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100. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Il semble aujourd’hui qu’ils veulent profiter de nos malheurs.

101. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Quelle estime peut-on avoir des hommes, s’ils sont capables de rire, ou même de sourire, lorsqu’on les croit vivement touché du malheur de quelque infortuné.

102. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Malheur à notre esprit, s’il goûte des plaisirs Qui peuvent contre Dieu révolter nos désirs !

103. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Les malheurs réels que nous ressentons, ou dont nous sommes menacés, se guérissent-ils par des chansons et par des fictions faites à plaisir ?

104. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Tous les jours la vertu la plus pure risque & éprouve les mêmes malheurs, lorsqu’elle s’expose sans secours ; & c’est sur-tout ici que se vérifie l’oracle du sage : Malheur à celui qui est seul ; personne ne le releve s’il tombe, ne le défend s’il est attaqué : Væ soli, cùm ceciderit non habet sublevantem se. […] Malheur à qui n’auroit que le fard de l’hypocrisie & les parfums de la sensualité, l’effronterie & la couleur de la dépravation ! […] La parure n’a jamais sanctifié personne ; elle en a beaucoup damnés, & damnera tous ceux qui auront le malheur de s’y livrer.

105. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Malheur à ceux qui l’autorisent, qui en inspirent lenvie, qui en font lire les livres, qui y conduisent les jeunes gens, leur fournissent les moyens. […] Bien loin de se réjouir, un vrai pénitent ne songe qu’à pleurer son malheur : Cohibeat se à spectaculis qui vult recipere gratiam remissionis . […] Le serieux & les pleurs de la tragédie, qui causent la tristesse par l’idée des malheurs, le plaisant & le rire de la comédie, qui excitent la joie par l’idée du bonheur donnent des idées fausses, des biens & des maux, entretiennent fortifient, augmentent des sentimens déraisonnables. […] Enmontrant les hommes heureux ou malheureux par les biens & les maux sensibles, on les trompe ; le vrai malheur, le vrai bonheur ne sont que dans le pêché & la vertu.

106. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

., je ne croi pas que tous les comédiens soient damnés, car ils ne sont pas encore tous morts ; & l’on ne peut être damné qu’après sa mort : mais je les croi tous en état de damnation ; & ils courent grand risque de l’être, s’ils ne quittent pas une profession si indigne, & s’ils ont le malheur de mourir dans la résolution de continuer toujours un métier si hazardeux. […] Dieu a donné des Prophétes aux hommes, pour leur annoncer des volontés saintes, pour leur faire des portraits affreux de leurs désordres, afin de les rappeller à lui par la pénitence ; & pour leur prédire les malheurs dont ils étoient menacés, s’ils ne gardoient pas sa sainte Loi : mais il ne leur a jamais donné des baladins & des bouffons, pour leur faire des récits agréables & enjoués des désordres les plus honteux, sous le masque spécieux des plus mordantes critiques, afin qu’ils s’y abandonnassent sans scrupule & sans pudeur. […] Suivre le monde & se conformer à la coutume, c’est suivre un mauvais guide ; puisque c’est cette coutume qui perd tous ceux qui ont le malheur de se perdre ; & que faire le mal, parcequ’on le voit faire aux autres, c’est consentir à sa propre condamnation ; parceque les autres ont coutume de la damner.

107. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Son pere les condamnoit, & les brûla tous ; quel malheur ! […] Il fit sa plus grande reputation & tous ses malheurs. […] Je ne blâme point les Poëtes de se copier, ce malheur est inévitable ; mais je ne leur pardonne pas, ni à leurs amateurs, les ridicules fanfaronades des éloges qu’ils se donnent, & ces grands mots de génie, de nouveauté, &c. qui ne signifient rien, & portent presque tous à faux.

108. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Cette jeune fille, inconsolable de tant de malheurs, & confuse des reproches qu’on lui en faisoit, passa plusieurs jours dans la retraite, la priere & le jeûne. […] Il oppose d’abord, non des inclinations différentes, des engagemens pris ailleurs, mais seulement la juste crainte du malheur arrivé à tant d’autres. […] L’orgueil fut la source du malheur de l’homme, que ce vice ne gâte jamais votre esprit, qu’il n’en paroisse aucun vestige dans vos paroles (quelle bassesse !).

109. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

»cl Et non Monsieur il ne l’est pas : par quel malheur voyez-vous toujours d’honnêtes gens où les autres ne voient que des coquins ? […] « S'il n’y avait ni fripons, ni flatteurs, [Alceste] aimerait tout le monde »dc  ; c’est-à-dire que si sa soupe n’était pas quelquefois trop salée il la trouverait toujours bonne : il faut donc pendre tous les Cuisiniers parce que ce malheur leur arrive à tous quelquefois ? […] Alceste ne pouvait-il pas dire à Oronte, avec douceur et politesse : « Monsieur, j’ai le malheur de n’être pas du goût le plus général : peut-être ai-je tort ; mais dès que je veux prononcer sur un ouvrage d’esprit, je consulte avant la nature, et c’est en la consultant que j’ai peine à trouver votre Sonnet admirable, et tel qu’un homme d’esprit tel que vous pourrait en faire, s’il ne laissait aller sa plume que sous la dictée de la nature et de la raison.

110. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Si je ne démontre point, dit-il, par des preuves bien établies, par des faits matériels et incontestables, qu’il a l’âme fausse et perverse, que sa conduite est celle d’un de ces brigands déguisés et heureux qui troublent le repos des honnêtes gens, et entretiennent les malheurs de mon pays, qu’en réparation de la calomnie, et pour un exemple aussi salutaire, je sois moi-même traité comme un perturbateur ; que j’en sois banni pour toujours de ma chère patrie, et que le désert le plus lugubre devienne le lieu de mon exil et de ma sépulture ! 

111. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Malheur à qui s’en écarte sous de vains prétextes, et qui se laisse conduire par des guides des aveugles qui le mènent dans le précipice.

112. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16

La même Réflexion a dû encore faire sentir à tous les Poëtes, que pour le Spectacle destiné aux larmes, il leur falloit choisir les plus tristes exemples des miseres humaines, & non point ces malheurs que cause l’Amour, qui étant imaginaires & volontaires, ne font qu’une foible impression sur les Spectateurs.

113. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Il est très-bon, comme je l’ai dit, d’exciter en nous la Pitié, & d’entretenir cette sensibilité que la Nature nous a donnée pour les malheurs de nos semblables ; mais les Poëtes Tragiques plus empressés d’amuser que d’instruire, pour exciter dans les Spectateurs une violente émotion, faisoient retentir les plaintes de malheureux qui s’abandonnant à la plus vive douleur, loin d’apprendre à supporter les maux de la vie, & les injustices avec patience, étoient les modeles de toute l’impatience d’une Nature irritée, & qui demande vengeance.

114. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

En ôtant le rouge avant la catastrophe, ou dans les grands malheurs, nos Acteurs sont parvenus à réparer cet inconvénient autant qu’il pouvait l’être : c’est une faible image de l’effet que dut produire le changement de masque chez les Anciens.

115. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXII. Passages de Saint Ambroise et de Saint Jérôme sur les discours qui font rire. » pp. 124-131

» En effet, il est bien certain qu’on ne voit dans les saints livres aucune approbation ni aucun exemple autorisé de ces discours qui font rire : en sorte que Saint Ambroise, après avoir rapporté ces paroles de Notre-Seigneur : « Malheur à vous qui riez », s’étonne que les chrétiens puissent « chercher des sujets de rire : et nos ridendi materiam quaerimus, ut hic ridentes illic fleamus ? 

116. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Malheur sur ceux qui sont sages en eux-mêmes, et entendus en se considérant eux-mêmes ». […] On allègue, qu’on y voit de belles choses, qu’on y représente les malheurs qui talonnent la méchanceté et perfidie ; qu’on y oit de belles moralités ; et qu’il y a beaucoup à apprendre. […] Cette indolence, que je ne dis stupidité, ne peut être qu’un présage de plus grands malheurs, si la miséricorde de Dieu ne les détourne ; ce qu’elle ne fera, qu’en nous détournant de nos mauvaises voies, pour faire les sentiers droits à notre Dieuey. […] Malheur à vous qui riez, pource que vous pleurerezfy : Vous êtes bienheureux vous qui pleurez, pource que vous rirez. […] Finalement, cela ne se fait plus en plusieurs villes de France et d’Espagne ; et partant, malheur à nous, et à nos impuretés.

117. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Je ne connois pas, Mademoiselle, l’état de votre fortune, mais avec autant de célébrité que vous en avez acquise, il n’est pas à présumer qu’une sage retraite vous laissât sans ressource : dans la supposition qu’elle fût suivie de la plus triste indigence, c’est un malheur qui doit moins vous effrayer que votre situation presente ; le Théâtre est un œil qui vous scandalise, vous devez l’arracher1, c’est un pied qui vous porte au péché, vous devez le couper ; car il n’est pas raisonnable de sacrifier la vertu aux richesses, & toutes les douceurs de cette vie sont un très-petit objet, au prix du bonheur de l’autre.

118. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

La Tragédie est l’Histoire du malheur des Rois, des amours & de la faiblesse des Heros ; elle apprend à craindre l’effet des grandes passions, & à redouter la foudre, même à l’ombre du dais.

119. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Quelque innocentes que ces personnes se croient, il n'y en a point qui voulût passer des divertissements du Théâtre au tribunal de celui qui a dit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. » « Væ vobis qui ridetis nunc, quia lugebitis, et stebitis. » Luc c. 6. v. 25.

120. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

La postérité saura peut-être la fin du Comédien, (& chef de la Troupe) qui en jouant le rôle du Malade Imaginaire, reçut la derniere atteinte de la maladie, dont il mourut trois heures après, & passa des plaisanteries de la scène, parmi lesquelles il rendoit les derniers soupirs, au Tribunal de celui qui a dit, Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. […] Moliere étoit triste & jaloux, toute sa vie sa femme fit son malheur, & après sa mort elle demandoit des autels pour son divin mari. […] Et ce n’est pas par le malheur de la naissance, de l’éducation, des événemens, que ce monstre combat la vérité. […] Soit que la mélancolie accompagne naturellement l’esprit de réflexion, soit que l’observateur trop attentif du cœur humain soit puni par le malheur de le connoître. C’est donc un malheur de le connoître, il ne l’étoit pas aux yeux des anciens Philosophes, nosce teipsum, ni à ceux de S.

121. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Mais si dans votre empire il y avoit un divertissement quelconque qui dégénérât en licence, qui, au lieu de soulager, de fortifier les hommes dans leurs travaux, envoyât dans le cœur, dans la fortune des citoyens des malheurs multipliés, propres par leur concours et leur fatale combinaison à produire un jour la ruine générale de l’Etat, à le donner en spectacle de commisération aux nations voisines, à le présenter comme une proie assurée à l’invasion des peuples barbares ; une récréation de ce genre ne pourroit être considérée que comme une calamité publique. […] On verroit une multitude de misérables se plaindre que le théâtre a desséché tous les cœurs, que les larmes de la commisération sont taries et ne coulent plus que pour les malheurs romanesques des héros du libertinage ; que tandis qu’une seule déclamation mimique produit à un saltimbanque des sommes immenses11, de pauvres artisans courbés sous le travail le plus rude, ne gagnent point de quoi prévenir l’opprobre de la mendicité ; que tout ce que la charité distribuoit autrefois dans les repaires obscurs où l’indigence se cachoit sous la honte, est absorbé aujourd’hui dans le tourbillon des farces12. […] « Cependant le malheur des temps nous a réduits à compter pour rien la dégradation des qualités spirituelles, la perte presque absolue et générale de cet essor généreux de l’ame humaine, de cette fierté noble, qui ne se nourrit que de vertu et d’honneur, qui ne craint que la bassesse et l’ignominie.

122. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Abaillard avance qu’Héloïse qui faisoit le bel esprit, & avoit lu quelques poëtes, récita à haute voix, pendant la cérémonie de sa profession, quelques vers de Lucain, sur la mort de Pompée, dont elle faisoit l’application à ses amours, à ses malheurs, à sa profession forcée, qu’elle faisoit par désespoir ; c’est donner une bien mauvaise idée de sa vertu, de la prudence, de la décence de son amant ; mais l’écrivain de la lettre à Philinte en donne-t-il une bien avantageuse de lui-même, en rapportant la traduction de ces vers, pris de la tragédie de Corneille, sur la mort de Pompée. […] Sur qui l’injuste Ciel fait tomber son courroux, A quel affreux malheur ton époux s’expose, Tu le vois accablé, j’en suis seule la cause, Faloit il que l’himen nous unit de ces nœuds, S’il devoit à jamais te rendre malheureux ; Mais je veux te venger du destin qui t’opprime, Vois ce que j’entreprends, reçois-moi pour victime. […] La plainte pleine de blasphêmes contre la Providence, sur ce qu’après un mariage secret, que son honneur, & la volonté de sa famille ont rendu nécessaire ; arrive la mutilation de son mari, qu’on traite du plus grand des malheurs, du plus cruel assassinat ; exclamation qui décéle honteusement ce que l’on cherche dans l’amour ; se peut-il que Dieu qui a toléré avec indifférence, nos plaisirs, avant le mariage, les empêche après que le Sacrement les a permis, & fasse subir à un mari, des châtimens qui ne sont dus qu’à l’adultere ?

123. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

C’est un malheur attaché au théatre, d’occasionner toujours quelques désordres. […] A Rome on les écouta, on les respecta, chacun s’en retourna frappant sa poitrine & brisant son cœur, à la vue des malheurs qu’annonçoient ces prophêtes. […] Ce malheur est affreux, & la description qu’il en fait extrêmement tout hante.

124. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Mais ils se trompent, puisque l’Evangile les menace de malheurs éternels : « Væ vobis, qui ridetis nunc, quia lugebitis et flebitis. » Lucæ 6. 25. […] Mes yeux, dit-il, jettent des torrents de larmes ; parce que, mon Dieu, je n’ai pas observé votre sainte Loi : « Exitus aquarum deduxerunt oculi mei ; quia non custodierunt legem tuam. » Au lieu donc de rire, ou de prendre plaisir à voir rire les autres, un véritable Pénitent n’est continuellement occupé que de la pensée de son malheur, et de la vue des peines qui lui sont préparées.

125. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Il suppose le Roi de Crete ménacé du naufrage, qui fait vœu d’immoler la premiere victime qui s’offriroit devant lui ; son malheur lui fait rencontrer son fils Idamante, qui se tue dès qu’il apprend le vœu de son pere.

126. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

La plus-part des personnages de Zaïre ont éxisté ; mais l’Auteur les rend en bute a des malheurs, il les fait rencontrer dans des situations qu’ils n’éprouvèrent jamais.

127. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Si ce malheur arrivait, l’exécution du Plan qu’on vient de lire, serait le seul remède efficace.

128. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Mais de là, il ne s’ensuit pas que les commencements soient innocents : pour peu qu’on adhère à ces premières complaisances des sens émus, on commence à ouvrir son cœur à la créature : pour peu qu’on les flatte par d’agréables représentations, on aide le mal à éclore ; et un sage confesseur qui saurait alors faire sentir à un chrétien la première plaie de son cœur et les suites d’un péril qu’il aime, préviendrait de grands malheurs.

129. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

… Henri III, frappé d’un coup mortel, profite de ses derniers instants pour adresser à ceux qui l’entourent un discours où il reproduit les malheurs de l’Etat, et dans lequel on remarque ces paroles : « A tant d’attentats mes ennemis ont ajouté le parricide ; et ce qui m’est encore plus cruel que la mort même c’est qu’en deshonorant a jamais le clerge, elle va couvrir d’une eternelle ignominie la nation française, qui jusqu’ici s’est toujours distinguee par son attachement pour ses rois, et par son zele pour la patrie.

130. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Il a causé de grands malheurs, il est vrai, mais n’a-t-il pas aussi formé de grands hommes ?

131. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Malheur à ceux à qui le libertinage les a rendues aisées, familieres, pour en être peu touché. […] Dans le grand traité de l’explication des songes, par Artemidore, il est beaucoup parlé des songes impurs, que la passion rend communs parmi les libertins, il ne regarde comme de bonne augure, que ceux qui ont un objet légitime ; ceux d’un mari qui pense à son épouse, tous ceux qui regardent le crime lui paroissent d’un mauvais augure ; toutes ces images indécentes, de nudités, de libertés lui semblent des présages de malheur, à moins qu’ils n’aient été rejettés, & qu’il ne paroisse que la volonté n’y a point de part ; qu’au contraire elle la condamne.

132. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Il luy representera que dans la foule des communians, & à raison des divers jours où l’on communie pendant la quinzaine, il seroit difficile de remarquer s’il a communié ou non : de plus que quand on remarqueroit qu’il ne communie pas, on peut croire que son Confesseur luy a differé le devoir du temps paschal pour s’y mieux disposer, ou pour s’instruire de la doctrine chrestienne : mais qu’enfin quand quelqu’un pourroit soupçonner qu’il n’auroit pas communié acause de quelque peché extraordinaire qu’il pourroit avoir commis, il vaudroit mieux souffrir par penitence cette humiliation, que de se mettre en danger de faire une communion sacrilege, qui est un des plus grands malheurs qui luy puisse arriver. […] Il n’y a rien que selon Dieu, les pasteurs zelez pour le salut des ames ne doivent faire pour empecher ce malheur, qui ne peut arriver que tres difficilement, puisqu’en cas de danger de mort tout Prestre peut donner l’absolution, ainsy que nous avons dit cy-devant.

133. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Racine inconsolable d’avoir travaillé, qui met ses piéces au nombre de ses péchés, & ses succès au nombre de ses malheurs, n’est pas moins décidé. […] C’est donc évidemment à lui & à son regne, que commença l’abandon des Juifs & leurs malheurs infinis, la venue du Messie, & le bonheur infini des Chrétiens. […] Je ne prétens ni attribuer au théatre tous ces malheurs & ces crimes, ni approuver les violences & les conjurations des Juifs, qui s’y opposoient ; mais on ne peut disconvenir que les passions ne l’ayent fait construire, & qu’il n’ait beaucoup contribué à les entretenir & à les augmenter.

134. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Malheur au critique trop sincere ! […] Le Courier d’Avignon, après avoir fait le détail du funeste incendie du Palais, ajoute comme un grand acte de bienfaisance, quelque Dame de la Cour a témoigné une si grande sensibilité pour ce malheur, qu’ elle refusa d’aller ce jour-là à la Comédie où elle étoit attendue . […] Il est vrai que l’embrasement de l’Hôtel-Dieu, l’incendie de la salle de l’Opéra, malheur le plus grand de tous, ne troublerent point leurs jeux : le temple de Thémis n’a pas de plus grands droits.

135. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Il ne s’épargne pas plus lui-même, il se livre au désespoir & au blasphême, Ode sur le Malheur, où il fait le détail d’un grand nombre de malheurs. […] Quel malheur qu’on fût privé de tels sujets !

136. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Malheur à l’infortuné qui se laisse entraîner dans l’enfer, dit le Sage, comme un agneau qu’on mène à la boucherie, qui se joue, qui saute, qui bondit en y allant : Sicut agnus lasciviens & ignorans quod ad vincula stultus trahitur. […] Les jeunes gens, quoiqu’en petit nombre, s’y laissent quelquefois prendre, & le bal est le médiateur bien suspect & bien dangereux d’un établissement d’où dépend le bonheur ou le malheur de la vie. […]  34. où il fait une description pareille des malheurs de l’Idumée.

137. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Quel malheur pour nous si nous nous obstinions à ne recevoir que des pièces dignes du grand Corneille !

138. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Que les Prédicateurs reprennent continuellement les plaisirs qui portent au péché, auxquels les personnes qui suivent le dérèglement d'une coutume dépravée se laissent emporter si facilement; que les Prédicateurs s'efforcent de rendre ces choses odieuses; qu'ils représentent au peuple combien est grande l'offense et l'injure que Dieu en reçoit; que c'est de là que viennent tant de maux; que c'est ce qui cause les calamités et les misères publiques, et une infinité de malheurs.

139. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Une jeune personne flétrie par Chérée ne donne d’autres indices de son malheur que les larmes amères qu’elle verse ; elle n’ose le raconter à des femmes mêmes. […] Antigone de sa part, au milieu de ses autres malheurs déplore celui de se voir mourir si jeune ; sans qu’il lui échappe une parole sur le chapitre d’Hémon. […] Cassandre rapportant les malheurs des Grecs s’arrête tout court à l’adultère de Clytemnestre et à celui d’Egiale. […] Cette Pièce eut le malheur d’avoir de très mauvais Juges : on la siffla avant qu’elle eût été à demi représentée.

140. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

« Mais, ajoute Madame de Motteville, si cela est, malheur à nous d’avoir dégénéré de la vertu de nos pères, et d’être devenus infirmes dans notre zèle et notre fidélité. » Les Courtisans crièrent contre le Curé, et le traitèrent de ridicule ; ils eurent la malignité de dire que le P. […] Aussi Madame de Motteville, qui fut toute sa vie attachée à la Cour, ne parle de cette prétendue décision qu’en doutant et en gémissant : Si cela est, malheur à nous, dit-elle.

141. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Malheur aux hommes si une pareille Comédie tombe par la cabale des gens corrompus, qui craignent de se voir démasqués.

142. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Tel est le malheur attaché à la Poésie, cet Art si dangereux, dont l’Histoire est beaucoup plus la liste des fautes célèbres & des regrets tardifs, que celle des succès sans honte & de la gloire sans remords : tel est l’écueil presque inévitable, sur-tout dans les délires de la jeunesse ; on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point ; un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante : l’idée est téméraire, le trait est impie, n’importe, le vers est heureux, sonore, éblouissant, on ne peut le sacrifier, on ne veut que briller, on parle contre ce qu’on croit, & la vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses.

143. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Nous soupirions ensemble, & pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avoit que des pleurs.

144. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Saint Ephrem, qui vivait dans le sixième siècle, avertissait les fidèles de ne pas consumer un temps précieux aux jeux du théâtre, se souvenant de la menace portée dans Isaïe : « Malheur à vous qui faites la débauche, et qui dansez au son des instruments !

145. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

L’amour, je parle de celui qui peut faire le sujet d’une Comédie, est nécessairement une passion criminelle, qui devrait toujours être suivie de malheurs, comme elle est précédée de traverses, si on ne la mettait sur le Théâtre que pour l’instruction des Spectateurs et pour la correction des mœurs.

146. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Saint Augustin se reproche les larmes trop agréables qu’il avoit versées au Théatre, ou en lisant dans Virgile la fin tragique de Didon ; & il n’y a personne qui n’ait fait l’expérience de la douceur que l’on goûte à s’attendrir sur des malheurs qu’on pleure sans y être véritablement intéressé. […] Ou s’il va encore plus loin, s’il veut nous effrayer, suivant le but & les loix de la Tragédie, par une catastrophe qui nous montre sensiblement les funestes effets d’un amour criminel, ou d’une ambition démesurée, nous ne manquons guères d’attribuer le malheur du Héros à son imprudence plutôt qu’à sa passion ; nous nous flattons que nous serons plus sages ou plus heureux ; peut-être même toutes ces pensées sont-elles souvent bien éloignées de l’esprit du spectateur. […] On les écoute dans la résolution de s’y laisser tromper, & c’est parce qu’on s’y trompe en effet, & qu’on prend la copie pour l’original, que des malheurs seints excitent une compassion presque réelle, & que l’image de la douleur y fait couler des larmes passageres, mais, en un sens véritables. […] Le Privilége pour l’impression d’Esther fut accordé en 1689 aux Dames de Saint-Cyr, avec défenses à touts Acteurs de la représenter, l’Auteur ayant supplié le Roi d’y insérer cette condition, parce qu’il falloit des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion , comme dit Mad. de Sevigné, Lettre 533, Mem. sur la vie de J.

147. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Qu’on se garde bien de mettre un tel homme sur la scène, il est bien éloigné de mériter cet honneur, c’est un Original qui n’existe pas, et qui ne mérite pas d’exister : c’est une chimère métaphysique injurieuse à la nature, c’est un monstre qu’il faudrait étouffer puisqu’incapable de bien et de mal, il serait également insensible à l’un comme à l’autre, qu’il regarderait du même œil la prospérité et le malheur d’autrui et trouverait également ridicule qu’on rît ou qu’on pleurât, par conséquent il ne serait pas plus disposé à soulager les malheureux qu’à participer aux plaisirs des gens contents. […] Ne semble-t-il pas au contraire qu’ils aient prévu le malheur du Portugal, et que ce triste événement soit arrivé pour justifier leur hardiesse, leur prévoyance, et la justesse de leur esprit ? […] On compatit avec raison au malheur d’un brave Cavalier puisque ce n’est point sa vengeance personnelle qu’il a entreprise mais celle de son père, et que cette vengeance, toute légitime qu’elle est, le rend malheureux ; on déteste la cruauté du point d’honneur qui lui a fait perdre sa maîtresse dont il est si digne et qu’il est sur le point d’épouser, et l’on est ravi que sa valeur et sa vertu lui méritent l’honneur de voir son Roi s’intéresser au succès de son Amour, et qu’à force de belles actions, il justifie le penchant de Chimène pour le meurtrier de son père : voilà ce qui intéresse et ce qu’on applaudit dans la pièce ; c’est parce que Rodrigue a toutes les vertus, qu’on lui pardonne une vengeance qu’il ne prend que malgré lui, et non pas parce qu’il a fait un beau coup d’épée, et que les Français les aiment trop, comme on présume que vous le croyez. […] Fagan, intitulée Les Originaux at, dans laquelle on instruit un jeune homme des périls auxquels tous les vices exposent par le malheur des vicieux, qu’on fait passer en revue devant lui.

148. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Je ne crois pas au reste qu’il soit fort difficile de faire de cet homme un personnage très-intéressant ; car enfin moins il paroîtra être ému par ses malheurs, plus je le serai pour lui. […] Nous avons par malheur trop peu de Comédies faites sur ce modèle. […] Tous les jours les honnêtes gens sont les victimes des frippons, j’empêcherai ce malheur tant qu’il sera en moi, mais je ne ferai pas à cet égard le personnage d’Héraclite à la Comédie. […] La sottise du bon homme fait rire, elle affecteroit bien différemment si l’on n’étoit pas prévenu que tous les malheurs qui le menacent ne lui arriveront point. […] Supposons toutefois que cela arrive, je ne vois pas que le malheur soit bien grand ; je crois au contraire que vous y gagneriez.

149. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

« Au fond, quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, et pleurer des malheurs imaginaires, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? […] Le crime et le malheur y sont les effets des passions ; et plus le crime est odieux, plus le malheur est déplorable ; plus aussi la passion, qui en est la source, devient effrayante à nos yeux. […] Rousseau et moi en ayons peu connu qui sachent décrire et sentir l’amour, c’est un malheur particulier, qui est peut-être sans conséquence. […] Si par malheur vos vœux sont remplis, il n’aimera rien excepté lui-même ; et l’amour-propre n’est jamais si fort que dans une âme où il règne seul. […] Il serait bon sans doute de mettre en action ces préceptes, il serait bon de repre2senter sur la scène l’enfant prodigue au milieu des malheureuses qui l’ont égaré, ruiné, chassé, méconnu ; mais par malheur la décence s’y oppose.

150. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Auroient-elles assisté à la représentation de leur malheur & de leurs crimes ? […] le Bateux, qu’autant qu’il imite la belle nature, le tableau des saletés humaines, fût-il parfait, est dégoutant pour un bon cœur chrétien ; le tableau des crimes est odieux & révoltant, au lieu d’en rire, il faut pleurer sur le malheur de ses semblables. […] Que ce soit une vertu, ou un crime ; un acte héroïque, ou une bassesse ; que ce soit des Rois, des Ministres, des Guerriers, des Réligieux, comme dans Cominge, Euphemie, Ericie, Melanie. que ce soit un malheur imprévu, ou préparé ; un renversement de fortune ou une mort ; qu’on se la donne ou qu’on la reçoive : qu’elle soit accompagnée de tourment, ou sans douleur, que ce soit haine, ou vengeance, ambition, amour, jalousie, transport ; ou la soi dans les Martirs, la charité pour les malheureux, la discretion, & le silence, ou le hazard des circonstances, &c.

151. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

De toutes les avantures du Gascon, il résulte une vérité très-certaine, confirmée par une expérience journaliere, que l’amour des femmes perd les hommes dans tous les états & dans tous les âges, les fait tomber dans toute sorte de malheurs & de crimes, même les plus bas ; on peut, sans craindre de se méprendre, s’assurer qu’un libertin est un mal-honnête homme. […] M’est-il permis de l’abandonner dans son malheur ? […] Il est aussi naturel de s’attendrit sur les malheurs, que de s’égayer sur les défauts (non, on est plus malin que tendre.)

152. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Dans les Tragédies, il est la source de tous les malheurs qui arrivent aux hommes ; dans les Comédies, il a pour but l’union la plus légitime. […] Ce n’est pas que le corps des Comédiens n’ait, en tout tems, fait de très-bonnes actions ; peut-être même s’en est-il trouvé qui, par des dévotions fréquentes, ont taché de racheter devant Dieu, le malheur d’une profession dans laquelle ils étoient nécessairement engagés.

153. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

La raison nous dit que c’est une vraie foiblesse de ne pouvoir survivre à son malheur, & qu’il est bien plus noble de braver la fortune & de ne jamais s’abandonner lorsqu’elle nous abandonne. […] On croit s’assembler au spectacle, & chacun s’isole ; chacun oublie ses parens, ses amis, ses voisins, pour s’intéresser à des fables, pleurer sur des malheurs, des morts, & rire aux dépens des vivans.

154. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

L’Abbé le Noir Théologal de Séez, si fameux par ses talens, ses écrits, ses procès, ses disgraces, mort enfin dans une prison, dût originairement ses persécutions & ses malheurs au théatre. […] Revenu de son éxil, soit par zéle, soit par vengeance, l’Abbé suscita des affaires à l’Evêque, attaqua ses Mandemens, & son Catéchisme, où il crut voir des hérésies, le defféra juridiquement à l’Archévêque de Rouan son Métropolitain (Harlai transféré peu après à Paris ;) & par malheur pour lui l’Evéque de Séez fut transfére à Rouen.

155. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

pourquoi l’exposer à tous les malheurs qui menacent les êtres imprévoyants, auxquels il est plus facile d’en imposer, et qui par conséquent se laissent plus aisément duper et spolier ? […] Ce pouvoir si dangereux fait également le malheur de ceux qui y sont soumis et de ceux qui veulent l’exercer.

156. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Malheur à l’homme qui fait du scandale. […] Ce Comédien lui répondit, comme le prétend notre Apologiste, qu’il n’y avait point de mal à dire et à faire des choses fausses, quand ce n’est que par divertissement : mais Solon plus éclairé et plus sage en cela que l’un et l’autre, frappant avec indignation la terre de son bâton, déplora le malheur des hommes qui souffraient un tel désordre, et dit ces belles paroles qui devraient confondre tous les partisants de la Comédie : « Nous souffrons et nous approuvons la fausseté dans les divertissements, nous la verrons bien-tôt, par notre faute, s’insinuer dans les sociétés et dans les Contrats. » Ovide lui-même qui a tant publié de Fables, et dont on a tiré tant de sujets pour des Comédies, ne laisse-pas de reconnaître de bonne foi que ces représentations sont la cause de beaucoup de désordres. […] puisqu’on est d’autant plus touché de ces aventures poétiques, que l’on est moins guéri de ses passions ; quoique d’ailleurs on appelle misère le mal qu’on souffre en sa personne, et miséricorde la compassion qu’on a des malheurs des autres ? Mais quelle compassion peut-on avoir des choses feintes et représentées sur un Théâtre, puisque l’on n’y excite pas l’auditeur à secourir les faibles et les opprimés, mais qu’on le convie seulement à s’affliger de leur infortune ; de sorte qu’il est d’autant plus satisfait des Acteurs qu’ils l’ont plus touché de regret et d’affliction ; et que si ces sujets tragiques et ces malheurs véritables ou supposés, sont représentés avec si peu de grâce et d’industrie, qu’il ne s’en afflige pas ; il sort tout dégoûté et tout irrité contre les Comédiens ? […] C’est aussi ce que Jésus-Christ, qui a refusé tous les plaisirs qui lui étaient proposés pour embrasser la Croix avec les douleurs et les opprobres qui en sont l’accompagnement, n’a point voulu que nous ignorassions, lorsqu’il a dit : Malheur à vous qui riez à présent, parce que vous pleurerez.

157. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Qui ne seroit sensible au sort de cette infortunée, qui, loin d’éprouver la tranquillité qu’on lui avoit promise dans une nouvelle religion, est en proie aux plus grands des malheurs ?

158. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Il m’a toujours, continue-t-il, paru démontré, que si l’on a le malheur de ressentir véritablement ce que l’on doit exprimer, on est hors d’état de jouer.

159. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Si les Comédiens opéroient tant de bien, leur corps seroit aussi respectable qu’utile : le malheur est qu’il n’en soit rien.

160. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Seroit-il possible qu’on n’eut pas en execration une chose qui a causé un tel malheur, & un si grand crime, quand il n’y auroit autre chose à objecter contre la danse ?

161. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

C’est bien galant au moins ce que vous me dites là, je voudrais vous répondre sur le même ton ; mais, par malheur, je ne fais pas faire de complimens.

162. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

C’est le mesme malheur, (quoique d’une differente conséquence) d’estre né dãs une erreur touchant les sens, ou la foy.

163. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés, Malheur à ceux qui vivent dans des joies, car ils seront accablés de tristesses. » Le mauvais riche étant au milieu des flammes d’enfer, Math. 5 et demandant un peu de soulagement, il lui fut répondu qu’il avait vécu dans les délices pendant sa vie, et que maintenant il était justement tourmenté : mais que le Lazare ayant été privé de tout contentement durant la sienne, il en était à présent justement récompensé. 3. 

164. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Par malheur, on prit goût à la farce, et d’accessoire elle devint bientôt le principal : comme elle offrait une fidèle et naïve image des désordres du temps, elle ne pouvait être très pure et devait quelquefois causer du scandale : c’est ce qui détermina, en 1546, les révérends Pères de la Trinité à expulser de leur maison les confrères de la Passion, qui y avaient eu jusque là leur théâtre.

165. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Anne elle-même par sa legereté, son indiscrétion, ses amours, jusqu’avec son propre frere, contribua à son malheur. […] Ces tendres amours furent traversés pas des malheurs & des rivaux. […] Elle lui jura que dans quelque malheur qu’il tombât, quelque crime qu’on lui imputât, il auroit sa grace en montrant cette bague. […] Quoi , dit-il en apprenant son malheur, la Reine souffrira que son frere soit immolé à un baladin !

166. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Fontenelle prétend que les malheurs des mariages de son père Henri VIII furent la cause secrète de ses refus ; il est vrai que tous les six eurent une fin déplorable ; trois de ses femmes périrent sur un échafaud, accusées d’adultère ; une livrée aux Chirurgiens, mourut de l’opération césarienne ; il fit un divorce éclatant avec la première, il en répudia une autre. […] M. a bien peu d’esprit, puisque de vingt-quatre maris qu’on lui a présentés, elle n’en a pas su choisir un, ou bien du malheur si sur vingt-quatre, il n’y en a pas eu un de convenable. […] Voilà la source de ses malheurs ; Elisabeth le savoit, en parloit avec dépit à ses Ambassadeurs ; on lui eût pardonué tout le reste, mais on ne pardonne pas la beauté : est-il de plus grand forfait entre les femmes ? […] Je devois au Comte tous mes succès & ma gloire ; la perte de ses conseils & de son bras m’attire tous mes malheurs, mes affaires vont en décadence, depuis qu’il n’est plus je me suis laissée entraîner à l’envie & à l’imposture qui en vouloient à ses jours ; j’ai perdu ma réputation, l’estime & l’amour de mes peuples.

167. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

L’Eglise prend tant de précautions pour conserver la liberté, & il est si facile de se refuser à des vœux, que ces malheurs n’arrivent pas. […] Monval dit au père de Mélanie : Quel droit avez-vous d’ordonner son malheur ? […] Cornelie a le malheur de plaire à l’Empereur Domitien. […] Les réduits ignorés, où des esprits crédules desabusés trop tard, & voués au malheur.

168. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

La tragédie excitant alors des mouvemens excessifs de crainte & de pitié, n’apprenoit qu’à s’alarmer des périls & se désoler des malheurs, ce qui avilissoit le courage & causoit la déroute des armées. […] Vous, Seigneur, qui toujours à mes désirs contraire (à ses passions), avez fait en tout temps disparoître le père, vous enfin par qui seul j’ai connu le malheur.

169. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

La plus noble faculté de l’ame, perdant ainsi l’usage & l’empire d’elle-même, s’accoutume à fléchir sous la loi des passions ; elle ne réprime plus nos pleurs & nos cris ; elle nous livre à notre attendrissement pour des objets qui nous sont étrangers ; & sous prétexte de commisération pour des malheurs chimériques, loin de s’indigner qu’un homme vertueux s’abandonne à des douleurs excessives, loin de nous empêcher de l’applaudir dans son avilissement, elle nous laisse applaudir nous-mêmes de la pitié qu’il nous inspire ; c’est un plaisir que nous croyons avoir gagné sans foiblesse, & que nous goûtons sans remords. […] Qui est-ce qui sçaura refuser à ses propres malheurs les larmes qu’il prodigue à ceux d’un autre ?

170. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

La Comédie nous fait passer quelques heures dans des plaisirs honnêtes ; elle a l’art de nous faire préférer un amusement agréable & utile, aux désordres inséparables du jeu, & aux malheurs qui suivent le libertinage.

171. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

« Malheur à vous, dit-il, qui cherchez la joie et les ris » : « Va vobis qui ridetis. » Je ne voudrais que cette seule pensée pour arrêter un Chrétien, lorsqu’on lui propose une partie de comédie ou de bal.

172. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Au fond, quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, et pleurer des malheurs imaginaires, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? […] Par malheur, de pareils soins sont très inutiles, et ne sont pas toujours sans danger. […] Qu’Orosmane immole Zaïre à sa jalousie, une femme sensible y voit sans effroi le transport de la passion : car c’est un moindre malheur de périr par la main de son amant, que d’en être médiocrement aimée. […] Loin que ses tristes effets rebutent, il n’en devient que plus intéressant par ses malheurs même. […] Il est sûr que des Pièces tirées comme celles des Grecs des malheurs passés de la patrie, ou des défauts présents du peuple, pourraient offrir aux spectateurs des leçons utiles.

173. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Les erreurs sont des malheurs & non des crimes. […] Ne voyons dans la mort qu’un tranquille someil A l’abri des malheurs, un songe sans reveil.

174. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Les plus saints monastères n’en sont pas exempts, si par malheur son théatre s’y glisse. […] ils le sont tous ; les vainqueurs même sont mortellement blessés, & d’autant plus vaincus, qu’ils ont eu le malheur de mieux vaincre.

175. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

L’amour théatral est donc nécessairement une passion criminelle, qui pour instruire devroit être toujours suivie de malheurs. […] Par malheur il n’en est pas ainsi de l’amour ; cette passion trop agréable, si séduisante, si naturelle, si homogene, si intimement unie à l’humanité, fait sur le cœur une impression rapide, & sur-tout permanente, qui va toujours croissant.

176. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

J’ai souvent entendu dire, que si un amant avait le malheur de s’enflammer pour une beauté cruelle, il n’aurait qu’à la mener à la représentation des Drames dont je parle ; & qu’il verrait bientôt s’éteindre sa rigueur : peut-être qu’une épreuve aussi dangereuse n’est déjà plus à faire. […] Une très-vieille présidente de la cour d’amour s’écrie, en branlant la tête ; Malheur à l’homme assez osé Qui tenterait de nous séduire.

177. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Après cela, jugez si vous pourrez surmonter cet effroyable ennemi que la nature a renfermé dans vous-même, puisque vous en avez tant d’autres sur les bras, que l’artifice du monde vous a suscités, et qui vous plaisent pour votre malheur. […] Quand vous êtes aux pieds des Confesseurs, vous changez bien de langage ; la vérité et votre conscience vous contraignent d’avouer tout ce que nous venons de dire, et souvent votre plus grand malheur et celui des autres femmes, ou des Filles vient d’un premier entretien dans un bal, ou de quelque autre divertissement, dont on leur a donné le régal, et qui les a fait tomber.

178. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Nous savons tous que des chrétiens ne doivent point passer leur vie dans les plaisirs et les divertissements, après avoir ouï les menaces que Jésus-Christ leur fait en ces termes : « Malheur à vous autres qui riez à présent ; parce que vous pleurerez amèrement » ; et ce qu’il y a dans saint Jacques, « Riches versez des larmes, poussez des soupirs et les cris dans la vue des misères qui doivent fondre sur vous ; que vos ris se convertissent en gémissements et votre joie en tristesse. […] Mes chers frères, ne perdons pas malheureusement le temps que Dieu nous donne pour faire pénitence, et pour opérer notre salut : et souvenons nous de cette terrible menace que Jésus-Christ nous fait dans l’Evangile ; « Malheur a vous autres qui riez et qui vous divertissez, parce que vous pleurerez un jour. […] » « Malheur , dit-il, à celui par qui les scandales arrivent.

179. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

J’en reviens toujours à mon principe, Monsieur, et ce principe est que tous les hommes tenant plus ou moins à la concupiscence, (voilà un terrible mot à prononcer dans une Lettre ; mais je vous dirai, comme Phèdre dit à sa nourrice, à propos d’Hippolyte, c’est toi qui l’as nommé,) je vous dirai donc qu’attendu le malheur de notre nature corrompue, nous sommes tous plus ou moins sensibles à la vive peinture des passions, et que celle de l’amour étant la dernière mourante chez les hommes, le moindre souffle d’amour vertueux ou corrompu, le réveille dans tous les hommes, comme le moindre petit zéphyr est capable d’agiter les feuilles ; que cela n’est point l’effet de la disposition du cœur de quelque homme en particulier, que c’est la faute de la machine prise dans toute son étendue.

180. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

Si une religion est intolérante, il est impossible d’empêcher les prêtres de ce culte de s’en faire un dogme, et mon intention n’est pas ici de contredire ce dogme ; mais malheur à l’humanité si on l’arme de la puissance ; c’est alors que l’intolérance, guidée par un zèle peu éclairé, et par un fanatisme cruel, renouvellerait bientôt toutes les atrocités inquisitoriales ; elle rappellerait ces siècles malheureux où les peuples étaient en proie à des superstitions grossières et féroces.

181. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

O malheur !

182. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

A moins que vous ne soyez assez généreux pour m’aider à racheter mon bien, je ne vois point d’autre remède à mon malheur que d’aller couper des bourses. […] Et comme les douces peines de l’Evangile nous élèvent à un bonheur véritable : aussi les satisfactions légères du siècle nous précipitent-elles dans un malheur réel. […] Mais le Prophète Roi recommande ici à l’homme de bien de ne se réjouir que dans le Seigneur.… Car, comme dit le Prophète Isaïe : "Malheur à ceux qui prennent l’amer pour le doux, et le doux pour l’amer." […]  » Saint Augustin nous a aussi laissé quelque chose touchant la matière présente dans sa cinquième Lettre à Marcellin. « La prospérité constante des pécheurs est le plus grand de tous les malheurs pour eux. […] De quels malheurs les maximes de notre Théâtre si généralement fréquenté n’ont-elles point été les sources ?

183. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Les Comédiens ont déjà marchandé des places dans cinq ou six endroits… l’allarme est dans le quartier, tous les bourgeois, qui sont gens du Palais, s’y opposent… s’il y a quelque malheur, dont on puisse se réjouir, c’est, à mon avis, celui des Comédiens. […] Charles Powei, autre Ecrivain Anglois de ce siécle, dans un ouvrage intutilé, les malheurs de l’Angleterre, en parlant des irrégularités des Théatres de sa nation, on y voit, dit-il, la gravité méprisée, la vertu avilie, la Réligion profanée, … Les plaisirs de la débauche mis en honneur. […] Malheur à ceux, qui approchent des Sacremens, avec des dispositions si contraires à celles que J.C. demande d’une ame pénitente ; croyez-vous, que quiconque se laisse prendre à de semblables piéges, donne une grande idée de son génie ? […] Un Souverain peut tolérer un désordre, pour en éviter un plus grand ; mais malheur au particulier qui profite de cette tolérence ! […] Malheur à vous, qui êtes esclaves de vos plaisirs : Væ vobis, qui ridetis.

184. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Les talens éxcitent toujours contre eux l’envie & la cabale ; les sots cherchent à déprimer ce qu’ils ont le malheur de ne pouvoir connaître.

185. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Les personnes qui ont eu le malheur de fréquenter les Spectacles, savent mieux que moi que ces maximes sont la corruption même, réduite en art & en systême ; & celles dont les oreilles n’ont pas encore été souillées de ces discours anti-Chrétiens, n’ont rien de plus à désirer que de les ignorer toujours. […] Le Seigneur qui avoit confié à Saint Joseph le soin de sa propre famille, vous associe en quelque sorte à sa gloire en vous inspirant le désir de secourir par vos bienfaits des familles infortunées qui, par leurs besoins & leurs malheurs, sont des images sensibles de celle dans laquelle Jésus-Christ a voulu naître.

186. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Celle-ci s’en occupa toute sa vie, & les plus grands malheurs ne purent l’en détacher. […] Se peut-il qu’on préfere quelques jours de satisfaction sur la terre à une infinité de bonheur dans le ciel, & qu’on achête ce moment au prix d’une éternité de malheurs dans l’enfer ?

187. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Elle étoit ou fit semblant d’être mécontente de son mari ; pour entrer en matiere, elle lui conta ses malheurs, & le pria d’y apporter quelque remede de la maniere la plus pathétique. […] Le brave Maurice est mort : cette perte est un malheur public.

188. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Ils font tout le bien & tout le mal du monde ; le vice & la vertu, le bonheur & le malheur public & particulier, sont dans leurs mains ; avec une puissance sans bornes. […] L’amour même malheureux, même sauvage, comme celui d’Hypolite dans Phedre, n’est jamais rude & farouche ; il inspire l’attendrissement, non la terreur ; il humanise, il adoucit tout au milieu même des malheurs qui le suivent, à moins que ce ne soit quelque brutal, quelque fou, quelque ivrogne, qui, comme dit si joliment M.

189. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

mais l’attendrissement sur des malheurs imaginaires, ne fut jamais un obstacle à la compassion pour les infortunés qu’on a sous les yeux ; l’exemple de Sylla & du Tyran de Phère ne prouvera pas ce paradoxe. […] La quatrième Classe, des Pièces sérieuses, que d’autres ont confondue avec le Comique larmoyant, m’a paru mériter d’en être distinguée : ces Drames auraient dû plutôt être nommés Comédies familières, parcequ’elles peignent les mœurs les plus ordinaires de la société ; des actions communes, qui n’excitent pas le rire éclatant, comme elles ne présentent pas des malheurs qui fassent frissonner. […] Elle ne le fut pas : elle demeura ensevelie dans un même tombeau, avec la politesse, l’urbanité, la Philosophie & les Sciences : mais ce fut l’effet du malheur des temps. […] Malheur à l’Enfant d’Israèl quï se serait trouvé dans les rues lorsqu’on sortait de cette pieuse Tragédie. […] Mais qu’on leur donne la Passion, le Purgatoire ; qu’on leur présente ces objets forts & terribles, où la Réligion attache le bonheur ou le malheur éternel des hommes ; voila ce que ces âmes d’une trempe grossière, mais plus mâle que celle des habitans des Villes, mélancoliques, neuves ; voila, dis-je, ce que l’homme non-poli trouverait digne de l’homme : vous verriez alors, s’il est capable de sentir ; ses sanglots, sa religieuse frayeur porteraient le trouble dans l’âme du Philosophe le plus aguerri.

190. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

La morale se sert utilement des malheurs des Rois, des faiblesses du Citoyen ; elle s’est réservée d’aller à son but en montrant le bonheur qu’on goûte au Village : elle est contrainte de le supposer, tant les êtres de chaque état ont leur part des maux qui assiègent l’humanité !

191. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Je ne veux pas examiner si ces Jeux Scéniques étaient les mêmes qui se nommaient Floraux sous le premiers Rois, s'ils furent de nouveau donnés au peuple, ou seulement renouvellés, s'ils furent célébrés en l'honneur de Flore, qu'ils estimaient la Déesse des Fleurs, ou de cette fameuse Débauchée de même nom, qui devint si riche par sa mauvaise vie, qu'elle osa faire le Peuple Romain son héritier ; ni si l'ignorance ou la perte de tous leurs Acteurs par cette prodigieuse maladie, ou par quelque autre malheur les obligea de recourir à leurs voisins.

192. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

« Execrabile festis diebus vacare choreis, ubi visu, auditu, gustu, tactu, mentes adstantium illaqueantur et contaminantur. » Il cite en cet endroit le Canon du Concile de Tolède, que nous avons rapporté auparavant ; et ajoute, « Malheur à ceux qui contribuent à ces maux par le son de leurs instruments ; car ils rendront compte devant le juste Juge de tous les péchés auxquels ils ont donné occasion, parce que celui qui donne occasion à quelque dommage que le prochain souffre, est lui-même, suivant le Droit, la cause du dommage qu’il souffre. » « Væ iis qui sunt in causa efficaci tantorum malorum, per suos lascivos sonos ; reddent de omnibus malis, quæ occasiones pulsationis contingunt, apud justum judicem rationem.

193. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Répondons par ordre, que veulent donc dire ces paroles de Jésus-Christ, malheur à vous qui riez ?

194. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

Gardons-nous de proscrire ceux que St Paul allait entendre à Éphèse, et que parmi nous, le grand homme faisait asseoir à sa tablet, et puisque les vertus d’un acteur ne doivent pas être d’un moindre prix aux yeux de Dieu que celles de tout autre citoyen, ne faisonsu point à la cendre de ceux dont le cœur est rarement insensible au malheur, les devoirs que la religion et l’humanité réclament pour tous les hommes indistinctement.

195. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Le Peuple qui, dans le récit de ses malheurs, n’oublie jamais les auteurs vrais ou faux, qu’il en soupconne, avoit-il gardé le silence exprès ?

196. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Mais ce ne sont pas les ridicules qui font la honte des rois & le malheur des peuples ; ce sont les passions qui les dominent ; & jamais les auteurs ni les acteurs tragiques & comiques n’en ont guéri aucune, ni dans les princes, ni dans les sujets.

197. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Malheur à vous qui faites la débauche & qui dansez au son des instrumens : par-tout où la danse se rencontre, la musique & les transports d’une joie effrenée, les femmes s’oublient de leur devoir, les hommes sont saisis d’un esprit de vertige ; c’est un séjour de tristesse pour les Anges, le sanctuaire des Démons & leur grande fête.

198. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

C’est un malheur d’être engagé de se trouver à de pareils divertissemens, & une grande imprudence, de ne pas se précautionner contre l’air empesté qu’on y respire.

199. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Voilà ce que chacun de nous diroit : si nous ne nous mettons donc en état de detourner de dessus nous ce malheur par nos larmes, nôtre pénitence & nôtre fidelité, sommes-nous sages !

200. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

En supposant d’ailleurs que le vin fasse éclater les mauvais desseins qu’un méchant couvait à jeun, il faut donc regarder comme un malheur qu’il se soit enivré, car il aurait peut-être toujours couvé, dans son sang-froid, un projet funeste dont l’exécution lui aurait paru dangereuse, tant qu’elle n’aurait pas pu être accompagnée de certaines circonstances que sa prudence lui faisait juger nécessaires, au lieu que l’ivresse l’aveuglant sur les dangers de l’entreprise, sa témérité lui fait tenter avec succès ce qu’un homme à jeun n’aurait pas osé tenter.

201. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Faire écrier de joie au bruit de leur malheur L’étranger qui devoit éprouver leur valeur ? […] On les réduisit enfin au silence, en leur disant : malheur à vous qui appellez bon ce qui est mauvais, væ qui dicitis malum, bonum, & bonum, malum 89. […] Il eut le malheur d’avoir les deux jambes brisées sous les roues de son carrosse. […] Dorat se pressa de donner un autre Roman intitulé : Les Malheurs de l’inconstance, dont la leçon morale est qu’une femme qui cede à une passion criminelle, est souvent plus courageuse que celle qui résiste. […] Ils n’exposoient sur le Théatre les malheurs & les crimes de l’humanité, que pour rendre les hommes plus sages & plus vertueux.

202. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

C’est le crime de Charles IX, de sa mère, du Duc de Guise, du Cardinal de Lorraine ; c’est le crime de la Cour ; c’est le crime du Gouvernement ; comme la révocation de l’Edit de Nantes, les Massacres des Cévennes, & pour ne pas faire une énumération trop longue, comme tous les malheurs qui ont affligé, durant quatorze siècles, cette grande & superbe Nation, écrasée de règne en règne, & de Ministre en Ministre ; mais qui est fatiguée de la servitude, & qui sent enfin sa dignité. […] Malheur au pays où les Magistrats sont législateurs !

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