C’est à ce titre que, rempli d’espérance à la vue des miracles qui chaque jour se développent à nos regards étonnés, j’ose m’élever moi-même contre tout ce qui pourrait encore arrêter l’effet des desseins magnanimes du Héros qui les produit.
La vue des conspirateurs qui paraissent sur le théâtre avec honneur, qui y sont applaudis et récompensés, diminue l’horreur qu’on a pour la révolte, la fait même regarder comme un devoir sacré, et enhardit à réaliser ce qu’on ne voit qu’en peinture.
C’étoient les diables & l’enfer des payens, dont la vue aidée des idées de la Réligion, les troubloient si fort, que les enfans prenoient la fuite, les femmes avortoient, les spectateurs hurloient, &c. […] C’est une belle galerie de soixante pieds de longueur, percées de cinq croisées, qui ont une vue sur la rue saint Honoré. […] Destination & succès plus convenable à la dignité, la Majesté Royale, mais on craint le ridicule ; on avance que Louis XIV. avoit eu le même dessein, qu’il en avoit fait jetter les fondemens ; mais qu’ensuite il l’avoit détruit : il sentit sans doute l’inutilité & le danger d’un pareil édifice ; & c’est peut être un des objets ; qu’il avoit en vue, lorsqu’au lit de la mort, parlant à son petit fils il s’accusa d’avoir trop aimé ses bâtimens, & l’exhorta à ne pas l’imiter.
Mais pour les passions molles & voluptueuses, où l’ame se livre aux funestes délices de l’impureté, à la dissipation, à la frivolité, perd la pudeur, la religion, la charité, il n’est pas douteux que le théatre & la danse, analogues au caractère nationnal, montés sur ce ton, établis & entretenus dans ces vues, par des personnes plongées dans le désordre, exercées à exciter les passions, les peignant, les embellissant, les réalisant, étalant, offrant l’objet avec toutes ses graces au premier qui en veut, se piquant, se faisant gloire de produire ces malheureux effets, il n’est pas douteux que le théatre & la danse théatrale ne fassent dans tous les cœurs les plus grands ravages. […] La danseuse, qui n’a autre chose à faire, est toute concentrée dans l’expression de la passion, le goût du crime & la vue de l’objet. […] Il est faux que les maris & les femmes soient tous indifférens ; mais le fussent-ils, la vue de ce qui se passe dans le mariage seroit très-lascive & très-dangereuse.
L’Artiste qui leve un plan & prend des dimensions exactes, ne fait rien de fort agréable à la vue ; aussi son ouvrage n’est-il recherché que par les gens de l’art. […] J’en conviens : mais le Philosophe ne se donne pas pour sçavoir la vérité, il la cherche ; il examine, il discute, il étend nos vues, il nous instruit même en se trompant ; il propose ses doutes pour des doutes, ses conjectures pour des conjectures, & n’affirme que ce qu’il sçait. […] A travers un verre sphérique ou creux tous les rapports des traits sont changé ; à l’aide du clair & des ombres, une surface plane se releve ou se creuse au gré du Peintre ; son pinceau grave des traits aussi profonds que le ciseau du Sculpteur, & dans les reliefs qu’il sçait tracer sur la toile, le toucher démenti par la vue, laisse à douter auquel des deux on doit se fier.
Que « les personnes de qualité payèrent largement la vue de ce passe-temps, donnant argent pour s’asseoir aux échafaudsbj, que les jésuites leur avaient préparés. » bk IIII. […] [NDE] C’est-à-dire les jésuites : les protestants s’acharnent sur les jésuites bien que ceux-ci n’aient en vue que le salut des protestants. […] L’auteur du texte adopte une vue relativiste sur leurs écrits, comme le fait aussi, cinquante ans plus tard, le père d’Aubignac (voir Dissertation sur la condamnation des théâtres, chapitre 3).
Là retrouvent hommes et femmes, jeunes gens de l’un et de l’autre sexe : et les femmes et filles extraordinairement parées, y viennent, non seulement21 « pour voir, mais aussi pour être vues », et faire éclater leurs brillants à la lueur des flambeaux, et allumer par même moyen le feu de la convoitise, laquelle n’en est que trop susceptible sans allumettes. […] Et l’expérience témoigne que souvent les plus modestes, par la vue de tels spectacles se laissent aller au vice contraire, et peu à peu se rendent impudents. […] Car ils attrapent par leurs artifices une grande quantité d’argent, et savent tous les moyens de tirer à eux, ce qui devrait être employé envers les vrais pauvres et nécessiteux, lesquels meurent souvent de faim et de froid, tandis que telles gens vivent délicieusement à table d’hôte ; et reçoivent des présents de robes royales, pour en donner puis après en la vue de ceux, qu’ils tâchent de pervertir et corrompre par leurs artifices mercenaires. […] Car quand les spectateurs les approuvent et les voient volontiers, ils font eux-mêmes ces choses, par leur vue et consentement, tellement que ces mots de l’Apôtre les regardent particulièrement79, « que non seulement ceux qui les commettent, sont dignes de mort, mais aussi ceux qui favorisent à ceux qui les font ». […] Car si ceux-là en usaient comme Païens, leur péché était moindre, ne violant pas les sacrements, Et ainsi ils erraient moins dangereusement, quoiqu’il y eût de l’impureté en leur vue, il n’y avait point d’offense contre la Religion.
Voilà justement ce qui se passe dans la Comédie pour l’ordinaire, la vue et l’imagination se satisfont de cette représentation vive et naturelle que fait le Comédien, sans y intéresser le cœur ; on loue l’Acteur et son action, sans approuver la chose qu’il représente. […] On trouve des Canons12 qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité et non de quelque plaisir, qui permettent, dis-je, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies et d’en être spectateurs. […] Il n’est donc pas vrai, comme on va le prouver, que les Pères dans les premiers siècles, en condamnant les Spectacles, n’ont eu en vue que l’idolâtrie dont ces premiers siècles étaient souillés ; ou qu’ils ont supposé qu’ils ne méritaient d’être condamnés, que parce qu’il y avait toujours beaucoup d’impuretés et de dissolutions. […] Enfin, il s’ensuit, qu’il n’y a point de mal d’aller à la Comédie quelque malhonnête et sale qu’elle soit ; parce que séparant le plaisir que la vue de la chose représentée peut produire, d’avec celui de la représentation, une personne peut répondre que ce dernier la touche et non pas le premier. […] Il y a longtemps que Saint Chrysostome dans son Homélie 38 sur le 11e Chapitre de Saint Matthieu a répondu à la première Partie de cette objection101 : « Lorsque, dit-il, vous voudrez vous relâcher l’esprit, vous pourrez prendre beaucoup d’autres divertissements que ceux des Spectacles : vous pourrez vous aller promener dans des jardins, ou sur le bord des ruisseaux et des rivières, vous pourrez réjouir votre vue par la beauté de la campagne, vos oreilles par le chant des cigales, vous pourrez visiter les Temples des Martyrs ; tout cela contribuera à votre santé, et ce qui servira à vous divertir bien agréablement, vous sera d’un grand avantage pour l’âme : car vous n’en souffrirez aucun dommage, vous n’en aurez aucun chagrin, ni aucune tristesse.
On n’est que trop persuadé que la plupart ne sont engagés dans leur profession que par la vue d’un intérêt sordide ou par le libertinage. Ce n’est pas un crime, à la vérité, de se proposer le salaire après le travail ; mais quand on n’a d’autre vue dans le travail que le salaire, cette vue est entièrement mercenaire, et indigne des gens qui ne prétendent pas déroger à leur noblesse par leur profession. […] C’est ce que je puis assurer, non par la simple lecture que j’en ai faite ; mais par les représentations que j’en ai vues. […] Or je vous demande, puisque vous l’avez vue, où était dans l’expression le mot pour rire, si ce n’est dans le geste et dans la posture indécente de l’Acteur. […] » Ces objets allument dans leur cœur le feu de l’impureté qui s’enflamme par la vue, « et inflammantur libidine quae aspectu maxime concitatur ».
Chacun, de toute part, exprimait son mécontentement ; on voyait la foule irritée grossir à vue d’œil, de moment en moment, et l’agitation générale faisait craindre de voir renouveler les désordres et les scènes scandaleuses que produisirent toujours les refus de sépulture.
Vous faisiez part de ces récréations empoisonnées aux personnes que vous aimiez ; et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse.
Je vous dirai seulement, Madame, qu’ils m’ont donné sujet d’admirer la diversité des vues que des personnes d’esprit peuvent avoir.
Si mon esprit avait la vigueur de celui du fixe fort, j’en dirais bien davantage : mais je sens que je me lasse : une même matière, traitée trop longtems m’excède : ma vue troublée ne voit plus qu’un assemblage confus de Décorations, d’Acteurs, d’Actrices… les dernières sur-tout… mais c’est un mal nécessaire. […] Après la vraisemblance de Décoration, qui n’est qu’accessoire, mais que l’Auteur du Drame aura continuellement en vue, pour la règler lui-même en composant, il s’en présente une autre, à laquelle le Dramatique doit donner toute son attention ; c’est la vraisemblance dans l’action ou le jeu, qu’on peut regarder comme l’extérieur de la Pièce. […] Quoique je n’aye presque jamais en vue l’Opéra dans mon Projet, comme ce Spectacle, tel qu’il est aujourd’hui, nous est particulier, je lui destine le premier Article de ce Titre ; mais auparavant, je crois devoir ajouter quelque chose à ce qu’on en a vu dans la Note [D]. […] Cependant, en respectant la Religion, prenons garde à ceux qui la plient à des vues ambitieuses ; à ces hypocrites qui la deshonorent par le rigorisme ; à ces fanatiques, dont l’esprit-de-parti est plus dangereux encore. […] Non, le plaisir qu’ils donneront sur le Théâtre, n’est pas le but unique que j’avais en vue : je fais pressentir un avantage bien plus grand, & plus digne d’eux & de nous.
Comme la direction des spectacles et du théâtre ne s’accordait pas avec cet Institut des Confrères de la Passion, il est à croire que cette permission et ce privilège ne leur fut donné que dans la vue d’abolir peu à peu cet exercice. […] Voilà justement ce qui se passe dans la Comédie pour l’ordinaire : la vue et l’imagination se satisfont de cette représentation vive et naturelle que fait le Comédien, sans y intéresser le cœur ; on loue l’Acteur et son action, sans approuver la chose qu’il représente. […] qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité, et non de quelque plaisir, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies, et d’en être spectateurs. […] Il n’est donc pas vrai, comme on va le prouver, que les Pères des premiers siècles en condamnant les spectacles, n’ont eu en vue que l’idolâtrie dont leurs siècles étaient souillés ; ou qu’ils ont supposé qu’elle ne méritait d’être condamnée, que parce qu’il y avait toujours beaucoup d’impuretés et de dissolutions. […] Enfin il s’ensuit qu’il n’y a point de mal d’aller à la Comédie, quelque malhonnête et sale qu’elle soit ; parce que séparant le plaisir que la vue de la chose représentée peut produire, d’avec celui de la représentation, une personne peut répondre que ce dernier la touche, et non pas le premier.
La seconde ne differe de la premiere qu’en ce qu’il y supprime la scène où sans rime ni raison deux personnes qui ne s’étoient jamais vues, & qui sont seules dans le monde, commencent par se dire des injures grossieres, & dans un moment, sans savoir pourquoi, se cherchent, se raccommodent, se marient. […] Dans le Deucalion & Pyrrha versifié, car il y en avoit un en prose, Deucalion, à la vue d’une belle femme, s’écrie : Que de charmes, grand Dieu ! […] Je n’ai garde de justifier ni l’opéra, ni l’Abbé qui le fréquente ; mais cette bonne morale que l’Auteur avoue ne s’être glissée que par hasard dans ses pieces, où il ne l’avoit pas en vue, n’est-elle absolument pas gâtée par la morale pratique de l’action même ?
Je m’assure que vous avez trop d’honnêteté pour y arrêter trop longtemps votre vue. […] Mais quand cela serait, êtes-vous maîtresse des cœurs, quand ils ne se toucheraient pas par le bout du doigt, la vue seule des objets parés de la sorte, cause la damnation de l’âme ; et vous n’en doutez pas, puisque le Sauveur du monde enseigne dans son EvangileMatth. […] Il faut donc que la vue d’une femme soit bien contagieuse, puisqu’un homme, qui a le corps presque tout pourri, l’esprit accablé de tristesse, et soutenue d’une protection particulière de Dieu, sans s’arrêter ni à la sainteté, ni à son affliction a cru qu’il ne pouvait se mettre en sûreté, qu’en obligeant ses yeux par un pacte fait exprèsJob.
Un Chrétien est aussi obligé de procurer en toutes choses le salut de son prochain : « Unicuique mandavit Deus de proximo suo. » Mais un Comédien peut-il dire qu’il a cela en vue ? […] Le premier est une grande dissipation d’esprit : car elle le remplit des idées de toutes les choses qu’on y a vues et entendues. […] Or les divers fantômes des choses qu’on a vues empêchent ce recueillement.
J’en parlerai moi, et même pour justifier l’usage qu’on en fait : on les représente tels qu’ils sont, fourbes, fripons impudents, par une raison très louable, c’est comme si l’on disait aux pères de famille : « Vous qui négligez de prendre vous-mêmes soin de l’éducation de vos enfants, qui ne leur donnez souvent que vos valets pour surveillants ou tout au moins qui leur permettez trop de commerce avec eux, vous qui, par une sévérité mal entendue, êtes presque toujours opposés à des goûts que la nature et la jeunesse autorisent ; vous qui, sans faire aucune attention à l’inclination, au goût, au caractère de vos enfants, ne leur prescrivez que ce qu’ils doivent haïr, ne soyez point surpris s’ils se livrent à des conseils tout à fait opposés à vos vues, et si les avis d’un Valet fripon ou d’une Soubrette effrontée obtiennent leur confiance que votre dureté leur a fait perdre. » Voilà Monsieur l’usage que nos Auteurs font des valets. […] Vous reprochez à Molière, « que dans la vue de faire rire aux dépens du Misanthrope, il lui fait quelquefois tenir des propos d’un goût tout contraire au caractère qu’il lui donne ; telle est cette pointe : « La peste de ta chute, Empoisonneur au Diable. […] Dans la même vue, il lui fait tenir quelquefois des propos d’humeur, d’un goût tout contraire à celui qu’il lui donne.
Autre preuve que ce ne fut point une affaire d’état, de religion, de mœurs, quoiqu’ils y fussent les plus intéressés, c’est que le Cardinal payait une pension à Corneille, qu’il aurait dû punir, s’il eût agi par ces vues supérieures : « Il récompensait, comme Ministre, dit Fontenelle, ce même mérite dont il était jaloux comme Poète : ses faiblesses étaient réparées par quelque chose de noble. » Tacite dirait, voilà l’homme jusque dans ce qu’on appelle grand homme, un être plein de contradiction. […] Bien des gens qui ne peuvent se persuader que la faiblesse d’un homme si célèbre pût aller si loin, ont cru qu’il n’agissait que par politique, et il est vrai que le goût des spectacles pouvait servir à ses vues, et qu’il était trop habile pour ne pas tirer parti même de ses plaisirs. […] Voici une autre vue de politique plus étendue et plus profonde, qu’on attribue au Cardinal.
Pénétré de crainte à la vue d'un Roi irrité, craint-il la colère de Dieu et l'enfer ? […] Je pardonnerais à la comédie de ne troubler la paix du cœur que pour les exciter ; mais sans jugement téméraire on peut lui prêter des vues moins sublimes : la haine d'un mari jaloux, d'un père vigilant, l'orgueil impie ou rebelle contre Dieu ou contre son Roi, la surprise d'un coup de théâtre, la pitié pour un amant malheureux, la joie du succès de quelque fourberie ; tels sont les orages que les vents et les flots de la représentation font éprouver au frêle vaisseau d'une vertu commune. […] Il est vrai que par ordre du Roi toutes les pièces sont vues et corrigées avant d'être représentées ; mais l'Auteur ajoute que « les Acteurs s'émancipent à représenter ce qui a été effacé, et dans l'impression les Auteurs rétablissent ce qui a été retranché ».
Tout cela ensemble (valant bien autres dix millions) était d'une telle force de lumière et d'un tel éclat, que la vue en supportait à peine l'effet, et ne figurait pas mal le lieu qu'on suppose être la source de la lumière. […] Cet esprit ne pense point, il rêve ; c'est un miroir à facettes, où dans mille points de vues différents tout se peint et s'efface, un de ces coureurs qui sous le cri pompeux de rareté, de curiosité, en tournant une manivelle, fait parcourir toute la terre dans un quart d'heure. […] Quand j'entre dans quelqu’une de ces compagnies, il me semble voir une volière pleine de petits oiseaux, ils montent, descendent, s'agitent, s'élancent, chantent, béquettent ; la vue en est fatiguée.
Les Comédiens Français ont absolument perdu de vue, & ce qu’ils sont, & ce qu’ils doivent aux Auteurs ; ils ont oublié que, formés par leur esprit, enrichis par leurs veilles, ils tiennent d’eux toute leur existence. […] La Comédie n’est pas un simple amusement ; ce n’est pas uniquement une ressource ménagée à l’oisiveté des grandes villes, c’est un des moyens les plus efficaces pour diriger les opinions, pour ébranler la masse des esprits, pour leur donner la direction qui convient aux vues du ministere. […] Ces considérations n’échapperont pas aux vues supérieures des Magistrats. […] Des Comédiens pourroient contrarier les vues de l’Administration, lorsqu’elle auroit intérêt d’armer le ridicule contre la licence, & d’abandonner au Poëte comique des vices échappés à la sévérité des loix ? […] Mais quand on leur passeroit l’usage où ils sont de prononcer sur les convenances théatrales de ces ouvrages, il ne pourroit leur être permis de porter leur vue jusques sur les convenances morales.
Je ne sache point l’avoir vue imprimée ailleurs.
Qu’ils n’aient enfin en tout cela que le bien seul de la jeunesse qu’ils ont à conduire, et la plus grande gloire de Dieu en vue.
Lorsqu’un homme est mal dans ses affaires, il ne s’agit plus pour lui d’écouter la voix de la conscience, ni de se chicaner par des vues d’honneur ou de devoir. […] » Il est extraordinaire de marquer tant d’empressement à des personnes qu’on n’a jamais vues. […] Celui qui marche sur le bord d’un précipice, trébuche pour le moins s’il ne tombe pas ; quoique communément la vue du danger devient la cause de sa chute. […] Je mets ici à part les intérêts de la conscience et les vues de l’Eternité : quoique ce soient là les objets essentiels, il en est d’autres capables de faire impression sur les femmes. […] Cependant je ne saurais me persuader que nous ayons des vues si basses ; je ne doute pas au contraire que nous n’ayons de hauts sentiments de la noblesse de notre Etre, et de notre qualité d’hommes chrétiens.
Entrera-t-elle dans les vues des Aspirans & de la balance des Juges ? […] Ils sentoient qu’en inspirant aux filles l’émulation de la vertu, on leur préparoient des épouses vertueuses & dans la suite des enfans vertueux & c’eut été combattre leurs propres vues & l’esprit de la fête, si, comme Favard & Pesé, ils avoient admis la galanterie à leurs jeux.
La vanité qui occupe l’entendement obscurcit la vérité, et la chair se révolte contre l’espritLes apparences de beauté que l’on donne aux badineries font perdre la vue des choses célestes, et l’inconstance des désirs fait périr l’innocence de celui qui s’y abandonne. […] XVIII, Migne, P.L., tome IX, col. 1018] b Rom. 14 [Paul, Epître aux Romains, chap. 14, verset 23] c « Quotquot receperunt eum dedit illis potestatem filios Dei fieri eis qui credunt in nomine ipsius », Joan. 1 [Evangile de Jean, chap. 1, verset 12d Les apparences de beauté que l’on donne aux badineries font perdre la vue des choses célestes, et l’inconstance des désirs fait périr l’innocence de celui qui s’y abandonne.
On nourrit en délices une bête cruelle, pour le supplice d’un homme, afin qu’à la vue des Spectateurs, elle s’effarouche plus cruellement : on instruit une bête, laquelle par aventure eût été plus douce de sa nature, si on ne lui eût baillé quelque gouverneur pour la rendre plus cruelle. […] c’est là un Spectacle, lequel on peut voir même la vue étant perdue : c’est là un Spectacle, qui n’est point proposé ni par un Préteur, ny par quelque Consul : mais par celui qui est seul, et devant, et sur toutes choses, voir duquel sont toutes choses, à savoir le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : auquel soit louange, et honneur ès siècles des siècles, Ainsi soit-il.
Je suis sorti de chez moi Chevalier, et j’ai la honte d’y rentrer Comédien » : « Eques Romanus lare egressus meo, domum revertat Mimus. » César même entra dans ses vues, et pour réparer le tort qu’il avait fait à Laberius, et le réhabiliter dans la dignité de Chevalier Romain, à laquelle il avait dérogé par complaisance, il lui donna un anneau, qui était la marque distinctive des Chevaliers, comme une sorte de lettres de noblesse (Macrob. […] Le propre de la tragédie est d’inspirer la terreur et la pitié : elle manque son but, si elle n’excite ces mouvements tendres qui arrachent les larmes, ces violentes agitations qui font frémir à la vue d’un grand danger ou d’un grand malheur.
Quand elle alloit dans les rues en carrosse, ce qu’elle faisoit fréquemment, elle ne s’asseyoit jamais dans le fond du carrosse à la place due à sa dignité ; elle se mettoit toujours à la portiere, pour être vue de tout le monde. […] Le Cardinal Mazarin fut accusé d’avoir donné cette éducation à Louis XIV., & d’avoir même dans ces vues multiplié les fêtes, favorisé la comédie, & même introduit l’Opéra en France, comme Cathérine avoit introduit la Comédie Italienne. […] Il tourna les caresses de la Reine d’un autre côté ; il soupçonna que dans la vue de le faire assassiner, elle le tâtoit pour savoir s’il étoit cottemaillé. […] Les Italiens entrerent mieux dans ses vues en suivant leurs propres passions ; ils ne donnerent que des spectacles purement prophanes & licencieux, comme ils font encore, quoique un peu plus voilés depuis qu’on a puni leur excessive licence. […] Il vons en souvient bien, lui dit-elle, vous m’avez vue ainsi.
Etes-vous de fer, ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ? […] « Etes-vous plus sages, que ces Grands Hommes, qui, à la simple vue d’une femme, ont été renversés ? […] « Il est de fait, y est-il dit pag. 550, que la morale du Théatre sur les passions, sur les plaisirs, est en tout point, opposée aux maximes du Christianisme, jusques dans les piéces étrangéres à l’Idolatrie… Nous ignorons, y ajoute-t on, comment on peut justifier cette opposition si marquée, si capable de corrompre les bonnes mœurs, ou d’en augmenter la corruption. » Or, direz-vous, que des spectacles, où il faut être de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure… Que des Acteurs & des Actrices, qui se sont toute leur vie exercés à remuer les passions criminelles &c, ne soient point un poison dangéreux ? […] êtes-vous donc de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ? Etes-vous plus sages que ces grands hommes, qui, à la simple vue d’une femme, ont été renversés ?
La même reflexion a dû faire sentir à tous leurs Poëtes, que puisqu’ils vouloient imiter une Action, il falloit que l’imitation rendît l’Action telle qu’on l’eût vue se passer, si on y eut été présent : de-là les trois Unités, tellement nécessaires, que si l’une manque, toute vraisemblance disparoît.
Il est très-certain que les premiers qui éleverent des Théâtres n’eurent pas en vue l’utilité publique, & ne les éleverent pas pour y placer des Prédicateurs.
A la vue de ces ennemis elles prennent la fuite, et vont se cacher dans une retraite, où elles sont assiégées par les vices, qui les tirent de là, et les mènent enchaînées sur le Théâtre.
Quel pays & quel siécle, où la vue d’un Dieu mourant, les images de sa mere & des Saints si digne de respect, d’amour & de confiance fait vomir des blasphêmes ; quelle société, où il est ridicule de penser à l’objet le plus intéressant & le plus digne de l’homme ! […] Il mettoit sous les yeux les objets & les plaisirs de l’amour ; la vue des actions les plus indécentes, excitoit à la passion la plus honteuse ; enfin il calmoit les remords & sanctifioit le vice, par l’exemple des Dieux, qui employent toute sorte d’artifice pour séduire les femmes, Deum sese in hominem convertisse, & per alienas tegulas venisse clauculum per impluvium. […] L’histoire nous rapporte plusieurs traits semblables des statues qu’il a fallu mutiler ou couvrir pour arrêter les excès que la vue des nudités faisoit commettre. […] 24, d’après le second Concile de Nicée, & tous ceux qui avoient condamné les Iconoclastes, enseignent que les images sont utiles pour enseigner les mystères, & confirmer les peuples dans la foi, & leur en rappeller le souvenir, qu’il en revient un grand fruit ; qu’on renouvelle la mémoire des graces & des bienfaits qu’on a reçu de Dieu ; que par la vue des miracles & des exemples des Saints, on est excité a imiter leur vertus, à adorer & aimer Dieu, à cultiver la piété.
Je combattrais en chaire pour la religion et pour la vertu ; j’alarmerais votre conscience par la vue des blessures profondes que le spectacle fait à votre âme. […] Il faut quatre choses à l’homme de lettres : étendue de connaissances, justesse de vues, élévation des sentiments, noblesse du style. […] Il y a même du ridicule dans la plupart des intrigues des tragédies de Racine : Britannicus, un enfant de quatorze ans, aime Junie, veuve d’un âge plus avancé, coquette décidée, chassée de Rome pour ses incestes, qu’il n’avait peut-être jamais vue. […] L’un peint en grand sur les principes de la religion : il n’a personne en vue : si quelqu’un se trouve dans ce portrait comme cela peut et doit être, puisqu’il attaque tous les péchés, c’est à lui à se faire justice et à se convertir.
Il ne faut pas non plus qu’Egisthe, Amant de Clytemnestre, soit massacré à la vue des spectateurs, ni de son Amante, pour épargner à cette Reine infortunée un spectacle si douloureux. […] Le spectateur fait bon gré au Poète, de lui épargner la vue des corps sanglants de ces Héros blessés à mort, et expirants sur le Théâtre ; mais un Auteur qui se défie de la faiblesse de son génie, et qui craint de ne se pas assez soutenir dans sa narration, pour produire de grands sentiments dans l’esprit de ses auditeurs, leur met sous les yeux, des corps percés de coups, et mourant, pour les émouvoir par la vue de ces horribles spectacles : Il imite en cela certains Avocats, qui manquant d’art et de génie pour exciter la compassion dans l’esprit de leurs Juges, faisaient peindre les malheurs de leurs Clients, pour obtenir par ces représentations muettes, ce qu’ils ne croyaient pas pouvoir obtenir par la force de leurs raisons, et de leur éloquence. […] Le Théâtre des Anciens doit nous faire conclure, que leurs mœurs étaient sauvages et barbares ; ils aimaient à voir sur la scène des carnages et des massacres : Nos mœurs sont maintenant plus douces, plus polies, plus humaines ; nous ne pouvons voir qu’avec horreur la scène ensanglantée ; il faut que l’on ménage nôtre délicatesse par des récits, qui nous apprennent le détail de ces actions barbares, dont nous ne pouvons souffrir la vue.
De même qu’Esope fit servir à notre instruction l’Apologue, ou l’éxemple des derniers animaux, ainsi l’Opéra Bouffon met en jeu des Ouvriers, des Artisans, afin que la vue de leurs passions nous corrige des notres.
Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices.
Vous leur donniez vos approbations, et par vos applaudissements et vos flatteries, vous échauffiez ces serpents à mesure qu’ils vous piquaient : vous faisiez part de ces recréations empoisonnées aux personnes que vous aimiezc, et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents, la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse.
qu’il remplit bien les vues du saint Fondateur ! […] Les Salenciens humiliés d’une scène qui se passoit à la vue des villages voisins, accourus comme de coutume, protesterent contre l’élection de la Rosiere, & reclamerent leur privilége au Baillage de Chauni. […] On ne l’y a jamais vue que quand le Seigneur, sans doute conseillé par le théatre, usa de violence pour chasser les habitans qui venoient à l’église.
Vous n’avez point à pleurer la vôtre, actrices, filles mondaines, qui prévenez vos amans, les cherchez des yeux, & plus encore du cœur ; qui craignant peut-être la honte que fait le péché, vous souciez si peu d’en éviter les approches, vous qui êtes si engageantes dans vos manieres, si libres dans vos paroles, si complaisantes dans vos enjouemens, si familieres dans vos privautés, si désireuses de voir & d’être vues ; qui, pour plaire aux hommes, avez recours à ces parures dont à peine on peut savoir les noms, tant elles sont bisarres, inconstantes, multipliées. […] A Rome on les écouta, on les respecta, chacun s’en retourna frappant sa poitrine & brisant son cœur, à la vue des malheurs qu’annonçoient ces prophêtes. […] Jérôme tourmenté dans le désert par le souvenir des femmes qu’il avoit vues autrefois à Rome.
S’il est quelqu’un qui ne rende pas justice à ses talens, c’est qu’il en est qui ne connoissent que les graces pointues & bouffies (expression neuve) ; il faut la vue bien nette & bien purgée pour découvrir cette secrette lumiere, &c. […] ni dans la vue des Actrices, ni dans la douceur de leur chant, ni dans les attitudes de leurs danses, ni dans la liberté de leurs discours, ni dans la lubricité de leurs gestes, ni dans la tendresse de leurs sentimens, ne cherchez-vous, ne trouvez-vous rien qui flatte la sensualité ? […] Mais la premiere représentation a dû détromper ; ce qu’on y a vu, entendu, senti, a dû faire toucher au doigt & à l’œil le danger & le crime d’un spectacle où le vice domine, où les occasions naissent sous les pas, sur tout les femmes, qui naturellement plus pieuses & plus sensibles, ont dû être plus alarmées, & avant d’y aller par la vue de l’écueil, & après y avoir été par le soupçon ou plutôt la certitude du n’aufrage qu’elles y ont fait.
» Jésus-Christ qui veut bien être tenté dans sa personne, pour nous apprendre à souffrir l’épreuve de la tentation, et à y résister, permet que Satan expose à sa vue tout le vain éclat des richesses et des grandeurs, comme un exemple de ce que ce Père de mensonge doit faire un jour à notre égard. […] Et pourriez-vous en supporter la vue au milieu de ces Acteurs profanes et scandaleux, qui, par leurs gestes, par leurs paroles, par leur immodestie, ne cherchent qu’à vous distraire de ce grand objet ? […] s’il nous est ordonné de faire un pacte éternel avec nos yeux, pour ne pas nous exposer à considérer un objet dangereux ; si, selon la sagesse éternelle, on a déjà commis l’adultère dans son cœur, lorsqu’on regarde une femme avec un œil d’envie ; s’il faut être en garde contre toutes les occasions qui nous environnent dans la crainte de nous laisser surprendre par le péché ; si, lorsqu’on aime le danger, on y périt, comment excuser les Théâtres qui présentent à la vue des Actrices chargées de tout l’attirail propre à séduire, qui ne retentissent que des charmes de l’amour, qui ne préconisent que les plaisirs des sens ; et qui ne s’annoncent qu’avec tous les attributs du luxe et de la volupté ?
Si ces merveilles nous paroissent aujourd’hui presque incroyables, c’est que nous avons perdu de vue le véritable esprit des Lettres, & que nous les avons, en quelque sorte, dénaturées par nos institutions politiques. […] Quand cet habile Rhéteur donnoit ce conseil, il n’avoit probablement pas en vue les Auteurs Dramatiques, qui sont esclaves nés de leurs Spectateurs.
C’est un tableau sans ombre, & dont toutes les figures viennent à la fois frapper la vue. […] Toute réfléxion faite, je suis presque tenté de regarder ce Drame comme une galerie de portraits, qui viennent frapper la vue chacun à leur tour, & dont l’un fait oublier nécessairement l’autre.
« Cet amas qui croît incessamment de vues qu’il faut suivre, de régles qu’il faut pratiquer, augmente toujours aussi les difficultés de toutes espéces de sciences & d’arts. » 3 Que des bons esprits n’ont surmonté ces difficultés que quand ils ne pouvoient plus nous éclairer que par les lueurs amorties d’un astre en son déclin.
Pirrhus, Radamiste & Zénobie, Œdipe, Mérope, Zaïre & plusieurs autres Piéces de ces deux rivaux, seront toujours vues avec plaisir.
Leurs vues, leurs entreprises dépendent des tems, des lieux, des usages, des loix & des peuples.
Or, est-il possible, dit Tertulien1, que l’on pense à Dieu dans un endroit où Dieu n’est pas, où rien n’est analogue à son souvenir, où tout au contraire est propre à le bannir de votre esprit, à l’effacer de votre mémoire, où tous les objets qui s’y rencontrent sont autant de murs de séparation qui l’éloignent de vous, & qui le font perdre de vue ?
Le Théatre dans tous les temps s’est emparé de la religion & des mœurs, & a beaucoup influé dans l’un & dans l’autre : il ne s’est emparé de la Religion que pour corrompre les mœurs ; dans cette vue, il a favorisé les fausses religions qui en sont la corruption, il a ridiculisé & défiguré la véritable qui en maintient la pureté.
Le Public n’est jamais leur dupe : l’impression met enfin au grand jour les fautes que l’art de l’Acteur dérobait à la vue ; & l’on soutient à peine la lecture d’une Pièce qu’on ne pouvait se lasser d’entendre au Théâtre.
Lorsqu’elle était chez les Grecs travaillée par une mais habile, elle devenait la critique délicate d’une Tragédie célèbre ; elle en relevait adroitement les fautes ; des allusions fines avertissaient le Spectateur de ce qu’elle avait en vue.
« Le clergé pour qui j’ai eu tant d’égards, auquel j’ai cherché à m’associer, jusqu’à avilir dans cette vue la majesté royale, s’est laissé aveugler, il y a déjà longtemps, par un faux zèle pour la religion, et donne aujourd’hui au peuple français l’exemple de la révolte. » Quelle leçon pour les rois !
La vue des héros et des héroïnes imaginaires qui viennent y soupirer avec fureur leurs amours criminelles ferait sur votre cœur des impressions qui ne finiraient pas avec la pièce.
La première Comédie que j’ai vue, fut Timon Misanthrope b : quand j’entendis Arlequin lui dire : « Et que me faisait cela ; je méritais, moi, de faire de bonnes actions » : je me sentis pénétré d’une lumière qui échauffa mon cœur, qui y fit éclore une autre forme de sentiments : il semblait que j’acquérais un nouvel être : il ne s’est pas encore passé un seul jour sans que cette idée ne me soit revenue : et depuis plus de trente ans, je cherche et m’empresse à faire tout le bien qui est en mon pouvoir.
Pour suivre cette maxime, voyons d’abord quelle a été l’intention des Anciens dans l’établissement du Théâtre ; et examinons si les Modernes, en suivant leurs exemples, s’y sont proposés les mêmes vues.
par la simple vue des choses qui se représentent sur le Théâtre D’où vient que saint Chrysostome, dit Hom. 6. sur saint Mathieu, ajoute-t-il, que les spectacles rendent ceux qui y vont effrontés et adultères. […] ne faut pas aller a la Comédie, à cause que la vue des femmes peut donner de mauvaises pensées. […] Nous savons tous que des chrétiens ne doivent point passer leur vie dans les plaisirs et les divertissements, après avoir ouï les menaces que Jésus-Christ leur fait en ces termes : « Malheur à vous autres qui riez à présent ; parce que vous pleurerez amèrement » ; et ce qu’il y a dans saint Jacques, « Riches versez des larmes, poussez des soupirs et les cris dans la vue des misères qui doivent fondre sur vous ; que vos ris se convertissent en gémissements et votre joie en tristesse. […] Quoi qu’il puisse arriver que la vue des Comédiennes n’excite dans les spectateurs aucune mauvaise pensées, tandis qu’ils sont actuellement à la comédie ; elle laisse néanmoins toujours des idées que le diable saura bien réveiller, quand il trouvera l’occasion.
Gresset a eu en vue lorsqu’il dit qu’au Théâtre on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point, et qu’un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante. […] J’aurais été trop heureux si le goût que j’avais pris pour les lettres et qu’il m’avait inspiré lui même m’eut abandonné en même temps que je me résignais à ses vues. […] Je sais bien, comme le dit l’Auteur du Tableau du siècle, que cette loi ne subsiste que par Politique et qu’elle n’est destinée qu’à réprimer le goût que la Noblesse la plus distinguée pourrait prendre pour les Comédiennes, ce qui occasionnerait des mésalliances très fréquentes absolument opposées aux vues de la Politique sur la solidité des fortunes et la splendeur de la Noblesse. […] Plus le Parterre le verrait sensible aux suffrages qu’on accorderait à sa vertueuse Epouse, plus il s’efforcerait, en lui en prodiguant de nouveaux, de lui faire sentir qu’il aurait deux objets en vue.
Si on peut abuser des images, on peut aussi en tirer des avantages sans nombre ; elles instruisent de l’histoire de la Réligion ; elles font entendre les mystéres, les dogmes de la foi ; c’est le livre des ignorants, très-souvent même des sçavans ; elles excitent à la vertu par les exemples, à la fuite du vice par la vue de sa punition ; elles font honorer les Saints ; les Anges & la Sainte Vierge, Dieu-même, dont elles peignent les grandeurs, la justice, les bienfaits, comme le ciel, la terre, les astres, annoncent sa gloire. […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Si le public a perdu la vénération qu’il avait pour les hommes respectables, on peut dater ce changement du temps où ce goût ayant gagné la robe, on l’a vue s’y confondre avec les libertins et le peuple. […] Je ne dis pas que cette négligence tarira la source des profits du Palais, que ce goût ruineux expose à mille folles dépenses, qu’une femme et des enfants à qui on le souffre et l’inspire, diminuent tous les jours un patrimoine qui n’est pas toujours opulent, et entraînent dans le précipice que le théâtre a creusé ; ces vues ne sont pas assez nobles, du moins est-il de la noblesse des sentiments de conserver la décence et les marques de la dignité.
La tentation de la parure n’est que la répétition de la tentation du serpent qui perdit la première femme dans le Paradis terrestre ; l’espérance de son embélissement, le fruit défendu est agréable à la vue, il est délicieux au goût : ses attraits sans doute sont dangereux, mais ce ne sont pas les plus puissans ; le démon ne les fit pas valoir, ce ne sont pas ceux qui perdirent Eve ; l’amour de la beauté fournit contre elle bien d’autres armes : vous serez comme des Dieux par l’étendue de vos lumières, vous connoîtrez le bien & le mal. […] 11.° Il est permis d’aider ses sens, l’oreille dans la surdité, les yeux dans la vue foible, le palais dans le dégoût, & de leur plaire ; à l’ouïe par la musique, à la vue par la beauté des objets, aux goûts par des assaisonnemens, à l’odorat par des parfums ; pourquoi non pas par le fard, par les couleurs du visage par l’embonpoint ?
Nous n'approuvons pas, il est vrai, ces sortes de pièces ; mais ce serait être injuste de ne pas convenir qu'elles sont très différentes du théâtre public, différentes dans les mœurs des Acteurs et des Actrices, dans le goût et les vues de l'Auteur, dans le choix des spectateurs, dans la séduction des passions, l'indécence des parures, la licence des discours, les décorations, les chants, les danses, le lieu, le temps. […] 100) qu'il y a une différence entre l'affection du vice, qui est l'impression que fait et que laisse dans l'âme la vue du vice, et l'affection au vice ou pour le vice, qui est l'attachement au vice. […] Ces Demoiselles prirent si bien les airs de la Cour, et représentèrent si naturellement Andromaque, que la Fondatrice s'en aperçut et craignit des effets opposés à ses vues.
Ce sont les grandes vues qui produisent les grandes choses.
Les Comédiens se croiront toujours en droit de circonscrire le Néomime dans les bornes les plus étroites : Mais le Gouvernement donc la sagesse est toujours au-dessus des petites vues des particuliers, verra sans doute que le Théâtre-Ephébique, loin de nuire aux autres Spectacles, peut leur devenir utile : il verra que pour opérér cette utilité, il est nécessaire que le Néomime puisse faire jouer les Pièces Tragiques, Comiques, & des Opéras, mais toujours par des Enfans ; qu’il serait à propos que le premier Acte de l’Ambigu fût, par exemple, un rapproché, intelligemment fait d’une Pièce du Théâtre Français, où, en conservant les plus beaux vers, les situations les plus intéressantes, on réduise la Pièce à la longueur d’un seul Acte ; que le second fût une Pièce en un Acte (ou si elle était en plusieurs, réduite comme la première) du Théâtre des Ariettes ; que le troisième fût un Opéra, une Pastorale en un Acte comme le Devin-de-Village, on réduit, si c’était Roland, Armide, &c. enfin que la Pantomime simple & dansante précédât & suivît ces trois Pièces.
Tous les théâtres dressés au collège des jésuites étaient environnés de divers échafauds pour les personnes de qualité, qui payèrent largement la vue de cette drôlerie.
Et pour les Tragédies ils en faisaient d'ordinaire l'ouverture, ou bien en soutenaient la catastrophe par leur présence, soit pour dénouer les intrigues qui paraissaient indissolubles, soit pour apaiser la douleur, l'horreur et les autres passions violentes, ou pour donner des assurances des bons effets qui devaient suivre les choses qu'on avait vues dans le trouble.
Dans les plus illustres Familles Bien souvent aux Garçons, quelquefois même aux Filles Les conseils des Parents semblent hors de saison ; Et par les leçons du Théâtre Le Fat le plus opiniâtre Est d’abord mis à la raison. » C’est dans cette vue, Monseigneur, que j’ai choisi Esope pour le traduire partout où il y a des abus, et pour lui faire dire, sous les apparences des Fables, la Vérité à tout le monde, sans que personne puisse raisonnablement s’en offenser.
On n’a pas en vue d’insinuer par là que notre Théâtre est actuellement aussi déréglé que celui de nos voisins : on déclare au contraire sans restriction qu’il s’en faut bien que les choses en soient à ces termes.
la vue des personnes infortunées), « on dirait que notre cœur se resserre de peur de s’attendrir à nos dépens ».
n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables.
Quelles impressions a-t-elle faites sur ceux qui l’y ont vue ? […] Qu’ils paroissent à ma vue, ces oracles menteurs qui osent les mettre en crédit, & je les confondrai avec les paroles mêmes d’Hypermnestre. […] A la vue de ces cercles de Laïs toutes idolatres d’elles-mêmes, apprendrez-vous bien à vous hair ? […] x.) ensemble t’avoir fait naître ce reproche ; combien plus la vue des maux réels qui dévastent la mienne, a-t-elle pu me le dicter ! […] Quel nouveau spectacle s’offre à ma vue ?
« Cette pièce nous découvre mieux qu’aucune autre la véritable vue dans laquelle Molière a composé son théâtre, et peut mieux nous faire juger de ses vrais effets. […] « J’aurais trop d’avantage, si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ses successeurs, qui, n’ayant ni son génie ni sa probité, n’en ont que mieux suivi ses vues intéressées, en s’attachant à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs.
L’on a rassemblé à l’opéra tout ce qu’il y a de plus capable de flatter les passions ; la vue, par des décorations superbes ; l’oreille, par une musique harmonieuse ; le cœur, par les vers et les chants les plus tendres. […] Mazarin ne portait pas si loin ses désirs et ses vues ; il n’était rusé que pour le moment, comme un joueur qui écarte ou jette à propos une carte ; il savait parer un coup, tendre un piège, trouver un abri dans un orage, et le laisser passer.
Zénobie n’est point connue pour ce qu’elle est ; elle porte un nom emprunté, quand elle est aimée par Arsame ; d’ailleurs le père d’Arsame ne l’avait pas encore vue pour lors, et n’avait aucune vue sur elle.
La Comédie concourroit donc aux vues du Gouvernement, en effrayant par la satire ceux des Administrateurs dont les intentions s’éloigneroient des siennes.
Ce qui est encore expressément marqué dans les Livres des constitutions Apostoliques, qui nous apprennent que les jours des Fêtes ne sont établis que pour le culte de Dieu, et afin que nous nous souvenions de sa naissance dans la chair, de sa mort, et de sa résurrection, et qu’étant remplis d’une joie toute spirituelle dans la vue de ses inestimables bienfaits, nous l’honorions par des actions de grâces, et par des œuvres de vertu.
Chacun prononce selon ses vues. […] Dans cette vue, il traduisit en vers l’Imitation de Jésus-Christ. […] Il leur persuade que, pour être honnête homme ; il suffit de n’être pas un franc scélérat. » « J’aurais trop d’avantage, si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ses successeurs, qui, pour mieux suivre ses vues intéressées, se sont attachés dans leurs pièces à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs. » « La belle école que le Théâtre !
Cet ensemble mi-parti d’estampes & de vignettes blesse la vue, & ne la satisfait pas. […] S’ils joignent la lecture à la vue, ils allumeront le feu de l’amour dans leur cœur. […] On ne la fait venir que dans cette vue.
Si le spectateur peut se livrer à tous les écarts licencieux de son imagination, parce que Valere se marie, pourquoi ce jeune-homme qui aime, ne pourra-t-il pas se tout permettre dans la vue de son futur mariage ? […] Le théatre renverse cette morale ; il excuse, il permet tout dans la vue du mariage, & il prétend légitimer dans le jeune-homme, dans l’Acteur, dans le spectateur, toutes sortes d’excès par cette frivole défaite ! […] Mais la vue, le dessein, l’esprit du théatre depuis le Docteur Moliere fut toujours d’affoiblir les idées du vice & de la vertu, pour diminuer l’horreur de l’un & la sévérité de l’autre, ériger la galanterie en vertu, la tolérance, la licence en politesse, en agrément de la société.
On en revient, dit-on, après les avoir vues, avec les mêmes sentimens de joie ou de tristesse, de crainte ou de pitié, qu’on éprouve au Théatre. […] Cette célebre compagnie est entrée dans les vues de ce grand homme, & dans son certificat a déclaré authentiquement, que dans les combinaisons à faire pour couper les différentes pieces d’un habit quelconque, qui sont la plupart d’une figure irréguliere, & les couper avec moins de perte possible d’étoffe, les principes de la géométrie sont nécessaires, & qu’à l’exemple du Peintre le Tailleur doit diviser l’étoffe en carreaux, savoir combien de carreaux sont contenus dans chaque piece, & compasser les morceaux volans , ou volés, qui restent après la coupe, qu’on appelle déchet ; il doit connoître aussi toutes sortes d’étoffes, leur fabrique, leurs tissus, pour en prendre le droit fil , &c. […] La salle de Spectacle de Versailles, à moins de l’avoir vue, on ne sauroit se faire une juste idée de sa beauté.
Les Romains ouvrirent les yeux à la vue des effets malheureux des spectacles. […] Nougaret, la vue des actrices, les femmes qui remplissent les loges, tout porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des drames dont l’intrigue agréable & galante, le style léger & délicat nous invitent à nous livrer à cette passion.
Ses vues bienfaisantes furent exécutées ; on assembla toutes ces filles & leurs fiancés, dans le Consistoire de l’Hôtel-de-Ville, les Capitouls les conduisirent à l’Autel, où M. de la Galaistere, l’un des Grand-Vicaires (à l’absence de M. de Lomenie, Archevêque, qui demeure depuis plusieurs années à Paris, & qui, sans doute, se seroit fait un plaisir d’assister à la cérémonie ;) après un discours où il joignit à une exhortation convenable, l’éloge le plus vrai, du Magistrat, auteur de la fête, leur donna la bénédiction nuptiale ; de l’Autel, les époux avec chacun quatre de leurs parents, passerent à la salle où on leur avoit préparé un repas, après lequel on leur permit de danser à leur maniere, jusqu’au soir ; la plus grande décence, & une parfaite tranquilité accompagnerent la franche & agréable gayété qui y regnoit. […] Les Corses se donnent le spectacle guerrier d’une bataille simulée, qui leur rappelle les exploits de leurs ancetres, fort exposés aux incursions des Sarrasins, dans une grande pleine où des rentes dressées offrent la vue de deux camps ; on voit des troupes en bataille, d’un côté en habit de Turc, & de l’autre en habit du Pays.
La vue des spectacles ne doit pas être une curiosité mauvaise : c’est un amusement agréable & naturel ; l’homme aime naturellement à voir peindre & représenter, comme le dit Aristote. A quoi il répond que sans doute en général, regarder la représentation de quelque chose n’est point un mal, mais que la vue des spectacles devient vicieuse, vitiosa redditur inspectio spectaculorum, parce que par ce moyen l’homme prend du goût & de l’inclination pour les vices d’impureté ou de cruauté : Per hæc homo fit pronus ad vitia lasciviæ vel crudelitatis.
On ne tend pas au Collège des pièges à l'innocence, on n'y agit pas par un esprit mercenaire pour gagner de l'argent, comme à la comédie : émulation, obéissance dans les élèves ; vues louables, quoique fausses, du bien public et de l'éducation dans les Régents. […] Ce moyen de s'avancer s'est tourné contre eux, l'estime et la confiance qu'ils méritaient, s'est affaiblie ; la religion et les mœurs ont perdu à vue d'œil par le théâtre, et ne se rétabliront pas tandis qu'il subsistera.
Il ressemble à ces fleurs artificielles qui ne frappent la vue qu’autant qu’elles ont la couleur & l’éclat des fleurs qu’elles représentent ; c’est l’ouvrage de l’art le plus recherché qui prend la forme & les traits de la Nature même.
Il peut s’y glisser des vues d’intérêt, des motifs de paresse, des raisons de dépit. […] Il prend le change & détruit ses propres vues. […] Une fille raisonnable, fervente, qui est entrée de bonne foi dans un saint état, dont elle a goûté la douceur, peut-elle se laisser ébranler, ou plutôt bouleverser dans l’instant par des portraits affreux dont elle connoît la fausseté par expérience, faits par une malheureuse que la vue d’une mort présente ne peut toucher ? […] Les cinq sens sont la vue, l’ouïe, &c. comment les réveiller & les surmonter ?
On la ramene, on la mer sur le bucher ; la foudre tombe, disperse le bois (opération peu physique), & sauve la victime infame qu’elle auroit dû écraser (protection aussi peu digne de Dieu) ; & ce qui n’est pas moins contraire à la nature, cette femme laisse faire tout cela sans parler des gages qu’elle a reçu de Juda, qui lui auroit sauvé la vie, & qu’elle n’avoit demandé que dans ces vues. […] L’Honnête-Criminel a été composé en faveur des Protestans dans la même vue que les Guebres. […] Autre piece singuliere que je n’ai point vue, que la gazette d’Avignon, 17 décembre 1765, a annoncée en ces termes : On a donné le Philosophe sans le savoir, comédie en prose du sieur Sedaine, Auteur d’autres pieces aux Italiens. […] Mais on n’en est pas venu à cet excès, & il ne paroît pas qu’on ait eu ces vues.
Tel sera simplement touché à la vue d’un accident facheux, qui viendra verser des pleurs à la représentation. […] Un autre inconvénient : c’est que la Lecture vous isole, vous sépare de la société ; & c’est une chose qu’on ne doit jamais perdre de vue dans quelque tems que ce soit. […] La vraie récréation exige de la mesure : il faut perdre de vue ses affaires, mais il ne faut pas les oublier. […] Chacun rempli de cette idée, va-t-il complaisamment la déposer pour y prendre des vues d’utilité, substituer ainsi par un intérêt mal entendu, à un plaisir agréable & touchant, une étude pénible & laborieuse.
Ce Marchand ne désire que le luxe ; ses vues & ses projets ne tendent qu’à l’entretenir & à l’exciter par des ressources ingénieuses qui réveillent l’amour propre du citoyen, esclave de la mode, qui l’appauvrit. […] Qui doute qu’avec des vues si perverses, ordinaires au Comédien, mais que ne connoît pas un Négociant Chrétien, ils ne soient tous les deux très-coupables ? […] Il n’est point d’enfans capables de saisir & de suivre les raisonnemens, les vues, les intérêts de toutes les scènes de Corneille ; cette étude est pour eux une chimère.
j’ai presque envie d’y fermer désormais les yeux et de les dérober à la vue des autres. […] Pourquoi celle-ci blasphème-t-elle donc de sens froid, avec vue, avec choix ; et sans qu’aucune circonstance l’engage à violer une règle si propre de son sexe ? […] Berinthie pousse son allégorie soutenue également et de profanations et de saletés : ensuite elle en vient à l’application, elle déclare nettement à Amanda les vues étranges qu’elle a sur elle, et finit par cette horreur : « ç’a, pensez bien à ce que l’on vous dit ; et que le Ciel vous fasse la grâce de le mettre en pratique » ; c’est à-dire, de devenir une prostituée.
C’est cette tasse que tenait en sa main cette femme vue par Saint Jean en son Apocalypse, « dorée par dehors, mais au dedans pleine d’abominations » :60 C’est le vin que le Sage dit, « devoir enfin mordre comme la couleuvre » ; c’est le scorpion qui adoucit avec sa bouche, mais pique, et empoisonne avec sa queue ;61 « c’est ce chemin qui semble bon et beau, mais enfin aboutit à la mort »,62 non tant du corps, que de l’âme. […] Combien de fois vous est-il arrivé, qu’étant fort attentive à penser à quelque chose, ou à l’écouter, vous n’avez pas pris garde ni au bruit qui se faisait, ni à voir ceux qui passaient devant vous, ni à entendre ce que les autres disaient : Le même ne vous peut-il pas arriver, si en telles récréations vous êtes attentive à Dieu, votre vue le voit, et votre cœur lui parle, aussi bien peut-être comme en une Eglise, car tout le monde étant rempli de Dieu, vous doit servir d’Eglise. […] Vous imiterez les bons Anges qui portent toujours leur Paradis, et leur béatitude avec eux, et quoiqu’ils soient dans cette misérable terre, parmi tant de pécheurs, ils ne perdent néanmoins jamais Dieu de vue, et ne sont point endommagés par eux.
Dites-moi donc, je vous prie, mon cher Cléarque, quel effet pensez-vous que puisse produire la vue d’une jeune Princesse, qui ne pense qu’à son Amour, qui ne parle que de son Amour, qui cherche avec empressement celui qu’elle aime, qui se réjouit quand elle l’a trouvé, qui lui explique avec des paroles tendres et passionnées tous les mouvements de son cœur ? […] Cependant j’ai lu depuis peu une Histoire qui me semble propre pour le Théâtre, si elle était conduite de la manière dont je l’ai vue décrite par un de mes amis. […] J’ai de la peine à croire que leur Iphigénie soit jouée durant trois mois comme celle que nous avons vue.
toute autre vue est une chimere. […] Il ne peut donc jamais y avoir de bonne vue, ni à espérer du bon fruit des jeux irréligieux qui font monter une Religieuse sur la scène.
J’aurois pu montrer que la Comédie dans son origine, sur-tout chez les Grecs, n’avoit eu en vue que la réforme des mœurs.
Toutefois, si nous étions parvenus au dernier degré de corruption, et qu’il n’y eût pas à présent plus d’espoir de retour que l’affreux état de guerre, et de folles illusions n’en laissaient concevoir dernièrement, je préférerais me taire pour ne pas grossir inutilement le nombre des moralistes déclamant et prêchant dans le désert depuis tant d’années ; mais autant l’on a été découragé à la vue de la contagion du mauvais exemple, et des lois d’un despote bataillard qui ne respectait rien, qui a attiré sur nous tous les fléaux avec la malédiction du ciel et des nations ; autant l’on doit espérer de l’influence des lois sages qui vont nous régir, de cette Charte, si long-temps disputée, que nous venons de recevoir d’un Roi juste qui la secondera encore par l’exemple de toutes les vertus, d’un Roi qui recommande et protège tout ce qui est respectable, dont le cœur est véritablement bon, les vues sages et paternelles, les promesses sincères ; puisque rien ne le détourne de sa mission sacrée, et qui ne forcera donc pas les écrivains de désirer, à la fin de son règne, pouvoir déchirer les pages où ils en auraient trop loué le commencement trompeur.
Je n’ai en vue que les vains raisonneurs, les prétendus philosophes du siécle, qui n’ont d’autre interêt à déprimer le Spectacle moderne, que pour soutenir leurs idées.
La vue des malheurs des autres nous fait faire réflexion que nous en sommes exemts, & la compassion que nous avons des Malheureux flatte notre amour propre.
Chaque paire de mules ne tient au carrosse que par des courroies si longues qu’on les perd de vue. […] 3.° C’est encore une leçon de modestie, non-seulement par l’air sérieux & grave, qui bannit les legeretés, & l’embarras, & qui y met des entraves, mais encore parce que les habits cachent les pieds & la chausseute, & défigurent la finesse de la taille, graces, dont toutes les femmes sont très-jalouses ; aussi ont-elles grand soin de les faire relever par des petits Caudataires, qu’on instruit & qu’on exerce, & à qui on recommande de les tenir élégamment levées, pour ne pas priver le public de la vue de toutes ces beautés, & les Dames à queue de la gloire qui leur en revient, & des conquêtes qu’elles peuvent faire.
Les Historiens se sont prêtés à ces ruses de vanité, ou aux vues de la piété qui a voulu écarter le scandale, & ils ont imaginé des histoires pour l’illustrer. […] Dans ces mêmes vues de bonté, il a établi le Sacrement des mourans, où l’une des onctions se fait sur les pieds, pour en réparer les désordres, comme sur les mains, les yeux, la bouche, &c.
soûtiendrait-il la vue constante d’un portrait si peu flatteur ? […] 1.) que deux Auteurs tragiques ayant voulu adapter à leurs pièces quelque sujet tiré de l’Ecriture sainte, ils en furent punis sur le champ : Théodecte perdit la vue, et Théopompe devint fou.
Deux ou trois pièces sur mille paraissent faites dans la vue de défendre les droits de Dieu, le Festin de Pierre, les Philosophes, le Préjugé à la mode, mais sans succès, et avec un succès contraire. […] Une des plus fameuses pièces de Molière, le Tartuffe, ne fut faite que dans ces vues.