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104. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Ce fut peut-être pour cela que Dieu qui se fit pauvre pour nous enrichir, qui s'est humilié même jusqu'à mourir en la Croix, et dont la mort fit trembler tout le monde, voulut être pour nous attacher sur une Croix ainsi qu'un criminel ? […] Nous ne nous contenterions pas de rire et de nous réjouir si nous ne rendions nos réjouissances criminelles, par le moyen des vices que nous y mêlons. […] Je laisse pour juge de cette demande, la conscience de tous les Chrétiens, et je n'ai que faire de dire ce qu'une pernicieuse coutume fait voir trop clairement, l'on retient plus facilement un mauvais mot, qu'une sentence de l'Evangile, et l'on est plus content d'écouter les paroles de la mort, que celles de la vie: ainsi le Criminel aime mieux entendre ce qui le condamne, que ce qui lui donne la grâce.

105. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Les hommes exposés aux bêtes étaient ou des criminels condannés au supplice, ou des gens qui se louaient pour de l’argent, ou d’autres qui s’y offraient par ostentation d’adresse ou de force. Si le criminel vainquait la bête, il était renvoyé absous : c’était encore sur le Théâtre que se fesaient quelquefois les Naumachies (Combats sur l’eau), & autres Jeux.

106. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Car enfin l’Idole de la Comédie est toujours un jeune homme qui est brûlé d’un feu criminel.

107. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Enfin on rapporte de la représentation de cette piece cette double instruction, que tout criminel contre sa conscience, est comme Mahomet, un homme détestable, & que l’emportement d’un zele inconsideré, peut conduire aux plus énormes attentats. […] Rien de plus froid que les scenes où cette femme criminelle est seule ; le rire ne s’éveille que lorsque son mari est témoin des affronts qu’elle lui fait. […] On rit de voir un fils, qui vole un pere, dont l’avarice l’a réduit à cette extremité vicieuse, mais moins criminelle que la parcimonie outrée d’un homme en qui la cupidité des richesses étouffe tout autre sentiment. […] Les loix civiles & criminelles sont établies pour assurer la tranquillité des citoyens : l’ordre public dépend de leur observation. […] Feuilletez, compulsez les registres criminels, vous ne verrez point leurs noms inscrits dans ces fastes du crime : est-ce à l’impuissance de l’autorité qu’ils doivent leur impunité ?

108. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

Enfin, je ne vois pas quel temps il peut rester pour rechercher ces amusemens criminels, à ceux dont l’esprit doit être éternellement occupé de deux objets, qui y ont trés-peu de rapport, je parle de la mort de Jesus-Christ et de nos pechés.

109. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Les Lacédémoniens bien plus sages, bannissoient ces amusemens criminels, il n’est pas bon, disoient-ils, de violer les loix, même en apparence, on doit les respecter jusques sur la scène. […] Ces objets n’excitent dans l’ame que des mouvemens doux & tranquilles qui ne portent à aucun péché, & ne favorisent aucune passion, ils invitent même à louer, à aimer, à admirer un Dieu dont ils peignent les perfections, mais les beautés théatrales, vanités des vanités, pompe du monde, attraits de la chair, cette musique efféminée, ces paroles tendres, ces intrigues galantés, ces nudités, ces gestes, ce fard, ce luxe ne viennent que du vice, ne portent qu’au vice, n’entretiennent que les passions les plus criminelles, & ne peuvent que conduire au dernier crime. […] Jamais il n’y a eu au théatre plus de déchaînement qu’il y en eut contre le Tartuffe, le Parlement le défendit par arrêt, le Roi fit pareille défense ; les Prédicateurs, les Confesseurs, les Magistrats, les Écrivains, tout s’éleva avec zèle, le sublime Bourdaloue prêchant sur les divertissemens du monde le troisième dimanche après Pâques, s’étend beaucoup sur les spectacles qu’il démontre être impurs, criminels, scandaleux de leur nature, faisant naître mille pensées & désirs impurs défendus par l’Église & par tous les Saints Pères dont le témoignage vaut bien celui de quelques libertins, sans sciences, sans études, sans autorité, qui n’ont pour guide & pour oracle que des passions dont ils sont idolâtres. […] Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser.

110. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Heureuse ignorance que celle qui ne sait ni les règles du Théâtre, ni les criminelles beautés des pièces qu’on y joue, et qui, se renfermant dans la sphère du Chrétien, se contente d’avoir appris Jésus-Christ crucifié. […] Ainsi c’est par son inspiration, dit saint Ambroise, que tant d’écrivains composent des Poésies lascives et criminelles, et que tant de personnes font métier de les répéter ; métier infâme, métier scandaleux, que les Romains eux-mêmes regardèrent avec indignation, et qui, malgré tous les éloges qu’on s’efforce de lui donner, n’est encore aux yeux de toute la Nation, qu’un objet de mépris et d’avilissement. […] Le Diable, toujours attentif à faire valoir son œuvre, remue toutes les passions de ceux qui représentent et de ceux qui regardent, de celles qui déclament et de celles qui écoutent, pour faire un assemblage monstrueux de pensées lascives et de désirs criminels. […] N’est-ce pas là qu’il domine, en foulant aux pieds les lois de l’Evangile, et les règles de la pénitence ; qu’il vous arrache des pleurs sur des aventures criminelles et scandaleuses ; qu’il attache votre esprit et votre cœur à des récits pernicieux ; qu’il remplit votre mémoire d’images impures ; qu’il vous fait avaler un poison d’autant plus dangereux, qu’il flatte votre goût, et qu’il est mieux préparé ?

111. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Il est vrai que votre passion vous aveuglait beaucoup ; car, puisque ce grand prince, si chrétien et si religieux, ne s’éclaire que par lui-même, vous deviez considérer que les matières les plus embrouillées étaient fort intelligibles pour lui, et que par conséquent vos accusations ne serviraient que pour convaincre d’une malice d’autant plus noire que le voile que vous lui donniez était trompeur et criminel. […] Vous auriez bien plus meilleure grâce de blâmer un sentiment criminel et des lâches transports que vos oreilles avaient entendus, que l’impiété de ce fils, que vous connaissiez pour imaginaire et pour chimérique.

112. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Elle en sera effrayée, elle y verra le déplorable monument de la folie humaine, qui a perdu, dans la chose la plus frivole & la plus dangereuse, & communément la plus criminelle, les momens prétieux d’une vie qui nous a été donnée pour acquerir une éternité de bonheur.

113. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

et on le dérobe à ses occupations, à ses devoirs les plus pressants pour de vains spectacles, qui seraient de ce côté-là criminels quand ils ne le seraient pas d'ailleurs.

114. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Néanmoins comme on ne peut point nier qu’on ne puisse prendre innocemment quelque sorte de récréation, pour délasser l’esprit par le Chant, ou par le son des Instruments, et par le mouvement même mesuré du corps, nous ne prétendons pas conclure par ce que nous avons dit, que la Danse soit d’elle-même criminelle.

115. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Puis donc l’origine de ceux-ci est criminelle, par quel principe espére-t-on les justifier ? […] Saint Bernard n’a pas laissé de les condamner3, sous prétexte qu’elles flattent nos convoitises, qu’elles retracent des actions criminelles.

116. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Quand vous voyez ces spectacles, quand vous entendez ces airs lascifs, ces scènes amoureuses, quand vous voyez sous ce masque qui déguise les deux sexes, des hommes en femmes, ou des femmes en homme représenter leurs criminelles passions, qui est-ce qui au milieu de tant d’objets voluptueux peut demeurer chaste ? […] C’est une vrai fournaise en effet, dans laquelle le démon vous jette, c’est lui qui en allume les flammes ; ce n’est pas, comme les tyrans, du bitume, de la poix, des étoupes qu’il y emploie, mais des alimens plus combustibles & plus funestes, des ris dissolus, des discours obscènes, des airs lascifs, des objets indécens, des femmes immodestes, Les premiers feux étoient allumés par des mains barbares, & ceux-ci le sont par de mauvaises pensées, des désirs criminels.

117. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Nous nous réservons aussi à demander si les plaisirs modérés sont en eux-mêmes criminels, & si notre Comédie n’est d’aucune utilité, & d’autres choses qui n’appartiennent pas absolument à l’objet que l’on s’est proposé dans ce premier Chapitre. […] S’il est criminel, il cause la mort ; s’il ne l’est pas, il fait un mariage. […] On leur répond, sur l’autorité de plusieurs autres Théologiens, que les pompes du Démon sont dans le péché, & spécialement dans l’orgueil ; que les choses les plus riches & les plus brillantes ne sont point, en elles-mêmes, criminelles ; que le plus beau de tous les Spectacles est la contemplation du Ciel, de la Terre, & de la Mer ; que Salomon, dans sa gloire, n’étoit pas si artistement vêtu que le Lys des champs ; & que tous les efforts de magnificence, que peuvent faire les Souverains, ne valent pas un simple boccage que nous offre la Nature.

118. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

C’est même un trait de libertinage, & un outrage fait au Roi, de présenter sur un théatre l’idée qu’on ne pourroit trop oublier de sa passion criminelle pour Madame de Montespan. […] Ils font voir des défauts qu’on n’avoit point apperçûs, & font juger & condamner ce qu’on avoit pardonné ; ils apprennent à trouver & à répandre le ridicule ; ils familiarisent avec la médisance, si commune & si criminelle, & qui n’en devient que plus agréable par la plaisanterie dont on l’assaisonne. […] Ce sont les motifs les plus criminels.

119. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

On le prend aujourd’hui sur un ton différent & tres-artificieux ; on fait l’éloge de ce saint état, on en porte la sainteté, les rigueurs à l’excès, pour faire entendre que cette perfection est impraticable ; que ceux qui s’y sont engagés, la plupart malgré eux, par force ou par désespoir, y gémissent sous la haire & le cilice, dans des combats perpétuels, sans pouvoir vaincre les passions qu’ils y ont apportées ; que l’impossibilité de les satisfaire les rend malheureux toute leur vie, & la sainteté de leurs vœux, toujours coupables ; que l’état, tout saint qu’il est, ne fournit pas des moyens suffisans pour éteindre ces feux criminels ; qu’au contraire il en augmente la vivacité par les obstacles. […] Transport criminel qui soulève les sens. Ce sont les sens soulevés qui causent le transport criminel.

120. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

« Toute représentation est par sa nature criminelle & peché, où les représentans se servent des paroles, ou font des gestes contraires à la pureté, ou des choses, qui puissent nuire au prochain. » Ce seroit ne pas connoître le genie du theatre moderne, que de soûrenir qu’on n’y dit jamais de ces paroles équivoques, qui fassent rougir la pudeur : & qu’on n’y voit jamais des gestes que l’honnéreté chrétienne ne souffre pas, & que cependant l’Ange de l’Ecole veut qu’on bannisse de tout divertissement. […] Tout concourt à fournir un fond inépuisable des reflexions toutes également criminelles, objéts corrupteurs ; recits pleins de tendresse, Poësies lascives, maximes d’amours ingenieusement exprimées, airs languissans, spectateurs repetant les plus malignes paroles, les appliquants ; Concerts harmonieux, voix penetrantes, danses passionées, actions animées, diaboliques enchantemens, & le Chef d’œuvre de l’enfer. […] Si c’est une chose si criminelle que la Comedie, vous avez trop de penetration, Madame, pour ne pas sentir le malheur des personnes, qui par leur exemple ont contribué aux foibles à s’y porter.

121. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IX. Des Exercices, ou Reveuës Militaires. » pp. 197-204

Toute licence estoit criminelle.

122. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

… Vous m’estimez, Monsieur, malgré vos entreprises, & le criminel déguisement qui vous a fait me cacher que vous n’étiez pas libre, vous m’estimez, je crois m’en être apperçue : je veux redoubler ce sentiment, le seul de votre part qui soit aujourd’hui flateur pour moi ; je veux qu’il soit le seul lien qui desormais nous rapproche.

123. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Elle favorise le vice ; elle enseigne aux enfans à mépriser l’autorité des parens, & à tromper leur vigilance, par des engagemens clandestins, formés par une passion aveugle ; elle apprend aux femmes la coquetterie, la dissimulation, les ruses, pour tromper leurs maris, au préjudice des liens sacrés du mariage, & les livrer à une ignominie que mérite seul l’auteur du crime que l’on fait triompher ; elle invite les domestiques à flatter sans pudeur, à servir sans remords les passions de la jeunesse, à voler, à tromper leurs maîtres & les tourner en ridicule ; elle accoutume le public à traiter de bizarrerie une sage circonspection, & de politesse une connivence criminelle, l’impiété & l’indifférence à ses devoirs, de force d’esprit philosophique, à embellir le vice, à enlaidir la vertu, & tourner en plaisanterie les choses les plus importantes. […] Mais on n’a point de motif criminel. […] Cet Auteur, à la tête d’une foule de Docteurs dont Pascal dans ses Provinciales demandoit s’ils étoient Chrétiens, distingue les pieces de théatre, où le spectateur ne cherche ni ne trouve ni plaisir criminel, ni danger de péché, telles que peuvent être quelques pieces de Collège, dont même je ne serois pas garant. […] Comme s’il étoit permis d’entretenir les femmes publiques, les rébelles au Prince, les Ministres hérétiques, les jours où par hasard ils n’exercent pas leur criminelle profession.

124. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Mon Enfant, me dit-il, je ne sais point confondre les choses indifférentes, avec les criminelles. […] La peinture des avantages qui résultent d’un pareil choix, l’exposition des motifs qui doivent déterminer à le faire, n’a sans doute rien de criminel ; et si l’on rend amoureux à l’excès deux personnes qui reconnaissent réciproquement ces avantages en elles ; que le mérite et la vertu soient toujours les motifs qui déterminent les deux partis à s’unir, que l’on prouve maintenant ce qu’il y a en cela de contraire à l’Ecriture. […] On tourne en ridicule un vieillard amoureux d’une jeune personne, parce que ce vieillard est criminel à tous égards, éclairé sur les devoirs de l’état dans lequel il veut s’engager pour la seconde fois, c’est un fourbe qui sait bien qu’il ne les remplira pas, qui n’est ordinairement porté à convoler que par avarice, ou par des velléités luxurieuses : semblables à ces feux de paille qui s’éteignent avant d’avoir pu communiquer la flamme aux corps solides qui les approchent. […] Rousseau, qu’on se rend criminel en tournant à cet égard les vieillards en ridicule, on conviendra bientôt que les Auteurs Dramatiques ont non seulement raison de plaisanter l’amour barbon, mais qu’ils feraient encore bien de l’accabler de tous les reproches qu’ils font au crime. […] Celui qui prêchera le mieux sera peut-être le premier à s’interdire l’entrée de la Tribune sacrée, pour ne pas éprouver la satisfaction trop flatteuse pour l’amour propre, et par conséquent criminelle, de savoir trop bien captiver son Auditoire.

125. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Ainsi, ce sont moins des défauts réels, que des défauts d’usage et de mode, qui n’ont rien en eux de criminel que la Comédie tympanised. […] fable du Paganisme mise en action ; fable qui n’a pour objet que l’intrigue la plus licencieuse, et la passion la plus criminelle. […] Sans parler de l’amour, le plus funeste de tous, comme on va le prouver dans un moment, de combien de conseils condamnables, de leçons criminelles, de raisonnements peu délicats, et d’expressions obscènes, sont-elles remplies ? […] Louis, et les autres Saints, en usaient à l’égard des uns comme à l’égard des autres ; et que si celles-ci ne pouvaient pas argumenter de la tolérance qu’on avait pour elles, ni en conclure que leur état fût honnête et licite ; ceux-là, parce qu’ils sont autorisés par le Gouvernement, ne peuvent pas dire que leur profession ne soit pas criminelle. […] Elles sont mauvaises à l’égard de ceux en qui elles sont une passion, et en qui elles occasionnent des excès criminels, comme la fureur, le blasphème, la mauvaise foi, etc. on ne peut alors les offrir à Dieu.

126. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Je dirai donc avant toutes choses, que je ne sais aucun des anciens, qui bien éloigné de ranger les plaisanteries sous quelque acte de vertu, ne les ait regardées comme vicieuses, quoique non toujours criminelles, ni capables de damner les hommes.

127. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Par l’exemple des Tragiques d’Athènes, 150 Sénèque plus criminel sur cet article que les Poètes Grecs ; mais moins aussi que nos Auteurs, 163 Exemple des Païens ; vain prétexte pour des Chrétiens, principalement en cette matière, 164 Nulle de ces impiétés ne saurait être permise sous quelque prétexte que ce soit, 167 CHAPITRE troisième.

128. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Des chrétiens zélés pourraient-ils voir sans douleur, d’un côté les temples du Seigneur abandonnés et déserts, et de l’autre les théâtres, ces temples élevés au démon, regorger continuellement d’adorateurs qui vont en foule offrir à cet esprit de ténèbres leur encens et leurs hommages, qui témoignent un mépris dédaigneux pour les solennités religieuses, qui ne connaissent les jours spécialement consacrés au Seigneur que pour les profaner en se livrant à des divertissements souvent criminels et toujours dangereux ?

129. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Car le Démon qui se jouait de la fausse crédulité des Païens, leur inspira ainsi de dédier chaque Spectacle à quelque Divinité ; afin de les canoniser, pour ainsi dire, et de faire triompher l’idolâtrie jusque dans ces plaisirs criminels ; de manière que de cette façon l’impiété régnait dans les Spectacles, aussi bien que l’effronterie et la licence. […] J’avoue qu’il y a deux choses qui rendaient la Comédie ancienne très criminelle, qui ne se rencontrent plus dans la Comédie d’aujourd’hui ; savoir l’idolâtrie, et cette impudence horrible qui allait jusqu’à faire paraître des femmes toutes nues sur le Théâtre, et à y commettre des infamies qui ne méritaient que les ténèbres. […] Que dans les Spectacles il y ait un milieu criminel entre la danse de David et les infamies de la gentilité idolâtre ; on ne peut en douter, et notre Docteur lui-même n’en doute pas, puisqu’il abandonne les représentations qui ne sont pas tout à fait pures, quoiqu’elles n’aillent pas jusques aux excès des Païens. […] « Pour moi, dit-il, de la manière qu’on joue la Comédie à Paris, je n’y vois rien de criminel. […] On s’abstiendra en Carême des choses les plus innocentes et presque nécessaires à la vie, comme de viande, d’œufs, de laitage, et on ne s’abstiendra pas de la Comédie, qui est une chose de soi criminelle, ou tout au moins très dangereuse, et qui n’a été inventée que pour le plaisir, vrai antipode de la pénitence ?

130. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison ? […] « Y a-t-il rien de plus odieux, de plus choquant, de plus lâche, qu’un honnête homme à la Comédie, faisant le rôle d’un scélérat, et déployant tout son talent pour faire valoir de criminelles maximes, dont lui-même est pénétré d’horreur ?

131. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

D’une Vénus infâme adorateurs fidèles, Leurs flammes n’étaient point honteuses, criminelles : L’amour le plus indigne, et le plus vicieux Avait, pour s’excuser, l’exemple de leurs Dieux.

132. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

C’est la doctrine de Roselius, et de Sylvestre, après Alexandre de Halès, qui pour exposer plus clairement leur avis par des exemples, marquent le temps de l’Avent jusques à l’Epiphanie, et depuis la Septuagésime jusques à Pâques ; ne doutant point que pendant ce temps, les danses ne soient illicites, et criminelles.

133. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

On sait bien qu’elle est plus curieuse que solide ; que quand elle demeure dans les termes de la Nature et qu’elle ne consulte que les Astres, elle est ignorante ; que quand elle passe ces bornes, et qu’elle consulte les Démons, elle devient criminelle : De sorte qu’en quelque état qu’on la regarde, elle doit être toujours suspecte au Souverain, et il faut qu’il demeure bien persuadé, qu’il n’y a point d’argent plus mal employé que celui qu’on donne pour la récompense d’un Art qui ne vend que des conjectures ou des mensonges.

134. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Un jeune-homme est bien à plaindre, si dès ses premieres années il se livre au péché, & se prépare ainsi une vie criminelle ou une mort prématurée dans la disgrace de Dieu, qui le punira éternellement. […] 2.° C’est une école empestée où l’on n’expose que des passions, & les passions les plus criminelles, c’est à-dire de mauvais exemples. […] Il me semble entendre Annette & Lubin dans le conte & la comédie de Marmontel, qui faisant le licentieux détail de leurs familiarités criminelles, disent à chacune, qu’y a pas grand mal à ça . […] Un vernis de mariage, souvent criminel, toujours ménagé par de mauvaises voies, sanctifie tout.

135. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Dieu bénit un travail honête, par l’accroissement de ces biens naturels ; mais il faut vous contenter de la moisson que Dieu fait naître, & ne pas vouloir forcer la providence par des mensonges, des masques, des entreprises criminelles. […] Il est vrai qu’il peut n’y avoir que de la légereté, sans dessein de séduire personne, & le péché ne seroit alors que véniel, comme le remarque le même auteur ; mais il est rare que l’intention ne soit criminelle ; quoiqu’il en soit du motif, que le Prêtre qui donne la Communion ne peut démêler, & qu’il a droit de soupçonner mauvais, puisque l’action est mauvaise, le seul état où l’on oseroit paroitre dans le lieu Saint, pour une action si sainte, donne droit d’exclure la personne qui se présente si indécemment. […] Il semble que les Payens, par superstition, y avoient attaché une espece de talisman, pour le faire aimer des hommes, ce qui seront encore plus criminel.

136. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Pères qu’il y en a fort peu qui y regardent de si près ; car toutes ces dissolutions criminelles passent dans le monde pour des enjouements permis. […] Le jeu, qui n’est pas une récréation, est une occupation criminelle d’elle-même, qui sert d’occasion prochaine au péché. […] Vous n’ignorez pas que l’homme ne naît que pour mourir, que le premier pas qu’il fait dans la vie, est la première démarche qui le conduit au tombeau ; il est coupable et condamné à la mort dès qu’il commence de vivre ; la sentence est déjà prononcée, mais l’exécution en est différée autant qu’il plaît au souverain Juge, sans que le criminel en ait la connaissance : voilà votre condition et la mienne, c’est pourquoi, si nous sommes sages, nous ne devons pas nous assurer d’un seul moment.

137. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Ceux que les lois ont mis au rang des criminels, en leur faisant subir la peine du crime, n’ont aucun droit à ses trésors, jusqu’à ce que la conversion la plus éclatante les ait fait entrer au rang des fidèles. […] Cependant on peut dire, pour justifier cette indulgence, que l’Eglise regarde de plus près aux qualités des Ministres qu’elle admet, que des Ministres déjà reçus, qu’un refus ne fait pas autant de tort qu’un châtiment, que la privation de tout privilège clérical est une plus grande punition que la simple exclusion, qu’on exclut pour de simples défauts de corps ou d’esprit, qui ne sont point de péchés, et que des bouffons, tels qu’ils étaient dans ce siècle, qui amusaient les passants dans les rues, étaient moins pernicieux et moins coupables que des Comédiens et Comédiennes de profession qui passent toute leur vie à exciter par toute sorte d’artifices les passions les plus criminelles : métier si opposé au christianisme, que d’autres canons appellent cette espèce d’hommes des apostats et des démons. […] « Les Curés doivent refuser la bénédiction nuptiale aux Comédiens, comme à des pécheurs publics, à moins qu’ils ne renoncent publiquement à leur profession criminelle.

138. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

Pour appuyer des prétentions aussi excessives, cette secte impie et régicide, accorde encore aux prêtres le droit d’employer des anathèmes et des excommunications dont les effets sont civils, politiques ou matériels dès ce bas monde, et peuvent susciter des guerres de religion ; ils se croient autorisés à employer enfin tous les moyens, même les plus criminels et les plus inhumains, pour parvenir à leurs fins.

139. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [Chapitre 2] » pp. 78-82

J’ai avancé que la comédie était innocente ; le Port-Royal dit qu’elle est criminelle ; mais je ne crois pas qu’on puisse taxer ma proposition d’hérésie ; c’est bien assez de la taxer de témérité.

140. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Pour les regarder, il faut qu’il voye ce qu’ils voyent eux-mêmes ; l’effronterie d’un jeune homme, l’immodestie d’une femme, la dissolution d’une comédienne, une conversation suspecte, un rendez-vous criminel, un projet de débauche. […] Il y détruit avec une force invincible les fausses raisons dont on se servoit, pour justifier une pratique si criminelle. […] Les premiers estoient plus grossierement criminels, puisque l’idolâtrie & les desordres y paroissoient à découvert ; aussi ont-ils esté condamnez par les Tertulliens & les Cypriens. […] Un mariage contracté justifie bien certaines actions, qui sans cela seroient criminelles.

141. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

quelle révolution criminelle ne font-elles pas naître dans le cœur de leurs adorateurs ? […] Mais ces peintures pieuses contrasteroient trop avec les tableaux que l’on aime, & condamneroient les effets criminels qu’ils produisent. […] Ce seroit arrêter un désordre par un autre désordre, mais moins funeste & moins criminel. […] Le théatre en rougit si peu, qu’il en fait un mérite, & qu’il a l’imprudence d’appeller le Triomphe des Arts, le feu criminel que produit un peinture lascive, ce qui est bien plutôt le triomphe du vice.

142. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Ce n’était point de Segor qu’Abraham parlait, mais de Sodome et de Gomorrhe, ces deux villes si criminelles et si indignes de pardon. […] Cependant, exposons-les au public dans le même esprit qu’on expose au grand jour les criminels, non pour la pompe, mais pour l’exécution. […] En effet, le Poète, pour ne manquer à rien qui soit de son devoir, fait conduire Prométhée au supplice : il lance les foudres et les carreaux sur la tête du criminel : il ébranle son rocher par un affreux tremblement de terre : il change l’air qui l’environne en un tourbillon effroyable ; il emploie en un mot tous les sujets de terreur pour faire de Prométhée un exemple mémorable. […] Mais je suppose le Théâtre d’Athènes et le Théâtre de Rome aussi criminels qu’on voudra les faire.

143. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Le Poète prit cette route dangéreuse pour accroître sa faveur, & cette complaisance criminelle jetta la Comédie dans l’avilissement. […] Le receleur est sans contredit plus criminel que le voleur, mais il est moralement sûr que sans le dernier le premier n’aurait jamais existé. […] « Mais, poursuit-il, un Comédien, en jouant un scélérat, déploie tout son talent pour faire valoir de criminelles maximes dont lui-même est pénétré d’horreur. p. 146. […] Mais quel est le plus criminel, à votre avis, de celui qui se laisse aller à une occasion non préméditée, ou de celui qui met tout en œuvre pour la faire naître ? […] Le Mariage, à l’égard des Prêtres, était-il plus criminel après la tenue du Concile qu’avant ?

144. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Leur cœur ne goûtât-il pas ces objets criminels, ne faut-il pas, pour les mettre au jour, qu’il s’en occupe, les invente, les combine, les embellisse ? […] quelle haine de soi-même de s’exposer à la mort, en se permettant des actions qui peuvent quelquefois être criminelles ! […] La Fontaine que j’attribue au théatre, puisqu’il a composé plusieurs drames, & que ses Contes irréligieux & infames ont été presque tous mis sur la scene par des Auteurs aussi méprisables par leurs talens que par leurs mœurs ; la Fontaine qui avoit protesté de son repentir devant des Députés de l’Académie appelés exprès (ce qui pour le Corps étoit une belle leçon), qui avoit à grands frais acheté pour les brûler tous les exemplaires qu’il avoit pû trouver de ses Contes, qui avoit parcouru les rues sur un tombereau comme un criminel, la corde au col, pour demander pardon au public du scandale qu’il lui avoit donné ; la Fontaine avoit depuis long-temps dans son épitaphe fait le portrait des Auteurs dramatiques & de bien d’autres : Jean s’en alla comme il étoit venu, Mangeant son fonds après son revenu, Jugeant le bien chose peu nécessaire : Quant à son temps, bien le fut dispenser ; Deux parts en fit dont il souloit passer, L’une à dormir, & l’autre à ne rien faire.

145. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

D’abord ces libertés passionnées qui le précèdent, n’allassent elles pas au dernier crime, sont si peu innocentes aux yeux de la saine morale, que les règles de l’Église défendent aux fiancés de loger dans la même maison, pour écarter le danger des familiarités criminelles que l’occasion & la vûe d’un mariage prochain rendroient si faciles. […] L’Auteur de la vie de Moliere convient de tous ces défauts, des grossieretés des valets ; de l’excès du gentilhomme, du libertinage scandaleux de la femme, dont les démarches criminelles tournent toûjours à son avantage, en sorte qu’on est tenté d’imiter sa conduite, toûjours heureuse, quoique toûjours coupable. […] Sous prétexte de corriger l’avarice du père, elle prête aux enfans les sentimens, les discours & les démarches les plus insolentes, & aux domestiques les plus criminelles.

146. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

En certains cas il est permis de le faire, pour sauver sa vie, pour servir l’Etat, comme un Religieux dans les pays infidèles se déguise pour instruire les peuples ou administrer les Sacremens sans être découvert, un garde pour découvrir & saisir un criminel ; mais à moins que la nécessité, le bien public, la droiture d’intention ne sauvent, il n’est pas permis de se masquer. […] Il n’est point de licence qu’on ne puisse se donner, & qu’on ne se donne impunément sous le masque, & le soin de se cacher annonce les vues criminelles qu’on se propose : Nolentes detegi se ipsos aperte produnt, nil boni acturos oriuntur ex illis larvis innumera scelera. […] Pour moi, je pense que le vrai charme, le vrai talisman du déguisement de sexe, que le libertinage a travesti en culte & en superstition, c’est que les habits d’un différent sexe, quand on les manie, quand on les porte dans des dispositions criminelles, influent même physiquement dans l’impureté, excitent des sensations, des idées, des désirs, des mouvemens de lubricité dans ceux qui s’en couvrent, ou qui les voient, comme si la personne à qui ils appartiennent, étoit présente ; le feu impur qui s’allume naturellement, & que le goût, les discours, les gestes, l’imitation du sexe souffle, attise, sont le vrai charme.

147. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Cette loi leur est commune avec tous les autres pécheurs publics ou excommuniés ; mais il a fallu des lois particulières pour les Comédiens, parce qu’ils ont la mauvaise foi de ne vouloir pas convenir du crime de leur état, quoiqu’il soit plus notoirement et plus dangereusement criminel que les autres : « Noluit intelligere ut bene ageret. » La femme du Poète Quinault eut cette délicatesse. […] Ils ne peuvent être ni accusateurs ni témoins en matière criminelle, que dans les affaires de leurs semblables, ou qui se sont passées sur le théâtre, dans lesquelles ils sont plaignants ou témoins nécessaires, de même que les femmes prostituées ne sont recevables à accuser ou à déposer que de ce qui se passe dans le lieu public. […] Cette morale assurément n’est pas d’une sévérité outrée, elle vaut bien celle de Sanchez et de Busembaum ; elle excuse tous les criminels.

148. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

C’est par l’artifice du démon que des choses saintes sont devenues criminelles : « Diabolo artifice ex sanctis in illicita mutata sunt. » La raison et la pudeur le défendraient, si l’Ecriture ne le défendait pas. […] est-il bien saint, s’il prend plaisir à s’occuper des actions criminelles ? […] Ce ne sont que des fables ou des bouffonneries : « Mendaciis aut risu scutat. » Ces Divinités, ces Héros, ces grands exploits, ne sont que l’ouvrage des passions criminelles : « Divinitates fortia facinora ex vitiosis affectionibus. » Fuyez les lectures des livres licencieux, elles ne sont propres qu’à faire des plaies dans votre cœur, ou à rouvrir les anciennes ; les connaissances que vous y puisez sont pireae que l’ignorance : « Perniciosiores ignorantia cladem inferunt. » On n’exceptera pas les Auteurs dramatiques de ces justes condamnations ?

149. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Combien de fois, nous Pasteurs chargés du soin des Ames, ne devenons-nous pas les tristes dépositaires des épanchements de cœur de ces Parents qui gémissent de voir les appuis de leur maison se livrer à mille folles dépenses qui les ruinent, ou à des écarts plus criminels encore qui les déshonorent ; de tendres Epouses qui versent des larmes les plus amères sur la bizarrerie insultante de leurs époux, qui leur préfèrent, aux dépens de leur santé et de leur fortune, les vils objets de leur scandaleuse complaisance. […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ».

150. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

Enfin, on tire une fausse conséquence de cette maxime vrai en matiere criminelle, non bis in idem, « Si l’Acteur & l’Auteur sont infâmes, dit-on , dans l’ordre des Loix, il resulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit toute autre peine ; parce que la régle est certaine, qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit.

151. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XII. Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. » pp. 212-222

Pour réussir dans leurs projets ambitieux, ils y employèrent toutes sortes de moyens, souvent les plus criminels de séduction, de violence et de cruauté, afin d’extorquer les biens d’ici-bas, et ils allèrent même jusqu’à usurper des principautés et des royaumes, après en avoir expulsé les souverains légitimes, par des intrigues, par des séditions et des complots, dont l’histoire fournit de nombreux exemples.

152. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Un langage obscène est comme un récit d’ulcères dégoûtants : le récit alors le plus naturel est justement le pire : ainsi que l’obscénité la plus naïve est la plus criminelle. […] « Il n’est pas étonnant que le démon se trouve le Maître dans ces criminelles assemblées. […] On dira peut-être que l’on ne vient aux spectacles que pour se délasser l’esprit ; mais je réponds que l’intervalle qu’il est permis à des Chrétiens de mettre entre leurs occupations, ne doit pas être rempli par des amusements criminels. […] Or quand ce qu’il y a de moins mauvais dans des Poèmes, est pourtant criminel ; que sera-ce donc de ce qu’il y a de pire ? […] qui sont plongés dans les plaisirs, et endurcis dans de criminelles habitudes ?

153. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

La sensibilité, sans doute, est la base des affections criminelles, mais elle l’est de même des affections vertueuses. […] Les Arrêts qui flétrissent ou qui condamnent les criminels, souillent l’imagination du Peuple ; faut-il ne pas les publier ? […] Rousseau, quel est le plus criminel d’un paysan assez fou pour épouser une Demoiselle, ou d’une femme qui cherche à déshonorer son époux ! […] En admirant l’amour honnête, on se livre à l’amour criminel. […] Quel est donc cet amour criminel où nous conduit l’amour honnête ?

154. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Le quatriême, quand il est dans l’occasion prochaine de quelque peché mortel, par exemple d’impureté, ayant chez soy, ou en sa disposition la personne avec laquelle il a eu un commerce criminel, & ne la veut pas congedier ; ou bien quand il se trouve dans une condition dangereuse pour luy, par exemple de juge d’avocat, de soldat, ou autre semblable, dans laquelle eu egard à ses dispositions, & à l’experience que l’on a de sa vie passée, il luy est moralement impossible de s’empescher d’offenser Dieu mortellement, & qu’il ne la veut point quitter. […] La seconde, quand le penitent est dans une ignorance criminelle, & qui n’excuse point devant Dieu celuy qui agit par cette ignorance, le Confesseur alors est obligé de l’instruire, bienqu’il n’en soit pas requis par le penitent, & qu’il prevoye que cette instruction luy sera inutile ; parce qu’estant son pere spirituel, & estant chargé de son salut, il est dans l’obligation de luy faire connoistre les choses qu’il doit sçavoir.

155. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

« Multarum delitiarum comes saltatio, vitiorum omnium postremum. » Toutes les danses n’étant pas également criminelles, on ne peut l’entendre que des danses du théâtre, les bals, les ballets, etc. qui ne sont en effet que des folies et des occasions de crime : « Nemo saltat sobrius, nisi forte insanit. » Est-ce une sévérité outrée d’éloigner les Magistrats de la comédie ? […] Il peut seulement fermer les yeux, laisser faire, ne punir ni ne chasser les Acteurs et les spectateurs » : « Se habere mere passive. » « Car, ajoute-t-il, ne pas chasser ou punir tous les criminels, ce n’est pas approuver le crime. » Ainsi en bien des villes d’Italie on souffre des femmes publiques sans approuver leur désordre.

156. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Car si sa présence au Théâtre serait un sujet de scandale et de péché mortel, le Livre qu’il vient de mettre à la tête des pièces de Théâtre le rendrait-il moins criminel ? […] , « cela ne peut être vrai, qu’à l’égard de certaines qualités, qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez, l’humeur des Prudes, des Précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur Noblesse ; car pour la galanterie criminelle, l’Envie, la Fourberie, l’Avarice, la Vanité, et choses semblables, on ne peut croire que le Comique leur ait fait beaucoup de mal.

157. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Sa raison s’égare, elle tombe dans l’ivresse, la vertu la plus ferme succombe sous la douceur du plaisir, on est sans défense & criminel sans presque s’en être apperçu ; se posséde-t-on, se connoît-on dans ce moment de délire ? […] Cette apologie est insuffisante, il falloit ajouter que même sans abus la dissipation n’est pas moins criminelle que l’attachement ; les prodigues sont moins attachés que les avares, ils sont aussi coupables & plus pernicieux. […] Dans Judith ils sont criminels, Holopherne par pure débauche en devient amoureux, veut en abuser, lui fait demander & obtient son consentement, la fait enfermer dans sa tente pour passer la nuit avec elle, elle y couroit les plus grands risques ; heureusement pour Judith l’ivresse suspend ses poursuites, elle profite de ce moment pour lui couper la tête.

158. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Là, dit Saint Cyprien1, un Chrétien apprend à commettre les crimes qu’il a sous les yeux, & qu’il considére avec complaisance : combien de femmes, ajoute ce Saint Pere2, étoient entrées chastes dans l’Amphithéâtre, qui s’en retournent avec tout le feu d’une passion criminelle ?

159. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

En quoi certes il ne faut pas dire que les Anciens se moquaient de ceux qu'ils adoraient comme Dieux, en représentant des actions que l'on pouvait nommer criminelles, comme des meurtres, des adultères et des vengeances, ni qu'ils avaient dessein d'en faire des objets de Jeux et de risée, en leur imputant des crimes que l'on condamnait parmi les hommes ; Car toutes ces choses étaient mystérieuses, et bien que le petit peuple, ignorant et grossier fut peut-être incapable de porter sa croyance au-delà des fables que l'on en en contait ; il est certain que leurs Théologiens, leurs Philosophes, et tous les gens d'esprit en avaient bien d'autres pensées, et tout ce que nous lisons maintenant de la naissance de leurs Dieux et de toutes leurs actions avait une intelligence mystique, ou dans les secrètes opérations de la Nature, ou dans les belles Maximes de la Morale, ou dans les merveilles incompréhensibles de la Divinité.

160. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

La Fronde est incomparablement plus criminelle & plus ridicule, & fournit beaucoup plus au Théatre. […] La Reine ne répondit à tous ces écrits que par un Edit qui déclare les Princes, la Duchesse, les Ducs de Bouillon, de la Rochefoucault, le Maréchal de Turenne & tous leurs adhérans ennemis de l’Etat, perturbateurs du repos public criminels de leze-majeste au premier chef ; défend d’avoir avec eux aucune communication sous les mêmes peines . […] Une nouvelle Déclaration révoqua la précédente, les criminels d’Etat furent déclarés innocens, l’enregistrement se fit sans remontrances, ils revinrent blancs comme neige devant les mêmes tribunaux qui les avoient dévoués à l’anathême. […] Tout changea dans cette nouvelle piece, & prit un rôle différent ; M. de Turenne devint Royaliste, le Duc d’Orléans devint Frondeur & sa fille Amazone ; nouvelle déclaration qui révoque la derniere, & déclare le Prince & la Princesse criminels ; le Parlement enregistre encore, & quelque-temps après les déclare tous innocens.

161. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Mais si avec quelques Philosophes on n’attache l’idée de passion qu’aux affections criminelles, il faudra pour lors se borner à dire, que le Théâtre les corrige en nous rappelant aux affections naturelles ou vertueuses, que le créateur nous a données pour combattre ces mêmes passions. […] Je vois dans Œdipe un Prince, fort à plaindre sans doute, mais toujours coupable, puisqu’il a voulu contre l’avis même des Dieux, braver sa destinée ; dans Phèdre une femme que la violence de sa passion peut rendre malheureuse, mais non pas excusable, puisqu’elle travaille à perdre un Prince vertueux dont elle n’a pu se faire aimer ; dans Catilina, le mal que l’abus des grands talents peut faire au genre humain ; dans Médée et dans Atrée les effets abominables de l’amour criminel et irrité, de la vengeance et de la haine. […] C’est en effet ce besoin, et non pas, comme on le croit communément, un sentiment d’inhumanité qui fait courir le peuple aux exécutions des criminels. […] Nullement ; il n’est point de spectateur qui s’y méprenne ; c’est pour nous ouvrir les yeux sur la source de ces vices ; pour nous faire voir dans nos propres défauts (dans des défauts qui en eux-mêmes ne blessent point l’honnêteté) une des causes les plus communes des actions criminelles que nous reprochons aux autres.

162. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

qui pour avoir composé des vers contre l’honneur de Dieu, son Eglise & l’honnéteté publique, ont été condamnés aux supplices les plus affreux, comme criminels de lèze Majesté Divine . […] que cette espèce de corruption…… est sans doute criminelle, puisqu’elle offense Dieu,… qu’elle est sans doute criminelle en France puisqu’elle blesse les loix du pays  ; Ils aimeroient bien mieux pouvoir nous démontrer qu’elle n’est point incompatible avec le bonheur d’une Nation , eux qui ne se contentent pas de nous fournir un moyen absurde pour nous faire un jeu de ce crime , mais qui en Apologistes infatigables se font sous toutes sortes de formes un honneur, une étude, un capital de nous en fournir tous les jours de nouveaux moyens. […] C’est à vous que je m’adresse ici, Prédicateur Apostolique, qui vous appuyant sur la Sainte Ecriture, nous disiez il y a douze jours que la priere d’un pécheur qui dans le secret de son cœur conserve quelque attache pour son péché, est une priere exécrable : Comment donc faut-il appeller ces invitations, venite justi, exultemus , qui nous sont faites de la part de ces pécheurs publics qui s’affichent tout le reste de l’année pour nous inviter à leurs assemblées criminelles ? […] ) que l’on approche d’autant plus de la perfection & que l’on mérite d’autant plus le nom de vertueux, qu’il faut pour nous déterminer à une action malhonnête ou criminelle un motif & des objets plus capables d’enflammer nos désirs.

163. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Augustin s’accuse d’avoir pleuré à la lecture du quatrieme livre de l’Enéide ; il pleure ses criminelles larmes. […] Si la modération est impossible, & l’excès criminel, la fuite est indispensable.

164. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Mais outre que la pureté de l’âme n’accompagne pas toujours l’innocence de l’âge, pourquoi donner à ces âmes pures des inclinations qui les porteront un jour à des plaisirs criminels ? […] l’apprentissage d’un exercice criminel peut-il être innocent ? 

165. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

) Pères et mères, lorsque vous voyez vos enfants, par un amour criminel, aller aux spectacles, châtiez-les, et priez Dieu pour eux avec plus de soin, puisque vous les voyez négliger leur vocation de Chrétien, et courir après la vanité et le mensonge : « Quandò videtis filios vestros ad spectacula currere, castigate eos, et abundantius Domino supplicate pro eis. » (Ps. 147.) […] Ils préferent donc ce qu’il y a de plus bas, de plus criminel, à ce qu’il y a de plus noble et de plus saint.

166. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Que ces personnes se persuadent donc bien qu’elles sont hautement coupables aux yeux de Dieu, pour avoir fait si peu de cas de sa grâce, qu’au lieu d’en nourrir la flamme sacrée, elles n’ont pas craint de la laisser mourir par des distractions criminelles. […] Si nous avions pour la gloire et le service de Dieu seulement la moitié de la sensibilité et du zèle que nous témoignons à nos amis ou à nos partisans politiques, trouverions-nous quelque plaisir dans des lieux où la débauche enflammée par les fumées du vin, guidée par la licence, vient puiser des impressions conformes à son état et à ses goûts ; ces lieux qu’on a osé appeler des écoles de morale, et du voisinage desquels s’empressent de se retirer la morale, la modestie, la décence, tandis que la débauche et le libertinage s’empressent de s’y rendre, et y établissent leur résidence de prédilection ; ces lieux où le saint nom de Dieu est journellement blasphémé, où l’on applaudit des gestes et des paroles qui ne seraient pas tolérés dans une société quelconque, mais qui peuvent hardiment dépasser toutes les limites les plus reculées assignées à la licence dans nos cercles, sans franchir les limites tout autrement larges de la décence théâtrale ; ces lieux enfin où la morale qu’on débite n’est pas celle que doit chérir et respecter tout chrétien, mais celle à l’extirpation de laquelle doivent tendre ses efforts de tous les jours ; non celle que nous recommandent les saintes Ecritures, mais celle qu’elles condamnent comme fausse et criminelle, fondée sur l’orgueil, l’ambition et la faveur.

167. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Car enfin si un seul regard jeté sur une personne d’un sexe différent, même dans l’Eglise, est capable d’avoir des suites criminelles ; que doit-on penser de ceux qui se font avec une pleine liberté dans ces lieux, où l’immodestie, et l’impudence triomphent impunément ? […] D’où il s’ensuit qu’on doit donc la refuser aux Comédiens, qui meurent sans donner des marques d’une sincère pénitence, puisqu’ils exercent publiquement une Profession criminelle.

168. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Ils savent donc, maintenant, que leurs plus criminelles actions ne manqueront jamais d’approbateurs ; que pour être vertueux, il ne faut consulter que soi, et non de vils esclaves : ils ont donc appris que les meurtres ne sont jamais impunis ; que le crime ne promet que des plaisirs incertains, et qu’il est constamment suivi de tourments inévitables, puisque le remords est toujours avec lui : ils ne pourront donc plus ignorer que l’homme, qui peut tout, ne doit pas tout oser…. […] En ce premier état, il est très criminel ; en ce dernier, très homme de bien, etc. etc. » « Si nous imputons son désastre à sa bonne foi, notre crainte ne purgera qu’une facilité de confiance sur la parole d’un ennemi, qui est plutôt une qualité d’honnête-homme, qu’une vicieuse habitude, etc. etc. » Du reste, si Thyeste « tient de près à chacun de nous, et nous attache, par cela seul qu’il est faible et malheureux », je doute qu’il intéresse autant qu’un Alvarès, et que plusieurs autres personnages mis au théâtre par M. de Voltaire, qu’on peut appeler le Poète de l’humanité.

169. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

L’Opera est encore plus voluptueux : ceux de Quinault ne respirent qu’une tendresse criminelle ; quelles maximes corrompues dans Atys !

170. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Le Théatre n’offre presque toujours que des passions folles ou criminelles ; & les plus légitimes y deviennent repréhensibles & dangereuses par la maniere dont elles sont présentées. […] « Le mal qu’on reproche au Théatre n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles, mais de disposer l’ame à des sentimens trop tendres qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu. […] Comme si les vives images d’une tendresse innocente étoient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celle d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contre-poison. […] « Quel jugement porterons-nous d’une Tragédie, où, quoique les criminels soient punis, ils nous sont présentés sous un aspect si favorable, que tout l’intérêt est pour eux ? […] Quel est le plus criminel, d’un Paysan assez fou pour épouser une Demoiselle, ou d’une femme qui cherche à déshonorer son époux ?

171. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Le Mercure n’est pas moins exact à recueillir cette précieuse récolte ; le théatre forme aujourd’hui une bibliotheque nombreuse parmi les pieces détachées, il en est de singuliéres par le titre le Roué vertueux, l’honnête criminel, le précieux carnaval, &c. ; & sur chacune de ces productions, l’auteur fait des réflexions qui ne sont pas énergiques, des protégés si bas, des protecteurs si bêtes : sotte fatuité des uns, stultitiora patiuntur opes les très-basses & très-rampantes fourberies & friponneries des autres, cette idée de la piece n’est pas une chimere, ces personnages ne sont pas des êtres de raison. […] Le beau spectacle qu’un criminel sur une roue pendant cinq actes, qui vomit des blasphêmes, malgré les exhortations d’un Confesseur. […] On donne à Melpomene la ceinture de Venus ; par la galanterie dont on remplit la tragédie ; ce qui rend nos mœurs molles & efféminées, défaut inexcusable & danger redoutable, qui démontre combien est criminelle la fréquentation du théâtre, même le plus châtié & le plus noble ; il faut convenir qu’aucontraire le théâtre Grec donne à Melpomene la tête de Méduse.

172. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Quel jugement porteront-ils d’une Tragédie, où le criminel est représenté sous un aspect favorable, où un Catilina, bouleversant sa patrie, est triomphant au milieu de ses forfaits ; tandis que le paisible Cicéron, sauveur de la République, est montré comme un vil Rhéteur & un lâche ? […] Rousseau, ne font qu’un misérable jargon criminel, qu’on est bien heureux de ne pas entendre, une collection faite au hasard, d’un très-petit nombre de mots sonores que notre langue peut fournir, tournés & retournés en toutes les manieres, excepté de celles qui pourroient lui donner du feu.

173. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Il avait adopté un chêne sous lequel il s’asseyait toujours, et cet arbre, autrefois peut-être l’heureux berceau des tendres amours, n’était plus maintenant que l’asile des noirs soupirs et des criminelles méditations. […] Croyez-vous que toutes ces mains soient devenues criminelles ; Eh !

174. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Cyrille, d’employer les saints jours au jeu, aux danses, aux spectacles, et se rendre d’autant plus criminel, que les jours qu’on devrait sanctifier, et qu’on profane, sont plus saints : « O cæcam impietatem, diebus festis, cum magis virtutibus est incumbendum, et a sceleribus abstinendum, curritur ad ludos, spectacula, choreas, ad irrisionem divini nominis, et diei prævaricationem, eo gravius fit peccatum, quo tempore sanctiori committitur. » Ajoutons, en terminant ce chapitre, que selon l’esprit et les lois de l’Eglise, on ne doit pas aller à la comédie les jours de jeûne. […] A quoi vous servira l’abstinence, si le dédommagement de la volupté vous rend criminel ?

175. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Vous remarquerez qu’il n’y en a presque point qui ne flattent avec ce fard qui en déguise l’horreur, et en fait aimer l’injustice et l’infamie, qui ne soient employées à faire éclater des flammes criminelles, qui ne soient remplies d’équivoques déshonnêtes, et qui ne portent dans l’imagination des idées si sales et si honteuses, qu’il est impossible qu’elles ne blessent entièrement la pureté. […] Saint Cyprien en parlant des pères et des mères qui faisaient manger à leurs enfants des viandes offertes aux Idoles, fait dire aux enfants ces paroles étonnantes : Nos propres pères ont été nos parricides ; Et saint Augustin expliquant ce Passage, dit qu’encore que les enfants n’ayant point de part à cette action criminelle par leur volonté, ne mourussent pas réellement dans l’âme, néanmoins leurs pères ne laissaient pas d’être leurs homicides, parce que en tant qu’il dépendait d’eux, ils faisaient mourir spirituellement leurs âmes.

176. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Ces mots ont donc un rapport, un sens, une analogie criminels.

177. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Les cœurs les plus endurcis & les plus criminels ne lui résistent point.

178. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

Le mal va si avant par une négligence criminelle, qu’il s’en trouve plusieurs qui ne font aucun scrupule des pensées déréglées que leur esprit reçoit avec agrément, ni des délectations sensuelles et honteuses dans lesquelles ils s’entretiennent.

179. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Les filles sont ravies d’aise, de voir que la légèreté de leur corps seconde celle de leur esprit, et croient être plus parfaites de savoir bien danser, que de savoir bien vivre. »  Voila le jugement de ce grand homme sur les danses qui se faisaient de son temps, lesquelles n’étaient pas assurément plus criminelles que celles d’à présent.

180. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Nous avons déjà marqué nos allarmes sur la tragédie atroce, qui semble avoir passé les mets, & a transporté du théatre anglois sur le nôtre Beverlei, l’honnête criminel, le Roué vertueux, &c. avoient annoncé ce goût. […] On avoit répandu que cette princesse ayant désiré de voir un jugement criminel suivant les formes usitèes dans nos tribunaux, on avoit imaginé d’en faire sur le théatre un tableau d’après nature, qu’on pût voir avec moins de répugnance. […] Les comédiens n’epargnerent rien pour rendre l’illusion complette, l’appareil de la chambre criminelle, les robes des magistrats, le greffier, la sellette, les témoins, tout le costume de la Tournelle y étoit observé. […] Ici c’étoit une assemblée sérieuse des conseillers de la Tournelle, & toute la suite de la procédure criminelle : il ne manquoit que le questionnaire, dont il craignit que l’atrocité ne révoltât ; mais qui bientôt sera introduit comme tout le reste, & l’exécution en place de Greve.

181. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Il n’y a pas jusqu’au titre de la piece qui n’en soit une apologie ; il n’y a ni crime honête, ni honête criminel : l’un détruit l’autre. […] En matiere criminelle le partage se vuide toujours en faveur du parti le plus doux : les complices furent relaxés. […] Ce n’est point une affaire de religion, c’est un procès criminel, bien ou mal jugé, contre un particulier ; c’est un assassinat qu’on a voulu punir, quel qu’en ait été le motif, de quelque religion qu’ait été le coupable. […] Le procès de Calas, comme tous les autres procès criminels, fut instruit, selon l’usage & les ordonnances, à la requête du Procureur Général du Roi qui fit faire une information & publier un monitoire.

182. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

 91. qu’on accorde un Confesseur aux criminels avant de les exécuter. […] Mais il a pris un tour nouveau & ingénieux ; il a fait une lettre sous le nom d’un Marchand d’étoffes pour prouver que la profession de Marchand est aussi criminelle que celle de Comédien, & que s’il ne lui est pas permis d’aller à la comédie, il ne lui est pas plus permis de débiter sa marchandise. […] En conclud-on que ces métiers sont aussi criminels que celui de Comédien ?

183. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Si à tout cela on joint la musique, les décorations, les paroles, autre sorte de tableau qui fait corps avec la danse, est-il de feu criminel qu’elle ne puisse & ne doive allumer ? […] Telles sont nos danses de théatre, plus dangereuses même & plus criminelles ; les femmes y sont mêlées avec les hommes, & dansent aux yeux du public.

184. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Quelle mollesse dangereuse portait dans les âmes cette Actrice fameuse par sa beauté, son pathétique, & sa criminelle facilité ? […] Après cette Réformation, il se trouvera sans doute encore quelques Spectateurs qui abuseront d’un Exercice instructif, honnête, utile, comme l’on voit des gens, que des vues criminelles conduisent seules dans nos Temples : l’homme sensé les plaindra ; mais il ne desirera pas que pour eux, l’on prive la Nation du plus noble de ses amusemens.

185. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Soyez mes juges, hommes de bien, observateurs sages qui, étrangers aux exagérations passionnées des partis, voyez mieux les véritables causes de ce débordement, et osez avouer à vos antagonistes la perversité, toutes les perfidies, les criminelles extravagances de vos contemporains, en les voyant habituellement se trahir, se persécuter les uns les autres, commettre toutes les espèces d’injustices et d’excès, chercher le bonheur en détruisant ce qui en est le principe, acquérir des richesses, obtenir des places en donnant l’exemple contagieux et funeste du mépris des vertus et des lois qui en sont la garantie ; biens empoisonnés dont ils ne doivent pas jouir en paix, dont les enfants seront un jour dépouillés par les mêmes moyens odieux que les parents ont pratiqués et propagés avec aussi peu de retenue que si la fin de leur vie devait être la fin de tout ce qui les intéresse.

186. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Elle trouble le repos des familles ; elle rend faible & criminelle la beauté qui ne se proposait quelquefois que d’enchaîner à son char une foule de soupirans.

187. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Je suppose que tandis que le Peuple s’amuse à entendre un Baladin monté sur des treteaux, un Criminel condamné à un supplice douloureux, vienne à passer, le Baladin verra presque tous ses Auditeurs le quitter & courir au Spectacle tragique.

188. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Lorsque j’étais dans ces divertissements Dieu m’a vu, la sainte Vierge et les Anges ont été les spectateurs de ma joie criminelle, et ont vu mon caractère de Chrétien profané, ils l’ont vu avec horreur, ils l’ont vu avec compassion.

189. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Les pouvoirs qui ont consenti malgré elles à ces dépenses, croient s’être acquittés envers la nation, par des réclamations impuissantes : mais toujours ils finissent par donner un assentiment, en quelque sorte stupide, à des guerres injustes ou du moins sans un résultat heureux, telles que la guerre d’Espagne ; ainsi qu’à des dilapidations criminelles et ruineuses pour l’Etat.

190. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Thomas distingue deux circonstances qui rendent le jeu criminel ; l’une lorsqu’il s’y mêle quelque chose de mauvais, et l’autre lorsqu’il est défendu par l’Eglise. […] Ce grand Saint savait si bien qu’ordinairement ils ne les observent pas, que lorsqu’il parle des biens acquis par une voie honteuse et criminelle, il met au même rang, sans aucune exception, le gain des Comédiens et celui des femmes prostituées257. […] Le Prévôt de Paris, son Lieutenant Criminel, et le Substitut du Procureur Général au Châtelet furent mandés à ce sujet, et chargés de faire publier à son de trompe le présent Arrêt dans la huitaine, « sur peine, dit l’Arrêt, de s’en prendre à eux, en cas de défaut ». […] Quand ils seront attentifs, on pourra leur faire avouer qu’il s’y mêle ordinairement des circonstances mauvaises ; que ces jeux sont au moins de vains amusements, qu’un Chrétien ne peut les aimer, et que l’affection en est criminelle. […] » C’est un défenseur du Théâtre qui parle, il faut l’en croire et regarder ceux qui vont à la Comédie comme des gens qu’on veut amuser, de peur qu’ils n’aillent faire des actions plus criminelles.

191. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

On y censure les vices, dit-on ; mais c’est d’une façon à ne les rendre que plus aimables, par les descriptions agréables qu’on en fait : il n’y est parlé que d’intrigues & d’amourettes, qui enseignent à de jeunes cœurs l’art d’aimer avec politesse, & de faire de criminelles conquêtes. […] Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs.

192. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Ce seroit tout au plus dans les allées sablées des jardins, & sur les rivages des petits ruisseaux qui roulent leurs flots argentés dans une prairie émaillée de fleurs, qu’une amante pourroit écrire ses tendres langueurs ; mais le dessus du soulier en est presque toujours barbouillé par la broderie & l’ingénieux agencement des rubans & des pompons, qui multiplient & diversifient à l’infini ces signes insensés d’une passion criminelle, comme la marchande de fleurs, Glicera, dont les anciens vantent l’art inépuisable de faire des bouquets & des guirlandes de fleurs, & les femmes du Serrail qui parlent avec des fleurs. […] C. a voulu expier par là les innombrables pechés dont les pieds sont l’instrument : ces danses voluptueuses, cet amour sensuel, cette vanité insensée de leur beauté & de leur parure, ces démarches criminelles, tous les péchés dans les lieux de débauche, dans les endroits suspects, vers les personnes dangereuses, au théatre, chez les actrices.

193. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Dans une piece tirée des Contes soi-disant moraux de Marmontel, où le Poëte, apparemment peu fécond, rapporte mot pour mot le conte Annete & Lubin, deux paysans cousins germains : circonstance peu nécessaire, & qui n’est mise que pour fronder la loi de l’Église, qui défend le mariage entre parens, & sa bonté, qui accorde quelquefois la dispense de cet empêchement, Annete & Lubin se trouvent seuls à la campagne, sur le théatre & dans le livre, & prennent toute sorte de libertés criminelles. […] De part & d’autre on s’efforce de la sentir pour la bien exprimer, de la bien exprimer pour l’inspirer ; tous deux bienfaits, tous deux parés, tous deux exercés, tous deux passionnés, peuvent-ils se regarder le plus tendrement, se dire les choses les plus galantes, sans allumer un feu criminel dans leur cœur ?

194. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Encore même ne prend-il pas Adam & Eve dans l’état d’innocence ; l’idée de leur mariage & de leur sainteté, la présence de Dieu dans le Paradis terrestre auroit affadi l’assaisonnement du péché, qui fait le plaisir d’une passion criminelle. […] on méprise, on fait haïr aux jeunes personnes les asyles de la vertu, où l’on en prend les principes, où bien des personnes la pratiquent sincèrement, où l’on est éloigné des dangers & des pièges ; sous prétexte qu’on y éprouve des tentations, & que quelques personnes y succombent ; & on loue, on fréquente, on fait fréquenter le théatre, où tout est piège, où les chûtes sont sans nombre, d’où presque personne ne revient innocent, où dans l’instant s’allument des feux criminels qu’on ne cesse d’attiser.

195. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Ce qui est pur sur le papier change de nature en passant dans la bouche des Actrices, & devient criminel quand il est animé par l’exécution théatrale. […] L’amour théatral est donc nécessairement une passion criminelle, qui pour instruire devroit être toujours suivie de malheurs.

196. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Mais ce serait trop d’indulgence ; dans ces pièces, comme dans les autres, l’auteur, l’acteur et le spectateur ne cherchent qu’à s’amuser, sans penser à Dieu, et un grand nombre des uns et des autres, par des intentions plus criminelles, y cherchent même à abuser de la religion, et à la rendre méprisable. […] Qui peut ne pas rire entendant une Comédienne dire fort dévotement à Dieu : « Pour moi que tu retiens parmi ces infidèles, Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles ; Que cette même pompe où je suis condamnée, Ce bandeau dont il faut que je paroisse ornée, Dans les jours solennels à l’orgueil dédiés, Seule et dans le secret je les foule à mes pieds ; Qu’à ces vains ornements je préfère la cendre, Et n’ai de goût qu’aux pleurs que tu me vois répandre. » Athalie eut d’abord le même sort, dit la Baumelle, par la même raison.

197. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Quel rapport entre des mystères de la religion grossièrement rendus, il est vrai, mais édifiants, et des intrigues profanes, le plus souvent criminelles, polies, si l’on veut, élégamment composées, mais très pernicieuses, entre une confrérie formée par la religion pour des exercices pieux, et une troupe de gens dissolus rassemblés par le libertinage ? […] Leur exemple a été contagieux, l’indécence a gagné du théâtre dans le monde ; par une criminelle émulation, les femmes se font gloire de l’imiter, et elles croient se donner des grâces, en s’habillant comme des Actrices.

198. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

C’est une métaphore prise des criminels condamnés à mort, qu’on donnait en spectacle au peuple avant que de les exécuter, « a damnatis qui traducebantur populo spectandi ». […] le plus honteux, le plus criminel, pour représenter des passions, des folies, des fourberies, des crimes.

199. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Divertissez-vous, mais innocemment ; non dans des plaisirs dangereux et criminels, mais modérément, sans passion et sans excès ; mais sagement, sans dissipation et folie ; mais chrétiennement, en Dieu et en sa présence, « gaudete in Domino, semper in conspectu Dei » ; en tout temps, en tout lieu, en toute espèce de divertissement, « in Domino semper ». […] Mais d'abord après la farce on retombe dans la tristesse et l'ennui ; il faut aller dans des repas, des parties de jeu, des rendez-vous criminels, dissiper la langueur et le dégoût où a jeté la scène, et remplir le vide où elle a laissé.

200. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Ces deux objets sont en effet toujours exposés aux regards & aux libertés criminelles, & toujours propres à faire naître des complaisances & des mouvemens contraires à la pureté, à occasionner les plus grands désodres. […] Mais les ornemens sont toujours excessifs, criminels, ridicules dans des Actrices, toutes de la lie du Peuple. […] C’est aux amateurs raisonnables à sentir le ridicule & le danger d’une profession aussi criminelle, & les moyens que le vice met en œuvre pour corrompre les cœurs.

201. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ce mêlange détruit absolument le recuillement, la modestie, la dévotion, occasionne des conversations & des libertés criminelles, presente aux yeux l’objet de mauvaises pensées & de mauvais désirs, fait de nos temples des salles de spectacle. […] Nous ne connoissons pas la nature de ces signes & la maniere de célebrer cette fête éternelle ; nous la peignons par des images communes, auxquelles, selon les lumieres de la foi, nous mettons la différence des deux états, & nous nous gardons bien de les avilir par la ressemblance avec les joies basses, indécentes & criminelles du monde. […] L’actrice donne ce dédommagement criminel.

202. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

C’est le mérite d’un bourreau qui dresse un échafaud & place une roue, y attache un criminel, le brûle, le déchire, étale, prolonge ces tourmens, & en repaît le public. […] Ainsi quelque orage qui survienne pendant le spectacle, on fera tranquille ; on pourra même à l’Opéra faire descendre la foudre, en faisant rouler la machine électrique, après avoir mis un fil d’archal sur le criminel qu’on veut foudroyer. […] Il est fort embarrassé sur l’amour qu’il ne faut pas allumer, qui ne s’allume que trop par la moindre étincelle, où tout est dangereux à voir & à entendre, & criminel à consentir, qui cependant joue par-tout le plus grand rôle & où l’on rassemble tout ce qui peut en augmenter le danger, & qui seul devroit faire fuir le théatre comme l’écueil de la vertu.

203. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Mais en voilà assez sur l’origine idolâtre de ces jeux criminels et abominables. […] De quelque indigence, de quelque médiocre appareil qu’une idolâtrie soit accompagnée, elle n’est que trop manifeste par l’origine criminelle d’où elle vient. […] Cependant quoique nous demeurions dans le monde, nous n’avons pas pour cela quitté Dieu : on le quitte seulement, lorsqu’on s’attache aux maximes et aux plaisirs criminels du monde.

204. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Quoique les spectacles ne soient pas toujours mauvais, et qu’ils ne soient pas de leur nature contraires à la vertu ; les Pères de l’Eglise, et les saints Docteurs, ne les ont jamais néanmoins permis, ni les jours des Fêtes, ni au temps qui est destiné pour la pénitence, parce que les Canons les défendent en ces jours : et comme dit saint Ambroise, ce serait une témérité insupportable et une désobéissance criminelle, si le peuple faisait des actions qui sont défendues, ou dans l’Ecriture sainte, ou par les Constitutions des Papes, ou par les Lois Ecclésiastiques, et les Canons.

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