La France doit cherir en lui l’homme de génie, qui le premier a combattu sur la scéne, les vices, les ridicules & le faux bel esprit, & qui a été le premier Législateur de la société & du goût ; si les personnes les plus considérables, si les amateurs des lettres & des arts se réunissoient pour faire achever ce monument, à la gloire de Moliere, cet exemple seroit peut-être suivi en faveur des grands hommes qui ont illustré la scéne. […] Qui peut entendre appeller legislateur de la société & du goût , celui qui a été le corrupteur de l’un & de l’autre, en tendant la société libertine, & le goût frivole ? […] & d’être informé d’un pas de trois, dansé à Vienne, d’une ariette chantée à Berlin, d’une décoration de Madrid, & c. il en est ainsi des établissemens dramatiques, il s’en fait de tous côtés ; en France, théatres publics, théatres de société, salles de spectacles, coliesées, vauxhal, académie de danse, académie de musique, salles de Bal, manufactures de fard, troupes d’acteurs, lottereis d’amateurs, sociétés d’actionnaires, imprimeurs, colporteurs, libraire de comédie, peinture, décoration, & c. enfin, il vient de se former, ce qu’on n’avoit jamais vu encore, une académie de Pactes-comiques, dont l’unique étude, l’unique emploi est d’examiner & de composer des comédies ; ils s’assemblent chaque semaine pour cet unique objet ; ils ont avoir des lettres-patentes, tous les Parlemens les attendent avec impatience, pour les enrégistrer avec honneur, la souscription est ouverte pour établir des couronnes en faveur de la meilleure piéce, & tous les papiers publics sont gagés pour l’annoncer.
Voilà sans doute de grands changements ; mais vous ne faites pas attention qu’il n’est question là que de quelques ridicules qui intéressent peu la société, & non de la correction des vices, dont le théâtre est plutôt l’aliment que le remede. […] Les inconséquences sont l’apanage de l’homme ; elles sont communes dans la société humaine.
Parmi ces désordres il met la tolérance du théatre, comme l’un des plus grands maux de la société. […] Entendroient-ils même ce qu’on leur diroit des plaisirs purs & innocens que goûtent les ames pieuses, des couronnes qu’elles se préparent, de leur société avec les Anges, de l’honneur même qu’elles se font sur la terre, de la liberté qui les fait par-tout marcher avec assurance, & de la juste confiance que leur donnent tant de titres sur l’éternité ?
Solon s’étant rendu à un spectacle par complaisance, pour tout applaudissement frappe la terre avec son bâton, en s’écriant avec indignation : si vous approuvez ces propos libres & indécens, cet air évaporé sur vos théatres ; vos Comédiens donneront le ton, on commencera par les contrefaire, & on finira par les imiter ; & bien-tôt la société ne sera plus qu’un amas de Comédiens. […] Les Comédiens, dit Tite-Live, liv. 39, ayant été appellés dans les premieres sociétés de Rome, perdirent les mœurs. […] Depuis long temps il épuise nos provinces, amollit la nation, & fait oublier les premiers devoirs de la société.
Il alloit avec fureur aux combats des gladiateurs & des bêtes, où l’on se tuoit ; il s’amuse de la vûe des supplices, des événemens tragiques, des batteries, des querelles, des injures de la populace ; il se repaît avec volupté de la satyre, de la médisance, des railleries où l’on déchire la réputation, &c. ce qui fait un des plus grands plaisirs & un des plus grands désordres du théatre, puisque rien n’est plus opposé à la religion, à la vertu, au bien de la société, que d’entretenir dans l’homme cette passion meurtriere. […] C’est une cruauté : on prive par là de toute la douceut de la société, souvent de la fortune, de l’état, d’un établissement. […] La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient.
Après avoir acquis une sorte de célébrité et beaucoup de crédit à la cour et parmi le peuple, nos pèlerins parvinrent à s’ériger en société, sous le titre de confrères de la passion de Notre-Seigneur, et ils obtinrent non seulement l’approbation et la protection de l’autorité temporelle, mais encore la bienveillance et l’appui spécial du clergé séculier et régulier.
J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage.
Il me paraît qu’on ne peut se dispenser de dire la même chose au sujet de la passion d’amour, lorsqu’elle est traitée d’une manière qui blesse les bonnes mœurs et les devoirs de la société.
Benoît XIV eut une fois la curiosité de voir en particulier la forme d’un théatre que l’on venoit de construire ; on écrivit aussi-tôt sur la porte, indulgence pleniére : les plaisans ne passent rien dans ce pays là, même au Pape, il est privé de toute société agréable, il n’entre jamais de femmes dans son palais. […] Les tenants de cette erreur insoutenable, sont un parti puissant ; les littérateurs en sont les chefs, distribués en petites sociétés, dont chacune se donne pour le public & croit l’être, ils présentent leurs opinions d’un ton décisif, qui leur est propre ; elle fait fortune à la capitale & dans les provinces, où les Académies menacent de devenir aussi nombreuses que l’étoient jadis les confréries ; ce public en mignature fait du théatre un nouveau collége de docteurs, qui consacrent leurs talens à l’instruction publique ; & la nation doit gémir de l’aveuglement du peuple, du préjugé du Clergé, de l’opiniâtreté des magistrats, pour qui ces respectables pédagogues sont toujours des comédiens. […] Elles vont la chercher, la ramenent dans leur carrosse, lui cedent le fonds, lui donnent des fêtes ; à leurs exemples toutes les femmes des actionnaires & bien d’autres se font honneur de la société des actrices, sur-tout de celle-ci, on les voit par-tout avec elle ; mais jamais à l’Eglise : ces Dames se trouvent à la toilette de la Princesse, disputent aux femmes de chambre, l’honneur de la servir, en prenent des leçons de parure, cependant c’est la plus dangereuse rivale auprès de leur mari & de leurs amants ; la plus séduisante maîtresse de leurs enfans, le plus contagieux exemple pour leurs filles ; mais sa mere, sa sœur, elle-même ont été autrefois leurs femmes de chambre ; mais les comédiens furent toujours, & sont encore infâmes. […] On a loué un quartier du Collége, sous l’appartement du Principal, à une société d’amateurs pour y jouer la comédie ; ils y ont fait bâtir un théatre, & trois fois la semaine ils donnent des pieces, où ils font fort souvent acteurs ; ils ne se nomment modestement que la Société Bourgeoise, le Théatre Bourgeois ; mais plus nobles que les actionnaires, gentilshommes du spectacles public, ils font tous les frais, & reçoivent généralement gratis.
D’un autre côté, il n’est pas moins vrai que le peintre de Henri, qu’on dit si timide, si modeste qu’il a fallu l’autorité du premier Prince du Sang, pour le résoudre à donner au public ce qu’il n’avoit fait que pour un théatre de société, n’a pas craint de bien enlaidir son héros, par des basses familiarités & des libertés indécentes prises avec la fille de son hôte, devant son pere & sa mere, & tout le public : ce qui n’est, ni édifiant, ni honnête, ni digne d’un grand prince. […] Une société de littérateurs a entrepris aussi une traduction en françois du même poëte. […] Ce n’est pas sans doute le coup d’essai de la jeune actrice, elle a plus d’une fois brillé au spectacle, pour avoir si bien le ton, les allures, l’esprit des coulisses, sur-tout du théatre comique, connu & choisi ces deux pieces ; elle s’est plus d’une fois exercée sur les théatres de société ; elle doit avoir appris en perfection la poësie, la musique, la danse, l’art dramatique, pour composer des prologues charmans ; sur-tout elle doit bien connoître le goût de son pere, pour avoir cru lui plaire, en lui souhaitant la bonne année par des farces ; & le pere qui a souffert ces exercices, ces assemblées d’acteurs & d’actrices, qui a fait la dépense de ce théatre, qui a permis & approuvé ces vers galans, & les a fait mettre au Mercure, qui a souffert les assiduités de ce poëte amoureux, les parens & les amis qui ont célébré cette fête, tous ces gens-là sont bien enthousiasmés du Théatre. […] La scène ne fît-elle d’autre mal que de déplacer les talens & dissiper les bons sujets, d’enfouir ou plutôt de dégrader, d’anéantir leur mérite, elle feroit un très-grand tort à la société.
Celui-ci semble vouloir substituer la Morale des Païens à celle de Jésus-Christ, et nous faire passer la sagesse Stoïque pour la folie de la Croix : Celui-là fait d’un amour propre, qui ne tend qu’à la conservation du corps, le fondement de la Morale; par la soustraction de toute vérité nécessaire anéantit la Religion, et par la loi du plus fort qu’il prétend établir, ébranle les fondements de la société et de la paix. […] Ainsi, le Prince voyant que la plupart de ses sujets n’ont pas l’éducation qui convient à des Chrétiens, et craignant que faute d’occupation l’activité de leur esprit ne les portât à des excès qui renverseraient toute la société, il tolère la Comédie telle que nous la voyons accommodée aux sens et aux passions, comme un mal beaucoup moindre que ceux qu’il appréhende. […] L’exercice de la puissance du Souverain se borne au bien et à la conservation de la société civile. […] La politique met l’ordre qu’elle peut dans les dehors, elle s’accommode à l’homme tel qu’elle le trouve ; mais la Religion va droit à l’intérieur, et tend à rendre l’homme tel qu’il doit être ; l’une n’a pour but que la conservation d’une société extérieure ; l’autre établit entre Dieu et nous une communion parfaite de sentiments et de pensées ; l’une et l’autre sont subordonnées, mais chacune a son objet déterminé.
Le vice sur le trône, le vice dans la société se réunissent sur la Scène pour creuser le précipice sous les pieds de ses amateurs. […] Ces abominations souvent répétées, dont on a fait un mérite à l’auteur, au décorateur, mille fois plus dangereuses que les querelles, les jeux malins, les espiegleries de la jeunesse endurcissent le cœur, hérissent l’esprit, brisent les liens de la société. […] Ce sont des acteurs tragiques qui réalisent dans la société : ce qu’ils ont vu, entendu, senti, goûté, applaudi sur la Scène, & tourné en habitude. […] Les désordres habitans des grandes villes & de toute société où la richesse introduit la fainéantise, sont presque inconnues dans les provinces éloignées, dans les petites villes & les familles laborieuses. […] Indifférence pour tout avancement, consommation misérable du temps, indolence, mollesse, fainéantisse, révolte de toutes les autres passions, que l’esprit énervé, stupide, abruti n’a ni la force, ni le courage de maitriser, que l’incontinence fuit supporter à la société, & les avantages qui reviennent au monde de la continence, ne sont pas que moins évidens.
L’Auteur, pour ne pas perdre le fruit de ses travaux, l’a fait imprimer à Amsterdam, où sa doctrine ne peut être mal accueillie, & avant l’impression il l’a lue & jouée dans la société particuliere où les talens de l’Acteur ont fait valoir ceux de l’Auteur. […] Les Théatres de société ne sont point scrupuleux, ils se croyent plus permis de faire imprimer des choses mauvaises que l’autorité publique a proscrites, de blesser la religion & les mœurs dans une chambre que sur le Théatre. […] La nature, la religion, les loix, l’usage de tous les peuples lui sont bien favorables, & il est bien-importans à la société de la maintenir. […] Tout seroit incertain dans la société, si le sort des engagemens en dépendoit. […] Cet esprit foible est aussi-tôt changé, un mot la porte plus au mal que dix ans de la société la plus douce & la plus pieuse ne peuvent lui faire croire le bien ; elle ne voit que des monstres : Omnia tuta timens : On séduit ma candeur, on veut m’en imposer, Et tout ce que j’aimois conspire à m’abuser.
A ces causes, en nous conformant au Rituel, & aux Ordonnaces Synodales de ce Diocèse, Nous ordonnons aux Curés, Confesseurs & Prédicateurs de la Ville & Faux-bourgs d’Auxerre, d’instruire en public & en particulier, tous les Fidéles de l’un & de l’autre sexe, de l’obligation où ils sont de s’abstenir de divertissemens si préjudiciables à leur salut ; & de n’avoir aucune société avec des gens, que les loix ecclésiastiques & civiles ont toujours regardés comme infâmes.
Car comme nous avons dit auparavant, suivant le sentiment de plusieurs Docteurs anciens très considérables par leur sainteté, et par leur doctrine, les danses ne sont point permises que pour des sujets raisonnables, et importants, qui regardent le bien de la société civile, aux jours mêmes qui ne sont pas particulièrement dédiés à la piété et au culte de Dieu.
Il est prouvé, en effet, d’une manière incontestable, que le clergé, dans sa grande majorité, foule continuellement à ses pieds la vraie morale chrétienne et évangélique, et que ses fautes, ses égarements, sa corruption et ses crimes mêmes ne le cèdent en rien aux autres classes de la société.
On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Parmi cent infamies dont, après sa mort, on a donné un Recueil scandaleux, l’Abbé Grecour avoit composé & fait représenter en société une comédie burlesque où il jouoit le Chapitre de St. […] On s’est borné à louer l’aménité naturelle de son caractere, les graces de son imagination, la délicatesse de son état, qui déméloit les plus légeres nuances, la gaieté de son commerce, la souplesse de son esprit qui le faisoit rechercher dans les sociétés, sa douceur qui ne sentoit point l’amertume de la satyre, & désarmoit ses ennemis. […] Hist. d’une société de gens de lettres sur le mot Tubies.
Il n’étoit pas fait pour le Théatre ; il avoit de la naissance, de l’érudition, des talens estimables, un caractere doux & honnête dans la société. […] C’étoit un homme de société, un homme aimable, qui avoit de l’esprit. Il a fait nombre de contes, de romans, de poësies galantes, de pieces de Théatre, lui seul & en société.
Tobie de son côté se préparoit à son mariage, non par la société des libertins, les mauvais discours des domestiques, des parties de plaisir, le bal, le jeu, la comédie ; mais par la religion, l’aumône, la modestie, la soûmission à ses parens, toutes les vertus que son père avoit eu soin de lui enseigner dès le berceau : Quem ab infantia timere Deum docuit, & abstinere ab omni peccato. […] La premiere nuit le démon sera chassé, la seconde nuit vous serez admis dans la société des saints Patriarches, la troisieme nuit vous recevrez une abondante bénédiction pour avoir une postérité nombreuse & sainte. […] Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ?
Jean-Jacques a raison de s’emporter contre Molière et de dire qu’il est le perturbateur de la société ; « qu’il excite les âmes perfides à punir sous le nom de sottise, la candeur des honnêtes gens. »co Je crois comme eux que parce qu’un homme est sot et ridicule, on n’est pas autorisé à le voler. […] N’est-il pas vrai que si Harpagon ne refusait pas à son fils jusqu’au nécessaire ; s’il ne portait pas la lésine jusqu’à l’envoyer boire une verre d’eau fraîche à la cuisine, quand il se trouve mal en sa présence, et cela d’un ton à faire croire que ce Vilain a même regret à cette dépense ; n’est-il pas certain en un mot que s’il n’était pas un monstre dans la société son fils ne commettrait pas les fautes qu’il commet et que ce père indigne de l’être en est le premier auteur ? […] Nées Bourgeoises, elles ne veulent d’autres sociétés que celles des gens de Cour : tout cela, pour être ridicule, n’en est pas moins vicieux, et c’est l’orgueil impertinent des Bourgeoises qui se donnent des airs de qualité, autant que la fatuité du jargon des beaux esprits femelles de son temps, que Molière a joué avec tant de succès dans sa Pièce.
) une société formée pour soutenir le Matérialisme, pour détruire la Religion, pour inspirer l’indépendance & nourrir la corruption des mœurs… (p. 16. 17. […] Peut être ne faut-il pour cela que le renversement des théâtres : la Religion & l’Etat ne sont pas les seuls qui le demandent ; la société le veut encore. […] d’écarts raison, de décence, d’amour de la société à méconnoître les vrais fondemens de l’amitié, & à substituer en leur place (p. 12.) […] quelle douceur dans les mœurs, quelle cordialité dans le commerce de la société, quelle règle, quelle honnêteté, quelle justice dans toutes nos actions ! […] les plaintes de la société, de l’Etat & de la Religion… leurs droits sont violés ; leurs loix sont méconnues ; l’impiété qui marche le front levé, paroît en les offensant promettre l’impunité à la licence qui s’accrédite de jour en jour .
Faisons-leur sentir combien les objets dans lesquels ils font consister les plaisirs sont méprisables, opposons dans mes tableaux des gens raisonnables à des fous, profitons du penchant de mes spectateurs à la volupté pour en faire des Amants tendres, galants, et raisonnables, ce qui me serait impossible s’ils n’avaient aucun goût pour le plaisir ; ils aiment la société, qu’ils apprennent de moi quels sont les amusements honnêtes qu’ils doivent chercher dans la société ; pour leur faire préférer la compagnie des femmes estimables, tâchons de leur inspirer du dégoût et même de l’horreur pour les débauches de cabaret auxquelles ils se livrent beaucoup moins par goût que pour suivre la mode ; faisons-leur sentir que ces rubans, ces pompons, ces colifichets dont ils sont affublés les rendent ridicules aux yeux du Sexe, et que la licence de leurs propos les rend aussi méprisables qu’une conversation galante et sensée les rendrait aimables aux yeux des personnes dont ils désirent la conquête. […] On a substitué les Cafés aux cabarets : les plaisirs d’une société mi-partie entre les hommes et le Sexe, le goût des concerts, des cercles amusants et des soupers délicats, aux débauches grossières et aux défis d’ivrognerie qui étaient autrefois à la mode. […] Il est vrai Monsieur qu’il y a peu d’hommes qui, connaissant les douceurs de la société, leur préfèrent les misères réelles de l’état d’un Caraïbe ou d’un Orang-Outang et qui se soucient beaucoup de courir plus vite qu’un Cheval, d’apercevoir un vaisseau en mer d’aussi loin qu’on puisse le voir avec une lunette, ou de pouvoir se battre avec les Ours à forces égales. […] Arlequin est pour eux un modèle à qui la nature les fait désirer de ressembler, et il n’est pas douteux qu’il serait à souhaiter pour le bien de la société politique que ses Chefs aussi bien que tous ses membres eussent toujours un pareil modèle sous les yeux.
Il est encore à propos que ceux qui doivent causer la disgrâce du principal personnage, aient été liés d’intérêts avec lui, ou de société, ou d’amitié, et qu’ils se soient témoigné une confiance réciproque ; le dénouement, qui ne répond pas à ces heureux commencements, surprend extrêmement le spectateur, et cette surprise fait l’une des principales beautés de la Tragédie. […] Solon disait à ce propos, que si l’on souffrait la fausseté dans les spectacles, on la verrait bientôt s’insinuer dans les sociétés, et dans les affaires les plus sérieuses. On obligeait les Comédiens qui voulaient embrasser la Foi chrétienne, de renoncer à leur métier ; et si après avoir reçu le Baptême, ils reprenaient l’exercice de la Comédie, on les excommuniait, et on les retranchait du nombre et de la société des Fidèles. […] Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
En attendant cet heureux retour au systeme de la Nature, dans l’état où se trouve la société, encore bien peu philosophe, il est difficile de comprendre le motif d’une suite d’éloge de deux hommes si peu faits pour être le pendant l’un de l’autre, l’un grand Archevêque, Prince du saint Empire, l’autre un misérable Histrion, venu des pilliers des halles, que son propre pere désavouoit, comme déshonorant sa famille. […] Ce prodige du siecle dernier, dit-il, étant presque le seul qui pût mériter d’être vu & d’être écouté sur le Théatre, étoit d’une autre part le seul qui méritât de n’y jamais paroître : homme en effet qui dans tout autre état que celui où son génie l’avoit jeté, eût été non seulement l’honneur de sa patrie, non seulement l’honneur & les délices de la société, mais un modelle du Christianisme même par l’austere probité & l’intégrité de ses mœurs. […] Un caractere rêveur, sombre, misantrope, fait-il les délices de la société ? […] est-ce bien le moyen d’en faire sentir le danger & le crime, & d’en éloigner ses auditeurs, que de donner pour le prodige de son siecle, l’honneur de la patrie, les délices de la société, le modelle du Christianisme, celui dont on y joue les pieces, qui a le plus contribué à rendre la scene & dangereuse & criminelle ? […] Je n’ai jamais cru, dit le jeune, & bien jeune orateur, que la secte de Fenelon ait jamais pu être autre chose que cette grande & respectable société d’hommes vertueux répandus sur la terre & éclairés par ses écrits (les philosophes).
S’il ne s’accoutume à penser, à sentir noblement chez lui & chez ses amis, si dans les moindres procédés il n’est observateur scrupuleux des bienséances, qui sont l’ame de la société, & le lien de toutes les vertus ; s’il ne vuide son cœur de mille petites passions indignes de l’honête-homme, elles l’arracheront sans cesse à son tâlent, à son emploi, & en feront un comédien corrompu : où sont ces acteurs admirables ? […] L’auteur l’avoit retirée, & publiée, dit-il ; il l’a fait représenter sur le théatre de société, elle y a réussi, (cela n’est pas doureux), & quoique ce fût un jour de Palais, grand nombre de Conseillers & d’Avocats préférant leur plaisir à leur fonction, s’y rendirent ; ils ont été surpris de voir la verve poétique réunie au talent de l’orateur, même à ceux de l’acteur ; car il y joua aussi très-parfaitement. […] Le Breton connu par ses talents éminents & utiles au public ; car il batoit la mesure à l’orchestre, a eu la préférance, en 1766, en société avec Triat, domestique du Prince de Conti.
Surtout cet amour pur à la Dom Quichotte est impraticable dans la société des Dulcinées de la comédie, dans le goûr & la fréquentation du théatre. […] Vous ne voyez que la petite société que vous fréquentez & qui vous ressemble, que vous prenez pour l’univers. […] On n’a pas besoin d’en chercher d’autres pour dresser les théatres de société.
Promenades, sociétés, festins, livres, bonnes œuvres, sermons, tout peut être une occasion de chute & de crime. […] Gresset prive la scène des caractères qu’on s’attendoit d’y voir, de la peinture vive & saillante, de plusieurs ridicules de la société.
Du reste, je n’ai rien retenu de leurs mœurs, de leur société, de leurs caractères. […] Les femmes et les filles, de leur côté, se rassemblent par sociétés, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre. […] Qu’on ne s’alarme donc point tant du caquet des sociétés de femmes. […] Les pères les menaient avec eux à la chasse, en campagne, à tous leurs exercices, dans toutes les sociétés. […] Toutes les sociétés n’en sont qu’une, tout devient commun à tous.
Il faut distinguer deux sortes de vraisemblances ; l’une qu’on admet au Théâtre, & l’autre qu’on reçoit dans le monde : la vraisemblance dont on se contente dans la société, nous représente un événement comme il a pû se passer ; la vraisemblance théâtrale nous offre un fait comme il a dû arriver.
La pudeur, l’innocence, la piété et la justice, n’y paraissent que pour essuyer le mépris des spectateurs : aussi les personnes foncièrement vertueuses et de bonne foi les regardent-elles comme une école d’impureté, comme le foyer de toutes les passions et le centre de tous les scandales qui ravagent la société.
Qui oublie plus essentiellement la vertu et ses devoirs, que celui qui se déclare affirmativement l’ennemi de la société ?
Se voyant resserrée dans les bornes qu’on lui avait prescrites, elle eut recours à des intrigues et à des actions bourgeoises, qui représentaient les caractères, tels qu’on les voit dans la société, pour en montrer le ridicule et parvenir, par là, à les corriger.
Il en est de cette société muette avec des images, comme de la société, avec les brillants, les gens frivoles du monde, qui ne connoissent que les modes, les jeux, les spectacles, les Breloques ?
« Et qui prêts à brûler des plus coupables feux, Morts pour le genre humain pensent vivre pour eux. » Le Clergé séculier et régulier est donc fou, libertin et hypocrite, et à charge à la société ? […] Qu'on serait à charge à la société, qu'on le serait à soi-même, s'il réussissait ! […] On voit par expérience que la société des gens tristes inspire la tristesse, que la vue des objets affligeants répand l'amertume.
Cette apparence, qui peut-être n’en est pas une, suffit-elle pour accuser une société d’hommes respectables ?
On reconnoîtroit dans le Poëme un être qui ne seroit pas fait pour la société dans laquelle on l’a introduit. » Sur ce principe, l’Auteur doit, avant d’écrire, consulter la maniere de son Acteur.
Ainsi, comme les Prêtres en avaient un soin particulier, qu'ils y étaient présents, et qu'ils les traitaient comme un acte de Religion, les honnêtes femmes, et mêmes les Vestales ne faisaient point de scrupule d'y assister, encore que les premières fussent d'ordinaire dans leur appartement éloigné de la société des hommes, et que les autres fussent engagés dans un état séparé du commerce de la vie civile.
de Sénancourt ne sait donc pas que ce principe qu’il professe, se trouve inscrit positivement et clairement dans les constitutions de l’infâme société des jésuites dont on ne saurait trop dévoiler les doctrines fausses et horribles ainsi que tant d’auteurs l’ont prouvé et pour ainsi dire inutilement, tant est grande leur influence !
On éprouve une sensation pénible, en lisant dans l’histoire, que depuis cette fatale époque de la ligue, la société des disciples de saint Ignace de Loyola, dont la domination ne peut s’établir que sur les discordes civiles et la désorganisation sociale, n’a cessé d’exciter des troubles et des désordres, dans tous les gouvernements qui ont eu l’imprudence de la recevoir et d’en suivre les conseils ; il n’est enfin, pour ainsi dire, aucune conspiration régicide, dans laquelle des jésuites n’aient figuré comme conspirateurs et complices.
peut douter que l’habitude de voir toujours dans les vieillards des personnages odieux au Théâtre, n’aide à les faire rebuter dans la société, et qu’en s’accoutumant à confondre ceux qu’on voit dans le monde avec les Radoteurs et les Gérontes de la Comédie, on les méprise tous également ?
Cette prétention monstrueuse, qui prend sa source dans l’humeur, pénetre aisément toute l’ame, si la raison n’oppose une digue à la rapidité du torrent, & ne nous ramene à des sentimens plus doux : on devient cruel & vicieux en prêchant sans cesse la vertu & l’humanité : on substitue le chagrin, la colere, les passions les plus incommodes à la société, à la place de l’honneur & de la probité qu’on a sans cesse dans la bouche, & dont on a défiguré les idées dans une imagination déréglée, & l’on finit comme Alceste par chercher sur la terre un endroit écarté, où d’être homme d’honneur on ait la liberté ; c’est-à-dire, homme d’honneur à sa maniere, en vivant seul. […] Le zele pour le bien de ma patrie m’a fait desirer plus d’une fois, qu’il fût possible de rendre nos Théâtres plus spacieux, pour qu’on y pût, en multipliant les différences des places, les mettre à la portée des facultés de tous les ordres de la société ; & que le peuple fût invité, par la médiocrité de la retribution, à y venir prendre des leçons de vertu & d’honnêteté. […] Les voit-on mériter davantage l’attention des interpretes des loix, dictées pour réprimer les attentats contre la société ? […] Ils sont tranquilles, ils ne troublent point l’ordre public : victimes d’un préjugé qui les flétrit moins que ceux qui en sont prévenus, ils trouvent dans l’art même qu’ils professent, des ressources contre l’anéantissement où devroit les plonger l’opinion de la multitude : organes journaliers des plus sublimes leçons de vertu, il n’est pas possible que leur ame n’en acquiere le goût : ils se font aimer : les personnes sensibles aux agrémens de la société recherchent leur commerce, & cultivent leur amitié : ils sont ordinairement doux & civils.
Le sieur Palissot avoit lu, dit-il, dans la plus respectable société, & devant les personnes les plus considérables de l’Etat (elles ont donc bien du loisir ?) […] Ces femmes étoient alors condamnées au mépris & à l’infamie, bannies de toutes sociétés honnêtes ; leur rang étoit marqué après la derniere classe des citoyens, leur nom n’étoit prononcé qu’en rougissant ; elles étoient non-seulement punies par le déshonneur, mais leurs moindres écarts les exposoient à la sévérité des loix, elles étoient renfermées dans des maisons de force, & rigoureusement châtiées. […] Je reconnois que tous les membres de l’Aréopage, également éclairés & équitables, ont pour les gens de lettres les égards, le respect, la déférence que tout subalterne doit à ses bienfaiteurs & à ses guides ; que toujours fideles à leurs engagemens ils n’ont jamais séparé leurs intérêt de ceux de leurs maîtres, jamais affecté de prédilection offensante, jamais cherché à les désespérer par des tons despotiques & des délais éternels ; que les jugemens de la Troupe, tous inspirés par un goût infaillible, précédé d’un mûr examen, motivés par la plus saine raison, méritent en tout temps les acclamations du public ; que les gestes toujours d’accords avec la pensée, toujours variés comme la déclamation, toujours nouveaux comme les rôles, offrent tour à tour, dans le même acteur, la dignité d’un héros & la lâcheté d’un perfide, les traits mâles d’un sauvage & l’air efféminé d’un Sibarite ; que les femmes du Théatre, ausi chastes que modestes, aussi décentes que desintéressées, aussi vertueuses que sensibles, n’ont jamais séduit l’innocence, dupé la bonhommie, outragé l’hymen, dépouillé les familles, introduit le désordre dans la société ; que dans tous les siecles & chez tous les peuples, la profession de Comédien fut une profession noble & honnête ; qu’on a partout puni l’Ecrivain téméraire & séditieux qui a osé ébranler une opinion si respectable, & que le meilleur moyen d’établir les bonnes mœurs & la vertu, de détruire le faste, le luxe, la dissolution, c’est d’engager le Gouvernement à combler les Comédiens d’honneurs & de richesses. […] Sauvigni, Notaire, & passerent entre eux un acte de société, conformément à l’arrêt du Conseil ; le règlement de MM. les Gentilshommes fut annexé à cet acte : le tout fut approuvé, autorisé & confirmé par un dernier arrêt du 12 janvier 1759. […] Ainsi le règlement de Mrs. les premiers Gentilshommes est devenu tout-à-la-fois une loi publique, par la sanction de l’enregistrement, & une loi conventionnelle pour les Comédiens, par l’adoption qu’ils en ont faite dans leur acte de société.
De ces paroles il est facile de connaître combien les Scéniques ou Histrions étaient différents des Tragédiens : car ceux qui récitaient les Tragédies ne dansaient ni ne chantaient, et ces deux choses ne convenaient qu'aux Chœurs ; Mais ceux qui par leurs danses exprimaient les actions des Héros avec cette Musique impétueuse, et quelquefois en prononçant des vers, étaient les Mimes et Pantomimes que ce Philosophe nomme Scéniques par opposition formelle au Chœur de la Tragédie, qui faisait partie de la troupe des Tragédiens, à la société desquels les Mimes n'étaient point reçus.
Suivant les règlements de la vie civile, également reçus parmi toutes les nations policées pour ce qui regarde le mariage, il ne suffit pas que deux personnes trouvent, dans leur caractère dans leur naissance et dans leur fortune, la convenance qui peut leur annoncer une société heureuse : ils doivent encore, avant que d’aller plus loin, obtenir le consentement de leurs parents.
Les Actrices, dont les rôles se bornent à représenter dans les Tragédies ou dans les Comédies, peuvent conserver dans leurs habillemens toute la modestie et toute la décence que le sexe et la société exigent : il n’en est pas de même des Danseuses ; en supposant du moins qu’elles sont forcées de faire ce qu’elles font, c’est-à-dire de porter des habits très courts, et souvent d’avoir la gorge découverte, c’en est assez, sans en dire d’avantage, pour prouver que la modestie ne peut s’accorder avec cette profession.
Existait-elle, peut-elle exister dans une société vertueuse ? […] Je m’emporte : mais cet abus odieux m’indignerait moins, s’il n’avait passé de la société sur le Théâtre, & si le Théâtre ne le maintenait ensuite dans la société. Voila le véritable inconvénient de ces Spectacles que notre corruption rend nécessaires dans les grandes Villes : ils copient les vices de la société, les éternisent, les étendent, les généralisent, au lieu de les corriger. […] S’il est un Pays où le Théâtre soit plus utile que dangereux, c’est Paris, ou Londres, ou Rome, &c. il avertit les Citoyens que tel vice existe dans la société, & qu’on doit s’en garantir : mais dans les Provinces, il annonce que tel vice est à la mode dans la Capitale, & qu’il faut le prendre pour être comme tout le monde. […] Les devoirs de la Religion, dans cette société bornée, étaient les seuls Spectacles que pussent avoir les hommes.
La société deviendra plus amicale, parce qu’on se rassemblera plus souvent. […] Que les Comédiens soient regardés chez vous comme ils devroient l’être par tout, c’est-à-dire, comme des gens très-estimables et; qu’on estimera quand ils feront leur devoir, et; qu’ils se conduiront avec toutes les bienséances qu’on doit à la société. […] Vous n’êtes pas sans doute de mon sentiment, la raison en est fort naturelle, vous préférez les vices les plus à craindre dans la société à l’établissement d’une Comédie. […] Je dirai seulement que s’il est vrai que les coteries des hommes soient sujettes à ce mal funeste ; il est à souhaiter qu’un Peuple si estimable par mille beaux endroits, abolisse des sociétés qui tôt ou tard le priveroient de l’estime générale qu’on a pour ses vertus. […] Vous êtes obligé d’avouer « qu’on accuse ces sociétés d’un défaut, c’est de les rendre médisantes et; satyriques….
Il y a quelque chose d’outré & d’alambiqué dans plusieurs de ces idées, mais dans le fonds il est très-vrai que la pudeur, si nécessaire à la sureté des mœurs, & à la gloire d’une femme, l’est encore aux charmes ce la société. […] il se l’arrache à lui-même, & se prive du plus doux plaisir de la société, en perdant la pudeur. […] Ferdinand, fussent communément habillés plus simplement que les autres, ils savoient pourtant garder la décence du trone, sans jamais affecter la parure que la décence n’exige pas ; la propreté est encore convenable, utile à la santé, agréable dans la société, édifiante même dans la vertu ; mais elle est fort éloignée de la parure.
Dès que je me vis nécessaire je voulus partager les profits, & être en société avec le Directeur, ce qui me fut accordé. […] Je gagnai beaucoup d’argent, mon valet en fut jaloux ; il crut avoir droit à partage, comme étant en société avec moi. […] Puis entre l’innocence, c’est une Dame couverte d’un crêpe blanc, qui plaide la cause de la société devant la Justice.
On avance d’abord que les spectacles ne pouvant pas être très-nombreux, la prohibition porte sur trop peu d’individus, pour être nuisible à la société. […] Créer un second théâtre, c’est accorder un second privilége, et non pas les anéantir ; c’est faire beaucoup pour un second entrepreneur, ou une seconde société ; mais rien pour la liberté, rien pour l’art dramatique : car point d’art quelconque sans liberté. […] Les sociétés sont main-mortables et inhabiles à succéder.
L’homme isolé, sauvage, est vicieux sans honte, comme sans remords : l’homme en société, a pour aimer l’honnête & le beau, un aiguillon puissant, dans l’approbation de ses semblables : c’est donc une grande vérité que celle-ci, Il n’est pas bon à l’homme d’être seul . […] le cœur de la jeunesse est attendri, ou plutôt, amolli comme la cire ; il est prêt à suivre la première impression qu’on lui voudra donner ; tout dépend de la société que le jeune-homme ou la jeune-fille vont trouver en sortant du Spectacle : les honnêtes-gens leur feront chérir l’union sainte du mariage ; une Catin, un Célibataire égoïste, les plongeront dans la débauche.
Qu'un homme du monde suive la mode, et que sans s'embarrasser des lois sévères de l'Evangile, il s'abandonne aux plaisirs qu'il voit régner dans les sociétés où il vit, c'est le torrent de l'exemple, c'est l'empire du respect humain. […] « Nous sommes bien éloignés, dit-il (Juin 1765. pag. 1045.), de penser que le théâtre soit aussi épuré qu'il devrait l'être pour l'intérêt des mœurs et le bien réel de la société.
Mais ce n’est pas seulement dans la ville d’Aix que nous trouvons l’usage de ces sortes de processions ; celle de Mâcon nous offre un autre exemple aussi bizarre de l’irréflexion du clergé, ou pour mieux dire, des jésuites qui en furent les ordonnateurs, et qui poussèrent l’esprit de l’irréligion jusqu’à choisir un jour de carnaval, pour la représenter ; voici ce que l’on lit dans les Annales de la société de Jésus, tome IV, in-4°, p. 511. […] J’ai parlé, au chapitre qui traite des comédiens, de l’institution de la mère sotte de Paris ; mais il y avait aussi à Dijon, une société établie sous le nom de la mère folle ou mère folie, qui célébrait ses saturnales au temps de carnaval. […] Cette compagnie existait en Bourgogne avant 1454, et Philippe le Bon lui accorda des statuts confirmatifs cette même année ; une autre approbation de la même société eut lieu en 1482, par Jean d’Amboise, évêque, duc de Langres et lieutenant pour le roi en Bourgogne ; ces deux actes sont en vers du temps, et scellés du sceau de ceux qui les ont souscrits. […] Donné à Dijon. » L’une des devises de cette société, dans laquelle figure un évêque, duc, et pair ecclésiastique, était : « Le monde est plein de fous, et qui n’en veut pas voir, Doit se tenir tout seul, et casser son miroir. » Mais veut-on se convaincre de l’abus qui était fait par les ecclésiastiques eux-mêmes des choses les plus saintes et les plus sacrées ? […] Or, la puissance temporelle est donc la véritable conservatrice d’une religion qui mérite tous nos respects et toute notre ferveur ; car il est démontré par des traits infinis dont fourmille notre histoire, ainsi que celle de tous les peuples chrétiens, que si les prêtres n’avaient pas toujours rencontré dans la sagesse et la force de l’autorité séculière, une barrière contre leurs écarts, leur ambition et leur ignorance, cette même religion serait anéantie par ses propres ministres, dont les fautes, les égarements et même les crimes (assassinats d’Henri III et d’Henri IV) ne le cèdent en rien aux autres classes de la société.
Cependant, je veux bien en croire le sceptique dont vous adoptez le témoignage : quand même Molière n’auroit corrigé que des petits-maîtres, des misantropes & de faux dévots, n’estimez-vous pas assez la société, pour lui en avoir la plus grande obligation ?
Mais l’expérience ne nous prouve-t-elle pas que cette loi, si chère à la société, est une des plus négligée ?
Si le sentiment intérieur, & l’amour propre, luttant avec zèle contre l’empire des passions, sont l’unique source de la contradiction où nous sommes avec nous-même, on en peut conclure que la réforme établie au Théatre par les Comédiens, s’y seroit introduite d’elle-même, comme elle a fait dans la société.
Sur-tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passion si naturelle, si commune, si violente ; quel désordre ne cause-t-elle pas, lorsqu’armée des attraits & de la parure des actrices, de la licence des discours & des gestes, d’une danse voluptueuse, des chants efféminés d’une société libertine, elle livrera les plus dangereux assauts ?
L’influence que les ecclésiastiques ont reprise depuis quelques années était utile pour le bien de la religion, c’est une vérité que tout homme sensé reconnaîtra avec empressement, parce que après la révolution funeste que la France a éprouvée, tous les principes de morale se trouvant bouleversés et anéantis, il était salutaire pour la nation qu’un corps respectable dans la société se vouât à leur rétablissement, à leur propagation.
Quel lieu plus propre à oublier voluptueusement et aussi parfaitement les biens et les maux de l’autre vie, et l’Auteur de notre être, que dans cette société d’Epicuriens choisis et délicats ?
Des comédiens et du Clergé , suivi de réflexions sur le mandement de monseigneur l’archevêque de Rouen, par le baron d’Hénin de Cuvillers , maréchal de camp, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, etc.
Une autre sorte de prodige bien plus estimable, avec tous ses talens Madame de Montegut étoit un modele de toutes les vertus, humble, douce, modeste, pieuse, renfermée dans ses devoirs, fidele à tous les exercices de la religion, charitable pour les pauvres, polie dans la société, d’une patience inaltérable dans les afflictions, d’une réputation au-dessus même des soupçons. […] Il y a eu dans tous les temps, en bien & en mal, des sociétés de gens qui pensent de même, & que les intérêts, la doctrine, le plaisir, la sympathie lient étroitement. […] On n’introduit point de femmes, pour être plus libres, faire moins de dépenses, éviter les querelles de rivalité, d’infidélité ; car les femmes exigent des égards, des présens, brouillent les amis, mais chacun doit avoir sa maîtresse, à laquelle, sans vouloir la connoître, la société envoie quelque galanterie par les mains de son amant ; ou communément on profane le S.
Le père de famille, ou le chef de la société qui s’assemblait pour rendre ses devoirs à l’Etre suprême, priait sans doute à haute voix au nom de tous ceux qui l’environnaient ; afin que tout le monde pût l’entendre, il élevait apparamment sa voix le plus qu’il lui était possible. […] Il est probable que les hommes se servaient de quelques instrumens avant de savoir chanter ; la Nature même & les besoins de la société en auront appris l’usage. […] Il me paraît que cette société de Savans ne rendit point beaucoup de services à la musique.
CEs deux Princes, Ducs de Lorraine & de Bar, oncle & neveu, se ressemblent en bien des choses, valeur, courage, talens, genie de la guerre, agrémens de la société, délices de la jeunesse, mais sont fort differens dans tout le reste. […] Qu’on se rende justice, les Marquis qui courent le bal, déguisés de mille manieres les plus ridicules qu’ils peuvent imaginer, ceux qui montent sur le théatre de société pour jouer toute sorte de rôles les plus comiques, Arlequin, Pantalon, Scaramouche, &c. tous ces gens-là sont-ils plus sages ?
Il n’y a pas de représentation qui ne coûte au Duc 4000 livres, il en donne plusieurs par an, sans compter les pensions qu’il fait aux Actrices (le théatre public n’est pas si mal composé, ni si pernicieux que les théatres de société). […] Quoi de mieux entendu que l’équitable contrat de société entre le Geolier & le Receleur, leur rivalité de délicatesse sur l’honneur de leur métier, sans préjudice du sincère dessein de se vendre l’un l’autre à la premiere occasion !
Les cercles des différentes Sociétés ne suffisent point.
écrits des anciens Auteurs, mais il n'en avait pas épuré les lumières ; car il dit bien que les Pantomimes étaient de beaucoup inférieurs aux Comédiens et aux Tragédiens, en la société desquels ils n'étaient point, mais il ajoute qu'ils n'étaient pas Histrions Scéniques, ce nom ne convenant point aux Bateleurs, et n'étant propres qu'aux Joueurs de Poèmes Dramatiques, car il est bien vrai que les Comédiens et Tragédiens étaient distingués des Mimes et Pantomimes, mais il n'est pas vrai que le nom d'Histrion qu'il prend pour un Acteur de Drames, ne comprenait point cette espèce de Bouffon ; car au contraire il leur était propre, et leur fut donné dès l'origine des Jeux Scéniques, comme nous l'apprenons clairement de Tite-Live.
J'allais me regarder comme un monstre dans la société, si je n’eusse eu recours à ma conscience, au sens commun et à la Religion : je les ai consulté tous trois : tous trois m’ont assuré que vous aviez tort.
Mais bientôt ils se lasseront de jouer le rôle de créatures serviles de l’infâme société des jésuites régicides ultramontains, ennemis implacables des libertés de l’église gallicane.
Ne peut-on pas trouver quelques délassements agréables dans une lecture, dans quelques jeux d’usage, dans la fréquentation de ces sociétés choisies, où on a le spectacle de tous les talents et de toutes les vertus, où l’on rencontre des femmes qui ont l’avantage de plaire par leur mérite, mais qui savent en même temps inspirer tout le respect qui est dû à leur sexe ?
Boïeldieu, De l’influence du théâtre, 1804 • Boïeldieu, Marie-Jacques-Armand (1757-1844 ; avocat) : De l’influence du théâtre, de la chaire et du barreau dans la société civile, Paris, Demonville, an XII-1804, in-8º, v, viii-167 p. […] Garde du corps du Roi, de l’académie royale des sciences & des belles-lettres de Villefranche, & de la société littéraire-militaire de Besançon, Londres et Paris, Lambert, 1758, in-12, (2 ff.) 142 p. (1 f.). […] , « Des Comédiens et du Clergé , suivi de réflexions sur le mandement de monseigneur l’archevêque de Rouen, par le baron d’Hénin de Cuvillers , maréchal de camp, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, etc. », Le Mercure du dix-neuvième siècle, t. […] Boyer dans « L’ancien théâtre à Bourges », Mémoires de la société historique, artistique, littéraire et scientifique du Cher, Bourges, t. […] D., « Des Comédiens et du Clergé , suivi de réflexions sur le mandement de monseigneur l’archevêque de Rouen, par le baron d’Hénin de Cuvillers , maréchal de camp, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, etc. », Le Mercure du dix-neuvième siècle, t.
Homme aimable dans la société, bon pere, bon fils, bon ami, beaucoup de flegme dans le ministere, de modération dans les affaires ; le caractere de sa poësie est celui de son cœur. […] Le grand ennemi de la société, le vol, le meurtre, l’adultere, l’ingratitude, la perfidie, l’ambition, la colere, l’emportement, n’ont pas à craindre ses traits.
Ce doit être un homme caustique, tous ses ouvrages sont pleins de traits mordans, mais amusant dans la société, qui a cultivé son esprit, & en a beaucoup. […] Dans la fable & dans l’histoire l’homme a toujours vécu dans une société toute formée, qui connoissoit la religion & la pudeur.
C’est une erreur tout à fait grossière et ridicule de croire et de vouloir faire croire aux autres que des gens qui ont toujours été et qui sont encore présentement excommuniés par l’Eglise, qui ont toujours été déclarés infâmes par les lois civiles, et qui le sont encore à présent ; que des gens enfin qui ont toujours été et qui sont encore exclus de toutes sortes de charges, d’emplois et d’honneurs civils, et comme bannis de la société des hommes, doivent passer pour d’honnêtes gens, et que leur profession doive être estimée honnête. […] Les Lois civiles bannissent en quelque façon les Comédiens de la société humaine, en les jugeant indignes de toute créance en Justice, et de toutes sortes d’emplois, qui ont besoin de quelque probité, de quelque honneur, et de quelque conscience.
La société des Comédiens a toujours paru si dangereuse et si déshonorante pour les Magistrats, que la loi Romaine leur défend d’aller jamais dans leurs maisons, non plus que dans celles des personnes infâmes (Tacit. […] Elle nous fait voir, dit-on, que c’est depuis peu de temps seulement que les Ministres de l’Eglise usent envers la société d’une autorité arbitraire. » Enfin on tire une fausse conséquence de cette maxime vraie en matière criminelle « non bis in idem : Si l’Acteur et l’Auteur, dit-on, sont infâmes dans l’ordre des lois, il résulte de cette peine d’infamie, que la peine de la loi contre un délit détruit toute autre peine, parce qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. ».
« Les bonnes polices prennent soin d’assembler les citoyens et les rallier, comme aux offices sérieux de la dévotion, aussi aux exercices et jeux ; la société et amitié s’en augmentent, et puis on ne leur saurait concéder des passetemps plus réglés que ceux qui se font en présence d’un chacun et à la vue des Magistrats. […] Il est très faux qu’il soit utile au public de rassembler les citoyens au spectacle ; ils n’y voient que les excès, les intrigues, le succès des passions ; il n’y forment que des parties de débauche, des sociétés de vice, des liaisons de crime.
Ces institutions sont plus utiles que les sociétés d’actionnaires établies dans plusieurs villes. […] Mais ce n’étoit que dans les spectacles publics des cérémonies, qu’il y avoit ce leger reste de décence ; dans son particulier avec ses gens, & les bouffons, il assistoit à découvert à toutes leurs farces ; mais pourquoi toutes ces précautions & ces mystères si la comédie n’a rien de mauvais : Les théatres particuliers de société sont pires que les théatres particuliers de société sont pires que les théatres publics.
Laurent, & ceux des Boulevards, on forme des sociétés d’Actionnaires du spectacle qui se partagent le profit. […] Les jeux de hasard par-tout défendus & si pernicieux à la société, sur-tout d’en tenir banque, sont si permis que le Prince en fait trafic, & moyennant une femme convenue avec les fermiers, tout devient légitime. […] Cazimire refusa le titre de Majesté & tous les honneurs dûs à son rang, & ne songea qu’à passer le reste de sa vie en repos ; il fut court, car il mourut trois ans après, il se livra aux amusemens de la société avec une compagnie choisie ; aux belles lettres qu’il effleura pour en avoir l’agrément, & aux spectacles qui étoient fort de son goût ; il eut dû penser & agir en Chrétien, en Religieux, en Ecclésiastique (il avoit été Jésuite & Cardinal, il étoit Abbé), en homme détaché du monde qui l’avoit si généreusement quitté dans la plus haute fortune pour travailler à son salut dans une sainte retraite ; l’amour du théatre pervertit tout : vertu, sagesse, décence, état, dignité, gloire acquise, rien ne résiste au poison de la scène.
Je ne dis pas les italiens, l’opéra, les boulevards, qui ne l’ont jamais connu : mais tous les théatres de provinces & de sociétés qui ne jouent que des nouveautés ; l’hôtel même de la comédie françoise s’est cru obligé de faire un réglement pour en donner au public quatre ou cinq pieces par an, & les annoncer long-temps à l’avance. […] On vient de réimprimer à Paris le Théatre de campagne, par l’auteur des Proverbes dramatiques, en quatre gros volumes contenant vingt-huit pieces que le Mercure a données la plupart en détail, avec éloge en faveur des sociétés de province qui aiment ces amusemens innocens si utiles à la jeunesse , dit-on, selon le jargon ordinaire. […] Je suis persuadé cependant que peu-à-peu on surmonteroit cet obstacle, qu’enfin la prose regneroit sur la scène aussi-bien que les vers, qu’à la fin même elle chasseroit un langage qui n’est pas naturel dans la société, qui anéantit plus de beauté qu’il n’en met au jour, & augmente infiniment le travail de la composition.
C’est l’origine du théatre de société, d’abord dans les convents, à l’exemple de Saint-Cir, ensuite dans les maisons particulieres ; ainsi les gens de bien se composent une morale, & négocient avec le Ciel.
Il dit que dans une ville d’Espagne extrêmement déreglée, une partie du Sexe, laquelle s’était préservée de cette corruption, ramena l’autre à la régularité de leurs devoirs : Et puis toutes ensemble conspirèrent si hautement contre ce qu’il y avait d’hommes libertins, qui n’étaient point reçus dans leurs sociétés, qu’en peu de temps on y vit refleurir l’ancienne honnêteté des mœurs, sans perdre la douceur de la joie.
Si monseigneur l’archevêque de Rouen avait eu pour le roi cette déférence qui doit germer et se développer dans le cœur de tout bon Français, et s’il eût pris l’avis du Gouvernement avec lequel il aurait dû se concerter sur le mandement qu’il a fulminé, certes, cet acte qui a réveillé tant de passions, tant de craintes et d’alarmes aurait subi de sages modifications ; la société n’en aurait pas été ébranlée aujourd’hui, car le gouvernement, qui connaît à fond le génie, l’esprit et le moral des Français, aurait, il n’en faut pas douter, fourni à ce prélat les moyens d’arriver à son but, sans heurter l’esprit du siècle et causer de nouveaux troubles.
Il a fallu que ces espèces de jeux eussent été précédés d’un amas suffisans d’événemens, dont les sociétés aimoient à se rappeller le souvenir.
Il faut que cet Art sublime attendrisse le cœur sans l’amollir, peigne la vertu contraire aux penchans du Spectateur, & la lui fasse aimer ; représente les vices favoris, & les fasse haïr, tout séduisans qu’ils sont, même avant de montrer le châtiment qui les suit ; qu’il place sur la Scène non-seulement l’homme du monde, mais l’homme ami de la société, c’est-à-dire l’homme de bien. […] je citérai d’abord le Légataire, l’Avocat Patelin ; ensuite l’Homme à bonnes fortunes, & la Reconciliation Normande ; les deux premières donnent le succès à la scélératesse ; les deux autres, font rire le Public sur des vices qui sont le fléau de la société, & qu’on n’aurait dû peindre qu’avec les noirs pinceaux qui caractérisent les crimes dont ils sont la source : c’est des Drames de ce genre, qu’on peut dire qu’ils affaiblissent l’horreur qu’on avait, avant de les voir, pour le vice qu’ils entreprennent de combattre. […] En effet, on ne doit pas supposer sur le Théâtre, que les domestiques ont plus de part dans les résolutions de leurs maîtres, qu’on leur en donne dans la société. […] Aussi les Italiens, qui ont des Opéras dont le sujet est puisé dans l’Histoire, c’est-à dire, selon les nouvelles idées, les meilleurs Opéras possibles, ne tardèrent-ils pas à sentir, combien il était insipide de faire chanter des Héros, agités par la colère, transportés par l’amour, dévorés par l’ambition, expirans sous les coups de leur ennemi : ils ont perdu de vue ces Héros devenus ridicules, & l’Opéra n’est plus pour eux qu’un recueil de beaux airs ; une carcasse sur laquelle on applique une Musique forte, terrible, ou voluptueuse : la Salle où l’on chante ces airs, est moins regardée comme un Théâtre dramatique, que comme le rendez-vous commun de la société, qui vient y former différens cercles. […] Si les Grands, si les Princes ne naissaient que pour eux-mêmes, on aurait raison de leur épargner toute réflexion desagréable ; mais ils sont faits pour la société, & cette société ne doit rien négliger pour se les rendre utiles.
Elles n’oublient rien pour se conserver l’air de jeunesse, elles veulent tromper les hommes, & je ne sais si elles n’espèrent pas de tromper la mort, elles veulent toujours être l’objet de l’amour des hommes, afin d’avoir part à tous les plaisirs quand la vieillesse a répandu ses caractères sur leur tein, elles tirent le rideau dessus pour la rendre invisible ; vous les voyez ces femmes idolâtres du monde & de la volupté ensevelir leurs têtes sous un amas de poudre pour confondre la blancheur de leurs cheveux avec cette blancheur étrangère ; elles comblent avec du fard les enfoncemens de leur visage, elles ombragent les rides de leur front avec des boucles, des rubans, des dentelles ; ce qu’elles font de plus prudent, c’est d’embaumer leur corps avec des parfums pour arrêter l’odeur qui sort de leur cadavre : dans cet équipage elles se mêlent dans toutes les sociétés, dans toutes les parties, au bal, à la comédie, elles y tremblent de foiblesse, à peine distinguent-elles les couleurs, après avoir été les idoles du monde, elles le châtient des crimes qu’elles lui ont fait commettre ; ce sont des spectres qui le poursuivent, il les fuit, il en a horreur. […] Viclet poussoit plus loin son erreur, il vouloit que le péché privât de toute autorité temporelle les Rois, les Magistrats & toute les personnes en place, ce qui seroit le renversement de toute la société.
Il s’y étoit préparé en composant en société avec Favart le Prix de Cythere. […] Ce monument de vertu fera connoître une société de citoyens qui s’exercent à tirer au blanc, & donne tous les ans un prix à celui qui a le mieux réussi, a aussi fondé un prix de trois cens livres, en faveur de la fille de la Paroisse qui aura été jugée la plus modeste, la plus attachée à ses devoirs, la plus respectueuse envers ses parens, la plus douce avec ses compagnes.
Dans tout cela il y a encore moins de bonnes mœurs : la fripponnerie des domestiques, l’insolence des enfans envers leurs pères, leur licence dans leurs passions, la liberté entiere de leurs mariages, sont dans la société des désordres incomparablement plus grands que les ridicules de l’avarice, fussent-ils poussés aux excès où on les porte, aussi peu vrais que vraisemblables. […] Prions le Seigneur que l’amour du théatre n’infecte pas davantage le genre humain ; toute la société seroit livrée au théatre, & bien-tôt renversée.
Les théatres de société multipliés à l’infini, les passions des Acteurs & des Actrices (c’est-à-dire des enfans de famille qui jouent) ; très-applaudies, satisfaites décemment, parce qu’elles sont couvertes du voile du rôle (jolie décence !) […] Ce n’est ni la robe, ni l’épée, ni le commerce, ni la littérature, ni un art mécanique ; ce n’est ni mariage, ni domesticité, ni autorité, ni dépendance ; cet état, inconnu à tous les peuples & à tous les siecles, consiste à n’avoir aucun état, à ne servir de rien, à n’être rien dans la société.
Cette peine est très grande pour un homme d’honneur, et doit suffire pour l’éloigner d’une société si méprisable. […] Ils ne sont pas même reçus dans les tribus de campagne, et s’ils s’y étaient glissés, le Censeur les en fait retrancher, ils n’ont pas d’état civil ; la loi ne les connaît que pour les mépriser, et les retrancher de la société par l’infamie.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.
Les Dieux et les Déesses causaient tout ce qu’il y avait de grand et d’extraordinaire sur le Théâtre des Anciens, par leurs haines, par leurs protections ; et de tant de choses surnaturelles, rien ne paraissait fabuleux au Peuple, dans l’opinion qu’il avait d’une société entre les Dieux et les hommes.
L’Eglise, en humiliant les Acteurs des Théatres publics, n’a fait que se conformer au mépris que les sociétés profanes avoient toujours eu pour eux. […] Il inspire la paresse & les autres défauts aussi dangereux à la société. […] Les Théatres ont fait une mortelle plaie à la société. […] Trop heureuse la société, si leur stérilité est la suite de ce nouveau genre d’incontinence…. […] L’âge tendre est admis aux plaisirs & aux Théatres de société.
Si les Comédiens, donc, rappelés dans le sein de l’Eglise par des Pasteurs éclairés, rendus par le Parlement à la société, honorés de la protection du Roi, appuyés et contenus par des « lois sévères et bien exécutées »fd , continuent d’être méprisés par des imbéciles, ils en seront dédommagés par l’estime des honnêtes gens, des gens sages et sans préjugés, qui savent lire au fond des cœurs, admirer, chérir et honorer la Vertu, partout où elle se trouve. […] S’ils ont quitté les farces indécentes pour des Poèmes dictés par la raison et la sagesse, on doit donc les traiter en honnêtes gens et leur rendre les privilèges qu’on accorde dans la société à tous les bons citoyens. […] Si les spectacles ont essuyé la même révolution à Paris que dans l’ancienne Rome, s’ils ont été sacrés dans leur origine, et s’ils font devenus impudiques dans la suite, il n’est pas étonnant qu’ils aient été autorisés, respectés et honorés lors de l’Etablissement : il est encore moins surprenant qu’ils aient été flétris lorsqu’ils sont devenus l’Ecole de l’infamie et de l’impureté : plus on prouvera que la proscription des Acteurs fut légitime alors, plus on établira les droits de ceux du temps présent à l’estime publique et à la société.
Tous les Tribunaux offrent au public un spectable redoutable ; mais nécessaire, pour terminer les différents des Citoyens, & maintenir la paix dans la société.
fit célébrer à Rome les Jeux du Cirque en l'honneur des grands Dieux, à savoir Jupiter, Junon et Minerve, en la société desquels les autres furent admis avec le temps, ce fut en reconnaissance de la victoire que ce Dictateur remporta sur les Latins, comme il en avait fait le vœu au milieu de la bataille ; et en la procession on portait les Images des douze Dieux qu'ils nommaient les Grands, auxquels tous les autres furent peu après ajoutés, depuis le TempleOnuph. l. 2. c. 2.
Ce ne sont dans la société, pour ainsi dire, que des escarmouches, de petits combats en détail que présentent au hasard les occasions.
[NDE] L’expression vient du surnom de Roger de Collerye (1468-1536), secrétaire de l’évêque d’Auxerre, qui présidait à Auxerre une société facétieuse.
Tout se termine par un ballet & une comédie de société, que la Reine lui donne, & fait jouer dans sa chambre. […] Emilie de Breteuil, Marquise du Chatelet avoir de l’esprit, de la lecture, des graces, de la voix, de la fortune, du talent pour le théatre ; elle étoit de la cour de Madame la Duchesse du Maine, à Seaux ; très-bonne actrice, & y jouoit fort bien, & chantoit sur les théatres de société, à Seaux où il y avoit de beaux esprits, & quelques sçavans, comme Malesieux, &c.
Les états ne doivent pas être confondus, & la charité ne veut pas qu’on se rende désagréable dans la société ; ainsi on se concilie le respect, parce qu’ils imposent, & l’amitié parce qu’ils plaisent. […] 12.° Tout est fardé sur la terre, tout n’est que fard dans le monde : la politesse dans la société, les complimens dans les conversations, l’appareil fastueux de la dignité, l’air imposant de la grandeur ; la femme qui se farde n’est pas plus coupable.
Le parallele de Petrone & de Lafontaine est une contradiction fort plaisante ; tous deux loués avec excès sont parvenus à l’immortalité par des routes toutes opposées, Petrone par la famïliarité avec les grands, Lafontaine par la société avec la populace. […] Les éloges gigantesques de Voltaire sont le ton du jour & le refrain des chansons d’une société de beaux esprits philosophes.
Soit qu’on ait porté la danse sacrée des Payens dans la société, comme il le croit, ou, ce qui est plus vrai-semblable, que la danse profane, plus ancienne que le paganisme, ait été introduite dans le culte des faux Dieux, il est certain que la danse & ce culte obscène ont les plus grands rapports. […] On se dédommagea par des théatres de société dans les maisons particulieres, où la dépravation des mœurs ne sit qu’augmenter.
Ils se présentent d’abord à l’homme de génie qui s’en saisit, & ne nous laisse à peindre que des vices de société.