Les Danses sacrées, donnèrent dans la suite, l’idée de celles que l’allégresse publique, les Fêtes des particuliers, les Mariages des Rois, les Victoires, &c. firent inventer en différens temps ; & lorsque le génie, en s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des Spectacles réguliers, la Danse fit une des parties principales qui entrèrent dans cette grande composition. […] La Danse ensevelie dans la barbarie avec les autres Arts, rèparut avec eux en Italie dans le quinzième siècle : l’on vit reparaître les Ballets dans une fête magnifique, qu’un Gentilhomme de Lombardie nommé Bergonce de Botta, donna à Tortone pour le mariage de Galéas Duc de Milan.
Suivant les règlements de la vie civile, également reçus parmi toutes les nations policées pour ce qui regarde le mariage, il ne suffit pas que deux personnes trouvent, dans leur caractère dans leur naissance et dans leur fortune, la convenance qui peut leur annoncer une société heureuse : ils doivent encore, avant que d’aller plus loin, obtenir le consentement de leurs parents. […] Il y a près de deux mille ans, que les Comédies Atellanes ont porté cette dépravation à Rome : les Comiques Latins, qui nous restent, nous l’ont transmise : et, depuis que le Théâtre moderne subsiste, les intrigues d’amour ont toujours fait le fond des Comédies, Sans parler de l’utile, qui doit toujours marcher à côté de l’agréable, (et qui se trouve rarement dans une action, où il ne s’agit que d’amour et de mariage) nous voyons que l’agréable même y manque.
Quant à celle-ci, où l’on voit une épouse prêter l’oreille aux fleurettes d’un amant, en recevoir des lettres, lui répondre, lui donner un rendez-vous nocturne, chercher à déshonorer son mari, dont elle raconte les ridicules à un séducteur à qui elle fait un signe de pitié au moment où on lui rappelle le respect qu’elle doit aux nœuds sacrés du mariage ; et tout cela se faisant de manière à divertir, à être approuvé des spectateurs, à faire applaudir l’infidélité, les détours, les mensonges, l’impudence ; quant à ce spectacle, dis-je, il n’y en a pas de plus dangereux pour les femmes de tous les rangs et de tous les ordres ; parce qu’en voyant applaudir une femme noble de mépriser ainsi les devoirs du mariage, de fouler aux pieds le précepte de la foi conjugale, en un mot de se jouer de son mari, sous prétexte qu’il est paysan, il n’est pas douteux que les femmes roturières n’aient la noblesse de penser qu’il doit leur être permis d’en agir de même envers leurs maris, quand ils sont lourdauds, malotrus ou bêtes, etc. […] En effet, les vieux, et une bonne partie même des hommes entre deux âges, que ces tableaux de honte et de déshonneur n’ont guères moins intimidés, se rappelant ou se formant des raisons de croire qu’on n’était pas encore parfaitement à l’abri d’inquiétude avec des femmes plus âgées, ont fui le mariage, n’ont plus voulu prendre que des engagements clandestins ou privés et conditionnels, faciles à rompre ; c’est-à-dire, qu’ils ont vécu en concubinage avec celles qui leur plaisaient, tant qu’elles se comportaient à leur gré. […] combien les hommes ont dû applaudir à cette inspiration de la comédie, par laquelle ils étaient parvenus à régner avec un pouvoir absolu sur celles dont le mariage les rendait les esclaves et les jouets ! […] Oui, depuis que des comédies les ont rendues si redoutables en mariage, elles sont devenues, pour la plupart, des passe-temps, des jouets, des objets du plus honteux commerce. […] Il verrait avec regret que ses écoles des femmes et des maris, et autres pièces, n’ont été que des écoles de mauvaises mœurs ; qu’en voulant corriger les vices de quelques parents dénaturés, exceptés de la règle générale, il avait compromis partout l’autorité paternelle ; qu’en voulant corriger les travers d’un petit nombre de maris, il avait jeté du ridicule ou de la défaveur sur tous les chefs de famille, sur les devoirs du mariage, sur les idées religieuses qui les sanctifient ; qu’il avait donné de bonnes leçons de ruses et d’artifices aux épouses qu’il trouverait peut-être en avoir assez bien profité.
C’est là qu’un jeune homme, dont la vertu faisait le bonheur de sa famille, apprend à connaître le vice et à mépriser les conseils d’un père vertueux ; c’est là enfin que se préparent tant d’infidélités dans le mariage. […] L’on sape ainsi la base de la famille, du mariage, de la société et de la Religion. […] C’est la différence de religion qui ne doit pas être un obstacle au mariage : « l’amour ne connaît ni les dieux, ni les rangs. » C’est un cortége de mariage, qui se rend à l’église et devant lequel les catholiques s’agenouillent (les imbécilles) ; c’est une prière à la Sainte Vierge, suivie d’une romance ! […] Ils avaient renoncé aux plaisirs dangereux, qui souillent l’âme, qui énervent et corrompent le cœur, tous leurs souhaits étaient de mener une vie chrétienne, heureuse et calme au sein de leur famille, ils s’étaient seulement réservé ces plaisirs purs et innocents, qui ne laissent après eux ni troubles ni remords ; vous leur avez ravi le bonheur qu’ils se promettaient ; sous prétexte de les établir, de les préparer au mariage, vous les avez précipités au milieu du tourbillon du monde et vous n’avez, fait usage de l’autorité, que vous aviez sur eux, que pour les conduire forcément dans le chemin de la perdition.
.° Le mépris de l’autorité paternelle, & tout cela parce que le pere n’a pas consenti à son mariage avec son amant, ce qui est très-pernicieux, puisque c’est autoriser toutes les passions de la jeunesse, désarmer les parens, leur ôter le pouvoir de s’opposer aux mariages quelquefois les plus mal assortis, à la séduction de leurs filles, contre toutes les loix, qui ont donné singulierement aux parens la plus grande autorité sur le mariage de leurs enfans. […] Quelle idée cependant donne-t-on du mariage, pour en dégoûter ?
Quinault nous apprend, dans les premières Scènes de sa Pièce, qu’il s’était déjà parlé de mariage entre Lavinie et Agrippa, comme entre Albine et Tibérinus. […] Je pense donc que, pour rendre cette Pièce digne du Théâtre de la Réformation, il faudrait faire ce que Quinault eût fait s’il avait suivi son premier projet ; et qu’il suffirait que Lavinie et Albine ne parlassent jamais d’Agrippa et du Roi, que comme de leurs époux ; puisqu’en effet leur mariage était arrêté, et devait se conclure au retour des Princes, après leur expédition : pour lors tout ce qu’elles diraient (soit à propos d’amour ou de vengeance) serait autorisé ; et il n’y aurait rien à reprocher à la Pièce, si ce n’est peut-être quelques expressions de tendresse qu’il faudrait ou changer ou retrancher ; mais l’ouvrage serait très aisé : et nous avons déjà nommé bien des Tragédies dans la classe des Pièces à corriger, qui demandent un plus grand travail. […] L’amour d’Artemise et celui d’Ilione paraissent très raisonnable et très permis ; car Artemise est promise en mariage à Adherbal, et elle l’aime par devoir autant que par goût. […] L’inclination d’Arténice pour Sésostris, sans le connaître, paraît d’une certaine façon autorisée : et dans la Scène VIIe. du troisième Acte, la Reine lui dit que leur mariage était déjà résolu : sur ce principe, on peut sauver ce premier mouvement d’inclination pour une personne qu’Arténice ne connaît pas ; puisqu’à la fin il se trouve que cet inconnu est Sésostris lui-même.
En récompense, il donne à chacun une paire de gans, que les deux derniers Conseillers aspirans au mariage, distribuent à la compagnie. […] Nos Seigneurs ont même encheri sur Moliere, la cérémonie du Capricorne, est bien plus réguliere & plus auguste, au profit sans doute des bonnes mœurs & de la sainteté du mariage, nos Seigneurs n’en sont-ils pas les protecteurs & les modeles ; ornarires ipsa vetat contenta doceri. […] Il prit pour prétexte que le palfrenier des spectacles n’étoit pas proprement acteur, Scenicus ; ce qui est vrai à la rigueur, mais ces mariages ne sont pas moins deshonorans pour un Sénateur. […] Ce Prince avoit pourtant promis à la Sorbonne, qu’il étoit allé voir par curiosité, de travailler à réunir son Clergé & son peuple à l’Eglise Latine ; on avoit eu la facilité de le croire, & de lui fournir des mémoires, & tous les efforts aboutirent à tourner en dérision le Pape & le sacré Collége, plus maussadement que les Anglois qui brûloient un Pape de paille ; & même sa propre Réligion Greque, en prophanant dans la Cathédrale de Moscou, le Sacrement de mariage que les Grecs reconnoissent, & le ministere d’un prêtre dont ils réverent le caractère, par des bouffonneries aussi plates qu’indécentes, plus digne d’un Tabarin, sur le Pont neuf, que d’un Empereur qu’on dit philosophe, & à qui cette conduite puérile & sacrilége, n’en assure que trop le titre. […] Combien de gens d’une famille honnête, à plus forte raison d’une maison distinguée, seroient heureux de faire ces réflexions, & de pouvoir effacer si facilement l’infamie de leur intrigue, & quelque fois des mariages aussi honteusement contractés avec de pareilles femmes.
Au Mariage du Roi de Navarre avec la Reine Marguerite, le jour de la nôce, & les trois jours suivants, se passerent en festins, danses, jeux mascarades & autres passe-tems ; il n’y avoit point encore de corps de comédiens. […] Le Mariage du Prince Protestant avec une Princesse Catholique devoit faire rentrer les Protestans dans l’Eglise, par le moyen de ce Mariage, désigné par Cupidon & les Nymphes, mêlange absurde du sacré & du prophane, & allusion qui ne l’étoit pas moins : Duplaix, Tome 3, page 749. […] Il ajoute que le Roi avoit chargé un courtisan de faire mourir la Reine ; mais comme Lisois dans Berwik, il n’obeit pas, & la cache ; il veut que son mariage avec Blanche soit nul, comme étant marié à Pudilla, ce qui n’étoit pas pour lui faire épouser décemment Henri son successeur, idée fausse & inutile. […] Dans la tragédie qu’on joua à la Cour pour le mariage de Mr. la Clairon célébre actrice qui avoit quitté le théatre, fut choisie pour jouer le premier rôle.
Les filles s’y débitent par des rendez-vous ou des mariages, & les meres y viennent les étaler, & leur chercher des partis. […] La fille déclara qu’elle ne vouloit pas être Religieuse, mais épouser le Duc N…, & le mariage étant convenable, la famille y donna les mains. […] Quelle application peut-elle avoir au mariage pour lequel se faisoit la fête ? […] Quelque Guerrier téméraire vient-il troubler la félicité de cet auguste mariage ? C’est insulter ces deux époux, de représenter à la fête de leur mariage, pour les divertir, des désordres qui y seront à jamais inconnus.
Le Mariage forcé est contre Milord Hamilton ; Le Tartuff contre M. de Lamoignon, le Misantrope contre M. de Montausier, les Précieuses contre l’Hôtel de Rambouillet, l’Amphitrion en faveur de Madame de Montespan, le Malade imaginaire contre son Médecin, le Fâcheux contre les Seigneurs de la Cour, Psiché en faveur de sa Femme, les Femmes savantes contre Madame d’Acier, Cotin & Menage, &c. […] Dans la comédie il conduit à une union légitime ; s’il est criminel ; il donne la mort ; s’il ne l’est pas, il fait un mariage. […] Paul défend d’aimer ; à plus forte raison de rendre aimable par une enveloppe séduisante qui la rend plus dangereuse Le dénouement tardif d’un mariage est un remede insuffisant au poison subtil qui s’est dejà glissé dans le cœur. La flamme secrette qui s’est allumée ne s’éteint pas par l’idée d’un mariage. […] Quelquefois les mascarades représentent un combat, un tournois, une foire, un mariage ; d’autres fois un trait d’histoire, les Jeux Olimpiques, les Bacchanales, les Gladiateurs, un Triomphe.
Cette nouveauté eust charmé beaucoup plus que certains artifices de nos ayeux, quoy que dignes d’admiratiõ par exẽple, celuy dont parle Belleforest : Ce fut au Mariage d’Isabelle de Baviere, qui passant sur le Pont Nostre-Dame receut d’un Ange qui estoit parti de dessus les Tours Nostre-Dame, une Couronne d’or qu’il luy mit sur la teste, & puis remonta d’où il estoit venu.
Dès lors que l’amour exclut de son commerce la prudence et la raison, il est plus propre à former un engagement indécent qu’à produire un mariage heureux q » ; il jette le trouble dans l’âme et dans les sens, il enlève la fleur de l’innocence, il étonne et détruit la vertu, il avilit et dégrade l’homme, il le met au-dessous de lui-même, il ternit sa réputation, la honte marchant presque toujours à sa suite.
Encore même ne prend-il pas Adam & Eve dans l’état d’innocence ; l’idée de leur mariage & de leur sainteté, la présence de Dieu dans le Paradis terrestre auroit affadi l’assaisonnement du péché, qui fait le plaisir d’une passion criminelle. […] Dieu crée la femme, la mène à l’homme, l’unit par le mariage. […] C’est une déclamation contre le mariage légitime, & un éloge du célibat voluptueux, où l’on se livre à son goût sans contrainte, en voltigeant d’objet en objet. […] Quoiqu’il se fasse au théatre une infinité de mariages, c’est là qu’on goûte le moins l’hymen & la fidélité, & tout cela pour l’intérêt des mœurs, & par goût de la saine morale.
Le troisiéme aussi quatre, le Sicilien ou l’Amour Peintre, l’Amphitryon, le Mariage forcé, l’Avare. […] Scapin, selon lui, est une plaisanterie, qui ne laisse pas d’avoir son sel & ses agrémens, comme le Mariage forcé, ou les Medecins.
Des Rituels de Diocèses très réglés les mettent au nombre des personnes que les Curés sont obligés de traiter comme excommuniés ; celui de Paris les joint aux Sorciers et aux Magiciens, et les regarde comme manifestement infâmes : les Evêques les plus saints leur font refuser publiquement les Sacrements ; nous avons vu un des premiers Evêques de France ne vouloir pas par cette raison recevoir au mariage un homme de cet état ; un autre ne vouloir pas leur accorder la Terre sainte ; et dans les Statuts d’un Prélat bien plus illustre par son mérite, par sa piété et par l’austérité de sa vie que par la pourpre dont il est revêtu, on les trouve avec les concubinaires, les Usuriers, les Blasphémateurs, les Femmes débauchées, les Excommuniés dénoncés, les Infâmes, les Simoniaques et autres personnes scandaleuses mis au nombre de ceux à qui on doit refuser publiquement la Communion.
Ursule, voila les peines du mariage, dans les conditions où les richesses laissent du superflu*.
Malgré son mariage, dont tout le monde sait les circonstances, on n’a pas laissé de regarder Molière comme un très honnête homme : soit, mais il y a bien de la distance de cette qualité à celle d’un bon chrétien.
Et ailleurs (hom. 56. in Genes.) il remarque qu’aux noces du patriarche Jacob, d’Isaac, d’Abraham, de Tobie et des autres Saints, que l’Écriture raconte, il n’est fait aucune mention de danses ni de semblables folies ; aussi Dieu bénissait-il leurs mariages, au lieu que vous encourez souvent les anathèmes de sa malédiction, parce que vos noces sont des occasions de mille péchés qui s’y commettent.
., à concubinages sous voile de Mariage de Moines Apostats, etc.
La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu. […] La plainte pleine de blasphêmes contre la Providence, sur ce qu’après un mariage secret, que son honneur, & la volonté de sa famille ont rendu nécessaire ; arrive la mutilation de son mari, qu’on traite du plus grand des malheurs, du plus cruel assassinat ; exclamation qui décéle honteusement ce que l’on cherche dans l’amour ; se peut-il que Dieu qui a toléré avec indifférence, nos plaisirs, avant le mariage, les empêche après que le Sacrement les a permis, & fasse subir à un mari, des châtimens qui ne sont dus qu’à l’adultere ?
Ce mariage feroit une jolie farce, où la Comtesse des Barres, qui feroit au parterre confidence de son déguisement, joueroit un grand rôle, ainsi que l’amant commode & généreux. […] La passion se réveille, il va la demander en mariage. […] Le mariage fut conclu, la Comtesse sit chez elle la noce, combla la mariée de présens, lui donna pour mille écus d’habits de théatre. […] La plupart des mariages qui en sont l’heureux dénouement sont l’ouvrage de ces masques perfides.
Je suis ici comme une pauvre biche poursuivie d’une meute de chiens affamés dont les uns ne demandent que de faire curée de mon honneur, les autres sous le spécieux nom de mariage persécutent mon intégrité, et les uns et les autres me sont en horreur comme contraires au dessein que j’ai fait depuis le temps que j’ai eu du ciel quelque lumière de connaissance de n'être jamais à autre époux qu’a Jésus-Christ Crucifié. […] J'ai appris que votre Majesté est sur le point de faire une de ses aumônes extraordinaires et qu’elle a ordonné certaine somme pour le mariage ou temporel ou spirituel de quelques pauvres filles je vous supplie très instamment Madame, ou plutôt je vous conjure par les entrailles de la miséricorde de ce bon Dieu dont vous êtes l’image de me mettre au rang de celles qui destinées au Cloître ressentiront l’effet de votre Royale munificence.
Enfin pour célébrer le mariage du Roi et les amours, sous le grand nom d’Hercule, il fit donner un troisième opéra Italien intitulé, Hercole amante. […] Mazarin fit jouer le mariage du Roi avec l’Infante sous les noms de Lysis (la France), et d’Hespérie (l’Espagne). […] La Lysis de Mazarin n’est qu’une allégorie flatteuse à l’honneur des deux augustes époux et un éloge de la paix que leur mariage procurait à l’Europe, ce qui a été cent et cent fois innocemment pratiqué dans les événements publics : la plupart des prologues des opérasp sont dans ce goût.
Il ne retira de ses conférences philosophiques, où il alla s’amuser trois ou quatre fois, que quelques termes de physique dont il a formé des scenes bizarres dans le Mariage forcé & le Medecin malgré lui. […] Lors de son mariage une multitude innombrable d’Histrions, Menetriers, Danseurs, Joueurs de gobelet, vinrent de tous côtés célébrer la fête par leurs jeux. […] Moliere, qui étoit l’ame de ces fêtes, y fut le plus malheureux, il y perdit la tranquillité de son mariage. […] Il rendit le mariage nécessaire à l’honneur de la fille, & l’épousa clandestinement. Voilà le Mariage forcé.
En 1599, à l’occasion du mariage de cette Princesse avec le Duc de Lorraine, fut exécuté un grand ballet divisé en six entrées, où danserent le Prince de Rohan, le Marquis de Cœuvre, le Duc de Nemours & le Comte d’Auvergne. […] Hesselin, Maitre de la chambre aux deniers du Roi, à la réception de la Reine d’Angleterre, du Prince de Galles son fils, & du Prince Robert son neveu : en 1651, le ballet de Cassandre, le premier où le Roi dansa au Palais Cardinal : en 1654, le ballet des noces de Thétis & Pélée, Comédie Italienne dansée par le Roi : en 1656, le ballet de Psiché à vingt-quatre entrées, dansé par le Roi, dont les paroles sont de Benserade : en 1659, la Pastorale de l’Abbé Perrin mise en musique par Lambert, Surintendant de la musique de la Reine mere ; premier Opéra françois, d’abord joué à Issi & ensuite à Vincennes, par ordre du Cardinal, devant le Roi, & dans lequel on entendit pour la premiere fois depuis les Grecs & les Romains, un concert de flûtes : en 1663, le ballet des arts : en 1664, le mariage forcé, comédie, ballet dansé par le Roi au Louvre : en 1665, le ballet royal de la naissance de Vénus, dansé par le Roi au Palais Royal : en 1666, le ballet des Muses dansé par le Roi à S. […] Le produit excédant de beaucoup les frais du Spectacle, le surplus alors pourroit être employé au soulagement du malheureux contribuable des campagnes, & à l’extinction de la dette nationale, tandis que d’un autre côté, les pièces ramenées à la pureté de l’ancien Théâtre des Grecs, & la comédie devenue réellement l’école du monde, l’amour, peint alors avec les traits du plus pur sentiment, remettroit en honneur le mariage un peu déchu de son ancienne considération : & c’est ainsi que l’exécution de ce projet serviroit au bien & à l’avantage général de la Nation. L’extrême inégalité des fortunes entre les citoyens d’une même classe, fondée non sur la mérite & les talens, mais sur les fonds d’avance, les crédits, & les intérêts des retards toujours cumulés avec les bénéfices ordinaires du commerce, fait que d’un côté le mariage aujourd’hui confond plus souvent les rangs par les mésalliances, loin de servir à les distinguer ; tandis que d’un autre côté des obstacles sans nombre éloignent de cet engagement, & entraînent avec eux le relâchement & la corruption des mœurs, suites nécessaires du luxe & de la misere. […] Le sujet étoit, pour l’ordinaire, un mariage ou quelques grandes réjouissances ; la durée, une semaine, le lieu, tantôt le Palais du Prince, tantôt une Ville célebre, quelquefois une pleine campagne, toujours un endroit vaste & capable de loger commodément toute la Noblesse du Royaume.
Nous ne serons pas encore longtemps ici : ce mariage va se conclure ; la Tante de mademoiselle De Liane est arrivée aujourd’hui de la bonne Ville de Niort.
En effet qui a dissout ce mariage spirituel que M. de la Berchère avait contracté avec cette Eglise ?
Dans une de ces Hôtelleries, espèce de divertissement assez commun dans les Cours d’Allemagne, quand le bon goût y étoit moins connu ; dans une Hôtellerie, dis-je, tenue pour célébrer le Mariage d’une Princesse de Danemarck avec un Duc de Holstein, la Reine fit le personnage de coupeuse de bourses, & le Prince Royal son Fils, celui de Garçon Barbier. […] La Loi Pappienne interdisoit aux Sénateurs le mariage avec les femmes qui avoient monté sur le Théatre, ou qui avoient été affranchies.
Les mères, craignant l’efficace de ses paroles, enfermaient leurs filles quand il prêchait, ne doutant pas qu’il ne les dégoûtât du mariage. […] Ambroise, et par sa chasteté il couvrait de confusion ceux qui sont engagés dans les liens du mariage : « Et hæc fecit cum adhuc non haberet uxorem. » (Tom.
Il me semble que nous voyons tous les jours des exemples d’un Héroïsme semblable à celui de Titus dans des hommes d’une condition médiocre et même de la plus basse extraction, dont les uns quittent leur Maîtresse, pour un autre mariage plus avantageux à leur fortune, et les autres sacrifient à leur Maîtresse des partis beaucoup plus considérables. […] On ne saurait excuser la Duchesse d’avoir donné son consentement à ce mariage clandestin ; ainsi je ne vois pas de quelle façon on pourrait s’y prendre pour corriger les deux inconvénients qui se trouvent dans cette Tragédie, et qui sont d’un si mauvais exemple.
Ils ont leurs fêtes, & dans les fêtes les plus saintes, un mariage, un Te Deum. […] Un beau jour qu’elle représentoit le Martyre de Sainte Cécile (cette même piece à laquelle il avoit refuse d’aller) devant le Roi, la Reine, & toute la Cour d’Espagne, après avoir tout charmé, & fait couler des torrens de larmes, des que la piece fut finie, elle descend du théatre, & va se jeter aux pieds de la Reine lui expose avec mille sanglots son état & ses dispositions, sa résolution de se faire Religieuse, l’obstacle qu’y met sa famille, l’infamie de sa profession, le danger que lui fait courir la multitude des amans qui l’assiege ; demande à cette Princesse sa protection & ses graces ; que la profession religieuse étoit un mariage avec Dieu, l’Epoux des Vierges ; que ses libéralités ne pouvoient être mieux employées (c’étoit le temps où la Reine avoit accoutumé de distribuer des sommes considérables pour marier de pauvres filles). […] Elle répond : J’ai employé toutes les ressources, j’ai rallumé tous ses désirs, je l’ai amené au point de me proposer un mariage secret ; il n’y a plus qu’un pas à faire.
Il ne connoît rien de sacré que le mariage. […] S’ils ont conservé leur amour, c’est un crime qui n’annulle point les vœux, comme il n’annulleroit point le mariage. Si les protestations des amans & une folle tendresse étoient un titre valable, s’il falloit en croire leurs insensées déclarations, quel vœu, quel mariage, quel contrat subsisteroit ?
Car les amours les plus irréguliers sont toujours heureux à la fin par le mariage.
Les Nimphes furent sur le champ instruites de la vie de Psiché, & la régalerent de la représentation de ses dits, faits, & gestes ; mais il y manquoit une chose essentielle à la conclusion des pieces ; un mariage : à qui marter Psiché ? L’amour qui n’avoit pas attendu ce mariage ne vouloit pas être connu. […] Ce denouement ingénieux est la véritable image des mariages qui se font sur la scene, & qu’on donne pour le remede & le correctif, le beau côté de morale du libertinage, venu après coup, quand tout le mal est fait. […] Quoique l’horreur pour le vice fût moindre avant l’Evangile, quoique dans toutes les nations, dans tous les siécles, & presque chez tous les hommes, la débauche ait eu une infinité de faces différentes, le commerce des deux sexes ne fut jamais permis hors du mariage ; la continence fut toujours une vertu, le libertinage un désordre.
Cette nouriture est saine dans le mariage ; elle ne produit point d’exces. […] Ce luxe empêche bien des mariages, & rend stériles plusieurs de ceux qui se font. […] Le mariage s’accomplit-il, la fête des nôces, la toilette, la garde-robe, les bijoux de l’épouse consument sa dot, & au-de-là. […] Il y auroit moins de Religieux & plus de mariages, on savoit se contenir dans les bornes de la mediocrité. […] Célibataire dans le mariage, on se dédommage par le crime du plaisir légitime qu’on s’interdit.
De-là aussi cette sécheresse, cette disette de sujets, & ces mariages qui terminent toujours nos Pièces enjouées.
» Peu de générations, moins de deux cents ans se sont écoulés depuis la rédaction d’un contrat de mariage, trouvé en original chez le curé de saint Donatien à Orléans.
A propos du mariage de justinien avec Théodora, je suis bien aise de citer ce qu’en dit M. […] C’est une contradiction insoutenable : Justin n’abrogea donc pas la loi Papia Poppæa [c’est à dire le chapitre au sujet des mariages des Comédiennes] en faveur de son adopté. […] Dès qu’ils eurent exécuté ce double attentat, ils joignirent leurs fortunes & leurs fureurs par un mariage, auquel Servius n’osa s’opposer. […] Le Mariage, à l’égard des Prêtres, était-il plus criminel après la tenue du Concile qu’avant ? […] Pierre d’Hozier, célèbre Généalogiste, il avait une mémoire si prodigieuse, que d’Ablancourt dit de lui, qu’il fallait qu’il eut assisté à tous les Baptêmes & Mariages de l’univers, &c.
Une fille qui trompoit son mari, en entrant dans le mariage sans être Vierge, devoit être lapidée, si son mari ne lui pardonnoit. […] La loi qui permettoit le divorse ne subsiste plus ; le mariage n’est pas moins indissoluble pour l’homme que pour la femme : la fidélité ne lui est pas moins ordonnée, & son adultere moins criminel. Les Apôtres en furent surpris, & en conclurent que le mariage étoit un joug bien pesant, quoiqu’adouci par la grace. […] Je dis plus, qu’on s’en rapporte au théatre même, qui prétend ne faire que jouer, representer ce qui se passe dans la société, & l’on aura du sexe français des idées plus justes, qu’avantageuses : le mariage, dit-on, est le terme de tous les désirs.
Virgile, le plus sage des Poëtes Latins, peint si vivement, quoique décemment & même en le condamnant, l’amour de Didon, même en vûe d’un mariage, que S. […] Racine étendit cette idée, & dans Bajazet fit paroître des Sultannes amoureuses, mais avec dignité, & qui n’avoient que des vûes de mariage, encore même leurs projets étoient traversés par l’indifférence du Prince, l’intrigue du Visir, les horreurs & les risques d’une conjuration, qui par des diversions continuelles émoussoient les traits d’une passion si agitée. […] Dans une piece tirée des Contes soi-disant moraux de Marmontel, où le Poëte, apparemment peu fécond, rapporte mot pour mot le conte Annete & Lubin, deux paysans cousins germains : circonstance peu nécessaire, & qui n’est mise que pour fronder la loi de l’Église, qui défend le mariage entre parens, & sa bonté, qui accorde quelquefois la dispense de cet empêchement, Annete & Lubin se trouvent seuls à la campagne, sur le théatre & dans le livre, & prennent toute sorte de libertés criminelles.
Il était défendu aux filles de condition, surtout aux filles des Sénateurs, de se mésallier jusqu’à épouser des affranchis ; mais une fille de la plus haute naissance qui s’oubliait jusqu’à se rendre Comédienne ou femme publique (car aux yeux de la loi c’est la même chose), dérogeait si bien à la noblesse, que les honteux mariages avec des affranchis ne lui étaient plus interdits. […] C’était la vie entière de Jeanne, Reine de Naples et Comtesse de Provence, dont les amours, les mariages, les guerres, les crimes, la mort tragique, donnaient beau jeu au Poète. […] La mémoire du vénérable Prélat, qui pendant nombre d’années a gouverné ce diocèse avec autant de sagesse que d’édification, est traitée avec mépris, et même calomnieusement offensée, son refus du sacrement de mariage aux Comédiens est traité de scandale, ainsi que le refus de la sépulture ecclésiastique.
, et depuis an mariage de son frère Henri, avec Agnès de Montferrat, on renouvela dans Constantinople tous les Spectacles des anciens ; ceux du Cirque, de l'Hippodrome et du Théâtre.
[Note de l’éditeur de l’édition originale, Germain Garnier] En 1637 [1638], il parut une tragi-comédie d’Urbain Chevreau, intitulée La suite et le mariage du Cid.
Sur l’échafaud l’on y dresse des autels chargés de Croix et ornements Ecclésiastiques, l’on y représente des Prêtres revêtus de surplis, même aux farces impudiques, pour faire mariages de risées : L’on y lit le texte de l’Evangile en chant Ecclésiastique, pour, (par occasion,) y rencontrer un mot à plaisir qui sert au jeu : Et au surplus il n’y a farce qui ne soit orde sale et vilaine, au scandale de la jeunesse qui y assiste, laquelle avale à longs traits ce venin et poison, qui se couve en sa poitrine, et en peu de temps opère les effets, que chacun sait et voit trop fréquemment.
Ces mariages peuvent-ils être heureux ? […] Elle transporte le théatre dans sa maison, dans son cœur ; forme souvent des troupes pour jouer des pieces, ou s’y enrôle, toute sa vie n’est qu’une comédie, son mariage avec le Comédien qui lui a plû en est le dénouement.
A son mariage, à celui de ses sœurs, à celui de ses favoris, il jetoit l’argent à pleines mains. […] Diane en fut reconnoissante, & la servit à son tour, elle lui ménagea les égards & l’amitié de son amant, se contenta de posséder son cœur, & lui sauva même l’injuste querelle qu’on vouloit lui faire sur sa stérilité, en faisant casser son mariage. […] François II, échappa à la corruption, parce que heureusement pour lui pendant 18 mois que dura son mariage, il fut éperduement amoureux de sa femme Marie Stuart, Reine d’Ecosse, & conduit par les Princes Lorrains. […] Quoiqu’Italienne d’origine & Espagnole devenue par le mariage de sa fille, sa chambre n’étoit nullement fermée â tous & à toutes , ni celle de ses Demoiselles, & ne les vouloit retenir à la mode d’Italie & d’Espagne, ni comme l’avoient fait avant elle les Reines Elizabeth d’Autriche & Louise de Lorraine. […] Il ne voulut pas de la joyeuse bande de Cathérine ; & il chassa si bien Marguerite fille de Cathérine, qu’il avoit épousée, qu’il la repudia, & fit casser son mariage.
Les Festins ne sont pas plus permis aux Princes que la pompe des habits, et quoi que dans les grandes réjouissances des Mariages ou des Traités la coutume les excuse et les tolère, il faut pourtant se souvenir que les Peuples qui souffrent la faim ne peuvent souffrir la bonne chère du Monarque qui les gouverne.
La maniére dont on y traite encore le mariage Chrétien, est-elle bien convenable à la sainteté d’un Sacrement, que J. […] Et il ne sert de rien de nous dire, que tout tend au mariage, & que cette fin estant louable elle justifie tout le reste. Un mariage contracté justifie bien certaines actions, qui sans cela seroient criminelles. Mais un mariage à faire n’éteint pas le feu qu’allument les conversations libres, & n’arrête pas les desordres, où tombent ceux qui ne font pas avec leurs yeux le même pacte que Job avoit fait avec les siens.
[NDA] Le mot onéreux ne paraîtra pas déplacé, si on prend en considération cette opinion de La Bruyère: « Il y a dans les paroisses, dit-il, plus de rétributions pour un mariage que pour un baptême, et plus pour un baptême que pour la confession.
Mais ce n’est pas pour me divertir, ni pour offenser Dieu, que je vais au bal ou à la comédie ; c’est afin qu’étant bien ajustée, montrant ma gorge et dansant avec bonne grâce, je gagne quelque riche parti pour un légitime mariage.
Se voyant en train de devenir riche, il demande en mariage la petite Colette, aimée de Basile qu’elle aime. […] Cassandre enchanté de tant de candeur, signe et lui fait signer le contrat de mariage, et s’oblige à un dédit de vingt mille francs ; la nôce se célèbre au milieu des danses. […] Du mépris pour le sexe naissent l’éloignement de toute galanterie, la brutalité, la haine du mariage, ou si ces gens se marient, dieux !
Son refus du sacrement de Mariage aux Comédiens est traité de scandale, ainsi que celui de la Sépulture de l’Eglise.
Ceux qui composent ou qui représentent des pièces de théâtre vraiment obscènes, comme certaines comédies ou tragédies où l’on ne respecte ni la vertu ni la sainteté du mariage, pèchent mortellement3.
Il se plaît à parler de la mère Sotte et du Prince des sots, ainsi que du contrat d’un mariage mystique d’une pénitente avec Jésus-Christ ; de frère Arnoux, carme déchaussé, confesseur de cette dévote, qui joue le rôle de notaire pour apposer sa signature à cet acte bizarre ; mais M.
Après quelques temps le Théâtre se corrigea : on substitua, à ces amours déréglés, des amours qui ne tendaient qu’au mariage : mais, tout bien considéré, ces amours (que l’on appelle honnêtes) ne sont pas moins de mauvais exemples que les autres ; ils sont toujours traités sur la scène, sans bienséance, et en dépit des engagements des parents, ou de la volonté des Tuteurs.
on fait représenter devant lui, pour le tromper, une prétendue Comédie en deux ou trois scenes, où la fille se marie, & ce mariage subsiste ; idée qui a été plusieurs fois imitée. […] Moliere dans le Mariage forcé étale, quoique plus sobrement, ce qu’il savoit de Philosophie, comme Cyranno dans ses voyage de la Lune. […] Il avoit été joué dans la farce du Mariage forcé, qui n’étoit précisément que l’aventure de sa sœur qu’on força le Comte de Gramont d’épouser. […] Il en faudra venir à Scapin, à George Dandin, au Mariage forcé, &c. aux Trétaux de Tabarin.
En effet si l’exemple de ces pieux Cénobites de la Thébaïde, proposés pour modèles aux Chrétiens, frappait assez pour que tout le monde se proposât de le suivre, n’est-il pas vrai que la privation des secours mutuels, l’éloignement pour le mariage proposé par St. […] Paul ne pouvait donc supposer le célibat comme un état plus parfait que celui du mariage que pour ceux qui comme lui pouvaient justifier sa pensée par des qualités toutes divines et qu’il s’en faut bien que tous les Chrétiens, même de son temps, partageassent avec lui. […] Mais vous à qui Dieu a accordé une plénitude de grâces et le pouvoir de dompter toutes vos passions, ne vous mariez pas, l’état du Mariage augmentera vos devoirs envers Dieu plus on se propose de devoirs à remplir, plus on s’expose à commettre de fautes : ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux. […] Missionaire Jésuite donc le Zèle sans bornes fera la gloire de son Ordre dans l’esprit de toutes les personnes d’une véritable piété, ne l’ai-je pas entendu, dis je, en prêchant sur le mariage, regretter de ne pouvoir appeler les choses par leur nom, et de ne pouvoir faire naïvement la peinture des impudicités qu’on rougit, disait-il, de nommer par un scrupule de bienséance toute mondaine, mais qu’on ne rougit pas de commettre, tant il est vrai, ajoutait-il, que le monde est parvenu au dernier degré de corruption !
Page 163 L’ordre actuellement établi pour la tenue des registres de l’Etat civil, ne blesse en rien la puissance ecclésiastique, ni l’efficacité des sacrements de mariage et de baptême. […] Page 221 Mariage mystique entre une dévote et Jésus-Christ.
Celui de Législateur est pernicieux ; ses loix, quoique d’un chretien, détruisent les bonnes mœurs & la sainteté du mariage ; nous avons prouvé l’un & l’autre. […] Il est pourtant vrai que la politique philosophique leur laisse une grande ressource, le commerce avec les femmes leur est permis, le mariage légitime leur est défendu. […] Le mariage chez lui a des difficultés, quoiqu’il ait bien relâché dans son code le lien conjugal.
Sang-farouche lève hardiment l’étendard de la débauche, se déclare contre un légitime mariage, et jure par Mahomet. […] Il est vrai qu’il y a dans Valentin de la sincérité, lorsqu’il recherche Angélique : mais faut-il beaucoup de vertu pour demander sincèrement en mariage un Demoiselle riche de 30000, sterling ? […] Dans La Femme Provoquée ; Constant jure comme un Crocheteur ; il sollicite au crime Madame Brute, se donne crûment pour infâme, et préfère sans hésiter la débauche à un honnête mariage.
Les Comédies modernes n’ont pour base, et souvent pour objet, que des intrigues d’amour et de mariage.
Vous étonnez-vous, si vos enfants pèchent contre ce qu’ils vous doivent de respect, s’ils des déshonorent vos familles par des mariages désavantageux, et par quelquechose de pis, quand vous les menez vous-même à cette leçon publique de désordres ?
Voici leur morale, sur le mariage honteux, auquel souvent elles parviennent. […] Ce jeune homme détrompé renonce à ce mariage & à sa maîtresse. […] Le mariage au fonds n’est qu’un nœud populaire, qu’un pis aller. […] Le style en est décent, & quelques situations attendrissantes : mais elle blesse les bonnes mœurs, comme bien d’autres, en intéressant pour un séducteur, une fille amoureuse qui se fait enlever par son amant, & pour le fruit illégitime d’une union clandestine faite à l’insu des parens, sans observer aucunes regles, ni canoniques, ni civiles, à qui on donne le nom sacré de mariage, & qu’on tâche de réhabiliter par le consentement forcé du père ; au lieu de donner horreur des intrigues qui deshonorent les familles. […] On y ajoute l’horreur d’un amour incestueux & bigame du père pour sa propre fille, qu’à la vérité il ne connoit pas ; mais qu’il veut épouser, quoique marié, par une infidélité odieuse qu’il cache à la fille qu’il a enlevée, trompée & deshonorée par un mariage apparent : voilà le héros que le succès couronne.
« Il est inutile de dire, pour justifier les Comédies, qu’on n’y représente que des passions légitimes, et qui ont pour fin le mariage. Car encore que le mariage fasse un bon usage de la concupiscence, elle est néanmoins en soi toujours mauvaise et déréglée ; et il n’est pas permis de l’exciter, ni dans soi-même, ni dans les autres ; on doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source de poison capable de nous infecter à tous moments, si Dieu n’en arrêtait les mauvais effets. […] « Le mariage règle la concupiscence, mais il ne la rend pas réglée ; elle retient toujours quelque chose du dérèglement qui lui est propre ; et ce n’est que par force qu’elle se contient dans les bornes que la raison lui prescrit. […] Les affections communes ne sont pas propres pour donner le plaisir qu’on y cherche ; et il n’y aurait rien de plus froid qu’un mariage chrétien, dégagé de passion de part et d’autre. […] Il s’agit précisément d’un mariage dans cette petite Comédie ; mais la passion ne parle dans aucune de ses scènes.
Mais, dit-on, les gens pieux ne connoissent d’autre péché que l’amour, & ne s’embarrassent pas de bien assortir les mariages. On n’a donc jamais entendu de sermon, lu de livre de piété ; on auroit vu l’orgueil, l’avarice, la médisance, l’irréligion, tous les vices foudroyés, aussi-bien que l’amour, & mieux qu’au théatre ; on auroit vu exhorter les parens & les enfans de bien assortir les mariage, de ne pas écouter l’ambition, la cupidité, un fol amour, mais de consulter Dieu.
Les Comédiens et les Comédiennes ne montant sur le théâtre que pour y parler d’intrigues de mariages, ou d’amourettes. […] » Il est nécessaire qu’on sache que ce Saint Docteur n’entend pas parler des Comédies, telles que les dépeignent les Conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, ou comme nous l’avons déjà dit, on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter, ou à entretenir les passions les plus déréglées et les plus honteuses.
Pourquoi déshonorer le Mariage, qui est un des grands Sacrements du Christianisme par les allèchements du péché ? […] Qui sait si les Mariages qui sont si tôt rompus par la mort de l’un ou de l’autre des mariés, ne sont point un châtiment de la Danse de leurs Noces ? […] Quand le bal n’aurait point d’autre bon effet que d’être le père des plus beaux mariages, il devrait être permis. J'avoue que les mariages sont nécessaires à la conservation du monde, et que le public est intéressé à les faire subsister : Mais il ne se peut dire que le bal en soit le père, ou il faut accorder qu’il est plus jeune que ses enfants, car les mariages sont plus âgés de trois mille ans que lui. […] On peut dire de lui qu’il a plus gâté de mariages qu’il n’en a faits ; on le peut nommer avec vérité le père des jalousies, des vains soupçons et des folles amours.
Il en est de même des défauts qu’une nation tolere, & qui sont devenus si communs, que peu de personnes en sont exemptes ; celui qui entreprendroit de les fronder par le secours de la scène, ne seroit peut-être pas accueilli favorablement des Spectateurs : par exemple, chacun sait que l’intérêt est aujourd’hui l’unique base des mariages ; quand on se propose un établissement, on ne songe gueres à s’informer si la personne qu’on recherche a des mœurs, de la vertu, de la conduite, ou si elle est d’une naissance distinguée : est-elle riche, demande-t-on d’abord avec empressement ?
Elle ajoute, au sujet de son mariage avec Polieucte : Je donnai par devoir à son affection Tout ce que l’autre avoit par inclination.
Les spectateurs ne trouveraient rien que de froid dans un mariage chrétien ; il faut pour leur plaire qu’il y entre du transport, de la jalousie, de la résistance de la part des parents, de l’intrigue pour le faire réussir.
On le faisoit passer pour impuissant, quoiqu’il eut une fille de son mariage, & sa fille pour illégitime, en disant que le Roi lui-même, qui vouloit à quelque que prix que ce fut avoir des enfans, avoit conduit son amant à la Reine, qui lui avoit donné sans peine son consentement. […] La debouche d’un Prince est ordinairement un pretexte de revolte, & un germe de révolution dans l’État ; mais il est incroyable, que ce qui, dans les Tribunaux ordinaires, ne suffiroit pas pour dépouiller un enfant de la succession de son père, ait suffi pour faire perdre un Trône à une Princesse, née dans un mariage légitime. […] L’Archevêque bénit le le mariage ; le Roi détrôné, poursuivi par ses sujets, s’accomoda avec eux, & par le traité le plus honteux qui fût jamais, il reconnut Isabelle, au mépris des droits de sa propre fille.
Ses amours & le mariage avec la Bejard couvrent Moliere d’infamie. […] Du moins étoit-il certain que le mariage avec la fille de sa maîtresse étoit incestueux, par conséquent un vrai concubinage. […] La piece se joue, le prisonnier est délivré, & de nouveau renfermé ; on soupe en grande fête, Moliere sort de table avant les autres, & va travailler dans son cabinet ; pendant la nuit une fille honnête vient lui demander sa protection ; la fille Bejard échappe à sa mere, pour avoir recours à lui ; Pirson sort de son bouge, se convertit subitement, se confesse, fait réparation d’honneur ; la mere Bejard change aussi, le mariage se fait.
On se lasse du métier ; on trouve une occasion favorable de s’établir, on en profite ; on a fait un amant riche qui veut épouser & faite la fortune de sa maîtresse, on ne le manque pas ; on étoit entré dans la troupe pour avoir du pain, on a fait quelque réserve, on a obtenu quelque pension, on quitte pour s’établir ; c’est un bien sans doute de quitter un mêtier scandaleux, de contracter un mariage légitime & d’y vivre en honnête femme. […] Quelques-unes se marient dans la troupe, souvent clandestinement, & continuent de jouer ; d’autres sortent de la troupe, & vivent dans le mariage comme elles avoient vécu sur le théatre. Il en est qui, contre la volonté des parens, contractent des mariages ou plutôt des concubinages, ou après avoir quitté, vivent dans un célibat prétendu, c’est-à-dire, dans le libertinage.
S’il est criminel, il cause la mort ; s’il ne l’est pas, il fait un mariage. Un objet dont les Ecclésiastiques se mêlent peu, & qui cependant, dans la Bourgeoisie, est d’une grande conséquence, est le juste assortiment des mariages.
Pour bien célébrer ces deux fêtes, & attirer la bénédiction du Ciel sur leur mariage, il y eut dans le parterre des places préparées pour eux. […] Il est vrai qu’on venoit de voir tout cela à Paris, à Turin, à Lyon, pour le mariage du Comte de Provence.
Voyez ce père tendre, qui s’épuise de travail, pour qu’un jour son fils & sa fille reçoivent de sa main, en le bénissant, un bien plus considérable au jour de leur mariage ; c’est que pour lui, le plaisir d’être le bienfaiteur de ses enfans, est le plus doux de tous : jetez enfin les yeux sur l’homme assis au dernier degré, voyez-le durant la semaine se livrer aux plus rudes travaux ; c’est qu’il entrevoit qu’ils doivent, au bout de six jours, lui fournir le moyen de s’abandonner à la joie. […] le cœur de la jeunesse est attendri, ou plutôt, amolli comme la cire ; il est prêt à suivre la première impression qu’on lui voudra donner ; tout dépend de la société que le jeune-homme ou la jeune-fille vont trouver en sortant du Spectacle : les honnêtes-gens leur feront chérir l’union sainte du mariage ; une Catin, un Célibataire égoïste, les plongeront dans la débauche.
On n’y voit les Comediens & les Comediennes monter sur le Theatre, que pour y parler d’intrigues de mariage & d’amourétes, & representer les passions les plus dangereuses.
De liaisons d’amourettes, d’où procèdent souvent des mariages fort malheureux. 3.
Il y a des Pièces entières qui sont de ce style, et d’autres qui ne causent pas moins de mal, à ce que l’on pense, par le mépris des lois du Mariage et de toutes les bonnes mœurs, ce qui est leur principal sujet ; Et pour montrer que ce ne sont point de misérables Farces faites à la hâte, comme celles que les Saltimbanques et Charlatans jouent aux places publiques, elles sont faites toutes exprès par des Auteurs dont les noms sont aux affiches et aux Livres imprimés, comme voulant en tirer de la gloire, et l’on trouve de ces belles Pièces autant en Vers qu’en Prose.
C’est un des endroits de l’Ecriture que les Juifs ne laissent pas lire aux jeunes gens, & que l’obscene Auteur, Officier Irlandois, dit-on, expose sur le Théatre aux yeux de tout le monde : inceste du beau-pere avec sa belle-fille, prostitution de celle-ci, adultere dans tous les deux ; profanation détestable du mariage par deux maris, que Dieu punit d’une mort subite ; une femme dans un grand chemin, qui s’offre au premier venu, & se livre pour un chevreau ; Juda, qui la trouve, & sans autre cérémonie a si brutalement commerce avec elle, qu’il ne s’embarrasse pas même de la voir, & la laisse toujours voilée. […] Elle se détermine enfin pour le fils, désire son mariage, fixe le jour des noces, se fait enlever quand on la mene au supplice, ce qui choque le costume, les mœurs de ce vieux temps. […] C’est si l’on veut, une injustice, que le Roi a condamnée & réparée autant qu’il est possible ; mais est-ce un édit de liberté de conscience, une permission d’avoir des Temples, une légitimation de leurs mariages ? […] Il entretient, il augmente, excuse la frivolité, l’oisiveté, la dissipation, la coquetterie, le dégoût des devoirs du mariage & des fonctions de l’État.
Le fameux Législateur Licurgue vouloit que pour disposer de bonne heure au mariage & s’aguerrir contre les traits d’un amour volage & d’une volupté insatiable, les deux sexes depuis l’enfance jusqu’à leur établissement, dansassent, jouassent à la lute ; & fissent ensemble tous leurs exercices : ainsi Mitridate se nourrissoit de poison, pour n’être pas empoisonné : on dit que le sage Socrate menoit le jeune Alcibiade chez l’enchanteresse Aspazie, pour prévenir des plus grands excès ; & nos modernes Socrates à l’exemple de l’ancien philosophe vont, & menent leurs éleves au théâtre, pour les lier avec les nouvelles Aspazies. […] Il disoit d’abord qu’il faut acheter les faveurs de l’amour, que les présens introduisent par tout, forcent toutes les barrieres des tours, des gardes, du mariage, & obtiennent tout. […] De cet horrible mariage naquit Paphus, Roi de Paphos, Isle célebre pour son lieu de prostitution, qu’on appelloit Temple de Venus, & après Paphus une longue suite de débauchés, dont les avantures remplissent nos théatres.
Carlos interprète cet endroit de la cérémonie du mariage : « Vous prenez une telle sans restriction, soit pour le mieux soit pour le pis », il l’interprète, dis-je, soit Vierge soit prostituée. […] « Je m’amuse à penser que le mariage quoiqu’il fasse de l’homme et de la femme une seule chair, il les laisse deux fous ensemble. […] et Echine est tout à fait dégoûté d’un mariage conforme à la Religion.
Je loue même l’Auteur d’avoir introduit ce personnage qui est si beau : prenant la chose de la manière qu’il l’a prise, l’amour lui était nécessaire, on aurait trouvé fort étrange qu’Achille demandât Iphigénie en mariage, s’il ne l’avait point aimée. […] Quand vous les voyez seuls soupirer après le moment de leur Mariage, quand vous entendez tout ce qu’ils se disent pour se témoigner leur ardente passion, quel effet pensez-vous que cela fasse dans l’esprit des Spectateurs ? […] Vous voyez bien que quand on ne traite point d’un mariage, on n’a pas besoin d’introduire les femmes sur le Théâtre.
C’est apparemment pour rentrer dans son bien qu’il fait ce mariage, ou pour le plaisir de s’approprier des enfans qu’on lui dispute, ou pour avoir la permission de voir la Princesse tous les jours, car le premier bail n’étoit que pour trois fois la semaine. […] En voici quelques-unes : Sais-tu, ma fille, ce que c’est que le mariage ?
Il étoit aisé à Euripide de faire paroître Hippolyte coupable, en le dépeignant comme un orgueilleux qui s’étoit déclaré l’ennemi, non-seulement de l’Amour mais du Mariage.
Le Mariage de Cambyse. […] Le Mariage de Bacchus. […] Le Mariage d’Alexandre. […] Le Mariage forcé. […] Nous vismes aussi arriuer à Paris vne Troupe de Comediens Espagnols la premiere année du Mariage du Roy.
Les longues queues sont rares, elles ne subsistent qu’au Palais, dans le haut Clergé, dans les grandes cérémonies, processions, funérailles, entrées, mariages, couronnement des Princes, où elles jouent un long rôle, dans les écussons, où l’on voit une foule de queues de toute espece, & sur le théatre dont elles sont une décoration. […] Ils appellent ainsi la robe que portoit Thamar, fille de David, lorsqu’elle fut violée par Amon, & que le livre des Rois déclare être la robe que portoient les filles des Rois avant leur mariage : Vestis Talaris .
Le spectacle dont on fait la description fut donné à l’occasion du mariage de l’Infante Marie-Therese avec Louis XIV, où l’on eût vû en France un monde infini. […] On l’a tellement pris, que dans les fêtes données à Vienne pour la fête du mariage du Roi des Romains, l’Impératrice a fait représenter plusieurs comédies par les Archiduchesses ses filles ; ce que ni Charles V, ni Charles VI, ni les Ferdinands, ni les Maximiliens n’avoient jamais eu la pensée de faire.
Il est vrai qu’on met dans la plupart une sorte d’adoucissement, en terminant l’intrigue par un mariage : foible palliatif, ces amours, qu’on appelle honnêtes, ne sont pas moins que les autres de mauvais exemple ; ils sont traités sur la scène sans bienséance, & en dépit des engagemens des parens & de la volonté des tuteurs ; c’est le pivot sur lequel tournent toutes les intrigues. […] Pour y réussir, on trompe le père de la fille, on lui fait signer un contrat de mariage, lui laissant croire que c’est un papier de procédure.
Et pour ce qui regarde l’amour, un des plus malicieux artifices du démon, est de faire représenter ce qui se passe dans le commerce d’une passion illégitime, sous le prétexte d’un mariage espéré, afin que les compliments étudiés qui se font, les messages, les Lettres pleines de douceurs et de tendresses qui s’écrivent, soient moins suspectes à des âmes simples et sans expérience. […] On voit que Dom Juan ne veut se lier nulle part, il se moque du mariage ; il prétend passer sa vie à dresser continuellement des pièges à l’innocence des filles qui lui plaisent, les cajoler, et en abuser.
On y parle de tout, repas, sommeil, toilette, parure, visite, commerce, mariage, étude ; la religion seule y est proscrite. […] « Il fut joué à Londres devant Cromveln, une comédie intitulée le Mariage du Pape, où l’on disait que le Pape ayant voulu épouser Dona Olimpia, et elle le refusant, le trouvant trop laid, il lui donna une clef.
L’épouse du Cantique le dit innocemment à son mari, dont le mariage rend les plaisirs légitimes : Dabo tibi ubera mea. […] Il étoit si puissant & si accrédité qu’Octave, depuis Auguste, fut obligé de s’unit à lui, & de partager avec lui l’Empire du monde, & de lui donner sa fille en mariage. […] Un consentement formel au péché, un acquiescement sans reserve aux propositions bonteuses de l’infame Eunuque Vagao Ministre des débauches, d’Holopherne, à qui sans hésiter elle répond qu’elle est prête à tout ; le scandale donné à toute l’armée, qui ne peut douter de son crime, puisqu’elle s’enferme seule dans sa tente, & passe la nuit avec lui, livrée à ses desirs & à ses attentats (heureusement il étoit plongé dans le sommeil, sans quoi elle étoit perdue, elle emprofite pour lui couper la tête) : l’hypocrisie d’une femme, qui pour ne pas se souiller, dit qu’elle ne veut toucher à rien de ce qu’on sert sur la table du Général, & porte avec elle, pour se nourrit, du pain, du fromage & des figues seiches, & va le matin faire dévotement sa priere ; tout cela est inexcusable dans le Christianisme, & l’étoit dans la Loi de Moyse, qui jamais ne permit le mensonge, le scandale, l’impureté, même le mariage avec les Payens & les incirconcis.
Si Corneille eût pris cette liberté dans le Cid, le mariage de Chimène s’accomplirait aux yeux des Spectateurs, qui n’auraient plus rien à désirer.
Si cela se pratiquait aujourd’hui, il y aurait encore plus de mariages rompus qu’il n’y en a, quoique ce soit souvent pour de moindres raisons ?
N on, mon adorable Adelaïde, ne venez pas seule ; ce mariage, les embarras qui l’accompagnent, les affaires de monsieur Des Tianges, rendent votre présence nécessaire à ce cher époux.
Le mariage dont je t’ai parlé se diffère : on attend de Niort une Tante de mademoiselle De Liane, qui doit faire un présent considérable à sa Nièce : les jeunes Amans sont bien moins sensibles que moi à ce retard ! […] On pourrait composer des Pièces d’un genre particulier, qui seront appelées Comédies pour mariage ; dans lesquelles il sera permis de rendre le langage beaucoup plus tendre que dans les autres ; la parastase * en serait aussi plus libre ; parce qu’elles ne pourront être exécutées, que par les jeunes Acteurs & Actrices destinés à s’unir ensemble, la veille de leur mariage. […] Cependant, comme il est peu de règles qui ne puissent avoir une exception utile, celle-ci en souffrira, pour les Actrices-citoyennes dont les talens seront supérieurs : elles pourront jouer après leur mariage, mais rarement, seulement dans les Rôles de femmes mariées absolument serieux*, & dans les Pièces nouvelles. […] v de ce Titre, sera d’un genre particulier : le saint nœud du mariage, acquerra, par ce moyen, un nouveau degré de splendeur & de solennité : les applaudissemens que recevront les jeunes Amans, augmenteront, aux yeux, de l’époux le prix de sa compagne, & justifieront à celle-ci la beauté de son choix. […] On devrait persuader de cette vérité, quelques honnêtes-gens, que la médiocrité de leur fortune éloigne du mariage.
Son libertinage qui l’avoir livrée à toute sorte d’amans, malgré ses deux mariages, fut un peu modéré par la crainte de la jalousie de l’Empereur, qui ne l’auroit pas épargnée, aussi faisoit-elle la prude avec lui, se réfusant quelquefois à ses desirs, alléguant la sainteté de son mariage, & dans la vérité pour mieux irriter sa passion, par dès refus étudiés ; mais elle se dédommageoit en le portant à toutes sortes de débauches ; elle en fut la victime dans un de ces momens de brutalité qui étoient ordinaires, à ce Prince Néron piqué de quelque raillerie qu’elle lui avoit faite, sur son adresse à conduire un char, lui donna un si grand coup de pied, quoiqu’elle fût enceinte, qu’elle en périt avec son fruit.
Un édit d’Orangzeb les obligea de choisir le mariage ou l’exil. […] Ce n’est ni la robe, ni l’épée, ni le commerce, ni la littérature, ni un art mécanique ; ce n’est ni mariage, ni domesticité, ni autorité, ni dépendance ; cet état, inconnu à tous les peuples & à tous les siecles, consiste à n’avoir aucun état, à ne servir de rien, à n’être rien dans la société.
.° dans l’état légal et stable des charges publiques, des mariages et des successions, 2.° dans leurs liaisons passagères avec la société, leur décoration, leur habitation, leurs honneurs, leurs amitiés, etc. […] Nous avons vu dans le chapitre précédent les effets de cette infamie sur les successions, les mariages et les charges publiques ; nous allons dans celui-ci parcourir les autres branches de cet arbre funeste qui les couvre de son ombre, tandis qu’ils habitent le terrain maudit où la main de la sagesse et de la décence l’ont planté.
ce que dit un célèbre Poète Anglais dans la Préface d’une de ses Pièces, peut servir d’èxcuse à l’Auteur Français : « J’ai copié la Nature en rendant les jeunes garçons amoureux avant le mariage, & les jeunes filles fécondes & complaisantes.
J’aurais pu, en multipliant les citations, ne pas me borner à Louis XIV dont, quoique vous en disiez, la danse ne fut pas le plus grand péché ; une foule de traits auraient prouvé que ce prince n’était pas le seul qui eût du goût pour cet exercice : on sait que le duc de Chartres, depuis Régent, s’attira l’admiration de toute la cour par un menuet et une sarabande qu’il dansa au mariage du duc de Bourgogne, où celui-ci se distingua lui-même en dansant une courante.
Dans l’Œdipe du même Auteur, Philoctète, parent de Laïus, lié encore à sa famille & à Jocaste, par les nœuds de l’amitié, ignore la mort de Laïus, la victoire d’Œdipe sur le Sphinx, le mariage du Vainqueur avec Jocaste, & le Trône de Thebes perdu pour sa propre maison.
Les portraits des amitiez communes n’y réjouïroient point non plus ; & rien ne paroîtroit plus froid sur le théâtre, que l’image d’un mariage Chrétien, dégagé de passions de part & d’autre.
d'un fils de l'Empereur Claude les Préteurs en firent autant ; et Philippe de Macédoine au mariage de sa fille Cléopâtre mêla les Jeux de Musique aux Sacrifices.
Pour favoriser la population des Nains, ce Prince si grand & si petit qui a joué tant de rôles sur la scène du monde, fit en 1710 une fête solennelle sans exemple dans l’histoire, ayant eu la fantaisie de voir un mariage de Nains, il en assembla soixante-douze pour la cérémonie, qu’il fixa au 24 novembre : la veille, deux Nains de taille égale, richement vêtus, se mirent dans une petite voiture à trois roues, tirée par un petit cheval orné de rubans de différentes couleurs, & allèrent précédés de deux Maréchaux Nains, montés sur de très-petits chevaux, inviter ceux que l’Empereur vouloit admettre à la nôce ; le lendemain tous les Nains étant assemblés, la procession défila vers l’Église de la Forteresse où le mariage devoit être béni par le plus petit Papa (Prêtre Grec) qu’on avoit pu trouver dans l’Empire : un Maréchal Nain portant un bâton orné de rubans, ouvrit la marche, il précédoit le fiancé & la fiancée qui marchoient devant l’Empereur, les Ministres, les Knées, les Bojards, les Officiers & les autres personnes de la Cour ; les soixante-dix Nains restans venoient ensuite, ayant un Nain à leur tête, & marchant deux à deux ; la procession étoit suivie d’une foule immense, contenue par les Soldats de la garde.