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80. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

& seq. veut que les Pantomimes soient très-utiles, non pour enseigner les regles de la vertu, ils ne parlent point ; mais pour amuser une multitude de spectateurs dans les Fêtes publiques ; qui ne pouvant pas entendre, pensent voir de fort loin, (la finesse du geste, du coup d’œil, des traits du visage, &c. ne vont pas plus loin ni si loin que le son, ce n’est peut-être que de gros Lazzis ;) on ne connoît pas les grandes ressources du génie pantomime, on peut en faire un spectacle intéressant, (il faudroit être fort habile pour en faire autre chose que de l’amusement,) il est vrai qu’il veut le faire accompagner d’une musique de génie représentative, & très expressive ; car les airs, dit-il, ne sont que l’expression d’une passion cachée, il faut en représenter le motif & la cause, ce qui met dans la nécessité d’un recitatif joué par le pantomime, ce qui eut ramené non les paroles, mais seulement, & même rarement le sentiment. Il est impossible que la musique la plus parfaite forme des conversations même avec les gestes de l’acteur, quoiqu’à la vérité l’un aidât à l’autre, lui donnât de l’énergie, en fit un meilleur tableau, car tous les deux sont pittoresque, il faudroit doubler l’orchestre pour faire entendre de plus loin ; aussi les Romains avoient dans leurs amphitéatres vingt & trente mille personnes, je ne sache pas qu’ils aient jamais employé la musique pour aider les pantomimes, ni qu’ils aient connu ces musiques pittoresques, telles qu’on les entend, encore moins telles qu’on les voudroit, qui même sont impossibles. Le pittoresque de la musique ne forme qu’un tableau des mouvements de l’ame, jamais des conversations ni des idées spirituelles de la poésie, des regles, des axiômes, &c.

81. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

L’Opéra est d’autant plus dangereux, que l’âme y est plus susceptible des passions qu’on y veut exciter à la faveur de la musique. […] Saint Basile au commencement de son Homélie 4. sur l’Hexaméron, parle des chants de musique dont on se servait dans les spectacles, qu’il dit être fort dangereux S. […] Et il conclut en disant : Nous avons une autre musique bien meilleure que celle-là, et qui nous porte à nous attacher à des choses bien plus excellentes. […] Chrysostome, et des autres touchant la musique des Théâtres, pour être convaincu qu’il n’y a rien de si propre pour corrompre le cœur, que ces airs languissants et tendres d’une musique à des paroles capables par elles-mêmes d’émouvoir beaucoup, et qui est soutenue de gestes et de mouvements convenables à ce dessein ; de sorte qu’on peut appliquer ici ce que Saint Basile a dit de la différence qu’il y a d’une musique honnête qui n’est capable que d’exciter dans l’âme les mouvements d’un plaisir réglé, pour conserver ou rétablir le juste tempérament où les puissances de l’âme doivent être, d’avec celle des Théâtres. « Il y a, dit S. […]  » ce Père, une si grande différence entre une musique honnête et celle qui ne l’est pas, que cela vous doit exciter à fuir celle qui est maintenant en usage avec autant de précaution, que vous fuiriez une chose très honteuse.

82. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Les coups, comme à l’opéra, sont portés en cadence, & l’on se bat en dansant, au bruit de quelques instruments de musique ; la bataille est terminée par une musique brillante, & des chansons à la gloire des vainqueurs. […] Au bout de la table, à droite, le Temple des Arts & de la Guerre, (deux choses qu’on n’a jamais fait aller de pair) couronné par Minerve, en habit guerrier ; le bouclier passé dans le bras, position ridicule, qui suppose un bouclier percé, dans lequel on passe le bras, (c’est peut être une méprise du confisseur) ayant à ses pieds des instrumens de Mathématique, de Musique &c. autre ridicule. Minerve ne s’est jamais mêlée de Mathématique, ni de Musique.

83. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

La Confrairie des Pénitens blancs de cette ville, érigée sous l’invocation du Saint Esprit, a obtenu du Roi un droit pour l’établissement d’un opéra ; & pour former des Acteurs & Actrices, spectateurs & spectatrices, elle s’est chargée d’enseigner gratuitement la musique ; & pour marquer au Roi sa reconnoissance d’un bienfait si précieux pour des Pénitens, ils ont fait des processions, chanté des grand’messes, exposé le S. […] Des Pénitens blancs entrepreneurs de l’opéra, ouvrant une école gratuite de musique pour former des Acteurs & des Actrices, faisant des processions pour remercier Dieu de ce pieux établissement ! […] Le Prélat, amateur habile de la musique, & protecteur déclaré du Concert, y assiste régulierement chaque semaine avec ses Grands Vicaires & toute sa cour. Son Aumônier, ancien Maître de musique, y bat la mesure ; les Enfans de chœur & tous les Chantres de la Cathédrale exécutent avec autant de ferveur qu’à l’Office.

84. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Je me rappelle d’avoir avancé, « que le Théâtre pouvait être utile, par ses Drames, par la Musique, par les Danses, par le plaisir qu’il procure ». […] Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] A la bonne heure : admettons le plaisir comme délassement nécessaire ; les danses & la Musique comme procurant ce délassement : les Drames Français, comme renfermant toujours quelque leçon utile, comme éclairant l’esprit, formant le cœur, nous apprenant à nous tenir sur nos gardes ; le Théâtre de la Nation comme une Ecole du monde, où les jeunes-gens achèveront leur éducation avec moins de danger qu’au milieu de bien des cercles.

85. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Les dissonnances que l’on fait entrer dans la Musique rendent les sons agréables plus délicieux. […] Il ne s’agit que de les peindre plaisament, que de prendre garde à dégouter le Spectateur par des détails trop bas ; il suffit de placer beaucoup de morceaux de Musique.

86. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

L’action, la déclamation, le pantomime, la musique, la danse, l’architecture de la salle, la peinture des décorations, le jeu des machines, jusqu’au dessinateur, au tailleur d’habit, au coeffeur des actrices, &c. ce sont autant d’arts nouveaux, si l’on veut même des sciences profondes qui chaque jour font gémir la presse par des traités pompeusement annoncés dans le Mercure. […] On réunit tous les plaisirs dans cette fête célèbre, tragédie, comédie, pastorale, musique, danse, masque, amour, chasse, promenade, bouffon de Cour. […] Hall veut dire salle, Vaux est le nom d’un particulier de Londres qui fit bâtir cette salle où il rassembloit plusieurs sortes de plaisirs, le jeu, la danse, la musique. […] L’Entrepreneur ayant contracte beaucoup de dettes & manquant de poudre, les créanciers, gens peu sensibles aux beautés de la danse & de la musique, ont dressé contre lui des batteries qui y ont fait de grandes brêches. […] Décoration, rafraîchissemens, danse, musique, tout y est rassemblé avec un goût exquis.

87. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre I. Que les Danses ne sont pas mauvaises de leur nature. » pp. 1-5

Comme les Danses ne sont que des assemblées, où l’on donne des témoignages de sa joie, et de sa satisfaction sensible par le chant, ou par l’usage de quelque instrument de Musique, et par le mouvement du corps ; il n’y a rien qui nous empêche d’entrer dans le sentiment commun des Docteurs, et de dire avec eux qu’elles ne sont point mauvaises de leur nature ; mais qu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes.

88. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

L’Opéra est le grand spectacle de l’Italie ; presque toute l’Europe en a adopté la langue, et la Musique.

89. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Comment approuver ces sentiments dont la nature corrompue est si délicieusement et si dangereusement flattée, et qui sont animés d’une musique enchanteresse qui ne respire que la mollesse et la volupté ?2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ». […] La culture démesurée, excessive des arts d’agrément, et particulièrement de la musique quelle qu’elle soit, de la danse et de tout ce qui se dit et se fait au théâtre, peut exercer sur le moral des jeunes personnes une très-fâcheuse influence, en exaltant, en perturbant ou en pervertissant la sensibilité et les fonctions du système nerveux. […] Voyez dans nos opulentes cités la jeunesse énervée, flasque, flétrie, fanée, saturée de plaisirs, de volupté, de musique, de spectacles, de danses, de bals et d’autre chose encore : la source des beaux sentiments est tarie, le caractère est dégénéré et le cœur desséché.

90. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Et que ne doivent point perdre après tant de siecles, & devant nous les Tragédies Grecques, qui dépouillées de la magnificence de ces Représentations dont j’ai parlé, le sont encore de l’Harmonie d’une Déclamation, qui par la variété de la versification, devoit être une espece de Musique, & de leur véritable Musique, qui étoit celle de leurs Chœurs ?

91. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Car afin que la voix des joueurs se pût dilater et épandre, et être ouïe clairement, il fut premièrement nécessaire, que l’Architecte ayant égard tant à la raison de la Musique, qu’à la dimension de Géométrie, il choisît un lieu propre, afin que de l’échafaud la voix pût distinctement et harmonieusement parvenir jusques aux oreilles des spectateurs.

92. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Là, une Symphonie enchanteresse, une Musique molle et insinuante, une Poésie forte et harmonieuse, des Danses séduisantes, des Voix mélodieuses, encore embellies par tout ce que l’Art y a pu ajouter d’agréments, se réuniraient pour souffler de toute part un feu contagieux, et exagérer tous les prétendus avantages d’une liberté sans bornes et sans mesure. […] Un Médecin4 compte la Musique parmi les précautions nécessaires à un bon régime, et en fait une partie de sa Thérapeutique. […] On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme.

93. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

[NDE] Quinault fut l'auteur des livrets de ces opéras, dont Lully composa la musique.

94. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

La Musique, l’Ecriture, la Peinture, les Letres mesmes, & tous les autres beaux Arts, dont l’industrie des hommes est capable, sont tombez en mesme disgrace. […] Combien s’est-il fait de méchantes pointes sur la profonde intelligence que le deffunt Roy avoit de la Musique, de la Peinture & de plusieurs autres Arts Liberaux ou Méchaniques ? […] C’est une maxime commune au Balet & à la Musique. […] Que s’il n’est pas assez habile pour les inventer, ou pour les composer, il doit au moins estre suffisamment éclairé dans la Musique, pour en discerner la beauté, la justesse & la convenance. […] , ne crut pas ny la Dance ny la Musique indignes de ses soins, & incompatibles avec la profession des Armes & avec l’amour de la gloire.

95. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Cependant il a plu à un fameux Distillateur & Parfumeur de les réaliser, il a imaginé un orgue savoureux & odorant, semblable au clavecin oculaire ; d’abord il a découvert par un calcul algébrique auquel Bernoulli n’avoit jamais pensé, qu’il y a sept saveurs primitives qui répondent aux sept tons de la Musique, sur lesquelles il a formé sa gamme & son clavier ; l’acide répond à l’ut, le fade au re, le doux au mi, l’amer au fa, l’aigre doux au sol, l’austère au la, le piquant au si. La combinaison des saveurs répond à celles des sons, & forme aussi des tierces, des quartes, des quintes & de très-beaux accords de Musique savoureuse : l’acide & le doux qui font l’ut & le mi, tierce majeure, l’acide & l’aigre-doux, ut sol, quinte font une bonne consonnance. Les Cuisiniers feront bien d’apprendre cette musique pour bien proportionner l’assaisonnement des ragoûts. […] Aujourd’hui ces jeux sont inconnus, tout est tourné du côté de la volupté ; le théatre a dénaturé les divertissemens, il les a transformé en galanterie : ce sont des danses voluptueuses, de la musique luxurieuse, des décorations licencieuses, des Actrices venales, des Acteurs libertins, des intrigues, des nudités, des parfums, le luxe, le faste, les amusemens publics tous concentrés dans la scène ne sont plus que l’aliment des passions, du champ de Mars, Thalie en a fait un Temple de Venus.

96. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Le vrai sage blame la musique dans le deuil ; pense-t-on qu’il y approuve l’opéra Italien : Musica in luctu importuna narratio , Eccl. 22, 6. […] Il travailla lui-même comme le plus simple artisan, il fit venir en Moscovie, à grands frais, toute sorte d’artistes ; mais jamais il ne daigna penser au théatre, il n’étudia point l’art de la déclamation, ni la danse, ni la musique, il ne parut point sur la scéne, comme sur les chantiers d’Amsterdam, il ne demanda ni comédiens ni comédiennes, il ne bâtit aucun théatre dans ses États ; il étoit trop grand pour s’amuser à ces miseres.

97. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

 Le lendemain, je vole à ce Palais Magique,3 Qu’anime encor Lulli de sa tendre Musique, Un sceptre de cristal en ses débiles mains, L’Amour dans ces beaux lieux gouverne les humains ; Respirant sous ces lois, on y voit cent Prêtresses Annoncer ces faveurs, et vanter leurs faiblesses. […] [NDE] Armide est une tragédie en musique de Jean-Baptiste Lully sur un livret de Philippe Quinault en 1686 ; la magicienne Armide aime d'un amour malheureux le chevalier Renaud.

98. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

En voit-on beaucoup maîtres de musique & d’instrumens ? […] Nicolet, nouvelle musique, tragédie bourgeoise, politique, romans, sermons & cætera, tout agite, rien n’intéresse, on parle du Turc à la Messe, & puis du Pape à l’Opéra. […] Cependant cet auteur si rigide veut conserver à l’Opéra deux choses très-dangereuses pour les mœurs, la danse & la musique. […] Il distingue deux sortes de danses [& de même de musiques] l’une imitative. […] La musique a son expression aussi.

99. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Dryden de sa merveilleuse chanson de Paysan : ils se seraient ennuyés de ne voler qu’en prose, si on ne les avait encouragés au métier par des vers et de la musique. […] C’est dommage que l’on prostitue un aussi bel art que l’est la Musique : l’athéisme et le libertinage des spectacles ne devraient être accompagnés d’aucun charme étranger. Supposons donc que la Musique du Théâtre n’est point un crime en soi. […] Ce sage Philosophe est du sentiment, que l’on doit retenir dans la Musique les tons graves et majestueux des Anciens. […] Les paroles de notre Musique sont communément sales au dernier degré, et impies à la fureur.

100. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Le grand Moliere, dans le Bourgeois Gentilhomme, auroit du joindre un amateur du théatre, au maitre à danser, au maître à chanter, au maître en fait d’armes, & lui faire prouver que la scéne, tout aussi-bien que la danse, la musique & les armes, fait le bonheur du monde. […] Nous l’avons cité ailleurs, en voici un trait singulier : Les Magistrats violent jusqu’à la bienséance du vice, (cette expression n’est pas juste, ce grand homme a voulu dire la bienséance que le vice même n’ose violet ;) on en voit qui seduits par les conseils d’une aveugle jeunesse, ne connoissent que le théatre, d’autre morale que les frivoles maximes du parterre, d’autre étude que celle d’une Musique effeminée, d’autre occupation que le jeu, d’autre bonheur que la volupté. […] Arnaud seroient très-analogues au caractère des spectateurs, & passeroient, d’une voix unanime, pour le tragique par excellence, le seul vrai tragique : le plaisir en tout genre est relatif au goût & au caractere ; musique gaie ou triste ; alimens doux ou amers ; odeurs bonnes ou mauvaises ; spectacles cruels ou humains ; lectures frivoles ou férieuses ; vie solitaire ou repandue ; société grave ou dissipée, &c. chacun a ses ennemis & ses partisans : on ne juge des choses que par la sensation : cette sensation de pend de la configuration des organes. […] Qu’il s’en amuse ; personne ne troublera ses plaisirs atroces ; mais qu’il ne trouble pas les plaisirs plus des doux autres, en voulant que tous les instrumens de l’orchestre fassent entendre les mêmes sons, sous peine de n’avoir point de musique. […] Les actions sont elles entrecoupées de danse ; accompagnées d’instrumens de musique ?

101. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

) Il jouoit bien des instrumens, & avoit une voix de basse très-agréable : c’est une preuve que les Italiens avoient déjà l’empire de la musique (preuve bien foible) & qu’ils étoient en possession d’exercer leur art dans les Cours de l’Europe. […] Toute la musique de la Cour étoit Italienne. (C’est une idée risible, qu’une musique en forme en Ecosse au 16e siécle : il n’y en eut même en France que long tems après ; & une musique Italienne chez un peuple barbare ?) Mais Voltaire étoit à l’Opera du parti de la musique Italienne.

102. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Le tableau animé de la danse est même plus pernicieux que les couleurs mortes de la peinture, ou les contours de la sculpture ; ou plutôt il réunit tous ces dangers dans le développement du corps, & si on ajoute les charmes de la musique, & l’indécence des actrices, à l’idée de leurs exploits. […] Il y a de nos jours plus d’art & de variété ; on ne connoissoit que le tambour, la timbale, la trompete ; aujourd’hui chaque régiment a sa musique complette qui le suit par-tout. […] L’Opéra est la plus grande école de musique, & la plus féconde en chef-d’œuvre ; jamais la danse n’a été si brillante que dans ses ballets & les fètes qui s’y exécutent. […] Qu’a-t-on imaginé de plu ingénieux dans la musique, de plus élégant dans les habits, de plus favorable dans la parure, pour établir toutes les graces des deux sexes. […] La musique, la danse, aussi peu respectée que la poësie ; les plus beaux morceaux sont transportées d’une piece à l’autre, au moyen de quelques liaisons ou transitions arbitraires.

103. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

« La nature, dit-il, est la mère des Arts ; elle l’est aussi des Fêtes ; les Fêtes ont enfantés la Danse & les bons mots ; de la Danse est venue la Musique ; & des bons mots sont nés les Spectacles comiques. » Voila, selon moi, une réfléxion à laquelle il est difficile de rien objecter. Je suis faché, pour la gloire de la Poésie, que la Danse & la Musique ayent sur elle le droit d’aînesse ; peut-être qu’elle ne peut leur disputer le pas, à cause de leur ancienneté : il faut avouer pourtant, que cet avantage est bien frivole ; la Musique & la Danse furent inventés lorsque les hommes étaient encore grossiers & simples ; mais c’est en se polissant qu’ils eurent la prémière idée de la Poésie.

104. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Si vous voulez un Commentaire sur cela, lisez ces paroles Tirées de Menestrier, des Représentations en Musique anciennes & modernes, pag. […] Tirées de Menestrier, des Représentations en Musique anciennes & modernes, pag.

105. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Je voudrais que ce fût une Comédie chantée, comme l’Opéra sérieux est une Tragédie en Musique. […] On y apprendrait la Déclamation, la Musique et la Danse.

106. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Lui donner des salles décentes et une forme régulière, l’orner de musique, de danses, de décorations agréables, et y souffrir des mœurs obscènes et dépravées, c’est dorer les bords de la coupe où le public va boire le poison du vice et du mauvais goût.

107. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

La Musique et la Danse ont été les premiers écueils, où la modestie et la pudeur du sexe ont fait naufrage.

108. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Pour lui c’est le maître, l’oracle de toutes les sciences, il confond tous les philosophes, par ses subtilités ; il entraîne par son éloquence, il enchante par sa poësie & par sa musique ; toutes les femmes courent après lui, il étonne le monde par l’ancyclopédie de ses connoissances. […] Le goût de la musique semble attaché à ce bénéfice, le dernier possesseur l’aimoit beaucoup aussi ; mais il étoit moins élégant, il n’aimoit que la musique sainte, il avoit composé & fait imprimer des cantiques, pour les missions, des livres d’Eglise pour le chant ; il en donnoit des leçons aux enfans & aux jeunes chantres. […] On peut l’appliquer à la musique du théatre ; l’inflexion, l’élévation des voix, la cadence, les consonances, tous vos sons sont des sentimens.

109. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

M. de Pezai, dont la farce plusieurs fois refondue a fait quelque bruit, ne doit son petit succès éphémere qu’à la musique de Guetry. Musique à la mode, toute en arietes & papillonage, au goût du temps. […] Jamais on n’a vu à Salenci ce rafinement de poësie & de musique : on ne connoît pas même dans le monde cette maniere antithetique de s’entretenir, où plusieurs personnes qui chantant & pensant tout-à-la sois, ne devroient point s’entendre, se combattent & s’accordent par les idées & les consonnances. […] Les arietes sans nombre qu’on met dans la bouche des acteurs, selon le génie italien, ne sont certainement pas du caractere des paysans, ni pour la musique, ni pour la poësie.

110. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Tous les instruments de musique n’ont-ils pas été employés au Temple ? […] Les instruments de musique servaient à chanter les louanges de Dieu, et non celles des idoles. […] Mais lorsque des vers galants accompagnent la musique (l’Opéra), la séduction est très grande, elle mène à tout : « Carmen compositum cum suavitate cantus deliniens, capit mentes ad quod voluerit impellit. » Les gens de lettres, gâtés par la douceur et l’harmonie des vers, trouvent ensuite insipide la simplicité des saintes Ecritures et de la religion : « Assueti dulcibus et politis carminibus litterati divinarum Scripturarum sermonem simplicem aspernantur. » On ne goûte que ce qui flatte ; et malheureusement tout ce qui flatte séduit : et n’est-ce pas une des sources de l’irréligion parmi les beaux esprits ? […]   » De là ces bateleurs, sauteurs, danseurs, tabarins, pantomimes, bouffons, et toute cette vermine malfaisante : « Hinc Mimi, salii, balatrones, palestræ, gignadi, etc. » Ils se sont si bien accrédités que les honnêtes gens les souffrent chez eux : « Quorum adeo error invaluit, ut a præclaris domibus non arceantur. » L’autorité des Pères de l’Eglise ne nous permet pas de douter qu’ils ne soient excommuniés, « communionis gratiam Histrionibus, auctoritate patrum non ambigis esse præclusam », et que ce ne soit un crime de les favoriser ou de leur donner, car c’est se rendre leur complice, puisque c’est les entretenir dans le vice : « Illis fovens in quo nequissimi sunt. » Dans les autres chapitres il parle de la danse, de la musique, des instruments, des masques ; il en fait voir le danger en détail : combien en est-il augmenté par leur union sur la scène ?

111. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

J’ ai traité de tout ce qui concerne le Drame du nouveau Théâtre, comme Comédie ; je parlerai ailleurs de ce qui regarde la musique.

112. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

L’usage de cette sorte de danses qui selon l’Ecriture servent à glorifier Dieu, ne se trouve point parmi les Chrétiens, si ce n’est peut-être en ce que le Clergé et le peuple fidèle s’assemble pour bénir Dieu, pour le remercier, et pour l’invoquer, enfin pour l’honorer par le Chant, et par le son des instruments de Musique.

113. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

C’est-à-dire, Toutes les choses où se trouvent les attraits des yeux et des oreilles, par où l’on croit que la vigueur de l’âme puisse être amollie, comme on le peut ressentir dans certaines sortes de musique et autres choses semblables, doivent être évitées par les ministres de Dieu : parce que par tous ces attraits des oreilles et des yeux, une multitude de vices, turba vitiorum, a coutume d’entrer dans l’âme.  » Ce canon ne suppose pas dans les spectacles qu’il blâme, des discours ou des actions licencieuses, ni aucune incontinence marquée : il s’attache seulement à ce qui accompagne naturellement « ces attraits, ces plaisirs des yeux et des oreilles : oculorum et aurium illecebras » ; qui est une mollesse dans les chants, et je ne sais quoi pour les yeux qui affaiblit insensiblement la vigueur de l’âme.

114. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

Mais on peut voir l’esprit de Saint Antonin sur ces dangereuses tendresses de nos théâtres, lorsqu’il réduit la musique Ibid.

115. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Ce cortége fut un jour entier à parcourir les rues de Moscou, au bruit épouvantable de toutes les cloches, trompettes, timbales, tambours instrumens de musique, de deux cens pieces de canons, de plusieurs milliers de mousquets, des airs redoublés de cinq ou six cens mille habitans ; on n’auroit pu entendre le tonnerre. […] Toute l’artillerie des vaisseaux & de la ville ne cessa de tirer, le même carillon se fait entendre, tambours, trompettes, instrumens de musique, les cris perçans d’un peuple immense font retentir les airs sur la terre & sur l’onde, les échos en mugissent au loin.

116. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

furent instituées par Erychton fils de Minerve et de Vulcain ; et ceux de Musique en l'Ile de Délos furent donnés par Apollon ; et le temps les ayant laissés déchoir, ils furent restitués en son honneur par les Athéniens. […] d'un fils de l'Empereur Claude les Préteurs en firent autant ; et Philippe de Macédoine au mariage de sa fille Cléopâtre mêla les Jeux de Musique aux Sacrifices.

117. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Ce spectacle si dangereux, qu’il renferme tous les périls, une musique molle, des danses lascives, des expressions passionnées ; enfin tout ce que l’imagination frappée d’une illusion la plus agréable, peut joindre à l’ivresse des sens, lui paroissent des écueils où la modestie & la pudeur sont forcées d’échouer4. […] L’harmonie d’une musique voluptueuse acheve de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs. […] Que n’ont pas à craindre les gouvernemens, qui non seulement tolerent, mais encore donnent ouvertement leur protection à des amusemens qui sont ordinairement pour la jeunesse les écoles du vice, des lieux privilégiés destinés à irriter les passions, des écueils où l’innocence attaquée par les yeux & les oreilles, séduite par les maximes d’une morale lubrique, réchauffée par la musique & des danses lascives, s’expose à des naufrages continuels ?

118. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Les instrumens jouerent pendant le déjeuné ; à dix heures on se rendit à l’Eglise, où la musique se fit entendre ; on revint à l’Hôtel-de-Ville, où on servit le dîné, après lequel suivit le bal, & la fête continua les deux jours suivans de la même maniere. Le second jour Garrik monta sur un théatre, & récita une ode de sa façon, à l’honneur du Corneille Anglois, dont la musique exécuta les strophes à mesure. […] Le troisiéme jour, l’ode, l’éloge, la musique, la procession furent répétées, & tout se termina au Temple de la gloire, où l’on plaça sa statue. […] Jotof étoit âgé de 80 ans, le Czar imagina de lui faire épouser une veuve de son âge, & de célébrer solemnellement cette noce ; il fit faire l’invitation par quatre begues, des vieillards décrépits conduisoient la vieille mariée ; quatre des plus gros hommes servoient de coureurs, la musique étoit sur un char, conduit par des ours qu’on piquoit avec des pointes de fer, & qui par leur mugissement formoient une basse digne des airs qu’on jouoit sur le chariot.

119. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Les épines d'une langue morte, les ténèbres de la métaphysique, les subtilités de la logique, les profondeurs de la géométrie, le labyrinthe de la jurisprudence, les dégoûts de la médecine, assez insipides par eux-mêmes, sont insupportables quand on est pétri de farces, de danses, de musique, d'Actrices, de décorations. […] comment peut-il justifier jusqu'à l'opéra, la danse, la musique, parce qu'on peut faire de beaux motets pour l'Eglise, comme s'il y avait un seul air à l'opéra qui n'inspire la mollesse et la passion, et comme s'il convenait de les chanter à l'Eglise, et de rappeler l'idée de cette morale lubrique que Lully réchauffa des sons de la musiqueo  ? […] Moreau fit la musique, le décorateur de la Cour, fut chargé des décorations, Racine exerça les Actrices, comme il avait exercé la Chammelé, à laquelle la Cour préférait les Demoiselles. […] Il y a quelque temps (en 1763), comme l'ont rapporté le Mercure et toutes ses gazettes, qu'on représenta à la Cour de Dresde un Opéra Italien (Thalestris, Reine des Amazones) dont la musique et les paroles sont de la composition du Prince Electoral, aujourd’hui Electeur.

120. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

J'avoue qu’un Théâtre, une décoration, une musique, un homme ou une femme récitant des vers, ou de la prose, sont des choses en elles-mêmes indifférentes, ou qui peuvent être bien ou mal employées, comme les herbes et le fer dont on se peut servir pour la vie ou pour la mort. […] Je vois une Académie de Musique où l’on fait de l’orgueil et de la confiance en soi-même la plus sublime vertu, où l’on en fait une autre de la tendresse amoureuse. […] Il est vrai qu’Albert le Grand considère la Musique et la Danse selon l’usage que David et la sœur de Moïse en faisaient ; et que notre Théologien a pour objet des jeux, où l’esprit du Monde et les passions triomphent : mais Albert le Grand a parlé de jeux, de danses, de Spectacles, c’est assez pour appuyer le Théâtre, et laisser vivre sans remords les Comédiens. […] , qu’il consent qu’on modère un peu l’usage des Spectacles, parce que ce temps étant destiné aux larmes, la Musique alors ne fait pas un si bon effet, comme s’il ne savait pas que toute la vie d’un Chrétien est un temps de pénitence, et que l’institution du Carême ne tend qu’à nous en faire souvenir, et à nous ranimer dans notre pèlerinage.

121. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Les décorations, la musique, les habillemens, la Poësie sont les moyens qu’il y employe.

122. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

 7.) parle au long des spectacles, de la poésie, de la musique et de la danse, et condamne absolument le théâtre, comme contraire au bien de la République, gâtant l’esprit, corrompant le cœur, pervertissant la jeunesse, excitant toutes les passions qu’il devait réprimer, portant au mensonge, à l’oisiveté, à la frivolité, à la mollesse, et ce n’est pas même à raison des grossièretés, que ce Philosophe ne soupçonne pas qu’on y tolère. […] Cette musique, par exemple, qui fait le seul plaisir du Roi, et où l’on n’entend que des maximes absolument contraires aux bonnes mœurs, serait bien convenable à retoucher ou à proscrire. […] Voici la traduction de son passage, faite en 1612 par le Docteur Bellier : « Pour quelle autre raison pensons-nous que les théâtres qui sont par toute la terre, soient remplis tous les jours d’un nombre infini de spectateurs, car ceux qui sont alléchés et amadoués de contes, et ayant laissé à l’abandon leurs yeux et leurs oreilles, s’adonnent et affectionnent à des joueurs de luth, à toute sorte de musique lâche et efféminée (« Lactatoribus et Mimis inhiant propter gestus, motus ac status effeminatos ») : « Recevant chez eux des danseurs et joueurs, à cause qu’ils représentent des mouvements et contenances sensuelles.

123. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

La Comédie n’étant donc mauvaise de soi, qui la voudra blâmer et la traiter plus rigoureusement que les Philosophes Moraux qui l’ont mise au nombre des plaisirs légitimes et des voluptés innocentes, comme la peinture, la sculpture et la musique ? […] Que deviendrait enfin cette propriété de rire qui se retrouve en l’homme à la distinction des autres animaux, s’il ne se rencontrait quelque objet légitime pour donner exercice à cette puissance : C’est selon l’avis de GUILLOT-GORJU pour cette raison que nous estimons fous et insensés ceux qui rient pour rien et sans aucun sujet légitime : Si on veut donc condamner le plaisir de la Comédie, il faut aussi désapprouver le plaisir du Cours, des promenades, du récit gracieux des Histoires, de la Musique, des Tableaux et mille autres récréations qui ont été inventées, pour assaisonner les actions de la vie.

124. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le cortège était précédé d’une grande musique ; l’on faisait même venir de Rouen un grand nombre de musiciens. […] Pendant toute la durée de cette messe chantée en musique, on donnait aux assistants une représentation de la mère de Dieu. […] Les airs lugubres, que jouent les instruments de musique, répondent à cette triste décoration. […] Rousseau a fait graver la musique à la fin de son Dictionnaire. […] [NDE] Il s’agit de Gerbert d’Aurillac (950-1003), auteur d’écrits théoriques sur la musique.

125. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Voici sa thèse : « Saint Augustin dans le second Livre de la Musique, dit à celui à qui il parle : Je veux que vous vous ménagiez ; car il est convenable au sage de relâcher quelquefois son esprit de l’application qu’il a aux affaires : or ce relâchement se fait par des paroles et des actions divertissantes. […] « La Musique et la Danse peuvent être un acte de piété, comme lorsqu’il est dit :c. 1. Que David jouait devant le Seigneur avec toute sorte d’instruments de Musique :2. […] Mais ces sortes d’exemples ne peuvent servir et ne sont nullement propres au sujet dont il s’agit : Car ces Musiques et ces Danses dont parle l’Écriture dans ces lieux que nous venons de citer, étaient toutes pour l’honneur de Dieu, et pour lui rendre grâce de ses bienfaits. […] Entrecoupez tout cela de Musique, d’Instruments, de Danse, et de voix qui invitent tout le monde à suivre l’amour, à s’abandonner à la tendresse, et à s’aimer jusqu’au tombeau.

126. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Pour donner à son culte un air plus magnifique, Dieu sans doute inspira les vers et la musique.

127. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Cet établissement ridicule est dans les mœurs du siecle, où les systêmes d’éducation, & les écoles de toute espece, sont sans nombre, & où l’amour du théâtre porte jusqu’au délire, & fait un objet capital du bien public & de la bonne éducation, & une matiere de premiere nécessité : on en a l’équivalent dans cette multitude de maîtres de danse, de musique, d’instruments ; de déclamation, à la suite des comédiens. […] Je lui donnai du goût pour la musique, la danse, la Comédie & l’Opera. […] Je redoublai les amusemens pour retirer N. de cet état de mélancolie & de langueur ; la musique me fut d’une grande ressource. […] Une Actrice se croît fille de conséquence, L’Acteur se perd par sa fatuité, Le maître de musique est un homme fêté, Et jusques en carosse on voit rouler la danse.

128. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ces peuples ont eu leur poësie, leur musique, leur théatre. […] Leur musique étoit grossiere, dans le goût pastoral ; leurs instrumens approchoient des flûtes, chalumeaux & musettes si célèbres dans nos Bucolliques, & dédaignés dans nos orchestres. […] Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. En voici un trait qui ne caractérise pas moins la corruption que la musique du pays.

129. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

.° Il fait sentir le danger de la danse théatrale, de la musique efféminée, & des instrumens d’un orchestre qui rendent les spectacles de nos jours infiniment plus dangereux que ceux de nos peres, où les attraits enchanteurs du vice n’étoient ni si fréquens, ni porté à un si haut point de perfection. […] Elle s’exprime dans une très-belle musique (ce qu’assurément les paysans ne savent pas). […] Tout cela accompagné de la musique la plus tendre, qui seule séduiroit les cœurs, de ces voix luxurieuses, de cette morale lubrique, que Lulli réchauffa des sons de sa musique , comme dit Boileau, exprimée , dit le Journaliste de Trevoux, avec toute l’énergie du sentiment .

130. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Il a donné une Parodie du Jubilé de Shakespear, intitulé le Jubilé d’Arlequin, avec de la musique & du pantomime, ornement qui manquoit à la piece parodiée dont on a copié le personnage de Shakespear. […] On a fait aux Italiens, le 13 d’août, la Parodie des éloges que deux Eveques avoient prononcé à l’Académie Françoise à l’honneur de l’Abbé de Voisenon, plus fait pour le Théatre que pour le Clergé, plus digne de l’encens de Thalie que de celui de l’Eglise ; on y a joué Fleur d’Epine, Comédie en musique, parole de ce digne Abbé, musique de Madame Louis, femme de l’Architecte, avec qui il étoit fort lié ; association de travail avec une femme sans exemple au Théatre & encore plus étrangere au Sanctuaire. […] Le Journal de Trévoux de 1776 caractérise fort plaisamment le mérite de cette farce, il y a plus d’esprit qu’il n’en faudroit pour saupoudrer dix Opéras comiques, & avec tout cet esprit, sans la musique de Mad.

131. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Augustin s’accuse dans ses confessions, d’en avoir été touché jusqu’aux larmes, seulement en le lisant, & senti le feu de l’impureté s’allumer dans son cœur ; & l’on voudra faire croire que le même événement joué cent fois sur tous les théatres, peint avec les mêmes couleurs, avec tous les vers de Virgile qu’on se fait honneur de traduire, embelli par la décoration, la danse, la musique, l’action, la parure, la modestie des Actrices, fait moins d’impression sur des spectateurs tous bien inférieurs en sévérité, & la plûpart plus corrompus dans leurs mœurs, que ne le fut jamais Augustin ! […] Danchet composa en 1712, & fit mettre en musique par Campra l’opéra les Amours adultères de Vénus & de Mars. […] Entre autres il y a deux choses singulieres : un serpent représenté par un homme habillé en Arlequin : une simphonie, tantôt gaie, tantôt lugubre, dans un temps où il n’y avoit ni instrumens de musique, ni gens pour en jouer ; on donne des habits blancs à Adam & Eve, & à la scène 6 on dit qu’ils sont nuds, &c.

132. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Il faut se rendre à ce palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l'art de tromper les yeux par les couleurs, l'art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] Style froid, intrigue mal liée, dénouement trivial, mauvaise musique, Acteurs ignorants, etc. que sais-je ? […] Ces oreilles n'écoutent point, elles entendent ; c'est un instrument de musique, dont les cordes touchées au hasard rendent des sons.

133. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Il dit, dans ses livres de Politique, que la Peinture peut être funeste aux mœurs, & la Musique beaucoup plus encore. […] La Poésie, la Musique & la Danse furent employées à embellir l’Art dramatique. […] La Musique & la Danse, deux sœurs que la cadence a toujours unies, furent d’abord employées, comme la Poésie, à exprimer d’une maniere plus vive les transports du respect dont les hommes étoient pénétrés pour Dieu, & la joie qu’ils ressentoient de ses bienfaits. […] On la vit éprise de combats d’athletes, de courses de chevaux, enchantée d’ouvrages de marbre, d’ivoire, de bronze, de tableaux ; courant tantôt à un concert de Musique, tantôt à un Spectacle touchant6. […] Il y avoit de ces représentations privées, mêlées de musique & de jeux, qu’on donnoit dans les banquets royaux, & qui pour cette raison étoient appellés entremets.

134. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

prépare ce grand discours qu'il fait contre les impudences horribles de la Scène, il dit qu'il entend parler des Jeux du Cirque et du Théâtre, et dans la suite il explique les derniers par le seul terme de Mimes, Bouffons et Musique lascive, sans rien imputer de leur honteux libertinage aux Tragédiens et Comédiens.

135. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Mais à quoi servent tant de comédies, d’opéras, de concerts, de Maîtres de danse, de musique, d’instruments, de peinture, etc. cette multitude étonnante de suppôts de théâtre, d’amateurs, de spectateurs oisifs, de compositeurs de farces, de parodies, de parades, de vaudevilles, que réclament les boutiques et les campagnes, et tout ce peuple de beaux esprits qui inonde la France ? […] le vice en musique.

136. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Pierre (Annales politiques, année 1663.) parlant d’une grande famine pendant laquelle Louis XIV fit un magnifique carrousel : « On trouva à redire à cette grande dépense ; effectivement, quoique les particuliers qui y faisaient de la dépense n’eussent peut-être rien donné aux pauvres qui mouraient de faim, il semble qu’il sied mal de donner des fêtes et de faire faire des dépenses superflues dans un temps de misère publique, que l’on voit dans les rues et les grands chemins des malheureux mourir de faiblesse. » Sur l’année 1664, il dit : « La peinture, la musique, la comédie, prouvent les richesses présentes d’une nation, mais non pas son bonheur. […] Autrefois, pour former le corps et la voix, quelque leçon de danse et de musique suffisaient et devaient suffire : c’était assez de deux ou trois maîtres dans une ville.

137. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Comme l’Opéra & la Comédie Françoise ont des Maîtres de danse, de musique, d’instrumens, de déclamation, pour former les jeunes Actrices, il en falloit bien. […] L’Opéra que le Cardinal Mazatin, autre Italien, fit aussi venir d’au-de-là des monts pour endormir Louis XIV, porta au comble l’empire des passions par l’enchantement des décorations de la musique, de la danse, des Actrices en bien plus grand nombre, d’une galanterie séduisante qui seule s’y fait voir & entendre, & de cette morale lubrique dont parle Boileau. […] En voici une singuliere : Elle festina les Ambassadeurs Polonois fort superbement dans les Tuileries ; après soupé, dans une belle salle, faite à portée, environnée d’une infinité de flambeaux, elle leur présenta le plus beau ballet qui fut jamais fait au monde, composé de seize Dames & Damoiselles, des plus belles, & mieux apprises de toutes, qui comparurent dans un grand roc argenté, assises dans des niches, en forme de nuées, représentant les seize provinces de France, avec la musique la plus mélodieuse qu’on eût pu ouïr ; & après avoir fait le tour de la sale pour parade, & s’être bien fait voir, elles descendirent du roc, & s’étant mises en forme d’un bataillon bisarrement inventé, & une trentaine de violons sonnant un air de guerre ; elles marcherent sous l’air de ces violons, & par une belle cadence, sans en sortir jamais, s’approcherent & s’arrêterent un peu devant leurs Majestés ; puis danserent leur ballet, si bizarrement inventé, & partant de leurs contours & détours, fuites, entrelassemens & mélanges, affrontemens & arrêts, qu’aucune Dame ne faillit jamais, retourner à son tour & à son rang. […] Elle ne failloit à ses messes, qu’elle rendoit fort agréables par les bons Chantres de la Chapelle, qu’elle avoit été curieuse de composer des plus exquis Musiciens ; & naturellement elle aimoit la musique , (le tout par dévotion). C’étoit aussi par dévotion que dans la même parure, avec la même musique exquise, elle alloit au bal & à la comédie.

138. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

C’est tout au contraire que cette Pièce favorise leur tour d’esprit, qui est d’aimer et rechercher les idées neuves et singulières. »u S’il était vrai que le Public eût tant de goût pour les idées neuves et singulières, les vôtres sur la Musique Française et sur le spectacle seraient généralement adoptées, et pour réfuter votre opinion il suffirait sans doute de vous montrer le peu de partisans que ces idées ont acquis, mais avec des gens de votre espèce ce n’est pas assez que l’évidence pour les convaincre, il y faut joindre encore le raisonnement. […] Est-il bien généreux à vous de déprimer des gens qui, par leur habileté particulière, ont fait valoir un de vos ouvrages beaucoup plus que vous ne deviez naturellement l’espérer, qui, par les charmes de leur action et la délicatesse de leur chant, ont fait monter aux nues un petit Poème très froid, une musique pleine de traits communs, qui peut-être eût été reléguée promptement du Théâtre au Pont neuf, si les Jélyotte et les Felbf n’avaient su les embellir d’ornements tirés de leur propre fond ? La preuve de ce que je dis résultera de l’expérience : tirez votre musique de la bouche de ces gens-là, vous verrez ce qu’elle deviendra. […] Ce serait ici le lieu peut-être de vous faire part de mes réflexions sur votre mauvaise critique de la Musique Française et d’attaquer votre préjugé ridicule pour la Musique Italienne ; mais comme l’objet occasionnerait une trop longue digression, j’aime mieux la renvoyer à la fin de cet ouvrage pour ne point imiter votre désordre et sautiller d’un objet à l’autre comme vous faites.

139. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIX. Nouvel abus de la doctrine de Saint Thomas. » pp. 102-108

Malgré ces saintes traditions, et malgré encore le passage exprès que l’auteur produit « pour exclure la musique des jours de deuil »Eccl.

140. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

& d’être informé d’un pas de trois, dansé à Vienne, d’une ariette chantée à Berlin, d’une décoration de Madrid, & c. il en est ainsi des établissemens dramatiques, il s’en fait de tous côtés ; en France, théatres publics, théatres de société, salles de spectacles, coliesées, vauxhal, académie de danse, académie de musique, salles de Bal, manufactures de fard, troupes d’acteurs, lottereis d’amateurs, sociétés d’actionnaires, imprimeurs, colporteurs, libraire de comédie, peinture, décoration, & c. enfin, il vient de se former, ce qu’on n’avoit jamais vu encore, une académie de Pactes-comiques, dont l’unique étude, l’unique emploi est d’examiner & de composer des comédies ; ils s’assemblent chaque semaine pour cet unique objet ; ils ont avoir des lettres-patentes, tous les Parlemens les attendent avec impatience, pour les enrégistrer avec honneur, la souscription est ouverte pour établir des couronnes en faveur de la meilleure piéce, & tous les papiers publics sont gagés pour l’annoncer. […] C’est un homme unique dans l’Univers, il n’a pas eu son pareil depuis le déluge, il a composé quarante opéras, il coule de sa plume de la musique sans fin, comme les eaux du Danube, il est récherché de tous les Potentats ; le Sophi, le Mogol, l’Empereur de la Chine & du Japon vont l’enlever à l’Europe ; cet homme cependant est si humble, & si désintéressé, il a une si haute idée de l’opéra de Paris, qu’il prie à genoux les directeurs de vouloir bien recevoir & jouer un opéra François, qu’il a essayé de faire ; car il fait le François mieux que l’Allemand ; cet Orphée Autrichien, a un goût, une vénération que rien n’égale pour cette langue, qu’il met sans façon au-dessus des langues mortes & vivantes, pour la belle musique de toute espece ; car il s’est essayé dans toutes les langues, & ses opéras Chinois sont admirables ; il veut bien se contenter de la part qu’on donne aux musiciens, offrant de prendre sur son compte le voyage, & le séjour de Paris, & d’envoyer même auparavant sa piéce à examiner à tout l’orchestre parisien, &c. […] Il arrive souvent, dit le Pere Hosta missionnaire Italien du Tonquin, qu’on joue les comédies pendant le repas, ce divertissement est mêlé de la plus affreuse musique, les instrumens sont des bassins d’airain, dont le son est aigu, un tambour fait de peau de bufle, qu’on bat, avec les pieds, ou avec des bâtons, comme les Trivelins d’Italie ; les voix des musiciens font à peu près la même harmonie, les acteurs sont des jeunes garçons depuis douze jusqu’à quinze ans (point de femme,) des conducteurs les menent de province en province ; leurs piéces sont ordinairement tragiques, à en juger par les pleurs des acteurs, & les meurtres feints qui s’y commettent.

141. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Avec les mêmes instrumens de musique, il imite le chant des oiseaux, le bruit des quadrupedes : on croit entendre un rossignol, un corbeau, un dindon, un bœuf, un âne, &c. […] L’auteur pense que le bien de l’Etat demande qu’on encourage & qu’on perfectionne l’art de siffler, que la Société Royale n’a pas encore traité : il perfectionneroit la musique, les sifflemens feroient de très-harmonieuses consonnances avec les autres parties. […] Cet affront fait au créateur du théatre anglois a été souvent renouvellé en France : Corneille, Quinault, Lulli, Racine, &c. ont à se plaindre que, sans respect pour leurs chefs-d’œuvres, on a réformé leurs pieces, leur poësie, leur musique. […] A l’exemple de l’Opera de Londres, l’Académie royale de Musique, établie à grand frais au Palais Cardinal, fait rire par la magie de ses machines, & endort par la foiblesse de ses vers, dans les ouvrages mêmes corrigés.

142. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Est-il probable qu'une musique toute profane produise à l'Opéra les effets que les cantiques du Seigneur ne produisent pas toujours dans les lieux Saints.

143. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

L’Opéra adopteroit aussi peu un tel ouvrage, on n’y parle jamais en prose ; la prose est peu faite pour le chant ; &, à l’exception des chants d’Eglise, où, par respect pour les paroles de l’Ecriture, on y emploie la prose, tout ce qui se chante est ordinairement en vers : la mesure, la rime, l’harmonie sont un chant commencé auquel la musique se lie plus naturellement & plus agréablement. […] On pardonne aux héros de a fable ce langage d’opéra, on est accoutumé à les entendre parler en chantant, la musique fait partie de la fiction & du merveilleux ; mais, pour un grand Prince avec ses généraux, au moment de la bataille, ces folies sont insoutenables. […] La musique de cet opéra-comique passe pour bonne : elle en fait le succès. Cette musique est ingénieuse & facile, conforme à l’esprit d’Henri, & supplée aux endroits où elle est employée comme une décoration. […] La musique a fait la fortune du poëte, & dédommage l’auditeur ; l’orchestre a fait taire les sifflets, & pardonner à la poësie : mais rien ne peut obtenir grace à l’indécence du sujet & du rôle.

144. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

C’est bien peu connaître l’amour des Français pour la Musique. […] Ils étaient loin de s’attendre aux prodiges que la Musique opérerait un jour en France !

145. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Ses Tragédies en musique lui ont fait honneur.

146. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

« L’Auteur des représentations en Musique leur annonce une décadance certaine, si au lieu d’exprimer les savantes manieres & les grandes passions en quoi les anciens excellerent, on ne faisoit que des chansons tendres, des petits airs, & de semblables bagatelles.

147. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Les anciennes diableries donnoient horreur du vice, en le montrant puni par les démons ; les nouvelles au contraire favorisent, inspirent, embellissent le vice, par les graces des actrices, les agrémens de la poësie, les charmes de la musique, la lubricité de la danse, l’obcénité des décoration, le scandale de l’intrigue & du succès.

148. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

On prétend que la déclamation ancienne était notée comme la musique, sans être pourtant tout-à-fait un chant.

149. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Le faible intérêt qu’on prend aux Poèmes lyriques, ne mérite aucune attention : il est impossible qu’on soit beaucoup affecté de ce qui concerne leurs Personnages, puisque la musique refroidit nécessairement l’intrigue, & empêche d’entendre une grande partie des paroles ; d’ailleurs, l’action des Drames chantants est ordinairement très-peu de chose.

150. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

[NDA] Dans sa Lettre sur la Musique Française.

151. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Iconomanie est donc la passion pour les images, comme Bibliomanie, passion pour les livres ; Scénomanie, passion pour le théâtre ; Métromanie, passion pour les vers ; Musicomanie, goût excessif pour la musique ; Anglomanie, fureur pour les idées, les manieres angloises : Malicomanie, fureur de dire du mal, idée juste d’un calomniateur, définition juste que fait de lui-même un libelle diffamatoire. […] Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent.

152. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

A Rome elle devint partie de l’art dramatique avec la poësie & la musique. […] Un Maître de musique, quoique aussi peu scrupuleux, est moins à craindre, on prend leçon à travers une grille ; il faut sortir pour danser. […] La salle en est magnifique ; tableaux, marbre, bronze doré, tapis les plus riches, & rideaux de velours en crépines & galons d’or, lustres de cristal, girandoles, statues, colonnes, pilastres, plafonds peints à fresque, sur-tout glaces sans nombre artistement placées pour répéter dans toutes les faces les nudités & les graces des danseurs & des spectateurs, le tout accompagné de la musique la plus brillante, une forêt de bougies, & aux environs une infinité de lampions, pots à feu, &c.

153. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Pour prouver ce que tant d’Opéras Français avaient si bien prouvé avant vous, que nous n’avons point de musique, vous avez déclaré « que nous ne pouvions en avoir, et que si nous en avions une, ce serait tant pis pour nous. » Enfin dans la vue d’inspirer plus efficacement à vos compatriotes l’horreur de la Comédie, vous la représentez comme une des plus pernicieuses inventions des hommes, et pour me servir de vos propres termes, comme un divertissement « plus barbare que les combats des gladiateurs ». […] Je me souviens d’avoir vu autrefois en manuscrit un Opéra d’Atrée, où ce monstre périssait écrasé de la foudre, en criant avec une satisfaction barbare, « Tonnez, Dieux impuissants, frappez, je suis vengé. » Cette situation vraiment théâtrale, secondée par une musique effrayante, eût produit, ce me semble, un des plus heureux dénouements qu’on puisse imaginer au Théâtre lyrique. […] Il me semble qu’ils doivent produire sur tous les gens de goût le même effet qu’un son aigre et discordant qui se ferait entendre tout à coup au milieu d’une musique touchante. […] [NDE] Le Devin du village, est un opéra en un acte, un « intermède », de Rousseau lui-même (il est l’auteur de la musique et du livret).

154. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

On y trouve des armes de toute espece pour combattre avec succès les Apologistes de la Danse & de la Musique voluptueuse. […] Elles montent sur le Théatre, à la faveur de la Musique, & y parlent plus haut que nos Loix. […] Et l’influence qu’on attribuoit à la Musique sur celle des Grecs, tous les arts l’ont aujourd’hui sur les nôtres. […] L’harmonie d’une musique voluptueuse acheve de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs. […] Il est vrai que l’abus de la Musique, presqu’aussi ancien que son invention, a fait, dit M.

155. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Malgré la magnificence des habits & des décorations, la sublimité des talens, des ouvrages, de la danse, de la musique, la noblesse de la compagnie, ils sont obligés de se rapprocher des treteaux par leurs farces. […] Il fait entrer Enée & Didon dans une grotte pour y commettre le crime : ils en sortent se tenant par la main avec la satisfaction la plus marquée de deux amans qui viennent de satisfaire leur passion, le tout accompagné de la musique la plus douce & la plus voluptueuse, de la fête la plus brillante, des paroles les plus expressives, pour célébrer leur amour terminé par un mariage.

156. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Un peuple intrépide, grave et cruel, veut des fêtes meurtrières et périlleuses, où brillent la valeur et le sang-froid ; un peuple féroce et bouillant veut du sang, des combats, des passions atroces ; un peuple voluptueux veut de la musique et des danses ; un peuple galant veut de l’amour et de la politesse, un peuple badin veut de la plaisanterie et du ridicule. […] Les moins coupables sont ceux qui cultivent la musique et la danse, qui sont idolâtres de leur figure, et qui veulent plaire aux femmes en s’efforçant de leur ressembler.

157. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais nos conquêtes ayant étendu notre domaine, agrandi notre ville, augmenté nos richesses, la vertu disparut, le libertinage regna ; & par une suite nécessaire, la licence s’empara du théatre, de la poësie, de la musique, accessit numerisque, modisque, licentia major  ; tout prit le goût & le ton de la débauche : des chants rendres, un langage efféminé, des gestes lascifs, des habits traînans, l’art dramatique ne fut plus que l’art de la corruption, sic prisca motumque & luxuriam addidit arti tibicen, traxitque vagus per pulpita vestem eloquium insolitam, &c.

158. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Tout ce que la Poésie, la Musique, la Danse, les Machines peuvent fournir de plus brillant, fut épuisé dans ce Spectacle superbe : la description qui en parut, étonna l’Europe, & piqua l’émulation de quelques hommes à talens, qui profitèrent de ces nouvelles lumières, pour donner de nouveaux plaisirs à leur Nation.

159. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

De ces paroles il est facile de connaître combien les Scéniques ou Histrions étaient différents des Tragédiens : car ceux qui récitaient les Tragédies ne dansaient ni ne chantaient, et ces deux choses ne convenaient qu'aux Chœurs ; Mais ceux qui par leurs danses exprimaient les actions des Héros avec cette Musique impétueuse, et quelquefois en prononçant des vers, étaient les Mimes et Pantomimes que ce Philosophe nomme Scéniques par opposition formelle au Chœur de la Tragédie, qui faisait partie de la troupe des Tragédiens, à la société desquels les Mimes n'étaient point reçus.

160. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Partout où se rencontrent la danse, la musique et les transports d’une joie effrénée, les femmes s’oublient de leurs devoirs, les hommes sont saisis d’un esprit de vertige : c’est un sujet de tristesse pour les anges, c’est le sanctuaire des démons et leur grande fête27. » Saint Isidore de Séville, qui vivait au septième siècle, appelle le théâtre un lieu de prostitution, theatrum idem et prostibulum.

161. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Il mesure une Strophe ; voila la Poésie : il le chante ensuite, répète l’air pour ne perdre pas de vue ses sons primitifs ; voila la Musique. […] Voila donc la Poésie, la Musique, les Chœurs, la critique des mœurs : l’origine, je le répète, la véritable origine de la Comédie, la voila ; elle existait au sein des familles avant de se montrer en public : la suite confirmera cette vérité. […] Ce ne furent plus des hommes qui avaient fait ces Hymnes versifiées avec art ; cette Musique harmonieuse ; qui avaient inventé ces Danses aussi difficiles que légères ; c’était Dieu qui les avait données à ses favoris. […] C’est ici où l’on doit convenir que le Paganisme était bien plus favorable à la Poésie & aux Arts, tels que le Dramatisme, la Musique, la Danse, la Sculpture, la Peinture, que les Religions modernes. […] Dans la suite, les Comédies de la Passion furent des espèces d’Opéras à machines, où il y avait aussi de la Musique.

162. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Nous avons vu que Platon et les sages législateurs du paganisme rejetaient loin de toute république bien policée les fables et les instruments de musique qui pouvaient amollir une nation par le goût de la volupté. […] Elles montent sur le Théâtre en faveur de la musique, et y parlent plus haut que nos lois ! […] L’Opéra lui paraît excessivement dangereux dans toutes ses parties : il regarde la musique et la danse, qui en sont l’âme, comme des écueils où la modestie et la pudeur échouent presque toujours35.

163. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Ce Saint blâme cette musique molle, efféminée, vive, légère, dont Lulli réchauffa la morale lubrique de Quinaut ; il ne veut pas même qu’on la souffre dans les Offices divins, dans les motets, dans les orgues, parce qu’elle flatte l’oreille, amollit le cœur, dissipe l’esprit de piété : Nec permittendum misceri cantiones, balatas verba vana. Il prétend que les Musiciens & les amateurs de la musique ne sont la plupart que des gens frivoles & dissolus ; il ne permet pas même que les femmes y chantent : La douceur de leur voix, dit-il, est dangereuse & porte à l’impureté : Audire mulierum cantus periculosum, & ad lasciviam invitativum, ideò eavendum.

164. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Qui doute que les leçons d’un maître à danser, d’un maître de musique, du violon, du clavecin, etc., ne soient des œuvres serviles ? […] La poésie et la musique sont bien des arts libéraux, aussi bien que l’architecture et la peinture.

165. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

L’oreille suffit pour justifier la musique.

166. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Tels sont la fuite des occasions du péché, la contagion des mauvais exemples, le poison d’une danse & d’une musique voluptueuses, les attraits séduisans des femmes étalés sur la scène, les traits perçans, des discours, des gestes, des intrigues galans, la licence des compagnies, les dangers d’une vie oisive, dissipée, frivole, tous ces traits épars dans une forêt, ou plutôt un labyrinthe d’extravagances, sont la condamnation évidente du théatre.

167. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

D’ailleurs, la musique, et la douceur des instruments est toute propre pour émouvoir et pour attendrir.

168. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?

169. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

[NDE] L’abbé Perrin a été effectivement le premier détenteur du privilège de l’Académie royale de musique, de 1669 à 1672.

170. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

L’excès de l’amour pour la musique. […] Cet homme, dans une pièce de musique d’église pour le temple de Dresde, avoit sait un chœur sur ces paroles de l’Evangile. […] Un bourguemestre choqué de cette disparate, le déféra au Consistoire qui lui défendu de le faire exécuter, ni aucune musique de sa façon, dans les églises. Le musicien prit condamnation pour son chœur qui ne parut plus : mais, à force de sollicitation & de protection, il obtint grace pour le reste, en promettant de ne plus faire de pareille musique.

171. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Les Acteurs sont les échos les uns des autres, comme des fugues dans la musique, où les parties redisent le même air sur différens tons. […] Enfin par un dénouement tragicomique l’Hôtel-de-ville en punition fut privé de sa musique. […] La Muse du Théatre a chassé sa sœur la Muse de la musique. […] L’apologie de Calas dont l’histoire a retenti dans toute l’Europe, célébrée par le pinceau, le burin, la musique, le parnasse, le théatre, le barreau, jusqu’à S.

172. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Y a-t’il des prérogatives pour les uns qui ne soient pas pour les autres ; et si l’on met de la différence entre eux, tous les Siècles n’ont-ils pas décidé qu’elle doit être en faveur de la Comédie, puisque du consentement de toutes les Nations, la Poésie est la sœur ainée de la Musique ? […] Il est vraiv que l’on joue en des temps Saints, comme les jours de Fête et de Dimanche, et pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, ou, pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles et la Comédie paraissent peu propres et devraient ce semble, être défendus. […] [NDUL] L’Académie royale de Musique (théâtre de l’Opéra.) fut fondée par lettres patentes enregistrées le 28 juin 1667, et accordées à l’abbé Perrin. […] [NDUL] Cet alinéa et le suivant ont été ainsi modifié en 1725 : Il est vrai que l’on joue en des temps de piété, et c’est ce qu’il y a de plus blâmable, comme pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles paraissent peu propres et devraient être défendus.

173. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Ce sont des poisons animés par les charmes des actrices, le feu de la déclamation, la pompe de la décoration, la musique, la danse, la compagnie, qui se glissent dans nos veines par tous les sens à la fois, Est mollis flamma medullas. […] La meilleure école de peinture ne formera que des peintres ; il ne peut sortir que des musiciens de la plus savante académie de musique, le théâtre ne peut faire que des comédiens. […] Il pourrait bien y avoir des scènes bien instructives et amusantes, sur l’enthousiasme des amateurs, et le prix excessif qu’ils mettent aux productions ordinairement médiocres, le plus souvent véreuses de ce mauvais terroir, et à peu près comme le maître de danse et de musique du bourgeois gentilhomme, attachent le bonheur et le gouvernement du monde à une ariette ou à un rigodon.

174. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Voltaire va vous l’apprendre : C’est un palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l’art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] C’est ainsi que par un commentaire plein de blasphemes on a profané le livre des Cantiques, & par une très-grande impiété, il est raconté dans le style des Prophètes & des livres historiaux de l’Ecriture, pour faire le portrait satyrique d’une je ne sais quelle fille de l’opéra, de l’orchestre, & de la musique de Lulli.

175. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Un Magistrat studieux qui, dans ses momens de loisir, au lieu d’aller entendre de la musique, s’amuse à en approfondir les systêmes, a trouvé que le rapport de la quinte n’est de deux à trois que par approximation, & que ce rapport est rigoureusement incommensurable. […] Nous ne sçavons point encore si notre systême de musique n’est pas fondé sur de pures conventions ; nous ne sçavons point si les principes n’en sont pas tout-à-fait arbitraires, & si tout autre systême, substitué à celui-là, ne parviendroit pas, par l’habitude, à nous plaire également.

176. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

La Tragédie a bien plus de force que la Musique, à laquelle le fameux Polybe attribuoit d’avoir adouci les mœurs des Arcadiens, & d’avoir rendu ce Peuple plus religieux envers les Dieux***.

177. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

Ce qui fait voir qu'il perfectionna seulement ce que les autres avaient commencé, et que ces bouffonneries mêlées de Poésie, de Musique et de Danse, qui firent partie des Jeux Scéniques, étaient demeurés dans une grande rusticité, jusqu'au siècle d'Andronicus, plus excellent que les Versificateurs qui l'avaient précédé, et qui fit ses Mimes sur l'exemple des Poètes Grecs qu'il savait, comme Plaute et Nevius composèrent incontinent après les Poèmes Dramatiques sur le même exemple.

178. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

La Musique dans son origine ne connaissait que quatre tons.

179. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Les Athéniens y ajoutèrent des chœurs de musique et des danses réglées.

180. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Que pensez-vous de la Musique & de la Symphonie ? […] Vous sçavez que c’est la compagne presque inseparable de la Musique. […] Je poursuis : seroit-il impossible, selon vous, d’exprimer en Vers & en Musique les exploits des Heros ? […]   Donnez-moi un Poëme Lyrique & notablement vertueux ; des Vers coulans, mais sentencieux ; une Musique mâle & agréable ; des danses aisées & severes, legeres & modestes, telles-ment liées au Poëme, qu’elles soient elles-mêmes une Poësie muette. […] C’est dans cette vûë que la Lyre elle même a formé des Orphées si estimables ou par la beauté de la voix, ou par la science profonde de tous les goûts de Musique !

181. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Telle fut l’inauguration de la statue de Nabuchodonosor, que tous les peuples devoient adorer, en se prosternant devant elle, toutes les fois qu’ils entendroient les instrumens de Musique. […] Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux.

182. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

O vous, qui gouvernez au grè du spectateur, Les jeux de Terpsicore & ceux de Polimnie, Les pleurs de Melpomene & les ris de Thalie, Lequel de ces plaisirs pourroit, selon mes vœux, Contribuer le plus à faire des heureux ; Tourner vers le spectacle enchanteur & magique, Où l’optique, la danse & l’art de la musique, De ces plaisirs divers ne forment qu’un plaisir. […] Un amateur n’est occupé que de scenes, d’actrices, de décorations, de danses, de musique ; il n’a aucun souci de tout le reste.

183. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Les Opéras ne le sont gueres moins : ce sont de petits romans en dialogues, mêlés de danses, de musique & de machine ; il n’y a gueres que deux à trois cens vers, & quel vers ! […] La musique, la danse, la décoration sont plus difficiles, & demandent chacune dans son genre plus de génie que la poësie : elles y dominent, & font la beauté du Spectacle où l’on s’occupe peu des vers.

184. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Il est enlevé par la musique, la danse, les machines, & va se foudre, pour ainsi dire, dans ses délicieuses langueurs. […] De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ?

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