Pour l’Astrologie, si nous écoutons ses raisons, Elle ne s’élèvera pas seulement au-dessus de la Peinture et de la Musique : mais Elle essaiera de nous persuader qu’elle est plus utile aux Princes que la Politique même : Car elle se vante qu’elle lit dans les Astres les secrets de l’avenir, qu’Elle présage les maux qui menacent les Etats, qu’elle enseigne les moyens de les détourner, et qu’un Astrologue est plus utile à un Roi que tous ses Soldats et tous ses Ministres.
C’est là qu’on parle le plus mal des Rois & des Ministres, des Grands, qu’on loue leurs conquêtes, leur ambition. […] Il faut bien que les Ministres Protestans en aient leur part en tout genre. […] Avec de tels sentimens on est fait pour aimer, louer, protéger, enrichit le théatre, mépriser & traiter de Tartuffe les Ministres de Dieu qui le condamnent.
16.) sur le bon exemple que doivent partout donner les Ministres de la justice ; (C. […] Elle nous fait voir, dit-on, que c’est depuis peu de temps seulement que les Ministres de l’Eglise usent envers la société d’une autorité arbitraire. » Enfin on tire une fausse conséquence de cette maxime vraie en matière criminelle « non bis in idem : Si l’Acteur et l’Auteur, dit-on, sont infâmes dans l’ordre des lois, il résulte de cette peine d’infamie, que la peine de la loi contre un délit détruit toute autre peine, parce qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. ». […] On lui fait espérer que l’Eglise elle-même, bien loin d’autoriser ses Ministres à user d’une autorité arbitraire, s’élèvera au contraire contre la sévérité de ces zèles amers que la charité ne connut jamais.
.), rapportent que le Ministre Rousset, qu’elle fit Evêque d’Oleron, s’insinua dans sa cour, lui fit lire la bible traduite en français, et la rendit huguenote, qu’elle composa une tragi-comédie de tout le nouveau Testament, et la fit jouer par des Comédiens, qui pour lui plaire, y mêlèrent une foule de railleries et d’invectives contre le Pape, les Ecclésiastiques et les Moines. […] On irait prendre dans cette illustre pépinière les grands Magistrats, les Généraux, les Ministres. […] On disait que ce puissant Ministre avait voulu faire montre de sa puissance, à l’exemple de l’Empereur Caligula, qui désigna son cheval pour Consul Romain.
Cependant on peut dire, pour justifier cette indulgence, que l’Eglise regarde de plus près aux qualités des Ministres qu’elle admet, que des Ministres déjà reçus, qu’un refus ne fait pas autant de tort qu’un châtiment, que la privation de tout privilège clérical est une plus grande punition que la simple exclusion, qu’on exclut pour de simples défauts de corps ou d’esprit, qui ne sont point de péchés, et que des bouffons, tels qu’ils étaient dans ce siècle, qui amusaient les passants dans les rues, étaient moins pernicieux et moins coupables que des Comédiens et Comédiennes de profession qui passent toute leur vie à exciter par toute sorte d’artifices les passions les plus criminelles : métier si opposé au christianisme, que d’autres canons appellent cette espèce d’hommes des apostats et des démons. […] Une autre condition qui ne porte pas sur la validité, c’est un renoncement sincère à leur métier de Comédien ; sans quoi leur mariage, comme fait en état de péché mortel, public et certain, serait une profanation dans les contractants et dans le Ministre.
On n'y reconnaît plus ces Anciens Prêtres, Ministres de l'Idolâtrie, comme Souverains Pontifes, ce n'est plus à l'honneur de quelques fantastiques Divinités que nos Poètes et nos Acteurs consacrent leurs travaux, ni qu'ils rendent des actions de grâces, quand ils y reçoivent des applaudissements ; Tous leurs soins ne vont qu'à complaire à la Cour de France et à la Ville de Paris, et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent.
Le ministere ecclésiastique est angélique ; mais les Ministres sont des hommes : Mysteriorum Dei habent thesaurum in vasis fictilibus. […] Cependant ce Ministre, qui établit le premier la prétendue Réforme à Strasbourg, ne devoit pas avoir des mœurs bien austeres. […] Rousseau a aussi eu pour contradicteur un Ministre de l’Eglise Romaine, M. l’Abbé Irail, dont nous aurons occasion de parler. […] Il y a très-bien traité ce dernier objet, non seulement en Ministre de l’Eglise, mais encore en bon spéculateur politique. […] Le Mimographe confondant les Ministres de notre Religion avec les Prêtres des Idoles, les compare à des Comédiens.
On sait combien il a toujours été appliqué à les extirper, et à les combattre non pas en cadence et à coup de Cestes comme votre Hercule, mais par les armes spirituelles d’un véritable Evêque, par la Foi, par la Prière, par la vigilance, la patience, la charité, le bon exemple, en rétablissant autant qu’il pouvait, la Discipline Ecclésiastique dans l’administration du Sacrement de Pénitence, en ordonnant et formant de bons Ministres pour seconder son zèle et son travail, et en bannissant la doctrine relâchée de vos Casuistes pour ne faire enseigner à son Troupeau que la Morale de Jésus Christ et des Saints Pères.
Il est vrai que de temps en temps, et deux ou trois fois, il fait remarquer aux ministres de l’autel, que ce qu’il propose à tous les fidèles les oblige plus que tous les autres : mais cela, loin de décharger le reste des chrétiens les charge plutôt ; et il est clair, tant par les paroles de Saint Ambroise, qu’en général par l’analogie de la doctrine des saints, qu’ils rejettent sans restriction les plaisanteries.
Jean, Vicomte de Bolinbrock, Pair d’Angleterre, Ministre de la Reine Anne, a joué bien des rôles, & a déplu à tous les partis. […] Il convient lui-même que le Duc d’Ormont, autre partisan du Prétendant, quoique Anglican aussi, & même le Ministre Anglican Lesbi, lui disoient qu’il en demandoit trop sur la religion ; il croyoit que la tolérance promise devoit suffire, & qu’on ne devoit pas exiger qu’il changeât lui même de créance. […] Il en eut une autre ensuite entre Amboise & Tours, acquise depuis, & fort embellie par un autre Ministre retiré de la Cour comme lui. […] Bolinbrock alors Ministre, qui s’y trouvoit caractérisé, affecta d’y applaudir aussi.
Le poëte n’enfante ces absurdités que pour rendre odieuse la religion romaine, en peignant ses ministres comme des scélérats qui abusent des choses les plus saintes pour les plus grands crimes. […] C’est un Pantomime qui, avec la plus grande & la plus adroite célérité, change tout-à-coup d’habit & joue toutes sortes de rôles, de roi, de gueux, de militaire, de magistrat, de femme, de cardinal, de ministre, de paysan, monte son visage, en prend les attitudes, les tons, &c. […] Non-seulement elle écoutoit les pieces sur la scène, mais s’en faisoit rendre compte, les corrigeoit, les embellissoit, lui fournissoit des desseins, comme le cardinal de Richelieu, en cela plus femme que ministre, faisoit travailler les cinq auteurs. […] Un poëte inspiré, applaudi par une muse dont le trône est le parnasse, n’a point d’égal ; & en effet, aucun des misérables versificateurs qui barbotoient alors au-delà des mers dans le limon de l’Hypocrene, ne pouvoit se mesurer avec lui : en cela plus heureux que Corneille, qui lui étoit si supérieur, & qui eut à combattre des ennemis, des rivaux, l’Académie, la Cour & le Ministre.
Nous vivons encore sous des Ministres & des Magistrats, dont toutes les vues sont dirigées vers le bien public, dont l’intérêt le plus cher est également de faire revivre les bonnes mœurs. […] O, que de peres, que d’époux combleront de leurs bénedictions, & l’Auguste Souverain, qui aura promulgué cet Edit, & le Ministre, vraiment patriote, qui l’aura conseillé, & celui dont la plume éloquente l’aura rédigé ! […] La Vérité tardive paraît, enfin, & force les envieux & les mécontens à admirer, à respecter dans le silence les grands Ministres & les grands Magistrats, dont elle-même place les noms immortels au rang de ceux des bienfaiteurs, & des amis de l’humanité. […] J’apprens dans l’instant, avec la plus vive satisfaction, qu’un Ministre aussi distingué par ses qualités personnelles, que par ses talens supérieurs, & une modestie que je craindrais de blesser en le nommant, s’occupe serieusement de cette réforme, & qu’il va faire rendre aux Auteurs toute la justice qu’il avaient lieu d’attendre de lui. […] Quel portrait plus frappant peut-on offrir de nos Ministres & de nos Magistrats actuels, que celui qu’un habile Orateur* fait d’un celebre Magistrat du dernier siecle.
D’ailleurs, le suffrage d’un petit nombre de Pasteurs, n’a jamais été d’aucun poids dans l’Eglise, dès que la majeure part des saints Ministres se trouve en un parti contraire.
L’Eglise retranche même dans les jours de tristesse et de deuil, les solemnités de son culte, les parures de ses Autels et de ses Ministres, la douceur même et la gaieté de ses chants ; et vous irez repaître vos yeux des agréments affectés, et du pompeux ajustement de quelques femmes licencieuses, et prêter l’oreille à la voix et aux récits passionnés de ces Sirènes, dont parle Isaïe Isay. ch.
Après que les lois Romaines ont mis au nombre des infâmes, ceux qui représentent des comédies pour donner du plaisir au Peuple ; après que les lois Ecclésiastiques les ont chassés des divins mystères, comme des profanes, comme des maîtres d’impudicité et des ministres d’enfer, je ne sais quel jugement on doit faire de leurs auditeurs, et je me figure que comme en la magie, la peine de ceux qui les écoutent, et qui les enseignent serait égale, si la corruption de notre siècle, n’avait rendu ce mal trop commun Lib.
Toutes deux corrompoient les courtisans, les Magistrats, les Ministres ; mais d’un côté par la débauche, de l’autre par l’intérêt. […] L’Église Romaine l’employe avec fruit pour maintenir la dévotion des Fidèles, & les Protestans qui absolument décharnent le culte, suppriment les cérémonies, dépouillent les Temples, & les Ministres connoissent mal le cœur humain, & ne ménagent pas les intérêts de la piété ; mais on a raison de se moquer d’un système de Religion bisarre & inouï dans le Christianisme, dont une partie détruit l’autre. […] Les Protestans se sont souvent moqués de la Papesse Jeanne, dont ils ont fait cent contes, & même des comédies ; le sujet en étoit très-susceptibie, s’il eut été vrai ; mais eux-mêmes d’après leur fameux Ministre Blondel, reconoissent aujourd’hui avec tout le monde que ce n’est qu’une fable, mais la Papesse Elisabeth n’est pas une fable : à la face de l’univers pendant quarante-quatre ans elle a été reconnue par toute le nation Chef de l’Église Anglicane, elle a gouverné absolument son Église, tous les actes ecclésiastiques ont été faits en son nom, & ce n’est pas par surprise en déguisant son sexe comme on le disoit de la Papesse Jeanne ; mais de son aveu, & avec la plus grande notoriété, jamais comédie ne fut poussée si loin. […] Depuis dix-sept siècles on n’a vu dans toutes les Églises chrétiennes, même d’Angleterre & dans les pays où l’on n’observe point la loi salique pour la succession au trône, ni Pape, ni Évêque, ni Prêtre, que des hommes ; de quel droit l’Église Anglicane change-t-elle l’ordre établi par un Dieu, suivi sans exception dans tout l’univers, & par elle-même jusqu’à la débauche d’Henri VIII, suivi encore par elle-même & par toutes les communions Protestantes pour les Ministres inférieurs y auroit-il plus d’inconvénient qu’une femme fut Chef & Gouvernante de l’Eglise particulière de Cantorbery sous le nom d’Archevêque, qu’il n’y en a qu’elle soit Chef & Gouvernante de toute l’Église Anglicane, dont l’Église de Cantorbery ne fait qu’une partie. […] Apollon toujours équitable prétend qu’ils ont raison tous deux ; elle lui en fit les plus vifs reproches, & ses lettres contribuèrent à faire porter le fameux Édit de Nantes que Louis XIV s’est fait un devoir & un mérite de révoquer, Édit qui donne aux Huguenots plus qu’on ne leur avoit jamais accordé, il fut dressé part les Ministres Huguenots qu’Henri en chargea ; il n’en auroit pas fait davantage quand il étoit à leur tête, peut-être n’eut-il pas osé en faire tant.
Mais c’est à l’Eglise, à ses Ministres d’imiter dans ces circonstances les Augustins, les Chrysostomes & les Ambroises, de réclamer les droits de l’Evangile, de crier au scandale. […] Ainsi pensoient des Philosophes ; & les Ministres de l’Evangile que diront-ils ? […] Renversons à présent, détruisons nos chaires, fermons nos Eglises, Ministres du Seigneur, taisons-nous !
L’incrédulité a mêlé son poison à tant d’autres qui les infectoient déja : on n’y néglige aucune occasion d’ébranler les fondemens de la foi, de lancer sur la Religion, sur ses Ministres, sur ses Mystères, les traits les plus malins ; & ce sont ces traits impies qui attirent les applaudissemens des spectateurs ; ce sont ceux qu’on retient avec plus de facilité, qu’on répète avec plus de complaisance. […] Et cependant, on ne rougit point de mettre un tel homme au nombre de ceux qui ont le plus illustré leur siècle ; on porte la prévention & le blasphême jusqu’à dire qu’il a plus corrigé de défauts que les Ministres mêmes de la parole de Dieu. […] Voilà ce que nous entendons tous les jours ; voilà ce qui attire aux Ministres de l’Evangile, lorsqu’ils croient devoir censurer ces spectacles pernicieux, des reproches odieux d’ignorance, de prévention, de zèle aveugle & inconsidéré : reproches qui doivent nous affliger sans doute, parce qu’ils prouvent l’endurcissement de ceux qui nous les font, & leur opposition à la sainte doctrine de Jésus-Christ ; mais reproches que nous devons nous faire gloire de braver & de mépriser, parce que nous savons que le monde doit nous haïr comme il a haï notre divin Maître ; parce que nous ne pouvons nous taire sur ces abus, sans trahir notre ministère ; & que si nous étions capables de penser ou de parler sur les Spectacles d’une manière qui pût plaire au monde, nous ne serions plus les serviteurs de Jésus-Christ.
J urieu, Ministre célèbre étoit un homme savant & de beaucoup d’esprit, il écrivoit avec une extrême facilité, il a composé une infinité de livres dont quelques uns sont bons ; mais il ne savoit pas supporter l’adversité. […] Pierre Viret, Calviniste célèbre, l’un des premiers de cette secte qui la répandit en bien des endroits, avec un très-grand succès, & mourut peu après avoir été Ministre de plusieurs Églises. […] Godeau ; l’Auteur prétend que le péché d’impureté détruit l’Épiscopat & le Sacerdoce ; l’impureté sans doute est un péché, bien plus grand dans un Pasteur & un Ministre des Autels que tout oblige à une parfaite continence, mais ce péché ni aucun autre ne détruit un caractère ineffaçable, ni ne rend invalide des sacremens administrés par un indigne de ces saintes fonctions.
Tandis que le Cardinal de Richelieu, par des Représentations où l’on admiroit les Décorations, les Perspectives, & les Machines, protégeoit en Ministre des Piéces qu’il affectionnoit en Pere, le jeune Corneille, par des Tragédies représentées avec moins d’appareil, sut anéantir non seulement les huit cent Piéces de Hardi, & tant d’autres ; mais cette Mirame dont la Représentation avoit couté, dit-on, cent mille écus, & ce Morus qui avoit couté la vie à quelques Portiers de la Comédie, & bien des larmes à son Eminence. […] L’Académie contrainte d’obéir, sut habilement contenter le Ministre, & ménager le Poëte.
Si l’amour, comme le remarque l’Auteur du Théatre Grec, fait un grand rôle dans ses piéces, du moins il n’y fait pas le principal, & il est toujours subordonné à l’ambition, dont souvent même il devient le ministre & l’esclave.
Les attraits, l’indécence, la facilité, l’invitation des actrices, la scandaleuse multitude des objets séduisans dont on est environné, des piéges qui y sont tendus, dont presque personne n’échappe, ce corps de péché en donnoit horreur, comme il en donne encore aux Chrétiens, excitoit le zele des ministres, & allumoit les foudres de l’Eglise, comme il fait encore.
C’est sur ce principe que le Concile de Paris, tenu en 829. sous Louis le Débonnaire, exhorte ce Prince à ne les pas entretenir ; et il les met en parallèle avec les impudiques, « impudicos et histriones non nutrire. » C’est sur ce principe que Philippe Auguste les chassa de sa Cour les regardant comme les ministres du diable, dit Rigord son Historien ;V.
Plus irréligieux que ceux des païens, les théâtres d’aujourd’hui sont si loin de respecter la religion et ses ministres, qu’ils ne respectent pas même la Divinité.
Il est probable que du tems des Druides, les ministres de leurs Dieux, & même avant, ils instituèrent des fêtes qui ressemblaient en quelque sorte à la Comédie. […] L’amour qu’il ressentit pour les Lettres lui fit engager Louis XIV. à les chérir ; il sut démêler dans l’âme de ce Prince un penchant qu’on aurait peut-être toujours ignoré : souvent les vices & les vertus des Rois sont l’ouvrage de leurs Ministres.
de la Tour commence par exposer les motifs & les autorités nombreuses qui interdisent aux Ministres Ecclésiastiques l’usage des Spectacles. […] Bien des gens attribuent à des principes trop austeres & outrés, tout ce que les Ministres de la Religion ont dit de tout temps sur le danger des Spectacles. […] Là, sur la scene, en habit dramatique, Brillent Prélats, Ministres, Conquérans. […] C’est un abus que ce corps respectable des Ministres sacrés a condamné dans tous les temps. […] En effet, dans une Monarchie, quelle vertu ne doit-on pas exiger des Ministres dont le caractere est d’être les images du Roi !
La singularité d’une femme qui compose pour le prix (ce qui n’est plus arrivé), la protection d’un Ministre fondateur, la faveur, les intrigues d’un frere académicien, firent pencher la balance. […] De quelle autorité un simple ministre de la Religion (par exemple, les SS. […] Mais quoiqu’Abbé, il n’est ni théologien, ni ministre : il faut pardonner l’ignorance, & rire de sa présomption.
Ils avaient espéré qu’à cette nouvelle résurrection du Christ parmi nous, apôtres nouveaux de sa loi, ses ministres nous la ramèneraient dans toute sa pureté primitive, libre de la dépendance d’un prince étranger, dégagée de ses pratiques superstitieuses, et résumée, en un mot, dans les commandements de Dieu et dans la morale de Jésus-Christ. […] Parce qu’enfin, les scribes et les pharisiens de la Rome nouvelle se sont assis sur ce qu’ils appellent la chaire de saint Pierre, et ont établi le fardeau de leur domination sur les simples ministres des autels de Jésus-Christ. […] Etouffez, ô mon Dieu, dans le cœur de vos ministres, cet esprit de domination, de fanatisme et d’intolérance qui les anime, les agite !
Vous convient-il, Messieurs, d’oser faire des Tragédies, vous qui n’êtes ni Ministres, ni employés dans les affaires d’Etat, vous qui par conséquent ne pouvez imaginer des situations analogues à des intérêts d’Etat ? […] Un Ministre fidèle et respectable reproche à un Usurpateur ses cruautés politiques. […] Vous direz peut-être que ces Héroïnes ne doivent leur gloire et leur réputation qu’à la sagesse de leurs Conseils ; je vous réponds moi, qu’un mauvais Conseil peut bien tromper un bon Roi, et l’empêcher de faire le bien auquel il est porté, mais que les meilleurs Ministres n’empêcheront jamais un méchant Prince de faire du mal, un Monarque sans génie d’être petit en tout, un Monarque imbécile de faire des sottises.
» Le Cardinal de Richelieu qui était un grand Théologien, un grand Evêque, et un grand Ministre d’Etat, se serait-il si hautement déclaré le Protecteur de la Comédie, et de ceux qui écrivaient avec succès pour le Théâtre, s’il eût trouvé ce Divertissement indigne d’un Chrétien : et la Sorbonne, qui lui est redevable de tant de bienfaits, peut-elle condamner ce qu’approuvait ce grand Homme, sans donner une atteinte à sa mémoire ?
C’est ce qu’il a voulu signifier dans les commandements qu’il a donnés aux ministres de l’ancienne loi, lorsqu’il leur recommande d’entretenir le feu sur l’autel, et de lui donner tous les matins de nouveaux aliments. […] » EXTRAIT DES OUVRAGES DE WILLIAM LAW, MINISTRE DE L’EGLISE ANGLICANE.
Ils apprenoient à respecter le lien conjugal, à ne pas faire un badinage, un mérite, un affaisonnement de volupté de l’infidélité du mari & des femmes, dare jura maritis, à ne point profaner les choses saintes, à ne pas se jouer de la Religion & de ses Ministres, à préferer le bien public à l’intérêt particulier, publica privatis scernere sacra prophanis .
» Arnobe qui, dans le siècle suivant, entreprit la défense de la religion chrétienne, parlait ainsi aux empereurs : « Vos lois23 n’ont-elles pas flétri les comédiens qui sont les ministres de vos superstitions sur le théâtre ?
Il n’y aura sans doute guère de Ministres au monde qui n’admirent en cela la Politique des deux premiers Césars, et qui ne pensent qu’il est très utile de l’imiter, soit dans les Monarchies, soit dans les Républiques. […] Prenez-y garde Monsieur, ce n’est pas lorsque les Jeux Scéniques furent institués qu’ils furent avilis, ils étaient des actes de Religion, dont les Acteurs étaient les Ministres : on les considérait donc comme des gens consacrés au service des Dieux ; ce n’était pas alors que le Préteur disait : « Quisquis in scenam prodierit infamis est. »fk Ce fut lorsque ces Spectacles sacrés devinrent profanes et impudiques qu’ils furent abandonnés aux talents des esclaves et de gens déjà méprisés avant de monter sur la scène ; ce fut pour empêcher les honnêtes gens d’exercer une profession licencieuse, de se confondre avec des hommes vils, pour insulter par des satires odieuses et personnelles les meilleurs citoyens, et alarmer la pudeur par l’exécution de rôles infâmes, tant par le style que par les vices des personnages qu’ils représentaient. […] Ce fut un Moine qui fit l’Alcoran, ce fut un Ministre Calviniste qui conduisit son Roi sur l’échafaud, et qui sous le titre de Protecteur occupa le Trône de son Maître : donc tous les Moines ou les Ministres réformés sont des Sergius ou des Cromwells.
la Puissance suprême eut des Ministres ! […] … Eh ne sommes-nous pas tous ses Ministres, ses enfans, une portion de sa divine essence ? […] Dans les Temples des Dieux, en consultant les Ministres des Autels. […] pourquoi les Ministres composent-ils le premier Ordre de l’Etat ? […] Un mot de la part du Ministre suffirait.
Pour éviter ce ridicule, elles ont abandonné les livres, et se sont lancées dans les affaires ; leurs boudoirs ressemblaient à des cabinets d’agence ; elles voyaient des hommes d’état, des politiques ; on les rencontrait souvent aux audiences des ministres ; mais leurs démarches, qui étaient souvent heureuses et utiles, ont été qualifiées de menées, et leurs personnes traitées d’intrigantes et encore tournées en ridicule. […] Je suis persuadé que son ouvrage, que je n’ai pas non plus l’intention d’ôter du rang auquel l’opinion la placé, sous le rapport littéraire, n’aurait pas été mis au théâtre, du moins sans un retranchement volontaire considérable, si quelqu’ami respectable, moins prévenu, ayant mieux profité des leçons du passé, l’eût éclairé en lui montrant dans plusieurs exemples les funestes conséquences qu’il aurait infailliblement, et en lui disant pour consoler son zèle : vous avez la très-louable intention d’éclairer vos concitoyens et principalement de prévenir les hommes puissants, les princes, les ministres, contre des intrigants hypocrites qui prennent le vernis de belles qualités qu’ils n’ont point, pour en imposer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes ; hé bien, il n’est pas nécessaire pour cela de faire tant de bruit, d’avoir recours aux prestiges de la déclamation, à la séduction de la poésie ou des beaux vers qui font croire le pour et le contre, aidés du fracas et de la magie du théâtre, de son appareil fantasmagorique, qui exerçent trop d’empire sur les sens et sur l’imagination des hommes, surtout en rassemblement, qui les exaltent, et les font extravaguer ou passer le but qu’on se propose. […] C’est ce que pratiquent habituellement les gouvernements, dont les sages ministres savent que les hommes sont faits ainsi ; que c’est l’intérêt personnel qui les régit plus ou moins impérieusement et les fait agir sous le masque de quelque vertu que peu possèdent en perfection, que beaucoup n’ont qu’à demi, dont le plus grand nombre n’a encore que l’apparence ; que pour les obliger à l’acquérir ou à la cultiver, il est plus expédient de la leur supposer, en y attachant un grand prix, que de faire des tours de force et beaucoup de bruit pour montrer à tout le monde qu’ils ne l’ont point.
Jeu & luxe, mouches & fard, coëffures bizarres, nudités de gorge, Bal, comédie, opéra, sujets usés de la morale des Prédicateurs, on vous traite sort inutilement dans la Chaire : Les femmes ne vous écoutent plus ; mais si les Ministres se taisent, s’ils sont forcés de se taire, la Providence a permis que la liberté Satirique du théatre, y supplée. […] tiennent un rang distingué : autour d’elles sont rangés ses officiers, ses ministres, ses conseillers les soutiens de son empire, marchands de mode, coëffeurs, parfumeurs, danseurs, sauteurs, baladins & tous ceux dont le cerveau timbré a donné des preuves d’extravagance ; ou s’ils ne sont point encore connus par quelque délire, donnent du moins des espérances pour l’avenir. […] Abus des Ministres qui méritoient d’être sévérement punis ; mais il faut convenir que ces digues opposées au torrent du vice, ont été bien foibles, & n’en ont pas arrêté le rapide cours.
Pour n’être qu’un sot petit maître, On a toujours assez d’esprit ; Pésant dans la même balance Un Ministre, un Drame, un Danseur. […] L’effronterie d’un Prédicateur comédien, dont on se fait quelquefois un faux mérite, dépare l’Evangile, scandalise l’auditeur, decrédite la parole & le Ministre. […] Sont-ce là les couleurs, les livrées d’un Dieu, dont il se croit honoré dans son ministre.
L’auteur ne paroît pas un déiste : c’est un libertin qui s’égaye sur ces ministres, ses pratiques, ses religieux ; témoin ce bon curé, le licentié, qui se déguisent ridiculement, & courent les champs en aventuriers ; témoin cet enterrement, les pénitens, &c.
Le Fils de Dieu s’est assez ouvertement declaré contre les jeux, & les danses dans le Miracle, dont il est parlé dans l’Evangile, en resuscitant la fille du Prince de la Synagogue ; Miracle, qu’il ne voûlut pas operer tandis que les danseurs, & les joueurs d’instrumens seroient dans la maison ; c’est pourquoi il les fit chasser avant que d’y entrer… Saint Jerome parlant des Danseurs, dit, que c’est le demon qui danse dans leurs personnes, & qu’il se sert de ses laches Ministres pour seduir, & tromper les hommes… En effet tout ce que la volupté, est capable d’employer d’artifice est attaché au bal, à la danse, & à la comedie.
Le licencieux grossier et manifeste est demeuré dans les farces, dont les pièces comiques tiennent beaucoup : on ne peut goûter sans amour les pièces sérieuses : et tout le fruit des précautions d’un grand ministre qui a daigné employer ses soins à purger le théâtre, c’est qu’on y présente aux âmes infirmes des appâts plus cachés et plus dangereux.
La mort du Ministre termina cette querelle politique et littéraire. […] Voici comment s’expliquent dans Bajazet un Prince du sang, un premier Ministre, une Sultane favorite. […] le grand Prêtre, qui allume le feu de la révolte et s’efforce de corrompre Catilina, à qui on fait jouer le rôle d’homme de bien, tandis que le Ministre de la religion est un scélérat : personnage postiche, de l’invention de l’Auteur, qui n’influe en rien dans le dénouement, et qui n’a été imaginé que pour avoir occasion de faire ce portrait déshonorant du Clergé : « Et je sais, quand la haine enflamme vos pareils, Jusqu’où va la noirceur de leurs lâches conseils, Surtout dès qu’il s’agit de venger leurs injures. […] Ainsi, ce Tartuffe armé par le mépris de la religion, qu’on montre comme le mobile des plus grands crimes, et ses Ministres qu’on dit capables d’abuser de leur caractère, pour les faire commettre comme autant d’actes de vertu, sont le comble du scandale.
Je n’ajoûteray pas, malheur à celuy, par qui le scandale est arrivé : car s’il a pû estre l’instrument du démon & le ministre du monde pour séduire les ames foibles, il ne l’a pas esté long-temps, puisqu’une retractation solemnelle a dû les détromper, & rendre à la raison toute la pureté de ses lumieres. […] Peuple fidele, qu’aucune erreur ne séduit, qu’aucune hérésie n’infecte, qu’aucune nouveauté ne surprend, parce qu’un Pasteur vigilant, & des Ministres sages & éclairez, le nourrissent de la saine Doctrine. […] Nul rapport, dit saint Paul, entre Jesus-Christ, & Bélial : & les ministres mêmes de Jesus-Christ osent les confondre !
Quel spectacle auguste pour un être qui pense, d’un côté l’assemblée des Plénipotentiaires, des Puissances de l’Europe, & de l’autre le sanctuaire de la politique ouvert, le conseil des Rois, le cabinet des Ministres, les mysteres d’Etat exposés aux yeux du public, les intérêts des nations pesés, discutés, balancés, la morale des Cours, le caractère des grands, le langage des dépositaires de la fortune mis dans un beau jour ; pourquoi ne goûteroit-on pas un plaisir solide & instructif ? […] Il y auroit même un grand inconvénient, on auroit la facilité de blâmer le Prince, de satyriser les Ministres, de décrier le gouvernement, d’entretenir le mécontentement du peuple sous le voile de quelques traite historiques ou de quelque négociation. […] Richelieu & Mazarin avoient fait des profusions énormes ; elles furent sans conséquence, personne ne se crut ni obligé ni en état d’imiter le premier Ministre.
Tous les dramatiques, charmés de trouver cette veine facile de prétendu sublime, se sont applaudis de faire contraster l’homme avec Dieu, le sujet avec le monarque, d’attaquer la religion et l’Etat, le ministre de Dieu et celui du prince. […] Princes, ministres, magistrats, savants, tout est cité à son tribunal : qui peut se soustraire à ses arrêts souverains ? […] C’est un crime au ministre des autels de fréquenter, d’étudier, de copier le théâtre : heureusement ce désordre est rare et tout le monde le condamne.
Et si pour être morts de ce mal ils sont morts effrayés du foudre, ou du tonnerre, dis encore que ceux qui en sont trépassés en Suisse et au fond des Allemagnes, en Italie, et en plusieurs parts de la France en sont trépassés ; dis que le ministre d’Oullinsaq en a été si épouvanté, et plusieurs du Consistoire de Lyon si grièvement malades, qu’à grand peine ont ils pu se relever du lit bagues sauvesar. […] A quoi s’accorde toute la chrétienté, hormis les ministres et leurs adhérents, qui sous prétexte d’une réformationci difforment toutes choses.
Saint Jerôme parlant des danseurs, dit que « c’est le démon qui danse dans leurs personnes, et qu’il se sert de ces lâches ministres pour seduire et tromper les hommes. » « His tripudiis diabolus saltat, his dæmonum ministris homines decipiuntur. » En effet tout ce que la volupté impudique est capable d’employer d’artifice, est attaché au bal, à la danse et à la comédie.
Ce qu’elle exige de ses Ministres contre les Spectacles, 273 et 274.
Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ?
Les Ministres protestants les désendirent dans leurs Sinodes & Consistoires, & on composa divers traités Latins, François, Allemans, pour & contre. […] Que sera-ce d’augmenter les rebelles, de donner le signal du combat dans le lieu saint, pendant le saint Sacrifice ; lancer ces traits empoisonnés sur des personnes pieuses, dont on trouble, dont on détruit peut-être la dévotion, sur des personnes qui venoient recevoir les Sacremens, & qu’on en rend indignes, qui entendoient le Sermon, à qui on en fait perdre tout le fruit ; jusques sur des Ministres, dont on profane les fonctions sacrées.
Le Mercure ajoûte avec complaisance un extrait de la gazette de Londres sur la tragédie le Siege de Calais, où l’on trouve ces paroles : La révolte d’Harcourt, occasionnée par la tyrannie des Ministres, est une excellente leçon pour eux, & les avertit, &c. […] Cette conformité & l’honneur qu’on s’en fait, sont peu flatteurs pour les Ministres François.
Charlemagne, par un capitulaire de l’an 789, supprima tous les jeux des Histrions, restes de la comédie Romaine, qui après la destruction de l’Empire, se soutint encore sous les Rois Wisigoths, comme on le voit dans les Œuvres de Cassiodore, Ministre de Théodoric, qui la condamne sévèrement. […] 267.), fait de vifs reproches à Henri IV et à son Ministre sur ce qu’ayant retranché beaucoup de dépenses à la Cour, pour payer les dettes de l’Etat, il laissait subsister la pension des Comédiens, « de toutes les dépenses la plus inutile, et la première à supprimer ».
Un Ministre peut refuser les sacrements à un pécheur public, quoiqu’il ne soit pas toujours excommunié, et il peut être obligé de les administrer à un excommunié qui n’est pas dénoncé, ni toujours pécheur public. […] Ces vérités ne sont contestées de personne, elles sont évidentes, toute la difficulté ne roule que sur l’étendue de la connaissance que doivent en avoir et le Ministre et le public.
Le Magistrat s'ennuie sur le tribunal, l'Avocat au barreau, le Militaire dans la tente, le Ministre au confessionnal, peut-être plus que l'artisan dans sa boutique. […] Tôt ou tard nécessairement les plaisanteries tombent sur les choses saintes : l'Ecriture, la dévotion, les Saints, les Ministres, paraissent sur la scène.
Mais supposons encore plus, ou plutôt consultons l’évidence : l’incrédulité n’est malheureusement que trop commune, elle n’est même que trop précoce : elle est d’autant plus dangereuse, elle s’établit d’autant plus fermement, qu’il est très périlleux de paraître incrédule, les Ministres de la Religion s’arment contre la Philosophie du jour, des châtiments les plus terribles de la justice séculière, on n’ose donc communiquer son incrédulité à personne et content de sa manière de penser, on laisse tonner les Orateurs sacrés, mais on s’éloigne de leurs foudres, ils ne prêchent plus que devant ceux qui les croient, et ceux pour qui leurs efforts et leur zèle seroient utiles, sont précisément les seuls qui ne les vont point entendre. […] Gresset, cet art que les Prophètes ont rendu si respectable, cet art si justement appelé par les Païens le langage des Dieux : le mauvais usage qu’on en a pu faire ne doit pas le faire proscrire, ou bien il faudrait par la même raison, ne plus méditer sur les Saintes Ecritures ; puisque les hérétiques en ont abusé par les sens forcés qu’il leur a plu de donner à quelques passages : je sais bien que des spectateurs impies, au lieu de s’en tenir au sens naturel d’une pensée croient souvent voir une impiété enveloppée dans un vers très innocent en soi, ils veulent croire, par exemple, que nos Ministres Ecclesiastiques sont attaqués et la Religion outragée dans ces deux vers de la Tragédie d’Oedipe de Mr. de Voltaire, Nos Prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense : Notre crédulité fait toute leur Science. […] Les Comédiens et les Comédiennes seraient les Ministres de leur Triomphe.
Rapin nous fait connoître qu’il est aussi dans le même sentiment, & il est allé même encore plus loin que ces deux Critiques, lors qu’il dit, qu’à son sens c’est le plus achevé & le plus singulier de tous les Ouvrages Comiques qui ayent jamais paru sur le Théâtre2 Nous avons vû la plus célébre des Piéces de Moliere ; mais ceux qui souhaiteront voir la plus scandaleuse, ou du moins la plus hardie, pourront jetter les yeux sur le Tartuffe, où il a prétendu comprendre dans la juridiction de son Théâtre le droit qu’on les Ministres de l’Eglise de reprendre les Hypocrites, & de déclamer contre la fausse dévotion.
Au commencement de 1775, un Homme de Lettres estimable, Auteur du Roi & du Ministre, ou Henri IV.
Il eut pour eux toutes les attentions qu’on devoit attendre de l’homme du monde le plus poli ; c’est en effet une très grande politesse de s’emparer des Etats d’un Souverain, de l’en chasser, de les dévaster, & ensuite d’embrasser ses enfans ; il fit ouvrir les boutiques, que la plus juste crainte avoit fermées, il donna un repas à tous les Ministres, il fit jouer un opéra Italien.
A proprement parler, les Tragédies ne font que chatouiller, c’est là leur métier ; au lieu que dans les plaies désespérées, il faut enfoncer le fer et le feu, et c’est ce que font seuls les Ministres de l’Evangile.
Un Ministre du Seigneur doit planter et arroser, abandonnant le succès de ses soins à celui qui seul peut donner l’accroissement.
Le poëte offença encore par ses satyres un ministre accrédité, qui, sous divers prétextes, fit saisir sa cassette & tous ses papiers. […] Il s’avisa de faire un drame où, sous des noms empruntés, il chantoit ses amours, louoit la princesse, & satyrisoit le ministre. […] Tout le monde le reconnut sous le nom de Tircis, la princesse sous celui de Silvie, & le ministre sous celui du berger Mopsus.
Cette objection a plus de malignité que de force, elle ne tend qu’à mettre aux prises la piété & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux Ministres par la crainte & le respect : artifice ordinaire au vice, comme à l’erreur, qui ont intérêt de s’étayer par la division des deux puissances. […] Jamais les loix de l’Église, les exhortations de ses Ministres, n’ont porté sur de pareils monstres.
mes Frères, n’y eût-il que la rébellion que vous arborez contre l’Eglise et contre ses Ministres, lorsque vous allez aux Spectacles, vous devriez les regarder avec la plus grande horreur, et frémir au seul aspect de ceux qui voudraient vous y entraîner. […] De ce terrible état on passe à des railleries sur l’Eglise et sur ses Ministres, à un mépris général pour tout ce qu’elle prescrit : et voilà, mes Frères, comment les Spectacles sont ordinairement une source d’incrédulité.
Ils le regardoient comme le ministre de la colére celeste.
Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie.
Faites donc votre accord tandis qu’il en est temps avec ce pieux adversaire, de peur qu’il ne vous livre un jour sans retour à vos véritables ennemis, ministres de sa justice.
On aura eu raison alors de traiter de divertissements païens les réjouissances du carnaval ; alors ces Ministres de l’Evangile, sincères et peu flatteurs, auront été les sages, on rendra justice alors à la vertu de ceux qui avaient pris le bon parti, en s’interdisant toutes ces fêtes peu chrétiennes.
Un Auteur Français respectera le point d’honneur et se contentera d’en attaquer certains abus, il donnera toujours l’exemple du respect qu’on doit au Trône, aux Ministres, aux Magistrats et autres Dépositaires de l’Autorité Royale. […] Ce n’est peut-être qu’aux scènes ingénieuses si souvent décochées contre les Procureurs qu’on doit l’attention que nos intègres Magistrats font maintenant à leur conduite, on n’a pas sûrement attendu qu’ils fussent devenus honnêtes gens pour jouer leurs manœuvres en plein Théâtre ; si l’on n’a pas corrigé les Financiers de leur voracité, les Procureurs et les autres Commis subalternes de la Justice de leur friponneries, au moins par les avis qu’on a donnés au Public, aux Magistrats et aux Ministres, a-t-on suggéré à ceux-ci l’attention nécessaire pour y mettre ordre ; c’est ainsi qu’on a trouvé les Administrateurs du remède. […] [NDE] Le Duc de Worcestre ou Vorcestre (Worcester), Ministre d’Angleterre, personnage de la Tragédie de Gresset à qui l’on doit la tirade précédente.
Arnobe qui, dans le siècle suivant entreprit la défense de la Religion Chrétienne, parloit ainsi aux Empereurs2 : vos Loix n’ont-elles pas flétri les Comédiens, qui sont les Ministres de vos superstitions sur le Théâtre ?
Qu’un air d’importance qui, comme un Ministre d’État, peut à peine respirer, parce que l’une dans l’autre, il y a une piéce à lire chaque mois.
Voilà ce qu’ont fait tant des Saints : & après tant de crimes, tant de chûtes & de rechûtes, presque tout le monde demeure tranquille : des pécheurs déjà exclus de la celeste Patrie dont ils se sont rendus indignes, demeurent calmes sur leur destinée ; tout ce que l’on recommande aux Ministres qui les assistent, c’est de ne point les effraier, de ne point leur parler de ces terribles verités, & de les aider à se seduire & à se tranquiliser dans la fausse paix de leur conscience criminelle.
Ce mêlange parut d’une manière frappante dans le Czar Pierre par les scènes bisarres, indignes de lui, qui le dégradoient, & le faisoient passer du trône d’un grand Prince au tabarinage des trétaux d’un Arlequin ; sa Cour étoit un théatre, comme il étoit l’Acteur le plus comique, il y jouoit tour à tour les rôles d’Empereur & de Valet, de Ministre & de Scaramouche ; nous en avons rapporté bien des traits en divers endroits de cet ouvrage : en voici qui n’a point d’exemple dans l’histoire. […] Pour favoriser la population des Nains, ce Prince si grand & si petit qui a joué tant de rôles sur la scène du monde, fit en 1710 une fête solennelle sans exemple dans l’histoire, ayant eu la fantaisie de voir un mariage de Nains, il en assembla soixante-douze pour la cérémonie, qu’il fixa au 24 novembre : la veille, deux Nains de taille égale, richement vêtus, se mirent dans une petite voiture à trois roues, tirée par un petit cheval orné de rubans de différentes couleurs, & allèrent précédés de deux Maréchaux Nains, montés sur de très-petits chevaux, inviter ceux que l’Empereur vouloit admettre à la nôce ; le lendemain tous les Nains étant assemblés, la procession défila vers l’Église de la Forteresse où le mariage devoit être béni par le plus petit Papa (Prêtre Grec) qu’on avoit pu trouver dans l’Empire : un Maréchal Nain portant un bâton orné de rubans, ouvrit la marche, il précédoit le fiancé & la fiancée qui marchoient devant l’Empereur, les Ministres, les Knées, les Bojards, les Officiers & les autres personnes de la Cour ; les soixante-dix Nains restans venoient ensuite, ayant un Nain à leur tête, & marchant deux à deux ; la procession étoit suivie d’une foule immense, contenue par les Soldats de la garde.
Comme si de pareilles levées faites pour des Courtisannes, des Ministres hérétiques, des sujets rébelles au Prince, pouvoient être excusés, sous prétexte de la modicité de la somme. […] Comme s’il étoit permis d’entretenir les femmes publiques, les rébelles au Prince, les Ministres hérétiques, les jours où par hasard ils n’exercent pas leur criminelle profession.
Dans Don Sébastien, Antonio fameux Athée et Ministre encore plus fameux de la prostitution épouse Moraïme avec la moitié des biens du Mufti pour récompense de ses mérites. […] Quoiqu’il en soit, nous sommes donc maintenant à la source de l’iniquité de nos Poètes, de leurs obscénités, de leurs impiétés, de leur application à jouer la Religion et ses Ministres : tout cela n’est que pour plaire et divertir.
Ne pouvant faire cesser le mal, elle fait publier par ses Ministres, que ce qu’on souffre est un mal. […] » Mais en même temps que l’Eglise ordonne à ses Ministres de prêcher contre les spectacles, elle excommunie tous ceux qui font profession de monter sur le Théâtre.
C’est-à-dire que c’est un drame impie qui joue l’état religieux & les Ministres des Autels, les fait paroître sur la scène contre le respect qui leur est dû, contre les loix de la décence & les dispositions des ordonnances, & les y fait parler d’une maniere indigne d’eux. […] Qu’un Poëte ne blaspheme pas ce qu’il ignore, qu’il ne fasse pas paroître des Ministres des autels, & ne leur mette pas des erreurs dans la bouche : Les vœux sont un point de discipline, & non de doctrine, sur lequel par conséquent on peut avoir un avis. […] Sur-tout rien ne lui paroît plus ridicule que ce saint Curé qui fait parler le ciel, inspire les horreurs d’une tragédie : Ce Ministre du Seigneur, Qui de l’amoureuse foiblesse, Est le sensible protecteur, Et prend pour défendre l’erreur Le langage de la sagesse.
Il y en a une infinité dans les Tragédies de Racine, & qui n’ont pas comme celui dont il est ici question, le défaut d’approcher un peu trop du comique ; entr’autres le demi-vers de Pyrrhus, lorsque ce Prince déterminé malgré lui à contenter les Grecs, à leur livrer Astyanax, & à recevoir la main d’Hermione, rencontre sur ses pas, au lieu de la Princesse qu’il cherchoit, Andromaque éplorée qui se jette à ses pieds, & qu’attendri par ses larmes & par sa beauté, mais gêné par la présence de son Ministre, les premiers mots qui sortent de sa bouche sont ceux-ci, va m’attendre, Phœnix. […] Les Ministres ne feroient pas mal de parcourir quelquefois, dans leurs momens de loisir, les Scènes de ce Favori avec Hydaspe & avec Zarès. […] Cet Ouvrage est fait pour corriger & rendre meilleurs les bons Rois, pour instruire leurs Ministres, pour effrayer les Tyrans & les impies, pour consoler les Sujets opprimés.
., ou le peuvent laisser, et garder, quand bon leur semble, ayant pleine et entière liberté, de l’un et de l’autre : comme ils peuvent librement manger du lièvre, et du pourceau, ou bien s’en abstenir, selon que bon leur semble : Si le premierar ; tous ceux qui portent habits convenables à leur sexe, Judaïsent ; et n’y aura plus de vrais Chrétiens, que les Bateleurs, qui se déguisent ; Ceux que les lois politiques déclarent infâmes, que l’on ne daignait enrôler au nombre des Citoyens à Rome, auquel lieu toutefois y avait tant de milliers de méchants garnements jouissant de ce droit, seront seuls bourgeois de la cité de Dieu, seuls héritiers du règne céleste, et cohéritiers de Jésus Christ ; mais encore ne sera ce, qu’à la charge, qu’ils soient perpétuellement sur l’Echafaudas ; ou pour le moins, qu’ils se transformeront toujours par les habits, d’hommes en femmes : Si le secondat ; Il est donc en la liberté d’un Ministre, de monter en chaire, en habit de femme, tout aussi librement, qu’en habit d’homme ; comme ils veulent, qu’il soit libre, à un Menestrierau, de monter sur l’Echafaud, en habit déguisé : Et vouloir astreindre le Ministre, à se vêtir d’habit d’homme ; ce sera le contraindre de Judaïser ; ce sera lui ravir la liberté Chrétienne. […] Et pourra être vêtu d’habit de femme, un roi en son Trône, un Juge en son Siège, un Ministre en sa chaire, sans aucun blâme, avec toute honnêteté, et bienséance ; pourvu qu’ils protestent, que ce qu’ils en font, n’est pour tromper personne, mais pour user de la permission, et liberté Chrétienne ; voire il suffira, de laisser seulement le masque de femme, et montrer la face, afin qu’étant connus, un chacun voie, et juge, par charité Chrétienne, qu’ils n’usent point de fraude.
Et ce qu'il y avait de plus au Théâtre, était un plaisir et une satisfaction publique, qui par un charme secret tirait du fond des cœurs et du battement des mains une approbation volontaire et manifeste de l'honneur qu'on y rendait aux Ministres de l'Enfer.
Les histoires ne nous apprennent point qu’aucun Ministre ait condamné ni aboli les danses honteuses et déshonnêtes qui se commettaient, tant aux jours des Calendes, qu’autres Fêtes, où aux Théâtres, et en divers lieux par plusieurs nations, on commettait des vices que notre pensée rejette pour leur horreur, tant de se baigner dans le vin sans regard à l’âge, au sexe, ni au lieu, que faire festins tables par les rues, chansons dissolues : Bref la raison qui est donnée aux hommes leur ôtait l’usage d’elle-même, pour les rendre pires que bêtes farouches : Et nos Pères Ecclésiastiques ne les ont pas seulement censurés, mais prêché, crié, invectivé contre eux, essayé de les réduire.
Princes, Ministres, Magistrats, Militaires, Savants, tout est cité à son tribunal.
Ce Prince lisoit des vers, des romans, des comédies, (autre moyen bien sur de corrompre le meilleur cœur, & de perpetuer le regne des Ministres.) […] Les Jansenistes n’ont commencé à parler de théatre, que dans le tems de Nicole & de Racine, après la mort de Mazarin, qui d’ailleurs les laissoit fort tranquilles ; il est vrai que les Sinodes & les Ministres protestants, Port Royal, & les Ecrivains Jansenistes, ont condamné la comédie, & ils ont raison.
C’est un amas de termes de peinture où l’on a cousu de mauvaises rimes, & mêlé une foule de plats éloges du Roi, de la Reine, des Ministres, du Peintre. […] Presque toutes nos tragédies , dit-il, sont dans le costume antique des dieux méchans, leurs ministres fourbes, leurs oracles menteurs, & des rois cruels jouent les principaux rôles.
quelquefois jusqu’aux colonnes, aux Ministres de l’Eglise, dont en se moquant d’eux elle a l’insolence de triompher comme de la plus brillante victoire, & d’en insulter la religion affligée & la piété scandalisée. […] Qui peut voir sans gémir les Ministres des Autels disputer de parure, de mollesse, de vanité avec les Actrices ?
Car du moins si c’étoient les pasteurs des ames, si c’étoient les maîtres de la morale, si c’étoient les ministres des autels, les directeurs, les prédicateurs de la parole de Dieu, qui maintenant et parmi nous eussent sur la question que je traite, des principes moins séveres que ceux de toute l’antiquité ; et si ces principes étoient généralement et constamment suivis par la plus saine partie des chrétiens, peut-être seroit-il plus supportable alors d’examiner, de délibérer, de disputer. Mais vous le sçavez : prédicateurs dans la chaire, directeurs dans le tribunal de la pénitence, docteurs dans les écoles, pasteurs des ames, ministres des autels, tiennent tous encore le même langage, et se trouvent appuyés de tout ce que l’Eglise a de vrais enfants et de vrais fideles.
L’Eglise, dit le Pere Lebrun, « gémissant sur l’empressement, que les Chrétiens sont paroitre pour des pratiques condamnables, n’ose en venir à des extrêmités, & se contente d’ordonner à ses Ministres, de leur en inspirer de l’horreur. » C’est ainsi qu’en usa St. […] Quelque irréguliere que tuisse être la conduite de quelques-uns de mes Ministres, nous dit ce Divin Maître ; la Doctrine qu’ils vous enseignent, ne doit rien perdre par leur vie scandaleuse. […] Et dans le même moment, Dieu prononce une sentence de mort contre son indigne Ministre, & le prétendu innocent. […] Les Ministres du Seigneur feront toujours leurs devoirs, en levant la voix contre les prévaricateurs ; & ceux qui feront la sourde oreille, éprouveront la justice d’un Dieu, dont ils auront negligé les avis, & méprisé les ordres.
Fiot de la Marche de Neuilli, Comte de Druilefort, ancien Conseiller du Parlement de Bourgogne, Ministre plénipotentiaire du Roi auprès de la République de Genes.
Curion ne fut pas moins ambitieux, & n’auroit pas cedé à Scaurus s’il eust esté comme luy, fils ou gendre d’un premier Ministre.
leurs célibataires sont innombrables, et fort au-dessus du Clergé Romain, non seulement dans les pays Catholiques, où leurs mariages, disent-ils, sont difficiles, quoique les Ministres les épousent dans leurs assemblées, qu’ils tiennent régulièrement, que leur irréligion par des apparences de catholicité trompe tous les jours les Curés, d’ailleurs peu sévères sur les épreuves, et que sans tant de façons plusieurs entretiennent publiquement des concubines, qu’ils disent leurs femmes, mais même dans les pays Protestants, où rien ne les gêne, où leur religion et leurs déclamations contre l’état monastique leur en font un devoir, rien de plus commun que le célibat.
Je ne parlerai pas du ministre Marigny, légalement pendu au gibet de Montfaucon, c’est un accessoire qui passe inaperçu au milieu de tant de crimes.
L’histoire des guerres de l’Angleterre contre la France, qui remplit le troisieme tome, est un tissu de traits la plupart faux ou malignement défigurés, contre les Papes, les Evêques, les Prêtres, les Moines, & contre tous les Princes & Ministres, tant Anglois que François, sur-tout s’ils ont eu quelque respect pour l’Eglise ; car chez lui c’est un crime & une bassesse impardonnable, qui rend méprisables les plus grands Monarques, & il a beau jeu. […] Malheureusement ce Prince croyoit à l’Eglise, il étoit pieux ; il étoit donc imbécille, car de tous les temps l’autorité des Ministres de la religion n’est qu’usurpation.
Maxime de Turin, qu’ils sont ministres du Diable . […] n’est-il pas ainsi que tout ce qui est faict par les ministres des Demons est faux & forcené, quand vn homme affoiblissant la vigueur de ses forces & raualant son courage masle se change en vn maintien effeminé, & se comporte en ceste action auec tant de molleße & dexterité qu’il semble se repentir de ce qu’il est homme ?
VINCENT, Ministre du Sainct Evangile en l’Eglise Reformée de la Rochelle, Et se vendent, A La Rochelle, Par Jean Chuppin Marchand Li-braire, sur la Grand’ Rüe. […] Certes il serait honteux que des Ministres de l’Evangile fussent plus mols à réprimer cette dissolution, que ne l’ont été jadis des Païens. […] C. étant en terre n’approuvait pas que cet Ennemi s’ingérât de lui rendre témoignage, de là-haut il impose le même silence à ses Ministres, qui entreprendraient de parler de lui, et leur défend de rien « réciter de ses statuts, et de prendre son Alliance en leur bouche »Pseau. 50. […] De vrai, on nous allègue, que plusieurs qui sont gens d’honneur et de probité s’y rangent, et aucuns même du plus haut degré, jusques là que ces divertissements sont autorisés ès Cours des Princes, qui avec leurs plus considérables Ministres s’y rendent parfois pour s’y chercher du relâche, après les fatigues de leurs soins, pour la conduite de leurs Etats.
L’Oratorien traita le Théatin de faux frère, de prévaricateur, de ministre traître à son dieu & aux hommes, auxquels il applanissoit le chemin de perdition.
La magnificence de nos temples, la majesté de nos cérémonies, la régularité de nos offices, la dignité de nos Ministres, la mélodie de nos cantiques, le pathétique de nos sermons, ne valent-ils pas ces bruyans orchestres, ces ridicules pantomimes, ces chants efféminés, ces danses lubriques, ces décorations licencieuses, ces Actrices immodestes, ces accens passionnés, ces attitudes voluptueuses, dont tout le mérite est d’allumer la passion, de nourrir le vice, d’amuser la frivolité, de fournir le modelle au luxe, l’attrait à la volupté, la facilité au crime, la voie à l’endurcissement, le goût de l’irréligion ?
On avait d’abord eu pour eux une sorte de vénération, comme pour des Ministres des Dieux ; mais leurs vices et les désordres de leurs fêtes les firent mépriser et traiter d’infâmes, quoiqu’on conservât par religion, par amusement et par politique, des spectacles dont la sagesse et la vertu ne s’accommodèrent jamais.
Tout se borne chez lui à la bienfaisance envers les hommes ; rien sur le culte de Dieu, nulle idée de foi, d’espérance, de charité, d’humilité ; nul respect pour les choses saintes, dont il ne parle pas, moins encore pour les Ministres de la Divinité, qu’il décrie & méprise ; plusieurs aventures amoureuses, l’enthousiasme pour la beauté des femmes, &c. […] On ordonne souvent aux Magistrats & aux Ministres de danser sur la corde, pour montrer leur habileté.
La protection qu’accorde à l’Académie Royale de musique, le Ministre respectable46 qui tient d’une main la balance, & de l’autre les couronnes qu’il distribue aux Arts & aux Belles-Lettres, lui procurera toujours les plus grands succès. […] Florentin, ministre & Secrétaire d’Etat 47.
C’est par ce moïen que les ministres de cet esprit de tenebres trompent & séduisent les hommes. » Voilà ce qui a fait dire à Conradus Clingius, sçavant Theologien & celebre Predicateur de l’Ordre de saint Françoisa, que la danse n’est autre chose qu’un cercle dont le diable est le centre, & les démons la circonference ; & par consequent qu’il arrive rarement, ou plûtôt qu’il n’arrive jamais, qu’on danse sans peché : Chorea mundana est circulus, cujus centrum est diabolus, & circumferentia Angeli ejus circumstantes ; & ideo rarò aut numquam sine peccato fit. […] Et voici ce qu’il porteb : « Pour le regard des danses, les Ministres & Consisto res seront avertis qu’ils aïent à faire observer, autant étroitement qu’ils pourront, l’article vingt-sept des avertissemens pour les réglemens des particuliers, lequel défend de danser, distinguant prudemment entre ceux qui se montreront rebelles à cette sainte admonition, & ceux qui montreront par leur discontinuation avoir profité des admonitions qu’on leur aura faites de ne point danser. » Mais en voilà assez pour les Laïques.
En vérité cette fameuse magicienne n’a pas médiocrement fait réussir les affaires de ceux dont elle était la prêtresse ; je veux dire des démons, et de leurs ministres. […] Témoin les couronnes profanes dont on y récompense les vainqueurs : témoin les prêtres qui y président : témoin les ministres qui y sont députés du corps des magistrats : témoin enfin le sang des taureaux qui y sont immolés.
Cette felicité, MONSEIGNEVR, est deüe à la force du genie d’vn Prince agissant, & à la sage conduite de ses Ministres, & c’est de ces mémes sources que partent toutes les réjoüissances publiques, dont la magnificence de nos Theâtres & la beauté des Poëmes qui y sont representez font la meilleure partie. […] C’est, MONSEIGNEVR, cette voix publique, qui m’apprit encore dans mes deux voyages à Turin, qu’estre desinteressé, qu’estre sincere, laborieux & zelé pour le seruice & la gloire de son Prince sont de rares qualitez essentiellement attachées à VOTSRE EXCELLENCE, & bien connues de SON ALTESSE ROYALE, qui estant vn Prince actif & magnamine, veut vn Ministre qui soit vigilant & genereux. […] Il a decouuert en Vous le parfait caractere d’vn Grand Ministre d’Estat, & sur tout vn esprit laborieux & infatigable, ce qui luy a plû infiniment ; ce Grand-Prince qui sert d’exemple à ses peuples, estant bien aise de voir son image en ses principaux Ministres, & l’amour de la gloire qui ne se trouue pas moins dans le calme que dans l’orage, & à conseruer des Estats qu’à en aquerir, l’ayant endurci dans les trauaux. […] Ce Grand Ministre d’Estat chargé du poids des premiers affaires du Royaume, se deroba quelques momens pour regler celles des Comediens, il nomma les personnes qui deuoient composer la nouuelle Troupe, ordonna des parts des demy-parts, des quarts & trois quarts de part, fit defence de la part du Roy aux Comediens du Marais en general de parêtre jamais sur ce Theâtre, & en tira des particuliers selon qu’il le trouua bon, pour les vnir à ceux du Palais Royal.
L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
L’Evesque est ministre aussy bien que le Prestre, & ils doivent tous deux exercer leur ministere suivant les ordres du maistre commun qui est Jesus-Christ, & l’Eglise universelle.
Ainsi ne parlons pas de sa Tragédie intitulée le Duc de Guise, Piéce propre à exciter une Populace à la révolte, & faite pour tourner en ridicule la Religion & ses Ministres, sous le Personnage du Curé de S.