Car quoique rien ne puisse corrompre ce que la Nature a fait naître pour notre usage, et que les présents de Dieu soient inviolables, nous nous abstenons néanmoins de ces oblations profanes, de peur qu’on ne croie, ou que nous cédions aux démons à qui elles sont présentées, ou que nous ayons honte de notre religion.
Comment approuver ces sentiments dont la nature corrompue est si délicieusement et si dangereusement flattée, et qui sont animés d’une musique enchanteresse qui ne respire que la mollesse et la volupté ? […] Abstractivement et spéculativement prise, ou comme sont les acteurs dans les colléges, non, elle n’est pas absolument mauvaise ; prise positivement, pratiquement dans l’état actuel de nos mœurs corrompues, dans l’état actuel des théâtres en Europe et avec toutes les circonstances qui en sont devenues inséparables et sans lesquelles cette profession n’existe pas ; oui, elle est mauvaise, très-mauvaise, immensément mauvaise. […] Il est une vérité incontestée et incontestable, c’est que quand la foi diminue chez un peuple, ses mœurs se corrompent à proportion : on ne pratique sincèrement que ce que l’on croit fermement, et on ne pratique plus dès qu’on ne croit plus.
Un pareil dessein, s’il était exécuté, mettrait le comble au mal ; puisqu’un Peuple corrompu, au lieu des amusemens où les passions sont quelquefois chatouillées, excitées, réveillées, chercherait des divertissemens où il pût les assouvir. […] Or on ne peut y parvenir qu’en se donnant des Acteurs qui soient pour le Public des objets chéris, que lui-même aurait horreur de corrompre, dont l’innocence & la candeur répandront un vernis d’honnêteté sur un exercice que les mœurs des Histrions ont deshonoré, & que l’air de licence qu’on respire sur les Théâtres actuels n’a que trop souvent rendu funeste. […] Ne peuvent-elles pas amollit nos Guerriers, séduire nos Magistrats, corrompre tous les Spectateurs ?
On ne discutera pas si dans un siecle aussi corrompu que le nôtre, il seroit possible d’exécuter ce projet dans toute la régularité proposée par l’Auteur. […] Il est étonnant que dans un siecle aussi corrompu que le nôtre, il y ait eu un témoignage aussi imposant contre nos Théatres. […] On dira peut-être que le Théatre François est moins grossiérement corrompu que celui des Anglois. […] Corrumpere & corrumpi ; corrompre & être corrompu, disoit Tacite, voilà ce qu’on appelle le train du siecle. […] « Je ne souhaite pas, dit-il, qu’on perfectionne les Spectacles, où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer.
Solon, ce célebre Législateur d’Athenes, s’opposa à l’établissement des spectacles, en disant que si on les toléroit, on les verroit bientôt contredire les loix & corrompre les mœurs ; & Plutarque attribue la corruption & la perte de cette république à sa fureur pour les spectacles. […] conviennent que le premier l’emporte sur le dernier pour le danger, & le trouvent plus propre à corrompre le cœur.
apparemment pour plaire à une secte qui corrompt tout ce qu’elle touche. […] C’est donc aux magistrats intègres, c’est aux défenseurs courageux de nos libertés gallicanes, à apprécier l’action du sentiment religieux dans l’ordre social, et, lorsqu’il y a lieu, de savoir résister à l’influence anarchique du fanatisme, qui tend continuellement à corrompre la morale politique, la morale particulière et la morale chrétienne, en y substituant la morale pernicieuse des intérêts que les jésuites sont parvenus à introduire dans toutes les classes de la société.
N’oublions pas de faire observer que ni Plaute ni Térence, ni Aristophane même ne fournissent aucun exemple de femme mariée que l’on corrompe. […] Au regard des bonnes mœurs, Eschyle est sur cela d’une attention qui tient du scrupule : il comprenait qu’on ne saurait rendre un plus mauvais service à l’Etat que de corrompre les hommes ; et que la ruine publique a le plus souvent sa racine dans la dissolution des peuples. […] Mais supposé, reprend Eschyle, que vous eussiez corrompu votre siècle ; et que d’une nation vertueuse et pleine de courage vous en eussiez fait une république de lâches et de voluptueux : que mériteriez-vous en ce cas ? […] Où les mœurs sont corrompues, là le langage est dissolu…. […] Enfin, si c’est un mérite que d’infecter l’esprit et de corrompre le cœur, que d’apporter dans les familles la honte, les maladies, l’indigence ; je conviens que les Poèmes de nos Auteurs sont au-dessus de tous les éloges : mais s’il n’en est pas ainsi, il me semble qu’on devrait traiter ces ouvrages tout autrement qu’on ne fait.
Cette réforme rendit les Histrions plus circonspects, elle introduisit insensiblement la Religion sur le théâtre ; les Confreres de la Passion au commencement du XV. siécle succéderent aux Troubadours : mais des piéces qui ne rouloient que sur des mystéres, étant peu propres au divertissement du peuple, ils ajouterent aux représentations des farces licentieuses assorties au gout corrompu du tems.
F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés.
n’avons-nous pas assez d’autres exercices licites, et usités dans l’Eglise, qui ne répugnent point à la sainteté des jours qui sont destinés à la prière et à la piété, pour témoigner notre joie, s’il arrivait qu’on ne pût pas différer cette réjouissance en autre temps ; sans avoir recours à des usages qui favorisent la nature corrompue, et qui nourrissent l’esprit du siècle ?
L’autorité séculière se doit à elle-même ces exemples de justice : ils sont absolument nécessaires pour restreindre l’ambition, la cupidité et le fanatisme de certains ecclésiastiques, dont les entreprises causeraient du trouble dans l’état, et corrompraient la pureté de notre sainte religion.
Il n’y jouoit que les enfans des Seigneurs ; on n’avoit garde d’avilir ce divertissement, en le livrant à des troupes ramassées au hasard dans la lie du peuple, où les agrémens de la figure & les vices sont le seul mérite & le seul titre, c’est-à-dire, ce qui est le plus propre à séduire & à corrompre. […] Ce sont des Harpies obscenes qui corrompent & infectent les cœurs, & qui toujours affamées, dévorent les biens des hommes, qu’elles rendent enfin misérables. […] Il en résulte encore que le danger est extrême, parce qu’un penchant naturel & violent dans la jeunesse se joint à la facilité de se satisfaire par la dépravation des femmes dont un grand nombre corrompu, non-seulement se rend sans peine, mais tend des pieges à dessein, agace, poursuit, fait tomber dans le crime, & s’en fait gloire. […] A en juger par notre bel esprit, nos drames ont plus d’attraits, souvent des tirades indécentes, impies, scandaleuses, quelquefois la piece entiere, des maximes hardies qui attaquent le Trône & l’Autel ; des termes licentieux, équivoques, qui corrompent les mœurs, mais que la dépravation du siecle applaudit.
Tout cela blesse les bonnes mœurs, détruit l’esprit de générosité & de bienfaisance, en faisant voir l’inutilité des bienfaits les plus multipliés, & le risque inévitable de l’ingratitude, par une passion qui corrompt tous les cœurs & y éteint tous les sentimens. […] Vous savez, mon Dieu, que je n’ai jamais désiré de mari (& toutes en sont folles), que j’ai toûjours conservé mon cœur pur de tout désir corrompu (& toutes en sont remplies) ; je ne me suis jamais livrée aux jeux & aux divertissemens (elles ne font autre chose), & je n’ai jamais eu de commerce avec ces hommes frivoles qui se conduisent avec légèreté (elles n’en voient point d’autres). […] Sans doute il va gagner sa maîtresse par des caresses & des fêtes, corrompre ses domestiques par des promesses & des présens, faire agir des amis par des sollicitations, employer des hommes d’intrigue, tromper les parens, se déguiser, cacher sa marche, &c.
Cet Auteur met encore cette différence entre les autres crimes et la Comédie ; que les premiers n’attaquent chacun qu’un de nos sens à la fois ; les pensées déshonnêtes par exemple ne souillent que l’esprit ; les regards impudiques ne se commettent que par les yeux ; les mauvaises paroles ne sont reçues que par les oreilles ; et lorsque l’un de ces sens est souillé et corrompu par le crime qui lui est propre, les autres en sont cependant exempts. Mais il n’en est pas de même de la Comédie, car elle attaque et elle corrompt en même-temps et l’âme, et tous les sens. Elle corrompt, dis-je, l’âme par les mauvaises pensées ; le cœur par les mauvais désirs ; les oreilles par les paroles déshonnêtes et équivoques, et les yeux par les regards lascifs et licencieux.
« Il est bien difficile, dit-il, que par des fables ou des opinions incertaines, le Poète ne corrompe une histoire pour laquelle on doit avoir un respect singulier. […] C’est un faux monnayeur qui toujours la déguise, l’altère, la profane ; peut-elle venir pure par un canal si corrompu ? […] Mais dans le même temps il donne les plus pernicieux conseils, de faire promener dans le camp d’Israël des femmes Madianites, pour corrompre le peuples.
C’est là que les jeunes gens trouvent les scélérats qui les corrompent, que les filles se font les amants qui les séduisent, les femmes mariées voient les libertins qui portent le désordre dans les familles. […] Rousseau, dans son ouvrage sur le théâtre, convient aussi qu’il a trouvé un Comédien honnête homme, que son métier n’avait point corrompu : « Rara avis in terris alboque simillima corvo ». […] Louis, dit du Tillet, chassa de son royaume les Farceurs et Comédiens, comme une peste publique, capable de corrompre les mœurs de tous ses sujets. » Dupleix et Mézeray, qui le copie, disent sur Philippe-Auguste : « Ce Prince signala sa piété par l’expulsion des Comédiens, qu’il chassa de sa Cour, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes, flatter les voluptés, et remplir les esprits oiseux de chimères qui les gâtent, et à causer dans les cœurs des mouvements déréglés, que la religion et la sagesse nous recommandent si fort d’étouffer.
D’autres soutiennent au contraire que la comédie d’aujourd’hui, tout épurée qu’elle est des infamies de l’ancienne, est encore une école très dangereuse, et que ce qu’on y voit et ce qu’on y entend ne peut que corrompre les mœurs ; et effectivement on y voit et on y entend tout ce qui peut fasciner les yeux, tout ce qui peut charmer les oreilles, tout ce qui peut séduire le cœur.
Les révolutions que la Comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des Peuples & dans la forme des Gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des Chefs, étant l’objet principal de l’envie, & de la censure dans un Etat démocratique, le Peuple d’Athènes, toujours inquiet & mécontent, devait se plaire à voir exposer sur la Scène, non-seulement les vices des Particuliers, mais l’intérieur du Gouvernement ; les prévarications des Magistrats, les fautes des Généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre & séduire. […] Molière met en opposition les mœurs corrompues, & la probité farouche du Misanthrope entre ces deux excès, paraît la modération du sage, qui haît le vice, & qui ne haît pas les hommes.
Là les jeunes gens se corrompent, les filles se familiarisent avec l’amour profane, dont ils entendent si agréablement parler. […] Il rapporte en détail leurs artifices, il leur défend de dire des paroles bouffonnes et malhonnêtes pour attirer le peuple, et corrompre les jeunes gens qui les entendent.
Cette jeunesse si brillante, si pleine d’avenir, l’espoir de son pays, si vos théâtres la corrompent, n’êtes-vous pas responsables de ses erreurs ? […] Si le sentiment règle toujours le goût et soumet généralement l’esprit à ses affections, qui peut assurer que les obscénités que l’on souffre aujourd’hui au théâtre, en se gravant dans la mémoire, ne finissent pas par corrompre la société ?
Le son des voix et des instruments enflamme les désirs, ôte à l’esprit toute sa force, corrompt les bonnes mœurs, excite impétueusement les affections indécentes.
» Lorsque Polydore médite les moyens de corrompre Monimie,P. 31. […] Mais il ne songe pas qu’il encourt la peine attachée à quiconque corrompt les Prières Publiques. […] que l’Idole d’un cœur corrompu aille de pair avec le Tout-puissant ? […] Je suis obligé de taire un article de sa confession, dont le but est d’imputer aux saintes Lettres une saleté : comme le Texte ne peut s’ajuster au Commentaire obscène de Rasor, il en corrompt les paroles ; de sorte néanmoins qu’on y reconnaît encore le sceau de l’Écriture.
N’est-il pas évident qu’en butte à tous les préjugés, victimes de toutes les passions, elle s’abandonnera sans scrupule et sans crainte à toute la perversité d’une nature corrompue, et que bientôt replongée dans les ténèbres de l’ancienne barbarie, elle ne présentera plus que l’aspect d’une véritable horde de sauvages, dont nous aurons tout à redouter. […] S’ils sont devenus funestes par le genre de relâchement qui s’y est introduit, corrigeons-les, ramenons-les tous au but véritable de leur institution, qui ne peut être celui de corrompre, mais seulement, comme je l’ai déjà dit, de corriger et d’instruire en amusant. […] Rien donc ne s’oppose à ce qu’on arrête ce débordement affreux, qui, de toutes parts, corrompt et le goût et les mœurs. […] Dès qu’il n’a plus d’ennemis à combattre au dehors, corrompu et amolli par les délices de l’oisiveté, il est dévoré par une guerre intestine que lui livrent ses passions. C’est un ruisseau dont les eaux toujours claires et limpides roulent, sans être altérées, à travers la pente d’un rocher sourcilleux, mais se corrompent aisément dans la plaine, en s’arrêtant sur la molle épaisseur du gazon.
Dès lors, ils ne le regardèrent plus que comme une école de dépravation, propre plutôt à corrompre les mœurs qu’a les former.
Par là, il désarma l’autorité des Magistrats, qui ne pouvaient toucher aux temples : objet dans toutes les religions réservé aux seuls Prêtres, et ce n’est peut-être pas une fausse conjecture de dire qu’en punition de cet ouvrage, qui ouvrant une source empoisonnée de toute sorte de débauche, acheva de corrompre les Romains, cet homme si puissant, si célèbre, si grand dans la république, qui en était le soutien et l’oracle, fut vaincu par César, et mourut misérablement en Egypte, où il allait chercher un asile.
Je suis même d’accord qu’on a épuré le Theâtre de toutes les obscenitez, qui vont à corrompre les mœurs, que l’on a soin dans les bals & dans les danses, que l’immodestie, & les libertez scandaleuses en soient bannies ; que les paroles, les gestes, les actions ne blessent point ouvertement la bienseance & la pudeur, quoyque je ne tombe pas d’accord que toutes ces regles y soient toûjours si exactement observées. […] Ce qui fait que l’employ de ceux qui les representent, a toûjours été flétri de quelque marque d’infamie par toutes les loys, comme n’étant propre qu’à corrompre les mœurs. […] ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur cœur ne s’y corrompe par le plaisir même qu’ils ont à le voir ?
La scene n’est pas faite pour réformer les mœurs, mais pour les corrompre. […] Toute sa plaisanterie consiste dans les naïvetés d’un paysan, méssager de l’amant, qui découvre le secret de l’intrigue au mari même, sans le connoître, comme dans l’École des Femmes le galant se décelle au jaloux, qu’il ne connoît pas, & dans des grossieretés du mari, de sa femme, des domestiques, dont on ne riroit qu’à la Place Maubert, si la Place Maubert étoit la seule corrompue. […] Le théatre n’inspire que des intentions corrompues : ambition, cupidité dans les parens, pour qui toutes les vertus sont dans le coffre fort, j’ai cent mille vertus en louis bien comptés, ou qui trouve tout le mérite dans de vieux titres de noblesse, sans penser que c’est être un sot d’épouser son maître : légèreté, débauche, intrigue, passion, dans les jeunes gens ; on s’en va au bal, à la comédie, à la promenade, enchanté des graces, du son de la voix, des beaux yeux, de la danse, &c.
On pourroit impunément les heures entieres avoir l’esprit & le cœur attaché à des intrigues amoureuses, toujours souillé par des images, ému par les sentimens les plus vifs, l’imagination toujours remplie de beauté, de plaisir, d’obstacles, de succès, l’oreille frappée de discours galans, & de sons tendres & harmonieux, toute l’ame occupée de situations attendrissantes & délicieuses, & au milieu de tous ces pieges, les objets les plus immodestes continuellement sous les yeux, sans être séduit par l’erreur, & entraîné par la passion, sans apprendre à cette école à mépriser, à braver la pudeur qui retient, la loi qui défend, le remords qui trouble, le péché qui effraie, en entendant cent fois dire & redire, chanter avec grace, débiter avec assurance, déclamer avec feu, exécuter avec goût cette morale anti-chrétienne, si conforme à la nature, canonisée dans le monde, si agréable à un cœur corrompu, qui fait du crime un mérite, de la résistance un ridicule, de la volupté un besoin, de la passion une nécessité ! […] Si la licence des discours corrompt les bonnes mœurs, combien plus les corrompt la licence des nudités !
Rien, dit-il, n’est plus capable de corrompre les mœurs que le théatre ; ô qu’il m’a été funeste ! […] c’est l’idée, la connoissance du vice qu’elles donnent aux ames les plus innocentes ; la familiarité, le goût pour le vice, qu’elles inspirent aux ames les plus pures ; le penchant, le mouvement pour le vice, qu’elles inspirent dans les plus indifférentes ; la facilité, les occasions de le commettre, qu’elles présentent aux plus modestes, aux plus éloignées ; l’accroissement, le rafinement, l’ivresse aux ames déjà corrompues. […] vous verrez ces femmes, & votre cœur sera corrompu, vous serez comme un Pilote endormi qui en pleine mer a perdu le gouvernail : Amisso clavo in medio mari.
Cependant qui ignore que c’étoit le peuple le plus corrompu en tout genre, jusqu’à faire rougir la nature ? […] Mais s’il corrompt si rapidement un étranger qui ne fait que passer, quel affreux ravage fait-il dans le citoyen qui y passe sa vie ? […] Ce sont plutôt les vices des Grands qui corrompent le peuple.
Je suis même d’accord qu’on a épuré le Theâtre de toutes les obscenitez, qui vont à corrompre les mœurs, que l’on a soin dans les bals & dans les danses, que l’immodestie, & les libertez scandaleuses en soient bannies ; que les paroles, les gestes, les actions ne blessent point ouvertement la bienseance & la pudeur, quoique je ne tombe pas d’accord que toutes ces regles y soient toûjours si exactement observées. […] Ce qui fait que l’employ de ceux qui les representent, a toûjours été flétri de quelque marque d’infamie par toutes les loys, comme n’étant propre qu’a corrompre les mœurs. […] ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur cœur ne s’y corrompe par le plaisir même qu’ils ont a le voir ?
Ne maltraitez pas vos épouses, ne corrompez pas vos enfans, n’introduisez pas dans vos maisons la peste du théatre. […] Ces voluptés insensées animent les peuples, corrompent les honnêtes femmes, en les mêlant avec les Actrices, & ruinent une infinité de familles.
Par ces Ouvrages la Musique devenue la maîtresse de la Poësie, dont elle devroit être l’esclave, après avoir corrompu le Théâtre, est entrée hardiment dans nos Temples, & là, sous le manteau de la Religion, Signorregia, regne en Souveraine. […] Voilà ce que des Italiens éclairés ont pensé de cette Musique qui a corrompu la nôtre : mais nous voulons toujours admirer ce qui nous vient des Etrangers, bonté qu’ils n’ont pas pour nous.
Les Censeurs s’étaient constamment opposés à ces constructions ; mais les mœurs commençaient déjà si fort à se corrompre, que ces deux Censeurs les favorisèrent, et qu’il fallut toute la sagesse et le crédit de Scipion pour engager le Sénat à s’y opposer : « Præcipitantibus moribus, extruxerunt ipsi Censores. » Pompée après ses victoires était trop puissant pour trouver le même obstacle ; il bâtit un superbe théâtre de pierre. […] Malgré son autorité, Pompée fut fort blâmé, et peut-être aurait-il tôt ou tard reçu quelque affront ; mais, comme nous l’avons dit, il s’avisa d’y bâtir un temple à Vénus et de le lui consacrer : « Pompeium à majoribus incusatum quòd mansuram theatri sedem posuisset. » Cette innovation de Pompée paraît à Tacite l’époque de l’entière dépravation des mœurs, par le goût et l’habitude du théâtre qu’elle inspira, l’occasion et la facilité qu’elle donna de rassembler et d’étaler au public tout ce qui était le plus propre à le corrompre : « Abolitos paulatim patrios mores funditus everti per accitam lasciviam, ut quodcumque corrumpi, et corrumpere queat, in urbe videatur degeneretque juventus gymnasia, et otia et turpes mores exercendo. » Je ne sais pourquoi on n’a pas craint dans plusieurs collèges d’imiter cette innovation de Pompée, en y construisant des théâtres à demeure, comme si ce n’était pas assez d’en élever dans l’occasion, quand on voulait donner quelque pièce.
Or considérons l’origine de ce débordement de mœurs, et nous en verrons une des principales sources dans ces Assemblées séduisantes où tout se réunit pour corrompre le cœur, et jeter un ridicule sur tout ce qui tend à en modérer les passions. […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ».
Ceux qui entretiennent l'oisiveté, et la mollesse, qui excitent les passions, et corrompent les bonnes mœurs.
Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre.
Ceux mêmes qui s’y trouveroient se tiendroient en quelque façon sur leurs gardes, et par là s’empêcheroient peut-être de s’y corrompre.
Un mépris inutile & indécent de la Philosophie & de la Thêologie de l’Ecole, & un goût décidé pour les Philosophes Anglois & leurs systêmes ; des déclamations outrées contre le fanatisme, l’enthousiasme, c’est-à-dire, la piété & le zele de la Religion ; l’affectation de la profession déclarée de ne jamais parler des Mysteres & de la Religion revêlée, tout attribuer à la raison & à la nature, sans aucune mention de l’Evangile, de la Grace & de la fin surnaturelle : c’est un vrai Pélagianisme qui fait honneur de toutes les vertus au libre arbitre, sans reconnoître que la nature corrompue par le péché originel est incapable de pratiquer & de connoître cette perfection, sans la grace intérieure. […] Parmi les Maisons souveraines, dit-il, celle de Médicis à Florence est une de celles qui ont plus mérité du genre humain (si par mériter on entend corrompre les mœurs) : il faut pourtant en oublier les femmes (la plupart en effet étoient dans le goût de leurs maris) ; & parmi ces femmes, notre Catherine & notre Marie, l’une par sa méchanceté, & l’autre par sa foiblesse & son incurie, &c. […] Quelle ville est plus corrompue que Londres ? […] Erreur, la plupart des pieces en sont voir les douceurs & non les excès, & dans les excès même les graces de l’actrice qui les représente, les sentimens qu’elle éprouve, le langage qu’elle tient, ont déjà corrompu le cœur avant que l’excès arrive.
Il y a une très grande différence entre ce qui est corrompu, et ce qui est pur et sain ; parce qu’il y en a une très grande entre l’auteur et le corrupteur. […] Ce qui nous gâte sont les choses gâtées et corrompues. […] Quoique cette sorte de spectacle ait passé de l’honneur des morts à l’honneur des vivants, je veux dire, à celui des questeurs, des magistrats, des pontifes et des prêtres, il faut avouer, que si ces dignités ont du rapport à l’idolâtrie, comme elles y en ont effectivement, tout ce qui se pratique au nom de ces dignités, doit être souillé et corrompu, puisque la source en est gâtée. […] Il est difficile que le cœur soit bien net, lorsque l’entrée en est corrompue.
C’est une sorte de phénomene que dans un siecle aussi corrompu, un Ouvrage de cette nature soit aujourd’hui [en 1777] à la sixieme édition. […] Ce qu’il y a de plus pur se corrompt par leur jeu, & devient nuisible. […] Il disoit que si on les toléroit, on les verroit bientôt contredire les Loix, & corrompre les mœurs ; conjecture qui n’eut que trop son effet par la suite. […] Car, comme une Ville entiere se laisse corrompre par les dissolutions & les vices de ses Chefs & de ses Juges ; de même elle est corrigée & réformée par leur régularité. […] Sa religion se laissoit rarement surprendre, & jamais corrompre.
Quelques-uns avoueront de bonne foi que tous les objets qu’on apperçoit dans un Spectacle, ne sont pas toujours fort décens ; c’est un sujet de tentation pour les jeunes gens & pour les personnes susceptibles ; mais nous sommes, disent-ils, d’un âge ou d’un tempéramment qui nous met à l’abri de la séduction : nous n’approuvons ni les maximes corrompues qui se débitent sur le Théâtre, ni les immodesties qui s’y produisent, c’est la compagnie qui nous entraîne, & nous avons pour nous autoriser plusieurs personnes qui vivent chrétiennement. […] Avec eux descendront dans l’abîme, les sages, selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les Philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’Ouvrage de la Création ; qui blasphément contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, & que le monde est venu par hazard, & s’en retournera de même.
Elle n'est donc que pour ces Chrétiens qui partagent en quelque façon l'Evangile, en reconnaissant ses mystères, parce qu'ils n'en sont pas incommodés ; et ne reconnaissant pas ses maximes (au moins dans la pratique) parce qu'elles condamnent leur vie et leur libertinage; comme ils veulent s'abandonner aux désirs de leur cœur, ils corrompent les plus solides vérités, ils cherchent à trouver innocent ce qu'ils ne veulent pas cesser de faire, ils obscurcissent leurs esprits par des ténèbres volontaires, pour suivre sans remords la coutume qu'ils ne veulent pas surmonter : et la peur qu'ils ont de découvrir des vérités qui les empêcheraient de pécher en repos, fait qu'ils demeurent dans des erreurs communes, sans vouloir examiner si ce sont en effet des erreurs. […] Quels effets peuvent produire ces expressions accompagnées d'une représentation réelle; que de corrompre l'imagination, de remplir la mémoire, et se répandre après dans l'entendement, dans la volonté, et ensuite dans les mœurs ?
Eusebius, Evêque de Césarée en Palestine, en l’une de ses œuvres de la foi des Evêques, reproche qu’il y en avait parmi eux, qui ressemblaient aux Comiques, qui avaient l’apparence belle, et le dedans corrompu des vices de l’arianismeh ; Le grand Saint Basile, Evêque de Césarée en Cappadoce, en son traité des gestes de l’Eglise, écrivant à Constantin second, le réprime de ce qu’il permet l’insolence des Histrions, et des Tragiques. […] Qu’il considère combien la Calomnie est préjudiciable à la réputation des hommes, et comme elle opprime la vertu des plus justes actions, que sa rigueur a troublé les plus grands des siècles passés, qu’elle a décoché ses traits contre les plus vertueux, qu’elle a été le fusil de la division des choses, qu’elle a ruiné l’harmonie de l’amitié des hommes, qu’elle a pris l’innocence à partie, qu’elle a essayé de corrompre toute la terre, bref qu’elle n’a rien exempté du joug de son pouvoir, puisque Dieu même a subi la force de sa tyrannie ; par le blasphème des Juifs, qui l’appelaient séducteur, corrupteur des lois, ennemi de l’Etat, un séditieux, un larron, et autres impiétés opposées diamétralement à l’éclat de ses belles vertus.
Benoît XIV le combat par le principe de l’Apôtre, les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs, et l’impossibilité morale d’y éviter le péché, par l’autorité du P. […] il censure les mœurs du Clergé, et c’est lui qui le corrompt.
3) que le texte de Suétone a été corrompu, et qu’au lieu de 400 Sénateurs, il faut lire 40, ce qui n’est encore que trop. […] Les Parlements, ni même les Cours inférieures, ne le souffriraient pas ; mais devrait-on souffrir qu’ils fréquentent assidûment le spectacle, qu’ils y perdent leur temps, l’esprit de leur état, les mœurs, la gravité, la décence, qu’ils y forment des liaisons et des intrigues, qui les déshonorent, avec des Actrices qui les corrompent ?
L’oisiveté énerve, le luxe ruine, les actrices corrompent, le libertinage dégrade. […] On a voulu lui répondre dans le mercure, par des lambeaux qu’on a donné successivement, & qui ne persuadent pas plus l’utilité de la Comédie que la sainteté des actrices, qu’il s’efforce galamment de canoniser, ni aux gens de bien qui les connoissent, ni aux libertins qu’elles corrompent. […] Que ce soit son cœur ou celui d’un autre, que l’actrice fasse parler, c’est toujours un cœur corrompu qui se déploie.
Cet excès de flatterie surprend dans un Ecrivain qui a de l’esprit, du goût, de la sincerité, de la sévérité, même dans le temps qu’il reconnoît ses défauts, & dans un homme qui avoit beaucoup moins de religion qu’un grand nombre d’autres qu’il poursuit dans tout son livre, non seulement avec zele, ce qui est très-louable, mais avec acharnement. ce qui ne l’est pas ; non-seulement Moliere n’a pas reformé les mœurs, mais il les a corrompues, plus que les nouveaux Philosophes, cet Ecrivain est un amateur du theatre, Auteur lui-même, qui s’entortille dans les éloges pour ne pas déplaire à ses amis, ni trahit tout-à-fait la vérité, & se déchaîne contre ses adversaires qui ne lui ont que trop donné prise, & l’ont cruellement offensé. […] On croit aujourd’hui l’amour une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut goûter de spectacle que cette passion criminelle n’anime toute l’action ; une jeune personne y voit, y entend tout ce qu’on trouve dans le monde le plus corrompu, & souvent davantage ; elle y voit le vice arrangé, combiné avec art, embelli des graces les plus séduisantes ; elle y voit justifier, applaudir, louer ce qu’on cache avec soin quand on succombe. […] On n’éprouve pas, dit-on ces tristes effets, c’est qu’on est tout corrompu, qu’on s’y plaît, qu’on s’y est habitué & familiarisé.
Que conclure donc, sinon que les femmes laissant moins échapper de marques de corruption sont en effet moins corrompues, que leur attachement à la Vertu prouve qu’elles sont plus raisonnables, et qu’étant plus raisonnables, il convient de les faire parler raison ? […] N’est-ce pas celle des hommes, de ces hommes plus capables que jamais de corrompre les « objets célestes », et de métamorphoser les modèles de vertu, en originaux vicieux et ridicules ? […] Cessons de nous occuper à corrompre les femmes, cessons de ne les trouver aimables que quand elles ont tous nos défauts, cessons d’aimer les broderies, les galons, les colifichets, les femmes renonceront aux pompons et aux fontanges.
Ils ne souffraient qu'à regret le théâtre dans leur ville ; mais ne pouvant l'abolir entièrement, ils avaient du moins défendu aux jeunes gens de s'y trouver, comme la chose la plus capable de corrompre les mœurs dans un âge si facile. […] Il faut que votre ville soit bien corrompue, si elle souffre de si grands désordres : « Simul ac consuevit male audire, remittit animum, nequitiam dixit, hæcne ut honesta patimini ? […] La seconde partie, où il prouve que le théâtre corrompt les mœurs, détruit la première, où il prétend qu'il peut lui être utile.
Car encore un coup, l’infamie est nécessairement attachée à un emploi qui ne sert qu’à corrompre les mœurs, et à éteindre la Religion. […] Ou parce que des Abbés, des Prêtres, des Evêques, s’il en faut croire le Théologien, jouent aux cartes et aux dés malgré toutes les lois Ecclésiastiques, faut- il abandonner tout un Peuple à des Spectacles où il ne peut que se corrompre et oublier ce qu’il doit à Dieu ? […] Qu’un homme quitte l’habit de Prêtre, ou de Religieux pour prendre celui d’un Bateleur ; et représenter, en mascarade un Saint qui est dans la gloire, cela n’est que ridicule ; mais que des âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ, destinées à la mortification et à la pénitence enfantent un attirail propre à corrompre les cœurs, et s’arment, pour ainsi dire, contre la Croix et l’Esprit de Jésus-Christ, c’est l’excès de l’abomination.
Concile de Milan1, exhorte vivement les Magistrats à chasser les Comédiens, comme gens perdus, qui ne sont faits que pour perdre les autres ; il ordonne aux Prédicateurs de son Diocèse de parler avec beaucoup de zéle contre les Spectacles qui sont les appas du démon, qui tirent leur origine des mœurs corrompues des Payens, & ne souillent que trop celles des Chrétiens en ce malheureux siécle.
dit qu'elle commençait toujours par l'honneur des Dieux, et que c'est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple ou un Sanctuaire et la procession qui se faisait dans Athènes aux Bacchanales pour sacrifier à Bacchus le Bouc dont on avait honoré le Poète vainqueur en la dispute de la Tragédie, était estimée si religieuse, que Plutarque se plaint de ce que la pompe orgueilleuse de son temps avait corrompu la simplicité de son origine ; Car il n'y avait au commencement qu'une cruche pleine de vin, et un cep de vigne au-devant du Bouc, suivi de celui qui portait une corbeille pleine de figues, avec quelques marques de l'impudence de cette superstition ; mais par le cours des années la pompe en était devenue si superbe, que sans s'arrêter aux vieilles cérémonies, on y voyait une infinité de gens masqués, grand nombre de vases d'or et d'argent, de riches habits et des chariots magnifiques, dans la croyance qu'ils honoraient ainsi plus dévotement que leurs aïeux cette Divinité chimérique : Et comme l'institution et la célébration de Jeux du Théâtre n'avait point d'autre fondement que la dévotion des Païens envers leurs Dieux, ils y ont presque toujours représenté leurs personnes, et les miracles qu'ils avaient faits.
Il doit aussi surveiller les autres autorités qui, se laissant corrompre ou intimider par l’esprit de parti, viendraient à tolérer ou à seconder les entreprises des prêtres malveillants et ambitieux, qui nuisent essentiellement à l’Etat et à la religion.
Je m’imagine qu’elle leur reprocherait que, d’une femme d’honneur, ils en ont fait une prostituée, qui n’est bonne qu’à amollir et à corrompre le cœur des hommes.
L’autre, habile professeur, voyant un jour presque déserte sa classe, toujours sort nombreuse, parce que ses écoliers étoient allés à la comédie, jetta ses livres de dépit, renonça à la chaire, & ne voulut plus enseigner une jeunesse assez corrompue pour préférer le théatre à ses leçons de jurisprudence. […] Cette source corrompue infecte toutes les plantes qu’elle arrose, & toute les terres où elle serpente. […] Il en est occupé, il en parle sans cesse, l’amour souille toutes ses pages, & ne peut que corrompre ses lecteurs. […] Le traducteur dans sa préface, dit que, quand Moliere donna ses comédies, la licence du théatre étoit si grande, que ce comique peu scrupuleux passa pour un homme fort réservé : mais qu’aujourd’hui, qu’il regne plus de politesse, Moliere auroit passé pour licencieux, & qu’on n’oseroit parler comme lui, quoique les mœurs ne soient pas moins corrompues.
Quant à la boisson, au jeu et au spectacle, outre qu’ils ont une influence pernicieuse et corrompent la jeunesse, il faudrait encore les éviter, n’eussent-ils d’autre défaut que de faire perdre beaucoup de temps, d’habituer les hommes à l’oisiveté et aux pensées frivoles, et d’allumer les passions, non seulement dans le moment même où l’on se livre à ces plaisirs funestes, mais longtemps encore après qu’on les a goûtés. […] Ils ont une forte tendance à corrompre et à vicier l’esprit par des plaisanteries immorales, ou en donnant des idées fausses sur l’amour, l’honneur et tout ce qui a rapport à la conduite de la vie.
De plus l’Ecriture recommande d’éviter avec soin les mauvais entretiens, même particuliers, à cause qu’il est facile de s’y laisser corrompre : 1. […] Et que le démon n’a suscités que pour corrompre la pureté des fidèles, sous le spécieux prétexte de les récréer, et pour renverser les véritables maximes de l’Evangile par des maximes contraires, qu’ils tâchent de rendre agréables par leurs bouffonneries et qu’ils font sucer comme le lait, aux gens du monde, dont le cœur est souvent déjà mal disposé ?
Si de pareils spectacles corrompent les mœurs d’un peuple, j’ai tort ; et il faut fermer tous les théâtres. […] Ce ne sont point les tours que joue le fils au père, qu’on veut faire passer pour honnêtes, ils ne sont que les suites et la punition de l’avarice : il fallait montrer à des avares, pour les corriger, ce que leur vice a de funeste pour eux-mêmes : il fallait qu’ils eussent à se reprocher les fautes mêmes de leurs enfants, dont leur conduite peut et doit corrompre le bon naturel.
Ils ont mérité de l’être, nos Spectacles étant propres à corrompre la foi & les bonnes mœurs. 3°.
Il est vrai le langage en est plus pur, plus étudié, plus chatié ; mais vous savez si ce langage en ternit moins l’esprit, s’il en corrompt moins le cœur, & s’il peut-être il ne vaudroit pas mieux entendre les adultéres d’un Jupiter, & des autres divinitez, dont les excés exprimez ouvertement & sans reserve, blessant les oreilles feroient moins d’impression sur l’ame.
Voilà pourquoi la morale du théâtre n’est qu’un amas de fausses opinions qui naissent de la concupiscence, et qui ne plaisent qu’autant qu’elles flattent les inclinations corrompues des spectateurs.
Si pourtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corrompre le cœur, il ne faudra l’insérer dans le Registre qu’après qu’on se sera assuré qu’elle est propre à corriger les mœurs, à inspirer une bonne morale, et à faire aimer la vertu ; ce qui doit être le premier objet de toutes les Pièces du nouveau Théâtre.
Mais si les lois s’étendent jusqu’à régler les appointements de chaque sujet en sorte que le Théâtre lui procure suffisamment de quoi vivre, c’est alors qu’elles pourront s’appesantir avec justice sur les gens de mauvaise vie attachés au spectacle comme sur les autres citoyens dont les mœurs sont corrompues. […] Mais, direz-vous, leur vertu ne sera qu’apparente : la crainte des châtiments, de l’infamie et de la pauvreté seront les motifs de leur bonne conduite ; au fond ils n’en auront pas le cœur moins corrompu. […] On avait donc raison de proscrire le Théâtre : les législateurs voulaient inspirer de l’horreur pour l’image des mauvaises mœurs ; elle était si nue cette image, qu’il n’est pas concevable comment le Sénat n’eut pas l’autorité de l’effacer tout à fait : mais le goût effréné d’une Populace corrompue lui interdisait sans doute cette entreprise. […] Un talent n’exclut pas plus la probité du cœur de celui qui l’exerce, s’il est honnête homme, qu’il n’y porte la Vertu, s’il est un homme corrompu : prétendre qu’il influe, en bien ou en mal, sur les mœurs de quelqu’un, c’est une absurdité ridicule et vous allez le voir ; il faut avant vous laisser tout dire : « Qu’est-ce que la profession du Comédien ?
Une morale corrompue sur la pureté a rendu ses personnages intéressans, comme on fait toujours. […] Bientôt comme nous vous serez citez au tribunal de Dieu ; pulvis es & in pulverem reverteris : Soyez toujours prêts, vous ne savez ni l’heure ni le jour, & loin de vous préparer à ce terrible passage & à vous ménager une sainte mort ; ce spectacle même vous prépare la plus malheureuse, par l’oubli de la mort, où il vous entretient, par l’habitude du vice dont il forme la chaîne, par les péchés qu’il fait commettre, par la frivolité dont il vous amuse ; les images dont il souille vos imaginations & vos regards, les sentimens dont il corrompt votre cœur, les passions qu’il exalte, le goût du monde qu’il vous donne, les exemples du vice qu’il vous offre, les leçons qu’il vous en fait, les attraits & les occasions qu’il vous en fournit : memento homo quia pulvis es & in pulverem reverteris. […] Le principe de la Monarchie se corrompt encore plus, lorsqu’il est mis en contradiction avec les honneurs, qu’on peut à la fois être chargé de dignités, pension, faveur, &c. ; est couvert d’infamie, lorsque des ames singuliérement lâches, tirent vanité de la grandeur que paroit avoir leur servitude, & qu’elles croyent que ce qui fait que l’on doit au Prince, fait que l’on ne doit rien à la patrie : Voilà les comédiens infâmes & chargés de présens, bien accueillis & excommuniés.
Un ouvrage d’esprit sur des matieres utiles, même indifférentes, instruit, plaît, amuse, du moins ne corrompt pas. […] Disons plutôt qu’elle ressemble à l’Auteur d’un mauvais livre, qui en amusant l’esprit par l’élégance, corrompt le cœur par la liberté, ou à un Peintre de nudités qui outre la beauté de la peinture, souille l’imagination par l’obscénité. […] Il est donc parmi les hommes, il est parmi les Chrétiens, des métiers établis pour corrompre, comme il y a des métiers pour apprendre à tuer, des breteurs, par exemple, des ouvriers en artillerie & en poudre à canon : une toilette est une salle d’armes où l’on s’escrime avec le miroir.
Il est vrai, le langage en est plus pur, plus étudié, plus châtié ; mais vous sçavez si ce langage en ternit moins l’esprit, s’il en corrompt moins le cœur, et si peut-être il ne vaudroit pas mieux entendre les adulteres d’un Jupiter et des autres divinités, dont les excès exprimés ouvertement et sans réserve, blessant les oreilles, feroient moins d’impression sur l’ame. […] Mais voici l’essentiel et le point capital à quoi je m’attache : c’est que rien n’est plus capable de corrompre la pureté d’un cœur que ces livres empestés ; c’est que rien ne répand dans l’ame un poison plus subtil, plus présent, plus prompt ; que rien donc n’est plus mortel, et ne doit être, par une conséquence bien juste, plus étroitement défendu. […] Siecle profane, que n’as-tu pas sçu corrompre, et où n’as-tu pas répandu ta malignité !
Qu’on examine de près ce nouveau disciple du théatre, même avec les dispositions les plus éloignées du vice ; ses vertus disparoissent bientôt, ses mœurs se corrompent, ses manieres décentes & naturelles se métamorphosent en affections ridicules, en complimens frivoles, en jargon théatral, qui annoncent un petit-maître, c’est-à-dire l’espece la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. […] ), les enfans sont bien élevés ; depuis dix jusqu’à quinze l’éducation foiblit, & les enfans commencent à être gâtés souvent par leurs peres & meres ; depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achevent eux-mêmes de se corrompre.
Une prude corrompra moins de gens qu’une courtisanne. […] Mais n’en voilà que trop sur une piece monstrueuse dans l’ordre des bonnes mœurs, où on semble avoir voulu ramasser & mettre sous les yeux tout ce qui est capable de les corrompre.
Il est aisé de concevoir que le Théâtre avoit pû corrompre la Musique, qui ensuite avoit corrompu la Poësie, j’entens celle des Chœurs, parce que les Poëtes de Théâtre, pour faire briller les Chants du Chœur, lui donnoient à chanter des Vers dithyrambiques, qui firent abandonner aux Musiciens, leur premiere simplicité.
Polyeucte), l'Auteur de ce bon livre dit très sensément : « Corneille a fait du martyre de ce Saint le sujet d'une tragédie qui est un chef-d’œuvre dramatique ; mais les personnes pieuses ont été choquées de la liberté que le Poète s'est donné de faire monter les Saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour Romain à l'héroïsme de l'amour divin. […] Sa philosophie l'en éloignait par principe de vertu ; et par zèle pour sa religion, ne pouvant l'interdire à tout le monde, il voulait du moins que les Prêtres Païens s'en abstinssent, pour donner du crédit au paganisme par cet air de piété, à l'exemple des Chrétiens, qui n'y allaient jamais, et auxquels dans son système de persécution il n'eût pas manqué de défendre d'y paraître, s'ils l'eussent fréquenté, pour se moquer d'eux, ou d'ordonner d'y aller, pour les corrompre, s'il eût espéré d'être obéi.
Mais nous entendons parler ici des divertissemens defendus, comme sont les bals, les comedies, & autres spectacles de cette nature, qui sont dangereux, & corrompent les bonnes mœurs.
Que les plus belles sentences se corrompent par l’organe des Acteurs, 103. […] Ce que leur caractere auguste exige ; leurs Courtisans sont intéressés à les corrompre, a, 340-346 ; b, 173, 175, 342-345 Rollin. […] Ils sont un nouveau moyen de corruption pour un pays déjà corrompu, a, 597 Spectateurs. […] Le goût des Théatres a corrompu les anciens Empires, a, 297.
Beaux vers, acteurs bien choisis, voix mélodieuses, musique rare, chansons équivoques, d’un tour fin, couvertes d’une enveloppe délicate, mais qui sortent toujours d’un cœur corrompu, ou qui servent à le corrompre. […] Que le monde fasse tant d’efforts qu’il voudra pour rendre sa cause bonne : jamais il ne convaincra les personnes sensées & raisonnables, que les spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, puissent s’accorder avec les principes de nostre foy ; & pour entreprendre de les justifier, il faut nécessairement ou ignorer la Religion, ou se déclarer sectateur de ce monde corrompu, dont J.
17, défend absolument les peintures obscénes dans sa république, parce qu’elles corrompent les mœurs, sur-tout de la jeunesse de l’un & de l’autre sexe. […] victimes généreuses des passions, elles se livrent pour le bien public, & corrompent le cœur pour empêcher une plus grande corruption, & conserver des sujets à l’Etat par un héroïque patriotisme. […] L’abus de la peinture a été la source de toutes les fornications, & a corrompu toute la terre : Initium fornicationis exquisitio idolorum, & corruptio vitæ, &c.
Tout ce beau systeme de morale théatrale s’évanouit à la lumiere de l’Evangile, sur l’idée que Dieu nous donne de la vertu véritable ; héroïsme chimérique, qui remplit de vanité, d’amour du plaisir, & corrompt le cœur qu’on veut qu’il éleve. […] Les Espagnols ont introduit leur théatre, & en perfectionnant la scene, ils l’ont corrompue ; ils ont aiguisé les traits des passions & servi le poison dans des coupes dorées : attaque moins bruyante, mais blessure mortelle du cœur ; comme si dans nos villages au lieu des danses tumultueuses, des exercices & des jeux fatigans des fêtes locales, on faisoit jouer des comédies, & on donnoit des bals masques ou parés pour amuser les villageois ; ce seroit porter le dernier coup à la dépravation de leurs mœurs. […] Une ame honnête peut-elle laisser les amorces du vice pour étouffer les murmures, corrompre les cœurs pour conserver des esclaves ?
Il est pourtant vrai qu’il y a peu de Religieuses forcées, & peu qui s’oublient sur le vœu de chasteté ; que les railleries & les accusations si ordinaires dans le monde ne sont que le langage d’un cœur corrompu, qui ne jugeant des autres que par lui-même, s’imagine & voudroit persuader que tout est vicieux comme lui. […] Est-il rien de moins sage que de souffrir un danger évident, d’ébranler la religion, & de corrompre les mœurs ?
Je n’ai pû me résoudre à condamner un pareil amour ; d’autant plus que, dans toute la Tragédie, il n’y a point de ces Scènes molles et efféminées, qui tendent à corrompre le cœur, et contre lesquelles je me suis tant de fois et si vivement déclaré. […] On pourrait donc en conclure que la passion d’amour de la Tragédie de Jugurtha ne doit inspirer aux Spectateurs que de la compassion, et que la compassion est plus propre à corrompre qu’à corriger : j’en conviens, et même je tâcherai de le prouver dans l’examen du Cid ; mais le cas me paraît très différent.
Je dois d’abord, disoit-il à MM. de l’Académie Françoise, déclarer que je ne souhaite point qu’on perfectionne les Spectacles où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer… Il ajoute : il me semble qu’on pourroit donner aux Tragédies une merveilleuse force, suivant les idées très-philosophiques de l’Antiquité, sans y mêler cet amour volage & déréglé qui fait tant de ravages ***.
Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ?
Le Spectateur qui abuse du tendre sentiment que le Drame a réveillé, avait le cœur corrompu, avant de venir au Spectacle : le vice y dormait ; il se fût éveillé de lui-même, quand rien n’aurait contribué à l’exciter. […] La jeunesse des premières, sans en être moins corrompue, est grossière, brutale ; vous ne la voyez occupée, dans les longues soirées d’hiver, qu’à des noirceurs, quelquefois à des violences, toujours a la calomnie. […] Si l’on entend, corrompre le cœur, inspirer le goût de la débauche ; cet effet ne peut résulter que de quelques Pièces, proscrites par le Plan de Réforme. […] Les Romains entassent conquêtes sur conquêtes : les richesses s’introduisent dans la Ville & corrompent les mœurs. […] Ce même Empereur donna des courses de Jeunes-filles, à l’imitation des Lacédémoniens ; mais il s’en fallait bien qu’elles fussent dans le Stade de Rome corrompue, couvertes, comme à Sparte ; du voîle de l’honnêteté publique *.
Les plus zélés et les plus sages parmi eux n’ont pas manqué de déclamer contre les mœurs corrompues du siècle avec beaucoup de violence ; mais à peine ont-ils ouvert la bouche pour parler contre les infamies des Spectacles. […] Ce dessein étant bon ne pouvait guère avoir de méchants effets, l’idolâtrie à part, s’il n’eût été corrompu dans la suite. […] si on l’a purifié dans un sens, on l’a bien corrompu dans un autre ; et si on n’y aperçoit plus les infamies des Anciens, on y aperçoit encore moins leur véritable dessein de corriger ou d’instruire ; que si on en conserve quelqu’un, c’est plutôt celui d’instruire dans le mal. […] En effet quand un homme veut corrompre le cœur innocent d’une fille et lui inspirer de l’amour, a-t-il de plus sûr moyen pour en venir à bout que de la porter à lire les Romans et à aller à la Comédie ou à l’Opéra. […] Et emportant les vices du Théâtre, on s’en retourne en sa maison plus corrompu et plus déréglé qu’on n’était. « Et adharentibus vitiis corruptiores ad cubicula revertuntur ».
d’un côté le déïsme, le matérialisme, une morale corrompue ; de l’autre la morale la plus pure, la religion la plus parfaite, la conduite la plus édifiante. […] Je sais qu’il fait profession de la religion Protestante, quoique ses ancêtres fussent bons Catholiques, & quoique, les Evêchés, les Abbayes, l’ordre Teutonique, dont il possede sans scrupule tous les biens, fussent des fruits de la Catholicité ; source corrompue, dont les eaux lui paroissent tres-pures.
Pour y réussir, ils corrompent les domestiques à force d’argent, se déguisent, changent de sexe, se donnent des noms supposés, font venir des Indes, de l’Amérique, d’une Province éloignée je ne sais combien d’inconnus, de messagers, de reconnoissances, la plûpart ridicules. […] J’avoue , dit-il, que la comédie peut corrompre les mœurs quand la gayeté degenere en licence ; ce qui n’arrive que trop souvent, ou plutôt ce qui arrive toujours de mille manieres par le reste de la piéce, le libertinage des acteurs & des spectateurs, l’immodestie des actrices, des décorations, &c.
Je me transporte dans les temps fortunés de l’âge d’or, où la scène de la Nature non corrompue charmoit les cœurs des gens de la campagne, inaccessibles à la corruption (ce sont des saints). […] Quelle est cette Nature qu’il dit non corrompue ?
Et c’est certainement avec grande raison : car c’est là d’ordinaire où les jeunes gens commencent à se corrompre. […] C’est pourtant à cette Ecole, où régentent un George Dandin, un Cocu Imaginaire, un Trissotin, un Diafoirus, un Tartuffe, et autres gens de cette farine, où des Dames, à la vérité peu sages, et encore moins Chrétiennes, ne laissent pas néanmoins de mener leurs filles, pour commencer, disent-elles, à leur faire voir le monde ; c’est-à-dire pour commencer à leur corrompre l’esprit et le cœur.
Ils se corrompent les premiers, pour séduire les autres, qui par leur argent et leurs applaudissements les paient de retour, en les y confirmant. […] Mais ce n'est qu'un jeu : qui prétend corrompre le cœur en lui faisant sentir un trouble agréable ?
C’est bien le moyen d’entretenir ce goût corrompu, que de fournir au public cette nuées de pieces si faciles à composer, à apprendre, à exécuter. […] Cette derniere troupe est moins grossierement corrompue, mais l’est toujours beaucoup encore : la dépravation est enracinée, essentielle, innée dans la profession de comédien ; ils ne sont pas plus sage en Italie qu’en France. […] Quel peut être l’effet de l’espece humaine, non-seulement informe, mais corrompue à l’excès, dont on souille sans cesse la scène ; de ces fables scandaleuses & ridicules des dieux & des déesses du paganisme, dont on étale les débauches ?
Sa probité, ses mœurs et sa vertu prouvent authentiquement qu’il s’en faut bien que le Théâtre soit capable de corrompre un cœur bien fait ; c’est Mr. de Crébillon, osera-t-on rejetter l’opinion de ce Grand homme. […] Gardons nous de rejetter une voie par laquelle on peut engager les hommes à s’observer au moins par bienséance, si leur cœur est assez corrompu pour qu’on désespere de leur amendement total. […] Tous les Censeurs du Théâtre approfondissent ma profession, ils en cherchent les moindres détails, c’est à elle qu’ils attribuent toutes les fautes qu’avec un cœur corrompu, ceux qui l’exercent commettraient dans tout autre.
prétend-il qu’on veuille lui plaire, si l’unique moyen d’y réussir est de le corrompre ?
Le divulguer, c’est ce qui ne servirait qu’à corrompre les hommes et à ébranler les fondements de la société civile. […] Le Digne de faire tous ses efforts pour corrompre Amanda, et à propos de ce bel emploi, ils plaisantent l’un et l’autre en impies. […] . »Sa passion change en un tour de main ; il est métamorphosé en admirateur de la vertu, et s’en retourne néanmoins aussi corrompu qu’on peut se l’imaginer. […] « Sénèque déplore amèrement le libertinage de son siècle, et la fureur d’y exceller dans l’art de corrompre les mœurs. […] Moyens efficaces pour renverser tout l’ordre de la discipline, pour amollir les peuples et corrompre les mœurs !
Cette supposition, dis-je, est visiblement fausse, parce que les Saints Pères déclarent formellement, qu’encore que les Comédies ne fussent point souillées d’Idolâtrie, elles ne laisseraient pas néanmoins d’être criminelles, à cause qu’elles ne peuvent servir qu’à corrompre les mœurs. D’où il s’ensuit par une conséquence nécessaire, qui détruit celle de la Dissertation, que les Comédies de ce temps doivent être condamnées par cette même raison qu’elles ne servent qu’à faire vivre les passions et corrompre les bonnes mœurs. […] ; « Les jeux du Théâtre corrompent les bonnes mœurs. […] C’est ce que nous allons examiner dans la réfutation suivante ; avertissant cependant le lecteur que les saints Pères n’ont pas défendu la Comédie seulement à cause de d’Idolâtrie, mais aussi parce qu’elle corrompt les bonnes mœurs, comme nous le ferons voir en son lieu. […] Et un Chrétien doit-il ignorer qu’encore que les Spectacles soient exempts de la superstition, et de l’Idolâtrie ; ils ne laissent pas néanmoins d’être indignes des Chrétiens, parce qu’ils corrompent les bonnes mœurs, et qu’ils blessent la pureté de l’Evangile ?
L’Evangile & le Théâtre opposés, leurs maximes contraires forment ici un contraste frappant, dont l’Auteur profite pour rappeller aux Chrétiens la sainteté de leur profession, & surtout l’obligation ou sont les pères & mères d’instruire leurs enfans dans la foi, de les former à la piété, de veiller sur leur innocence, & d’en écarter tout ce qui peut la séduire & la corrompre, soit en affoiblissant les attraits vertueux par le ridicule qu’on y attache ; soit en fortifiant les penchants vicieux par l’honneur qu’on en tire.
L’Evangile & le Théâtre opposés, leurs maximes contraires forment ici un contraste frappant, dont l’Auteur profite pour rappeller aux Chrétiens la sainteté de leur profession, & surtout l’obligation où sont les pères & mères d’instruire leurs enfans dans la foi, de les former à la piété, de veiller sur leur innocence, & d’en écarter tout ce qui peut la séduire & la corrompre, soit en affoiblissant les attraits vertueux par le ridicule qu’on y attache ; soit en fortifiant les penchants vicieux par l’honneur qu’on en tire.
Les enfants sans souci s’étaient aperçus que ce n’était pas en jouant des moralités, ou en ne représentant que les mystères de la religion, qu’ils amusaient le peuple ; ils y joignirent des farces assorties au goût corrompu du temps : ce qui attira contre eux un arrêt du parlement qui les supprima en 1584.
in Hexameron, condamne de même les Chansons de l’Opéra : « Ils vont , dit-il, avec ardeur, écouter certaines chansons qui ne respirent que la mollesse, et qui ne tendent qu’à corrompre les mœurs, et qui font naître dans l’esprit des auditeurs déjà assez déréglés d’eux-mêmes, toute sorte d’impuretés, d’une manière qu’ils ne peuvent jamais se rassasier de ces chansons.
Si donc les peintures qu’on fait de l’amour sur nos Théâtres étaient dangereuses, ce ne pourrait être tout au plus que chez une nation déjà corrompue, à qui les remèdes même serviraient de poison ; aussi suis-je persuadé, malgré l’opinion contraire où vous êtes, que les représentations théâtrales sont plus utiles à un peuple qui a conservé ses mœurs, qu’à celui qui aurait perdu les siennes. […] L’amour sera pour lors entre les deux sexes ce que l’amitié la plus douce et la plus vraie est entre les hommes vertueux ; ou plutôt ce sera un sentiment plus délicieux encore, le complément et la perfection de l’amitié ; sentiment qui dans l’intention de la nature, devait nous rendre heureux, et que pour notre malheur nous avons su altérer et corrompre. […] Les Spectacles, selon vous, sont nécessaires dans une Ville aussi corrompue que celle que vous avez habitée longtemps ; et c’est apparemment pour ses habitants pervers, (car ce n’est pas certainement pour votre patrie) que vos pièces ont été composées.
En élevant la voix contre cette école de l’immoralité, « nous nous proposons d’empêcher que quelqu’un ne se fasse illusion en croyant qu’il est permis d’aller au spectacle, car l’amour du plaisir a tant de force sur la plupart des hommes, qu’il les porte à différer de s’instruire de ce qui leur est défendu, pour avoir un prétexte de s’y satisfaire, ou à tâcher de corrompre leur propre conscience par de fausses raisons par lesquelles ils se persuadent que le mal, auquel ils ne veulent pas renoncer, n’est pas un mal réel. […] Ils avaient renoncé aux plaisirs dangereux, qui souillent l’âme, qui énervent et corrompent le cœur, tous leurs souhaits étaient de mener une vie chrétienne, heureuse et calme au sein de leur famille, ils s’étaient seulement réservé ces plaisirs purs et innocents, qui ne laissent après eux ni troubles ni remords ; vous leur avez ravi le bonheur qu’ils se promettaient ; sous prétexte de les établir, de les préparer au mariage, vous les avez précipités au milieu du tourbillon du monde et vous n’avez, fait usage de l’autorité, que vous aviez sur eux, que pour les conduire forcément dans le chemin de la perdition.
Premiérement, le théâtre est le plus sûr écueil de l’innocence ; à moins, Messieurs, que vous ne prétendiez que l’innocence peut compatir avec la mollesse d’un cœur attendri, & les égarements d’une imagination corrompue. […] Que voit-on maintenant sur le théâtre, qu’un héroïsme corrompu par les égarements d’un fol amour, l’amour devenu la passion des belles ames ?
Ils avoient raison d’en douter, le théatre en est un mauvais garant : il n’est pas fait pour célébrer la pureté ; aussi n’y a-t-elle paru que corrompue la Rosiere ne s’y montre que sous les livrées du vice. […] Le souffle empesté du théatre souille les choses les plus saintes, corrompt les cœurs les plus innocens : d’une fète édifiante il en fait un libertinage scandaleux, & des filles les plus sages autant d’actrices.
Tout en haussant les épaules de pitié, on s’est empressé d’aller s’y corrompre le cœur. […] S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple.
Il peut y avoir du plus ou du moins, toutes les troupes ne sont pas également corrompues, toutes les Actrices ne sont ni aussi artificieuses ni aussi vénales, il est des pièces plus décentes, tous les siècles, toutes les villes, ne sont pas aussi dépravés, etc. […] L’enchantement de la décoration, les grâces des Actrices, l’ivresse d’une volupté nouvelle, facile, piquante, l’adresse, l’insinuation séduisante des Comédiens, gagnent aisément un cœur sans expérience que tout s’efforce d’aveugler et de corrompre.
Que dans les querelles dont nous sommes purement spectateurs nous prenons à l’instant le parti de la justice, mais que quand notre intérêt s’y mêle, bientôt nos sentimens se corrompent. […] C’est un homme extraordinaire qu’on veut connoître parcequ’il s’est rendu fameux, et; toute sa conduite sert de preuve que les plus hautes qualités sont les plus pernicieuses dans un cœur corrompu. […] Vous ne voulez pas que Philinte conseille à Alceste de visiter les Juges, parce que c’est dire, en termes honnêtes, qu’on va chercher à les corrompre. […] Est-ce ma faute à moi, si le public ne vous paroît corrompu que parce que vous êtes intéressé à justifier Alceste ? […] Le sexe toujours craintif, et; plein de candeur, quand nous ne l’avons pas corrompu, s’effarouche à notre approche, il veut nous éviter.
Le sujet des piéces, les Acteurs, leurs voix, leurs gestes, tout effémine, tout amollit, tout séduit, tout corrompt.
Il faut qu’elle se replie, se dénature, pour se montrer sous tant de formes différentes : son genre se corrompt, s’épuise, s’anéantit à la fin.