.° On en montre l’objet ; peintures, décorations, parures, nudités, personnes répandues sur le théatre & dans les loges, tout étale la volupté. […] Grigri, petit Roman de Cahusac., où parmi bien des indécences, on trouve de jolis portraits, des traits ingénieux, & des vérités, parlant de l’amour de théatre, prouve dans un chapitre exprès, qu’au spectacle il n’y a ni ne peut jamais y avoir un véritable amour, mais galanterie & débauche. 1.° On n’y cherche qu’à plaire, ce qui émousse le sentiment. 2.° On n’y étale que de la volupté, ce qui la partage, & l’effet de la volupté est plus rapide. 3.° On y offre le plaisir trop rapide, ce qui l’anéantit ; la pente naturelle y mène, & la passion satisfaite, le sentiment est éteint. 4.° On en éloigne le sentiment, en montrant le sexe méprisable par mille défauts & ridicules, on l’estime moins, comment aimeroit-on ? […] En répandant par-tout le goût de la friuolité, fournissant un continuel amusement, érigeant la volupté en art, livrant les objets des passions & les enflammant, rendant la jouissance commune & facile par des invitations régulieres & un cercle journalier d’occupations variées & agréables, une matiere inépuisable de conversations, une source intarissable d’images, de lectures, de pensées, il donne un corps à l’oisiveté, un état à la frivolité, une consistance à la mollesse.
Dans dix mille ans on chantera avec volupté nos Ariettes divines, nos tendre Romances.
On lit la même chose dans la cinquième Loi du Code Théodosien : « Si quelques Chrétiens, dit cette Loi, veulent imiter la folie et l’impiété des Juifs, et suivre l'étourdissement ou l’aveuglement des Infidèles et des Païens, en profanant comme ces peuples charnels les jours destinés au culte de Dieu, par des recréations mondaines ; qu’ils apprennent que le temps qui est consacré aux prières, et à l’oraison, n’est pas un temps de plaisir et de volupté. » « Si qui etiam nunc vel Judæorum impietatis amentia, vel stolidæ Paganitatis errore atque in sania detinentur, aliud esse supplicationum tempus noverint, aliud voluptatum »l. 5.
vous vous privez de vin, & vous vous enivrez de volupté ! […] qu’est-ce qu’un moment de volupté qui passe si vîte, & qui est suivi de si amers repentirs ?
Suites funestes de la volupté, 71. […] Sa fable sur la séduction de la volupté, b, 97 Gérard (l’Abbé). […] Fâcheuses influences de la volupté, 466. […] Volupté (Ode sur la) b, 486. […] Gellert, sur la séduction de la volupté, 497 Wossius (Gerard Jean).
Le second défend l'ivrognerie, les ris immodérés, les contes vains et ridicules, les jeux profanes et séculiers, et tout ce qui peut servir à la volupté mondaine.
C’est donc avec raison que les Chrétiens qui ne tirent leurs louanges que de leurs mœurs et de leur vie, méprisent vos spectacles, vos voluptés et vos pompes, et les fuient comme des corrupteurs agréables.
Comment approuver ces sentiments dont la nature corrompue est si délicieusement et si dangereusement flattée, et qui sont animés d’une musique enchanteresse qui ne respire que la mollesse et la volupté ? […] On se figure aisément tout l’attirail de la vanité et des dangereux appas de ces femmes, semblables à ces sirènes dont parle le prophète Isaïe, qui font leur demeure dans les temples de la volupté. […] Voyez dans nos opulentes cités la jeunesse énervée, flasque, flétrie, fanée, saturée de plaisirs, de volupté, de musique, de spectacles, de danses, de bals et d’autre chose encore : la source des beaux sentiments est tarie, le caractère est dégénéré et le cœur desséché.
Ainsi qu’un mauvais estomac change en poisons les mets les plus salubres, de même, les Spectacles ne sont pour plusieurs qu’une Ecole de persiflage, de fourberie, d’audace, d’indépendance & de volupté. […] C’est donc une erreur, de croire, que les inconvéniens du Spectacle ne soient, absolument, que dans le Drame, dans la pompe du Spectacle, la Musique & les Danses, la dissipation, la volupté qui l’accompagne, puisqu’en elles-mêmes toutes ces choses peuvent être très-innocentes ; ils sont, essenciellement, dans la façon de penser du siècle, que le Drame n’a point donnée, mais qu’il a suivie ; ils sont, accidentellement, dans l’Actricisme, ou la manière de jouer ; dans la personne même des Comédiens & des Comédiennes de profession. […] Sois heureux ; jouis des biens qui te sont prodigués par la Nature ; goûte l’inexprimable volupté d’être homme & le roi de la moitié de la création ; aime tes parens, ton ami, ton concitoyen ; chéris celle dont le chaste sein renferme le plus grand des trésors, des hommes qui te devront le nom de père ; vis avec elle, dans une tendre, une paisible union ; voila les seules bonnes œuvres qui plaisent à l’Éternel, à ce Brama que tu révères.
Il fait exorciser les Démons dans l'Eglise, et loue aux Spectacles les voluptés qu'ils ont introduites. […] « Tu aimerais certainement tes Enfants, si tu les aimais en celui qui te les a donnés, crois-tu les aimer parce que tu favorises leurs damnables voluptés ?
SAINT AMBROISE ARCHEVEQUE DE MILAN, Dans le traité de la suited du siècle Adam n'eût point été chassé du Paradis, s'il n'eût été séduit par la volupté ; c'est pourquoi David, qui avait éprouvé combien les regards sont dangereux, dit avec raison, que l'homme est heureux lors que le nom du Seigneur est toute son espérance, et qu'il n'a nul égard aux vanités et aux folies trompeuses du siècle. […] Si une femme négligemment parée qui passe par hasard dans la place publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop de curiosité ; Ceux qui vont aux Spectacles, non par hasard, mais de propos délibéré, et avec tant d'ardeur, qu'ils abandonnent l'Eglise par un mépris insupportable pour y aller, où ils passent tout le jour à regarder ces femmes infâmes, auront-ils l'impudence de dire qu'ils ne les voient pas pour les désirer, lorsque leurs paroles dissolues et lascives, les voix, et les chants impudiques les portent à la volupté ?
; adorant tantôt le Seigneur, & tantôt l’idole de la volupté ?
, qui habitent les temples de la volupté.
: « Pour bien faire connaître, dit-il, qu’est-ce que le théâtre, et en déclarer l’essence, on peut dire que c’est le temple de Vénus, où la volupté est traitée, estimée, honorée et adorée comme une divinité ; c’est la citadelle ou le fort où toutes sortes d’impuretés se pratiquent avec toute licence et effronterie » : ensuite de quoi il rapporte un exemple d’une femme chrétienne, dans le corps de laquelle le diable entra, pendant qu’elle assistait aux spectacles : car comme on faisait les exorcismes pour chasser cet hôte cruel, le chargeant de malédiction de ce qu’il avait été si cruel, que d’entreprendre sur une personne fidèle, il répondit toujours, ‘Dieu l’a ainsi permis, pour rendre témoignage de l’abomination de ces lieux infâmes, et quand j’en ai ainsi usé, ça a été avec justice, l’ayant trouvée sur ma terre, et dans un lieu où je suis le Seigneur et le maître’.
Henri IV Roi de Castille, la Reine sa femme & toute sa Cour noyée dans la volupté, étoient de vrais personnages de théatre. […] Duc de Bourgogne, dont il fait presque un saint : il dit, la vertu de ce Prince n’excluoit pas en lui la volupté, & l’amour des femmes, qui ne peut jamais être un vice, que quand il conduit à des mauvaises actions . […] Une vertu qui n’exclud pas la volupté, & l’amour des femmes, est-elle une véritable vertu ? […] Ses amours jusqu’à sa vieillesse, son luxe, ses immenses dépenses, cette vie de volupté, qui furent les fruits de l’éducation théatrale, que la mauvaise politique de Mazarin lui donna, la dépravation des mœurs qui innoda la France par le moyen du théatre, par-tout repandu, ne justifient que trop les allarmes de la Religion & de la vertu, qui dans tous les tems l’ont fait proscrire.
L’assemblage des plaisirs les plus séduisans, l’égarement de l’âge le plus foible, l’enthousiasme du goût le plus vif, des passions les plus emportées de l’esprit le plus aveuglé, du cœur le plus susceptible, livre ces infortunées victimes de la volupté à tous les pieges, à toutes les passions, à toutes les horreurs du vice. […] Ce sont deux hommes yvres de volupté ; mais l’un s’enivre tout d’un coup par d’énormes rasades d’eau de vie, l’autre s’enivre à petits coups, en s’égayant. Le vin de l’un est atroce, le vin de l’autre est doux & plaisant ; mais tous deux sont également dans l’yvresse de la volupté. […] D’où il conclud que c’est sur le théatre que la grande Babylone est assise sur son trône ; la coupe empoisonnée de la volupté à la main, où tous ses adorateurs vont s’enivrer.
On ne doit point souffrir, peut-on faire naître dans son cœur la haine, la vengeance, l'orgueil, la volupté ? […] On savoure la volupté sans inquiétude : l'image affecte aussi agréablement que la réalité, et n'est-elle pas la vraie réalité de la sensation ? […] Les plaisirs innocents et modérés ne font que glisser sur des cœurs pétris de volupté ; le goût du péché peut seul leur plaire.
Chacun nous sollicite au peché par des voyes differentes, le diable nous y pousse par la force de ses tentations, la chair nous y attire par l’amorce de la volupté, & le monde nous y engage par le plaisir de ses pompes. […] Ce grand Docteur y raconte que les Stoïciens voulant tourner en ridicules les Epicuriens, & les charger de la haine publique, pour avoir voulu établir le souverain bien de l’homme dans les plaisirs du corps, avoient depeint dans un grand tableau, la volupté assise sur un trône fort élevé, donnant la loy & les ordres à toutes les vertus qui étoient prosternées à ses pieds, comme de viles esclaves toûjours disposées à luy obeïr aveuglement, virtutes famula subjiciuntur, observantes ejus nutum, ut faciant quod illa imperaverit . […] Et voilà comme les vertus, avec toute leur noblesse, leur dignité, & leur gloire, obeïssent comme des esclaves à une fiere & imperieuse servante qui s’est érigée en maîtresse, & qui n’est autre que la volupté, nihil hac pictura ignominiosius , il n’y a rien de plus ignominieux que cette peinture. […] Augustin ne nous auroit-il pas fait le portrait de la comedie, en nous copiant celuy que les Stoïciens avoient faits de la volupté, pour rendre la Philosophie d’Epicure odieuse. […] ; crainte que la Republique qui avoit déja beaucoup perdu de sa vigueur sous le regne de ce Prince voluptueux par les divertissemens du theatre & du cirque, n’acheva de se perdre tout à fait dans la mollesse & dans la volupté.
La magnificence du spectacle, la parure des femmes qui s’y trouvent, la parure des comédiennes, la peinture vive des passions qu’on y représente, nommément celle de l’amour, qui règne dans toutes les pièces, sont autant d’objets dangereux qui laissent dans l’esprit et dans le cœur des spectateurs des sentiments de volupté et des impressions qui les disposent peu à peu d’abord au relâchement, ensuite au libertinage.
La loi dit tit. de feriis au Cod. qu’il n’est point permis de passer le jour de la fête en aucune volupté : et l’Empereur auteur de cette Loi le défend expressément : d’où il apperti que aller et assister aux jeux et spectacles le jour de la fête, est transgresser les lois divines et humaines : ce n’est donc pas un plaisir honnête.
En effet, tout ce que la volupté est capable d’employer d’artifice, est attaché au bal, à la danse, & à la comédie. […] Enfin, il s’y fait comme une générale conspiration de tout ce que la volupté à d’attraits & de charmes pour amolir le cœur de l’homme & pour flatter ses passions. […] En effet, c’est-là que la volupté, l’ambition, la haine donnent tour à tour des leçons de tendresse, de perfidie, de vengeance, qu’elles enseignent à réaliser ce qu’elles ne font que peindre. […] L’amour de Dieu qui doit brûler sur l’autel de notre cœur, & dont chaque Chrétien doit être le Prêtre, comment ne s’éteindroit-il pas dans des lieux où tous les sens sont saisis par l’attrait de la volupté ? […] Mais encore une fois, celui qui s’exprime ainsi est un courtisan élevé dans la grandeur, nourri dans la volupté, accoutumé aux délices.
C’est l’appât qui couvre l’hameçon auquel il est attaché, et l’expérience nous apprend que les hommes ne se perdent que par l’amour de la volupté : « Si« Nemo peccaret, si nihil illicitum delectaret.
Le fameux Législateur Licurgue vouloit que pour disposer de bonne heure au mariage & s’aguerrir contre les traits d’un amour volage & d’une volupté insatiable, les deux sexes depuis l’enfance jusqu’à leur établissement, dansassent, jouassent à la lute ; & fissent ensemble tous leurs exercices : ainsi Mitridate se nourrissoit de poison, pour n’être pas empoisonné : on dit que le sage Socrate menoit le jeune Alcibiade chez l’enchanteresse Aspazie, pour prévenir des plus grands excès ; & nos modernes Socrates à l’exemple de l’ancien philosophe vont, & menent leurs éleves au théâtre, pour les lier avec les nouvelles Aspazies. […] En effet, grace aux leçons da Peintre, Laïs devint la plus fameuse courtisanne de la Grece, elle continua de servir de modele ; les Peintres alloient chez elle copier ses beautés, elle ne refusoit pas à la toile ce qu’elle livroit à la volupté. […] L’imagination n’est que trop dédommagée des sons que l’oreille n’entend pas, par les images qu’on lui trace, & d’autant plus agréablement que le son s’envole, & que le tableau reste, & qu’elle peut continuellement se repaître des objets de la volupté. […] Cet usage subsiste encore ; il est peu d’hôtels & des jardins de Seigneurs, où les ornemens de sculpture & de peinture, dans les allées, les bosquets, les parterres, les cabinets n’en fassent des lieux de volupté, plutôt que des délassemens.
Si l’on souffre , dit-il, la Muse imitative, qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les hommes n’auront plus pour objet ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté. […] Il est possible que des hommes aient le cœur sensible, sans avoir le cœur dtoit, & qu’ils se laissent entraîner à la volupté de la douleur ou du plaisir, sans goût & sans regle : mais cela est absolument étranger à la distinction d’un genre de poésie à l’autre, & à la différence qu’il y a entre une hymne seule, & cette même hymne accompagnée de chants & de chœurs. […] Cette joie n’est bientôt plus que celle de la volupté ; & l’honneur y est en grand danger, malgré la présence de quelques parens & celle du Magistrat, que M. […] Quel doux commerce de sentimens, quelle volupté pure, quelle harmonie divine résulteroient de ces accords mutuels de tendresse !
[NDE] De « ces » à « volupté » en italiques en 1712.
Mais parce que la fin de la comédie est de délecter, et que les pratiques de la vertu ne sont pas celles qui plaisent le plus à notre nature, on les a quittées pour représenter ce qui peut être dans la complaisance des passions, et l’on se propose pour dernière fin, une volupté qui est l’amorce commune de tous les vices ; et d’autant que ces acteurs veulent donner de l’admiration, ils vous font voir des prodiges de méchanceté, des usurpateurs qui s’élèvent dessus les trônes par toutes sortes de crimes, en mettant sous leurs pieds, tous ceux qui ne peuvent servir autrement à leur fortune : des inimitiés éternelles ; des vengeances toujours extrêmes ; la cruauté n’épargne ni l’âge, ni le mérite, ni le sexe ; elle s’étend jusques aux derniers degrés d’une famille, et jusques aux cendres des défunts ; ce ne sont que duels, que guerres, qu’assassinats, où pour donner plus de compassion, l’innocence demeure toujours opprimée.
Amour, vous êtes des mortels la volupté suprême & le plus grand bienfait du Dieu qui nous aime. La rédemption, la grace, la vertu, le paradis sont des bienfaits de Dieu moindres que la volupté du libertinage. […] Les muses, les amours unis pour me séduire, m’enlevent à l’instant dans ce monde enchanté, où tout vante, respire & peint la volupté, Melpomene est plus tendre que terrible ; c’est un plaisir d’ailleurs qu’elle me rende sensible. […] Ces trois acteurs enivrés de volupté, avec les regards, les attitudes, les sentimens de la passion la plus effrénée, forment sous les crayons de l’académicien une scène infame, un vrai tableau d’Arétin, où le vice le plus impudent a tenu le pinceau. […] Enfin on en a fait une pantomime qui en met sous les yeux tous le détails, & une actrice très-propre à jouer la statue, que la volupté extasie & anime tour à tour, réalise la description du poëte philosophe.
Ne pensent les pouvoir bien conduire, s’ils ne courbent leurs âmes, ni tenir la droite voie, s’ils ne gauchissent de fois à autre, prenant pour Règle, l’obliquité ; pour loi, leur fantaisie ; pour guide, les ténèbres ; pour compagnie, la multitude ; pour Exemple, la vanité ; pour but, la volupté. […] puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ? […] cy qui contentât la curiosité, et rassasiât la volupté des spectateurs. […] ee ; « Si, dit-il, après l’Eglise, nous retournons à voir les courses des chevaux, et autres assemblées des Païens ; qu’est-ce autre chose, sinon que le Diable nous surmonte, et possède. » TertullienApolog. cap. 38 ef . « Nous renonçons aussi bien à vos spectacles, qu’à leurs origines, que nous savons être nés de la superstition, nous n’avons rien de commun avec la folie des lices, avec l’impudicité du Théâtre, avec la cruauté du sable, avec la vanité du portique des gladiateurs ; En quoi vous faisons-nous tort, si aimons mieux d’autres voluptés, nous réprouvons les choses qui vous plaisent. […] » Après un long discours, qui repr ésente les maux, qui s’ensuivent, il conclut en ces termes : « Il faut donc fuir les spectacles, non seulement à ce qu ’il n’en demeure quelque vice en nos cœurs, qui doivent être rassis, et paisibles ; mais aussi, que l’accoutumance de quelque volupté, ne nous allèche, et détourne de Dieu, et des bonnes œuvres, etc. » S.
Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] Samson ne fut pas plus heureux ; la courtisanne dont il devînt amoureux, lui arracha le secret de sa force, elle l’endort dans les bras de la volupté, lui coupe les cheveux & le livre aux Philistins.
Qu’y a-t-il de plus délicieux que l’amour de Dieu, la connoissance de la vérité, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort tranquille & sainte, le mépris même de la volupté, les victoires remportées sur soi-même, l’union avec Dieu, & le bonheur de lui obéir & de lui plaire ? […] La magnificence de nos temples, la majesté de nos cérémonies, la régularité de nos offices, la dignité de nos Ministres, la mélodie de nos cantiques, le pathétique de nos sermons, ne valent-ils pas ces bruyans orchestres, ces ridicules pantomimes, ces chants efféminés, ces danses lubriques, ces décorations licencieuses, ces Actrices immodestes, ces accens passionnés, ces attitudes voluptueuses, dont tout le mérite est d’allumer la passion, de nourrir le vice, d’amuser la frivolité, de fournir le modelle au luxe, l’attrait à la volupté, la facilité au crime, la voie à l’endurcissement, le goût de l’irréligion ?
Mais si la superstition a introduit les Spectacles, la volupté les a étrangement rafinés (s’il m’est permis de parler ainsi.) […] Mais l’indocilité des Peuples adonnés à l’amour de ses plaisirs, l’emporta dans l’esprit des Politiques par-dessus l’amour de la vertu ; et ce fut la volupté qui dressa les Théâtres, et non pas le dessein de faire la leçon aux Souverains. […] harmonieux, charmant et subtil, regardez tout cela comme un breuvage de miel dans une coupe empoisonnée ; et considérez qu’il y a plus de péril à se laisser emporter à la volupté, qu’il n’y a de plaisir à s’en rassasier…. […] Adam n’eût point été chassé du Paradis, s’il n’eût été séduit par la volupté ; c’est pourquoi David, qui avait éprouvé combien les regards sont dangereux, dit avec raison que l’homme est heureux lorsque le nom du Seigneur est toute son espérance, et qu’il n’a nul égard aux vanités, et aux folies trompeuses du Siècle. […] elles vont fondre dans un torrent de poix bouillante d’où sortent les violentes ardeurs de ces noires et de ces sales voluptés ; et c’est en ces actions vicieuses que cet amour se convertit et se change par son propre mouvement, lorsqu’il s’écarte et s’éloigne de la pureté céleste.
La fin que se propose le spectateur est la volupté. […] Les tons, les regards, le geste, l’ame que l’Auteur donne à toutes les passions, sont la source de la volupté & du plaisir qui affecte le spectateur ; & la volupté n’est guere analogue aux préceptes de la vie vertueuse. […] Ils ne portent aux yeux, aux oreilles & à l’esprit que l’image & le sentiment de la volupté qu’ils respirent. […] En un mot, tout peint & célebre la volupté. […] Elles sont des leçons de volupté, de folie & d’indécence.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté.
Disconviendra-t-on que ce ne soit sur-tout au Théâtre qu’il y ait une certaine volupté à pleurer ?
Ce sont, dit-il, des gens qui ne servent qu’à flatter et à nourrir les voluptés et la fainéantise ; et à remplir les esprits oiseux de vaines chimères, qui les gâtent, et qui causent dans les cœurs des mouvements déreglés que la sagesse et la religion commandent si fort d’étouffer.
Elles passent de main en main, elles volent des Alpes aux Pyrennées ; elles traversent les mers ; il s’en tire des milliers ; on les regarde à loisir dans son cabinet, on y revient cent fois ; on y passe les heures entieres : on avale à long trait le poison de la volupté : ainsi le peintre, le sculpteur, le graveur qui les travaille, l’auteur qui les insére dans son livre, le libraire qui les débite, le libertin qui les achete, qui s’en repaît, tout se rend coupable. […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Il n’y eut d’abord à Rome que les captifs et les esclaves condamnés à être sur le théâtre les victimes de la volupté publique. […] Après avoir parlé de la parure, de la danse, de la peinture, de la musique, et de tous les aliments de la passion, toujours hérissé de lois et de canons, et émaillé de vers et de contes, il ne pouvait manquer de parler du théâtre, l’aiguillon, et le règne brillant de la volupté, à côté de laquelle ce galant amateur le place au premier rang, avec de grands éloges : place qui n’annonce pas que l’Auteur qui la lui donne, le regarde comme l’école de la vertu.
Bourdaloue pour sçavoir que le cœur de l’homme est foible, que l’exemple séduit, que l’occasion entraîne, que le plaisir empoisonne, que l’oisiveté perd, que la frivolité dissipe, que Dieu est oublié, les devoirs négligés, que les graces, la dévotion, le recueillement, la charité s’évanouissent dans ce labyrinthe de volupté & de malignité ? […] A peine la connoissoient-ils, les arts, le luxe, le rafinement de la volupté, les délicatesses de la poésie, la pompe des décorations, le jeu de la représentation, étoient pour les Visigots & les Vandales, ce qu’ils sont pour les Hurons & les Iroquois. […] Les étincelles d’un feu criminel, qui petillent dans toute la personne d’une actrice ; cette flamme qui s’élance de ses yeux, cette langueur dans ses attitudes, cette vivacité dans ses mouvemens, ce souris qui invite & aplaudit au crime, ce chant harmonieux, qui amollit, cette voix douce qui pénétre, cette gayeté qui rassure, ces paroles tendres, ces sentimens rafinés, ce transport, ces dialogues animés, que sais-je ; c’est l’immodestie, c’est la volupté même qui parle, qui agit, qui appelle, qui s’offre, qui triomphe ; c’est-à-dire, qui empoisonne, qui perd l’homme pour l’éternité.
Le plus habile coloriste, travaillât-il sur vos joues, comme sur une toile tende sur le chevalet, le coloris ne rendra jamais les vraies couleurs, que l’âge, l’artifice, l’infirmité, la volupté ont ternies ; & plus fragiles que celles d’un tableau, qui le conserve les années entieres, ces couleurs seront ternies dans un instant, & laisseront des tristes traces qui vous défigurent, & mettent au grand jour votre ancienne & votre nouvelle laideur. […] Les compagnons d’Ulysse abordent dans l’isle de Cirée, pour prendre des rafraîchissemens, & le livrer à la débauche : la maîtresse qu’on appelle Reine, leur fit, sous l’habit d’une actrice, l’accueil le plus favorable, & leur fait boire une liqueur délicieuse ; mais empoisonnée, (avec des drogues qui portent à l’impureté ;) ils sont changés en bêtes, en loups, en pourceaux, en lions, en ours, & enfermés dans une étable, d’où ils ne peuvent plus sortir ; où on les nourrit de glandes images des effets de la volupté qui transforme les hommes en bêtes, & selon leurs caractères divers, les rend immondes comme des pourceaux, voraces comme des loups, furieux comme des lions, & les reduit à la derniere misere, il faloit que le Divin Homere aimât la table ; dans ce qui précéde leur changement en ce qui suit leur retour, qui occupe trois ou quatre pages, il est parlé vingt fois de bonne chere ; ils ne font que boire & manger, & U’ysse comme les autres. […] Ce n’est pas par la volupté que les libertins sont changés en bêtes, ce qui seroit une leçon de morale ; c’est par la vengeance de Circé, leur rétablissement n’est pas un retour à la vertu, ils ne font que se plonger dans le vice ; le théatre offre par-tout de débauches & des extravagances.
Augustin, un mari raisonnable, c’est un esclave de la volupté : Non amator conjugii, sed libidinis servus. […] Il place dans les palais somptueux, dans les lieux destinés à la volupté (l’opéra, le théatre, par exemple) des monstres qu’il appelle Syrènes, & les animaux velus qui dansent, pisori saltabunt, & les chouettes qui chantent de concert, ululæ respondebant, ce que Vatable entend des Faunes & des Satyres, & d’autres des singes, des boucs, des chats sauvages, &c. […] Les artifices du démon sont bien représentés par les renards, le feu de la volupté par les flambeaux allumés, l’étendue du mal par le ravage immense de toute la moisson qui fut consumée, qui annonce le feu éternel.
Voyez la volupté assise sur un lit de gazon, couronnée de roses, environnée des amours & des graces, présenter la coupe empoisonnée. […] De jeunes gens qui prennent tous les jours de pareilles leçons, fussent-ils les plus vertueux, peuvent-ils ne pas être bien-tôt affoiblis, avilis, enivrés par les charmes de la volupté ? […] Voilà les citoyens que forme la volupté dans les romans, des furieux, des libertins, des séducteurs, qui détruisent la religion & les mœurs.
Doux saisissement qui se change enfin en une source pure de volupté.
C’est l’amour profane que l’on adore, à qui l’on attire des adorateurs en ce Temple funeste de la volupté : combien de victimes sont immolées sur ses autels, à chaque représentation ?
Jean Chrysostome1, qu’on est le plus éloigné de tout ce qui peut blesser la pudeur, il en coûte tant pour se conserver dans la pureté que Dieu exige de nous, de quel naufrage n’est-on pas menacé lorsqu’on s’expose sur la mer orageuse du Théâtre, & qu’on ajoute à l’inclination naturelle, l’art & l’étude de la volupté ?
Ils apprenoient à respecter le lien conjugal, à ne pas faire un badinage, un mérite, un affaisonnement de volupté de l’infidélité du mari & des femmes, dare jura maritis, à ne point profaner les choses saintes, à ne pas se jouer de la Religion & de ses Ministres, à préferer le bien public à l’intérêt particulier, publica privatis scernere sacra prophanis .
Et pour cette cause étant réprouvé de Dieu, souverain plaisir, il a été fait malheureux, quels il tâche faire tous ceux qui se laissent abuser par ses maudites suggestions ès plaisirs mondains et charnels toujours dangereux, mais principalement pernicieux, les jours des fêtes, quand la délectation de l’âme avec Dieu son époux, doit prévaloir les voluptés corporelles cessantes, le corps et l’esprit ne pouvant aisément se réjouir ensemble.
Eusèbe écrit que Constantin a fait beaucoup d’ordonnances touchant la piété avec laquelle les fidèles doivent célébrer le jour du Dimanche, et les Fêtes des Saints Martyrs, et qu’il a commandé qu’on quittât toutes les occupations extérieures et mondaines ; afin qu’on pût dans cette liberté, et dans ce repos fréquenter les Eglises, et prier avec plus d’assiduité et de ferveur ; et nous rapporterons encore plus bas plusieurs autres ordonnances des Empereurs sur ce sujet ; par lesquelles il paraît évidemment qu’il n’y a rien de si contraire aux lois divines et humaines, et à la raison même, que d’employer à la volupté, et au plaisir, des jours qui sont consacrés au culte de Dieu, et institués pour ne vaquer qu’aux choses divines.
Ce qui est invinciblement confirmé par les lois des Empereurs que nous avons encore citées, dans lesquelles ces Princes zélés pour la gloire de Dieu, défendent comme un crime, de s’adonner les jours des Fêtes aux exercices qui servent à la volupté et au plaisir, par la considération de cette même obligation que les Chrétiens ont de s’appliquer uniquement au culte de Dieu, et de travailler à leur propre sanctification.
Le saint abbé Nilus, qui vivait dans le cinquième siècle, dit aussi26 qu’une personne zélée pour sa sanctification, et craignant les blessures de l’âme, était obligée de s’interdire les spectacles publics, où la volupté siégeait comme sur son trône.
On ne seroit pas surpris de voir à Catherine des mœurs dépravées ; le vice étoit héréditaire chez les Medicis, elle n’avoit vu que des objets & des exemples d’incontinence, sa famille étoit toujours farcie d’enfans naturels, dont plusieurs furent élevés aux premieres dignités, Les femmes n’étoient point en sûreté à Florence pendant la vie de son pere, ses palais étoient pleins de tableaux & de statues obscenes, on n’y respiroit que la volupté, la vie s’y passoit en fêtes & en comédie, c’étoient de vrais théatres ; on ne pouvoit plaire à cette Cour qu’en favorisant ce goût. […] Aucun des Medicis n’a été savant ni n’a eu du goût pour les sciences, & n’a cessé, pour tout cet appareil de littérature & de beaux arts, de se plonger dans la volupté. […] Il est ordinaire dans les Cours de tenter la vertu des Princes, & d’abuser de leur foiblesse par le poison de la volupté. […] Ainsi cette Italienne Francisée, qui n’étoit ni Françoise ni Italienne de cœur, bâtissoit d’une main, & détruisoit de l’autre, ou plutôt détruisoit de toutes mains pour regner seule ; ne formoit le théatre, n’entretenoit des Actrices, que pour cimenter son trône par la volupté.
Tertullien parlait de la Comédie elle-même quand il demandait aux Chrétiens, par dérision, « si c’est en respirant par tous leurs sens les attraits de la volupté, qu’ils font l’apprentissage du martyre20 ? […] Nous avons vu que Platon et les sages législateurs du paganisme rejetaient loin de toute république bien policée les fables et les instruments de musique qui pouvaient amollir une nation par le goût de la volupté. […] Et quel sera même l’effet de ces deux pièces admirables de Racine, toutes les fois qu’elles se trouveront comme dénaturées par des acteurs qui sont habituellement les organes de la volupté ?
Nous l’avons cité ailleurs, en voici un trait singulier : Les Magistrats violent jusqu’à la bienséance du vice, (cette expression n’est pas juste, ce grand homme a voulu dire la bienséance que le vice même n’ose violet ;) on en voit qui seduits par les conseils d’une aveugle jeunesse, ne connoissent que le théatre, d’autre morale que les frivoles maximes du parterre, d’autre étude que celle d’une Musique effeminée, d’autre occupation que le jeu, d’autre bonheur que la volupté. […] L’homme ne peut supporter qu’une certaine mesure, même de volupté, proportionnée à sa foiblesse, à son âge, à son temperamment. […] L’homme doit combattre ses passions, & non se faire un criminel divertissement de les exciter, une volupté de les sentir ; la Loi lui défend de s’y complaire ; à plus forte raison des passions, extrêmes, affreuses, inhumaines ; mais le théatre ne vit que de vice, & tout vice lui est bon : c’est chez lui un mérite, une gloire, un talent de l’inventer, le multiplier & le repandre.
Procope Couteaux, d’abord Ecclésiastique, fut ensuite Médecin ; il n’eut l’esprit & la science, ni ne remplit les devoirs de l’un ni de l’autre ; mais il aima le théatre & composa des Comédies, & ne fut qu’un libertin qui passa une longue vie dans sa volupté, & de-là au jugement de Dieu auprès de qui le théatre ne prépare point des couronnes éternelles. […] C’est son portrait fait par lui-même, où l’on voit qu’il a passé sa jeunesse dans des désordres de toute espece ; qu’il se menage dans sa vieillesse, parce que ses organes blasés se refusent à ses transports ; qu’en vieux pécheur toujours Epicurien, n’aimant que la volupté, porte dans le tombeau, comme dit le Prophete, tous les vices de son jeune âge qui ont infecté toute sa vie. […] Nectar qu’on avale à longs traits, Beaume que répand la nature Sur les maux qu’elle nous a fait, Maîtresse aimable d’Epicure, Volupté viens à mon secour.
Il est pourtant vrai que cette différence ne consiste que du plus au moins : même pièce, même rôle, mêmes habits, même chant, même danse, mêmes décorations, même spectacle, c'est toujours l'esquisse du tableau, l'essai de la représentation, l'imitation de la réalité, le commencement de l'orage, le prélude de l'acte, le germe de la volupté, l'ébauche de la passion. […] Qu'il cesse de parer de tous ses charmes la volupté, et d'en faire goûter la corruption, il perdra tous ses protecteurs, et deviendra un tyrannicide.
Premièrement, le jugement de ce philosophe, si cher à ces esprits dissous dans la volupté, me paroît ici un peu suspect.
La comédie doit être un tableau de la vie humaine, un exemple pour la conduite des mœurs, un image de la vérité ; je vois cependant qu’elle ne représente aujourd’hui que des extravagances, qu’elle propose & autorise de mauvaises actions, & qu’elle est presque toujours l’image d’une sale volupté.
Le Fils de Dieu s’est assez ouvertement declaré contre les jeux, & les danses dans le Miracle, dont il est parlé dans l’Evangile, en resuscitant la fille du Prince de la Synagogue ; Miracle, qu’il ne voûlut pas operer tandis que les danseurs, & les joueurs d’instrumens seroient dans la maison ; c’est pourquoi il les fit chasser avant que d’y entrer… Saint Jerome parlant des Danseurs, dit, que c’est le demon qui danse dans leurs personnes, & qu’il se sert de ses laches Ministres pour seduir, & tromper les hommes… En effet tout ce que la volupté, est capable d’employer d’artifice est attaché au bal, à la danse, & à la comedie.
Oudin y étoit assis sur un trône d’or fort élevé, d’où il voyoit & gouvernoit tout le monde, & récompensoit les Héros par les plus délicieuses voluptés. […] Pour le Théatre, il ne faut pas demander s’il y est connu, le regne de la volupté lui assure la plus haute considération & la fréquentation la plus assidue. […] C’est là que le cœur enchanté Du spectacle nouveau que le François admire S’émeut, éprouve ce délire Qui fait naître la volupté.
La scène représente les hommes agissant volontairement ou par force, estimant leurs actions bonnes ou mauvaises, selon le bien ou le mal qu’ils pensent leur en revenir, & diversement affectés, à cause d’elles, de douleur ou de volupté. […] Mais songez toujours que les Hymnes en l’honneur des Dieux, & les louanges des grands hommes, sont la seule espèce de Poësie qu’il faut admettre dans la République ; & que, si l’on y souffre une fois cette Muse imitative qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les actions des hommes n’auront plus pour objet, ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté : les passions excitées domineront au lieu de la raison.
Saint Jerôme parlant des danseurs, dit que « c’est le démon qui danse dans leurs personnes, et qu’il se sert de ces lâches ministres pour seduire et tromper les hommes. » « His tripudiis diabolus saltat, his dæmonum ministris homines decipiuntur. » En effet tout ce que la volupté impudique est capable d’employer d’artifice, est attaché au bal, à la danse et à la comédie.
Permet aux Comédiennes de quitter le Théâtre, 136 Juvénal désapprouve les Spectacles, 75. 140 L Lactance s’élève contre la volupté des yeux, 155 Langue Provençale, on se piquait de la parler dans toutes les Cours de l’Europe, depuis le dixième siècle, 204 S.
Se livre-t-on à la volupté, sans s'exposer aux fureurs de la jalousie, aux dégoûts de l'inconstance, au dérangement de la fortune, à l'altération de la santé ? […] Au lieu de la nourriture de la vérité, et de la vertu même humaine, on ne se repaît que de chimères, de frivolité, de fables, de passions, de volupté.
Voici un jolie portrait de la prètendue décence la comédie : Une nymphe au souris malin tenant un masque dans la main, ses yeux respirent l’enjouement, l’esprit, la fine raillerie ; une légere draperie qui couvroit son buste charmant, en dessinoit correctement les contours & la symmétrie ; c’est-à-dire, les attraits les plus séduisans de la volupté. […] Avec bien plus de charme & plus de volupté, Pandore l’avouoit cette essence invisible. […] Il n’a que trop raison de le dire ; la volupté amollit, effémine, change si bien les hommes qu’elle en fait des femmes.
Il vouloit qu’on se conformât à la sagesse des Egyptiens, qui exigeoient que le Poëte & le Musicien ne pussent jamais inspirer la volupté ; mais qu’ils s’accommodassent au but & à l’esprit des sages Législateurs. […] La volupté étoit presque le seul arbitre qu’on consulta sur l’usage qu’on devoit faire de l’une & de l’autre ; & le Théatre devint une école de toutes sortes de vices, d’autant plus dangereuse qu’en perfectionnant l’imitation, l’on s’étoit mis en état d’y peindre ces mêmes vices des couleurs les plus vives & les plus capables de porter la contagion dans les cœurs. […] Elles se sont approchées des Romans Grecs du moyen âge, où l’on trouve les descriptions les plus propres à inspirer la volupté de l’amour vicieux. […] On verra qu’elles tendent toutes plus ou moins à favoriser l’empire de la volupté, & que les défenseurs des Théatres doivent succomber sous les armes de la raison & de la Religion.
C’est nous disent-ils, c’est du Théâtre que la volupté assiége tous les sens du corps & toutes les facultés de l’ame.
C’est, nous disent-ils, c’est du Théâtre que la volupté assiége tous les sens du corps & toutes les facultés de l’ame.
Que dirai-je de ces artifices étudiés d’un déclamateur d’autant plus propre à porter dans les cœurs le trait de la volupté, qu’il fait mieux s’en feindre blessé ? […] Allez à présent, sur-tout, allez dans vos sociétés particulieres les donner devant vous, & pour peut-être vous donner vous-mêmes devant eux en spectacle : amusement nouveau, nouvel artifice mis à la mode dans notre siecle ; sans doute pour arracher tout-à-fait un reste de répugnance qu’on avoit jusqu’à présent conservé pour le théâtre & ses acteurs ; mais sur-tout, infaillible moyen de rendre la séduction plus certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions, dans lesquelles on est obligé de mieux entrer pour les représenter soi-même ; en donnant plus de liberté & de hardiesse à parler le langage de la volupté ; en mettant dans l’occasion la plus prochaine d’inspirer & de prendre des sentiments, mieux réglés peut-être dans leur objet, mais aussi déréglés dans leur principe ; & communément plus dangereux encore dans leurs suites : désordre contre lequel nous ne voyons pas que se soient élevés les saints Docteurs, sans doute parce que les Chrétiens de leur siecle en étoient incapables ; mais désordre que nous avons la douleur de voir déploré par des sages du Paganisme, comme le présage le plus certain de le prochaine & de l’entiere décadence des bonnes mœurs.
Couleur que la volupté, & la fureur ne manquent jamais de produire ; sur quoi Benoît Sinibalde, fameux Médecin, qui traite cette matiere, fait une réflexion judicieuse : les femmes qui se fardent connoissent mal leurs intérêts, & ménagent peu leur réputation, en se chargeant des livrées du vice ; elles détruisent aussi l’aimable rougeur de la modestie, qui leur feroit bien plus d’honneur ; en effaçant par des couleurs étrangeres, qui n’annoncent que l’impudence, elles se rendent méprisables même à leurs amans, dit l’Ecriture : Pinxisti stibio oculos tuos, & ornata es monili aureo frustra component contempserunt te amatores tui. […] L’ambition pourtant le lui fit préférer : elle l’emporte chez les femmes, sur l’envie de plaire, ou plutôt l’envie de plaire est une sorte d’ambition, qui, pour elle est l’échelle de la fortune, aussi-bien que la carriere de la volupté.
A la cour, où d’agréables farceurs jouent tous les personnages qu’ils croyent propres à faire leur fortune, la beauté avec ses charmes, la politique avec ses intrigues, l’orgueil avec son luxe, la comédie avec ses traits efféminés, l’hypocrisie avec ses dissimulations, la volupté avec se délicieux repas, le bal & le spectacle avec leur mélange des deux sexes, hélas ! […] Le divertissement de la comédie sert de fourrier à la débauche, de mains à la volupté, d’allumette au péché, de scandale à la vertu.
Les Romains, par des loix expresses, sans distinguer les pieces indécentes de celles qu’on dit châtiées, condamnoient généralement tous les Comédiens à l’infamie, & cependant non-seulement ils y assistoient, mais comme s’ils eussent conspiré contre la pudeur de leurs femmes & de leurs filles, ils leur laissoient la liberté de venir à ces pernicieuses écoles prendre des leçons de volupté de ces maîtres scandaleux, qu’ils avoient authentiquement chargés & déclarés dignes du mépris public. […] Ces vers de Prudence ont été heureusement traduits par M. le Franc dans son voyage de Provence, & appliqués aux arênes de Nîmes : C’est dans ce même lieu qu’une jeune beauté Qui ne respire ailleurs qu’amour & volupté, Par le geste fatal d’une main renversée Déclaroit sans pitié sa barbare pensée, Et conduisoit de l’œil le poignard suspendu Dans le sein d’un Athlète à ses pieds étendu.
si lorsqu’ils se séparent, qu’ils se rapprochens, que leurs mains s’entrelacent, que leurs bouches sont près l’une de l’autre, ils n’expriment sur leurs visages, ni le desir, ni le refus, ni l’espoir, ni le chagrin, ni la volupté ». […] Vous savez, Monsieur, sur quoi roule le sujet de toutes ces pièces, le jeu répond au sujet ; la volupté, pour mieux séduire, met ses conseils dans la bouche de l’innocence ; et de peur que les leçons qui se débitent sur la scène ne soient perdues, il arrive de tous les quartiers de la ville, d’amples recrues de filles qui se répandent dans l’amphithéâtre, dans les loges, dans l’orchestre ; et font ensorte de se partager les spectateurs.
Toute leur vie se passe à la toilette, dans les intrigues et les parties de plaisir ; leurs discours, leurs parures, leurs regards, leurs attitudes, tout ne parle que volupté. […] Les Comédiens, dit Turecrematal, sont des oiseaux de proie qui se jettent sur ceux que les passions livrent à leurs ongles crochus, pour les plumer et les dévorer, ou des chasseurs qui par la glu et l’hameçon de la volupté, les filets de la représentation, prennent les stupides oiseaux qui viennent à eux : « Sicut milvi volant ad rapiendum, Histriones insidiantur, ut possint rapere. » On y applique ce que dit le Sage ; une Actrice est un gouffre qui engloutit tout : « Puteus profundus os alienæ. » Qu’on leur donne tout au plus par charité, s’ils sont véritablement pauvres ; l’humanité regarde son semblable dans chaque homme, et la religion y respecte l’image de Dieu, quelque défigurée qu’elle soit par le vice.
L’on sent bien que, quelles que soient les mœurs d’un Petit-maître & ceux de la Coquette qui le subjugue, ils ne trouveraient pas grand plaisir l’un & l’autre, à répéter des couplets indécens, mais pourtant mille fois au-dessous du libre de leurs conversations particulières & de leurs Billets-doux : c’est du tendre qui les charmera : ils se passioneront en le chantant : c’est un sentiment inéprouvé ; c’est du neuf pour eux ; ils en sont enchantés : sans rien sentir, ils soupirent, & par des mouvemens passionés, ils mentent, avec une volupté qu’eux seuls peuvent apprécier, le sentiment qu’ils ne connaissent pas.
dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté.
Le démon se rendra bientôt maître du corps, de la place, après que vous lui aurez laissé prendre les dehors ; et que lui importe dans le fond par où il se rende maître de votre cœur, je veux que ce ne soit pas par la volupté, n'y a-t-il que cette seule passion qui soit excitée au théâtre, celles d’ambition et de vengeance ne le sont-elles pas également, il lui est assez indifférent que vous soyez voluptueux, vindicatif ou superbe, pourvu que vous deveniez sa conquête.
Lisez les premières vous y trouverez des leçons de volupté et de débauche ; parcourez les secondes, vous y verrez le vice flétri et la vertu exaltée.
Les douceurs d’une inclination, les agrémens d’un commerce sûr, les délices que procure la société d’une femme rendre, honnête, délicate & ingénue ; intérêt qu’elle inspire, le charme qu’elle répand sur tout ce qui l’environne, la décence de son extérieur, le goût & la propreté de sa mise, l’enjouement de sa conversation, la solidité de sa façon de penser, le feu pour de ses caresses, l’innocente & douce volupté qui la conduit & la fixe dans nos bras ; toutes ces délices, que l’honnête homme seul peut goûter avec une épouse chérie, paraissent tristes & maussades aux coureurs des Boulevards ; quand la source des plaisirs est dans le cœur, elle ne tarit point. […] Cette soif dévorante de sales voluptés, engendre encore la dureté du caractere : elle paraît en mille occasions ; en effet, on ne saurait filer des intrigues avec les onze mille filles de la Capitale, sans éprouver des revers, des infidélités, des pertes ; de-là, ces dépits, ces humeurs sombres, ces bizarreries, ces boutades qui nous rendent d’un commerce dur, insupportables aux autres, & souvent à nous-mêmes. […] Pour s’avancer dans ce monde, pour amasser du bien, il faut joindre à un esprit actif & entreprenant, un caractere ferme & laborieux, un cœur insensible à toute espece de séduction, incapable de se laisser amollir par la volupté. […] Cet appétit insatiable, & cette soif inextinguible de la volupté, doivent causer à la fin, comme l’observe, M. […] On veut deviner, on étudie, on s’applique, on trouve le véritable sens ; la polissonnerie qui chatouille l’oreille, éveille l’esprit, gagne le cœur ; on veut toujours mettre en pratique ce qui plaît & séduit ; la volupté fascine les yeux, obscurcit le jugement, absorbe toutes les facultés, dévore l’individu dont elle s’empare ; que devient-il ?
Malebranche, ont sçû nous faire trouver de la volupté jusque dans la douleur. […] Cette réflexion est une nouvelle preuve de ce que je disois il n’y a pas long-temps, que l’homme a souvent des goûts contraires qui ont chacun leur genre de volupté, & que l’adresse du Poëte consiste à les satisfaire tous également. […] Mais il faut une certaine force d’esprit, & encore plus de persévérance dans une application pénible, pour sentir cette espece de volupté purement spirituelle que les premiers cachent aux yeux du vulgaire.
C’est ce que l’éloquence nous enseigne ; elle veut qu’on ne remue l’ame qu’afin de la faire agir pour le plus grand bien ; au lieu que l’art du Théatre ne remue l’ame que pour lui faire goûter les sensations de la volupté. […] Fuyez les Spectacles, c’est-à-dire, ces représentations passionnées où la poésie, la musique & la danse sont employées à former tout le train de la volupté ». […] Mais ces deux Pieces se trouvent comme dénaturées, lorsqu’elles sont représentées par des Acteurs qui sont habituellement les organes de la volupté. […] Chaque siecle a eu sa maniere de couvrir les idées propres à flatter la volupté. […] Mais est-il facile de détromper des gens qui, à force de s’être figuré que ce qui flatte leur goût pour la volupté est permis, s’en sont fait une espece de conviction ?
Ambroise assure que la danse est la compagne de la volupté & de l’impudicité : Deliciarum comes atque luxuriæ.
Qu’on compare ces hommes, d’un côté un Roi dans son camp, vêtu en soldat, buvant de l’eau, couchant sur la terre, ne regardant point de femmes, travaillant sans cesse ; & de l’autre, deux Rois plongés dans la volupté, nuit & jour à table, toujours dans l’ivresse ; & qu’on juge de quel côté doit être la victoire.
Souffrés, mes Freres, que je finisse mon Discours par ces paroles : au sortir de ce Temple vous allés rentrer dans le monde figuré par l’infidelle Babilone : vous y allés voir ces Dieux d’or & d’argent, postés dans les places publiques, devant qui presque tout le monde est prêt de fléchir le genoüil : vous y allés trouver les Idoles vivantes de luxe & de vanité, ces hommes & ces femmes revêtus d’habits riches & pretieux qui brillent par la pompe de leur train, & la magnificence de leur équipage, devant qui tout le monde rampe & se prosterne : vous y allés trouver ces marques d’orgueil dont tous les riches & les grands se parent ; pour inspirer du respect & de la crainte aux petits : ces plaisirs que tout le monde se permet, ces richesses que tout le monde adore, ces voluptés aprés lesquelles tout le monde soupire, ces honneurs & ces dignités que tout le monde brigue, ces usages que tout le monde embrasse ; prenés bien garde de vous laisser entraîner à ces exemples de mondains : ne vous laissés par aller au torrent de la multitude ; & si vous voulés être du petit nombre de ces Israëlites fidelles, dites comme eux dans vôtre cœur : oüi, mon Dieu, il n’y a que vous qu’il faille adorer, te oportet adorari Domine .
Jerôme à une veuve, c’est bien à vous qui avez enséveli tous vos plaisirs dans le tombeau de votre époux, qui par vos larmes avez effacé les couleurs de votre visage, qui par votre deuil renoncez aux modes du siècle ; c’est bien à vous à le disputer à la jeunesse & nourrir la volupté ; à poursuivre des conquêtes, à partager votre vêtement entre les couleurs sombres du veuvage & les grâces riantes de la parure, vous aspirez sans doute à de secondes nôces, ou ce qui est encore plus triste à des crimes ; est-il si difficile & si rare de trouver la coquetterie sous le voile, de faire passer la passion à travers le crêpe, & de relever les attraits par le noir ? […] Vous courez au tombeau, vous y êtes, & au lieu de vous préparer à l’arrêt qui vous y condamne, vous nourrissez, vous souffrez, vous exhaltez dans les autres la volupté qui vous a perdu !
On n’ose découvrir ses propres sentimens ; on n’ose montrer ses plaies, mais on affecte une indifférence extrême ; on cherche divers prétextes pour s’éloigner de ce qui est permis ; on prête une oreille attentive à la voix de la volupté qui semble encore se faire entendre ».
Il semble qu'Isaïe ait voulu faire une peinture prophétique des théâtres : On verra, dit-il, dans les temples de la volupté danser les Faunes et les Satyres, on y entendra chanter les Sirènes : « Pilosi saltabunt, et Syrenes cantabunt in delubris voluptatis.
On y fait l’appologie de la poligamie, & l’analyse de la volupté, &c. […] sur la Tragédie ; de voir, de juger, de sentir, de jouir ; l’un satisfait la curiosité, le désir d’apprendre : l’autre la vanité de prononcer souverainement : le troisieme, l’épreuve des sentimens agréables de toute espece : le quatrieme, la volupté par des regards, des pensées, des goûts.
Le grand principe de nos jours est d’éloigner les enfans du vice en le leur rendant familier, & en inspirant le goût de la volupté, en guerir la passion ; & nos sages y applaudissent. […] Il n’est pas inutile de reveiller les idées d’une volupté vraie, qui naît de la nature, se developpe par l’estime, se nourrit dans l’ame, la concentre, & ne l’isole que pour la faire jouir avec plus de recueillement & de vivacité.
Décent & voluptueux sont deux idées incompatibles, puisque ce qui porte à la volupté dans la parure d’une femme est par là même indécent ; mais le théatre concilie aisément ces deux idées. […] Rien n’est plus monotone que la volupté ; ce n’est que la répétition de la même sensation & du même objet.
Il faut pour cela un philosophe aimable, dont on célébroit le luth harmonieux, les riants écrits, le paisible abandon, qui cultiva la vertu au sein des voluptés . […] Il se consola dans les bras de la volupté de la perte de son honneur & de sa fortune, se retira dans une maison du fauxbourg Saint-Germain, où il passa en épicurien le reste de sa vie avec une chanteuse des rues, qu’il établit maîtresse de son cœur & de sa maison, & ne s’occupa qu’à rafiner sur les plaisirs.
Le Nouveau Spectateur, parlant du plaisir de la Danse & des mauvais effess qu’elle produit remarque d’après Juvenal, que Batille représentant l’amour de Leda, inspiroit aux dames romaines tant de volupté, qu’elle passoit les bornes de la bienséance. […] Ne dit-on pas tous les jours, croyant faire leur éloge, la volupté naît sous leurs pas, c’est-à-dire, le crime ?
La rivalité de ses applaudissemens est bien different du crédit arbitraire dont l’objet, est l’envie, la haine, la médisance y répandent leur fiel, & cette fête innocente, édifiante, est bien différente des Fêtes des Ballets, du théatre où la volupté, la licence des mœurs les défigurent & dirigent les pas, & singulierement des Fêtes de Favard & de Pesé, qui, dans leurs parodies de la Rosiere de Salenci sur l’Opera bouffon, péchent contre les regles & le costume aussi bien que contre les bonnes meurs.
Un homme à la Cour, investi de grandeur & de luxe, ne pense que magnificence ; un homme nourri de volupté, dans une société licentieuse, ne pense qu’impureté.
Quarto, ils mêlent le plus souvent des farces et autres jeux impudiques, lascifs ou dérisoires, qu’ils jouent en la fin ou au commencement, pour attirer le commun peuple à y retourner, qui ne demande que telles voluptés et folies, qui sont choses défendues par tous les saints conciles de l’église de mêler farces et comédies dérisoires avec les mystères ecclésiastiques, ainsi qu’il est traité par tous les docteurs in capitulo ‘Cum decorem’, ‘De vita et honestate Clericorum’, et per hoc in summo eodem titulo distinctio ex quibus usis ; Item ‘ludi theatrales’ ae.
Le Chrétien exorcise impudemment les diables en l’Eglise, puisqu’il loue leurs voluptés ès Spectacles : et vu qu’il a une fois renoncé au diable, et qu’au baptême tout le droit qu’il y avait, a été retranché : à la vérité puisqu’après Jésus-Christ il va au diable au Spectacle, il renonce à Jésus-Christ, comme il avait fait au diable.
Plus d’une grisette sans doute en quittant le théâtre du Palais-Royal aura envié le sort de Frétillon, et soupiré après le moment où elle pourra aussi s’élancer dans une vie de volupté.
Il avoit loué près d’Orleans une habitation enchantée, où il passoit des jours heureux, dans les bras de la philosophie, des muses & de la volupté. […] Que la volupté rend foibles !
On peut en croire encore un homme qui n’étoit ennemi ni de la Poësie, ni de la Musique, ni de la Volupté. […] Le grand objet d’un Spectacle où la Volupté attaque tous les sens, est de troubler cette œconomie.
C’est un grand trait d’imprudence, pour avoir un peu, perdre beaucoup ; et pour une récréation extérieure, perdre les intérieures ; pour un plaisir d’une heure, se mettre en danger de perdre les éternels, et d’encourir une cuisante peine ou au purgatoire, ou en l’enfer ; à l’un desquels infailliblement vous seriez condamnée, si sans avoir loisir de vous reconnaître, la mort vous trouvait en telle récréation, comme il peut arriver : Saint Cyprien a dit, « Que la plus grande volupté est d’avoir surmonté, et quitté la volupté » :59 aussi je vous dis, que la plus belle récréation est, d’avoir quitté telles récréations, on dit que l’herbe Sardonique fait mourir en riant ; les plaisirs pris en telles assemblées, vous chatouillent, et vous font rire, mais en riant ils vous tuent.
L’idolatrie, comme i’ay déja dit, est la mere de tous ces ieux : mais n’osant se declarer ouuertement aux pauures Chrestiens, elle a recours aux artifices pour les y attirer, & surprendre insensiblement, auec les doux charmes de la volupté, leurs yeux & leurs oreilles.
Que l’on s’est accoutumé à regarder tous les gens de Lettres en général comme des Artisans de volupté, & une sorte de Bâteleurs, pardonnez cette expression, uniquement faite pour amuser des hommes désœuvrés.
La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées.
quel amer assaisonement de la volupté, de la joie & de la crainte !