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150. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Si je ne l’ai pas osé, c’est moins par la crainte de succomber sous la force de ses Argumens, que par vénération pour ce qui en fait le sujet.

151. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent. […] La vengeance n'est-elle pas encore représentée dans Comélie comme un effet de la piété et de la fidélité conjugale jointes à la force et à la fermeté Romaines, au troisième Acte de La Mort de Pompée, Scène quatrième, lorsqu'elle dit à César. […] Ceux qui courent après les premiers, regardent Jésus-Christ crucifié comme une folie, et comme une occasion de scandale ; mais ceux qu'il appelle à la participation de sa gloire par le renoncement à leurs désirs et à leur cupidité, le regardent comme la force et la sagesse de Dieu.

152. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Est-ce donc la force et l’évidence de la vérité qui a arraché ce témoignage singulier à une plume qui a tant écrit pour les spectacles et pour l’irréligion, deux choses plus liées qu’on ne pense ? […] Elle s’en moqua ouvertement, même en leur présence, et leur dit, que « elle serait fâchée de les avoir pour ennemis, connaissant leurs forces, mais qu’elle ne les choisirait jamais pour la confession ni pour les pièces de théâtre ». […] Si quelqu’un est en droit de parler aux maîtres du monde, c’est leur Pasteur, c’est au Ministre du Dieu vivant, qui de sa part et en son nom instruit, exhorte, tonne, menace dans la chaire de vérité, qui par la force de la parole et le secours de la grâce divine, les touche en effet et les convertit.

153. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

il retombe au sein de ces atômes, que sa force naturelle alloit franchir. […] Ajoutons que les Grecs eux-mêmes, en composant des corps de règles sur les plus beaux ouvrages qui avoient paru chez eux, perdirent cette force, ce sublime, qui avoient brillé dans leurs compositions.

154. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Ceux qui fixent l’époque de notre Opéra en 1678, & qui disent que la troupe d’Alard & de Maurice en donna l’idée par une pièce qu’elle représenta sous ce titre ; Les Forces de l’Amour & de la Magie, se trompent, selon moi. […] La sincérité me force d’avouer qu’il y a des Scènes dans Pomone, Opéra qui fut représenté en 1671, qui sont très-dignes du Théâtre moderne.

155. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

elles prouvent combien elle m’est nécessaire : (si ce n’était une bassesse de l’exiger) mais prévenu qu’un Pilote n’acquiert l’expérience qu’à force d’orages, je me laisse aller à l’attrait de mon penchant.

156. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Il serait à souhaiter que les Auteurs qui consacrent leurs veilles au nouveau Spectacle, ainsi que ceux qui travaillent pour l’Opéra-Sérieux, fussent à la fois Poètes & Musiciens ; ils composeraient avec plus d’art les paroles qu’ils destinent pour le chant ; ils sentiraient d’abord si elles se prêteront à la modulation, si elles ont la douceur ou la force nécessaire.

157. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Le mal a plus de force que le bien sur l’esprit de l’homme, et s’il se trouve une personne qui imite quelqu’une des vertus des Héros des Poètes, il y en a mille qui sont les imitateurs de leurs vices.

158. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Ces traits sacrés étoient lancés avec force par d’habiles mains. […] Nous aimons mieux ceder à la douceur qu’à la force. […] Melpomene ne pensa jamais avec plus de force & de dignité : jamais elle ne s’exprima avec plus de grace & de noblesse. […] Ignoriez vous la force toute-puissante du Grand Corneille ? […] Peuvent-ils ignorer, connoissant la force enchanteresse de leur art, à quel point ils en sont complices ?

159. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre III. Du Bal. » pp. 178-183

Car si dans le Balet, la Dance haute, la legereté & la force, ont quelque effet particulier ; dans le Bal, la majesté & la bonne grace ne s’y font pas moins remarquer.

160. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

Si donc de tout temps elles ont été exemptes de ces travaux et de ces exercices qui demandent de la force et de la fatigue ; et si le fuseau et l’aiguille ont toujours été leur partage, je crois que ce fut moins pour s’accommoder à la délicatesse de leur constitution, que pour ne point blesser cette pudeur, qui doit être l’âme de toutes leurs actions.

161. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

quand au lieu d’une jeunesse mâle et vigoureuse, on ne trouvera plus que de petits squelettes pâles, hideux, sans énergie dans l’ame comme sans force dans le corps ? […] Quelle débilité, quelle foiblesse de tempérament, quel dépérissement de force et de santé ! […] Je sais qu’il faut de la force pour lutter contre des préventions générales ; qu’il faut des coups violens pour abattre des idoles consacrées par une longue superstition… O dépositaires de la puissance suprême, dispensateurs de la félicité des peuples ! […] On verra renaître avec les mœurs l’énergie de l’ame, la force et la santé du corps ; les plaies de l’humanité se prêteront à un traitement vivifique ; le gouffre qui se préparoit à engloutir les générations, se refermera sur lui-même….

162. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

avec quelle force ne devons-nous pas leur représenter que le Dieu qu’ils servent est un Dieu jaloux, qui veut être aimé uniquement, qui ne souffre point de partage dans les cœurs qui se donnent à lui, & qui rejette enfin comme indignes de lui, des hommages qu’on rend également au monde son ennemi ? […] Le ridicule a souvent plus de force sur l’esprit des hommes que les exhortations les plus pathétiques & les déclamations les plus véhémentes. […] Ce fameux Comique, qui dans le dernier siècle a porté cet art dangereux à sa dernière perfection, mais dont la mort devroit donner plus de frayeur aux amateurs du Spectacle que ses ouvrages ne leur causent d’admiration & de plaisir, a, dit-on, corrigé les mœurs de son siècle ; c’est-à-dire, qu’il a détruit par la force du ridicule quelques restes de mauvais goût, d’affectation dans le langage & dans les manières : mais de quel vice réel nous a-t-il en effet corrigés ? […] & la tranquillité dans laquelle les laissent de tels objets prouve-t-elle autre chose, sinon que leur cœur est déja profondément corrompu, que leur imagination est depuis long-temps accoutumée à ces horreurs, & qu’enfin c’est l’habitude du poison qui en émousse la force à leur égard ?

163. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Bien des hommes ne sont guère plus sages, des vieux pécheurs usés par la débauche dont la concupiscence est encore bouillante, & les inclinations vicieuses, ils ressemblent à l’embrasement d’une maison, quand le feu y a cessé on voit long-temps des étincelles & des pointes de flammes percer à travers les cendres ; le feu y vit encore, mais il manque de matière ainsi le goût de la volupté vit encore, la force y manque. […] Pierre Viret étoit habile, éloquent, grand Orateur pour le temps, laborieux, Ecrivain, a fait berucoup d’ouvrages, & donné entr’autres un corps de morale considérable en dialogue, où il explique les commandemens de Dieu, l’oraison dominicale, & le symbole des Apôtres ; sa morale est pure, & même sévère, ce qui lui donna du crédit, ce livre seroit utile s’il se fût borné à la morale, mais il y a mêlé toutes les erreurs de sa secte, son langage gothique a de la force, & lui acquit une réputation singulière ; on ne parloit pas mieux alors ; il pensoit comme les Catholiques sur la danse, le fard, le luxe, le jeu ; en voici quelques traits sur le sixième commandement dans le style marotique du temps. […] Hélas pourquoi au lieu de nous donner la foiblesse que nous avons, ne nous donnent-ils pas un peu de la force que nous n’avons point ? […] La Princesse Venus inventrice d’un sentiment si délicat qu’elle avoit nommé amour, en fut regardée comme la mère aussi bien que des grâces, ayant été aidée par les plus belles femmes, cet engagement fut trouvé si beau qu’on en fit un Dieu, & de sa mère une Déesse, la force en est invincible (c’est de la bonne morale) ; on peut donc être amoureux sans être si vicieux, cela veut dire en bon françois qu’on voudroit bien que l’impureté ne fût pas un vice, qu’on tâche de colorer le mouvement de passions pour en diminuer la honte que ce langage de vertu, ce vernis de chasteté est une gaze pour en cacher l’horreur & émousser les remords.

164. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Les femmes qui dansoient sur le Théâtre, pouvoient jouer dans la Comédie, mais non pas dans la Tragédie, parce qu’elles n’auroient pas en la force de pousser leur voix comme des hommes ; mais elles eussent possédé aussi-bien qu’eux, & peut être plus finement qu’eux, l’Art de faire les gestes : pourquoi ne les en chargeoit-on pas, si la Déclamation étoit partagée en deux Parties ? […] Quintilien [L. 9.] nous dit qu’un leger changement dans l’arrangement des mots d’une phrase de Cicéron suffit pour en faire perdre toute la force & la beauté. […] Nous serions également contens si nous lisions multi superarunt mercatores, & Quintilien compareroit alors la période à un trait jetté de travers, qui n’a pas la force d’aller au but, & tombe à moitié chemin. […] Celle de la Danse des Pantomimes, que nous avons peine à comprendre, & celle d’une Déclamation si belle & si exacte, que dans cette Assemblée si nombreuse & si tumultueuse, une seule syllabe prononcée un peu trop rapidement, ou un peu trop lentement, excitoit des murmures, & cependant le Comédien, étoit obligé de pousser avec une grande force sa voix hors d’un Masque qui lui enfermoit la tête jusqu’aux épaules.

165. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Pour comble de malheur vous rencontrez tous les jours dans le monde des hommes de sens et d’esprit qui ne rougissent pas de se faire les apologistes de ces farces de baladins ; vous soupçonnez du danger dans ces Spectacles ; mais la force de l’exemple, la multitude des suffrages, la tolérance du gouvernement vous jettent dans des doutes que votre longue absence de Paris vous rend pour le moment difficiles à éclaircir par vous-mêmes. […] La nécessité de motiver mon avis, afin de vous inspirer un mépris durable pour toutes ces pièces impertinentes me force de vous en faire connoître quelques-unes des plus vantées, et que j’ai vues moi-même : vous pouvez hardiment d’après ces échantillons apprécier tout le reste. […] Violento force ce cavalier inconnu de mettre l’épée à la main ; Inès tombe en s’écriant : « je suis blessée ». […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique.

166. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Deux propositions que je vais tâcher de vous démontrer avec toute la force et toute la vérité qu’exige l’importance du sujet. […] Combien de fois n’avez-vous pas senti des mouvements d’orgueil et d’impureté s’élever dans votre âme, et la remplir de toutes sortes d’images, lorsqu’on exprimait le langage de ces passions avec tant de force et tant d’énergie ? […] Sentez-vous toute la force de cet argument que je vous défie d’éluder ? […] Il est tout naturel qu’à force de voir tout l’étalage des vanités du monde, on oublie le Ciel ; qu’à force d’entendre préconiser l’amour et les plaisirs des sens, on fasse son Dieu de ce qui flatte les passions et la chair.

167. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Plus les exemples sont naturels, vifs, intéressans, et; plus ils ont de force. […] Je ne pense pas au reste que Moliere ait adouci la force du caractere d’Alceste, vis-à-vis l’homme au sonnet, par la seule intention de faire rire le Parterre. […] N’y aura-t-il donc que contre la Comédie que les Loix seront sans force et; sans vigueur ? […] Ne me faites donc plus un pompeux étalage de la nécessité d’entretenir chez vos Citoyens l’humeur martiale, la force et; la vigueur des Athlétes. […] La conviction emprunte toute sa force de la douceur et; de la modération.

168. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

A force de peindre nos Bergers tendres, amoureux, nous en fesons des amans glacés, qui font rétentir les échos de leurs amoureuses plaintes, & qui meurent, par métaphore, pour les beaux yeux d’une ingrate. […] Notre goût déterminé pour le léger, le vif, le badin, & nos mœurs mêmes, nous empêcheront toujours d’estimer fortement la Pastorale : des peintures si douces, si tranquilles, nous causent bientôt un ennui mortel, ou nous font rire à force d’être naturelles, comme il arriva dans la Bergère des Alpes du Théâtre Italien,(12) lorsque l’on vit deux Bergers boire du laid, ou manger de la bouillie.

169. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Car on ne sent la force de cet ennemi indomptable à toute autre puissance qu’à la grâce, que lorsqu’on s’efforce de lui résister, vous ne sentez rien ! […] Vos ordonnances pleines de justice, seront mes cantiques dans mon pèlerinage, elles ont en effet la force de charmer et d’enchanter d’une manière toute céleste, l’ennui de cet exil.

170. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Quel zèle, quelle force le Ciel n’inspire-t-il pas à Néarque et à Polyeuctef ; et que ne font pas ces nouveaux Chrétiens pour répondre à ces heureuses inspirations ? […] Je ne dis point que ces Tragédies n’aient eu ce qu’elles devaient avoir pour plaire au goût des Athéniens : mais qui pourrait traduire en Français dans toute sa force l’Œdipe même, le chef-d’œuvre des Anciens ; j’ose assurer que rien au monde ne nous paraîtrait plus barbare, plus funeste, plus opposé aux vrais sentiments qu’on doit avoir.

171. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

« De quelque sens qu’on envisage le théâtre, dans le tragique ou le comique, on voit toujours que, devenant de jour en jour plus sensibles par amusement et par jeu, à l’amour, à la colère et à toutes les autres passions, nous perdons toute force pour leur résister, quand elles nous assaillent tout de bon ; et que le théâtre animant et fomentant en nous les dispositions qu’il faudrait contenir et réprimer, il fait dominer ce qui devait obéir ; loin de nous rendre meilleurs et plus heureux, il nous rend pires et plus malheureux encore, et nous fait payer, aux dépens de nous-mêmes, le soin qu’on y prend de nous plaire et de nous flatter. » « En effet, que voyons-nous dans la plupart des pièces qu’on représente sur la scène ? […] L’un tue son père, épouse sa mère, et se trouve le frère de ses enfants ; un autre force un fils d’égorger son père ; un troisième fait boire au père le sang de son fils. […] Ce sont des fables, à la vérité, mais des fables qui font sur le cœur de plusieurs des impressions plus durables que les vérités les plus sublimesag . » Et quand même le fond de ces pièces serait tiré de l’Ecriture sainte, on ne peut pas les voir sans danger ; parce que la sainte morale, transportée sur un théâtre, ne peut produire dans ce sol empesté que des fruits pernicieux : sa place véritable et naturelle est dans la chaire, où environnée de la majesté de Dieu, nourrie de l’onction qui la rend si touchante et si auguste, elle déploie toute sa dignité et toute sa force ; mais au théâtre c’est un sel affadi ; elle n’y paraît que pour être tournée en ridicule, pour essuyer le mépris et encourir la haine des spectateurs.

172. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

La tragédie leur enseigne l’élévation du style, la noblesse des sentiments, la pureté du langage, la force, l’harmonie, le pathétique de l’expression. […] Un Prédicateur ainsi formé aurait plus perdu que gagné ; il aurait perdu cette grâce, ces lumières, cette inspiration du ciel, qui seules peuvent mettre sur la langue ces paroles de vie dignes de la sainteté de nos mystères, « dabo vobis os et sapientiam » ; cette force, cette élévation, cette profondeur divine, qui peuvent seules la rendre efficace dans les auditeurs ; cette douceur, cette onction, cette piété, qui seules peuvent inspirer le goût et persuader la pratique de la vertu, sans laquelle on n’est qu’un airain sonnant, et une cymbale retentissante. […] Sans prétendre que ce moyen soit bien propre à opérer cet effet, on ne peut disconvenir qu’il n’était pas moins attentif à inspirer l’esprit de piété que l’amour des belles lettres. » Ce double aveu de l’inutilité des pièces de collège, et du mérite d’un Jésuite, est un triomphe de la force de la vérité.

173. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

Iean Chrysostome a desployé les forces de son eloquẽce pour abolir ceste coustume la depignant des viues couleurs du Paganisme : Sermo 17. […] Almache martir repandit librement son sang pour estancher la cruauté des gladiateurs, & arrester le desordre & superstition des masquarades, & par la sentence de mort de l’impie & impiteux Alipius Prefect de Rome consacra son martire à ce iour de Ianuier : par ceste entresuite des saincts Peres de l’Eglise, on voit comme ils ont employé toutes les forces de leur entendemẽt pour arracher des esprits des Catholiques, ces superstitieuses & idolatres masquarades, les Conciles y ont trauaillé à l’enuy : Cap. […] les conditions apposees contre les Loix & constitutions des Empereurs & contre les bonnes mœurs sont de nulle force & valeur : par exemple, si tu ne prens point de femme, si tu n’as point d’enfans, si tu homicides, si tu vas masqué, & autres semblables. […] n’est-il pas ainsi que tout ce qui est faict par les ministres des Demons est faux & forcené, quand vn homme affoiblissant la vigueur de ses forces & raualant son courage masle se change en vn maintien effeminé, & se comporte en ceste action auec tant de molleße & dexterité qu’il semble se repentir de ce qu’il est homme ? […] alors le Diable parut d’assez loing masqué & horrible requerant auec plainctes & gemissemens de participer à ceste ioye à fin de troubler la feste & noircir l’esclat de ce iour, menaçant si vous ne me receuez au dedans de l’Eglise, ie trouueray place en quelque recoin au dehors, mais Dieu luy ayant leué la main & permis de faire du pis qu’il pourroit, le leuain de son orgueil l’auoit tellement enflé qu’il ne peut entrer dans le chapitre, dans le dortoir, dans le refectoir, ny dans les cellules : & fit la retraitte auec sa courte honte  : Ne doubtez point que ce puissant ennemy iuré de nostre salut n’ẽploye toutes ses forces pour troubler ceste feste, & se voiant parauanture chassé du dedans de l’Eglise par les sainctes prieres & oraisons qui s’y font, par les merites des reliques de la vierge que Vet. lib. m.s. in arch. matris Eccles.

174. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Le spectateur fait bon gré au Poète, de lui épargner la vue des corps sanglants de ces Héros blessés à mort, et expirants sur le Théâtre ; mais un Auteur qui se défie de la faiblesse de son génie, et qui craint de ne se pas assez soutenir dans sa narration, pour produire de grands sentiments dans l’esprit de ses auditeurs, leur met sous les yeux, des corps percés de coups, et mourant, pour les émouvoir par la vue de ces horribles spectacles : Il imite en cela certains Avocats, qui manquant d’art et de génie pour exciter la compassion dans l’esprit de leurs Juges, faisaient peindre les malheurs de leurs Clients, pour obtenir par ces représentations muettes, ce qu’ils ne croyaient pas pouvoir obtenir par la force de leurs raisons, et de leur éloquence. […] Ces épisodes que l’on ajoute à l’action principale, marquent la stérilité du génie du Poète, qui n’a pas la force de continuer une seule action jusqu’au bout, et qui emprunte des sujets étrangers, pour remplir le vide de ses scènes. […] Les forces de l’esprit et du corps de l’homme sont bornées ; on ne peut pas être appliqué toujours à des choses sérieuses ; on a besoin de temps en temps de relâche pour reprendre son travail avec plus de vivacité et plus de fruit. […] Il ne faut donc pas s’étonner que les Pères aient employé toute la force de leur éloquence et toute la véhémence de leur zèle, pour décrier les pièces de Théâtre ; mais l’on n’en peut rien conclure, au préjudice de notre Comédie ; parce que les choses ne sont pas égales ; comme on le peut voir aisément par les termes qu’ils employaient dans leurs invectives. […] Plus ces déclamations sont véhémentes, moins ont-elles de force contre la Comédie moderne ; non seulement ce n’est pas un Théâtre, ni une école d’impudicité ; non seulement les Comédiens n’y jouent rien d’infâme, ni avec des postures indécentes : mais même des paroles un peu libres ; des équivoques à qui l’on pourrait donner un mauvais sens, suffiraient pour faire interdire et pour faire siffler la meilleure pièce.

175. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Cette passion était aussi forte alors qu’elle l’est aujourd’hui ; et les Poètes ne se croyaient pas obligés pour cela d’en représenter toute la force aux yeux des spectateurs : C’était pourtant en ce temps-là que Périclès était charmé de la sage Aspasie, à la prière de laquelle il entreprit la conquête de l’Ile de Samos. […] Je ne crois pas que cela puisse produire aucun mauvais effet, puisque cet Amant et cette Amante sont des personnes fort vertueuses, et que jamais ils ne se témoignent ainsi mutuellement leur passion dans toute sa force, qu’il n’y ait quelque puissant obstacle, qui s’oppose à l’accomplissement de leurs désirs ; ainsi je ne fais que les plaindre, et leur vertu même peut redresser le cœur de ceux qui s’abandonnent aveuglément à leur passion. […] Ceux qui se plaisent à ces livres, entrent insensiblement dans les sentiments des personnes dont ils lisent les aventures, et comme ils n’ont pas assez de force pour imiter leur vertu, tout le cœur se porte vers leur amour, le moindre mal qui en puisse arriver, est de se remplir l’esprit de toutes ces vaines idées de tendresse, qui nourrissent un esprit dans l’oisiveté, et qui ne tardent guère à gâter les mœurs. […] Les autres passions ne sont point si engageantes ; la tendresse d’un Père envers ses enfants, ou d’un frère envers son frère, ne saurait produire que des sentiments vertueux : la haine, l’ambition, la vengeance, la jalousie sont des vices qu’on peut voir dans toute leur force et dans toute leur étendue, puisque naturellement on a de l’horreur pour le dérèglement de ces passions ; on s’y porte avec moins d’ardeur, et jamais on n’est pour les personnages qui soutiennent ces caractères ; on les blâme toujours, et il arrive aussi presque toujours qu’ils sont malheureux et qu’on se réjouit de leur malheur. […] L’usage a-t-il la même force pour les Pièces de Théâtre que pour la langue, et doit-on s’y soumettre aveuglément, surtout quand il est aisé d’en corriger les abus ?

176. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Ce n’est pas qu’on veuille condamner toutes sortes de Jeux ; il y a d’honnêtes amusements qui n’ont rien de dangereux, et dont on peut user avec modération pour relâcher l’esprit et pour le disposer à reprendre un travail sérieux avec plus d’application et de force. […] « Que les Comédies sont toujours dangereuses : qu’’il en faut user comme on use des champignons, dont les meilleurs ne valent rien : qu’elles dissipent l’esprit de dévotion, alanguissent les forces, refroidissent la charité, et réveillent en l’âme mille sortes de mauvaises affections. […] » On voit bien que cette objection le presse, il se tourne de tous côtés pour en éluder la force. […] L’illustre et sage Prélat dont il parle, et qui n’attend pas après ses éloges, est celui-là même qu’on peut mettre à la tête des Prélats qui foudroient la Comédie avec plus de force et avec plus de zèle. […] Peut-être que mes réflexions n’en auront pas pour cela moins de force, puisque le ridicule en certaines rencontres vaut mieux, et a plus d’effet qu’un grand sérieux : « Ridiculum acri, etc.»

177. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Loin de trop présumer de mes forces, en mettant au jour cet abrégé des règles les plus nécessaires au Théâtre, je n’ai cherché qu’à montrer avec quel zèle je saisis les occasions d’être utile ; & combien je serai flatté d’écrire désormais dans un genre qui distingue l’homme de Lettres, & qui lui mérite seul ce nom respectable.

178. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

La Danse, par éxemple, nous enseigne l’art de nous présenter avec grace, & donne au corps de la souplesse & de nouvelles forces.

179. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

A force d’imagination & de gaîté, elles saisissent ce ton ridicule ; c’est en Philosophes qu’elles ont travaillé à connaître les mœurs, & la tournure de l’esprit du Peuple ; c’est avec vivacité qu’elles les peignent.

180. (1768) Compte rendu du Monthly Review pp. 288-290

« But why that excommunication should be still in force, and in France only, against a set of people who are neither pagans nor profaners of religion; whose plays are not only free from immorality of every kind, but filled with the most pure and virtuous sentiments; where virtue is rewarded and vice is placed in the most odious light: why either the authors or performers of such plays should, in this age, be treated with such indignity, is, I believe, what the most rigid priest amongst them cannot find any just reason for.

181. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Cela posé, qu’est-il besoin de la force des lois, et de l’empire de l’opinion, pour lui faire goûter des peintures consolantes pour les bons, et effrayantes pour les méchants ? […] Dès qu’il échappe au Poète ou à l’Acteur quelque trait qui n’est pas dans la nature, c’est-à-dire, quelque trait qui contredit ou qui force le caractère. […] Je crois bien que le courage et la force étouffent ses plaintes quelquefois ; mais enfin l’homme est toujours homme. […] Comme ils ont seuls la force d’agir, ils s’attribuent à eux seuls la sagesse de délibérer ; et jaloux du droit de gouverner, ils n’y instruisent que leurs semblables. […] La force de Genève n’est pas dans son sein.

182. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

On le force d’y rester. […] Elle y ajoute une nouvelle force au lieu de le détruire.

183. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Cette objection, qui n’est pas de vous, a plus de malignité que de force. […] Qui peut éluder la force de cette présomption ?

184. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour. […] Le théâtre est une armée rangée en bataille, où le démon ramasse toutes ses forces, où les combattants, les batteries, les pièges, distribués et combinés avec le plus grand art, attaquent de tous côtés l’indiscret spectateur qui ose risquer ce combat décisif.

185. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

Ils eussent eû hõte de faire paroître mesme dans cette Guerre volontaire, plus de molesse que de force, de se vouloir épargner dans ces occasions, & éviter la peine qu’ils donnoient aux autres.

186. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

La médiocrité de ma fortune me livra quelques attaques pour m’ébranler ; mais elle n’eut pas la force de me faire reculer.

187. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

Les uns et les autres ont compris sans doute, que les Poètes dramatiques sont en possession d’inspirer dans le cœur des Spectateurs telles passions qu’il leur plaît : et que l’objet unique des Acteurs est de donner à l’impression de ces passions toute la force et toute la vivacité dont leur art est susceptible.

188. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

sont, dit-il, d’habiles Théologiens, encore plus recommandables par la sainteté de leurs mœurs, que par l’éclat de leur science. » « Je ne puis lire ces grands Hommes, ajoute-t-il, si distingués, par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leurs raisonnements ; et plus encore par la force de leur autorité. » Mais voyons jusqu’où va l’aveuglement de cet indigne Théologien, dans la passion qu’il a de favoriser ses bons amis. […] Plusieurs personnes très habiles ayant déja détruit avec tant de force et de lumière les principaux fondements sur lesquels l’Auteur de la Lettre avait établi ses preuves, je répondrai ici seulement à quelques-unes de ses Objections qui m’ont paru les plus considérables. […] Car les coupables ne deviennent pas innocents par la multitude de leurs complices ; et une Loi ne perd rien de sa force, quand les infractions s’en multiplient. […] Une seule nuit est capable de faire perdre à votre corps toute sa force et sa vigueur. […] Vos bras et vos mains perdront leur force, vos yeux s’obscurciront, votre langue ne pourra plus se remuer, et votre voix peu articulée viendra tout d’un coup à vous manquer.

189. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Tant mieux, la foiblesse du poison diminue le mal ; mais on pourroit donner aux tragédies une merveilleuse force, sans y mêler cet amour déréglé qui fait tant de ravages. […] O dévouement qui m’effraie, serment qui nécessite le parjure, abandon inconcevable, ta force invincible surpasse mon intelligence, dans le ciel seul est écrit ce que tu vaux, & ce qui t’est dû. […] Mais si le serment de la continence nécessite le parjure, si la force du penchant est invincible, si l’homme le plus vertueux n’a ni le vouloir ni la puissance, les engagemens religieux sont insensés, la liberté une chimere. […] Si elle étoit entraînée à la galanterie par un charme invincible, il étoit lui-même entraîné vers l’amour, ce qui décele bien de la force d’esprit, & une grande habitude de réflexion. […] N’est-ce pas une belle force d’esprit de ne pouvoir résister à la débauche, une grande réflexion de dire qu’on n’a pu s’en défendre ?

190. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Les caractères sont si chargés, qu’ils n’offrent que des vertus au-dessus de la force humaine, ou des vices rares à trouver. […] Tout ce qu’il vous débite en grimaces abonde, A force de façons il assomme le monde. […] La force de la représentation prévaut sur celle de l’éducation. […] L’art de l’exposition, de l’arrangement, la beauté et le choix du style, l’énergie des termes, le succès des transitions, la force des tableaux : voilà ce qui en fait la différence. […] Il n’a pu à cet égard dissimuler, ni la vénération que l’on doit ressentir pour cet ouvrage, ni combien il est décisif pour la condamnation des spectacles ; mais on n’imaginerait pas comme il s’y prend pour en diminuer la force.

191. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Des principes si relâchés forment une trop foible défense pour résister à la force des raisons & des grandes maximes que leur oppose D. […] Au reste, son témoignage contre les Spectacles, en doit avoir encore plus de force. […] Ils ont la force d’enlever les esprits, & le pouvoir de remuer les cœurs ; mais ces talens ne sont dignes d’éloges, que par le bon usage qu’on en fait. […] A force de généraliser la vertu, on parvient à l’anéantir. […] Ils perdirent également le courage de l’ame, & la force du corps : ils se diviserent bientôt en différens partis, pour trouver de quoi contenter leurs passions.

192. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Mais parce que tous les foudres de l’Eglise ne sont pas capables d’arrêter la fureur qu’on a pour ces sortes de divertissemens qu’elle juge si criminels, les Puissances séculieres ne sont pas excusables, si elles ne prêtent leurs bras & leurs forces à l’Eglise pour reprimer ces ennemis publics des bonnes mœurs… Quoi ! […] La douceur du poison en fait oublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, & embellies par l’art ; & à force d’admirer & d’applaudir, on apprend à ne rougir de rien. […] Or avec des inclinations si déréglées que les nôtres, quel peut-être l’effet des spectacles que de les réaliser en nous, & de leur donner une nouvelle force ? […] N’admire-t on pas un Auteur qui, employant toute la force de son génie à représenter quelque grande passion, sait vous amener insensiblement & par dégrès, jusqu’à exciter en vous les mouvemens de cette passion qu’il a voulu dépeindre ? […] Samson, le Philistin va te saisir : tu as brisé déja trois fois ses chaînes, tu compte sur ton ancienne force ; & c’est ta sécurité présomptueuse qui va te perdre.

193. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

La force de ses raisons nous persuaderait à demi, & le souvenir de ses vertus acheverait de nous convaincre.

194. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Cette petitesse qui n’a de force que par le préjugé, est cause que les Auteurs sont souvent fort embarrassés, & prive notre Théâtre comique de situations éxcellentes, de caractères nouveaux, saillans.

195. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Mais après qu’ils eurent vaincu les Carthaginois et qu’ils se furent enrichis des dépouilles de la Grèce, ils vécurent dans le luxe ; ils perdirent également le courage de l’âme et la force du corps, ils se divisèrent bientôt en différentes parties pour trouver de quoi contenter leurs passions.

196. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Il vêcut avec elle plusieurs années, il s’en dégoûta, épousa la Princesse de Cantecroix, & prétendit que son mariage avoit été fait par force, se dégoûta de même de celle-ci, en épousa une troisieme. […] Le Duc n’avoit aucun scrupule sur l’un ni sur l’autre ; mais pour la contenter, il se plaignit qu’il ne l’avoit épousée que par force, & commença un procès qu’il n’a jamais fini. […] On peut voir ses mémoires écrits d’une maniere très-sensée avec beaucoup d’énergie & de précision, de force & de raison, débarrassés de toutes les puérilités de la galanterie.

197. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Si quelqu’un se donnait jamais le plaisir d’en faire l’expérience ; il verrait, peut-être avec surprise, combien l’action gagnerait, restant toujours dans sa force et dans sa grandeur. […] Il me paraît que l’amour de Cinna et d’Æmilie affaiblissent considérablement la majesté et la force de l’action dans cette Tragédie : ils ont l’un et l’autre un motif assez fort pour conspirer contre Auguste, sans intéresser l’amour dans leur projet. […] Hersilie fait donc tout ce que la vertu la plus sévère peut exiger d’elle ; et si elle parle à la fin, c’est la situation qui l’y force ; puisqu’elle se voit exposée à perdre ou son père ou celui qu’elle aime, dont l’un des deux ne peut éviter de périr dans le combat singulier résolu entre eux, et juré à la face des Autels.

198. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Mais, enfin, quelle institution humaine n’est pas marquée à ce coin de faiblesse, qui force le plus orgueilleux à reconnoître des limites à son génie ! […] Un enfant né de parens honnêtes, a-t-il absorbé son patrimoine, ou fait quelques sottises qui le force à fuir loin de son lieu natal, il court aux Trétaux, se fait Mime des Remparts, & trouve, sans difficulté, dans la plus abjecte de toutes les professions, les moyens de continuer un train de vie, qui est devenu pour lui une seconde nature. […] Un jeune homme peut aller tête à tête au Théatre, avec une femme quelconque, mais la décence qui regne dans l’Assemblée où il se trouve, le force à se comporter en homme honnête, au moins pendant le Spectacle, au cas qu’il ne le soit point par principes, & que la personne qu’il y conduit soit de mœurs suspectes. […] La Vérité tardive paraît, enfin, & force les envieux & les mécontens à admirer, à respecter dans le silence les grands Ministres & les grands Magistrats, dont elle-même place les noms immortels au rang de ceux des bienfaiteurs, & des amis de l’humanité. […] A force de se rencontrer, ils se heurteront comme des Beliers, & le plus beau de la scène, ils finiront par se détruire : le Peuple, témoin de leurs malheureuses inconséquences, en sera la première victime.

199. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Ceux qui considèreront et pèseront mûrement ces raisons pourront supposer aussi que comme plusieurs lois dans la suite des siècles ont été abrogées et ont perdu leur vigueur, celle que les adversaires de GUILLOT-GORJU objectent, peut avoir perdu sa vertu et sa force. […] Ce qui ne s’observe pas seulement dans la nature de l’homme et dans ses actions, mais aussi dans ses discours : De là est venu que l’Eloquence pour persuader avec plus de force, a mêlé parmi ses préceptes celui de la délectation : c’est ce point qui assaisonne les autres, c’est lui qui donne jour à la doctrine et aux raisons, et de l’activité aux mouvements.

200. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On le ramènera aux principes sur lesquels ils raisonnaient, à cette confiance qu’ils avaient en leurs propres forces ; et on lui découvrira le fond d’orgueil, et même d’impiété, d’où ils tiraient leurs plus beaux discours. […] [Cicéron, Oratio pro Murena], « que la sagesse tombe de haut en bas au son de la trompette, que la raison n’est plus consultée, que c’est la force qui décide, et que la mine menaçante d’un soldat est alors plus aimable que la langue du plus excellent Orateur », fait-il autre chose que du bruit ?

201. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Le hasard, mille causes fortuites, mille circonstances imprévues, font ce que la force et la raison ne sauraient faire. […] Ce n’est pas précisément la quantité de monde que l’on gouverne, ni son obéissance passive qui fait la force et le crédit d’un Royaume, c’est le nerf et l’industrie de chaque membre ; et un Royaume, pour fleurir, en exige davantage qu’une République, d’autant qu’ils sont moins excités.

202. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Elle fait les plus grands éloges du Prince de Condé, & des services qu’il a rendus à l’Etat, de ceux qu’elle a rendu elle-même, entretenant les peuples dans la soumission, tandis qu’elle avoit mis tout en œuvre pour les soulever ; elle déplore les malheurs de sa maison & les siens (dont elle étoit la cause), & prétend avoir été forcée de recourir à la protection des ennemis de l’Etat, pour se défendre des entreprises formées contre elle ; elle assure que son innocence, sa conscience, son devoir l’obligent à sa légitime défense (ces grands mots s’appliquent ce qu’on veut) ; que les personnes les plus distinguées de l’Eglise, de la Cour, de la Robe, de l’Epée, toutes les grandes villes du Royaume, l’ont sollicitée d’être la protectrice de l’Etat ; que le Roi d’Espagne (tant elle étoit une personne importante) l’avoit invitée de le seconder, pour rétablir l’ordre & la paix en France ; sans quoi on auroit une guerre civile qui le désoleroit ; qu’elle étoit seule en état de rémédier à tant de maux, que la Reine étoit aveuglée par son Ministre ; que le Duc d’Orléans, trop facile, négligeoit tout par foiblesse ; qu’en conséquence elle avoit fait un traité avec le Roi d’Espagne, pour joindre leurs forces & agir de concert ; que la paix se feroit surement quand tout seroit réparé ; que jusqu’alors il ne falloit pas s’y attendre. […] Je ne trouve plus de force dans mon ame, je ne puis y songer sans mourir, & je ne puis penser à autre chose. […] La plus sage fut la Demoiselle, qui, apprenant la déconfiture de son brillant mariage, se met à rire de toutes ses forces, & se moque de tous. […] Le temps, ses promesses, ses soumissions, sa bonne conduite calmerent peu à peu les esprits ; elle parut à la Cour, y fut reçue fort froidement ; insensiblement on s’accoutuma à elle : ce ne fut qu’à force d’humiliation. […] Rien de plus édifiant : on y voit une ame élévée, touchée de Dieu, qui passe par les épreuves de la vie spirituelle, gémit de ses égaremens, & soutient courageusement, par la force de la grace, les combats que le démon, la chair & le monde lui livrent.

203. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Ses Vers sont toujours d’une force & d’une élégance qui ravit.

204. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Une vertu sublime, ou n’entre point l’orgueil, De la vertu païenne inévitable écueil, Un courage indompté, conduit par la sagesse ; Nul mélange honteux de force et de faiblesse.

205. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Ils eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir généreusement la doctrine des anciens, appuyée sur la discipline de l’Eglise, et animée de son esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur apprendre une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui par conséquent ne peut que les conduire au précipice, par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement dans la doctrine de l’Eglise, ni dans celle des Saints.

206. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

La puissance temporelle est donc la véritable conservatrice d’une religion qui mérite tous nos respects ; car il est démontré, par des faits nombreux dont fourmille notre histoire, ainsi que celle de tous les peuples chrétiens, que si les prêtres n’avaient pas toujours rencontré dans la force et dans l’autorité séculière, une barrière contre leurs écarts, contre leur ambition et leur ignorance, cette même religion serait anéantie par les excès de ses propres ministres.

207. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

en a-t-on plus d’esprit, de talens, de force, de santé, de vertu ? […] A peine & par force un jeune Conseiller prend la robe en entrant au Palais, & ne l’a jamais assez tôt quittée. […] Tantôt parlant du grand Dragon Bechemot, le livre de Job, pour faire sentir la force de sa queue, la compare au cèdre du Liban ; & dans l’Apocalipse on dit que les ennemis de l’Eglise sont comme des scorpions, dont la queue pleine de vénin donne la mort par sa piqeure.

208. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Ils veulent s’illustrer d’un brevet d’esprit fort ; D’un vin traître & fumeux ils ressentent l’ivresse, Et leur force en effet n’est qu’orgueil & foiblesse. […] Il ose dire d’après Térence : La crainte fit les Dieux, & la force fit les Rois  : Primus in orbe Deos fecit timor. Les Rois n’ont ils donc d’autre droit que la force ?

209. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Et ce n’est pas une chose étonnante que ces saints Personnages aient employé toute la force de leur zèle contre une chose aussi scandaleuse qui fût dans l’Eglise. » Réponse. […] Les Pères de l’Eglise ne laissèrent pas néanmoins de continuer après cela à parler encore contre la Comédie avec autant de zèle et de force, qu’ils avaient fait auparavant. […] Et d’Horace, à débaucher les serviteurs, et à les suborner à force d’argent.

210. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

« La force du caractère voulait qu’[Alceste] dît brusquement [à Oronte], « Votre Sonnet ne vaut rien […]. »dl Point du tout ; la force du caractère ne voulait point cela. Les « je ne dis pas cela »dm répétés sont le coup de pinceau que la force du caractère exigeait, et décèlent le grand maître.

211. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Les forces de l’esprit sont bornées comme celles du corps, et, pour reprendre le travail avec vivacité, il faut nécessairement se délasser par quelque chose qui amuse et qui divertisse.

212. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Ajoutons que le Théâtre moderne mérite toute préférence, par la commodité qu’il procure aux Acteurs, aussi bien qu’aux Spectateurs : les premiers peuvent exprimer les sentiments et les passions dans les tons convenables et naturels : les seconds sont à portée de concevoir toute la force et toute la finesse de l’expression ; puisque les Théâtres modernes ne sont pas, à beaucoup près, si vastes que les Théâtres des Anciens, ni exposés au grand air, comme ils l’étaient.

213. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Il fit ouvrir chez eux des brelansg, des tavernes, les amusa par la galanterie et les jeux de théâtre, et n’en eut plus rien à craindre : « Jussit cauponas, ludicras artes et lenocinia exercere. » Ainsi ce peuple, jusqu’alors si puissant, efféminé par la mollesse, perdit son courage et sa force. […] En vain, Prince, prétendez-vous accabler ce peuple par la force de vos armes, et par les superstitieuses malédictions d’un Prophète, forcé à se démentir, et à changer en bénédictions les anathèmes que vous vouliez lui faire lancer ; pour vaincre sûrement vos ennemis, rendez-les voluptueux, envoyez dans leur camp des femmes Madianites, belles, parées, faciles, séduisantes (des Comédiennes) ; que par leur chant, leur danse, leurs fêtes, leurs jeux, (les spectacles), elles excitent les passions et fassent pécher Israël, la victoire est à vous : « Balaam docebat Balac mittere scandalum in Israel. » (Apoc.

214. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Si les personnages de ses Poèmes ont une suite nombreuse, s’il peut faire paraître une armée sur la Sçène ; s’il peut mettre beaucoup de pantomime, & sur-tout force coups de Théâtre les uns sur les autres ; il est certain d’avoir le plus grand succès.

215. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Dans les Tragédies, Niobé paraît avec un visage où se peint le desespoir ; Médée nous annonce son caractère, par l’air atroce de sa physionomie ; la force & la fierté sont dépeintes sur le masque d’Hercule ; le masque d’Ajax est le visage d’un homme hors de lui-même.

216. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Bien loin de les mettre aux mains, elles se favorisent mutuellement, & la victoire de l’une devient l’aliment & la force de l’autre. […] Sa fécondité (très-bornée, très-monotone, on s’y copie) sa profondeur (tout y est superficiel) ; sa vérité, il est plein de mensonge ; sa justesse, tout y est exagéré, défiguré ; son équité, tout y est malignité, médisance ridicule ; sa noblesse, tout y est familier ; la décence, mille grossiéretés ; sa modération, les passions y font tout ; sa force, ce n’est que molesse, galanterie ; sa constance, tout y voltige, tout y est léger ; la science, tout y est superficiel, ignorance, fables. […] Les autres Danseuses ses compagnes, & celles qui l’ont suivie, en savent bien autant qu’elle pour la danse proprement dire ; elles ont autant de force, d’agilité, de finesse, mais il y en a bien peu qui sachent si bien réussir & accommoder, varier & proportionner ses mouvemens à l’action & au chant, qu’elles fassent en dansant une scene pittoresque, sans dire mot, qui soit aussi vive, & peut-être même plus vive que les paroles, & sur-tout comme elle composer, créer des pas, des gestes, des attitudes, des mouvemens, des figures, & danser de génie, & toujours d’accord avec l’orchestre & la scene. […] Chacun rioit, chantoit de toutes ses forces, au son de quelques timbales de bois creusé.

217. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Ils ne laissent point la liberté de réfléchir ; l’âme, frappée par la force du tableau vivant, entraînée par le torrent de l’action, et l’ivresse du plaisir, n’est plus à la raison, à elle-même. […] quel sublime dans ses pensées ; quelle noblesse dans ses portraits ; quelle majesté dans les tableaux ; quelle profondeur de politique ; quelle vérité ; quelle force de raisonnement, » etc. […] 1° La force et l’étendue du génie se développent dans la multitude, la variété, la profondeur des idées. […] Milton les sème à chaque pas dans son Paradis perdu, et il faut avouer que pour la force et la variété de ces expressions diaboliques, l’Anglais ferait la leçon au Français.

218. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Athalie arrive, lui demande le Trésor qu’il a promis, il fait tirer le rideau qui couvroit Joas assis sur son Trône, & par les preuves qu’il donne à Athalie, la force à reconnoître que l’Enfant qu’elle voit est Joas. […] parce qu’il espere, A force d’attentats perdre tous ses remords. […] Si l’Auteur est un de ces hommes heureux & si rares, il ne pechera jamais contre la quatriéme Partie de son Poëme, qui est pour lui la plus facile ; s’il n’a pas la force de la bien exécuter, il n’a point de génie, il n’est point Poëte, & il est certain qu’il n’a pas bien exécuté les trois autres Parties, qui sont plus difficiles. […] Mais on dira que toutes ces raisons poëtiques ne sont pas faites pour un Spectacle entiérement consacré à la Musique, ni pour un Poëme où le Poëte ne peut donner aux Passions leur jeu nécessaire, ni à ses Vers l’harmonie & la force, & qui par conséquent peut bien, comme Quinaut, se vanter d’avoir fait un excellent Opera ; mais ne peut jamais se vanter d’avoir fait un bon Ouvrage.

219. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Ils entraînent les faibles qui n'ont pas la force de résister, et les ignorants qui n'ont pas assez de lumière pour faire un juste discernement.

220. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Nos inclinations ne se portent déjà que trop au mal, sans qu’il faille jeter de l’huile sur les flammes ; sans que l’on emploie ce grand appareil, tant de damnables instructions, autorisées par des exemples célèbres, par les triomphes du vice, suivis d’un applaudissement public pour assurer les courages contre les reproches de la conscience, et les menaces des lois : on met l’honneur à nourrir des haines irréconciliables, à mettre la désolation dans les familles et dans les états, pour une parole mal interprétée, pour une ombre, pour un soupçon de déplaisir : on qualifie cette fureur du nom de force, et comme au temps de l’idolâtrie, des vices on fait des divinités à qui l’on présente des sacrifices de sang humain, quand l’on introduit toutes les fausses déités du Paganisme, et qu’on rapporte tous les événements des affaires à la fortune ; n’est-ce pas affaiblir extrêmement la foi d’un vrai Dieu ?

221. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Là c’est le père ici la mère qui force. […] Dans ce moment tout est en mouvement, dans un couvent tout a les yeux sur la Novice & sur sa famille, tout l’assiege, tout s’empresse autour d’elle, un Clergé nombreux, un Officiant distingué, ordinairement le Supérieur de la maison, une assemblée choisie & nombreuse, des domestiques empressés, un peuple curieux ; l’intérieur plus agité encore, une fête brillante, un évenement intéressant, la Novice plus agitée que personne, dans un moment qui décide de sa vie ; comment imaginer un parloir tranquille, inaccessible, où personne ne paroisse, où le père & la mère tiennent leur fille, envoyent chercher un Curé, que ce Curé parle en particulier à la Novice, & fort long-temps, rende compte de son entretien, qu’elle entre & sorte cinq ou six fois toute troublée, sans que personne s’en apperçoive, elle dont tout s’occupe, que son amant s’y glisse, & sans doute force l’entrée, car il faut bien que pour agir en repos on ait consigné la porte, qu’il y fasse des folies, & qu’enfin cette fille vienne s’empoisonner & mourir sans que personne se montre ? […] Mais ce sexe est sans force ; on l’opprime sans crainte. […] Elle a la force, ou plutôt la férocité, la scélératesse réfléchie & soutenue de préparer du poison, de le prendre, de venir mourir au milieu de sa famille, sans se repentir de son fol amour & de son désespoir, & elle n’osera pas dire un non ? […] On a cinq ans après la profession pour revenir contre des vœux faits par force ; tous les Tribunaux sont ouverts, & même favorables.

222. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

En élevant la voix contre cette école de l’immoralité, « nous nous proposons d’empêcher que quelqu’un ne se fasse illusion en croyant qu’il est permis d’aller au spectacle, car l’amour du plaisir a tant de force sur la plupart des hommes, qu’il les porte à différer de s’instruire de ce qui leur est défendu, pour avoir un prétexte de s’y satisfaire, ou à tâcher de corrompre leur propre conscience par de fausses raisons par lesquelles ils se persuadent que le mal, auquel ils ne veulent pas renoncer, n’est pas un mal réel. […] Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je ! […] Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les pères et les mères ont l’imprudence de conduire leurs enfans de l’un et de l’autre sexe.

223. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Esprit-Saint, donnez force & efficace à mon Discours ! […] Tu as brisé déjà trois fois ses chaînes ; tu comptes sur son ancienne force ; & c’est ta sécurité présomptueuse qui va te perdre. […] Assailli de tant de côtés, tantôt par adresse & tantôt par force, je défie le cœur le plus dur de ne pas se rendre à l’impression de la passion qui est représentée.

224. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Augustin, se sont déchaînez avec juste raison, & ont employé toute la force de leur éloquence à les décrier ; pendant que l’Eglise les a condamnez par ses Canons, & prononcé Anathême contre les Spectateurs. […] Paul, Chrétiens, peut servir de resolution au cas de conscience que vous me proposez ; car je veux que le bal, la comedie, & les autres spectacles de cette nature, soient comptés entre les choses indifferentes, ou qu’ils passent pour tels à l’égard de ceux qui ne courent aucun hazard d’y commettre le peché ; si neanmoins par-là l’on donne occasion aux autres, qui n’ont-pas la même force, ni une vertu à l’épreuve de s’exposer au danger d’en commettre, ne devenez-vous pas coupables du scandale que vous leur donnez, & n’êtes-vous pas responsables des pechez qu’ils y feront ? […] Or c’est ce que nos spectacles, tout innocens qu’on les croit, ont de commun avec ceux des premiers temps, contre lesquels les saints Peres se sont récriez avec tant de force ; aussi pressoient-ils cette raison, quand on leur alleguoit que tous les spectacles n’étoient pas criminels, qu’il y avoit des jeux, des combats de Lions contre d’autres bêtes feroces, des courses de chevaux, & des Tournois qui étoient plus innocens que nos bals & nos comedies : ces Peres répondoient, qu’ils étoient toûjours dangereux à un Chrétien, qui y reprenoit insensiblement l’esprit du siecle, qu’on ne revenoit pas si facilement de la dissipation d’esprit où l’on s’étoit jetté, en se permettant ces divertissemens trop mondains, & que les personnes de pieté devoient s’en éloigner comme d’un écueïl funeste à la dévotion.

225. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Coste dans ses notes ajoute cette reflexion : Montagne a beau montrer aux François la foiblesse & le faux des jugemens qu’ils portent sur les modes ; leur imbécilité subsiste dans le même dégré de force. […] Il peut se faire encore que des prudes qui ne veulent pas qu’on s’apperçoive que rien ne les fait rougir, se mettent du rouge pour cacher la force de leur esprit, & passer pour modestes, comme elles se mettent l’éventail devant le visage pour dérober les altérations qu’y cause la vue de leurs amans, la joie & les ris qu’excitent les choses indécentes dont elles veulent paroître allarmées. […] Sans doute la legereté de la matiere, la briéveté du temps, la force d’un ordre supérieur, la droiture de l’intention, diminuent le péché ; mais c’en est toujours un qui peut devenir, & devient ordinairement très-grand, & si grand que S.

226. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Décoration théatrale à laquelle les soldats ajoutent une scène ridicule : ils vont éguiser leurs fabres au tombeau ; comme si les cendres de Maurice, répandant leurs influences à travers le marbre, devoient donner du tranchant à leurs épées, de la force à leurs bras, du courage à leur cœur : à-peu-près comme à Montpellier on fait endosser la robe de Rabelais aux jeunes docteurs en médecine, laquelle aussitôt les rend aussi habiles qu’Hypocrate & Galien. […] C’est donner bien de l’importance à la toilette, & mal calculer les forces de son artillerie. […] Malgré la force de son tempéramment, les innombrables assauts qu’il avoit livrés, pires que la bataille de Fontenoi, l’ont enfin abattu, & l’actrice Favart lui a donné le coup de grace.

227. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Quel art pour prononcer les grands traits de la nature avec tant d’énergie & de force, pour en distinguer les nuances avec tant de finesse & de vérité ! […] Il étoit plus ému que tous les autres ensemble ; la force de son imagination, l’impétuosité de ses sentimens rendent l’impression si vive qu’il ne peut la soutenir. […] Ils se trouvent si bien & sont si flattés d’avoir chaussé le cothurne, qu’il n’y a pas eu moyen de le leur faire quitter ; ils se sont roidis contre les exhortations, & peut-être se roideroient-ils contre la force, si on vouloit l’employer.

228. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Quand on condamne l’immodestie des femmes, ne parle-t-on que de cette licence grossiere du théatre payen, dont l’histoire a conservé la mémoire comme d’un phénomène de corruption, sous l’empire de Caligula, de Néron, d’Héliogabale, &c. lorsqu’un peuple brutal, connoissant bien le caréctère des Comédiennes, les méprisoit assez pour les faire dépouiller en plein théatre, ordre qu’elles exécutoient avec joie, & souvent se faisoient donner, nudentur mimæ ne parle-t-on que de l’état où, comme des animaux, vivent les Sauvages de l’Amerique & les Negres de la Guinée, qu’un soleil toujours brûlant force de chercher toute sorte de soulagement ? […] Tout n’est que vertu morale, loi naturelle, pur pélagianisme, qui attribue tout à la force de la volonté & de la raison, & trouve tout en soi-même : éducation toute profane, où le christianisme n’entre pour rien. […] Les anciens pour se rendre plus forts s’abstenoient de tous les plaisirs ; les nouveaux s’y livrent pour avoir plus de force ; c’est en les goûtant, qu’ils s’aguerrissent ; en les faisant goûter, qu’ils triomphent.

229. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Ambroise, dans son Epître à Irenée, s’égaie à faire avec son éloquence & son amenité ordinaire une infinité de peintures riantes de la force du lion, de la douceur de l’agneau, du chant du coq, de la queue du paon, des aîles du papillon. […] Une grosse servante vint lui ouvrir à demi-endormie ; mais dès qu’elle le vit, elle referma la porte au plus vîte, & s’enfuit criant de toute sa force, Jesus, Maria. […] En outre abusant de leur privilège, les masques supposent le nom d’autrui, soi-disant Princes, qui est un entregent abusif, & crime de faux qui tourne à la déception des damoiselles, lesquelle se décèlent à eux, pensant qu’ils sont ce qu’elles supposent, sont pareillement les maris déçus ; que les masques, par les propos qu’ils tiennent aux damoiselles, les dégoûtent de leurs maris, leur mettent la gloire par leurs flatteries, qui est cause que quelquefois il y a de l’âne & de la mule aux femmes ; que les masqués entrent avec nombre de varlets qu’on ne connoît pas, qui font désordre à la cuisine, sur la chambriere & sur les vivres, &c. qu’ils sont embâtonnés, garnis d’épées & de poignards en leurs brayettes, en sorte que la force est devers eux, & les maris ne sont plus maîtres on leur maison, leur disent des paroles outrageantes, & commettent plusieurs autres grands abus.

230. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Augustin, se sont déchaînez avec juste raison, & ont employé toute la force de leur éloquence à les décrier ; pendant que l’Eglise les a condamnez par ses Canons, & prononcé Anathême contre les Spectateurs. […] Paul, peut servir de resolution au cas de conscience que vous me proposez ; car je veux que le bal, la comedie, & les autres spectacles de cette nature, soient comptés entre les choses indifferentes, ou qu’ils passent pour tels à l’égard de ceux qui ne courent aucun hazard d’y commettre le peché ; si neanmoins par-là l’on donne occasion aux autres, qui n’ont pas la même force, ni une vertu à l’épreuve, de s’exposer au danger d’en commettre, ne devenez-vous pas coupable du scandale que vous leur donnez, & n’êtes-vous pas responsables des pechez qu’ils y feront ? […] Or c’est ce que nos spectacles, tout innocens qu’on les croit, ont de commun avec ceux des premiers tems, contre lesquels les saints Peres se sont récriez avec tant de force ; aussi pressoient-ils cette raison, quand on leur alleguoit que tous les spectacles n’étoient pas criminels, qu’il y avoit des yeux, des combats de Lions contre d’autres bêtes feroces, des courses de chevaux, & des Tournois qui étoient plus innocens que nos bals & nos comedies : ces Peres répondoient, qu’ils étoient toûjours dangereux à un Chrétien, qui y reprenoit insensiblement l’esprit du siecle, qu’on ne revenoit pas si facilement de la dissipation d’esprit où l’on s’étoit jetté, en se prrmettant ces divertissemens trop mondains, & que les personnes de pieté devoient s’en éloigner comme d’un écueïl funeste à la devotion.

231. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Desprez de Boissy donne une nouvelle force aux raisonnemens & aux preuves des Philosophes qui condamnent les Représentations Dramatiques…. […] Les caracteres qui flattent le plus sont ceux où la force l’emporte sur la raison, & le courage sur la prudence. […] & quelle force ne doit-il pas avoir quand on en connoît l’Auteur ! […] … Telle est la force de certains préjugés, qui tout opposés qu’ils sont à la raison, se soutiennent toujours, & que les Rois, armés de toute la force publique, ne peuvent détruire, parce que l’opinion, reine du monde, n’est point soumise au pouvoir des Rois qui en sont eux-mêmes esclaves…. […] N’a-t-elle pas une force à laquelle le monde obeit, & contre laquelle on réclame vainement ?

232. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Ces maximes, énoncées avec force, & accompagnées des charmes de la Musique & de la Danse, pénétroient profondément dans l’ame des Spectateurs. […] L’ame se passionne & devient naturellement éloquente ; les expressions mâles & nerveuses ne manquent point au besoin ; le style prend de la noblesse & de la force sans le secours de l’art.

233. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

En effet, lorsque nous savons par tradition et par nos propres observations que des hommes de tous les rangs, que des princes même, que des prêtres, que des prélats, des pontifes, ont donné des exemples de toutes les perfidies et de tous les scandales, qu’ils ont même commis des atrocités, pourquoi tant d’art et d’apprêts, et de si ingénieux tours de force pour nous dire une chose que nous ne devons pas avoir de peine à croire, pour nous montrer qu’un petit particulier, clerc ou laïc, déguisé en dévot veut séduire une femme et encore avoir sa fortune par-dessus le marché ? […] Il résulte donc confirmativement que ce fut sans aucune nécessité qu’un grand homme employa toute la force de son génie et toutes les illusions du théâtre pour présenter un de ces faux frères aux honnêtes gens, de manière à les faire frémir d’indignation et rougir d’être hommes, de manière à leur ôter toute liberté d’esprit et de jugement, à leur rendre odieux et insupportables, non seulement le personnage, mais même son masque ou le costume dont il s’est servi, l’attitude, les manières qu’il a prises, les gestes qu’il a faits, toutes ses expressions qui le retraçent à leurs yeux sans cesse et malgré eux, où qu’ils se trouvent, lors même que ces traits leur attestent réellement la présence de la vertu qui, hélas, n’en ayant pas d’autres sensibles, je le répète, se trouve ainsi condamnée à être continuellement prise pour l’imposture et traitée comme telle !

234. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Il parle de ce ton de force & de véhémence qu’il n’appartient qu’aux gens persuadés d’avoir. […] Ces loix, ainsi que celles de Charlemagne, peuvent-elles avoir la même force depuis la déclaration de Louis XIII, du 16 Avril 1641*.

235. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Vos femmes ont une si grande mollesse, qu’elles ne peuvent faire deux pas, & venir à l’Eglise, sans se faire porter (& elles ont la force de danser les heures entieres). […] Eussiez-vous assez de force d’esprit pour n’y commettre aucun péché, ce que je crois impossible, ne vous chargez-vous pas des péchés de tous ceux que vous y attirez par votre exemple ?

236. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Une force magique est donc supposée alors transporter les Acteurs de la Pièce ainsi que les Spectateurs que rien ne peut naturellement faire changer de place. […] Trois heures nous suffisent, & c’est encore beaucoup que nous ayons la force d’y tenir.

237. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Cet homme persuadé debite, avec toute la force & l’ascendant de la persuasion, ces chimeres à des enfans, à des paysans, & les leur fait croire : elles passent de bouche en bouche, & s’accréditent.

238. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

On peut dire que l’Acteur met la dernière main au Drame ; il lui donne un vernis qui attire tous les yeux, mais qui malheureusement s’enlève trop-tôt : il en fait vivement sentir les passions, la force des pensées ; les sentimens qui l’animent passent dans l’ame des Spectateurs.

239. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

De tous les Pères saint Jérôme est celui qui a parlé avec plus de force sur cette matière.

240. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Le démon n’exigerait pas de voir d’abord que vous vous livrassiez aux plus grands désordres, mais il ferait naître dans votre âme une multitude de pensées criminelles qui diminueraient ses forces, et qui lui feraient perdre la vie de la grâce.

241. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Sur le bord d’un ruisseau qui sépare le Dannemarck de la Suède, comme Jules-César sur le Rubicon, elle saute lestement & à pieds joints le petit ruisseau, & courant à toute jambe, s’écria de toutes ses forces je suis libre, comme ce fou de Philosophe qui jeta tout ce qu’il avoit dans la mer, puis s’écria : je suis libre. […] Elle faisoit tous les exercices d’un homme avec force & adresse, montoit un cheval, couroit le cerf, faisoit à pied les plus longues traites, couchoit sur la dure au serein, étoit infatigable, toujours en action ; son éducation comme celle de Henri IV l’y avoit de bonne heure accoutumée, souffrant la faim, la soif, le froid, le chaud, n’usant que d’alimens grossiers, dormant peu, ce qui dans un climat aussi rude que la Suède n’est pas une petite mortification. […] Cette vie avoit plu aux Suédois, peuple belliqueux, tres-éloigné du luxe & de la molesse ; le théatre qui l’introduisit dans la Cour, & à qui ses vices donnèrent une libre entrée, défigurèrent toutes ses bonnes qualités qu’elle tourna en comédie ; il ne lui resta que la force du tempérament & le goût des voyages, la dureté, la hauteur, l’emportement ; elle n’en fut que plus hardie à mépriser toutes les bienséancss de son rang & de son sexe, elle ne portoit qu’avec peine le joug du peu qu’elle observoit. […] Annat Jésuite, Confesseur du Roi, alla lui en faire des excuses ; elle lui dit d’un ton moqueur avec sa brusquerie ordinaire : Je serois fachée de vous avoir pour ennemis, sachant vos forces, j’aimerois mieux avoir quetelle avec un Prince Souverain qu’avec vous ; par cette raison je veux bien être satisfaite, mais je vous assure qu’en cas de confession & de comédie, je ne vous choisirai jamais.

242. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Quelle force dans les traits ! […] Bitaubé a ramassé tout ce qui s’est dit en faveur de son héros, l’a augmenté à sa maniere, & ne finit point Il ne se borne pas à en faire un grand comédien (ce que personne ne conteste), il veut à toute force en faire un grand homme, par ses héroïques vertus : c’est un saint qu’il faut placer dans le martyrologe. […] Elle est séduite par une entremetteuse, elle passe par les mains de plusieurs amans dont elle essuie les caprices, elle est enfermée & fustigée dans la maison de force de Londres (l’auteur prétend que cette maison étoit autrefois le palais d’Henri VIII. […] Quelle comparaison entre le bon & le grand Henri & le petit Ulisse ou le fier Agamemnon, entre nos potentats & ces rois de villages, dont toutes les forces réunies feroient à peine un détachement de nos armées !

243. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Ses Ouvrages remplis de force & d’une harmonie variée, charmèrent toute la France, & causèrent une espèce de division. […] Je sais qu’il est des gens qui prétendent que le stile des Opéras-sérieux peut être poètique, c’est-à-dire mâle, nerveux, & plein de force, comme celui qu’on admire dans les Tragédies du grand Corneille : mais ils sont bien dans l’erreur. […] Comment ferait-elle valoir une pensée qui emprunterait toute sa force de la manière dont elle est èxprimée ? […] Concluons que celui qui voudrait écrire un Opéra-sérieux avec autant de force & de poètique qu’en éxige la Tragédie récité, ne travaillerait point dans le genre de Quinault ; il pourrait faire de beaux vers, mais il ne ferait point des vers lyriques.

244. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

est-il possible qu’à cet âge on pense déjà avec tant de probité, de délicatesse et de force ! […] Ces distinctions excitaient la jalousie de mes Camarades envers mon ami et moi, de force que nous étions exposés tous les jours aux scènes les plus désagréables. […] Ce n’est pas cependant que je croie qu’on ne puisse faire mieux ; si vous vous sentiez la force nécessaire pour employer tous vos loisirs envers Dieu, vous pécheriez mortellement de ne pas vous livrer à ses saintes inspirations ; mais si vos passions sont trop tumulteuses, et qu’il n’y a qu’un plaisir innocent qui puisse vous en distraire, je vous conseille de le prendre. […] On peut d’autant mieux me pardonner d’aimer à la fais mon Maître et ma Patrie, que je ne suis pas de taille à porter le mousquet ni pour ni contre, et que quand bien même j’en aurais la force j’avoue très humblement que je n’en aurais point le courage.

245. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Car la force du plaisir est si grande, qu’elle entraîne dans l’occasion les ignorants, et porte les autres à trahir leur propre conscience : double malheur, qui n’arrive que trop souvent. […] Il faut sans doute mettre dans ce rang tout ce qui sert aux spectacles ; par exemple, le cirque, le lion, les forces du corps, et les agréments de la voix. […] Vous ne sauriez, sans injustice, faire l’éloge de ces forces corporelles, qui ne servent qu’à la vanité de celui qui les exerce, ou à l’outrage de celui contre qui il les emploie : moins encore pourriez-vous estimer cette science, que l’oisiveté des Grecs nous a apprise ; de se faire un corps tout neuf, comme pour réformer celui que Dieu nous a fait. […] N’a-t-il pas reçu des yeux pour se les faire crever à force d’insultes ?

246. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Chacun peut avoir la clef des champs quand il lui plaît : Nous pouvons aller où nous voulons sans craindre que la terre nous manque : Les grands chemins nous mènent toujours plus loin que nous n’avons de forces et de loisir pour marcher ; nous en prenons tant que nous voulons sans en être obligés à personne ; nous y respirons un air beaucoup plus pur que dans le logis. […] Prenez votre heure, c’est la sienne : Votre loisir sera le sien ; en quelque quantité que vous la preniez, pourvu que vos forces la puissent souffrir avec facilité, vous n'y pouvez faire de fautes ; elle n’a qu’une seule ennemie, c’est l’indiscrétion. […] Comme on l’en voulait chasser à force d’exorcismes, et qu’on employait toute la puissance du Christianisme pour lui faire quitter prise ; je n’en ferai rien, dit-il, elle est à moi, elle s’est trouvée dans mes filets :« In meo illam inveni. » Tertull. […] Le monde n’y paraît que comme un petit enfant, qui prend ses forces et ses accroissements avec l’âge. […] Tantôt il tournait sa pensée d’un autre côté se représentant comme ces oiseaux de chasse emploient toutes leurs forces, et toutes leurs finesses pour faire succomber la proie qu’ils poursuivent, il se figurait tous les artifices du Démon à surprendre une âme, comme il l’endort, comme il la caresse, comme il l’investit de peur qu’elle ne lui échappe.

247. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

 13.) qui se montre un peu plus complaisant, et qui cependant entraîné par la force de la vérité y met tant de restrictions, que sa condescendance le réduit à rien. […] Cet homme célèbre, sans naissance, sans fortune, sans éducation, qui par la force de son génie devint depuis l’un des plus grands Jurisconsultes qui aient paru dans les écoles, sortait de dessus les bancs, et n’avait qu’une trentaine d’années.

248. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

On a vu Voltaire, luttant à chaque nouveau chef-d’œuvre contre la foule des envieux & des fanatiques, forcé de ménager des Courtisans qu’il méprisoit, déplorant la pusillanimité de ses Concitoyens, disant la vérité par vocation, par besoin, par enthousiasme pour elle, se rétractant, se reniant lui-même pour échapper à la persécution ; admiré sans doute, mais dénigré, mais haï, mais enfermé deux fois dans les cachots de la Bastille, exilé, contraint de vivre éloigné de sa patrie, osant à peine venir expirer dans cette ville qui se glorifie de l’avoir vu naître, jouissant des honneurs d’un triomphe, & trouvant à peine un tombeau ; avant ce dernier opprobre poursuivi, pendant trente années, jusqu’au pied du Mont-Jura, par des mandemens & des réquisitoires ; flattant sans cesse & les Flatteurs & les Maîtresses du feu Roi ; & laissant à la postérité, avec un exemple de force, un exemple de foiblesse, qui déposera moins contre lui, que contre son siècle, in ligne encore, à bien des égards, d’être éclairé par un si grand homme. […] Cet esprit de fanatisme & d’intolérance qui a causé nos Guerres Civiles du seizième siècle, s’est beaucoup affoibli parmi nous ; mais quand il subsisteroit dans toute sa force, quand il seroit encore l’esprit général ; quand les partisans effrénés du dogme auroient conservé sur la Nation cette influence qu’ils ont perdue ; seroit-ce en effet respecter la Nation que de la tromper ? […] Le desir d’être utile à ma Patrie, l’amour de la liberté, de la justice, & non pas l’amour de la gloire, m’excite à rassembler mes forces pour entreprendre cette tâche nouvelle.

249. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

D’un autre côté, le célebre Bossuet, Evêque de Meaux, avec cette force du raisonnement, & le sublime d’expression qui caractérisent ses ouvrages, porte au théatre un dernier coup de massue, dans un traité exprès dont nous parlons ailleurs, qui a demeuré sans réponse, & que n’osent pas même citer ceux qui ont depuis fait des appologies de la Comédie. […] Le théatre a eu depuis peu d’années deux adversaires d’un grand poids, Gresset & Rousseau, deux grands maîtres, célebres dans la République des lettres, gens de beaucoup d’esprit, en état d’en juger, tous deux amateurs déclarés, tous deux compositeurs distingués, & qui en ont par eux-mêmes senti le danger, & se sont déclarés hautement contre lui, deux phénomenes bien dignes d’attention, l’un par des principes de Réligion dont il fut toujours rempli, qu’il suivit d’abord en se consacrant à Dieu dans un ordre Religieux, qu’il a suivi de nouveau après quelque éclipse, en embrassant dans le monde la vie la plus édifiante ; l’autre, malgré les préventions de l’irréligion manifestée à l’Europe, de la maniere la plus éloquente & la plus scandaleuse ; mais entraîné malgré ces ténébres par la force de la vérité. […] La force de la vérité a arraché de Moliere la plus entiere condamnation.

250. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Les malheurs inévitables & communs à toutes les femmes, n’épargne pas plus le théatre que la cour & la ville, ils sont même plus présens & plus certains à toutes les femmes qui se fardent puisque le tard lui-même creuse les rides, ternit le tein, le rend livide & plombé, change les traits, rend la peau dure, & precipite la chûte de la beauté naturelle ; à plus forte raison quand le crime, par le feu des desirs, la vivacité des mouvemens, l’épuisement des forces, l’excès du libertinage, portent à tous les organes des corps mortels. […] Elle alla chercher de tous côtés des herbes dont elle connoissoit la vertu, & les fit bouillir : elle ouvrit les veines d’Ezon, en fit couler tout le vieux sang, & à sa place, y fit entrer la liqueur qu’elle avoit préparée, qui se changea en sang : ce sang nouveau rétablit le vieillard, les forces, la vigueur, la fraîcheur, les agrémens de la jeunesse lui revinrent, comme à quarante ans, il en fut dans le plus grand étonnement. […] Ulysse se sauva, dit-on, au moyen d’une herbe admirable appellée Moli, qui détruisoit la force de l’enchantement.

251. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Ce style est suranné, ces expressions passent aujourd’hui pour basses, mais il a de l’éloquence, de la force, de la vérité, le livre d’où ce trait est pris a joui de la plus grande réputation, couru de la Cour & de la ville, imprimé plusieurs fois, traduit en toutes les langues vivantes ; on ne le lit plus aujourd’hui. […] 2.° La beauté du corps est la plus excellente qualité, plus précieuse que la force, l’agilité, la souplesse ; on doit donc l’entretenir, mais c’est la plus dangereuse. […] Sa portion légitime dans l’héritage ; les femmes peuvent le conserver comme les autres biens, elle fait leur force & leur autorité, elles la maintiennent comme un Prince maintient la sienne ; mais comme il n’est pas permis de conserver son bien, son autorité par la fraude, par la dissimulation, par le crime ; il ne l’est pas non plus de maintenir la beauté par l’artifice, par le fard.

252. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Voilà donc la noblesse du Théatre, les graces qu’on met sur le trône, que Dorat idolâtre, qu’il chante de toutes ses forces, & donne didactiquement pour modeles ? […] la cloche qui sonne, Me force, ami, de te quitter, Il faut que j’aille mediter, Mon Directeur ainsi l’ordonne : A Dieu me voilà recueilli, Les yeux baissés, la bouche close, Mais si je rêve quelque chose ; Dieu sait que ce n’est pas à lui. […] Mais que le chant a de force & des charmes, Où du tenare égayant le tableau, Tu peins les ris dans le sejour des larmes, Et les plaisirs dans le sein du tombeau.

253. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Jean, qu’il veut à toute force traiter de cérémonie religieuse. […] La fameuse danseuse Timele rendoit toutes les actions théatrales avec la force, la vivacité, l’énergie dont elles étoient susceptibles (comme la Dangeville, selon S. […] Le théatre a fait de la danse un art véritable & fort étendu, de grands maîtres, d’habiles élèves, des plans réguliers, un système suivi, une vraie académie, une science profonde ; tout y est choisi, préparé, combiné, symmétrisé ; uniformité de parures, assortimens de décorations & d’habit, égalité de tailles, ressemblance de traits, harmonie & cadence, symmétrie des pas & des figures, dextérité, légèreté, souplesse, force, tendresse, tous les agrémens imaginables, par conséquent tous les traits de la séduction ; tout y peint la volupté, met la passion en action, & y fait naître un vif intérêt, sur-tout lorsqu’adroitement combinée avec la piece représentée, elle fait avec elle un vrai tableau, naît-des événemens, les prépare ou les accompagne, comme l’a fait souvent le voluptueux Quinaut dans ses opéra, & que tâchent de faire ceux qui le suivent, car l’opéra est le vrai trône de la danse, le trône des danseuses, des figurantes.

254. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Le succès, le triomphe de ces prêtres ambitieux a réveillé leur fanatisme : du fanatisme à l’intolérance, il n’y a qu’un pas, et l’intolérance, armée du pouvoir et de la force, devient nécessairement persécution. […] Et en effet, si Dieu, dans sa sévérité, a condamné l’homme au travail, il a aussi, dans sa justice et sa bonté, mesuré ses forces. […] Ainsi donc, riches, renoncez à vos festins sensuels, à vos réunions corruptrices… Princes : pourquoi ces fêtes brillantes dans lesquelles les femmes disputent entre elles de grâce, d’élégance, de toilettes et peut-être de coquetterie, fêtes qui ne sont autre chose que les pompes du démon auxquelles les chrétiens ont renoncé à leur baptême… C’est en vain que vous allégueriez la raison politique, la raison d’Etat qui vous force à protéger, autant qu’il peut dépendre de vous, tous les arts et toutes les industries qui font fleurir une nation ; c’est en vain que vous prouveriez que ces fêtes ont pour résultat de faire circuler dans toutes les veines du corps social l’argent qui en est le sang, pour le faire parvenir de mains en mains jusqu’à celles du pauvre.

255. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

« Ouvrez, Comédiens, ouvrez vos portes & vos Théatres à ces essains de jeunes athlétes, qui la plûpart n’ont besoin, pour se distinguer dans la carriere, que de la connoître : servez d’appui à ces tendres plantes, à qui la culture donnera de nouvelles forces, & fera porter des fruits excellens.

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