Pierre pria Dieu de le faire abandonner du Demon, non pour le perdre ; mais pour le faire rentrer en lui-même, & désabuser le péuple, que ce nouveau spectacle étonnoit. […] Son style aisé, naïf, mais noble & poli anonce un homme de condition, & fait gemir de ses égarements ; il a fait bien de voyages, il a trouvé la nation des comédiens répandue par toute la terre, par-tout semblable à elle-même, par-tout des acteurs débauchés, & des actrices comodes, agacentes, séduisantes, corrompues, qui l’ont enfin ruiné, brouillé avec sa famille, fait battre avec ses amis, l’ont abandonné pour d’autres amans, comme elles en avoient abandonné d’autres pour lui : par-tout, elles l’ont débarrassé de sa bourse, ont dérangé ses affaires, empêché sa fortune, troublé son répos, altéré sa santé, detourné de ses devoirs, perdu son ame ; il se montre cent fois au désespoir de ses désordres, changeant de conduite, voulant se convertir, embrassant un état, résolu d’en remplir les devoirs ; mais bien-tôt rentrainé, plongé plus que jamais dans l’abîme du libertinage, par les a traits & les artifices, ou plutôt par les fourberies, les piéges, l’hipocrisie de ces malheureuses, trop commun instrument de la perte de la jeunesse, & même de tous les âges ; car il a trouvé cent fois en son chemin, des gens d’un âge avancé, enfants de cent ants, d’une conduite insensée, dont le théatre causoit le délire ; il en a trouvé de tous les états, des Magistrats qui alloient y oublier le peu qu’ils savoient dé jurisprudence, & le peu qu’ils avoient d’intégrité ; des étudians qu’il empêche de rien apprendre ; des militaires dont il amortit le courage, énerve les forces ; blesse le corps des ecclésiastiques qui y prophanent la sainteté de leur état, tantôt osant passer du théatre à l’autel, tantôt quittant l’autel pour le théatre, oubliant le breviaire aux pieds d’une actrice.
) le disait des femmes prostituées, qui s’étant faites inscrire dans les registres publics, s’abandonnent impunément au premier venu ; l’infamie de leur conduite, la plus grande des punitions pour une femme d’honneur, a paru suffisante à la loi : « Satis pœnarum credebant in ipsa professione flagitii. » Cette infamie est expressément ordonnée (L. […] Sans convenir de ces faits, l’Avocat réplique : « Il abandonna donc un état honnête (Précepteur) pour en prendre un infâme (Comédien). […] Ce sont eux-mêmes qui l’abandonnent.
Mais que sera cette voix, Seigneur, si vous ne vous faites vous-même entendre à ces insensés qui, oubliant le magnifique Spectacle de la Terre et des Cieux, n’en connaissent point d’autres que ceux qui leur sont préparés par le Démon ; qui, ne se souvenant plus des promesses de leur Baptême, vont continuellement les abjurer aux pieds des Trophées que le monde érige à la gloire du mensonge et de la volupté, et qui, ne craignant, ni la perte de l’innocence, ni le naufrage dans la foi, s’abandonnent au milieu des plus grands dangers. […] Les Pères ne savent souvent à qui s’en prendre, lorsque leurs enfants s’abandonnent aux plus grands excès ; les Mères vont chercher dans des circonstances éloignées la cause du scandale de leurs filles ; et c’est le Théâtre, n’en doutez pas, qui a perdu les uns et les autres. […] Ainsi l’on fait l’éloge du Christianisme, et l’on n’a plus d’âme que pour les plaisirs ; ainsi l’on passe alternativement du Bal au Salut, de la Sainte Table au Théâtre où l’on ose venir avec les lèvres encore teintes du sang de Jésus-Christ ; ainsi l’on s’abandonne à une vicissitude de Confessions et de rechutes, et l’on croit avoir tout gagné, ou parce qu’on a malheureusement trouvé un Confesseur cruellement indulgent, selon l’expression de Saint Cyprien, ou parce qu’on a contracté l’affreuse habitude de ne plus s’accuser de la fréquentation des Théâtres.
Je me contenterai de vanter son respect pour la Rime, & celui de tous les Poëtes François dont aucun, malgré le mauvais exemple de leurs Voisins, ne songea à abandonner la Rime sans laquelle il n’y a point dans nos Langues modernes de véritable Poësie. […] Malgré la Merope, les Tragédies de l’Abbé Conti, & sa belle traduction d’Athalie, le goût du Poëme Dramatique chanté, paroît aujourd’hui dominer seul en Italie, où pour ne plus faire tant de dépense en Décorations & en Machines, on a abandonné les Divinités fabuleuses, & toute la Magie, pour mettre en Musique la mort de Caton, & les plus grands Sujets de l’Histoire.
S’ils étaient épurés comme on le soutient ; ils resteraient déserts et abandonnés. […] Mais la Morale a ses braves, ainsi que le Service Militaire, et comme lui des lâches qui en abandonnent les principes et les maximes les plus essentielles.
Elevez votre ame, méditez & voyez : abandonnez-vous alors, dit encore Montagne, à vos franches allures.
Ici, il étoit abandonné à une troupe de gens, la plûpart peu estimables, très-intéressés, & qui, dans l’accueil même du public, croyoient ne voir que plus de raisons de le soumettre à leur caprice.
Quand Mitridate ordonne la mort de Monime, quand Agamemnon vient d’abandonner sa fille au couteau de Chalcas, on nous fera entendre des ariettes, des fanfares, des contredances ?
Il est donc probable qu’on la chantait dans les prémiers tems de son origine : ceci semblerait encore me confirmer dans l’idée plaisante ou je suis que notre Opéra-Bouffon était peut-être connu des Grecs ; & c’est un nouveau motif de lui abandonner entièrement la Parodie, ou du moins celle qui se chante.
Tandis qu’il parlait, ses yeux ne m’abandonnaient plus.
Les périls où l'on est exposé sans les avoir pu prévoir, éloignent moins la grâce de Dieu, et nous laissent une légitime confiance de l'obtenir par nos prières ; au lieu que ceux qu'on cherche de gaieté de cœur, portent Dieu à nous abandonner à nous-mêmes.
Les Prêtres eux-mêmes, dit l’Ecriture, abandonnèrent le soin du Temple, et négligèrent les sacrifices, pour aller prendre part aux jeux que leur Grand Prêtre faisait représenter sur la place.
Si, après avoir recouvré la santé, l’acteur a recours à la décision de l’évêque, celui-ci verra dans sa sagesse, eu égard aux circonstances et aux dispositions du sujet, s’il doit exiger absolument qu’il abandonne le théâtre, aussitôt que possible ; ou s’il est prudent de tolérer qu’il le suive encore plus ou moins de temps, tout en lui indiquant les moyens à prendre pour se prémunir fortement contre les dangers inséparables de sa profession.
N’a-t-on pas vu un fils abandonner le chevet de son père mourant pour voler au spectacle ?
Comme on y rassemble tout ce qui peut flatter le plus vivement, et le plus agreablement les sens, et que d’ailleurs on s’abandonne avec plaisir à cette impression, il n’y a point de doute que ce ne soit ici l’une des plus seures, et par consequent des plus pernicieuses inventions de l’esprit malin, pour nous rendre encore plus sensuels, et plus éloignés de l’esprit du Christianisme, que nous ne sommes naturellement.
Ce n’est pas tout : loin d’encourager la timidité d’un jeune Auteur, qui se distingue, par des honneurs publics, par une pension de l’Etat, on l’abandonne à une troupe de Harpies qui habite le Spectacle ; et lorsqu’il ne se trouve pas assez riche pour leur donner de la pâture, et les rassasier à une bonne table, ces animaux destructeurs déchirent son Ouvrage, et attaquent sa personne ; le Public s’en divertit, et l’Auteur sensé se retire.
Malgré ce monde de merveilles & de panégyriques, on ne cesse de se plaindre que Moliere est abandonné, qu’on ne l’imite point, qu’on joue rarement ses pieces. […] Nouvelle scène : dans un bois solitaire, l’auteur & l’amour aiment les bosquets) Procris, amante de Céphale, vient le chercher ; &, en attendant, s’abandonne à des souvenirs flatteurs. […] On a voulu justifier la désobéissance d’un fils, à qui son pere déclare qu’il n’approuve pas un mariage mal assorti, qu’une aveugle passion veut faire, qui lui promet son héritage, s’il abandonne son actrice, le menace de le déshériter s’il désobéit, lui fait promettre d’éteindre sa folle passion. […] Ovide attribue à Venus le miracle de la statue de Pygmalion, & Colardeau fait honneur du sien à l’Amour & au penchant naturel des deux sexes Selon lui, l’un & l’autre éperdus, préoccupés, distraits, s’élevent, & d’un pied chancelant & timide, marchent abandonnés au destin qui les guide .
ne croyez pas qu’il vous ait abandonnés. […] J’abandonne ces tristes réflexions aux hommes faits pour sentir et juger ce qui convient au bonheur et à la prospérité de l’état. […] sont-ce bien encore des Français possesseurs des trésors du Cid et d’Athalie, qui ne rougissent pas d’abandonner ces chef-d’œuvres pour courir en foule à Jocrisse ou à Madame Angot ? […] Mais, découragé par un abandon si funeste, l’orateur, chargé de la défense de ses concitoyens, abandonnera-t-il le champ de l’honneur ? […] que celui qui n’en ressent pas l’influence heureuse, abandonne le sanctuaire des lois !
Serait-il en effet nécessaire d’entrer en discussion avec un homme, qui connaissant, à ce qu’il dit, quelle est sur les spectacles la Tradition de l’Eglise manifestée par tous les Pères et les Conciles depuis le premier jusqu’au dernier, laisse à l’écart tous ces Pères et ces Conciles, « pour se rendre, dit-il, à la droiture de la raison », et à une autorité supérieure qu’il croit trouver dans quelques Scholastiques. « Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise,ce sont ses termes23 , et que j’invective contre la Comédie, comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force du leur autorité. […] Quand on entend parler des Pères de l’Eglise comme des gens « qui s’abandonnent à la rigueur, qui se gendarment24, qui se déchaînent25 », car c’est ainsi que l’Auteur parle toujours des Pères) ne semble-t-il pas qu’il les regarde comme des Auteurs peu judicieux, qui n’écoutant point la raison, décident de tout sans modération et sans connaissance ; et que les Scholastiques au contraire sont de sages maîtres, dont les lumières, la sagesse, les tempéraments, et l’autorité doivent nous régler.
L’imagination qui s’exerce sur un sujet qui lui plaît, & qui est forcée de l’abandonner, par l’attention qu’elle prête au peu d’effet que les idées qu’il lui présente, produiront dans la bouche d’un tel Acteur, s’ouvre une autre route malgré elle, & dans ce changement qui lui repugne, son feu se rallentit ; elle ne ressent que le travail d’un enfantement involontaire.
Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c.
Les théâtres abandonnés, les jésuites après l’orage passé rassurèrent leur contenancev, et le lendemain achevèrent tellement quellementw leur drôlerie, puis enlevèrent tout l’équipage, et beaucoup de bagage des joueurs leur est resté pour s’en accommoder à la manière des bons ménagersx qui font leur profit de tout.
Sur quoi Zonare fait cette réflexion, les règles de la discipline Evangélique, bien loin de permettre aux Fidèles de s'abandonner au relâchement et à la dissolution, elles les obligent à se conduire vertueusement, et sans reproche, pour répondre à la sainteté de la Religion dont ils font profession; c'est pourquoi le Décret de ce Canon défend, et interdit tout ce qui relâche l'esprit, et dissipe son attention par un divertissement inutile qui cause le ris dissolu, et des réjouissances immodestes.
Les vers polis, et les discours agréables, gagnent les esprits, et les portent où ils veulent : c'est pourquoi celui qui recherche la vérité, et qui ne veut pas se tromper soi-même, doit rejeter les voluptés pernicieuses, auxquelles l'âme s'abandonne, comme le corps aux viandes délicieuses, il faut préférer les choses véritables à celles qui sont fausses, les éternelles, aux passagères, et les utiles aux agréables.
Il arrête la cupidité de quelques-uns, lors même qu’ils s’y abandonnent ; et dans ceux qu’il punit selon la rigueur de sa justice, la passion qui occupe plus souvent le théâtre, je veux dire l’amour, n’est pas toujours le châtiment qui leur est préparé.
Il arrête la cupidité de quelques-uns, lors même qu’ils s’y abandonnent ; et dans ceux qu’il punit selon la rigueur de sa justice, la passion qui occupe le plus souvent le Théâtre, je veux dire l’amour, n’est pas toujours le châtiment qui leur est préparé.
On y verrait dans Crémante et dans Ismène la punition que reçoivent et méritent ceux qui, dans un âge mûr, n’ont pas honte de s’abandonner aux passions de la jeunesse.
Pauline couverte du sang de son Epoux abandonne les faux Dieux ; Félix frappé d’un rayon de lumière, sent entrer dans son ame le pouvoir des Vertus chrétiennes. […] Le dégoût s’empare de son ame, indignée elle abandonne la scène, & la laisse en proie à la débauche émanée d’un public luxurieux. […] Pie IV, à qui le Concile avait abandonné la décision du Calice, le permet aux Laïques Allemands, & refuse les Femmes aux Prêtres, mais ensuite on ôte le Calice aux Séculiers. […] Un Prêtre qui s’abandonne à l’impudicité est noté d’infâmie sans égard, s’il est moins fragile que nous. […] Pline prétend que ce sont des Grecs venus de la Phocide ; mais Méan-Marcellin soutient que c’était des habitans de Phocée, petite Ville d’Ionie dans l’Asie mineure, laquelle ils furent contraints d’abandonner pour se garantir des cruautés de Cyrus Roi de Perse.
Il faut laisser aux Confesseurs le soin de décider ces sortes d’affaires, & ne pas les abandonner au jugement d’une infinité de gens qui se prévalent de tout, & ne sont pas assez sages pour s’arrêter à ce qui est permis, même par les plus relâchés. […] Il en est qu’on recherche volontairement ; Dieu nous y abandonne, on s’y perd.
Voltaire dans la Préface de son Oreste, que si ce grand homme avoit vecu, & s’il eut cultivé un talent qu’il ne devoit pas abandonner, il eût rendu au Théâtre son ancienne pureté. […] Il est certain qu’il n’eût plus songé à perfectionner la Tragédie, l’ayant entiérement abandonnée, sans les circonstances qui l’y ramenerent, & qui furent cause qu’en lui rendant toute sa pureté, il lui donna la plus grande majesté qu’elle puisse avoir.
Si son jeu laisse le spectateur tranquille, on l’abandonne, on le méprise. […] Par la loi des 12 tables la réputation des citoyens n’est pas abandonnée à la licence des Poètes il n’est permis de parler de personne qu’en justice, avec de bonnes preuves, et donnant à l’accusé la liberté de se défendre.
« Lorsque l’âme s’abandonne à de faux plaisirs, elle perd bientôt le goût des jouissances spirituelles, et ne trouve bientôt plus que dégoût et qu’ennui dans la parole de Dieu. […] L’âme, transportée par ces productions fatales, et, pour ainsi dire, hors d’elle-même, ne réfléchit plus ; loin de combattre ces principes vicieux, elle s’y abandonne sans résistance, se complaît dans les émotions qu’elle y puise, et se trouve naturellement disposée à agir en conformité des principes coupables qu’elle a puisés.
Tertullien dit que la Chasteté et la Foi ont une alliance très étroite ensemble, que le Démon attaque ordinairement la pudeur des Vierges avant que de combattre leur Foi, et qu’elles n’abandonnent l’une, qu’après la perte de l’autre. […] Le dévot jeûne, pendant que l’hypocrite fait bonne chère, il se donne discipline et mortifie ses sens, pendant que l’autre s’abandonne aux plaisirs, et se plonge dans le vice et la débauche à la faveur des ténèbres : l’homme de bien soutient la Chasteté chancelante, et la relève lorsqu’elle est tombée, au lieu que l’autre dans l’occasion, tâche à la séduire, ou à profiter de sa chute.
Telle est la Théodore de Corneille : Si mon ame à mes sens étoit abandonnée Et se laissoit conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions.
Ils m’aprendroient que d’abandonner ces Spectacles & ces Assemblées dans les premiers siécles de l’Eglise, c’estoit une marque de religion, mais une marque authentique ; & qu’en particulier ils ne blamoient pas seulement le Theatre parce que de leur temps il servoit à l’idolatrie & à la superstition, mais parce que c’estoit une école d’impureté.
Encore est-il certain que s'étant abandonnés de nouveau à ces Farces ridicules et malhonnêtes que feu Monsieur le Cardinal de Richelieu avait bannies de la Scène, et ayant ressuscité les Turlupins, les Gaultiers Garguilles et les Jodelets, qui sont les vrais Histrions, ils ne doivent pas trouver étrange qu'on leur donne le nom des personnages qu'ils jouent.
Angélique ouvre les yeux, et s’apperçoit qu’il ne voulait l’épouser qu’afin de se ménager dans ses richesses une ressource pour le jeu, elle l’abandonne et se marie avec un autre.
Mais si des spectacles amusants et peu coûteux le captivent, qui sera assez hardi, assez imprudent pour croire qu’il abandonnera ce plaisir, pour aller s’occuper de projets dangereux qui l’en priveraient sans doute. […] On paie mal une partie des sujets nécessaires ; on les abandonne à la dépravation de leurs mœurs ; on la protège même en quelque sorte, pour les dédommager du peu de salaire qu’on accorde à leurs talents. […] Mais on a la barbarie de les abandonner à eux-mêmes : on n’a donc rien à leur reprocher, car quelles fautes peut-on imputer à ceux à qui l’on n’a prescrit aucun devoir. […] Prenez-y garde Monsieur, ce n’est pas lorsque les Jeux Scéniques furent institués qu’ils furent avilis, ils étaient des actes de Religion, dont les Acteurs étaient les Ministres : on les considérait donc comme des gens consacrés au service des Dieux ; ce n’était pas alors que le Préteur disait : « Quisquis in scenam prodierit infamis est. »fk Ce fut lorsque ces Spectacles sacrés devinrent profanes et impudiques qu’ils furent abandonnés aux talents des esclaves et de gens déjà méprisés avant de monter sur la scène ; ce fut pour empêcher les honnêtes gens d’exercer une profession licencieuse, de se confondre avec des hommes vils, pour insulter par des satires odieuses et personnelles les meilleurs citoyens, et alarmer la pudeur par l’exécution de rôles infâmes, tant par le style que par les vices des personnages qu’ils représentaient.
Ces idées se retrouvent, & sont comme fondues, non dans nos mœurs, qui leur font bien contraires ; car on ne sauroit plus mépriser les femmes, que d’aspirer à en abuser, que de les croire capables de s’abandonner à la passion ; mais dans nos complimens, notre politesse, nos usages, c’est-à-dire, dans la superficie, ces portraits si flattés comme ceux de la plupart des peintres, qui embellissent pour se faire mieux payer, accoutument les femmes à régarder le théatre comme leur empire, & les hommes leurs sujets ; c’est leur empire en effet, & par conséquent celui du vice ; & les hommes sont des idolâtres, jusqu’à prendre hautement parti pour les femmes ; chacun est un Dom Quichotte, heureux d’être leur victime, pourvu que la nuit suivante il soit couronné de leurs mains ; Car aucun n’a le désintéressement de Dom Quichotte, auprès de Dulcinée. […] C’est le motif qui engage le Chef de l’Eglise à tolérer à Rome les lieux de prostitution, qu’il n’approuve pas assurément, & dont la tolérance n’excuse de péché, ni ne sauve de l’infamie, ni les femmes qui s’y livrent, ni les hommes qui s’y abandonnent ; ce désordre & cette tolérance ont précédé, de plusieurs siécles, la souveraineté temporelle des Papes : sur quoi le Pape Gelase disoit fort sagement : Prædecessorum meorum negligentiam accusare. non audeo magis credam eos tentasse ut hæc pravitas tolleretur, & quasdam extitisse causas quæ eorum bonam intentionem impedire. […] Le Prince tolére les lieux de débauche, peut-on excuser la courtisanne qui s’abandonne au public, le libertin qui a commerce avec elle ?
Les acteurs n’abandonnent qu’une foible portion de la recette ; c’est donc le public qui, après la mort de l’auteur, devient le véritable propriétaire des pièces qu’il a lui seul acquises. […] La nation ne peut pas abandonner ses droits et sa propriété, parce que quelques particuliers s’en sont fait une hypotheque. […] S’ils abandonnent une piece, sous prétexte qu’elle ne leur produit rien, cet abandon rendra à l’auteur la permission de la porter sur un autre théâtre, ou on la fera valoir.
Thomas, qui de son temps ne connoissoit autre chose, & tous les gens de bien avec lui, ont pu tolérer ces amusemens maussades, plus propres à dégoûter qu’à séduire, aujourd’hui abandonnés au peuple, que ces bouffonneries font rire sans conséquence. […] Pierre défend aux Chrétiens de s’abandonner, comme les Payens, à la dissolution & aux désirs de la chair.
L’Empereur Caracalla ne fut guere moins extravagant dans la passion qu’il conceut pour un Cocher de sa Faction, car il en prist les interests avec tant d’emportement, que pour le vanger de quelque railleries que certains particuliers en avoient faites, il fit courir sus par ses soldats, & assembla exprez son Armée & luy abandonna le pillage d’vne partie de la ville. […] Car outre que le commencement vint par des esclaves, qui estoient des miserables abandonnez à leurs mauvais destins ; ceux qu’on éleva & qu’on instruisit à ce mestier n’y acquirent pas plus de gloire.
Or les saints Peres m’apprennent, que d’abandonner les spectacles de la Comedie c’étoit une marque de Religion, & une marque bien autentique dans l’estime commune des premiers chrétiens, qui jugeoient selon la morale de Jesus-Christ. […] Qu’on abandonne donc dés à présent ce, dont on se repentira certainement à l’article de la mort, où l’on voit clairement toutes choses, & non plus par le faux jour de ses passions.
Mais le cœur ému par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesures ; dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, de vers tendres,délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de retenue. […] Pour ceux qui sont remplis des maximes de la chair et du monde, et que Dieu par un juste, mais terrible jugement, a abandonnés aux désirs de leur cœur ; je ne m’étonne pas qu’ils trouvent de la faiblesse dans mes raisonnements ; ils en trouvent dans l’Evangile : ils n’ont pas accoutumé d’examiner les choses par les règles que j’ai suivies.
Le beau sexe, aujourd’hui, ne se fait plus scrupule d’abandonner à nos regards ce qu’autrefois la pudeur l’obligeoit de cacher.
Plus l’homme s’abandonne aux passions, plus elles lui semblent odieuses dans la représentation.
Cette Princesse voulant cacher le fruit de ses amours, l’abandonna dans une grotte.
Au reste, il range toujours ces malheureux divertissements « parmi les attraits et les pépinières du vice : illecebras et seminaria vitiorum » ; et s’il ne frappe pas ceux qui s’y attachent, des censures de l’église, il les abandonne au zèle et à la censure des prédicateurs, à qui il ordonne de ne rien omettre pour inspirer de l’horreur de ces jeux pernicieux, en ne « cessant de les détester comme les sources des calamités publiquesIbid. p. 40.
Le Théatre n’est pas fait pour jouer les héros modernes ; l’idée genérale de sa frivolité & de son infamie semble avilir les grands hommes dont il s’empare ; on lui abandonne les anciens & les étrangers, auxquels on ne s’intéresse point : mais on est révolté de voir servir à ces jeux ceux qu’on connoît, qu’on estime, qu’on aime, comme si on les voyoit insulter sous ses yeux. […] Cet homme se jette à ses genoux, lui demande grace, l’obtient, se donne à lui, & abandonne le parti de la Ligue, & pour récompense demande la noblesse. […] L’aveuglement des écrivains dans leurs éloges est incompréhensible : ils abandonnent S. […] L’Empereur Julien, qui, après avoir été dans le Clergé, & fait avec édification les fonctions ecclésiastiques, abandonna le Christianisme, donna de pareils exemples de clémence envers ceux qu’il avoit disgraciés.
Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise, et que j’invective contre la Comédie comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force de leur autorité. […] ne nous a pas fait naître uniquement pour les jeux et pour les passe-temps, mais plutôt pour une vie sérieuse et pour des occupations plus importantes : aussi ne doit-on prendre du jeu que ce qu’il en faut pour se délasser l’esprit, sans s’y attacher davantage que les Chiens d’Egypte aux eaux du Nil, qu’ils boivent en courant » ; et il est bon d’avoir toujours devant les yeux cet avis de saint Augustin : « Souvenez-vous que vous n’avez pas encore fini tout votre travail, et qu’il le faut reprendre : vous ne l’avez pas quitté pour l’abandonner, mais pour y mieux travailler dans la suite » « Memento peregisse te, etc. »Psalm.34. […] Or est-il que, selon saint Thomas, les jeux honnêtes sont permis ce jour-là même pour soulager l’esprit et lui donner du repos, qui n’est autre chose, comme ajoute le même Père, que le plaisir qu’on prend à ces sortes de jeux : il s’ensuit donc par une conséquence nécessaire que la Comédie étant du nombre des plaisirs honnêtes, comme nous l’avons assez prouvé, elle ne doit pas être plus défendue le Dimanche, que les plaisirs qui en tel jour ne sont pas défendus ; surtout puisqu’elle ne se joue que dans in temps propre, et que, grâce au zèle des Evêques, à la vigilance des Pasteurs, à la piété du Prince, et à la dévotion des Fidèles, les Théâtres ne s’ouvrent qu’après que les Eglises sont fermées, et qu’on ne peut plus abandonner les saints Mystères pour courir aux Spectacles : d’où je conclus que ce n’est point un péché d’aller le Dimanche à la Comédie. […] Mais, malgré cette tolérance, il est certain que les vrais Chrétiens ne devraient point fréquenter les Spectacles dans les jours consacrés à la Religion ou à la Pénitence ; et qu’en faveur de ceux mêmes qui n’ont pas la piété de s’en abstenir tout à fait, le Théâtre, dans les jours saints, ne doit être ouvert au Public, qu’après que toutes les Eglises lui auront été fermées ; pour ne pas donner lieu encore aujourd’hui aux tristes, mais justes reproches des Saints Pères, qui se plaignaient qu’on abandonnait sans scrupule les plus Saints Mystères de la religion pour courir avec scandale aux Spectacles de la dissipation et de la vanité mondaine.Pour ceux qui regarde la circonstance des lieux.
Je m’abandonne toute à vos ardents transports, Et crois pour une mort lui devoir mille morts. […] Je me fais des vertus dignes d’une Romaine : Un cœur vraiment Romain ose tout pour ravir Une odieuse vie à qui le fait servir. » Dans la tragédie de Pompée, Cornélie sa veuve, ennemie déclarée de César, va lui découvrir une conspiration faite contre lui, et lui abandonne ses esclaves, qui en sont complices. […] « Vous qui jusqu’à ce jour armé d’un front terrible, Des cœurs audacieux fûtes le moins flexible, Qui d’un Sénat tremblant à votre fier aspect Forcez d’un seul regard l’insolence au respect, A sa voix aujourd’hui plus soumis qu’un esclave, Enfin à votre tour vous souffrez qu’on vous brave, Et vous abandonnez le soin de l’univers. […] Laissons ces vains remords, et nous abandonnons… Qu’il l’immole, il le faut ; il est né pour le crime : Qu’il en soit l’instrument, qu’il en soit la victime.
La mort de Moliere n’est pas certainement son plus bel endroit, mourir subitement sur le théatre, sans aucun signe de réligion, être enterré furtivement dans un coin abandonné d’un cimetiere, après le refus de l’Eglise de l’inhumer en terre sainte ; il est vrai que sa Veuve, actrice aussi fameuse par ses galanteries que par ses talens, crioit en l’accompagnant au tombeau : se peut-il qu’on réfuse un peu de terre à un homme à qui on doit des autels ? […] Pour bien aprétier cette libéralité si vantée, il faut se souvenir que le profit d’une représentation n’est autre chose que ce qui reste de ner, tous frais faits, & tous les acteurs payés ; leurs gages sont toujours les mêmes, ils ne donnent rien du leur, ils abandonnent seulement un profit de hasard, plus ou moins considérable, selon qu’il y a du monde, & qui peut être nul si la piéce ne réussit pas ; voilà ce qu’ils disent leur avoir fait tant d’honneur, à l’égard de la niéce de Corneille, & ce qu’ils donnent à l’Hôtel-Dieu, quand on les oblige de donner ce profit. […] Il est comme des bals de théatre de deux especes ; bal & théatre choisi, où l’on ne vient que pour prier ; bal & théatre public ouvert à tous les masques, où tout le monde, sans choix, entre au hasard ; c’est un vrai cahos, rien de régulier, tout est en désordre, le désordre est pour bien de gens un plaisir piquant, comme le bon ordre est un plaisir pour les autres ; c’est-là qu’on s’égare, on se cherche, on s’abandonne, on se trouve, on se pousse, on se lutine ; la foule roule, & s’arrête, elle entraine, elle répousse, on se fatigue, on s’estropie, & on s’est amusé.
Ma fille est d’un sang fort noble ; c’est la seule chose que je lui ai toujours recommandée de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] il abandonne sur-tout le Tartuffe, ce chef-d’œuvre si vanté, si vivement défendu, pour lequel les libertins témoignent le plus de prédilection, & les gens vertueux le plus d’horreur, par la même raison les uns & les autres. […] Quitte Paphos, abandonne Cytère, Viens au Vauxhall déposer tous tes traits, Qu’il soit dit par toute la terre, L’amour enfin renonce à son humeur légère, Il s’est fixé chez les François.
Mais, sans abandonner les intérêts de l’éternité qui ne doivent pas être moins précieux à l’académicien qu’au fidèle, je me borne ici à effrayer votre esprit par le détails des plaies que la comédie fait au bon goût et aux belles-lettres. […] Le vers se sent toujours des bassesses du cœur, dit Boileau ; mais j’abandonne encore cet avantage de ma cause ; je me renferme dans la sphère de la littérature. […] Impie : elle représente les dieux injustes, pour avoir vu avec complaisance les succès de César, elle met l’homme de pair avec eux, et au-dessus d’eux, en justifiant Pompée, qu’ils abandonnent par le jugement de Caton, qui lui demeure attaché, suffrage qui vaut bien le leur.
Ses infortunes doivent être regardées comme la suite de quelque mauvaise action ; mais il ne faut pas qu’elle parte d’un mauvais fond, ou d’une âme noire ; il faut plutôt que ce soit l’effet d’une certaine fragilité, qui n’est pas incompatible avec une grande vertu : C’est ainsi, que la jalousie injuste de Thésée, l’infidélité de Jason, qui abandonne Médée, pour prendre une autre épouse ; la présomption de Niobé, qui se glorifiait dans le grand nombre de ses enfants, et qui méprisait Latone, ont été punies avec justice. […] Des sujets si uniformes sont languissants ; l’âme, se trouvant toujours dans la même situation, souffre une contrainte qui la gêne : on se lasse enfin de pleurer toujours, et l’on abandonne un malheureux à son mauvais sort. […] Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
Je ne crois pas que cela puisse produire aucun mauvais effet, puisque cet Amant et cette Amante sont des personnes fort vertueuses, et que jamais ils ne se témoignent ainsi mutuellement leur passion dans toute sa force, qu’il n’y ait quelque puissant obstacle, qui s’oppose à l’accomplissement de leurs désirs ; ainsi je ne fais que les plaindre, et leur vertu même peut redresser le cœur de ceux qui s’abandonnent aveuglément à leur passion. […] Achille lui-même ne vous a-t-il pas autant engagé dans ses sentiments, quand il suit ce que sa gloire lui inspire, que quand il semble s’abandonner à l’amour ; et ne m’avouerez-vous pas qu’il était aisé de ne se point ennuyer à l’Iphigénie, quand il n’y aurait point eu du tout d’amour ? […] Quand même ces hommes Savants auraient du génie pour le Théâtre, ce qui n’est pas impossible ; je ne voudrais pas qu’ils s’en fissent honneur ; ou du moins je ne leur permettrais pas de s’abandonner à leur génie en de certaines passions.
Le Confident devint infidele, & fut épris d’une belle passion pour la Napolitaine qu’il retrouva à Madrid, que le Duc inconstant & dégoûté lui abandonna. […] Sa femme, lasse de tant de tracasseries, l’abandonna, s’en retourna en Flandre, & ne pensa plus à lui, quoiqu’elle eût été reconnue par le Roi & la Reine, & par la Cour de Rome.
Sera-t-il donc permis de s'abandonner à la fureur hors du cirque, à l'impureté hors du théâtre,parce que Dieu en est témoin ? […] Quelle espérance reste-t-il donc à ce transfuge qui abandonne son Prince pour passer vers l'ennemi, qu'une mort certaine ?
Un jour on jouait quelque farce, en laquelle une putain s’abandonnait publiquement : et comme [selon que son rolet le portait] elle se découvrît déjà pour montrer ses parties honteuses, voyant entrerCato Censorius. […] Orontes de Syrie Dedans ton Tibre est coulé jusqu’icy, Qui avec soi a apporté aussi La langue, et mœurs, les tambours et hautbois, Et les joueurs des délicats Grégeois : Jusqu’à montrer toute fille impudique S’abandonner en plein cirque publique. » 18.
Saint Thomas répond à ce passage de saint Chrysostome, qu’il doit s’entendre des personnes qui s’abandonnent aux jeux avec excès, et qui n’ont point d’autre fin que le plaisir du jeu, comme ceux dont parle le Sage, qui croient que cette vie n’est qu’un jeu : « De his qui inordinate ludis utuntur, et præcipue eorum qui finem in delectatione ludi constituunt. » Notre Docteur adopte cette réponse, et prétend qu’elle peut être appliquée à tout ce que l’on objecte contre les Spectacles de la part des Pères, « Qui ne se sont, dit-il, tant déchaînés contre la Comédie, que parce que de leur temps l’excès en était criminel et immodéré : et s’ils l’eussent trouvé, comme elle est à présent, conforme aux bonnes mœurs et à la droite raison, ils ne l’auraient pas tant décrié ; mais ils auraient cru, comme saint Thomas, qu’il n’y a point de mal à y assister. […] Voilà, ce me semble, l’idée la plus juste des Comédies les plus innocentes que l’on ait vues de nos jours ; car je laisse à part les Pièces purement comiques, que le Docteur lui-même abandonne. […] Que dans les Spectacles il y ait un milieu criminel entre la danse de David et les infamies de la gentilité idolâtre ; on ne peut en douter, et notre Docteur lui-même n’en doute pas, puisqu’il abandonne les représentations qui ne sont pas tout à fait pures, quoiqu’elles n’aillent pas jusques aux excès des Païens. […] S’il n’avait parlé que de quelques Abbés et de quelques Ecclésiastiques, on aurait peut-être pu les lui abandonner : mais de n’en excepter aucun, c’est ce qu’on ne peut lui passer, non plus que la conséquence qu’il tire en faveur de la Comédie, de ce qu’il y a quelques Abbés et quelques Ecclésiastiques qui jouent à des jeux de hasard : car les Canons pour cela n’en sont pas moins Canons ; et les Comédiens ne sont pas plus absous des Censures de l’Eglise par la licence de ces Abbés, que ces Abbés le sont par la licence des Comédiens. […] La dévotion aisée ne s’était point encore avisée de ce secret, et elle n’était jamais allé si loin ; mais voilà les égarements où l’on tombe quand on abandonne les Vérités éternelles, pour suivre le penchant et les inclinations du monde.
Ce que j’en fais n’est pas en espérance de gagner rien sur ceux qui en font leur gagne-pain, ni beaucoup sur certains esprits profanes qui ne font conscience de rien, et lesquels s’emportant en blasphèmes contre Dieu, et contre sa parole, s’abandonnent à toutes dissolutions, et ont dépouillé toute honte des hommes, et toute crainte de Dieu. […] Et cependant, nous qui faisons telles choses, nous plaignons que Dieu ne tient compte de nous ; et que notre Seigneur nous abandonne, combien que ce soyons nous, qui abandonnons notre Seigneurfj. […] » Donc premièrement on renonce au Diable, pour croire en Dieu, pource que quiconque ne renonce point au Diable, ne croit point en Dieu : par quoi qui retourne au Diable, abandonne Dieu. […] Comprendre : nous nous plaignons que Dieu nous abandonne bien que ce soit nous qui l’abandonnons.
Parce qu’on y perd la grâce de Dieu par les emportements auxquels on s’abandonne.
Il faut travailler une mine longtemps avant qu’elle dédommage les entrepreneurs et qu’ils parviennent à la bonne veine : le Théâtre est comme cette mine ; le plomb s’est présenté le premier : les lois, la police, et le génie des Auteurs sont enfin parvenus à découvrir l’or qui se cachait sous des enveloppes crasses et des marcassites méprisables ; et c’est au moment de la découverte que vous vous déguisez combien la mine est riche et que vous voulez en faire abandonner l’exploitation : visitons-la cette mine avec le flambeau de la vérité, qu’il dissipe les ténèbres du préjugé que vous voulez épaissir.
Nos hommes d’Etat doivent donc avoir un vif regret d’être forcés d’abandonner l’Espagne à ses horreurs, sans y porter un remède efficace.
Je lui abandonne tous les exemples vicieux et reconnus tels ; mais de cent Tragédies, il n’y en a pas une où l’intérêt soit pour le crime. […] Il semble que pour elles, vivre avec les hommes, ou s’abandonner aux hommes, soient synonymes, et qu’à son avis il ne soit pas possible de nous résister sans nous fuir. […] Il n’outrage point la pudeur, il la respecte, il la sert ; il lui laisse l’honneur de défendre encore ce qu’elle eût peut-être abandonné. […] Aimez-vous mieux, me dira ce père, aimez-vous mieux que je l’abandonne imprudemment aux caprices aveugles de l’amour ? […] Que le Cid sacrifiât son père à Chimène, qu’Horace abandonnât la cause de Rome pour complaire à Sabine : je demande à M.
Clement d’Alexandrie, il a gagné de la tête aux pieds, du faîte de l’arbre à la racine, sans pourtant abandonner sa premiere demeure ; il n’a fait qu’étendre son empire : In ipsis calceis superbia se prodit. […] L’homme foible s’arrête & bronche à chaque pas, & quelquefois se décourage, & abandonne tout.
C’est-à-dire que parce qu’on peut être malade dans le meilleur air & le lieu le plus sain, il faut l’abandonner pour aller dans une ville pestiférée, se mêler sans précaution, se lier, se familiariser avec tout ce qu’il y a de plus contagieux. […] Mercure disoit, allons chercher l’hymen & la fidélité ; je suis presque sûr que des que l’amour les verra, il abandonnera ces lieux.
N’y eût-il que la bassesse, la monotonie des expressions, la trivialité des idées, un siecle plus façonné a dû les proscrire, comme on a abandonné les vertugadins, les gros canons, les chapeaux pointus, les coëffures à triple étage des femmes. […] Il y a moins de grossiereté à l’Hôtel de la Comédie, & cet Ecrivain n’a pas tort de dire : Vous abandonnez un théatre noble pour venir à des treteaux, parce que vous êtes sans mœurs.
Mais pour ne rien entreprendre sur les devoirs de nos Pasteurs & des Prédicateurs de l’Evangile, j’abandonne le Comédien pour ne parler ici que du Poëte Comique, & pour rapporter de la maniére la plus succinte & la plus seche qu’il me sera possible, quelques-uns des jugemens que nos Critiques Séculiers & Réguliers en ont porté, Mr.
Ils abandonnèrent les routes battues ; préférèrent le plus piquant au plus agréable ; le mélange confus des teintes, aux charmes d’un coloris naturel, la multitude des incidens, au doux prestige d’une action simple ; enfin, le merveilleux au beau.
le Chevalier du Coudray semble traiter ce malheur légerement, on aura soin de lui dire avec la plus grande impartialité, qu’il a tort, & très-grand tort d’abandonner le Théâtre.
Jeu et luxe, bassette et lansquenete, mouches et fard, coiffures fantasques et nudité de gorge, bal, comédie et opéra, sujets ordinaires de la morale de nos Prédicateurs, je vous abandonne à leur zèle ; trop muet, hélas !
Diacres, s’abandonnent à la débauche et aux excès du vin, dans la fête des fous, célébrée dans plusieurs cathédrales de France, pag. 279 et suiv.
Ils sont assurés de faire finir celles de leur héros & de leur héroïne avec le cinquiéme acte, & que les comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle ; mais le cœur émû par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; & souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte. […] N’est-ce pas là qu’il se sent attiré au crime par les piéges qui lui sont tendus ; que se laissant prendre aux amorces les plus dangereuses, il s’abandonne aux transports les plus déréglés, aux saillies les plus vives ? […] Qui ne sait que si Dieu nous protége dans les occasions involontaires, il nous abandonne dans celles que nous recherchons par goût ; que, comme il soutint un Abraham dans un pays infidel, parce qu’il y étoit par sa volonté, il en laisse tomber mille autres dans des occasions moins périlleuses, parce qu’ils s’y exposent en téméraires ; & qu’enfin celui qui aime & cherche le danger y périra ? […] parce que le tentateur peut nous attaquer par-tout, comme il attaqua nos premiers Peres dans le Paradis terrestre, comme il a tenté Jesus-Christ dans le désert, il n’y aura donc pas de péché à aller s’abandonner à lui dans ces lieux où il est comme au milieu de son empire ? […] Il est certain, c’est un principe qui ne fut jamais contesté, qu’aucun motif, tel qu’il puisse être, ne peut excuser une action qui est mauvaise en soi ; mais j’abandonne tout l’avantage que je pourrois tirer de ce principe, & je veux bien examiner en eux-mêmes les motifs par où l’on prétend rendre le théâtre licite.
Drydenaz qui puisse l’emporter sur son Jupiter ; car il est vrai que le Poète s’abandonne dans ce Poème à des fougues beaucoup plus audacieuses : le blasphème y marche à la tête de tout sans détour et sans sujet même apparent : chaque personnage y porte un nom marqué dans les saintes Lettres : on y suppose la vraie Religion et l’objet éternel de nos adorations. […] Mais, quoique cette conduite fût inconnue aux anciens, il y a peut-être des considérations auxquelles l’usage et la bienséance doivent céder ; et alors « une règle doit être plutôt abandonnée qu’une beauté dans un Poème ». […] Je les abandonne à d’autres mains. […] Nous ne saurions donc ignorer ici la règle de notre conduite : ces exemples nous l’apprennent assez ; mais nous ne pouvons abandonner cette règle sans nous rabaisser au-dessous du Païen, sans renoncer à la raison, et à cette Philosophie même dont on se pique tant aujourd’hui. […] Comment soutiendriez- vous les rudes assauts qui sont livrés à l’innocence, vous qui vous abandonnez lâchement aux vaines joies du siècle ?
Combien ne devons-nous pas déplorer l’aveuglement de nos peres, qui ont abandonné le soin de leur propre langue, pour un idiôme étranger !
Que tandis que ces Predicateurs de l’Evangile seront abandonnez, les Comediens cependant ne manquent pas d’auditeurs, qui y vont en foule ?
Des troupes d’acteurs s’en mirent en possession, & les forcèrent de la leur abandonner, parce qu’ils la représentaient beaucoup mieux.
Peu s’en faut qu’il n’abandonne son projet, & ne renonce à une gloire aussi singulière.
Mais au-lieu de s’abandonner aux plaintes, aux reproches, cette jeune personne sans expérience, supporta patiemment son malheur ; elle eut même le courage de cacher à son père le chagrin qui la dévorait.
un mélange de bassesse, de faussetés, de ridicule orgueil et d’indigne avilissement, qui le rend propre à toutes sortes de personnages, hors le plus noble de tous, celui d’homme qu’il abandonne.
Arétin enfanta des milliers de vers sur les amours, comme Tibulle, Ovide, Properce, & un volume pour l’une de ses maîtresses, comme Pétrarque pour Laure : mais ces vers, abandonnés à la poussiere, n’ont procuré l’immortalité, ni à l’amant, ni à la maîtresse. […] Il fallut abandonner le poëte à son panchant, & le laisser enfanter des chimeres. […] Il n’a aucun but, aucune suite, ni commencement, ni fin, ni milieu ; il entame cent histoires, les interrompt, les abandonne, ne termine rien : c’est une intempérance incroyable de l’imagination la plus romanesque, qui n’observe aucune vraisemblance.
Je t’abandonne. Abandonnez.
Laissons les choses comme elles sont, abandonnons-leur les loges & le théatre ; aussi-bien les plus vertueuses y cesseroient bien-tôt de l’être, il n’y auroit plus rien à discerner. […] Après avoir vécu dans les meilleures compagnies, & servi de maîtresses aux plus grands Seigneurs, qui comme les nôtres, les préferent quelquefois à d’honnêtes femmes, on leur met dans la bouche, aussi-tôt qu’elles sont mortes, une bride de paille, avec laquelle on les traîne ignominieusement dans les rues, & ensuite on abandonne leur cadavre sur un fumier aux chiens & aux oiseaux de proie.
On mérite d’être abandonné de Dieu, & en effet il abandonne.
Nous vous abandonnons toutes ces folies ; embrassez la vraie religion, et à notre exemple quittez des choses si frivoles : « Concedimus vobis hæc inutilia ; credite religioni, et similiter nobis à nugis discedite. » Minucius Felix. […] La fréquentation des spectacles est une apostasie de la foi et des sacrements, et une prévarication mortelle : « Apostasia et fide et sacramentis lethalis prævaricatio. » Vous avez renoncé au démon, à ses pompes, à ses œuvres, à ses spectacles ; comment donc après le baptême revenez-vous à ce que vous avez solennellement abjuré, et abandonnez-vous la foi que vous avez authentiquement professée ?
Ne savoit-il pas qu’elle étoit aimée d’Orosmane, & que ce Prince devoit s’opposer à ce qu’elle abandonnât sa Loi ?
Ce n’est plus qu’un métier, qui ne peut être relevé par la noblesse d’une source qu’il a abandonnée.
que tandis que des Prédicateurs de l’Evangile seront abandonnez, les Comédiens cependant ne manquent pas d’auditeurs, qui y vont en foüle ?
Je lui abandonne celles qu’il attaque : nous ne fesons pas cause commune.
Les Lois condamnent la fille d'un Sénateur qui s'est abandonnée, ou qui exerce l'art de bouffonner, où l'on ne doit pas entendre jouer la Comédie, mais pratiquer les Danses honteuses, et les bouffonneries des Mimes et Farceurs, comme nous l'avons expliqué.
« Le Diable , dit ce grand Prélat, est dans les pompes et dans les spectacles ; et ainsi lorsque après le Baptême nous retournons aux spectacles, nous abandonnons la foi de Jésus-Christ que nous avions embrassée.
Non madame je n’abandonnerai point vos pieds refuge de mes misères, tables qui me sauveront du naufrage, que je n’aie obtenu la bénédiction que je demande à votre Majesté par tout ce qu’il y a de plus saint au ciel et en la terre, par les plaies de mon Sauveur et le vôtre, par les mamelles de sa mère, par les mérites et le martyre de cette glorieuse Vierge Sainte Cécile dont je viens de représenter la constance, par la présence de votre époux le plus grand Roi que le soleil éclaire ; par l’amour qu’il vous porte et que vous lui portez, et par cette insigne piété qui vous relève autant sur toutes les Princesses de la terre que votre Majesté est élevée sur les têtes de ses sujets.
n’est ce pas là qu’il se sent attiré au crime par les pièges qui lui sont tendus ; que, se laissant prendre aux amorces les plus dangereuses, il s’abandonne aux transports les plus déréglés, aux saillies les plus vives ?
Maintenant abandonnons les jésuites pour rentrer dans les cérémonies que le clergé de France pratiquait dans presque l’universalité de ses diocèses. […] Les apôtres dînaient dans la rue, devant la porte du maître : vraisemblablement pour désigner que Saint Pierre avait pleuré sa faute à la porte de Caïphe ; et que les autres Apôtres avaient abandonné leur divin maître, et ne l’avaient point suivi dans la maison du pontife. […] Rien n’a plus de similitude avec les anciennes saturnales, que la fête des fous, qui se célébrait dans la plupart des églises cathédrales et métropoles du royaume ; car ainsi que dans les saturnales où les valets faisaient les fonctions de leurs maîtres, de même dans la fête des fous, les jeunes clercs et les autres ministres inférieurs de l’Eglise officiaient publiquement et solennellement, pendant les jours consacrés à ces sortes de fêtes, qu’on appelait dans certains diocèses fête des sous-diacres, et comme le dit fort bien le célèbre Ducange saturi diaconi, fête des diacres saouls, par allusion à la débauche des diacres, qui s’y abandonnaient aux excès du vin. […] Toinard, si connu par son érudition profonde, d’en tirer une copie sur laquelle un de mes amis en prit une autre, dont voici la teneur : « Je, Jésus, fils du Dieu vivant, l’époux des âmes fidèles, prends ma fille Madeleine Gasselin pour mon épouse, et lui promets fidélité, et de ne l’abandonner jamais, et lui donner pour avantage et pour dot ma grâce en cette vie, lui promettant ma gloire en l’autre et le partage à l’héritage de mon père, en foi de quoi j’ai signé le contrat irrévocable de la main de mon secrétaire.
Vous convenez donc que lorsqu’il sera seul & abandonné à lui-même, il dira ou fera des choses qu’il seroit bien fâché qu’on lui vît faire ou qu’on lui entendît dire ? […] Si nous considérons que cette Partie de notre Ame contre laquelle la Raison veut que nous combattions dans l’adversité, cette Partie dis-je laquelle est affamée de pleurer & de sangloter, & qui est naturellement insatiable de lamentations, c’est cette même Partie que la Poësie flatte & qu’elle cherche à rassasier, & qu’alors cette autre Partie de notre Ame qui est la plus excellente, ne se trouvant pas encore assez fortifiée par l’habitude & par la Raison, devient plus négligente à tenir en bride la Partie pleureuse, supposant que ces malheurs qu’elle voit représenter ne la regardent pas, & s’imaginant qu’il n’y a aucun mal à plaindre & à louer même un autre homme, qui passe d’ailleurs pour un homme de vertu, lequel s’abandonne mal à propos à la douleur. […] Quand je vois un Néron, un Narcisse, certain que je ne serai jamais un Scélérat, je ne crains rien pour moi-même, je ne crains que pour Britannicus & Junie : quand je vois Œdippe & Phedre, je crains pour moi-même, parce que je puis commettre involontairement de grands crimes, & je puis par foiblesse m’abandonner à une Passion criminelle en la détestant.
Vous ajoutez qu’il faut « ou quitter la partie, ou employer une force de logique telle qu’une retorque raisonnable devienne impossible. » Sans vous chicaner sur le mot retorque qui n’est pas français (vous avez cru apparemment qu’on disait la retorque comme on dit la remorque, et, après tout, un barbarisme n’est point un péché mortel, mais il fallait dire rétorsion), je vous prie de me permettre de ne point abandonner la partie, quelque grande que soit la force de votre logique ; et tout-à-l’heure nos lecteurs décideront entre vous et moi.
Zaïre esclave dès l’enfance, ignorant qu’elle fût faite pour un meilleur sort, est supposée avoir mené une vie triste, s’être abandonnée à une profonde douleur, s’être nourrie d’amertume & de larmes.
Il crée son sujet : il le commence, l’interrompt, s’y remet & l’abandonne encore à son gré.
La multitude des coupables peut arracher la tolérance, mais elle ne change ni le vice, ni la vertu ; & la sagesse, supérieure à tous ces nuages, n’a garde d’abandonner la sainteté des regles à la corruption de leurs transgresseurs.
Nous voulons être dans le trouble, nous aimons à nous abandonner à cette violente tempête, & nous avons obligation à celui qui nous y jette.
Je ne sais pas comment on peut lire cet endroit sans s’empêcher de rire, mais je sais bien que l’on n’a jamais repris les inconstants avec tant d’aigreur et qu’une maîtresse abandonnée ne s’emporterait pas davantage que cet observateur, qui prend avec tant de feu le parti des belles.
Cet habile Prélat accoutumé à terrasser les monstres de l’erreur écrasant sans peine celui-ci, & s’il n’a pas réussi à faire abandonner le théatre, comme il n’a peu ramener tous les Protestans. […] Il abandonna le gouvernement de ses états, & courant les bois comme Nabuchodonosor, il appelloit à grands cris Mariamne, comme si elle eût été vivante : il en fut malade à l’extrémité, ne guérit jamais parfaitement, & devint sombre, farouche, de mauvaise foi, d’une humeur insupportable ; mourut enfin misérablement, & termina sa vie par un trait de cruauté sans exemple dans l’histoire.