olympe, aussi foibles que nous. […] Sur une terre impie & sous un ciel coupable, Le Chantre des plaisirs pouvoit être excusable. […] C’est l’idée qu’Horace continue d’en donner dans la premiere épître du livre 2, qu’il adresse à Auguste. « Nos aïeux, dit-il, ces hommes simples qui vivoient à la campagne dans la plus sobre frugalité, se faisoient un devoir, quand ils avoient renfermé leurs moissons, & qu’ils vouloient jouir d’un repos longtemps attendu, d’offrir avec leurs épouses fidelles, & leurs enfans, compagnons de leurs travaux, un porc à la Déesse de la Terre, une coupe de lait au Dieu Silvain, & au génie qui nous rappelle la briéveté de la vie, du vin & des fleurs. » Ce fut dans ces fêtes, qu’on inventa les Vers fescennins, qui étoient une sorte de dialogues8, dont on ne faisoit d’abord qu’un amusement innocent, mais qui ensuite dégénérerent en satyres. […] *** Elle mêle l’amour aux fureurs de la guerre ; Elle attendrit l’ambitieux ; S’il veut se faire un nom & conquérir la terre, C’est pour l’offrir à deux beaux yeux.
Prêtres, Exorcistes, Ministres du Dieu vivant, ne me reprochez point d’avoir fait usurpation d’une femme qui appartint à vôtre Jesus-Christ ; non elle n’étoit point à luy, elle n’étoit point de ses sujettes, ny de son royaume, je l’ay trouvée dans ma maison, je l’ay trouvée sur mes terres, je l’ay trouvée dans mon Eglise & dans l’assemblée de mes bons serviteurs, & de mes fideles servantes, j’ay usé de mon droit, j’en ay pris prossession, personne ne me la doit disputer, elle m’appartient de bonne guerre, in meo eam inveni , je ne l’ay point été prendre dans sa maison, ny dans vos Eglises, je l’ay rencontrée dans un lieu qui est à moy, je m’en suis rendu le maître, je ne la quitteray point. […] Voilà, M. les exemples que les Payens nous ont donnez ; voilà les leçons de pieté & de religion qu’ils nous ont laissez ; jugez aprés cela si je n’ay pas sujet de m’emporter avec Tertullien, & de m’en prendre à toutes les puissances de la terre comme il a fait, voyant la comedie tolerée dans le monde au prejudice de la religion. […] Aprés cela que Monsieur alle à la comedie, que Madame y coure, que toutes les puissances de la terre & de l’enfer me sollicitent pour m’y attirer ; non, dira une ame veritablement Chrétienne, malo voluptate periclitari, quam salute , j’ayme mieux renoncer à mon plaisir, que d’hazarder mon salut ; & pour m’affermir dans ma resolution, je renouvelle le grand abrenuntio que j’ay dit dans mon Baptême contre les pompes du monde, & contre les œuvres de Satan, & je le prononce contre le bal & la comedie, puisque la sainteté de la Religion y est deshonorée, que les vœux du Baptême y sont violez, & que l’innocence des mœurs y est corrompuë : Mais ce ne peut être ô Seigneur qu’un ouvrage de vôtre amour, de nous faire jurer un divorce eternel avec ce plaisir enchanté, afin que nos cœurs soient mieux disposez à goûter les chastes plaisirs & les ineffables delices que vous preparez dans le Ciel, à ceux qui vous auront aymez & servis fidelement sur la terre.
Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentit, on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraîchit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.
Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentir ; on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraichit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.
Une terre n’est fertile qu’autant que le laboureur la dispose à faire germer les grains.
J'avoue, sans être tartufe, que ce raisonnement me fait trembler pour mon prochain, et je crois que, s’il avait lieu, l’on pourrait compter autant d’athées qu’il y a d’hommes sur la terre.
Landaus prescrit à ses filles de sages règles de conduite : elles avaient à demeurer dans une terre étrangère, et à y lutter contre l’indigence et l’esclavage, circonstances qui ajoutent de nouveaux dangers à la vertu. […] « Nous ne lèverons plus les yeux ; mais courbés et muets nous mouillerons la face immobile de la terre jusqu’à la pourrir par les torrents continuels d’une pluie ardente. […] Le Conseiller d’Etat des oiseaux continue et avertit qu’après avoir achevé la cité suspendue, et fortifié l’air d’alentour, leur premier soin doit être de réclamer leur ancienne souveraineté : que si Jupiter est sourd à leur juste prétention, il faut lui déclarer et aux autres Dieux confédérés une sainte guerre ; et couper incessamment toute communication entre le Ciel et la terre.
Cette malheureuse Ville si passionnée pour les spectacles était souvent punie par les tremblements de terre qui la renversaient presque entièrement. Malela qui parle avec quelque complaisance des jeux de sa superbe Ville, ne peut s’empêcher d’attribuer à la colère de Dieu les tremblements de terre qui la renversaient. […] Quand ce qu’il dit serait vrai, que prouverait l’exemple du plus abominable mortel que la terre ait porté ? […] Le Comte Astérius et soixante mille habitants y périrent malheureusement par un tremblement de terre. […] Un peu de terre obtenue par prière, c’est tout ce qu’il eut de l’Eglise, encore fallut-il bien protester qu’il avait donné des marques de repentir.
Laissez-les enfin à ces ennemis de la croix de Jésus-Christ, qui n’ont de pensée & d’affection que pour la terre & pour ses vains plaisirs, qui mettent leur gloire dans ce qui fait leur confusion & leur honte, & dont la fin sera la damnation éternelle. […] Que les Grands de la terre répandent leur faveur sur ceux qui les représentent, qu’ils les admettent à leur familiarité, qu’ils leur donnent auprès d’eux un accès qu’ils refusent souvent à la probité & à la vertu ; qu’une nation voisine porte l’enthousiasme jusqu’à mêler les cendres d’un Comédien avec celles de ses Rois ; que des Auteurs insensés osent nous proposer de suivre un tel modèle : ce fanatisme prouve-t-il autre chose que l’excès de dépravation, auquel les Chrétiens de nos jours sont parvenus, & qu’ils augmentent encore en se livrant à ce penchant violent qui les entraîne vers des plaisirs si frivoles & si dangereux ?
Que si l’on regarde la condition des Grands de la terre comme dangereuse au salut, parce qu’ils sont nez dans l’éclat, que le monde se presente à leurs yeux avec tout ce qu’il a de plus engageant, & qu’il leur faut faire de continuels efforts sur eux-mêmes, pour en détacher leur cœur ; que doit on croire, ou penser de ceux qui le recherchent au lieu de le fuir ? […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dégoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie.
Ce métail, dit-on, est tout-puissant sur la terre, il fait réussir les choses les plus difficiles, on ajoute pour rencherir. […] Son style aisé, naïf, mais noble & poli anonce un homme de condition, & fait gemir de ses égarements ; il a fait bien de voyages, il a trouvé la nation des comédiens répandue par toute la terre, par-tout semblable à elle-même, par-tout des acteurs débauchés, & des actrices comodes, agacentes, séduisantes, corrompues, qui l’ont enfin ruiné, brouillé avec sa famille, fait battre avec ses amis, l’ont abandonné pour d’autres amans, comme elles en avoient abandonné d’autres pour lui : par-tout, elles l’ont débarrassé de sa bourse, ont dérangé ses affaires, empêché sa fortune, troublé son répos, altéré sa santé, detourné de ses devoirs, perdu son ame ; il se montre cent fois au désespoir de ses désordres, changeant de conduite, voulant se convertir, embrassant un état, résolu d’en remplir les devoirs ; mais bien-tôt rentrainé, plongé plus que jamais dans l’abîme du libertinage, par les a traits & les artifices, ou plutôt par les fourberies, les piéges, l’hipocrisie de ces malheureuses, trop commun instrument de la perte de la jeunesse, & même de tous les âges ; car il a trouvé cent fois en son chemin, des gens d’un âge avancé, enfants de cent ants, d’une conduite insensée, dont le théatre causoit le délire ; il en a trouvé de tous les états, des Magistrats qui alloient y oublier le peu qu’ils savoient dé jurisprudence, & le peu qu’ils avoient d’intégrité ; des étudians qu’il empêche de rien apprendre ; des militaires dont il amortit le courage, énerve les forces ; blesse le corps des ecclésiastiques qui y prophanent la sainteté de leur état, tantôt osant passer du théatre à l’autel, tantôt quittant l’autel pour le théatre, oubliant le breviaire aux pieds d’une actrice.
Les aromates ne viennent que dans des petits cantons de la terre, tout le reste n’en porte point. Aucune odeur sur les mers, sur les rivieres, dans les élemens, le feu, l’air, l’eau, la terre, les métaux, les fruits, le pain, les viandes ; les poissons n’en ont que par la cuison & l’assaisonnement, elle est bientôt passée.
Tout réussit pendant quelque-temps : mais un jour, un malheureux jour que la terre étoit couverte de neige, le Comte, qui étoit fort & galant, la porta sur ses épaules, pour lui épargner la fraîcheur de la neige. […] Le Comte, surpris aussi, donna un coup de pied à la lanterne, pour la jetter par terre & éteindre la lumiere ; l’autre pied lui manqua ; & il tomba dans la neige avec sa charge.
Non, le divorce est sans retour, la guerre est immortelle, la scène & la religion, le Chrétien & le Comédien, l’homme de bien & l’amateur, sont aussi éloignés que le ciel l’est de la terre. […] Après avoir passé la nuit avec Alcmene, Jupiter se découvre, & du haut des cieux, pour y donner plus de poids, donne cette consolation au mari qu’il vient d’outrager : Mon nom, qu’incessamment toute la terre adore, Étouffe ici les bruits qui pourroient éclater : Un partage avec Jupiter N’a rien du tout qui déshonore, Et sans doute il ne peut être que glorieux De se voir le rival du Souverain des Dieux.
On a fait à Bath, ville d’Angleterre, un théatre souterrain à quarante pieds sous terre, comme dans une mine profonde, sans doute pour faire voir que le théatre est une mine où l’on puise les plus riches trésors, ou pour entendre les oracles de Thalie comme dans l’antre de Trophonius & dans les initiations Egyptiennes. […] Il y a apparence que comme il y a des bains chauds à Bath, les malades, qui après le bain ne veulent pas s’exposer à l’air, ont fait construire un théatre sous terre pour être chaudement à voir la comédie.
Quand il marche, dit-on, les quatre éléphans qui soutiennent la terre (comme Atlas) sont affaissés (tant il est pesant). […] Tous les Poëtes se conforment à ce goût ; il n’y a guère que les vieux amateurs, ou quelques critiques de mauvaise humeur, ou quelques beaux esprits à paradoxes, qui osent, dit-on, prendre les armes contre l’enfant de Paphos, & le combattre jusque dans ses terres, jusque sur son trône.
Que si l’on regarde la condition des Grands de la terre comme dangereuse au salut, parce qu’ils sont nez dans l’éclat, que le monde se presente à leurs yeux avec tout ce qu’il a de plus engageant, & qu’il leur faut faire de continuels efforts sur eux-mêmes, pour en détacher leur cœur ; que doit-on croire, ou penser de ceux qui le recherchent au lieu de le fuir ? […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dêgoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie.
Ce ne sont point ici des conjectures : le plus ancien Livre du monde nous peint les habitans de la terre se conduisant, au milieu de l’Asie, comme aujourd’hui nous vivons en Europe ; & l’on apprend par lui, que ce mêlange raisonnable des deux sexes, dura tant que la trop grande inégalité des fortunes, n’eut point donné l’être à de riches corrupteurs. […] Au lieu du Cantique d’action de grâces, qui terminait le souper du Père-de-famille, & qui consistait en une chanson, où l’on louait d’abord le Père du Soleil & de la Terre, en suite les Membres de la petite Société qui fesaient leur de voir ; où l’on célébrait quelques-unes de leurs aventures, lorsqu’elles paraissaient extraordinaires ; au lieu, dis-je, de ce simple Deolo * qu’on me passe le terme, les Prêtres mirent en usage des Hymnes élégantes, c’est-à-dire d’une Poésie recherchée & difficile pour les autres hommes ; ils les mesurèrent sur des airs plus agréables & mieux composés. […] Ceux qui font dériver Tragédie de Trugáô, disent que dans son origine, ce fut un Drame que jouaient les Vendangeurs, après avoir mis le vin nouveau dans les outres, ou peaux de Bouc, pour le conserver ; que c’était aussi le nom d’une Fête, célébrée par des Chants (odê), par des Danses & des Mimes, après cette dernière Récolte des fruits de la terre ; que cette Fête durait plusieurs jours ; parce qu’alors les hommes se trouvaient de loisir, les travaux de l’Agriculture ne les pressant plus comme dans les autres saisons [Ce sentiment paraît le mieux fondé]. […] Vos pères furent des bêtes féroces, & leurs cruautés ne vous effraient pas : que voulez-vous que pense la postérité, lorsqu’elle apprendra que les mêmes abus du pouvoir qui dépeuplèrent le nouveau-monde, subsistent encore au dix-huitième siècle, & qu’un Chrétien ensevelit encore des hommes tout vivans dans les entrailles de la terre ? […] Le moment favorable est arrivé, où les Sciences transplantées d’un sol où elles languissaient, vont reprendre, dans une terre neuve, une force & une vigueur plus grande que jamais.
N ous n’entendons point par machines, celles qui servent à l’Opéra à descendre les Dieux du ciel, à les y enlever, à faire sortir des abîmes de la terre ou des enfers, des monstres & des furies.
Parce qu’ils n’ont ni terres injustement acquises, ni vassaux à opprimer ?
Ils admettaient encore à ces Jeux ceux qu'ils nommaient Planipèdes ou Pieds plats, parce qu'ils ne portaient ni escarpins ni brodequins, et jouaient nu-pieds et a plate terre de petites Fables ridicules de la populace, et je ne crois pas qu'il nous en reste aucun exemple.
« Les sauterelles ont été produites de la fumée du puits et de l’abîme, et sont montées sur la terre. » Et un peu après, « Et ces sauterelles sont semblables à des chevaux préparés pour le combat, et elles ont des couronnes, qui semblent dorées, sur leurs têtes. » Il conclut enfin que dans le bal se trouve la pompe du siècle, le feu de l’impureté, la superbe et la vaine gloire, et que les hommes par conséquent y deviennent ennemis de Dieu.