Partant que ce bouffon d’Athènesb crie tant qu’il voudra qu’il ne sait rien, et fasse le vain de ce que des démons trompeurs l’en ont estimé sage ; qu’Arcésilas et Carnéade, Pyrrhon et toute la secte des Académiciens délibèrent éternellement ; que Simonide diffère toujours à répondre ; nous méprisons l’orgueil de ces Philosophes, que nous savons être des tyrans, des corrupteurs et des adultères, toujours fort éloquents contre leurs vices.
7.) parle au long des spectacles, de la poésie, de la musique et de la danse, et condamne absolument le théâtre, comme contraire au bien de la République, gâtant l’esprit, corrompant le cœur, pervertissant la jeunesse, excitant toutes les passions qu’il devait réprimer, portant au mensonge, à l’oisiveté, à la frivolité, à la mollesse, et ce n’est pas même à raison des grossièretés, que ce Philosophe ne soupçonne pas qu’on y tolère. […] » Epictète, meilleur Philosophe que ceux de nos jours, puisque malgré son paganisme il enseignait et pratiquait la religion et la vertu, Epictète parle du théâtre en plusieurs endroits (Manuel, art. […] Cornelius Nepos, Philosophe d’une autre espèce, homme de naissance, homme du monde, homme de cour, prétendu Magicien, et réellement savant, n’était point scrupuleux ; il parle pourtant fortement contre le théâtre.
« Vous serez sûrement le premier Philosophe (M. d’Alembert) qui jamais ait excité un Peuple libre, une petite Ville, et un Etat pauvre à se charger d’un Spectacle public. […] Un vrai Philosophe employerait-il de pareils raisonnements ?
(2) Cependant, disons en faveur des humains, qu’ils ne sont peut-être point si méchans que les Auteurs du Comique-Larmoyant, ou de la Comédie-Bourgeoise, les ont fait paraître aux yeux du Philosophe.
» Ce qui fait dire à ce Philosophe, qu’il n’y a rien de plus dangereux pour les bonnes mœurs, que les Spectacles
Cependant Voltaire est croyable, il est grand poëte, critique, historien, philosophe, &c. […] On tâcha d’imiter cette magie extravagante, à l’opéra, où l’on représenta un temple de Jupiter, orné de tant de diamans, de cristaux, de miroirs, de plaques, que la lumiere des flambeaux de toute part réfléchie, étoit insoutenable ; tout cela fut fait pour Olivier Cromwel ; on le mit sur un lit de parade, la couronne en tête, le sceptre d’or à la main, quoiqu’il n’eût que la qualité de Protecteur ; il fut d’abord en purgatoire, qu’il n’avoit jamais cru, & ensuite dans le Ciel, dont il ne s’étoit guerre plus embarrassé, non plus que de l’enfer, ainsi que tous ses partisans ; tout cela fut fait par autorité publique, à Londres où l’on se pique d’être philosophe, où l’on étoit depuis long-tems protestant, où l’on brûloit le Pape dans la place publique, sans faire attention que c’est-là une pompe catholique, que Philippe II, dont on imitoit les obseques, avoit été le plus grand ennemi de l’Angleterre ; après toutes ces folies, le cadavre soigneusement embaumé, & suivi de toute la Cour, fut porté dans le tombeau des Rois. […] Voilà pourtant la nation philosophe par excellence, dont on adopte les principes, qu’on prend & qu’on veut donner pour modele : peut-il être de modele plus détestable ? […] Elle a dû plaîre aux Ecrivains philosophes ; ils croient ne pouvoir mieux louer un Roi, un Héros, qu’en disant qu’il est digne d’entendre Corneille, Voltaire, parce qu’en le louant ainsi, ils se louent encore plus eux-mêmes : elle a été tant de fois repetée, qu’elle est devenue triviale, & souvent si mal appliquée, qu’elle ne signifie rien.
Ce grave Négociateur, qui devînt, & se fit honneur de paroître Philosophe dans le pays des Loke, des Colins, des Yolands, ne fut pas toujours occupé des affaires de France & de la Philosophie d’Angleterre. […] Il s’est peint lui-même dans la comédie du Philosophe marié, qui a honte de l’être ; & cache autant qu’il peut son mariage. […] Le nom de Philosophe qu’il se donne, le portrait qu’il en fait, tout flatté qu’il soit, ne vont pas plus loin.
Cet état de pure nature est pour le vice ce qu’est dans la religion le systéme faux & chimérique des Philosophes qui font naître l’homme isolé comme une bête dans les forêts, & cherchent comment il a pu par degrés se civiliser. […] comment dans le Silphe cette métamorphose enchante-t-elle subitement un spectateur qui n’est pas imbécille, une fille bien élevée, & même philosophe ? […] En la donnant pour raisonnable, le Philosophe ne montre qu’un esprit faux & superficiel.
C’est une opinion que les partisans du Théatre des Grecs traitent d’hétérodoxe, & que les Philosophes censurent avec raison. […] Vous voyez, Monsieur, que ce n’est pas être si rigoriste que de désapprouver ce qui a offensé tant de Philosophes. […] Mais je laisse ce Philosophe pour consulter Ovide. […] Voyez les Livres des Philosophes avec toute leur pompe ; qu’ils sont petits près de celui-là ! […] Tels sont ces beaux esprits du temps : ils se piquent de raisonner en Philosophes, & vivent en insensés.
Je prie le Lecteur de faire attention à ce sage précepte d’Aristote ; « Pour connaître si une chose est bien ou mal dite, ou bien ou mal faite, il ne faut pas se contenter d’éxaminer la chose même, & de voir si elle est bonne ou mauvaise ; il faut avoir égard à celui qui parle ou qui agit2. » Ce passage du Philosophe Grec empêchera qu’on ne puisse triompher en attaquant le Théâtre moderne ; cet axiome est même construit de manière qu’il est difficile de trouver des fautes dans l’ouvrage le plus mauvais, tant il offre d’excuses, & de moyens de se disculper. […] Le Philosophe Rousseau, digne tout-à-la fois de louange & de blâme, est un des grands partisans de la Musique ; il est vrai qu’il donne la préférence à celle des Italiens, mais c’est en cela qu’il fait paraître combien il estime l’Opéra-Bouffon.
, où ce père traite à peu près les mêmes matières que Cicéron a traitées dans le livre de même titre, où ayant trouvé les préceptes que donne cet orateur, et les autres philosophes du siècle : saeculares viri : sur ce qu’on appelle joca, railleries et plaisanteries, mots qui font rire : commence par observer qu’il « n’a rien à dire sur cette partie des préceptes et de la doctrine des gens du siècle : de jocandi disciplina : c’est un lieu, dit-il, à passer pour nous : nobis praetereunda »: et qui ne regarde pas les chrétiens, parce qu’encore, continue-t-il, « qu’il y ait quelquefois des plaisanteries honnêtes et agréables : licet interdum joca honesta ac suavia sint : ils sont contraires à la règle de l’église : ab ecclesiastica abhorrent régula : à cause, dit-il, que nous ne pouvons pratiquer ce que nous ne trouvons point dans les écritures : Quae in scripturis sanctis non reperimus, ea quemadmodum usurpare possumus ?
« Mais la musique est aujourd’hui déchue de ce degré de puissance et de majesté, au point que nous pourrions douter de la vérité des merveilles qu’elle opérait autrefois dans le moral, si nous n’en avions l’attestation des meilleurs historiens et des plus graves philosophes de l’antiquité.
» Philosophes les confirmeront dans cette opinion, s’ils veulent les écouter : Car ils leur conseilleront de fuir le luxe dans les habits pour condamner celui des autres, de laisser les ornements aux femmes, d’avoir plus de soin de briller par l’éclat de leurs Vertus, que par celui de leur Couronne et de leur manteau Royal, comme disait Aristote au grand Alexandre.
Cette exception est inexcusable dans un philosophe si éclairé, & d’un esprit si conséquent & si juste. […] Le fameux Législateur Licurgue vouloit que pour disposer de bonne heure au mariage & s’aguerrir contre les traits d’un amour volage & d’une volupté insatiable, les deux sexes depuis l’enfance jusqu’à leur établissement, dansassent, jouassent à la lute ; & fissent ensemble tous leurs exercices : ainsi Mitridate se nourrissoit de poison, pour n’être pas empoisonné : on dit que le sage Socrate menoit le jeune Alcibiade chez l’enchanteresse Aspazie, pour prévenir des plus grands excès ; & nos modernes Socrates à l’exemple de l’ancien philosophe vont, & menent leurs éleves au théâtre, pour les lier avec les nouvelles Aspazies. […] Les connoisseurs admirent l’ouvrage ; le peuple moins philosophe, est étonné de ces objets. […] Si le huitiéme siecle eût été philosophe, Mainbourg n’eût pas rempli deux volumes de ce ridicules différentes folies d’attaquer les images fanatiques, de les défendre.
C’est le tombeau d’une jeune femme morte entre les bras de son mari (& qui n’est pas trop décent dans une église) ; on y voit ceux du Chevalier Venin, de l’Amiral Vailon, du Capitaine Hardic, du Musicien Drandel, du Philosophe Neuton, &c. tous ceux des personnes de leurs familles, même celui de Milton, qui lui seul valoit plus que toutes les actrices du monde, & qui pourtant fut élevé aux dépens de son neveu. […] L’Italie a fait de pareilles folies pour le Dante, on a eu le même respect pour Aristote, l’oracle de la Philosophie, le philosophe tout court ; & certainement il le méritoit mieux que tous les poëtes à qui il a donné des leçons, qu’ils ne négligent pas impunément, dont il a créé l’art dans sa Poëtique, & établi les regles : ce qui est d’un plus grand génie que tous leurs théatres ensemble. […] Une dame angloise, d’après ces idées, une fameuse Miladi vient de payer ce tribut, dans un livre exprès imprimé à Londres, au prince des poëtes, dont à sa façon elle a formé le prince des philosophes moraux. […] Ce discours distingue deux sortes de modesties, l’une bonne, qui rougit du mal, qui a honte de l’indécence, selon le mot de ce philosophe, à qui on reprochoit sa timidité.
Mais ce ne sera pas certainement ce grand Législateur, qui regardoit la seule liberté de fiction autorisée sur le théâtre comme une source intarissable de perfidie & de mauvaise foi dans la société ; ce ne sera pas cet illustre Philosophe qui, traçant le plan d’une République parfaite, en excluoit non-seulement tout acteur, mais aussi tout auteur de théâtre ; & pourquoi ? […] Ainsi pensoient des Philosophes ; & les Ministres de l’Evangile que diront-ils ? […] Entre les Auteurs profanes même, j’entends un Philosophe Payen qui, avouant, dit-il, sa foiblesse, reconnoît de bonne foi qu’il est allé plusieurs fois au théâtre, & que jamais il n’en est revenu que moins homme de bien.
Que diroit ce philosophe, si reparoissant parmi nous, dans ce siècle paradoxal, il voyoit cette foule impénétrable de tous les âges, sexes, conditions, groupée comme une masse immobile, se repaître dans une espèce de ravissement, d’un spectacle où ce qu’il y a de plus précieux à l’humanité, à la raison, au Christianisme, l’innocence du premier âge est sacrifiée au triomphe de tous les vices ; où l’existence même physique de ces tendres rejettons de notre espèce, je veux dire, les premiers efforts de la croissance, les principes d’une bonne constitution, la liberté et la gaieté du cœur, sont étouffés dans la fange d’une éducation monstrueuse, dans l’exercice et l’expression de tous les désordres qui troublent l’harmonie de la santé ? […] Mais si ces deux inconciliables ennemis ne peuvent faire de conquête qu’aux dépens l’un de l’autre ; si leur gloire simultanée est un monstre dans l’ordre des choses possibles ; que deviendra, à moins d’une révolution imprévue et subite, cette religion antique qui a couvert le globe de ses branches et de ses fruits, qu’un philosophe, qui ne l’aimoit pas, a nommée le foyer de toutes les vertus, la philosophie de tous les âges, la base des mœurs publiques ; le ressort le plus puissant qui soit dans la main des législateurs, plus fort que l’intérêt, plus universel que l’honneur, plus actif que l’amour de la patrie ; le garant le plus sûr que les rois puissent avoir de la fidélité de leurs peuples et les peuples de la justice de leurs rois ; la consolation des malheureux, le pacte de Dieu avec les hommes, et pour employer une image d’Homère, la chaîne d’or qui suspend la terre au trône de l’éternel. […] Un philosophe à tête exaltée, a fait un livre sur l’an 2440, et s’est beaucoup occupé de l’état des hommes à cette époque ; mais je crois qu’il est raisonnable de demander si à cette époque il y aura encore des hommes.
Denis, à l’enseigne de l’Immortalité, que ses admirables découvertes, dans le grand art de la Coëffure, ont placé dans le temple de mémoire, à côté des hommes les plus célébres des Guerriers, des Philosophes, &c. […] Le Valet de Chambre suffira à Madame, & le sage Cesar Daillion n’aura bientôt plus de pratique, il ne sera accueilli que de quelque Philosophe misantrope, ou de que qu’homme de lettres avare du tems, qui regardent une heure comme la vingt-quatrieme partie d’un jour, & la huitieme du tems qu’on passe hors du lit. […] Cette pensée de Martial appliquée, à un Vieillard petit maître, qui veut faire le jeune, & que la mort démasque, a été imitée par Madame des Houlieres, & appliquée à un philosophe, qui fait l’homme sage, & l’homme de bien.
On a cette espèce d’admiration pour les Saints, pour les Héros, pour les grands génies qu’on ne voit pas Mais dans l’état de corruption où nous a plongé le péché originel, cet amour pur, dégagé de la chair & du sang, d’un sexe à l’autre, est bien rare, s’il n’est une chimère, sur tout dans le rafinement & l’excès où cette Dame philosophe le porte. […] Ce n’est qu’un esprit fort, un Philosophe stoïcien, un Théiste. […] Il n’y a pas de Philosophe payen qui n’en dit autant.
Il ne nous reste d’un grand nombre d’ouvrages de ce savant et pieux Evêque du second siècle, qu’une apologie de la religion Chrétienne contre ses calomniateurs, entre autres un Philosophe habile nommé Aurolique. […] L’autorité de ce célèbre Orateur et Philosophe, disciple de S. […] Mais, ajoutez-vous, nous ne sommes pas faits pour être tous de graves Philosophes.
Les paroles de cet aimable Philosophe, apprendront à tous les Auteurs dramatiques dans quels cas ils doivent désigner le jeu de l’Acteur.
Il n’y a pas un Philosophe ancien, soit Grec, soit Romain, qui n’ait regardé les spectacles, comme la source de tous les désordres.
C’est à quoi non seulement tous ceux qui ont travaillé sur les matieres de pieté, mais les Philosophes mesme du Paganisme, exhortent le plus fortement leurs Lecteurs.
Prenons le Livre, & suivons le Philosophe pas-à-pas. […] Monsieur d’Alembert est le premier Philosophe, qui jamais ait excité un Peuple libre, une petite Ville, un Etat pauvre à se charger d’un Spectacle public. […] Les Amautas étaient des Philosophes du Pérou, sous le règne des Incas : ils enseignaient les sciences aux Princes & aux Gentilshommes : ils composaient des Comédies & des Tragédies, qu’ils représentaient devant leurs Rois & les Seigneurs de la Cour aux Fêtes solennelles. […] Je ne répéterai pas ici ce qu’un jeune Philosophe, victime d’un cœur trop tendre, & moissonné dans l’été de sa vie, a si lumineusement dévoilé sur le gouvernement Théocratique, qui suivit le pouvoir paternel. […] Mille fois les Sciences les plus relevées subirent le même sort : les Philosophes, les Mathématiciens furent à différentes fois expulsés de la Métropole de l’univers* ; il fut quelquefois défendu d’y raisonner tout comme à présent : la Philosophie, si cultivée dans la Grèce, ne le fut que médiocrement à Rome : après Cicéron, on voit les Sénèques, les Plines ; les autres Philosophes qui acquirent quelque célébrité, ce sont des Grecs.
Un Ecrivain, Philosophe & observateur, rapporte que dans les pieces qu’il connoissoit, il se plaçoit le plus loin du théatre aux troisiemes loges, & se bouchoit les oreilles. […] La médiocrité a des remords, mais il est tout philosophe, il voit tout avec fermeté, parce qu’il est armé d’une sévérité Lacédémonienne. […] Cet excès de flatterie surprend dans un Ecrivain qui a de l’esprit, du goût, de la sincerité, de la sévérité, même dans le temps qu’il reconnoît ses défauts, & dans un homme qui avoit beaucoup moins de religion qu’un grand nombre d’autres qu’il poursuit dans tout son livre, non seulement avec zele, ce qui est très-louable, mais avec acharnement. ce qui ne l’est pas ; non-seulement Moliere n’a pas reformé les mœurs, mais il les a corrompues, plus que les nouveaux Philosophes, cet Ecrivain est un amateur du theatre, Auteur lui-même, qui s’entortille dans les éloges pour ne pas déplaire à ses amis, ni trahit tout-à-fait la vérité, & se déchaîne contre ses adversaires qui ne lui ont que trop donné prise, & l’ont cruellement offensé.
Qu’il soit Poëte, Orateur, Philosophe, Géomètre, Peintre, Architecte, Sculpteur, &c. à la bonne heure qu’il soit tout, excepté homme de bien, qualité dont on ne s’embarrassé guère, qui nuiroit même au succès de ses danses, & en supprimeroit la plupart. […] Je ne sais comment Cahusac en fait un crime à Trajan, & le traite d’homme médiocre que Pline a loué en courtisan, & qu’il auroit dû blâmer en Philosophe, puisque, de l’aveu de toute l’antiquité, ce fut un des plus grands Princes qui soient montés sur le trône des Césars. Ils revinrent pourtant, & s’établirent si bien que sous le règne de Constance, où l’on chassa de Rome tous les Philosophes, sous prétexte d’une grande disette, on y conserva trois mille danseuses & autant de maîtres à danser, à qui rien ne manqua : Tria millia saltatricum, ne interpellata quidem, totidemque remansere Magistri.
Les plus célèbres Philosophes, les meilleurs Poètes, les plus judicieux Critiques, les Orateurs tant Grecs que Latins, tant anciens que modernes me donnent gain de cause sur lui. […] Or ce Philosophe n’avait pas seulement beaucoup de raison et de probité ; il passait même pour raffiner sur la Théologie païenne, pour en retrancher tout le fabuleux, et pour vouloir la ramener au point de la Religion naturelle. […] Par conclusion : le Poète condamne le Philosophe à une peine publique à cause de ses singularités. […] Quoiqu’il en soit, il est visible qu’Aristophane n’était point de la Religion de Socrate : le Poète déclamait contre la suppression des Divinités fabuleuses que le Philosophe s’efforçait d’abolir, au mépris de la commune créance.
, le serment est le plus grand lien qui puisse obliger une bonne ame, vous avez promis d’être homme de bien, dit ce Philosophe, souvenez-vous que vous étes lié par serment, & que vous ne pouvez sans sacrilege manquer à vôtre parole. […] Or tout ce qui sert à la pompe des spectacles, est dans le rang de ces bonnes choses qui sont crées par la puissance de Dieu, & qui sont destinées pour le service de l’homme, donc concluoient-ils en méchans Philosophes, & en plus méchans Chrétiens, il n’y a rien dans les spectacles des Gentils, qui soit mauvais ny illicite aux Catholiques. […] Voilà comme ces mauvais Philosophes argumentoient en faveur des spectacles, & comme les Chrétiens du tems raisonnent aussi en faveur de la comedie ; mais voicy comme Tertullien répond aux méchans argumens des premiers, & confond les faux raisonnemens des seconds. […] Il y a eu autrefois un grand schisme entre les Philosophes touchant le sentiment qu’il falloit avoir du plaisirAulu. […] Ne sçavons-nous pas qu’un Philosophe repudia autrefois sa femme pour avoir assisté un jour à un spectacle publique, comme si elle y eût perdu l’honneur & violé la fidelité ; & les Empereurs même ont permis le divorce pour une pareille cause ; ce fut pour ce même sujet qu’Octave Auguste defendit aux femmes d’y assisterSuëton. in Octa.
Denis d’Halicarnasse, dont j’ai parlé plus haut, est de l’avis du Philosophe Grec. […] Le Philosophe le plus pensif, le plus profond, serait obligé de lire plusieurs fois ces Vers, ainsi que ceux qui suivent, avant de les entendre.
Je n’adopte pourtant pas dans toutes ses parties l’opinion du Philosophe de Genève, qui soutient que, « la transition de la parole au chant, & sur-tout du chant à la parole, à une dureté à laquelle l’oreille se prête difficilement, & forme un contraste choquant qui détruit toute l’illusion, & par conséquent l’intérêt » (66). […] Mais la musique vocale serait alors plus supportable aux yeux du Philosophe, puisqu’elle peindrait davantage la Nature, qu’elle s’éfforce toujours de copier, malgré toutes les subtilités de l’Art.
Certes, il faut avouer que Molière est lui-même un Tartuffe achevé, et un véritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comédiens, dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous prétexte de les réformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement dans les esprits : et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Etat, et les condamne au bannissement et aux supplices. […] La naïveté malicieuse de son Agnès, a plus corrompu de Vierges que les Écrits les plus licencieux : Son Cocu imaginaire est une invention pour en faire de véritables, et plus de femmes se sont débauchées à son École, qu’il n’y en eut autrefois de perdues à l’École de ce Philosophe qui fut chassé d’Athènes, et qui se vantait que personne ne sortait chaste de sa leçon.
Ce philosophe du temps est aujourd’hui tombé dans l’enfance : il y a longtemps qu’il y devroit être.
De ces paroles il est facile de connaître combien les Scéniques ou Histrions étaient différents des Tragédiens : car ceux qui récitaient les Tragédies ne dansaient ni ne chantaient, et ces deux choses ne convenaient qu'aux Chœurs ; Mais ceux qui par leurs danses exprimaient les actions des Héros avec cette Musique impétueuse, et quelquefois en prononçant des vers, étaient les Mimes et Pantomimes que ce Philosophe nomme Scéniques par opposition formelle au Chœur de la Tragédie, qui faisait partie de la troupe des Tragédiens, à la société desquels les Mimes n'étaient point reçus.
On commencera par m’opposer que mon systême (toute proportion gardée) peut être comparé à celui de Platon, par rapport à sa République : il aurait fallu, pour la peupler, que ce Philosophe eût créé des hommes nouveaux ; et, pour fonder le Théâtre que je propose, on dira qu’il faudrait pétrir des hommes d’une pâte toute nouvelle : on ajoutera qu’il est impossible que des Spectateurs, qui n’ont jamais connu d’autres Spectacles que ceux où l’amour sert de base, où cette passion anime les intrigues, où elle détermine presque les caractères, et où enfin les épisodes et la diction ne respirent que l’amour, il est impossible, dis-je, que de tels Spectateurs adoptent précisément le contraire, et ne soient pas révoltés par mon système.
Et en même-tems nous prierons la Poësie de ne point imputer cette sévérité à aucune grossiereté, ni à aucune rusticité, comme si nous voulions épouser la querelle qui dure depuis si longtemps entre la Poësie & entre la Philosophie, qui a donné lieu à tant d’invectives des Poëtes contre les Philosophes. […] Aristote a donc refléchi en grand Philosophe sur la nature du plaisir qu’elle doit causer ; il ne parle pas non plus dans le Passage que j’ai cité, de la Tragédie en général ; mais comme je l’ai fait remarquer, de la plus belle. […] Lorsqu’on fait dire à Aristote que l’objet de la Tragédie est de purger la Pitié ; on fait penser à un fameux Philosophe d’Athenes, qu’il faut endurcir les hommes, & purger leurs cœurs de la Compassion, c’est-à-dire, de cette Vertu qui sous ce nom Ελεος avoit à Athenes cet Autel qui fait tant d’honneur à la Grece, dont la Divinité n’étoit point représentée par une Image, parce qu’elle habite dans les cœurs, comme le dit Stace dans la belle description qu’il a faite de cet Autel, Nulla autem effigies, nulli commissa metallo Forma Deæ : mentes habitare & pectora gaudet. […] Cette explication, ajoute Corneille, ne plaira pas à ceux qui s’attachent aux Commentateurs de ce Philosophe.
Est-ce dans la tête d’un Philosophe que tombent de pareilles idées ? […] Il savait bien, ce Philosophe, qu’on ne corrigeait pas un fripon, et que ce n’était qu’en le dénonçant qu’on pouvait le déconcerter. […] Rousseau ne l’exige ; franchement il n’y a qu’un Philosophe qui regrette le temps où l’homme marchait à quatre pattes, qui puisse trouver le Misanthrope de Molière trop doux et trop civilisé. […] Il est donc bien établi, dans l’opinion d’un Philosophe, que la supériorité nous est acquise en fait de prudence, je le souhaite ; mais j’en doute encore. […] Qu’un Petit-Maître le dise, à la bonne heure ; mais un Philosophe peut-il le penser ?
Cet arlequin avoit d’ailleurs du mérite, des connoissances, des sentimens : il se plaignoit que Dieu l’eut fait naître pour être fou malgré lui Italien plutôt que Français, comédien & non pas philosophe : il ne vouloit pas voir qu’il ne tenoit qu’à lui de tout reparer en quittant le théatre, & menant une vie chrétienne. […] Varieté d’un Philosophe, Chap. […] L’auteur fait pourtant le philosophe, & joue le sage sur la comédie.
Rigaudon se donne pour historien, philosophe & politique. […] Il faut pour cela un philosophe aimable, dont on célébroit le luth harmonieux, les riants écrits, le paisible abandon, qui cultiva la vertu au sein des voluptés . […] C’est la premiere fois qu’un corps vénérable de théologiens, jurisconsultes, médecins, philosophes, qui, d’après les canons, les loix, les SS.
C’est la décision du Prince des prétendus Philosophes de nos jours, du Héros de Mrs. les Encyclopédistes, & du Théatre, en un mot de Voltaire. […] c’est ce que me demandoit un Philosophe il y a peu de tems. […] Le Philosophe soit disant, pour se tirer d’embarras, me fit la demande suivante. […] Le prétendu Philosophe n’ayant rien à répliquer à des vérités aussi palpables, crut se tirer d’embaras en me faisant une autre question. […] Le Philosophe avoua sa défaite ; mais il s’en fallut de beaucoup que plusieurs Dames se regardassent comme battues.
Les Grecs, inventeurs de cet art diabolique, raisonnoient plus solidement que nos Philosophes. […] Les mondains seront ils donc toujours comme nos discoureurs orgueilleux, qui ne cessent d’inonder nos Villes de brochures impies, & à qui les sots prodiguent le nom de Philosophes ?
Un philosophe, un homme libre, voit nécessairement plus de défauts dans son ami, que nous n’en voyons dans celui que le plaisir offre à nos cœurs dans le tourbillon des amusements et des affaires. […] Il est philosophe ?
Le Philosophe Marié, pendant trois ans, resta enseveli chez un Comédien, sans qu’il daignât jetter les yeux sur cette piéce.
Certes une fois, lorsque nous étions encore jeunes, et dans les études, nous contraignîmes un Philosophe fort modeste, et d’un jugement fort solide, d’aller au bal avec nous, lequel après avoir bien remarqué toutes les circonstances de cette assemblée, et des actions qui s’y faisaient, fut saisi d’étonnement, et nous dit sur le champ que c’était une invention du diable pour perdre les âmes, et pour corrompre les mœurs des fidèles.
Les personnages de femme qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, et entre autres pour éviter les déguisements que nous avons vu condamnés, même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes si on les renfermait dans de telles règles.
Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement.
C’est un Philosophe, un Sage du temps, qui se peint parfaitement. […] On diroit que comme Palissot dans la comédie des Philosophes, on a voulu tourner en ridicule l’orgueil, la malignité des Sages, leur mépris des hommes, leurs excès impies, couverts du ton d’humanité, de bienfaisance, qui d’abord en imposent, mais qu’il est aisé de démêler. […] Les Philosophes qui les briguent, sont donc des orgueilleux. […] C’est un Philosophe qui veut la tolérance, & ne peut souffrir le zèle pour la foi.
Les caractéres & le jeu doivent conséquemment varier suivant l’ordonnance du dessein, & le génie de la distribution ; selon même l’esprit de chaque rolle combien n’y a-t-il pas de nuances différentes à garder, & qui sont d’autant plus difficiles à saisir, que le genre est naïf & peu maniéré : on est tantôt ouvert & décidé, tantôt intérieur & simulé : dans un cas élégant & poli ; dans l’autre brusque & tranchant : ici imposant & philosophe, là saillant & décousu : quelquefois pompeux & relevé ; souvent humble & modeste. […] Cet Auteur, ingénieux d’ailleurs Philosophe aussi aimable, qu’Écrivain Élégant, nous permettra de lui faire observer, & ce sans que celui qu’il combat puisse en tirer aucun avantage, que le rolle de Copiste est mercenaire & machinal, captif dans son jeu, & nécessairement froid dans son caractére. […] Quel amusement prétent-on attacher à ces sociétés singuliéres & relevées cependant avec tant d’art, par un célébre Philosophe de nos jours ? […] Je ne prétend point cependant exclure de ces Cotteries le sens & la raison que le Philosophe vante ; mais je crois que pour les y trouver, il faut s’y prendre de bonne heure.
Vous avez fait de ce corps respectable un éloge très beau, très vrai, très propre à eux seuls dans tous les Clergés du monde, et qu’augmente encore la considération qu’ils vous ont témoignée, en montrant qu’ils aiment la Philosophie, et ne craignent pas l’œil du Philosophe. […] Au contraire, le philosophe Philinte devait voir tous les désordres de la Société avec un flegme Stoïque, et se mettre en fureur au moindre mal qui s’adressait directement à lui. […] Si vous me demandez ensuite où est le mal que les cercles soient abolis… Non, Monsieur, cette question ne viendra pas d’un Philosophe. […] Si jamais on pouvait établir la paix où règnent l’intérêt, l’orgueil, et l’opinion, c’est par là qu’on terminerait à la fin les dissensions des Prêtres et des Philosophes. […] Quoi qu’en disent les Philosophes, cet amour est inné dans l’homme, et sert de principe à la conscience.
Dans les vies de Gassendi & de Moliere & dans cent endroits on dit à la gloire du Poëte, que cet habile Philosophe faisoit chez lui des conférences philosophiques, & que Bernier, Bachaumont, Chapelle & Moliere étoient ses éleves, & lui firent un honneur infini. […] Des milliers de Prédicateurs prêchent les mêmes mystères, des Théologiens, des Jurisconsultes, des Philosophes expliquent les mêmes matieres, des Peintres peignent les mêmes personnes, des Poëtes versifient la même pensée, il n’y en a pas deux de semblables. […] Vieillards, maris jaloux, philosophes grandeurs, Vous tous tristes suppôts de la mélancolie, Venez dissiper vos humeurs Dans le palais de la Folie.
Le caractère d’un Héros est d’être intrépide et courageux : Le Philosophe est prudent et circonspect : Les femmes doivent être modestes. Il faut avoir soin de conserver toujours aux gens le même caractère, c’est-à-dire, qu’un Héros ne soit pas intrépide dans une occasion, et lâche dans une autre ; un Philosophe prudent, et étourdi ; une femme vertueuse et coquette, selon les occurrences. […] Ce n’est pas que si l’on introduisait un Philosophe sur la scène, on ne lui pardonnât quelque Sentence grave et sérieuse, en faveur de son caractère, pourvu qu’il s’énonce en peu de mots, pour ne pas sentir le déclamateur.
Les intérieures en l’âme car l’exercice et la pratique de la vertu, porte avec soi une grande paix, joie, et tranquillité de cœur, qui est comme un avant-goût des joies, et des délices du Paradis : comme à l’opposite, le péché traîne avec soi sa peine, et est un commencement de celle à laquelle il engage le pécheur dans un Enfer éternel : ce qui a fait dire au Philosophe Sénèque, « Que la plus grande peine du péché est d’avoir péché. […] La première, tel a été le sentiment des Philosophes, et des Théologiens,Première. […] Procurez donc, âme Chrétienne, cette intention en votre jeu, vous y mériterez beaucoup ; ne jouez pas par le seul motif de la nature, et du sentiment (les bêtes jouent ainsi à leur mode,) ni même par le seul mouvement de la raison, car un Philosophe Païen le peut ainsi faire ; mais relevez votre jeu à un motif plus haut, qui est la volonté, et le bon plaisir de Dieu. « Ceux qui sont mûs et portés par l’Esprit de Dieu, sont ses enfants »,87 dit saint Paul, « et là où l’esprit de Dieu portait les quatre animaux », attelez au chariot de la gloire de Dieu, « là ils marchaient », dit Ezéchiel.
Quelques Philosophes ont appelé volupté le repos et la tranquillité de l'âme, ils en font leurs délices et leur gloire : vous ne soupirez qu'après les agitations des spectacles. […] Quoi tant de Princes que leurs apothéoses montraient dans le ciel, gémissant dans les enfers, un Jupiter lui-même et ses adorateurs, ces Magistrats, ces persécuteurs du nom de Dieu, consumés dans des flammes plus ardentes que celles qu'ils avaient allumées pour les Martyrs ; ces Sages, ces Philosophes qui enseignaient qu'il n'y a point d'âme, ou qu'elle n'est point immortelle, couverts de confusion et livrés aux mêmes feux avec leurs disciples ; les Poètes palpitant d'effroi, non au tribunal de Minos et de Rhadamanthe, mais à celui de Jésus-Christ !
Les gens de génie respectent ce modèle et l’imitent, et ce n’est qu’aux pièces les plus estimées des Français philosophes, que les étrangers rendent hommage.
Avec eux descendront dans l’abîme les sages selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’ouvrage de la création, qui blasphèment contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, que le monde est venu par hasard et s’en retournera de même.
Constantin Empereur, sa mort fait suspendre les Spectacles, 101 Conti (M. le Prince) écrit contre la Comédie, après avoir été ami de Molière, 270 Corneille (Pierre) se repent d’avoir travaillé pour le Théâtre, 27 Cornutus Poète et Philosophe, 87 Couvreur (le) Comédienne, privée de la Sépulture Ecclésiastique, 260 S.
Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux. […] Il étoit né avant elle ; reconnu poëte, historien, philosophe avant elle ; immortalisé avec Emilie, avec la Gaussin, avec la le Couvreur.
Le Philosophe même peut se laisser attendrir à des images voluptueuses. […] Le Philosophe Latin avait peut-être raison de son tems.
Si tous les hommes étaient sages naturellement, rien de plus inutile, j’en conviens, que le Théâtre ; rien de plus inutile que tous les écrits des Pères, que l’Evangile même : mais si la plupart des hommes ne sont rien moins que sages, et que leur conduite et leurs mœurs prouvent que la nature et la raison ne leur ont pas encore fait trouver la Vertu assez aimable, pour n’avoir pas besoin de peintres qui leur en fassent remarquer les attraits ; si la vue de ces peintures les porte à faire plus d’attention à l’original, comme le portrait d’une jolie femme fait désirer d’en connaître le modèle à ceux qui ne l’ont pas vue ; il est donc probable que le Théâtre peut opérer les mêmes effets et que le coloris agréable qu’il prête aux charmes de la Vertu, altérés quelquefois par les pinceaux austères des Pasteurs ou des Philosophes, peut faire désirer de la connaître et de la pratiquer. […] Je suis donc bien éloigné d’attaquer ses ouvrages sous prétexte du bien public, et n’est-il pas honteux, pour un Philosophe comme vous, qu’un Comédien lui donne l’exemple de la probité ?
Cependant tous les Législateurs et tous les Philosophes, à Epicure près, ont proscrit le théâtre. […] Cet homme illustre, que tout le monde sait avoir été philosophe et homme d’état, aussi bien que grand Magistrat et grand Orateur, faisait beaucoup de cas de ce fameux Comédien, que le célèbre Baron, avait, dit-on, fait revivre.
» Racine pense de même (Préface de Phédre) : « Le théâtre de Sophocle et d'Euripide était une école où la vertu n'était pas moins bien enseignée que dans celles des Philosophes. […] Le théâtre le plus épuré ne formera tout au plus qu'un philosophe, un prétendu sage, qui dédaigne les sentiments, les promesses, les vertus, le langage, les lois de Jésus-Christ ; encore est-il trop voluptueux, trop passionné pour former un vrai sage.
C’est le systême du Roi de Prusse, nouveau maître de la partie maritime de la Pologne ; lors de l’invasion la saxe de l’enlevement des manufuctures & de la prise de Dresde ; ce grand Philosophe fit ouvrir le théatre le même jour qu’il y entra, & força la famille royale d’aller avec lui à la comédie pour les consoler de la fuite de l’Électeur, de la défaite de son armee, de la désolation du Pays, du pillage des archives & de sa propre captivité. […] Sa conduite étoit l’original que peignoient ses crayons ; Épicurien déclaré & Philosophe voluptueux qui ne modéroit la vivacité de ses passions & l’excès du plaisir, que pour le mieux goûter & en jouir plus long-temps, prétendoit que tous les hommes devoient plutôt suivre les mouvemens de la nature, que les réflexions de la raison qui jettent l’homme dans des égaremens aussi dangereux que ceux des passions . […] L’arrangement de quelques vers est fort au-dessous des calculs algébriques du Philosophe Anglois, qui semble tenir de l’infini ; tout cela fut-il égal, l’objet de la nature mettra toujours une distance infinie entre le théatre & la philosophie, Horace & Cinna & le livre sublime de ses principes ; un homme sage n’y sera point embarrassé dans le choix, il n’aura garde de le montrer, une perplexité aussi peu sensée le rendroit indigne d’avoir à choisir .
Ils appréhendaient néanmoins la corruption des mœurs si dangereuse aux Républiques ; ce qui fit que leurs Philosophes blâmèrent cette occupation, et les Magistrats châtièrent ceux qui en faisaient le métier.
Quelquefois Misanthrope, ou Raisonneur fâcheux ; Aujourd’hui Philosophe, et demain Glorieux ; Mais surtout affectant une froideur extrême, Quand surpris par l’Amour, et guidé par lui-même, Tu fais avec tant d’art, triompher Marivaux.
Le premier renfermera les Auteurs païens, soit Philosophes, soit Orateurs, soit Historiens ; tous hommes du plus profond savoir, du plus grand sens, et de la plus haute considération. […] Ce Philosophe si sage, cet homme divin nous dit : Plat. de Rep. […] Quelques Philosophes ont placé leur bonheur ici-bas dans la tranquillité toute seule : l’éloignement de la peine, et le repos de l’esprit étaient l’unique but de leurs désirs. […] Qu’ils lisent leurs Philosophes, ils y verront la condamnation des mêmes choses auxquelles ils ont aujourd’hui tant de peine à renoncer. […] Ce sage Philosophe est du sentiment, que l’on doit retenir dans la Musique les tons graves et majestueux des Anciens.
Un Philosophe, sans cesse occupé à fonder les profondeurs de la Nature, à résoudre des problêmes, joueroit un mauvais rôle dans ces divertissemens, où la joie est poussée jusqu’à l’ivresse.
Cependant ce qu’ont dit les Philosophes se trouva véritable ; il dévint heureux lorsque ses disgraces furent à leur comble : il fut réuni à ses adversaires, c’est-à-dire au Théâtre-Italien9.
L’Oracle des Savans, le Philosophe qui fut si long-tems le Prince de l’Ecole, Aristote en un mot, va beaucoup plus loin.
Euripide s’attacha d’abord aux Philosophes : il eut pour maître Anaxagore ; aussi toutes ses Pièces sont-elles remplies de maximes excellentes pour la conduite des mœurs.
Alors le Philosophe Socrate & le Savetier Mycicle, allaient également jouir des plaisirs innocens de la Scène.
Il parle encore d’un philosophe qui se vantait que personne ne sortait chaste de sa leçon ; jugez de son crime par son insolence à le publier et si nous ne punirions pas plus rigoureusement que ceux qu’il nous cite un coupable qui se vanterait d’un tel crime.
On y jouait les philosophes vivants et même les dieux.
Appellé par les princes, & confiné dans une prison ; honoré dans toutes les cours d’Italie, vivant & mourant dans la misere ; d’une famille illustre, & fugitif de ville en ville, de province en province, sans savoir où se réfugier la moitié de sa vie ; couronné comme un grand poëte, & enfermé dans les petites-maisons, pour y être traité comme un insensé ; vivant en grand seigneur, & s’habillant en berger, pour mener la vie pastorale ; comblé d’éloge, & accablé de satyres ; regardé comme le premier poëte d’Italie, & solemnellement condamné par le jugement & les écrits de la plus célebre Académie, (de la Crusca) qui, dans le fonds, n’avoit pas tort, quoique sa conduite fut indécente dans la forme ; célébré, chanté de toute part, errant, inconnu, couvert de haillons, changeant de nom, d’habit & de gîte, par des chemins détournés, exposé à tout, souffrant tout ; ne se sauvant que par des mensonges ; philosophe modéré, se possédant en citoyen, & donnant un soufflet, se battant en duël dans sa colere ; pratiquant des exercices de piété, & traitée d’athée, de philosophe platonicien, & y donnant lieu par ses ouvrages ; faisant des vœux à la Ste. […] Il ne fut jamais un incrédule, un prétendu philosophe qui se joue de la religion pour accréditer les passions : ce fut un chrétien qui s’oublia, & que le Dieu de miséricorde eut la bonté de ramener au bercail.
Les maximes de la plus profonde politique coulent de la bouche des confidens & des Ministres de tous les Princes ; les Philosophes développent leurs systemes ; souvent les Théologiens y viennent débites leurs hérésies. […] Les prologues des opéras de Quinaut en faveur de Louis XIV sont dans ce goût ; ils ne sont que plus ridicules chez une nation chrétienne & philosophe.
Déjà tant de philosophes, tant de moralistes l’ont examinée avec une scrupuleuse attention, et n’ont encore jamais pu s’accorder entr’eux ! […] Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe, qu’ils sont petits près de celui-là ! […] Philosophes du jour, âmes superbes et vaines ! […] Fanchon, bien au-dessus du fabuliste ou du philosophe, ne veut pas même sortir du sien ; et quoique au milieu du luxe et de l’abondance, et vivant en véritable Epicurienne, elle ose encore chaque jour disputer à l’indigence même une partie des faibles secours que lui procure la commisération publique. […] pourrait-on lui répondre : — Ouvrez les livres des moralistes, des philosophes ; parcourez la lettre éloquente et sublime de Jean-Jacques à d’Alembert, et vous en trouverez mille auxquelles, avec toute la magie de son style enchanteur, Marmontel n’a fait que prêter un nouveau degré de force par des aveux plus qu’indiscrets et une réfutation aussi faible.
Selon nos Philosophes, c’est une opinion populaire, dont les anciens ont profité pour se mettre à la portée du peuple.
Les anciens philosophes, qui nous ont soutenu que la vertu avait d’elle-même assez de charmes pour n’avoir pas besoin de partisans qui découvrissent sa beauté par une éloquence étudiée, changeraient sans doute de sentiment s’ils pouvaient voir combien les hommes d’aujourd’hui l’ont défigurée sous prétexte de l’embellira.
Florent. » (p. 9) qui signifie « Antoninus Archiepiscopus Florentinus » mais La Porte invente un nom propre (Artesius, ou Artephius, est le nom d’un philosophe hermétique du XIIe s.), preuve que l’érudition des comédiens a des limites.
Aux cercles, mot élégamment inventé pour désigner avec plus de décence celui de tabagie ou d’asile de crocheteurs, il prétend même qu’il ne faut pas être Philosophe pour donner à de semblables coteries le nom de corps de garde, parce qu’on y respire un peu l’odeur du tabac. « On s’y enyvre (dit-il) on y joue, on y soupe, &c. … … l’excès du vin n’est pas un crime » : ô Ciel ! […] Du reste, ajoute-t-il, les sujets sont tout-à-fait moraux, & surtout relevés par les exemples fameux des Philosophes & des Héros de l’antiquité chinoise. » On voit de même chez les célèbres Incas du Pérou des Pièces régulières. […] Je citerai un Jean-Pierre de Cronzas, célèbre Philosophe & Mathématicien né à Lausanne. […] Gabriel Cramer, le plus grand Philosophe de notre siècle, né à Genève, mort en 1752, ses progrès dans les Sciences furent si rapides, que dès l’âge de 19 ans, on lui donna une Chaire de Mathématique. […] « La vigne [disait Anacharsis, fameux Philosophe Scythe] porte trois sortes de fruits, l’yvresse, la volupté & le repentir : & que celui qui est sobre en son parler, en son manger & en ses plaisirs, a le caractère d’un parfaitement honnête Homme, &c. » maxime digne du vrai sage.
N’avez-vous pas lu dans Cahusac et Noverre que Socrate dansait aux bals de cérémonie d’Athènes, et que Platon mérita le blâme des philosophes pour avoir refusé de danser à un bal que donnait un roi de Syracuse ?
Tel est le témoignage de Saint Cyprien, lequel étant né dans les ténébres de l’idolâtrie, lorsqu’il exerçoit la profession d’Orateur & de Philosophe, fut converti par le Prêtre Cecilius ; puis ayant éclairé l’Eglise par sa doctrine, étant monté sur le premier Siége d’Afrique, après l’avoir soutenu long-tems par son zéle, il l’édifia par sa mort généreuse, versant son sang pour la foi de J.
Le Philosophe marié ; bonne piéce, resta trois ans ensévéli chez un Comédien, sans qu’il daignât y jetter les yeux.
Il vit alors à Leipsick de fameux Philosophe Leibnitz, homme d’un génie & d’un savoir étonnant, mais malheureusement sans religion, qui pensoit & parloit fort librement, & avoit inspiré ses sentimens à plusieurs Princes d’Allemagne Ce qui n’est que trop vrai pour la Cour & l’Académie de Berlin, dont il fut le Président & le Fondateur, & où ils regnent encore.
Les Acteurs sur la scène, dit-il, jouent les rôles de Prince, de Général d’armée, de Philosophe, de Médecin, &c. quoiqu’ils ne soient que des misérables.
Comme, par éxemple, dans le Philosophe marié, où Ariste seul dans son cabinet, se répent d’avoir pris une femme, & est entendu par Damis.
Et comme tous ces Jeux n'étaient ordinairement que des disputes et des combats dont ils croyaient que leurs Dieux étaient les Arbitres, les Combattants avaient accoutumé de leur faire des vœux pour y vaincre et de leurs rendre grâces quand ils y avaient vaincu, comme fit le Philosophe Periander, qui promit à Jupiter une Statue d'or s'il était vainqueur, etDiog.
Les hommes iront au Cercle se dessécher les poumons avec la pipe, et boire à la Suisse, pour édifier tous les Philosophes de votre goût.
Ce Prince avoit pourtant promis à la Sorbonne, qu’il étoit allé voir par curiosité, de travailler à réunir son Clergé & son peuple à l’Eglise Latine ; on avoit eu la facilité de le croire, & de lui fournir des mémoires, & tous les efforts aboutirent à tourner en dérision le Pape & le sacré Collége, plus maussadement que les Anglois qui brûloient un Pape de paille ; & même sa propre Réligion Greque, en prophanant dans la Cathédrale de Moscou, le Sacrement de mariage que les Grecs reconnoissent, & le ministere d’un prêtre dont ils réverent le caractère, par des bouffonneries aussi plates qu’indécentes, plus digne d’un Tabarin, sur le Pont neuf, que d’un Empereur qu’on dit philosophe, & à qui cette conduite puérile & sacrilége, n’en assure que trop le titre. […] Maffei fut historien, philosophe, antiquaire, casuiste, mathématicien, théologien, journaliste, interprète de l’Ecriture, traducteur d’Homére, poëte dans tous les genres, depuis l’épigramme & la chanson, jusqu’à la tragédie, & au poëme épique, médiocre en tout.
Le Philosophe Platonicien a bien des choses estimables qui sont oublier cette honteuse tache ; cette tache revient souvent & trop vivement dans l’Auteur moderne pour être oubliée. […] Les éloges gigantesques de Voltaire sont le ton du jour & le refrain des chansons d’une société de beaux esprits philosophes.
Augustin, la confession d’un péché de sa jeunesse avec ses condisciples : Nous contraignîmes, dit-il, un Philosophe fort modeste, & d’un jugement solide, d’aller au bal avec nous. […] A n’envisager la danse qu’en Philosophe par les lumieres de la raison, c’est une folie.
Aussi, au retour de leur Roi légitimec, cet orgueil comprimé s’est-il relevé dans toute sa hauteur ; et Rome a placé son trône à côté de celui d’un roi, un peu philosophe, a-t-on dit, mais perclus et impotent. […] C’est que, par suite de l’envahissement de cette langue si claire, si précise, et qui a obtenu le monopole de la diplomatie, les ouvrages de nos philosophes sont lus chez presque toutes les nations, et que les peuples y trouvent proclamés nos principes de liberté, d’égalité, et surtout le néant de la prétendue souveraineté du pontife de Rome.
Il y auroit de l’ingratitude aux Protestans & aux Incrédules de ne pas faire une héroïne de cette célébre Philosophe. […] Mais comment nos Philosophes peuvent-ils faire de si grands éloges d’une célibataire que tout engageoit au mariage ? […] Quelle farce plus ridicule que les éloges de la virginité & de la doctrine des Protestans & des Philosophes dans leur plus celebre héroïne !
Quelqu’un ayant dit qu’à sa mort il avoit fait voir quelques sentimens de religion, les philosophes de Sans-souci dirent, la Mettrie nous a déshonoré pendant sa vie, par ses extravagances, & à sa mort, par son repentir. […] Dans un conte de Voltaire, il est dit qu’un homme sage & sa femme, parlant de l’éducation de leur fils à son gouverneur, la mere déclara que son fils n’apprendroit ni grec ni latin, parce qu’on se jouoit l’opéra & la comédie qu’en françois, ni l’histoire, parce que les histoires de Lafontaine étoient les plus utiles, ni la philosophie, parce que Moliere étoit le plus grand philosophe, ni la géographie, parce que son cocher sans elle savoit trouver le chemin de ses terres ; il fut enfin décidé que son fils apprendroit à danser, iroit aux spectacles, étudieroit Lafontaine & Moliere, auroit un baigneur, une toilette. […] Tels sont le gland & le paysan, le laboureur & les jeunes gens, le vieillard & ses fils, l’avare & son trésor, Ulisse & les syrenes, simonides, paroles de Socrate, le philosophe Scythe, le fou & le sage, le charlatan, le charetier embourbé, la jeune veuve & les deux médecins, le Songe du Mogol, la femme & le voleur, le trésor & les deux hommes, le statuaire, le savetier & le financier, les femmes & le secret, la laitiere, Démocrite & le notaire, l’écolier & le pédant, le curé & le mort, le satyre, l’ivrogne, l’oracle, le jardinier & le seigneur, les œufs d’or, l’homme & l’idole, l’homme & son image, l’homme entre deux âges, la fortune & l’enfant, la besace, l’astrologue, Momus & le bucheron, &c.
Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie. […] » Platon pour ces raisons, chasse de sa République les Poètes impurslib. 2 do , tels que sont pour la plupart, les auteurs des Comédies, Aristote prenant pour chose confessée d’un chacun, que ce sont gens corrompus, et dépravés ; recherche, et déclare les raisons pourquoi ils sont telsdp : Et le Philosophe TaurusA. […] [NDE] Chez Aulu-Gelle, c’est le philosophe platonicien Taurus qui donne à ses élèves l’exemple d’Euclide de Mégare pour les exhorter à l’étude de la philosophie.
Néricault Destouches, cet aimable Philosophe, acheva de tout moissonner.
Ce célebre Orateur, après avoir prouvé qu’il n’est point permis d’aller aux spectacles, & qu’il n’y pas un Philosophe ancien, soit grec, soit romain, qui n’ait regardé les spectacles, comme la source de tous les désordres, rapporte ce beau trait d’une illustre Princesse, dont toute la France a pleuré & pleurera long-tems la mort prématurée, (Madame Anne-Henriette de France.)
Quelques Philosophes ont donné ce nom au repos, et à la tranquillité, ils en ont fait l'objet de leur joie, de leur application, et de leur gloire; et vous Chrétiens, vous ne soupirez qu'après les Comédies ?
Les Barbares ont dit autrefois une parole digne des plus sages d'entre les Philosophes: Car entendant parler de ces folies du Théâtre ; et de ces honteux divertissements qu'on y va chercher.
Elles suffisent sans doute pour déterminer tout Chrétien docile à la voix de la Religion ; et quiconque ne l’est pas, se trouve également sans excuse, au tribunal de la Raison : il a contre lui les Philosophes, les Protestants, les Auteurs dramatiques, les Comédiens eux-mêmes, Corneille, Racine, Boileau, Lefranc, La Mothe, Riccoboni, Gresset, Bayle, Jean-Jacques Rousseau, et tant d’autres : qu’il écoute leurs témoignages ; ils ne sont pas suspects25. […] Vous autres Philosophes, qui vous prétendez si fort au-dessus des préjugés, ne mourriez-vous pas tous de honte, si, lâchement travestis en rois, il vous fallait aller faire aux yeux du public un rôle différent du vôtre, et exposer vos majestés aux huées de la populace ?
Donc une comédie qui offrirait ces avis d’un philosophe eût été bien nécessaire pour servir de correctif à celle de l’Avare. […] Ce concours avait opéré le renversement de l’ancienne constitution morale, que les philosophes à qui on l’impute jouaient encore à Colin-Maillard.
Les offices de Cicéron, chef d’œuvre de cet Orateur Philosophe, supérieur à tous égards à Térence, sont mieux écrits que les comédies : aussi clairs, aussi intelligibles, ils ont été admirés de tous les siécles. […] Espece de dévote, ou plutôt de Philosophe, ne lisoit point de Romans, mais des pieces de théâtre.
Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] Il est surprenant qu’on aye osé proposer, & il le seroit beaucoup qu’on reçut ce systeme inhumain dans un siécle philosophe, où on ne parle que d’humanité & de bienfaisance, & qu’on en vint jusqu’à en faire un plaisir, qui jamais ne pourra plaire qu’à des mauvais cœurs.