., ce que la plus vénérable antiquité a pensé de la comédie, & pourquoi j’ai dit qu’elle est une école publique du vice, & le triomphe du démon dans le monde. […] Cependant malgré toutes ces réformes, ce grand Patriarche de l’Eglise Grecque ne laissa pas que de crier encore contre ces jeux de théâtre, comme contre un scandale public, qu’il appelle des écoles de libertinage & d’adultére, non pas à la vérité pour les choses obscénes qu’on y représentât, puisqu’on les en avoit retranchées, mais parceque les comédiens de l’un & de l’autre sexe affectoient des gestes, des postures & des airs efféminés, capables d’amollir les cœurs les moins sensibles & les plus purs. […] De pareils spectacles ne sont-ils pas à ce prix encore aujourd’hui, comme au siécle de saint Jean Chrysostome, des écoles d’impureté & de libertinage ? […] Le monde jusqu’ici n’a été pour nous qu’une école d’iniquité ; & pour avoir voulu le suivre, nous nous sommes misérablement égarés.
Une Ecole Dramatique, comme une école militaire, pour former de bons Acteurs, & faire répresenter pendant le cours de l’année, avec le plus d’éclat, les piéces qui auront eu la Couronne, ou l’accessit ; on donne les plus grandes facilités. […] Je ne sai où il a pris ce trait d’érudition : les Grecs avoient des prix pour les jeux du théatre, comme pour les jeux olimpiques & autres jeux ; mais ils n’avoient pas d’écoles théatrâles établies, comme à Parme, par autorité publique. […] Les suppots de Thalie sont Politheistes, leur Réligion admet la pluralité des Dieux ; ils adorent bien les actrices, ces divinités si bienfaisantes ; on veut adorer plusieurs Génies aussi : chacun le sien, l’Infant Duc ne prétend point de privilege exclusif, cette déification est singuliere ; on n’avoit point fait encore de pareilles apothéoses ; être divinisé pour avoir donné des prix à quelques Drames, & formé une école de comédiens ; c’est acquerir la Divinité à peu de frais : mais je crois que sans prendre un si grand essor, ni vers les Grecs ni vers l’Olimpe ; on peut faire honneur à la France, de ses divers établissements. Tant de prix académiques de tant d’especes : Science, Eloquence, Poésie, Musique, Peinture, Sculpture, Chirurgie, Agriculture, Dessein, & notamment prix Dramatique, établi depuis quelques années, & accordé pour la premiere fois, au sieur du Beloy ; bourgeois de Calais ; & ces innombrables académies ou écoles, pour toutes sortes d’objets, ont bien pu faire naître dans une Cour toute Française, l’idée d’une école dramatique, pour la représentation ; on y joindra bien tôt aussi l’académie de musique, de la danse, de poésie, on en fera une Université théatrâle, avec les quatre facultés, les assemblées de ce corps gravissime de l’amplissime Recteur, des savantissimes Professeurs, des illustrissimes Docteurs, de ces méritissimes Licenciés, Bacheliers, comédiens, formeront une jolie scéne, qu’ouvrira un bedeau avec sa masse ; on n’y oubliera pas les écolieres & les régentes des actrices, qui ne sont pas moins nécessaires que les acteurs, soit qu’on les incorpore dans les classes & les corps des acteurs ; soit qu’on en fasse une université fémelle, séparée avec ses facultés, ses suppots, ses appartenances, ce qui seroit plus décent, mais qui exerceroient moins les uns & les autres, que s’ils prenoient leurs leçons & faisoient ensemble leurs exercices académiques.
Il pensa bien differemment dans la suite ; encore même dans la Préface de Phedre reconnoît-il une partie de la vérité ; & son fils, élêve de ses dernières années, où il avoit embrassé la piété, lui rend dans ses remarques un hommage sincère & funeste, qui farde le vice & défigure la vertu, école pernicieuse qui en donne & des leçons & des modèles !
et quelle institution plus grande et tout ensemble plus utile, que cette école auguste d’apôtres et de martyrs, destinés à porter jusqu’aux extrémités du monde, et la gloire du nom chrétien, et la gloire du nom français ? […] Rousseau va plus loin ; il soutient que le théâtre de notre premier comique est même une école de vices et de mauvaises mœurs. […] Ceux qui, élevés à la véritable école du barreau, sont par eux-mêmes en état d’en apprécier les difficultés et les périls, sont toujours en garde contre un abus aussi révoltant. […] C’est sans doute en reconnaissance d’un service aussi grand, que le Gouvernement, dans sa dernière loi sur le rétablissement des écoles de droit, a assimilé les élèves de ces académies à ceux de ces nouvelles écoles qu’il vient de réorganiser, pour leur accorder les mêmes avantages. […] NDE Charles IX, ou la Saint-Barthélemy, de Marie-Joseph Chénier (1789), ensuite rebaptisée Charles IX, ou l'école des rois.
Or voilà une belle école aux filles et aux femmes pour y apprendre à être honnêtes ? […] Ceux donc qui conduisent ou envoient là leurs filles, les remettent à de mauvais Maîtres, et les adressent à une école très dangereuse. […] Mais des lieux qui ont pris possession durant plus de deux mille ans d’être des écoles pour gâter les mœurs, ne sauraient avoir changé si soudain. […] Es jeux des Gladiateurs qui n’aurait horreur de cette Ecole de meurtres ? […] Enfin nous pouvons définir les Théâtres, un égout, et une école de turpitude, et de toute sorte de vices.
Cet Homme unique dans son genre, & le seul Ecrivain peut-être, soit ancien, soit moderne, qui n’ait point encore eu de Supérieur ni de Rival, étoit plus capable qu’un autre, de donner au Théatre comique la forme & le ton qu’il devroit avoir pour être une bonne Ecole. […] Une jeune personne est encore toute attendrie de la mort de Polyeucte, toute édifiée de la vertu de Pauline : le Théatre change ; on joue l’Ecole des Maris. […] Que la face des spectacles change ; que le Théatre devienne une Ecole de vertu ; la profession de Comédien n’aura plus les caractères qui la dégradent. […] Quand M. votre Pere enchantoit par ses Tragédies la Cour, la Ville, & toute l’Europe, le Théatre étoit comme il l’est de nos jours, une école toute propre à porter le trouble & le ravage dans de jeunes cœurs. […] Que le Théatre seroit une excellente Ecole si on n’y représentoit que des Pièces telles qu’Esther & Athalie !
Les saints Pères la condamnent dans leurs écrits ; ils la regardent comme un reste du paganisme et comme une Ecole d’impureté.
Apelles & les grands peintres de l’antiquité lui en avoient donné l’exemple, & les Ecoles de Peintures donnent ces modestes leçons à leurs éleves. […] L’Opéra est la plus grande école de musique, & la plus féconde en chef-d’œuvre ; jamais la danse n’a été si brillante que dans ses ballets & les fètes qui s’y exécutent. […] On a toujours reproché à la Comédie Françoise un caractere, un goût efféminé qui en fait le fruit & l’école du libertinage ; de-là cette fureur de mettre par-tout l’amour, d’adorer par-tout les femmes, de ne penser, chanter, danser, peindre que galanteries ; de-là l’esprit général des acteurs, spectateurs, amateurs, auteurs, qui n’est pêtri que de débauches, l’empire des actrices, la vogue des parures toutes les plus indécentes, l’imitation des femmes qui semble avoir changé les sexes, ou plutôt ne faire qu’un même sexe des hommes & des femmes. […] Que doivent donc aussi être des hommes admirateurs de ces monstres, à qui on les propose avec éloge pour modele, sur une Scène qu’on dit être l’Ecole des mœurs ? […] Le célebre Jean-Jacques Rousseau vient de parler sur cette matiere comme auroit fait Diogene, dont il semble renouveller l’esprit : il peint les spectacles dans une lettre à M. d’Alembert, comme des occasions sures & prochaines de débauches, & se félicite de ce que sa chere Geneve sa patrie ne connoît point encore ce divertissement dangereux, qu’il appelle l’ Ecole du libertinage , le fruit de l’oisiveté , la ruine de la société .
Les Théologiens de toutes les écoles conviennent unanimement que c’est un péché de regarder avec complaisance des peintures, des statues obscénes ; à plus forte raison de les garder pour les avoir toujours à portée de les étaler aux yeux du public, de les répandre dans les livres ; c’est un vrai scandale qui rend l’auteur comptable devant Dieu de tous les péchés que ces figures indécentes font commettre à l’infini. […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Saint Martial évêque de Limoges, autrement appelé l’Apôtre des Gaules, l’un des septante-deux Disciples, dans une Epitre qu’il écrit à ceux de Bordeaux, après les avoir exhortés des devoirs spirituels, les conjure de s’exempter de la fréquentation de ces profanes, comme étant une école de l’idolâtrie, en effet les Païens s’en servaient pour rendre des louanges à leurs Dieux, par Hymnes et Cantiques ; c’est de là que la poésie a été estimée le plus digne de tous les Arts, à cause de la noblesse de son origine, et fut même appelée le langage de la Divinité, car si nous considérons l’histoire Romaine, nous trouverons que les Oracles, ne répondaient autrement qu’en vers. […] A Nîmes, où il y a école de Théologie, pour ceux qui étudient au Ministère, il se représenta devant le Sieur d’Aubais et le Baron de la Casaigne Consuls, une excellente Tragédie des conquêtes de Pyrrus o, où les quatre principaux Ministres, à savoir le Faucher grand Controversiste, le Sieur Petit excellent en la langue Grecque, Pérol autrefois Jésuite, grand Philosophe, et le Sieur Roussel qui fut Ministre de Monseigneur de Rohan, assistaient avec quantité de leurs amis : A Montpellier pendant mes études il se fit quelques récréations entre lesquelles il se joua deux pièces, l’une tirée de Joseph, et l’autre de l’histoire de Perse, où plusieurs Ministres des lieux circonvoisins furent, et les deux Ministres de la ville, qui étaient le Faucheur à présent Pasteur en l’Eglise de Charenton et le jeune Gigort.
Les plus zélés défenseurs du théâtre conviendront que ce n’est pas là qu’on la remplit ; il ne fut jamais l’école de la sainteté. […] Cet homme célèbre, sans naissance, sans fortune, sans éducation, qui par la force de son génie devint depuis l’un des plus grands Jurisconsultes qui aient paru dans les écoles, sortait de dessus les bancs, et n’avait qu’une trentaine d’années. […] Après avoir parlé de la parure, de la danse, de la peinture, de la musique, et de tous les aliments de la passion, toujours hérissé de lois et de canons, et émaillé de vers et de contes, il ne pouvait manquer de parler du théâtre, l’aiguillon, et le règne brillant de la volupté, à côté de laquelle ce galant amateur le place au premier rang, avec de grands éloges : place qui n’annonce pas que l’Auteur qui la lui donne, le regarde comme l’école de la vertu.
Qu’il en use de même à l’égard de cette pernicieuse Sentence, où il a osé dire que la Comédie est « moins l’école du vice que de la vertu », page 33. […] Il s’en faut donc bien qu’on ne soit persuadé que la Comédie est une Ecole de vertu, et qu’on n’y apprend jamais rien que de très conforme à la pureté des mœurs. […] Qu’il soit convaincu qu’appeler la Comédie moins une Ecole du vice que de la vertu ; c’est une proposition téméraire, scandaleuse et qui blesse les oreilles pieuses : Qu’il a insulté aux saints Décrets en déclarant que les Comédiens pouvaient en sûreté de conscience jouer tous les jours sans excepter les plus solennels, pourvu que quelques personnes voulussent avoir le plaisir de la Comédie.
Après avoir fait éclater son zèle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matière les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des mœurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux. […] Ensuite il prouve que la plupart des anciens anathêmes lancés contre la Comédie, portent sur des raisons communes & transcendantes, qui sont que toute Comédie est une occasion de chûte & une école de libertinage, & il soutient avec Lactance que l’élégance & la politesse qui régne aujourd’hui sur les Théâtres, ne fait que rendre plus aigus & plus pénétrans les traits qu’on y enfonce dans l’ame des spectateurs.
C’est une principe universellement receu de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au peché, l’on ne peut pas en user librement, sans pecher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit rayon d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comedie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-même ne donne quelque penchant au peché. […] Ce métier, appris à une si mechante école, étant secondé par les inclinations naturelles, & ne laissant que les idées d’une douceur effeminée, ce jeune homme & cette jeune fille, commencent à mettre en pratique, ce qu’on leur a si bien enseigné sur le theatre : L’innocence est attaquée, l’on aime sa foiblesse dans l’attaque, & ensuite arrivent les grandes chûtes, à qui la Comedie a donné les commencemens.
Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux. […] Ensuite il prouve que la plupart des anciens anathêmes lancés contre la Comédie, portent sur des raisons communes & transcendantes, qui sont que toute Comédie est une occasion de chûte & une école de libertinage, & il soutient avec Lactance que l’élégance & la politesse qui régne aujourd’hui sur les Théâtres, ne fait que rendre plus aigus & plus pénétrans les traits qu’on y enfonce dans l’ame de spectateurs.
Il serait bon de fonder aux dépens de tous les Spectacles une Ecole de Théâtre ; ce dont le Magasin de l’Opéra n’a jamais été que l’ombre. […] Ce serait un avantage pour les hommes de talent, qui trouveraient dans cette Ecole des places de retraite convenables à leur mérite.
Quand on pense que les comédiens passent leur vie toute entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant les spectateurs, l’image de quelque vice, et qu’ils sont obligés d’exciter en eux des passions vicieuses, on ne peut s’empêcher de reconnaître que la comédie est par sa nature même une école et un exercice du vice, et qu’il est impossible d’allier ce métier avec la pureté de la religion ; que c’est un métier profane et indigne d’un chrétien. […] La tragédie n’étant d’abord jouée que par des hommes, on ne voyait point sur le théâtre ce mélange scandaleux d’hommes et de femmes, qui fait des nôtres autant d’écoles de mauvaises mœurs. 6°.
La Comédie n’est donc autre chose qu’une école, qu’un éxercice de vices, puisqu’elle oblige nécessairement ses Acteurs à réveiller sans cesse des passions vicieuses.
L’Expérience a toujours fait connaître que le Théâtre est une très méchante école de la vertu ; et que les moyens que les Poètes semblent employer pour corriger les hommes de leurs vices, sont plus propres à les y entretenir, qu’à les en délivrera
a Saint Chrysostome, en l’Homélie 8. qu’il a fait de la Pénitence, décrit fort bien le sixième ennemi de notre chasteté, lorsque parlant des comédies sales et déshonnêtes, il les appelle la boutique commune de l’impudicité, l’école publique de l’incontinence, la chaire pestilente, un théâtre de toute impureté, un hôpital rempli de toute sorte de maladies contagieuses.
Chrysostome appelle des écoles d’adultère et de libertinage. 2°.
J’ai prouvé, si je ne me trompe, que le Théâtre est pernicieux dans l’état où il est aujourd’hui : il y aurait, dit-on, de l’inconvénient à le supprimer : mettons tout en usage pour le réformer au point d’en faire un amusement aussi utile qu’agréable ; car je suis persuadé que le Théâtre serait bien moins redoutable à la vertu, et qu’il produirait même un bien réel à la société, si, en y laissant les traits enjoués et les saillies d’esprit qui peuvent exciter à rire, on en faisait une Ecole de bonnes mœurs et, pour ainsi-dire, une Chaire publique où l’on débiterait, aux personnes de tout sexe, et de tout âge, les maximes de la plus saine morale, avec gaieté et sans les effrayer par l’appareil de l’austérité, et du pédantisme.
Ce n’étoit donc pas que le théâtre fût alors, comme vous voulez le supposer toujours, une école de dissolution. […] Le théâtre une école de vertu : le beau paradoxe, Messieurs ! […] Allez donc maintenant, Peres & Meres, allez conduire vos enfants à cette école prétendue de vertu, mais ne soyez pas surpris s’ils en rapportent dans le cœur une incendie qui n’éclatera peut-être qu’à votre désespoir, à votre honte, & quand il ne sera plus temps de l’éteindre. Allez cependant leur faire apprendre, à cette école de vertu, l’art de vous cacher les secrets de leur cœur, l’art de nourrir & d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent.
Les Romains, par des loix expresses, sans distinguer les pieces indécentes de celles qu’on dit châtiées, condamnoient généralement tous les Comédiens à l’infamie, & cependant non-seulement ils y assistoient, mais comme s’ils eussent conspiré contre la pudeur de leurs femmes & de leurs filles, ils leur laissoient la liberté de venir à ces pernicieuses écoles prendre des leçons de volupté de ces maîtres scandaleux, qu’ils avoient authentiquement chargés & déclarés dignes du mépris public. […] Elles ne fiègent point sur les Tribunaux, ne plaident point au barreau, ne montent dans les chaires que chez les Anabaptistes ; elles n’enseignent point dans les écoles, tout au plus quelque Ursuline ou quelque Régente particuliere apprend à lire aux filles. […] Quinault à l’heure de la mort marqua le plus amer repentir d’avoir empoisonné l’opéra d’une morale corrompue, dont les Payens même n’auroient pas souffert chez eux une école publique (d’Olivet, Hist. de l’Acad. […] Peut-on comprendre qu’un pere délicat sur les mœurs de sa fille, un mari sur l’honneur de sa femme, un amant même sur les sentimens de la personne qu’il se destine pour compagne, les voient sans les plus vives inquiétudes à l’école la plus rafinée de la coquetterie, & dans les occasions les plus dangereuses de l’infidélité ?
C’est un principe universellement receü de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au péché, l’on ne peut pas en user librement, sans pécher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit raïson d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comédie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-méme ne donne quelque penchant au péché. […] Ce mêtier, apris à une si méchante école, étant secondé, par les inclinations naturelles, & ne laissant, que les idées d’une douceur efféminée, ce jeune homme, & cette jeune fille, commencent à mettre en pratique, ce qu’on leur a si bien enseigné sur le Théatre : L’innocence est attaquée, l’on aime sa foiblesse dans l’attaque, & en suite arrivent les grandes chûtes, à qui la comédie a donné les commencemens.
On se serait bien passé, dites-vous, des postures qu’il fait dans son École des femmes. […] [NDE] C’est une allusion à la scène du “le” (L’Ecole des femmes, acte II, scène 5).
Enfin il dit que ce sont des chaires de pestilence, des écoles d’incontinence, des boutiques de luxure et d’impureté, et des fournaises de Babylone. […] est-il possible que l’on tolère dans l’Eglise de Dieu un libertinage si horrible, et que l’on voie des écoles publiques de lubricité, et des assemblées où se font des trafics infâmes, et où se concluent les desseins des impuretés les plus abominables, et des adultères, même les jours des Dimanches et des Fêtes, et encore plus particulièrement dans le temps que l’Eglise a destiné pour remercier Dieu du bienfait inestimable de la naissance de son Fils, et depuis la Septuagésime jusques au Carême, c’est-à-dire lorsque suivant les intentions de cette même Eglise, nous devrions être occupés à pleurer nos péchés, et à nous disposer à obtenir la grâce d’une parfaite pénitence.
Et à considérer les impressions ordinaires que faisait la Tragédie dans Athènes sur l’âme des Spectateurs, on peut dire que Platon était mieux fondé pour en défendre l’usage, que ne fut Aristote pour le conseiller : car la Tragédie consistant, comme elle faisait, aux mouvements excessifs de la Crainte et de la Pitié h, n’était-ce pas faire du Théâtre une Ecole de frayeur et de compassion, où l’on apprenait à s’épouvanter de tous les périls, et à se désoler de tous les malheurs ? […] Mais comment n’eût-on pas appris à se désoler dans cette pitoyable école de commisération ?
Ce sont des écoles de vice et d’adultère. […] Si nous avions pour la gloire et le service de Dieu seulement la moitié de la sensibilité et du zèle que nous témoignons à nos amis ou à nos partisans politiques, trouverions-nous quelque plaisir dans des lieux où la débauche enflammée par les fumées du vin, guidée par la licence, vient puiser des impressions conformes à son état et à ses goûts ; ces lieux qu’on a osé appeler des écoles de morale, et du voisinage desquels s’empressent de se retirer la morale, la modestie, la décence, tandis que la débauche et le libertinage s’empressent de s’y rendre, et y établissent leur résidence de prédilection ; ces lieux où le saint nom de Dieu est journellement blasphémé, où l’on applaudit des gestes et des paroles qui ne seraient pas tolérés dans une société quelconque, mais qui peuvent hardiment dépasser toutes les limites les plus reculées assignées à la licence dans nos cercles, sans franchir les limites tout autrement larges de la décence théâtrale ; ces lieux enfin où la morale qu’on débite n’est pas celle que doit chérir et respecter tout chrétien, mais celle à l’extirpation de laquelle doivent tendre ses efforts de tous les jours ; non celle que nous recommandent les saintes Ecritures, mais celle qu’elles condamnent comme fausse et criminelle, fondée sur l’orgueil, l’ambition et la faveur. […] Il est surtout un argument spécieux contre lequel ils doivent se tenir en garde : on leur dira qu’on peut profiter à l’école du théâtre, et y puiser des principes de religion et de morale ; on leur parlera encore du mérite littéraire et de la connaissance du cœur humain qu’on trouve dans plusieurs de ces œuvres dramatiques, comme si ces avantages devaient compenser les blessures profondes et souvent mortelles que font ces représentations dangereuses, à l’innocence, à la pureté et à la religion ; pour nous, convaincus que la corruption s’appelle toujours la corruption, et que ce serait acheter trop chèrement les plaisirs d’une composition savante, ainsi que l’élégance et le goût littéraire, que de l’acheter au prix de notre innocence, prenons la résolution ferme et invariable de combattre le mal, de quelque masque qu’il se couvre, de quelques formes attrayantes qu’il se revête.
Il est vrai, que les anciens Pères, en parlant de la sorte, avaient principalement en vue certains jeux de théâtre, qu’on appelait Majuma, dont les Empereurs firent retrancher ce qu’il y avait de plus dissolu, et de plus honteux : mais quelque réforme qu’on y ait fait, saint Chrysostome ne laisse pas de les appeler des écoles d’adultère et de libertinage : non pas qu’on représentât des actions sales sur le théâtre, ce que ces pieux Empereurs n’auraient pas souffert ; mais parce que les Comédiens de l’un et de l’autre sexe ne s’étudiaient qu’à se servir de paroles et de gestes affectées, qui n’étaient propres qu’à remplir l’esprit de mille idées impures et le cœur de mauvais désirs. […] De sorte qu’on peut dire avec les Saints Pères, que les spectacles, sont, principalement pour les jeunes gens, une école d’impureté et de libertinage : « Privatum consistorium impudicitiæ ». […] » Cet Ange de l’Ecole n’a donc garde d’enseigner, qu’on puisse assister aux Comédies dont nous parlons, ni qu’on puisse rien donner à ceux qui les représentent ; puisque tout au contraire il les condamne lui-même avec S.
Car si, malgré le génie de Mahomet, la vertu de Zopire l’emporte sur lui, sera-ce une école dangereuse, que celle où la vertu obtient un si beau triomphe ? […] Examinons présentement « si les Poètes comiques n’ont trouvé que dans le vice un instrument propre à réussir, et si leur théâtre est une école de mauvaises mœurs. » Vous y voyez, avec plaisir, des Constance et des9 Cenie : pourquoi ces grands modèles ne seraient-ils point imités ? […] Quelle école pour des enfants en qui le vice n’a pas encore étouffé tout sentiment naturel !
Non, c’est sur le théatre public : mais il est vrai que ces deux écoles sont voisines, qu’il y a dans le monde bien des suites de folies, & que l’irréligion & le libertinage sont les plus grandes & les plus funestes de toutes. […] Il n’est point d’école qui forme mieux ses éleves que la scène. […] Il ne faut envoyer la jeunesse qu’à l’école de Pécour, de Vestris, de la Guimard, &c. […] Voilà , dit-il, qui est bien propre à inspirer au sexe la discrétion & la décence , & à former un cours d’éducation & une école de vertu pour la jeunesse. […] Il le croit même utile, comme une école de bravoure & un exercice militaire ; pourvu qu’on n’y emploie que des criminels.
On en a voulu faire une école de politique & d’histoire. […] Aucun délassement ne conviendroit mieux à la dignité des Princes, des Ambassadeurs, des Officiers généraux, même des Rois ; ce seroit non-seulement varier & multiplier, mais perfectionner, ennoblir, élever, étendre la grande école du Théatre par la création d’un nouveau genre heureux & fécond. […] Sans l’adresse d’un de ses amis, quelqu’un qu’il avoit joué dans l’école des maris alloit l’instruire avec zèle. […] Les licences qu’il prenoit dans l’Ecole des femmes, les leçons pernicieuses qu’il donne à la jeunesse, les railleries sur la chasteté du sexe, offenserent beaucoup les femmes, alors plus jalouses & plus délicates sur leur honneur. […] En un mot c’est une espece d’école de morale mondaine & d’impiété qui enseigne la licence pour soi, la tolérance pour les autres, ennoblit le vice, & rend méprisable la vertu.
Théâtres, écoles publiques d’irréligion, où, si l’on ne regarde pas l’existence de Dieu (P. 14.) […] J’ajoute écoles d’indépendance : nos Ecrivains nous en donnent-ils des leçons plus fortes que nos déclamateurs ? […] Qui de nous ne sçait pas qu’il est une école parmi eux où l’art dévance la nature pour leur apprendre & leur faire apprendre aux autres celui (p. 22. […] A quelle école ont donc étudié nos oracles ? […] Venez-vous prendre de l’éloignement pour les bals & la danse à l’école de nos Terpsychores, de nos Sultanes & de nos Nymphes ?
Ces œuvres sont une école de mauvaises mœurs. […] L’école des meres, des filles, des garçons, des jaloux, semblent promettre de sages leçons sur le mariage.
D’où nous concluons qu’on ne peut s’arrêter innocemment à ces sortes de divertissements, qui sont pour l’ordinaire des écoles de coquetterie & de libertinage, où la vertu la plus épurée n’est pas en fureté, & d’où l’on sort toujours moins pur qu’on n’y est entré : ce qui a fait dire à Tertullien, Loco cit. […] Souvenez vous que ce n’est pas ainsi que vous avez été instruits dans l’école de Jésus-Christ ; si toutefois vous y avez bien appris ce qu’on vous y a dit selon la vérité de sa doctrine : Vos autem non ita didicistis Christum ; si tamen illum audistis & in ipso edocti estis, sicut est veritas in Jesu.
On a très-bien nommé l’Ecole de la jeunesse, la Fée Urgèle, Isabelle & Gertrude.
Pour les Excuser, je veux croire qu’ils manquent plûtost d’habitude que de cœur, que leur defaut vient plustost de leur Ecole que de leur naturel ; & qu’enfin ils sont plus propres à la Galanterie qu’à la Guerre, parce qu’ils ont esté plus assidus à la Ruelle qu’au Camp, & qu’ils ont employé plus de temps à faire l’Amour qu’à faire leurs Exercices.
En France c’est le rendez-vous d’une poignée de gens des œuvres, à peu près toujours les mêmes, & l’on veut que ce soit l’école de la vertu pour la nation, le dépot où elle puise les grands sentimens & les qualités aimables. […] Sans entrer dans la raison des ces deux partis contraires, je voudrois les juger sur les progrès que la nation a fait dans la vertu depuis 25 ans que Voltaire, leur oracle, s’est avisé d’indiquer la nouvelle école dans les vieux jeux de paume, devenus, des salles de spectacle. […] Plusieurs Chevaliers s’en sont honneur, quelques Dames, il est vrai, ont refusé de faire leur cour : ce sont des hiboux qui ne méritent pas d’y être admises ; le grand nombre va de bonne grace admirer, étudier, se former à cette école. […] Je crois bien que les acteurs font moins bons, & les actrices moins belles, les décorations moins brillantes qu’à la comédie française ; mais c’est toujours une bonne école de mœurs & de réligion dans le goût du Prélat ; on y représente les mêmes pieces, on y donne les mêmes leçons de vertu, on y inspire à la jeunesse le même amour du plaisir, le même esprit du monde : c’est un second Collége sous le même toit qui met la perfection au premier, & y fait fleurir les études, & de concert avec lui, forme à l’Etat de graves Magistrats, de pieux Ecclésiastiques, d’excellens peres de famille.
Ainsi la comédie, par sa nature même, est une Ecole & un exercice de vices, puisqu’elle oblige nécessairement à exciter dans soi-même & dans les autres, des passions vicieuses. […] Voilà les leçons qu’on reçoit souvent aux spectacles, presque sans le vouloir ; c’est-à-dire, que tout ce qui peut satisfaire les passions, est enseigné dans cette funeste école. […] Le théâtre ne peut être une école de vertu. […] Le théâtre une école de vertu ! […] Le théâtre ne peut être une école de vertu.
Les spectacles sont pour eux des écoles de vice, des lieux privilégiés destinés à irriter leurs passions, des écueils où leur innocence, attaquée par leurs yeux, par leurs oreilles, séduite par les maximes d’une morale lubrique et par des danses lascives, s’expose à des naufrages continuels.
Le Théâtre est donc l’école de la Vertu ? […] En un mot, nos Prédicateurs, nos Avocats les plus célèbres, ne rougissent point de convenir que c’est à cette école qu’ils doivent leurs perfections. […] « Où sera l’imprudente Mère qui osera mener sa fille à cette école dangéreuse ? […] La raison ne les peut vaincre que par des moyens qui tombent sous les sens, tels que sont les belles Représentations de Théâtre que l’on nomme véritablement l’école du peuple. […] L’Evêque de Liège va aux Spectacles, les protège, & n’irait pas ainsi que son Collège, si la Comédie n’était de nos jours une école de Vertu & de sagesse.
Certes, non seulement elles corrompent les tendres esprits des enfants, mais aussi elles tentent la pudicité des femmes plus chastesbw, lesquelles sont induites non seulement à ouïr leurs inepties bouffonnes, mais aussi à imiter les actions, desquelles elles regardent attentivement les spectacles.Finalement, nous pouvons définir les Théâtres, la sentine et l’école de toute infameté, et de tous vices. […] Es Comédies aussi, qui sont les écoles d’infameté, on se plaît à reconnaître ce qu’on a fait en la maison, ou à ouïr ce qu’on y peut faire. […] On accourt à ce bordeauda de l’ignominie publique, à cette école d’impureté ; afin qu’on ne fasse pas moins en secret, que ce qu’on apprend en public, et on enseigne entre les lois, ce qui est défendu par les lois. […] Ailleurs encoredi, il les appelle, « Chaire de pestilence, Ecole d’incontinence ». […] C’est qu’ès écoles, on lit à la jeunesse les Comédies grecques d’Aristophane, et autres, et les latines de Plaute et de Térence.
Elle étoit en bonne école. […] Je suis à l’école de la raison.
Prétendre réformer le genre humain sur le sage de l’école de Zenon, ce seroit aller directement contre l’ordre établi. […] L’Ecole des Maris peint & couvre de ridicule un homme défiant. […] Est-ce à l’école des tyrans, que le Theatre représente toujours comme des monstres, qu’ils avoient puisé ces principes d’inhumanité ? […] Ces assemblées nombreuses, qui nous présenteroient l’image d’une Nation réunie sous les auspices du plaisir à l’école de la raison, vaudroient bien les fêtes bachiques que vous célébrez avec tant de cordialité, & dont je crois qu’il est superflu de vous faire sentir les consequences, qui se manifestent d’elles-mêmes. […] J’ose reclamer, en faveur de l’humanité, les droits qu’il a de prétendre à l’approbation de tout homme qui pense : serions-nous assez injustes pour le proscrire, tandis que tant de professions pernicieuses, ou du moins indifférentes & frivoles par leur inutilité reconnue, échappent au mépris dont on flétrit l’école de la sagesse & de la vertu ?
Enfin joignant le poids de l’autorité à la solidité des raisonnemens, ils vous démontreront que ces sortes de représentations ont été regardées par tous les Saints Peres comme un reste de Paganisme, le levain d’un culte sacrilége, & une école d’impureté.
Ils revinrent à Paris, & se donnerent au Théatre Italien, espece d’opéra comique, & comme lui une école de chasteté. […] S. le Poëte s’est couvert de ridicule, que doit mériter une ville si mal policée, & des écoles si mal disciplinées ? […] Le plus singulier est une comédie jouée à l’Ecole militaire. Ce Prince, à l’exemple du Roi de France, a établi une Ecole militaire pour 365 éleves, autant comme de jours dans l’année.
Et en général il regarde le théatre comme une école du vice ; il blâme le goût du peuple, que le gouvernement ne devoit pas souffrir, & qui a été toûjours reprouvé par les gens sages & pieux, dont il cite un grand nombre : Se hasion con tan excessivo gusto, con tanta profanidad y vanidad non ai cosa tan contraria à las buenas costombres, como assistar a las comedias, que son escuelas publicas de peccados. […] Je ne sais si les Comédiens Espagnols font autant d’éloges de leur charité que les François de l’imposition qu’on a mise sur eux en faveur de l’Hôtel-Dieu, à peu près comme si des joueurs vantoient leur zèle pour l’École militaire, parce qu’ils payent le droit des cartes, & les libertins de Naples leur amour pour les pauvres, parce qu’on prend quelque chose sur les profits des Courtisannes. […] ) n’ont eu d’autre objet, parce que malgré la religion dominante, l’autorité du trône, les anathèmes de l’Église, la prétendue réforme, le théatre a toûjours été & sera toûjours l’école du vice.
Le théatre moderne fut dans son commencement le triomphe du libertinage & de l’impiété, & depuis sa correction il est l’école des mauvaises mœurs. […] Il est donc vrai, malgré le préjugé qui croit le théatre moderne irréprochable, qu’il fut d’abord le triomphe de l’impiété & du libertinage, & qu’il est aujourd’hui l’école des mauvaises mœurs. […] Les amateurs du théatre n’ont guère d’autre école.
La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à son école, on y apprend aussi les maximes ordinaires du libertinage contre les sentiments véritables de la religion. […] Qui peut supporter, disait-on, la témérité d’un Histrion qui plaisante de tout ce qu’il y a de plus saint, tient école de libertinage, et rend la majesté de Dieu le jouet d’un valet de théâtre, qui en rit et en fait rire ? […] une école d’erreur, un prêche d’impiété, une chaire de pestilence, où l’on entend ce qu’on n’oserait lire ni écouter ailleurs ?
Instruits à l’école des lois, c’est-à-dire de la raison, de l’ordre, des bonnes mœurs, pouvaient-ils ne pas proscrire ce qui en est le renversement ? […] de quoi parle-t-on chez soi et dans les écoles ? […] « Le luxe, dit cet Historien, à peu près dans les mêmes termes que le Journal d’Henri III, le luxe, qui cherchait partout des divertissements, appela du fond de l’Italie une bande de Comédiens, dont les pièces toutes d’intrigue, d’amourettes et d’inventions agréables pour exciter et chatouiller les passions les plus douces, étaient de pernicieuses écoles d’impudicité.
Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique.
Il est vrai qu’au moyen de l’imposition, ils ont la comédie gratis, les arrière-coulisses et l’Actrice à bon marché : il est vrai aussi que les conquêtes et les victoires, les hauts faits d’armes n’ont pas encore signalé les élèves de cette nouvelle école. […] Je pars de ces principes, et je demande si c’est là l’école de la guerre.
Nous disent unanimement, que les Théatres sont une école de débauche, des chaires de pestilence, Theatra pestilentiæ, la peste des Ames, animarum pestis, & une misérable folie, miserabilis insania. […] Nos Théatres, dit-il dans un de ses mandemens de 1763, sont ces écoles de vices, tant de fois proscrites par l’Eglise . […] Tous les Chrétiens , dit-il, & principalement les Ecclésiastiques, étant obligés d’éviter les dangereuses représentations, qui paroissent sur les Théatres… Nous, dans l’esprit des Conciles de Laodicée, de Carthage, d’Afrique, d’Arles, de Constantinople troisieme, de Sens, de Narbonne, de Bordeaux, de Trente, de Rheims, avons fait, & faisons expresse défense… D’assister aux comédies, tragédies &c On ne scait que trop , disent les ordonnances Synodales de Toulon, en 1704, que ces lieux de spectacles sont les écoles des Démons… Rien n’etant donc plus contraire, non seulement à l’esprit du Christianisme &c. […] Qui peut disconvenir, que le Théatre de ce même Moliere, dont je suis plus admirateur que personne, ne soit une école de vice & de mauvaises mœurs, plus dangéreuse que les livres mêmes, où l’on fait profession de les enseigner ? […] Direz-vous encore, que des piéces si capables de corrompre les mœurs &c, qui portent plus directement au mal, que les nudités & les peintures immodestes… Qu’une école enfin d’impudicité, & plus dangéreuse que les livres-mêmes, où on fait profession d’enseigner les mauvaises mœurs, prétendrez-vous, dis-je, que de semblables spectacles ne soient point des occasions prochaines de péché ?
Thomas et de quelques autres anciens Docteurs de l’école qui sont le plus estimés pour leur piété et leur lumière.
Le théâtre, selon lui, était dans ses commencements le triomphe du libertinage et de l’impiété, et il est, depuis sa correction, l’école des mauvaises mœurs et de la corruption.
Il en est des marchands sans nombre, des magasins immenses ; on les promene dans les rues, on en tapisse les carrefours ; on a établi plusieurs académies, plusieurs écoles de peinture, de sculpture, de dessein, avec des prix. […] La liaison n’est pas difficile à former, elles sont si bienfaisantes, si zélées pour instruire la jeunesse : on lit dans la vie de Ninon de Lenclos que plusieurs meres qu’on appelle honnêtes & sages envoyent leurs enfans, garçons & filles à l’école de cette célebre courtisanne, pour les former à la vertu. […] Alexandre voulut faire peindre sa maîtresse dans l’état où se montre le modele que les écoles de peinture font copier aux jeunes éleves : il en chargea le célebre Apellés ; Apellés ne put résister à la tentation, il en devint amoureux, Alexandre s’en étant apperçu, la lui donna. […] Les écoles de peinture s’imaginent que pour former leurs éleves, il faut mettre sous leurs yeux des modéles les plus propres à allumer le feu de la concupiscence.
Dès lors, ils ne le regardèrent plus que comme une école de dépravation, propre plutôt à corrompre les mœurs qu’a les former.
Comment le Théatre devient une école d’impiété, 323. […] Ils sont faussement donnés pour une école de vertu ; ils sont l’écueil où viennent échouer les meilleures éducations, 42. […] Décret du Sénat pour empêcher les Sénateurs de fréquenter les Ecoles des Pantomimes ; b, 33. […] Falbaire de Quingey a donné sous le titre de l’Ecole des Mœurs, & qui fut représentée sans succès le 13 Mai 1776 à la Comédie Françoise, ne méritoit point le titre d’Ecole des Mœurs.
Mais parce que c’est quelque chose d’assez délicat, et que le point de la Question consiste à les bien accorder ensemble, je veux bien ne vous rien avancer de moi-même, et vous faire parler en ma place l’incomparable saint Thomas, lequel étant d’un côté un Père très religieux et un très saint Docteur de l’Eglise, et de l’autre l’Ange de l’Ecole, le Maître et le Chef de tous les Théologiens, me paraît tout-à-fait propre pour rassembler les sentiments partagés des uns et des autres, et pour nous tracer le chemin que nous devons suivre sans avoir peur de nous égarer. […] Ainsi vous voyez bien que l’Ange de l’Ecole, et après lui les Théologiens, admettent la Comédie, et que s’ils en condamnent quelque chose avec les Pères, ce n’en peut être que l’excès. […] Pourquoi donc y en aura-t-il dans une Profession toute pleine d’esprit ; et qui est aujourd’hui, par les soins que tant d’habiles Gens se sont donnés, moins l’Ecole du Vice que celle de la Vertu ? […] Ecole dangereuse pour la jeunesse, qui s’accoutume avec autant de plaisir à laisser croitre dans son cœur de véritables passions, qu’à en voir représenter de feintes sur le Théâtre ! […] Cela serait ridicule : et bien que par malheur il arrive un scandale, et qu’on en prenne occasion de pécher, c’est un scandale passif et non pas un scandale actif, (pardonnez-moi ces termes de l’Ecole) c’est une occasion prise et non pas une occasion donnée, qui est la seule qu’on ordonne d’éviter ; car pour l’autre il est impossible de s’y opposer, et quelquefois même de la prévoir.
Le théâtre, alors l’école du vice & de l’impudence, est devenu celle de la décence & de la vertu. […] Cependant les partisans du théâtre en vantoient dès-lors l’honnêteté, & les Pères de l’Eglise, sans la leur contester entièrement, ne laissoient pas de le regarder comme une école de vice & d’impudicité : Privatum consistorium impudicitiæ. […] Qui donc osera désormais appeler le théâtre une école de vertu ?
Je vous envoie à l’école de vos femmes, dont vous devriez plutôt être les maîtres que les disciples ; le péché vous met au-dessous d’elles, & vous livre à leurs justes reproches ; fuyez ce péché, & vous reprendrez l’autorité que Dieu vous a donnée. […] Une jeunesse mal élevée est plus furieuse qu’une bête féroce : plusieurs scélérats n’ont eu d’autre école que le théatre.
Sans cesse on nous redit que le Théâtre en soi n’a rien d’illégitime ; que jamais il ne fut moins dangereux pour les mœurs ; qu’on n’y fait point de mal, qu’on en sort l’esprit aussi pur et le cœur aussi calme qu’on y était entré ; que c’est même une école de vertu ; que si les Pères et les Conciles se sont élevés avec tant de force contre les représentations théâtrales de leurs temps, c’est qu’elles offraient alors mille excès visiblement répréhensibles, qu’on a heureusement bannis des Spectacles d’aujourd’hui : qu’après tout il est bien étrange que nous veuillons être plus austères sur le maintien des bonnes mœurs, qu’on ne l’est sous les yeux du Souverain Pontife, à Rome même, « de qui nous avons appris notre Catéchisme, et où l’on ne croit pas que des Dialogues récités sur des planches soient des infamies diaboliques »2, comme s’exprime M. de Voltaire. […] C’est à son école seulement que vous trouverez ces idées autant vraies et exactes, que grandes et sublimes, qui échauffent et embrasent le cœur en même temps qu’elles éclairent l’esprit.
On apprend aussi dans cette école des maximes de libertinage contre les véritables sentiments de la Religion.
La pudeur, l’innocence, la piété et la justice, n’y paraissent que pour essuyer le mépris des spectateurs : aussi les personnes foncièrement vertueuses et de bonne foi les regardent-elles comme une école d’impureté, comme le foyer de toutes les passions et le centre de tous les scandales qui ravagent la société.
qu’on veuille nous persuader aujourd’hui, par un discours captieux, que les Spectacles sont l’école du vice, que les vertus même qu’on y présente mènent au crime, devons-nous le croire par préférence à ce que nous sentons ?
Il est donc vrai que l’on peut appeller le Théâtre moderne, dans son commencement, le triomphe du libertinage et de l’impiété, et depuis sa correction, l’Ecole des mauvaises mœurs et de la corruption ; d’où l’on peut conclure que le motif des Grecs, de critiquer pour corriger les mœurs, adopté et suivi par les Latins, a été entièrement abandonné par les modernes.
Les riches voudront toujours se distinguer des pauvres, & l’état ne sauroit se former un revenu moins onéreux & plus assuré Si le riches renoncent à leurs dépenses superflues, pour n’en faire que d’utiles, alors l’assiette des impôts aura produit l’effet des meilleures loix somptuaires Croiroit-on que cette même Encyclopédie qui met les spectacles au nombre des objets de luxe & d’oisiveté, sur lesquels il faut asseoir les impôts, qui traite les baladins, chanteurs (l’opéra), histrions, de professions oiseuses dont le seul usage est de se montrer ; croiroit-on, dis-je, que cette même Encyclopédie fasse l’apologie & le plus grand éloge du théatre, conseille à la ville de Geneve, qui n’en a jamais eu, d’en bâtir un, de soudoyer une troupe de comédiens, comme la chose la plus nécessaire à l’état, une école de vertu & de politesse, ce qui a occasionné une dispute très-vive entre d’Alembert & J. […] Marmontel appelle cette piece une école de vertu, & ces situations des images décentes, il faut nécessairement changer la signification des termes ou les regles de l’évangile. […] A ce prix, la parure la plus recherchée sera la plus décente, la toilette en est une école. […] Que penser d’un spectacle si vanté, qui ne commence d’être bon que depuis cinq ou six ans, malgré tant de chef-d’œuvres qu’on donnoit pour une école de mœurs.
Un Auteur de dix sept à dix huit ans que les Muses ont tout sujet de regretter, et que sa résignation aux volontés de ses parents a consacré à des travaux utiles au Ministère, avait fait une pièce intitulée l’Ecole de la Raison, il avait pris jour pour en faire la lecture aux Comédiens Italiens. […] Quoique l’Auteur de l’Ecole de la Raison soit assurément pénétré autant que personne des vérités de la Religion Chrétienne, il est trop trop honnête homme pour démentir Mr. de Crébillon et pour vouloir faire croire qu’il avait puisé les pensées de son Ouvrage dans les Livres Sacrés, ou dans les sermons des Prédicateurs qu’il avait entendus. […] [NDE] Guido Reni dit Le Guide (1575 - 1642), peintre italien de l’école de Bologne. […] [NDE] Antonio Allegri da Correggio, dit Le Corrège (1489 - 1534), peintre de la Renaissance de l’école de Parme.
dans son état actuel, est-il même une école du génie & du goût ? […] C’est-là que la vertu peut tenir son école. […] Qu’on écoute de même la Raison sur les dangers du Théatre ; il ne paroîtra plus qu’une école de tous les vices, comme l’a démontré M. […] C’est pourquoi, dût-on me compter parmi ces gens qui tiennent du Goth & du Vandale, je ne sçaurois regarder le Spectacle de la Tragédie comme l’Ecole de la grandeur d’ame, ni celui de la Comédie, comme l’Ecole de la vie civile. […] & la Piece où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite, en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ?
Ce célebre Rhéteur y discute cette question : Si le Théatre peut être une Ecole capable de former les mœurs. […] [L’Ecole des Maris, les Fâcheux, l’Avare, &c. […] Dieu me préserve de vous inviter à fréquenter une école d’impiété, sous prétexte de vous perfectionner l’esprit ! […] Il est bien éloigné d’avoir cette décence qu’une école de bonnes mœurs exige. […] Les Dames en régentent les maîtres d’école.
Il faut avoir oublié1 que nous sommes en un combat perpétuel contre les puissances infernales qui n’ont jamais plus de force, pour nous tenter & nous précipiter dans le crime, que lorsqu’elles nous surprennent dans la dissipation des Spectacles ; c’est une école de prostitution & d’indécence, ajoute ce Saint Pere2.
Ce qui nous découvre que tout ce qui se faisait dans le Théâtre, et tout ce qui s'y disait touchant les faux Dieux, était des actes de révérence : Et cette considération a fait dire à un savant de notre temps, que les Païens ont eu trois Théologies, celle des Prêtres dans leurs Temples, celle des Philosophes dans les Écoles, et celle des Poètes sur les Théâtres.
« Ce n’est point un conte frivole : A qui veut faire ce qu’il doit Il n’est point de meilleure Ecole Que les Sottises que l’on voit.
pourquoi mener la jeunesse à cette école d’incontinence, où elle n’apprend qu’à perdre la pudeur, la honte et la chasteté.
Il y a bien des écoles, mais elles sont très-mauvaises : il faut en établir d’autres qui soient utiles aux talens & aux bonnes mœurs ; l’un & l’autre y sont en décadence. […] Le samedi 11 mars, cet Auteur a lu à l’assemblée des Comédiens une piece nouvelle intitulée, les Courtisannes ou l’Ecole des Mœurs. […] On m’a reproché, dans le second avis, des ressemblances avec Nanine & l’Ecole du Sage. […] Le Conseil soussigné, qui a lu, 1°. la Mémoire ci-dessus ; 2°. le Discours prononcé par le sieur Palissot le 20 mars dernier à l’assemblée des Comédiens ; 3°. un Exemplaire de la Comédie des Courtisannes ou de l’Ecole des Mœurs, imprimé avec l’approbation du Censeur Royal & la permission du Magistrat ; 4°. un Exemplaire aussi imprimé du Règlement pour les Comédiens Français, enregistré au Parlement le 7 septembre 1761 ; est d’avis que la question proposée par le Consultant, intéresse visiblement la grande Police : elle doit donc être soumise à la décision des Magistrats. […] Les moyens & les réflexions qu’on vient d’exposer paroitront encore plus forts, si l’on considere que la comédie des Courtisannes est véritablement un ouvrage d’une morale très-pure, & digne à tous égards du titre de l’Ecole des Mœurs.
J’ai tout lieu d’espérer que ce sujet, s’il doit être de quelque utilité, y parviendra bien plus sûrement sous cette forme nouvelle, que s’il n’eût paru que sur la Scène, cette prétendue école des Mœurs où l’Amour-propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités morales, le plus lumineusement présentées, n’ont que le stérile mérite d’étonner un instant le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger les vices, & sans parvenir à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres, & les ridicules de tous les rangs.
La Tragédie vous a toujours paru comme une école raisonnable de la vertu, & moi je prétends au contraire qu’elle donne au vice des leçons intéressantes, qu’on y succe un poison d’autant plus funeste, que l’on s’en défie moins ; on a sçu le deguiser sous les apparences d’un aliment très-utile.
De laquelle des deux écoles retiendra-t-on mieux les leçons ?
« Se persuadera-t-on que de pareils spectateurs s’embarrassent fort si l’école des spectacles est régulière ou ne l’est pas ; ils n’y vont que pour s’amuser ou se délasser.
Enfin le caractère de Chrisale d’un bout à l’autre, peut servir d’école à tous les Auteurs de Comédie de Caractère ; cet homme ne se dément jamais, et dans le cours de la Pièce toutes les fois qu’on l’excite à parler avec vigueur, et qu’on parvient à l’échauffer contre sa femme, dans le temps même qu’il prend son parti et qu’il est dans la plus grande colère, on voit toujours ce qui en arrivera lorsque sa femme paraîtra devant lui.
Le Theâtre belle école pour la Noblesse. […] L’Ecole des Ialoux. L’Ecole des Filles. […] L’Ecole des Maris. L’Ecole des Femmes.
Nous avons parlé ailleurs du Pape Leon X, des Médicis, par rapport à la comédie, ces noms fameux par des richesses immenses, acquises dans le commerce, a été célébré par tous les litérateurs, parce que cette famille opulente par une libéralité jusqu’alors inconnue, fesoit des pensions aux gens de lettres, moins à la vérité pour amour pour les sciences, ils n’ont rien écrit, ils n’étoient pas savant, par que magnificence & par vanité ; elle est encore plus fameuse par les statues, les tableaux infâmes dont elle a rempli ses palais, la ville de Florence & toutes les écoles de peinture & de sculpture ; par les maux que deux Papes de ce nom ont fait à l’Eglise, & deux Reines, sur-tout la premiere, ont fait à la France. […] Le Roi dans cette école fit plus de progrès dans deux ans, qu’il n’en avoit fait dans quinze entre les mains de son précepteur. […] Et douter de la nécessité d’une si bonne école des mœurs ?
Les amateurs du théatre le sont souverainement, on devient grand maître à cette école ; c’en est l’esprit, le goût & l’enseignement. […] La pudeur est devenue une petitesse d’esprit & un ridicule, nos maisons sont des écoles de lubricité, le vice y regne, & parle aux yeux dans mille chefs-d’œuvres de peinture & de sculpture ; il invite par les exemples des Dieux, & les foiblesses des hommes, la poésie & la musique y dictent leurs coupables leçons, les embelissens de leurs graces, & répétent sur tous les tons, leurs audacieuses maximes, & y célébrent les honteux triomphes. […] Tous nos poëtes comiques ont eu pour elles le respect, (le foible, le vice de la Nation ;) on le prouve par l’exemple de Moliere, Regnard, Dufreni, Destouches, & de tous en un mot ; ils ont ; sans exception, respecté (flatté, idolâtré) le sexe ; il n’ont mis sur la scéne que des défauts legers, qu’elles-mêmes condamnent, ou s’ils en ont mis de considérables, ils les ont excusés ; témoins l’Ecole des Femmes, George-Dandin ; mais ils ont toujours loué, exagéré, adoré, leur beauté, prêché leur liberté, leur indépendance, dévoué au ridicule les peres, les maris, les tuteurs difficiles, pouvoient ils manquer d’obtenir leurs suffrages ?
Mais l’Epoux qui devient le tyran de sa Femme, & qui est si bien contrasté dans l’Ecole des Maris, par le galant homme qui laisse une honnête liberté à la sienne ; Celui qui abuse d’un dépôt confié, qui veut séduire, en sa faveur, une Enfant qu’il a mal instruite, & qui compte lui enlever & les douceurs de la vie & les biens ; Un faux Philosophe, rempli de lui-même, qui se complaît dans le mérite sauvage de détester l’humanité ; Un avare sordide, ingrat envers ses Enfans : Tous ces objets ne sont-ils pas vicieux ? […] Il y a encore dans les Comédies les plus morales de Moliere, quelques traits que l’on n’approuveroit pas, comme quand Arnolphe dit à Agnès, dans l’Ecole des Femmes.
Quelle école, qui mène à la vertu par le crime ! […] Volà certainement une excellente école pour la religion & les mœurs !
Des Pénitens blancs entrepreneurs de l’opéra, ouvrant une école gratuite de musique pour former des Acteurs & des Actrices, faisant des processions pour remercier Dieu de ce pieux établissement ! […] Nos Entrepreneurs actionnaires, les Intendans des divertissemens publics, ne sont pas ce mélange ridicule de sacré & de profane ; mais leur théatre est-il une meilleure école de bonnes mœurs ?
Est-ce là l’école des mœurs pour la jeunesse ? […] Il y a dans les comédies de Moliere les plus morales des traits que la police n’approuveroit pas, comme dans l’Ecole des femmes : (Et qu’il est en enfer des chaudieres bouillantes où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes ; & ce que je vous dis ne sont pas des chansons).
Si, cependant, vous me demandiez si la comédie est propre à faire mourir en nous l’esprit du péché, & à nous faire rentrer dans la voie du salut, je vous avouerai franchement que je la crois peu capable d’opérer ces miracles ; je la regarde comme un objet indifférent en soi qui peut servir de délassement aux personnes occupées, & d’occupation aux personnes qui n’ont rien à faire ; mais vous auriez tort, je le répete encore, de vous imaginer que je regarde le théâtre comme une école de religion ; Non, pour changer leurs mœurs & régler leur raison, Les chrétiens ont l’Eglise & non pas le théâtre.
la belle école, s’écrie Cicéron, que la Tragédie & la Comédie !
L’école destinée, nous dit-on, à corriger les vices, est devenue l’écœuil de l’innocence, de la sensibilité, & des plus beaux talents.
Les chimeres, les passions amusent : les bons principes doivent faire pardonner ces égaremens, & assurer à la scène le beau titre d’école des mœurs, lors même qu’elle donne des leçons du vice.
Ce n’est pas qu’en métaphysique, cette séparation soit absolument impossible, ou comme parle l’école, qu’elle implique contradiction : disons plus, on voit en effet des représentations innocentes ; qui sera assez rigoureux pour condamner dans les collèges celles d’une jeunesse réglée à qui ses maîtres proposent de tels exercices pour leur aider à former ou leur style ou leur action, et en tout cas leur donner surtout à la fin de leur année quelque honnête relâchement ?
Si sans attaquer a priori, comme on dit dans l’école, le principe sur lequel se fonde le ministre, on s’attachait simplement à lui démontrer qu’il n’y a pas lieu de l’appliquer ici, et qu’il peut sans blesser sa conscience admettre le corps d’un comédien, attendu qu’un comédien n’est pas un excommunié, certainement on obtiendrait un autre résultat.
Tous les jours les défauts, les foiblesses, l’ignorance d’un précepteur décréditent ses instructions, en rendant sa personne méprisable, & l’on veut qu’un enfant respecte un chien & un âne, se forme à son école, & qu’il prenne pour vrai ce qui n’est pas même vraisemblable, ou plutôt ce qui est contre la nature & l’état des choses qu’il connoît le mieux ! […] Qui peut faire cas de l’école de la cigale & de la fourmi ? […] Si Brioché s’étoit avisé de faire tenir école à ses marionnettes, & débiter des graves sentences, celles-la même dont on fait un si grand mérite à Lafontaine, formeroit-il des brillans éleves, des magistrats, des peres de familles, des négocians, des militaires, &c ? […] On riroit de son enfantillage, on l’enverroit à l’école.
Plus ces déclamations sont véhémentes, moins ont-elles de force contre la Comédie moderne ; non seulement ce n’est pas un Théâtre, ni une école d’impudicité ; non seulement les Comédiens n’y jouent rien d’infâme, ni avec des postures indécentes : mais même des paroles un peu libres ; des équivoques à qui l’on pourrait donner un mauvais sens, suffiraient pour faire interdire et pour faire siffler la meilleure pièce. […] Ce sont, Madame, à peu prés les raisons, dont se servent ceux qui veulent que l’on bannisse la Comédie, parce que c’est une école dangereuse, où la vérité et les bonnes mœurs se corrompent ; où tout ce que l’on voit et tout ce que l’on entend, conduit au relâchement et au libertinage ; où l’amour et toutes les autres passions se glissent par les yeux et par les oreilles. […] Les partisans de la Comédie avouent de bonne foi, que les Pères et les Conciles se sont opposés, autant qu’ils ont pu, à ces Représentations profanes, où le peuple courait avec tant d’avidité ; mais ils prétendent que l’on n’en peut rien conclure au préjudice de la Comédie moderne, où l’on observe toutes les bienséances dans la dernière rigueur, et d’où l’on a banni absolument toutes les libertés, et toutes les obscénités de l’ancien Théâtre : Ils disent que non seulement la Comédie d’aujourd’hui n’est pas une mauvaise école ; mais qu’elle peut même contribuer à réformer les mœurs, en exposant à la censure et à la risée, les vices et les faibles des hommes ; ces peintures satiriques font souvent plus d’impression sur leur esprit, que ne feraient des exhortations plus sérieuses ; car s’ils veulent bien être vicieux, ils ne veulent point être ridicules.
Tu verras, dans la suite, chère Ursule, par qui le plaisir de la Représentation doit nous être procuré : si des maximes saines sont efficaces dans une bouche impure : quel serait le moyen de parer à cet inconvénient, & de rendre en tout sens notre Théâtre une école de vertu. […] Ainsi qu’un mauvais estomac change en poisons les mets les plus salubres, de même, les Spectacles ne sont pour plusieurs qu’une Ecole de persiflage, de fourberie, d’audace, d’indépendance & de volupté.
Augustin fait perdre à Alipe le goût du Théâtre, Alipe retourne au Théâtre 166. rejette les dons du Comte Boniface, 294 Aurèle (Marc) Empereur, tâche de diminuer la passion des Spectacles, 63 Aurélien Empereur, donne des Jeux Scéniques, 70 B Saint Basile appelle le Théâtre une école d’impureté, 159 Bayle dit que le Comique n’a point fait de mal à la galanterie, 29 Biel (Gabriel) veut qu’on refuse l’Eucharistie aux Histrions, 202 Boileau Despréaux, portrait qu’il fait de l’Opéra, 24 S.
Si je ne craignais point de faire trop de confusion à ces Bourgeoises, à ces Demoiselles et Dames qui ont tant d’inclination pour les spectacles, lesquelles plaignent bien moins vingt ou trente sols pour les Farceurs, qu’elles ne font un double qu’elles donnent assez rarement à un pauvre ; je leur ferais encore entendre saint Cyprien, lequel parlant des exercices des bateleurs, les nomme « un lieu infâme, publici pudoris lupanarium », où l’on perd la pudeur et la pudicité, « l’école et la maîtresse de toute impudicité » : Saint Augustin sur les Psaumes, parlant des spectacles, les appelle « les greniers de l’impudicité ».
Le Christianisme qui doit être une Ecole de pudeur et de modestie pour des filles, doit-il avoir quelque chose de commun avec le Théâtre, qui est une Ecole d’effronterie et d’impudence ?
Il se contente de satisfaire sa passion, mais il ne l’inspire pas, il ne tient pas école de vice. […] Mais depuis que le théâtre est devenu un objet intéressant pour la religion et les mœurs, une école savante des passions, une leçon artificieuse de vice, un assemblage attisé de toutes les occasions de désordre, un spectacle frappant de péché, enveloppé du titre séduisant d’ouvrage d’esprit, du voile trompeur d’une modestie apparente, des attraits délicats d’une volupté épurée, des pièges cachés sous l’air de la décence et de la bonne compagnie, l’Eglise a allumé toutes ses foudres contre ce chef-d’œuvre de scandale et de péché, d’autant plus dangereux, qu’il cache adroitement son poison sous les dehors imposants de la politesse, de la réserve, de la censure de quelque vice, des exemples de quelques vertus morales, qui semblent devoir se dérober aux alarmes et aux regards de l’Eglise et de la vertu.
S’il paroît quelque fille élevée avec soin, & loin des occasions, c’est une Agnès, dont on se moque, & qu’on a bien-tôt déniaisée, ou qui instruite à l’école de la nature forme, dit-on, les plus violens desirs, fait cacher son jeu, tromper les plus clairvoyans, jouer son père, sa mere, son maître, son tuteur, & s’entendre avec son amant. […] Il ne tardera pas à s’ouvrir à une si savante école. […] Dans quelques écoles de peinture on donne aux jeunes Peintres pour les exercer des estampes à colorier, ou de vieux tableaux pour en rajeunir les couleurs.
« L’art, qui régle les gestes dit Tertullienc , & les differentes postures du corps est consacré à la mollesse de Venus & de Bacchus, qui sont deux demons également dissolus, l’un en ce qui regarde le sexe, & l’autre en ce qui concerne le luxe & la débauche. » Saint Basile parlant du theâtre où se faisoient autrefois les spectaclesd, dont la danse faisoit une des principales parties, l’appelle une école publique de toute sorte d’impureté : Communis & publica est discenda omnis incontinentia officina . […] Ce qu’on appelle une école de divertissement, est un apprentissage d’impudicité : Les filles vont au bal & à la danse pour s’y faire connoître & estimer, à ce qu’elles croient ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie. […] « Il est donc bien honteux aux Chrêtiens d’avoir des écoles de danse.