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115. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

L’homme pour être dans le monde, étoit galant, cherchoit à plaire, s’attachoit à d’honnêtes femmes, & tâchoit d’avoir, comme on disoit alors, de bonnes fortunes. […] Le Duc de Bourgogne, scélérat, dit-il, p. […] que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] Bien loin que la Cour de Rome ait formé la chicane Françoise, c’est plutôt la France qui a fait naître la chicane Romaine. […] De là naissent les désirs qui peuvent perdre l’homme le plus vertueux.

116. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

La Parade est ancienne en France ; elle est née des Moralités, des Mystères, & des Facéties que les Elèves de la Bazoche, les Confrères de la Passion, & la Troupe du Prince-des-Sots jouaient dans les Carrefours, dans les Marchés, & souvent même dans les cérémonies les plus augustes, telles que les entrées & le couronnement de nos Rois.

117. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Voltaire s’en plaint amérement dans son Œdipe ; on me rit au nés, quand on n’y vit pas une intrigue d’amour. […] Que les comédiens seroient respectables, si en effet ils convertissoient, sanctifioient, ce prodige est encore à naître : ce prodige opposé de la dépravation est le seul dont ils peuvent se vanter, ou plutôt ce n’est pas un prodige, c’est l’effet naturel ordinaire, inévitable de leur métier infâme.

118. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Si vous otez la moindre petite roue d’une montre, vous l’empêchez de faire son éffet ; chaque ressort concourt à la faire mouvoir : il en est de même de la construction d’un Drame travaillé avec art ; une Sçène amène naturellement l’autre ; celle qui précède fait naître celle qui suit ; & leurs chocs mutuels, s’il est permis de s’éxprimer de la sorte, donnent le mouvement à l’ouvrage entier. […] Remarquez que lorsqu’au milieu d’une conversation il nous vient une pensée, ou contraire ou confirmative à ce que nous entendons, elle est prompte à naître & passe comme l’éclair : L’à-parté doit donc être d’une précision singulière.

119. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Les incidens naissent naturellement les uns des autres, & deviennent tous si contraires à cet homme si heureux jusqu’au moment qu’il est entre sur la Scene, que ceux qui paroissent lui devoir être favorables, n’arrivent que pour hâter son malheur. […] La lecture de cette seule Piéce nous jette dans une émotion que ne nous cause point celle d’Athalie, où la Reconnoissance produit une Catastrophe qui remet le Spectateur dans la tranquillité ; mais en même tems cette Piéce aussi recommandable que celle de Sophocle, par la simplicité, la vraisemblance de la conduite, & la vivacité de l’Action, d’où naît un très-grand intérêt, étant outre cela recommandable par la beauté des caracteres, & les vérités qu’elle enseigne, forme un Tout ensemble, qui la rend digne d’être comparée au Chef-d’œuvre de la Grece.

120. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Quel fruit peut naître de cet arbre ! […] Là le Grec, moqueur, par mille jeux plaisans Distilla le venin de ses traits médisans : Aux accès insolens d’une bouffonne joie La sagesse, l’esprit, l’honneur furent en proie. […] Enfin, pour ne rien perdre de cette gloire brillante, la nation paye chèrement un Mercure & plusieurs Journalistes pour en ramasser ponctuellement & étaler pompeusement les petites étincelles : Le François malin forma le vaudeville : La liberté Françoise en ces vers se déploie.

121. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

La France n’a-t-elle pas lieu de se glorifier depuis long-tems d’avoir vu naître dans son sein une foule de Compositeurs célèbres dans le genre héroïque ; c’est-à-dire, même dans un genre, où l’on a eu le plus sujet de nous critiquer ? […] Cette inimitié que fait naître dans les deux partis la crainte de se voir surpasser, & que les gens à talens ne ressentent que trop, ne s’éteindra jamais, selon toute apparence. […] Père ; l’Eglise était remplie d’une foule de grands Seigneurs & de Peuples, qu’attirait autant la curiosité que la dévotion : l’on ne s’attendait guères que le trouble & le désordre dussent naître tout-à-coup dans un lieu si respectable.

122. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Il m’a semblé que de sortes raisons m’engageaient à agir de la sorte ; & d’ailleurs, si plusieurs de mes raisonnemens & de mes dénominations paraissent quelquefois tomber à faux, j’ai découvert que mes contradictions apparentes naissaient toutes des divers genres adoptés par le nouveau Spectacle.

123. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Car je ne suis pas du sentiment de ceux qui donnent tout à la naissance, et qui prétendent que l’homme nait bon ou méchant, suivant que la nature en dispose ; et qu’il restera toute sa vie tel qu’il est .

124. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

La morale lubrique qu'on y débite à tout propos, dévoile les idées, les sentiments, l'occupation d'un cœur pétri de corruption que la scène fait naître et entretient, au préjudice de tous les devoirs, l'imprudence et le crime des parents qui le souffrent, et se repentiront, mais trop tard, d'avoir ainsi éteint dans leurs enfants la vertu, la sagesse, la soumission. […] L'expérience du danger la fit naître. […] Les Comédiennes terminent-elles si légitimement celles qu'elles font naître ? […] Et selon M. de la Rochefoucaut dans ses Maximes, « tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne ; mais il n'en est point de plus à craindre que la comédie, elle anime et fait naître la passion dans nos cœurs, surtout celle de l'amour, principalement quand on le représente chaste et honnête ».

125. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

A Dieu ne plaise qu’il soit de ces Esprits rustiques et peu sociables qui s’opposent à des plaisirs « innocents », tels que sont ceux de la Comédie. « Il sait vivre » : et au fond rien ne lui paraît plus élevé que les grands sentiments d’une vertu Stoïque ; rien de plus naturel que la tendresse d’un cœur qui brûle d’un beau feu ; rien de plus légitime que les autres passions qui naissent d’une haute ambition, et d’un amour bien allumé. […] Toutes les danses, tous les chants des « Opéras », tous les vers, toutes les déclamations des Comédies font-elles naître autre chose en nous que des sentiments profanes, ou directement opposés à la mortification et à l’humilité Chrétienne ? […] Les scrupules qui naîtront de là ne seront pas importuns. […] Les Pères qui ont tant crié contre les désordres qui naissaient de là n’y entendaient rien.

126. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Ils y sont si bien que la Comédie ne fait point dégénérer la Noblesse, Floridort, dont j’ai ouï parler comme du plus grand Comédien que la France ait eu, étant Gentilhomme, n’en fut point jugé indigne par la Profession dont il était : et dans la recherche que l’on fit de la fausse Noblesse, il fut reçu par le Roi et son Conseil à faire preuve de la vérité de la sienne, qui par droit héréditaire a passé à sa postérité. […] Le premier devoir d’un Chrétien, ou plutôt, tout le Chrétien lui-même doit s’appliquer à réprimer ses passions, et non pas s’exposer à les faire naître : et par une fuite nécessaire il n’est rien de plus pernicieux que ce qui est capable de les exciter. […] Que les Grands de la Cour et les Magistrats quittent un éclat qui leur est de bienséance et peut-être de nécessité, de peur de faire naître de l’ambition ou du désir pour les richesses ? […] S’il était vrai qu’on dut défendre toutes les choses qui pourraient avoir des suites fâcheuses, on ne devrait pas lire l’Ecriture Sainte (pour me servir du même exemple que vous apportez :) on ne devrait pas, dis-je, lire l’Ecriture Sainte, en latin même, puisqu’elle est la cause innocente de toutes les hérésies, qui, selon saint Jérôme, naissent pour l’ordinaire d’une parole mal entendue, ou malicieusement expliquée. […]  : « Il y a certaines Villes où les habitants sont depuis le matin jusqu’au soir repaître leurs yeux de toutes sortes de Spectacles, et à entendre, sans se lasser, des Chansons déshonnêtes, qui ne peuvent faire naître en leurs cœurs que de mauvais désirs. » Trouve-t-on rien de pareil dans nos Comédies ?

127. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Il était réservé au Siècle où nous sommes de faire naître, ou de perfectionner, l’Opéra-Bouffon, & d’inventer de singulières Énigmes On ne se douterait peut-être jamais de ce qui me fait vivement regretter que nous n’ayons pas quelqu’ouvrage d’Aristote sur notre Spectacle favori.

128. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Le ton qui règne dans la Comédie a fait naître, sans doute, à l’Auteur l’idée de son sistême si peu fondé.

129. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Car quoique rien ne puisse corrompre ce que la Nature a fait naître pour notre usage, et que les présents de Dieu soient inviolables, nous nous abstenons néanmoins de ces oblations profanes, de peur qu’on ne croie, ou que nous cédions aux démons à qui elles sont présentées, ou que nous ayons honte de notre religion.

130. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

et qu’il le faut apaiser comme le dieu plus favorable, vu qu’ils savaient bien, qu’il était mortel, étant fils de Phoronce, et de Pithon, et qu’il avait été cruellement massacré par Ochus Roi des Persans, ou par son frere Typhon, homme méchant (Diod[ore de Sicile] li. 1. et 5 [Bibliothèque historique. […] Or l’air qui est entre la mer et le ciel, ils le consacraient au nom de Junon, laquelle ils disaient être sœur de Jupiter, pour la semblance, et pour la conjonction grande, que l’air a avec le ciel, comme si elle semblait être femme à Jupiter, pour sa mollesse : et quant à l’air pur, ils l’ont appelé, Pallas, la disant être fille de Jupiter : pucelle, pour ce que l’air pur ne se corrompt nullement du monde : et née du cerveau de Jupiter, pour ce qu’il tient le plus haut lieu : ils la disent aussi Triple, à cause du Printemps, de l’Eté, et de l’hiver :Cælius Rho[diginus, Antiquæ Lectiones] li. 8. ch. 18. […] et Accius bourgeois de Rome, toutefois de parents affranchis.

131. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

J’ai toujours regardé les quatre premiers Actes des Horaces, comme un Ouvrage comparable, s’il n’est pas supérieur, à tout ce que nous avons de plus excellent en ce genre dans l’antiquité : je ne puis voir sans quelque peine, il est vrai, l’amour de Camille pour Curiace ; les violents transports qu’elle fait paraître à l’occasion de la mort de son Amant, quoi que cet Amant fût destiné à être son époux, sont indécents dans une fille bien née ; ils blessent également les sentiments qu’on doit à sa Patrie, et ceux que la bienséance inspire : le sexe en général en est offensé ; et tout le monde sent que de pareils exemples doivent être bannis du Théâtre, où ils peuvent faire des impressions dangereuses dans le cœur de la jeunesse. […] Athalie est dans le même cas ; on peut même dire qu’Andromaque, quoiqu’elle ne meure pas, er qu’elle se mêle peu de ce qui se passe, mérite de donner son nom à la Tragédie : je dirais plus, je trouve la Tragédie de la mort de Pompée bien nommée ; parce que Pompée, quoi que mort avant l’action, sert de motif à tout ce qui se fait ; les amours de César, et la querelle de Cléopâtre avec son frère, n’étant que des épisodes qui naissent de l’action principale. […] Un amour si violent et si subit n’est pas décent dans une fille ; je crois qu’il faudrait le modérer ; et, puisqu’enfin il est nécessaire qu’Arténice soit prévenue pour Sésostris, je crois qu’il faut faire naître et faire augmenter cette passion par degrés dans le cours de l’action.

132. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

C’est vous, dis-je, Assemblée glorieuse, qui pouvez polir la rouille que l’ignorance ou la malice a fait naître en leur cerveau ; tout ainsi qu’en la ville de Tarse en Cilicie, il n’y a que l’eau de la rivière de Cidne qui puisse éclaircir, dérouiller, repolir le couteau sacré à Apollon, toutes les autres le lavent sans effet ; Faites de même de celle que vous puisez en Hélicon, comme vous en arrosez les esprits qui en sont dignes : Vous pouvez adoucir ceux qui nous piquent par la pointe d’une langue aussi tranchante qu’un rafoir affilé : L’office de la raison vous invite à leur montrer sa vérité : mais peut-être en sont-ils dégoutés : Les ânes n’aiment pas les violettes, leur pastures sont de chardons : nous leur laisserons porter la Déesse Isis sans leur donner aucun lieu en votre Théâtre, puisque vous avez enlevé sur tous une gloire qui ne laisse à aucun espérance de vous égaler : leur envie ne saurait apporter de tache à la splendeur de votre mérite. […] Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes.

133. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On lui montrera que l’imagination est la mère de la Poésie, que ce qui fait que les Poètes sont Poètes, c’est que leur cerveau est disposé de manière que le cours des esprits dont ils ont abondance en plie facilement les fibres ; et en y gravant de nouvelles traces toujours larges et profondes, en réveille une in finité d’autres déjà faites ; que cela leur fait naître une infinité de fantômes dont ils se jouent, et fait en même temps qu’ils représentent toutes choses au-delà du naturel. […] Mais que peut-il naître de ce débit que l’oubli de la parole de Dieu, et l’ignorance de soi-même ?

134. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Puisque vous étes née grande sur la terre, faites vous sainte dans le ciel, & répondez à la grace extraordinaire que Dieu a répandue dans votre ame. […] Le nouveau fut appellé Charles Paris, le Cardinal de Retz le baptisa, le Prevót des Marchands fut parrain au nom de la Ville, avec la Duchesse de Bouillon. […] La Reine, plus touchée des maux de l’Etat que de l’humiliation des Princes, lui sut mauvais gré de son triomphe, & la fit rentrer dans les petitesses de la coquéterie pour lesquelles seules elle étoit née. […] Dans votre orient vous avez jettez des feux & des lumieres (pardonnez-moi ce mot de mon style ancien) qui ont ébloui, enflammé les cœurs les plus nobles & les moins nés à la servitude ; aujourd’hui vous brillez bien d’un autre éclat, vous inspirez un respect & une pitié qui valent bien tous les hommages du tems passé. […] Ce mariage, celui du Roi, les réjouissances pour l’arrivée de la Reine, la paix, firent de toutes parts naître des spectacles ; Mazarin fit venir l’Opera, qui dans un prélat n’est pas moins singulier que l’alliance des Bourbons avec un Roturier italien.

135. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Ils prouveront que le but de cet art funeste est de faire naître & d’émouvoir les passions dans les ames innocentes ; & d’excuser le crime dans ceux qui y sont livrés : en un mot d’autoriser, & même de canoniser tout ce qui est condamné par l’Evangile.

136. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Quand la Comédie naquit en France, elle atteignait aux deux genres opposés.

137. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Le vin, l’insolence, la violence, et le desir de médire les ont fait naître, ainsi que nous l’avons vu, et que l’a remarqué Tertulliena. « Facit enim hoc ad originis maculam, ne bonum existimes, quod initium a malo accepit, ab impudentia, a violentia, ab odio.

138. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Ceux qui sont nés dans les lumières de la Foi et de la Religion Catholique, ne rougissent-ils pas d’avoir part à ces œuvres de ténèbres : Mais vous, Mes très chers Frères, qui êtes sortis du sein de l’hérésie, quand ce ne serait qu’en apparence, dans le temps où vous viviez dans le libre exercice de vos erreurs, osiez-vous, ou par crainte, ou par conscience approcher de ces spectacles que vous fréquentez aujourd’hui.

139. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Il est pour des emplois plus relevés ; et s’il aime l’harmonie il la doit chercher dans les accommodements qu’il fera entre ses Sujets ou entre ses Alliés.

140. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Cet homme si expert et si distingué dans son art, dit encore « que les sentiments qui seraient les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du spectateur même le plus indifférent. » La voie la plus sûre, selon lui, pour faire tomber le goût de nos Spectacles, c’est d’élever les jeunes gens de manière qu’ils ne s’exposent jamais à y aller. […] Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules peuvent, à leur aise, se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure et de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés et vertueux, si les écrivains dignes de servir la Religion, si les âmes honnêtes et pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu, avec cette satisfaction pure que fait naître la Vérité, dès qu’elle se montre… L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par mes Ouvrages, et de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir. […] Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions, effacerait-elle celle des transports de joie et de plaisir qu’on en voit naître, et que les auteurs ont soin d’embellir encore pour rendre leurs pièces plus agréables ?

141. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

On conçoit, ou plutôt on a vu jusqu’où cela a été, surtout dans la classe la plus nombreuse de la société, après que ce frein naturel, déjà privé de l’appui de la religion, a été rompu aussi : on a vu que les enfants ont manqué de soumission et de respect à leurs parents, non seulement pour cause d’avarice, mais encore sous prétexte d’autres défauts qu’ils leur trouvaient : on a vu la contagion des mauvais exemples seconder partout le théâtre qui a ainsi dénaturé la majeure partie des jeunes gens, lesquels ont vieilli et sont devenus pères à leur tour, après avoir laissé contre eux mêmes à la génération suivante l’exemple de mépriser et insulter ses parents, et ainsi jusqu’à nous : enfin tout le monde doit voir aujourd’hui qu’au lieu de ces avanies publiques que Cléante fait à son père, avanies qui éveillent ou délient et mettent à l’aise les passions naissantes des enfants, il eût été bien plus sage de faire entendre à Harpagon, à l’insu de son fils, ou sans éclat, sans peinture irritante, ces paroles persuasives que j’emprunte d’un académicien célèbre : « Vos enfants sont vertueux, sensibles, reconnaissants, nés pour être votre consolation ; en leur refusant tout, en vous défiant d’eux, en les faisant rougir du vice honteux qui vous domine, savez-vous ce que vous faites ? […] Leurs valets se ligueront pour dérober à votre avarice les secours que vos enfants n’ont pu obtenir de votre amour ; la dissipation et le larcin seront le fruit de vos épargnes ; et vos enfants, devenus vicieux par votre faute et pour votre supplice, seront encore intéressants pour le public que vous révoltez. » Et pour compléter la leçon et en assurer mieux le succès, il aurait fallu de l’autre côté encourager aussi à la vertu la famille de cet avare, lui rappeler qu’il est du devoir absolu des enfants de respecter leur père, de supporter patiemment ses défauts sur lesquels ils doivent, à l’imitation du bon fils, jeter le manteau du respect et de l’amour ; que cette patience est l’exercice le plus noble, le plus méritoire que des enfants bien nés puissent faire de leur vertu ; que non seulement la voix du sang et celle de l’honneur, mais l’humanité et la religion, qui recommandent l’indulgence envers tous nos semblables, leur en font un devoir bien plus rigoureux envers leur père. […] Son grand succès à faire rire de tout, même des hommes vertueux, (contre son intention, j’en suis persuadé, et je le répète) a causé des désordres d’autant plus rapides qu’en même temps qu’il rendait la vertu ridicule, il faisait naître généralement la passion de ridiculiser ; car c’est surtout à son exemple et à l’influence de ses comédies spirituelles et malignes que les Français et autres doivent leur manie de critiquer et de faire des satires, leur goût dominant pour le ridicule, la moquerie et les sarcasmes, où les pointes, qui percent partout, ne ménagent rien. […] Les écrivains bien intentionnés de notre temps, en réfléchissant sur le passé, s’abstiendraient sûrement dans bien des cas de ce mode dangereux d’instruction, s’il n’était consacré par l’usage, par l’exemple imposant des anciens, par des préjugés bien enracinés, surtout, s’il n’était soutenu aujourd’hui par les passions mêmes qu’il a fait naître, ou étendues et fortifiées, les quelles repoussent toute réflexion, et même tout soupçon qu’il soit mauvais, qui entraînent tout le monde depuis si long-temps comme elles ont entraîné l’auteur de la satire de Dervière, tartufe de bienfaisance, dans la comédie des Deux Gendres, satire qui place les hommes véritablement bienfaisants dans la situation malheureuse où le tartufe de religion a placé les vrais dévots.

142. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Le théatre naquit en Grece, il y fut porté à la perfection. […] Je sai que l’humeur inquiete des grecs a fait naître bien des évenemens : mais c’est a fréquentation & l’enthousiasme du théatre qui a exalté & porté à la démence leur inquiétude naturelle. Leur caractere remuant a dû enfanter le théatre, le théatre à son tour a nourri ces passions, & les eût fait naître, s’il n’eût trouvé tout prêt le bois combustible où il a allumé & soufflé le feu. […] Le théatre enfanta l’Arêne, il fit naître la soif du sang, comme dans un repas les épiceries irritent la faim.

143. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

L’Auteur a-t-il voulu nous faire naître un doute impie sur la certitude de la révélation ? […] La justice humaine & ses tortures ne pourroient rien contre les puissances de l’enfer qui se liguent pour les faire naître, si le malheureux germe n’en étoit étouffé par le Tout-puissant, dont le bras est toujours levé pour défendre ses oingts, jamais sa protection ne fut plus visiblement marquée ; puisse t-elle n’être pas mise à de nouvelles épreuves ! […] Par quel affreux revers la Musique, ce présent des Dieux accordé aux hommes pour écarter le triste souvenir de leurs maux, en leur inspirant & la tendresse & la gaîté, est-elle employée de nos jours à leur faire naître à chaque instant des sentimens de fureur & de rage, en rendant ineffaçables en eux le souvenir d’une injure ? […] x.) ensemble t’avoir fait naître ce reproche ; combien plus la vue des maux réels qui dévastent la mienne, a-t-elle pu me le dicter ! […] Pourrois-je donc paroître repréhensible pour n’avoir fait que mettre par écrit en langue vulgaire une pensée que les circonstances présentes nous font naître si naturellement, moi qui aurois pû écrire en langue sçavante, bien sûr que mes Traducteurs n’auroient jamais été poursuivis.

144. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Cela sert, disent-ils encore, à faire mieux voir l’emportement et l’entêtement du Père, qui peut rompre et rendre malheureuse une amitié si belle, née par ses ordres ; et l’injustice de la plupart des bienfaits que les Dévots reçoivent des Grands, qui tournent pour l’ordinaire au préjudice d’un tiers et qui font toujours tort à quelqu’un ; ce que les Panulphe pensent être rectifié par la considération seule de leur vertu prétendue, comme si l’iniquité devenait innocente dans leur personne. Outre cela, tout le monde demeure d’accord, que ce dépit a cela de particulier et d’original par-dessus ceux qui ont paru jusqu’à présent sur le théâtre, qu’il naît et finit devant les Spectateurs, dans une même Scène, et tout cela aussi vraisemblablement, que faisaient tous ceux qu’on avait vus auparavant, où ces colères amoureuses naissent de quelque tromperie faite par un tiers, ou par le hasard, et la plupart du temps derrière le théâtre ; au lieu qu’ici elles naissent divinement à la vue des Spectateurs, de la délicatesse et de la force de la passion même ; ce qui mériterait de longs commentaires. […] Que si la corruption qui s’est glissée dans les mœurs depuis ce temps heureux, a passé jusqu’au Théâtre et l’a rendu aussi profane qu’il devait être sacré ; pourquoi, si nous sommes assez heureux pour que le Ciel ait fait naître dans nos temps quelque génie capable de lui rendre sa première sainteté, pourquoi l’empêcherons-nous, et ne permettrons-nous pas une chose que nous procurerions avec ardeur, si la charité régnait dans nos âmes, et s’il n’y avait pas tant de besoin qu’il y en a aujourd’hui parmi nous, de décrier l’hypocrisie, et de prêcher la véritable dévotion ? […] Quoique la nature nous ait fait naître capables de connaître la Raison pour la suivre, pourtant jugeant bien que si elle n’y attachait quelque marque sensible, qui nous rendît cette connaissance facile, notre faiblesse et notre paresse nous priveraient de l’effet d’un si rare avantage ; elle a voulu donner à cette raison quelque sorte de forme extérieure et de dehors reconnaissable.

145. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

Ils font naître des joies et des tristesses réelles pour des aventures imaginaires.

146. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

[NDE] Francesco Maria del Monaco (1593-1651), à Trapani en Sicile, mort à Paris. […] [NDE] Giovanni Domenico Ottonelli (1584-1670), à Fanano (province de Modène) en Italie, jésuite w.

147. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

M’aurait-on pardonné d’écrire sur le Poème dramatique, dont on a tant parlé, & qui a fait naître en tout tems un nombre infini de Volumes ; si je n’avais eu quelque chose de particulier à observer, si je n’avais eu des règles toutes neuves à proposer, ou du moins de nouvelles applications ?

148. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Je ne prétends point ici néanmoins traiter les questions qui pourraient naître de ce discours, et dont il est plus facile de s'instruire, que des curiosités enveloppées des ténèbres du vieux temps.

149. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

quelle révolution criminelle ne font-elles pas naître dans le cœur de leurs adorateurs ? […] De cet horrible mariage naquit Paphus, Roi de Paphos, Isle célebre pour son lieu de prostitution, qu’on appelloit Temple de Venus, & après Paphus une longue suite de débauchés, dont les avantures remplissent nos théatres. […] La leçon la plus naturelle qui en résulte, c’est que les images lascives produisent les plus prompts, les plus grands, les plus coupables effets sur les cœurs, par la passion qu’elles font naître, & sont par conséquent un très-grand danger du théatre ; où elles sont de toute part étalées. […]  13. de la Sagesse remercie Dieu comme d’un grand bienfait, d’avoir préservé son Peuple du poison de la peinture & de la sculpture, dont il appelle les ouvrages une ombre vaine, un travail sans fruit, umbra picturæ, effigies, labor sine fructu ; mais dont la vuë empoisonnée fait naître le désir, excite la passion, enflâme la concupiscence, & conduit au péché, cujus aspectus dat concupiscentiam.

150. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

On appelle terreur en matière de Tragédie cette suite d’incidents opposés, qui naissent les uns des autres contre l’attente. […] Tout ce qui est ajouté à l’action pour la rendre plus brillante et plus vive, s’appelle Episode : lorsque le sujet est choisi, qui doit être un trait éclatant de la Fable ou de l’Histoire, on tâche d’y ramener toutes les actions connues de ses personnages, et de se servir de toutes les idées qui en peuvent naître. […] Cette passion naît des Péripéties mêmes, qui sont d’autant plus belles, qu’elles sont moins attendues et plus surprenantes. […] Lorsque les obstacles cessent, que les doutes s’éclaircissent, et qu’enfin la destinée des principaux personnages s’est développée, c’est alors que commence le dénouement, qui doit toujours naître du fond de la Fable, et qui ne peut être préparé avec trop d’artifice, ni être trop court ni trop simple.

151. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

En effet, quel drame sur la scène, quelle action dans les tribunaux peut jamais offrir un intérêt aussi réel et aussi puissant que celui qui naturellement doit naître du discours d’un ministre qui parle au nom même du maître de la nature ? […] Quel droit aurez-vous aux récompenses d’une autre vie, si dans celle-ci vous refusez de prendre pour modèle un Dieu dans la plus affreuse indigence et mort dans des supplices inouis12 ! […] C’est donc vainement que la prévention accable ou menace l’innocence alarmée, que la fureur ou l’esprit de parti tentent de flétrir jusqu’à l’honneur même du citoyen ; l’avocat est leur égide tutélaire et le vengeur de leurs droits violés. […] Mais l’avocat, qui ne se regarde que comme le défenseur de la veuve et de l’orphelin, ne cherche dans la réputation que ce qu’il y a de vraiment solide et d’estimable. […] Nous naissons pauvres.

152. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Nos Histoires romanesques nous amuseraient délicieusement, nous empêcheraient de chercher ailleurs des peintures agréables par leur simplicité, mais comme elles ne sont toutes remplies que de fadeurs & de déclarations d’amour, nous les quittons avec justice en faveur d’un Théâtre qui satisfait en partie un panchant avec nous.

153. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Ceux qui sont nés dans les lumières de la foi et de la Religion Catholique, ne rougissent-ils pas d’avoir part à ces œuvres de ténèbres : mais vous, Mes très-chers Frères, qui êtes sortis du sein de l’hérésie, quand ce ne serait qu’en apparence, dans le temps qued vous viviez dans le libre exercice de vos erreurs, osiez-vous, ou par crainte, ou par conscience, approcher de ces spectacles que vous fréquentez aujourd’hui ?

154. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

C’est, Monseigneur, ce qui me fait prendre la liberté d’écrire à VOTRE GRANDEUR vous reconnassant pour mon Juge et d’institution divine en matière de Doctrine, comme vous l’êtes aussi de tout le Troupeau qui vous est confié, dont je me fais honneur d’être, et auquel le saint Esprit vous a donné pour Pasteur, établi par Jésus-Christ même, et me tenant par cette raison obligé de faire cette déclaration de mes sentiments entre vos mains, pour la rendre publique sous votre autorité, si vous le jugez convenable.

155. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Ainsi donc Pyrrhus plein d’amour & de présomption, a pû penser & dire ce que penseroit & diroit à sa place un homme à Paris. […] Racine m’ont fait naître l’idée d’examiner de plus près ses Tragédies, en ce qui concerne l’amour, & de marquer celles, où selon mes lumières, cette passion a trop de part ; celles où l’amour peut être d’un dangereux exemple ; enfin les pieces où il me paroît absolument déplacé. […] La même bouche qui dit à une Princesse galante, & perfide envers sa Nation : Fidèle confident du beau feu de mon maître, Souffrez que je l’explique aux yeux qui l’ont fait naître. […] S’il y a quelquefois des différences, elles naissent uniquement du fonds, plus ou moins susceptible de Poésie. […] Il est vrai que de cette petite ruse il naît des situations, de l’interêt, de la terreur, & que nous lui devons ce moment théatral, si heureusement dépeint dans ces quatre mots : Seigneur, vous changez de visage !

156. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

O César, ce n’est pas ton sang qui l’a fait naître : Brutus, qui l’a versé, méritait mieux d’en être. […] Il naîtra des Brutus autant que de Césars. […] Le bien public est de l’excès de ses crimes. […] Il dit qu’il faudrait respecter Mahomet, s’il était Prince légitime et avait bien gouverné ; mais un marchand de chameaux, un séditieux, un imposteur, un usurpateur, etc. […] Laissons ces vains remords, et nous abandonnons… Qu’il l’immole, il le faut ; il est pour le crime : Qu’il en soit l’instrument, qu’il en soit la victime.

157. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Il peut s’élever un Suger, un Amboise, un Ximenès, qui parleront aux rois avec cette fermeté que donne la vertu unie à l’attachement le plus vif aux intérêts de la chose publique ; il peut naître un Théodose, un Louis IX qui ne prêteront point à leurs discours une attention stérile. […] Rien ne rend l’homme dur et insensible comme les impressions de luxure ; mettant sa félicité dans cette jouissance brutale, il ne voit plus dans ses semblables que des machines propres à la faire naître. — Quand le peuple romain fut rassasié de spectacles mimiques, il lui fallut des gladiateurs ; il n’y avoit plus que le sang humain et l’aspect des cadavres mutilés qui pût lui donner un plaisir sûr. — Néron, Caligula, Héliogabale n’étoient des monstres de férocité que parce qu’ils étoient des monstres d’incontinence. […] Imaginez dans quelle crise doit se trouver l’état physique d’un homme, qui se tenant dans une situation immobile et gênée, l’espace de trois ou quatre heures, dans une place hermétiquement fermée, respire 30 ou 60 mille fois l’haleine de 3000 personnes asthmatiques, pulmoniques, scorbutiques, hydropiques, éthiques, lépreuses, etc., effrayant mélange d’air, épaissi encore et détérioré par la fumée de quelques centaines de chandelles, lampes, bougies, flambeaux, etc. ; qui en même-temps éprouve toutes les commotions de volupté, de haine, de tristesse, de vengeance, etc., que le spectacle fait naître.

158. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Je vous diray donc, encore une fois, que quoyque ces spectacles, dont on est si passionné, ne soient plus cruels, ni si infâmes qu’ils l’étoient en ces premiers temps, ils ne sont pourtant guere moins dangereux, & qu’eû égard à la disposition de plusieurs, c’est à dire de ceux qui connoissent leur foiblesse, & qui n’en ont déja que trop d’experience sur ce point, c’est sans contredit un peché mortel ; quoyqu’il ne leur soit pas évident qu’ils donneront consentement à toutes les pensées, & à tous les desirs criminels que ces objets pourront faire naître. […] C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce penchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, à ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer le plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets sont naître, & que l’on entretient ensuite ; sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, sçavoir, de nous arracher les yeux, s’ils nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes les plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Matth.

159. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Jamais il n’y a eu au théatre plus de déchaînement qu’il y en eut contre le Tartuffe, le Parlement le défendit par arrêt, le Roi fit pareille défense ; les Prédicateurs, les Confesseurs, les Magistrats, les Écrivains, tout s’éleva avec zèle, le sublime Bourdaloue prêchant sur les divertissemens du monde le troisième dimanche après Pâques, s’étend beaucoup sur les spectacles qu’il démontre être impurs, criminels, scandaleux de leur nature, faisant naître mille pensées & désirs impurs défendus par l’Église & par tous les Saints Pères dont le témoignage vaut bien celui de quelques libertins, sans sciences, sans études, sans autorité, qui n’ont pour guide & pour oracle que des passions dont ils sont idolâtres. […] Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits). […] Je défie de déviner l’un des crimes atroces qu’elle leur impute ; c’est qu’aucun ne pouvoit souffrir le jeu, le bal, le spectacle ; je ne sais de quel Historien elle a tiré ce fait si intéressant, les grands événemens de ce siècle ont trop occupé leur plume pour s’embarrasser de la comédie ; & ces hommes célèbres eux-mêmes s’en occupoient trop pour perdre le temps à ces frivolités, ni avoir aucun goût pour elles, le théatre étoit dès-lors inconnu en Hollande, où on ne pensoit qu’à établir la république & le commerce ; elle ne faisoit que de naître en Angleterre & en France où on n’avoit encore vu que les confrères de la passion.

160. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Née tendre & sensible (Voilà de grands & de rares talens dans une femme), ses foiblesses semblent avoir été annoblies par celui qui en fut l’objet & par celui qui en fut le fruit. […] Il étoit encore jeune : mais aux ames bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années . […] Mais elles sont très-propres à former à la débauche un bâtard sous ces auspices, élevé dans ces principes, à qui on donne ces leçons & ces exemples.

161. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Les spectacles particuliers sont le tête à tête ; les portes & les murailles y tendent des pièges, non-seulement parce qu’avant & après on trouve, on fait naître les occasions & les prétextes, qu’on ne joue la comédie que pour s’en ménager, mais encore parce que la petite assemblée est entierement soustraite aux regards du public. […] Dans la tolérance de l’exposition des enfans approuve-t-on le crime qui les fit naître, parce que pour leur sauver la vie on bâtit des hôpitaux où on les reçoit sans examen ? […] Mais la premiere représentation a dû détromper ; ce qu’on y a vu, entendu, senti, a dû faire toucher au doigt & à l’œil le danger & le crime d’un spectacle où le vice domine, où les occasions naissent sous les pas, sur tout les femmes, qui naturellement plus pieuses & plus sensibles, ont dû être plus alarmées, & avant d’y aller par la vue de l’écueil, & après y avoir été par le soupçon ou plutôt la certitude du n’aufrage qu’elles y ont fait.

162. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Le masque facilite tout ; les aventures qu’il fait naître, qu’il cache, qu’il favorise, le caractère des danses qu’il fait imaginer, l’amusement des préparatifs qui faisoit dire à Fontenelle, au moment qu’on partoit pour le bal, le plaisir est passé, vous l’avez goûté en vous préparant, le mouvement de l’exécution, les équivoques auxquelles l’incognito donne lieu, ont fait le succès de ces folies, & en font l’extrême danger. […] Le contraste de ce qu’on cache & de ce qu’on montre, les rencontres, les paroles, les idées qu’à tous momens il fait naître dans l’imagination, continuellement occupée d’objets très-libres, au moment de succomber à la tentation, ne font qu’enseigner & autoriser des moyens de séduction très-faciles, affoiblir l’horreur qu’on doit en avoir, en les tournant en plaisanterie. […] On croit y faire naître les graces de la jeunesse, & acquérir celles de la vivacité & de la légèreté.

163. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Je vous diray donc, encore une fois, que quoyque ces spectacles, dont on est si passionné, ne soient plus cruels, ni si infâmes qu’ils l’étoient en ces premiers tems, ils ne sont pourtant guere moins dangereux, & qu’eû égard à la disposition de plusieurs, c’est à dire de ceux qui connoissent leur foiblesse, & qui n’en ont déja que trop d’experience sur ce point, c’est sans contredit un peché mortel ; quoyqu’il ne leur soit pas évident qu’ils donneront consentement à toutes les pensées, & à tous les desirs criminels que ces objets pourront faire naître. […] C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce panchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, a ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer les plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? ou bien, n’est-ce pas mettre en question, si les pensées volontaires, & les desirs que ces objets font naître, & que l’on entretient ensuite, sont défendus par la Loy Chrétienne, qui pour nous obliger à la pureté, se sert des termes les plus forts, & qui tiennent davantage de l’exaggeration, savoir, de nous arracher les yeux, s’il nous sont une occasion de scandale, & où l’Autheur de cette Loy met au rang des crimes le plus énormes, les regards que l’on jette sur une femme à mauvais dessein : Qui viderit mulierem ad concupiscendum eam, jam mœchatus est eam in corde suo.

164. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

La sage Pallas naît du cerveau de Jupiter par un coup de hache, & Bacchus de sa cuisse, Vénus de l’écume de la mer. […] Il lui a formé une compagne aimable, semblable à lui, qu’il lui a unie par des liens indissolubles ; il lui fait naître d’autres lui-même qui lui font tous les jours goûter les douceurs de la société, les charmes de la tendresse & du respect ; il peut avec des amis vertueux, par un commerce de sentimens, de services & de plaisirs, goûter des délices pures & innocentes ; des exercices honnêtes, un travail conforme à son goût & selon ses talens, n’est pas moins utile à sa santé qu’amusant & récréatif ; la campagne lui déploie ses richesses, & paye avec usure le soin qu’il prend de la cultiver, les arbres lui présentent des fruits, les prairies font éclorre des fleurs, les troupeaux font couler des ruisseaux de lait, il peut déclarer une guerre innocente aux habitans de l’air.

165. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

En un mot, les événemens d’un Poème bien fait, & les passions qu’on y fait naître doivent tous tirer leur source de ce qui s’est passé au prémier Acte, & de l’action principale, qui ne peut être une, qu’autant que les incidens & même les paroles des personnages, se rapportent entiérement à elle. […] J’aurais cité avec plaisir un Opéra-Bouffon ou une Comédie-mêlée-d’Ariettes qui eut renfermé avec art l’Unité de personne ; mais ce Phénix est encore à naître.

166. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre V. De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. De la Musique récitative & à plusieurs parties. » pp. 80-93

Si l’on en conserve quelque idée, N’est-elle pas combattue par celle que la musique a fait naître ?

167. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Si l’amour fait naître quelques nouveaux détails, & il ne peut rien produire de plus, ils partent toujours de la même source.

168. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Que vos plaisanteries naissent du fond du sujet ; qu’elles ne soient point trop fréquantes, afin de faire plus d’impression, & d’être mieux senties.

169. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Parce qu'on n'y représente que les objets de la concupiscence, et que tout ce qu'on y entend, tout ce qu'on y voit, tend à détruire l'amour de Dieu, et à faire naître l'amour du monde dans le cœur des Spectateurs.

170. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

Si donc, il est prouvé par les événements les plus déplorables que l’ambition du clergé, que l’oubli de la discipline qui lui est propre, que l’ignorance des lois qu’il doit le plus connaître, l’aient porté à s’écarter de ses devoirs d’une manière aussi coupable, l’autorité séculière doit sans cesse se mettre en garde contre les nouvelles entreprises qu’il prétendrait former ; elle doit lui reconnaître une administration toute spéciale dans l’Eglise ; mais hors de l’Eglise, il lui appartient de surveiller la conduite des prêtres, et de savoir s’ils se conforment eux-mêmes aux propres lois qui leur sont imposées par les canons des conciles, parce que le prince est le protecteur de ces mêmes conciles.

171. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

La vérité ou persuasion intime, naît du tact particulier : elle ne peut être de convention, et on s’abuse soi-même, quand on croit croire sur caution.

172. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

La solitude calme l’âme, et apaise les passions que le désordre du monde à fait naître.

173. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Ces deux objets sont en effet toujours exposés aux regards & aux libertés criminelles, & toujours propres à faire naître des complaisances & des mouvemens contraires à la pureté, à occasionner les plus grands désodres. […] C’est faire naître du même endroit de bonnes & de mauvaises pensées, le péché & la vertu. […] Paul frapperoit point des oreilles dramatiques ; mais au moins ne peut-on se dissimuler que les nouvelles Gorgones ne soient tous les jours souillées dans nos Eglises par les regardt & les discours, les désirs & la licence de nos nouveaux Neptunes ; que leur fard, leurs nudités, leurs parures ne les attrouppent au tour d’elles, & que leur vanité, leur libertinage ne donne volontairement ce scandale sacrilége. […] Cette idée est bien hasardée, rien ne la fait naître dans le Livre de Judith, la vie de retraite qu’elle a menée avant & après, l’éloge que lui donne le grand Prêtre de n’avoir jamais pensé à de secondes noces, la rendent très peu vrai semblable, & elle n’excuseroit ni les mensonges qu’elle débite à Holopherne, ni sa facilité à se rendre aux propositions de Vagao, & à se livrer seule dans sa tente à la passion d’un idolâtre.

174. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

La musique dès son institution fut consacrée à servir dans les Temples des Dieux ; une foule de Prêtres célébrait apparemment en chœur le Dieu qu’on adorait : voilà ce qui fit naître la prémière idée du grand Opéra chez les anciens. […] Une lecture réfléchie des chœurs de leurs Poèmes, aura fait naître à un homme de génie Italien le dèssein de les imiter ; & l’Opéra-Sérieux se sera formé insensiblement. […] C’est l’Art du Poète qui le fait naître ordinairement. […] Mais puisque ceux qui viennent sur la Scène sont supposés avoir la puissance en partage, il est tout simple qu’ils se distinguent du commun des mortels, en fesant naître des merveilles sans nombre.

175. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

de parents beaucoup plus distingués par leur probité, que par leur fortune, j’ai reçu par leurs soins plus d’éducation, que leur médiocrité n’aurait dû les porter à m’en accorder ; leur tendresse généreuse et paternelle s’est privée du nécessaire pour me mettre en état de prendre un parti, qui me rendit plus heureux qu’ils ne l’ont jamais été. […] Je sais bien que dans quelques unes de nos pièces, on ne représente l’amour que du côté ridicule, mais on doit observer en même temps avec quelle adresse nos Auteurs ont soin de faire prévoir tous les inconvénients qui résulteront d’une union indiscrète, si l’amour naît dans l’âme de deux étourdis qui ne s’unissent que parce qu’ils sont épris de leur impertinence réciproque, on a grand soin de leur prédire une désunion prochaine, la froideur, le mépris mutuel, la coquetterie, les tracasseries, les infidélités qui de part et d’autre les autoriseront à se détester réciproquement. […] Ce n’est point au Vainqueur de Rosbach que j’ai l’honneur de dédier cet ouvrage, Français je serais un traître. […] [NDE] Type de pièce de théâtre espagnole, née durant l’Âge d’or du théâtre espagnol, qui traite d’une allégorie religieuse, notamment liée au mystère de l’Eucharistie.

176. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

« Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions, effaceroit-elle celle des transports de plaisir et; de joie qu’on en voit aussi naître ?  […] Vous soutenez que l’homme est bon. […] Le premier peut être nuisible aux mœurs, s’il est possible qu’une mauvaise action le fasse naître. […] Quel incident ferez-vous naître encore pour faire valoir votre cause ? […] Si les Comédiens étoient nés avec de la fortune, ils agiroient de même.

177. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Ce fut peut-être pour cela que Dieu voulut naître ici-bas comme un homme, et qu'il daigna prendre notre honte et notre bassesse en naissant comme nous ? Ce fut peut-être pour cela qu'il naquît dans une étable où les Anges le servaient ?

178. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Les Chanoines, ce sénat des Evêques, chargés par état de la prière publique et du culte divin, pourraient-ils s’en acquitter dignement ? […]  78.), défend aux Clercs d’être présents à certaines comédies, vraisemblablement assez peu dangereuses, qui se représentaient alors dans les maisons particulières, aux festins des noces et autres grands repas ; mais leur ordonne de se lever et de se retirer quand les Comédiens entreront, « Surgere de convivio et abire. » 2.° Il est défendu aux enfants des Prêtres de représenter la comédie ou d’y assister, soit aux enfants nés avant la promotion de leur père au Sacerdoce, les seuls que puisse reconnaître l’Eglise Latine (Concil.

179. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Quand tout l’Empire de Flore avec les deux Arabies & les lieux où naissent les beaumes seroient distillés, on ne feroit pas un assortiment de senteurs comme celui là, &c. […] Il est difficile que si les acteurs & les actrices n’apportent point ces passions sur la scene, ils ne les y prennent ; leurs rôles-même les sont naître. […] Elle fit naître & attacha des gros chiens au tour de sa ceinture qui jappoient sans cesse : n’est-ce pas une jolie jupe ?

180. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

La Grammaire, la Rhétorique, l’Art poëtique qu’elle avoit projetté de faire, sont encore à naître, & ne verront jamais le jour. […] Il faudroit donc aussi que le Gouvernement déclarât l’étendue de ce droit bien en détail, pour prévenir les procès comiques qui peuvent en naître. […] Pour les bien exprimer & les faire naître, il faut les sentir vivement le premier. 3.° Crime ; c’est se rendre vicieux pour répandre le vice.

181. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

C’est le double crime du ces productions empoisonnées : trois vices qu’elles font naître, comme les trois têtes de Cerbère, la témérité, la paresse, la débauche, avec l’art de séduire les autres. […] Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu. […] On se retire dans un désert, on s’ensevelit dans un cloître, pour éviter les dangers du commerce du monde, & à peine l’asyle de la solitude met à l’abri les Héros Chrétiens, l’iniquité naît par-tout, les austérités ne désarment pas ennemi, il faut éternellement être en garde contre son propre cœur, & ce qu’il y a de plus foible croit pouvoir se jeter au milieu des plus grands ennemis !

182. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Nous pouvons voir quelles pensées l’Histoire de Judith fera naître au Théâtre, par celles que la nouvelle Tragédie a développées dans l’Ecriture. […] « Quel chemin ai-je pris pour entrer dans son cœur, Et pour y faire naître un amour exécrable ? […] que dira-t-on du Dieu de la Judée ; Si par un artifice infâme et criminel, Il faut perdre Holopherne, et sauver Israël. » C’en est trop pour voir quelles pensées ces sortes de sujets font naître à des personnes qui fréquentent le Théâtre, et combien ils s’altéreront dans leur esprit.

183. (1759) Lettre d’un professeur en théologie pp. 3-20

Il est vrai qu’en nous faisant une imputation si gratuite, vous ne prétendez pas nous faire une injure : &, si je compare l’éloge que vous faites ailleurs de notre Philosophie6 avec l’assurance que vous donnez à vos lecteurs7 que, quand même nous ne serions pas Sociniens, il faudroit que nous le devinssions pour l’honneur de notre philosophie ; je suis prêt à concevoir des soupçons à votre égard, que je crains qu’un examen réfléchi ne fasse naître chez tout lecteur.

184. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Il semble que les Enfans soient tous nés Comédiens, tant on trouve de facilité à leur enseigner le Mimisme : en effet, cet âge est celui des Jeux & des Ris ; tout est prestige, tout est illusion dans cet âge charmant ; & tout ce qui est imitation & faux-semblanta des attraits pour lui : la Comédie, qui n’est qu’une image des mœurs par son intrigue, est aussi la peinture des actions par ses Imitemens, comme elle est celle des manières par ses Modelemens ; cet Exercice doit être par-là doublement utile à la Jeunesse, qu’il prépare à remplir réellement dans la Société, ce qu’elle a feint sur la Scène.

185. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Comment peut-on concevoir que des chrétiens à qui on a fait connaître la nécessité de combattre leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer ?

186. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

Le Poème dramatique destiné aux pièces de théâtre, du mot grec δρᾶμα, qui signifie action, et qui avait été dans une si haute estime chez les Grecs et les Romains, ne parut que fort tard en France ; la fin du règne de Charles V. en vit pour ainsi dire naître les faibles commencements sous le nom de Chant Royal.

187. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Mais c’est le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux ; de récompenser ceux qui les savent entretenir et les rendre incurables, au lieu de penser à les guérir ; et il est incompréhensible, que les Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer.

188. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Le siècle précédent en vit naître une des plus vives entre les personnes les plus spirituelles & les plus sçavantes : avec quel feu & quelle chaleur ! […]   Je ne demande point à ces Messieurs si jaloux d’élégance & d’agrément, s’ils ont eu droit de détourner le Chœur Tragique, (d’où est l’Opera) de son premier office, je veux dire, du soin de faire valoir la vertu, pour le rabaisser à débiter de tendres folies. […] Nés pour la sagesse, elle nous sied toujours : il n’est jamais permis de nous en écarter. […] Nés libres, nous aimons, nous péchons avec liberté. […] C’est donc à vous, Messieurs, (je parle aux Spectateurs, Censeurs nés de la plume des Poëtes, & du jeu des Acteurs) c’est à vous particulierement, & plus qu’à eux, d’employer vos soins à la réforme du Théatre.

189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Il est aisé de sentir que le chant de la Romance doit être tendre & mélodieux : s’il était autrement, il ne se rapporterait plus au genre ni au sens des paroles ; il cesserait de peindre les peines ou les plaisirs de l’amour ; il ne ferait plus naître dans l’âme de ceux qui l’écoutent, ce trouble & cette douce langueur qui les portent à la tendresse. […] Le sens commun, & la manière de parler des hommes, que personne ne peut ignorer, nous attestent qu’on prononce tout de suite les mots, à mesure qu’ils naissent avec la pensée, dont ils sont l’image.

190. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Il est vrai que ce spectacle est un peu moins licencieux qu’auparavant ; il vient d’être réuni aux Italiens, sans doute pour prévenir les querelles qui naissaient souvent entre les deux théâtres, en voici quelques traits qui feront une épisode amusante. […] Si le Concile n’en parle pas, c’est que ce goût universel de poésie, de bel esprit, de spectacle, ne s’était pas encore répandu dans le monde et introduit dans les Communautés : une éducation moins frivole et moins mondaine n’avait pas tourné les esprits vers la bagatelle et le plaisir ; mais, grâce au nouvel enseignement que vit naître la fin du seizième siècle, et qui s’est si fort accrédité dans les suivants, on voit plus d’acteurs et de beaux esprits que de Chrétiens.

191. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables Incrédules peuvent à leur aise se mocquer de ma démarche ; je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les Ecrivains dignes de servir la Religion, si les ames honnêtes & pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité dès qu’elle se montre.

192. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Dans une secte, l’antipode de la morale relâchée, on est étonné de voir naître un Apologiste des Spectacles : que diroient Vendrok, l’Auteur des Provinciales & tant d’autres grands hommes qui ont démasqué une foule de Casuistes anti-chrétiens, s’ils revenoient sur la terre, & qu’ils lussent le présent mémoire ?

193. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Du cœur naissent les mauvaises pensées, les discours scandaleux, les écrits licentieux ; mais l’homme de bien tire de son trésor des choses anciennes & nouvelles : c’est l’Evangile.

194. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Et en effet, c’est de ce principe que naissent tous les jours les relachemens dans la Morale chrétienne.

195. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Indépendamment de ceux qui naissent dans le pays, la France, l’Italie, l’Allemagne en vomissent de temps en temps sur les bords du Lac : il est donc essentiel à Genève d’avoir un spectacle, puisque vous lui accordez une si grande vertu que celle d’empêcher le progrès des mauvaises mœurs. […] Je me suis attaché à rendre le spectacle décent et respectable, à en faire une ressource pour des orphelins bien nés à l’éducation desquels on emploierait certains fonds indiqués. […] Il distingue avec sagacité l’intention du Législateur du texte de la loi, et ne la soutient dans toute son étendue que quand l’abus qui la fit naître se présente tout entier à son activité. […] Vous avez donc eu tort de conclure de ce qu’une loi qui n’a pas assez prévu, pour retrancher l’abus qui l’a fait naître, que toutes les lois aient la même insuffisance, et qu’il ne soit pas possible de faire respecter les bienséances et la Police aux Comédiens, parce que l’on n’a pas su empêcher les Duels.

196. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Parce que la vue de ces objets charmans peut faire naître des passions, préférerons-nous les mœurs Asiatiques aux usages honorables & sages de l’Europe ? […] Au lieu que la Comédie, pour naître, veut une Nation oisive, opulente, qui commence a penser finement, & qui sait déja déguiser ses vices. […] Voila donc la Comédie publique née en Sicile. […] ô pauvres Peuples, qu’aviez-vous fait au Ciel, pour naître dans ce siècle de fer ! […] Il est donc certain que la Tragédie est une seconde fois née au pied des Autels.

197. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Que ce même acteur parle en Iroquois, il se fera siffler, qu’il parle en scélérat, il sera applaudi ; un enfant bien souffrira-t-il que pour se réjouir on représente à ses yeux la mort de son pere ? […] Le libertinage de la jeunesse le fit comédien : Juventa licentia factus histrio , pour des emplois sérieux, transporté dans les folies du comique, rigide observateur, & peintre plaisant du ridicule ; mais sans affectation & sans gêne, serré dans sa prose, aisé dans ses vers, fertile en plaisanteries, il a réuni les bonnes qualités, & les défauts de tous les comiques. […] Il en est ainsi de toutes les passions, les objets les augmentent, les sont naître, y font succomber.

198. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

On devoit ce tribut à sa sainte mémoire ; elle étoit née dans la musique, son pere & sa mere étoient musiciens du Roi de Pologne, Stanislas. […] La musique étoit tout leur bien ; ils donnerent une éducation théatrale à leur fille née en Provence, où l’on est naturellement comédien, & d’un caractere enjoué. […] Il n’y auroit jamais pensé : l’Opéra de Paris lui en aura fait naître l’idée.

199. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

L’impureté est-elle permise à celles qui naissent dans les palais, & défendue aux habitantes des cabanes ? […] Si nous étions nés dans un pays froid comme le votre, n’aurions-nous pas soin de nous couvrir le corps ? […] (Charmantes un jour voit naître & mourir, votre éclat si doux) : Je mourrai bien-tôt après vous, plutô que vous peut-être.

200. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Que quoi que l’on ait banni de nos théâtres les impiétés sacriléges, les obscénités honteuses qui deshonoroient les spectacles anciens ; les nôtres, pour être plus épurés, ne laissent pas de faire craindre de grands dangers pour la pudeur & les autres passions qu’ils peuvent faire naître. 2°.  […] Ce qui est une preuve invincible que ces Peuples étoient persuadés que les hommes n’étoient point nés pour ces plaisirs ; car autrement, pourquoi noter ces personnes d’infâmie, si ce qu’elles font est selon l’ordre de la raison & de la nature ? […] Où en est votre vertu, femmes Chrétiennes, lorsque vous entendez une personne de votre sexe avouer sa foiblesse, & la déclarer même au séducteur qui l’a fait naître ? […] Mais après tout, quand les Loix civiles les autoriseroient, ce qu’elles ne font point ; comme ce ne pourroit être que pour des raisons qui naissent de la corruption de vos mœurs & pour éviter des désordres, dont un gouvernement sage veut prévenir les suites funestes & dangereuses ; des Chrétiens animés de l’esprit de Jesus-Christ, n’en doivent pas être moins prompts à les condamner par leurs discours & leurs exemple. […] Voici ce qu’en dit le plus éloquent de leurs Orateurs : Les spectacles firent naître l’amour du merveil leux, & dégoûterent de la modeste simplicité.

201. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

On sort du spectacle le cœur si rempli des douceurs d’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs & les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théatre. […] L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir point assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par ce genre d’ouvrage, & de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir … … les gens de bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules, peuvent à leur aise se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les ames honnêtes & pieuses voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité lorsqu’elle se montre ».

202. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

C’est une fille de la lie du peuple (comme le sont toutes les Actrices), née dans une famille chrétienne & de bonnes mœurs (dans un grand nombre le vice est héréditaire). […] Mais elles sont trop méprisables, pour qu’on ne puisse en désabuser une ame bien née.

203. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Voici la traduction : Il est , il est , il est aujourd’hui, le Seigneur qui efface les péchés du monde, que le Père, créateur de tout, a envoyé dans ce lieu d’exil, pour racheter sa créature et la rendre au paradis ; il n’a pas, il n’a pas, il n’a pas diminué ce qu’il était, en devenant ce qu’il n’était pas, mais en prenant l’enveloppe de chair (un corps), dans le palais (le sein) de la Vierge, comme l’époux sort de la chambre nuptiale, il est sorti du sein de sa mère ; la fleur de la branche de Jessé remplit les siècles de son fruit. C’est lui que la prophétie a prédit devoir naître de Marie : quand cette fleur paraîtra, le diable sera confondu, et la mort mourra ; nous te louons, Seigneur. […] Plus bas on lit : « Dies festa colitur, Tange symphoniam ; Nam puer nascitur Juxta prophetiam, Ut gigas egreditur Ad curendam viam : Felix est egressio Perquam fit remissio. » On célèbre un jour de fête : touchez la symphonie (le tambour à deux côtés) ; car l’enfant qui naît selon la prophétie, sort comme un géant pour entrer dans la voie (le monde) : c’est une heureuse sortie (naissance) que celle qui produit la rémission.

204. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Le danger que vous courez est donc bien plus grand à la lecture qu’au spectacle même ; car, quand même je vous accorderois qu’il pourroit faire plus d’impression sur vos sens, ce ne seroit tout au plus qu’une impression momentanée qui finit avec l’objet qui l’a fait naître ; mais la lecture produit un effet bien différent, elle vous présente sans cesse cette image séductrice : vous vous y arrêtez : vous la revoyez à toute heure avec un nouveau plaisir.

205. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Le génie qui en composant, le transporte dans toutes les situations, lui indique le plus beau jeu qui ait pu naître de tous ses refforts.

206. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

On sort du spectacle, le cœur si rempli des douceurs de l’amour ; & l’esprit si persuadé de son innocence ; qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vûs si bien représentés sur le Théatre.

207. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Cet ennemi de notre bonheur, de la possession même, ne nous quitte plus, quand il s’est une fois emparé de nos cœurs.

208. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Le fils d’une tige illustre, au lieu du cœur de ses aïeux, n’a trouvé au dedans de lui qu’un cœur qui ne pouvoit pas même s’élever aux vertus de l’homme dans la foule.

209. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ?

210. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

C’est le mesme malheur, (quoique d’une differente conséquence) d’estre dãs une erreur touchant les sens, ou la foy.

211. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

Mais ce n’est pas le seul danger auquel on s’expose en allant au bal, il y en a encore un autre qui n’est pas moins à craindre, ni moins ordinaire, qui est celui des querelles ; desquelles naissent, comme l’on ne voit que trop tous les jours, des inimitiés irréconciliables, des duels, des meurtres, et plusieurs autres désordres horribles et scandaleux.

212. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?

213. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

J’attends avec impatience la Critique que vous nous promettez d’un ridicule national, vicieux et très-commun : je croirais que ce serait l’Esprit Philosophique, si ce caractère était celui de notre Nation, chez laquelle le vrai Philosophe est fort rare, si l’on entend par ce mot ceux qui enseignent et qui pratiquent les maximes de la bonne morale, et si nous n’avions pas vu naître dans ce siècle l’abus scandaleux de ce titre respectable, et la plus fausse Philosophie.

214. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Mais si les discours académiques doit vent pas être des panégyriques des Saints, ils doivent aussi peu être des panégyriques des libertins. […] Mais de cet amas d’absurdités naissent des beautés inattendues, d’une seule partent mille traits de satire qui se dispersent & frappent à la fois ; en un moment il a démasqué un traître, insulté un Magistrat, flétri un délateur, calomnié un Juge. […] Exupere, Evêque de Toulouse : nouveau choix fort singulier, un Evêque du quatrieme siecle, très-vénérable assurément par sa sainteté, mais qui n’a aucun nom dans la littérature, & dont les vertus gothiques, aussi éloignées de nos mœurs que son siecle l’est du nôtre, peuvent faire naître les plus malignes allusions. […] dans une famille chrétienne, éleve en Chrétien, professant vingt ans le christianisme, c’est par choix, avec réflexion & une entiere liberté qu’il se jette dans les plus pitoyables égaremens de l’esprit humain, veut y entraîner tout le monde, & meurt enfin dans l’idolâtrie & le blasphême, que la philosophie elle-même condamne.

215. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Or, celles que font naître les Actrices des Spectacles publics & des Théatres de Société, se terminent-elles toujours aussi légitimement » ? […] Quels demi-Dieux enfin nos jours ont-ils vu naître ? […] Voilà d’où naît la diversité des Spectacles, selon les goûts des diverses Nations. […] Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions effaceroit-elle celle des transports de joie & de plaisir qu’on en voit naître, & que les Auteurs ont soin d’embellir encore pour rendre leurs Pieces plus agréables ? […] Que peut le Souverain le plus heureusement , au milieu de cet esprit universel de déprédation & d’avidité ?

216. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Par-tout on retrouve la boutique où il est , la troupe de campagne avec laquelle il a vécu, le jargon de province dont il amusoit la populace. […] avec un esprit de réflexion (continue cet Auteur) prompt à remarquer les expressions & les mouvemens des passions dans différens états, & à saisir l’homme tel qu’il est, & en habile peintre exposer les plus secrets replis de son cœur. […]   C’est là que le cœur enchanté Du spectacle nouveau que le François admire   S’émeut, éprouve ce délire    Qui fait naître la volupté.

217. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Cet usage du monde semble assez naître de ce préjugé ; que les femmes sont communément plus susceptibles et plus remplies de sentiments de Religion que les hommes : qu’on ne peut par conséquent faire à leurs yeux le plus brutal outrage au Seigneur sans les offenser. […]  » Ce discours est d’un fils bien  ! […] « Je sens, dit-il, la passion naître en moi par l’inspiration d’en haut.

218. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Pour la crainte, qui est le second effet de la Tragédie, vous savez que l’amour n’est guère capable de la faire naître en nos cœurs, et que les fureurs d’un Tyran, la jalousie, la vengeance, la haine et les autres passions sont les causes ordinaires de la terreur. […] Elles sauront bon gré aux Auteurs de leur avoir épargné les scrupules qui naissent de ces sortes de spectacles, et d’avoir mis leur réputation à couvert de la censure : comme leurs soins s’étendent jusque sur leur famille, elles se réjouiront de ce que la Tragédie ne sera plus un divertissement qu’elles doivent défendre à leurs enfants, et en les portant à y assister, elles croiront avoir trouvé un moyen assuré de les retirer doucement des divertissements plus dangereux. […] Le portrait d’un Héros de cette sorte est pour le moins aussi beau que celui d’Alexandre ou de César ; et je suis assuré que la constance Chrétienne peut faire naître des événements aussi surprenants et aussi admirables que la vertu Romaine.

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