Mais, si les vérités de l’Evangile n’étonnent point certains esprits, comme j’ai bien lieu de le croire, ne craignent-ils pas du moins la loi qui proscrit en termes formels les jurements sur le Théâtre ? […] Il paraît bien que suivant la Logique de certains esprits, une raison prise de l’Athéisme en vaut plus de dix établies sur l’Evangile. […] Comme s’il était également glorieux de soutenir le libertinage au péril de sa vie, et de défendre la foi de l’Evangile jusqu’à l’effusion de son sang ! […] A quel propos Mr C. emprunte-t-il ces expressions de l’Evangile ?
Je ne m’arrête point à quelques textes de l’Evangile, aussi mal choisis que faussement appliqués, par exemple, (p. 206 :) Celui qui croit & qui a reçu le Baptême sera sauvé , pourvû qu’il n’agisse pas contre sa foi, comme on le reproche avec raison, aux Suppôts de la Comedie : la foi ne suffit point sans les œuvres, ainsi que l’Apôtre S.
L'amour du plaisir ne prescrit point contre les règles de l'Evangile.
L’Evangile, si opposé à ses goûts et à ses idées, doit naturellement être à ses yeux une barbarie gothique.
Affoiblir les idées & l’horreur que le christianisme nous donne de l’impureté, & faire disparoître l’infamie par des adulations, des fables, des impiétés, des crimes, est-ce respecter l’Evangile & les mœurs ? […] Ce trait du lutheranisme & de la philosophie dont il faisoit professions, ne fut jamais semé par les mains de l’Evangile, de la bienséance & de l’humanité On aura beau remonter à la loi naturelle, on n’y en trouvera pas l’approbation. […] L’envie de combattre l’Eglise romaine a fait faire aux protestans des difficultés sur l’indissolubilité du mariage, contraires au bien public & à leurs propres intérêts Ils disent qu’en défendant le divorce, l’Evangile a excepté le cas de l’adultere, exceptâ fornicationis causâ : auquel cas il doit être permis de rompre & de se marier ailleurs.
Est-il de ligne dans l’Evangile qui ne lance la foudre sur des empoisonneuses publiques qui, après avoir perdu les mœurs, ne cherchent qu’à les faire perdre à tout le monde ? […] Que faut-il de plus pour prononcer la vôtre au tribunal de l’Evangile, que l’aveu que vous faites de suivre le monde ? […] Mais pense-t-on que l’Evangile est la vérité, & non la coutume ; que pour damner, Dieu consulte la loi, & non la coutume ; & qu’un Chrétien, qui a renoncé aux pompes du monde, n’est pas justifié par la coutume ?
C’était la théologie du temps : la corruption des mœurs, qui en était, comme aujourd’hui, le fruit nécessaire, n’était pas regardée avec les mêmes yeux que par les Chrétiens ; il s’en fallait bien que chez eux les regards, les désirs, les paroles, les pensées fussent des crimes, comme ils le sont sous l’Evangile. […] Voyez ces loges peuplées d’amateurs, qui viennent à l’envi puiser à la source ; ils écoutent religieusement leurs savantes leçons, forment leur goût à leur toilette, se familiarisent avec leurs fonctions religieuses, apprennent à secouer le joug d’une incommode décence, à braver les lois gênantes de l’Evangile et de l’honneur, à se débarrasser d’un importun remords, et employer mille ruses pour faire réussir leurs projets, tromper la jalouse vigilance d’un père, d’une mère, d’un mari, d’un maître, et tourner en ridicule leur gothique régularité et leur dévot radotage.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté.
Cette tolérance n'empêche pas qu'on ne doive dire que les maux que le monde permet, ne laissent pas d'être condamnés par l'Evangile.
La morale du Théâtre est une morale licencieuse qui ne tient par aucun endroit à celle de l'Evangile.
Enfin on doit conclure que la Comédie est un plaisir contraire aux bonnes mœurs, aux règles de l’Evangile, aux décisions de l’Eglise, aux sentiments des Saints Pères, de tous les Auteurs Ecclésiastiques, de tous les gens de bien qui ont une piété solide, et que même elle est contraire aux sentiments des honnêtes Païens, comme on l’a fait assez voir.
Les désordres infinis du clergé de France excitèrent les craintes de la nation et du roi Henri III, aux états de Blois, tenus en 1588 ; le garde des sceaux de Montholon prononça dans cette assemblée, au nom de ce prince, un discours dans lequel on remarque le passage suivant : « Sa majesté demande donc d’abord au clergé puisqu’il est chargé de la réformation des autres, qu’il commence par se réformer lui-même, et donner bon exemple aux autres ordres de l’Etat. » Cette mercuriale, justement méritée et justement appliquée, devait porter le clergé à écouter la parole royale et le vœu de la nation, et à rentrer de lui-même dans les principes de l’Evangile et dans les dogmes apostoliques, qui indiquent et ordonnent aux ministres du culte une soumission entière à la volonté du prince ; mais loin de produire un effet aussi salutaire, aussi conforme aux préceptes de la religion, cette mercuriale ne fit qu’allumer le feu de la vengeance dans le cœur du clergé, et le prince qui l’avait ordonnée fut cruellement assassiné l’année d’ensuite par Jacques Clément prêtre et dominicain !
Gresset dit : qu’il voit sans nuages et sans enthousiasme que les Lois sacrées de l’Evangile et les maximes de la Morale prophane, le Sanctuaire et le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Gresset peut-il dire que les maximes de l’Evangile sont inalliables avec l’art du Théâtre ; ne représente-t-on pas avec succès dans les Collèges des sujets tirés de l’Ecriture, n’en représente-t-on pas sur nos Théâtres publics ; l’Evangile n’a-t-il pas fourni le sujet de l’Enfant prodigue, y a-t-il donc dans la morale de cette pièce quelque chose de contraire à la morale du Christianisme, les Espagnols n’ont-ils pas leurs Auto Sacramentalesd ? […] Qu’aura-t-on à me répondre lorsque l’on aura remarqué dans l’Evangile, que Jesus Christ lui-même a permis que la rage, le désespoir, l’incrédulité d’un des compagnons de son supplice fut en opposition avec la ferveur, la résignation, la foi, et l’humilité du bon Laron ?
Ne croyez pas, dit Saint Gregoire de Nysse1, que la pratique de l’Excommunication soit de l’invention des Evêques ; c’est la Loi de nos Peres, c’est la Régle de l’ancienne Eglise, qui a commencé dès Moïse, & qui a trouvé sa perfection dans l’Evangile : Saint Paul s’en servit contre un Corinthien engagé en un commerce incestueux avec sa belle-mere : j’apprends, dit ce grand2 Apôtre aux Corinthiens, l’horrible incontinence où l’un des membres de votre Eglise est tombé, c’est un désordre que les Gentils ne se pardonnent pas ; il a abusé de la femme de son pere, & vous n’en avez pas gémi devant Dieu, vous ne l’avez pas chassé comme une peste publique : quoique je sois absent de corps, je suis avec vous en esprit, & j’ai jugé ce coupable au Nom du Seigneur, je l’ai livré à Satan, pour votre édification ; car ignorez-vous qu’un peu de levain corrompt toute la masse, ainsi vous devez retrancher le mal, & l’éloigner de vous. […] Saint Augustin qui assista à ce Concile, en avoit conservé tout l’esprit, lorsqu’il assure en son Commentaire sur l’Evangile de Saint Jean, que les dons faits aux gens de Théâtre ne sont point au rang des libéralités honnêtes ; c’est une prodigalité la plus vicieuse & la plus horrible.
Et Nostre Seigneur dit dans l’Evangile : Matth. 5. 29. […] Oüy, comme l’on peut connoistre par le passage de l’Evangile que nous venons d’alleguer ; parceque le bien de l’ame est preferable à tous les biens de la vie presente.
Les paroles de l'Evangile sont-elles une plus vive impression sur les cœurs que celles des Théâtres ? Je laisse pour juge de cette demande, la conscience de tous les Chrétiens, et je n'ai que faire de dire ce qu'une pernicieuse coutume fait voir trop clairement, l'on retient plus facilement un mauvais mot, qu'une sentence de l'Evangile, et l'on est plus content d'écouter les paroles de la mort, que celles de la vie: ainsi le Criminel aime mieux entendre ce qui le condamne, que ce qui lui donne la grâce.
Vous avez consacré vos lèvres et vos oreilles à l’Evangile ; les ouvrir aux folies, c’est un crime ; les y accoutumer, un sacrilège. […] Sans avoir besoin de l’Evangile, tout lui dit, n’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde.
Si c’est-là une bonne école, une pieuse éducation, si ce sont-là des leçons de sagesse, de modestie, d’économie, d’amour de la retraite & du travail, ce n’est pas dans l’Evangile qu’on les trouve. […] L’Evangile, dans la danse d’Hérodias, en fait voir un funeste exemple. […] L’Abbé, danseur par état, n’a pas lu l’Evangile.
Quel contraste si l’on oppose les Héros de Théâtre à ceux de l’Evangile !
« Entre les jeunes gens qui vont aux spectacles, y en a-t-il qui connaissent toute la pureté de l’Evangile et toutes les obligations du baptême ; qui sachent dans quel abîme de corruption l’homme est tombé, et par quel remède Jésus-Christ veut le guérir ?
Entre les jeunes personnes qui vont au Spectacle, y en a-t-il qui connaissent toute la pureté de l’Evangile, et toutes les obligations du Baptême ; qui sachent dans quel abime de corruption l’homme est tombé, et par quels remèdes Jésus-Christ veut le guérir ?
Quel modele pour un disciple de l’Evangile ! […] C’est le conseil de l’Evangile. Mais est-il bien conforme à l’Evangile de composer, de traduire, d’imprimer des livres qu’on conseille de ne pas lire ? […] Ce poëme est le mêlange le plus indécent du sacré & du profâne ; les anges & les saints s’y trouvent avec les femmes de mauvaise vie, le poëte invoque Saint Michel & sa maîtresse, il passe de l’église au temple de Venus, d’une cérémonie religieuse à une fête galante, d’une maxime de l’évangile à une morale lubrique, du Pape à Mahomet.
C’est bien là le cas de l’Evangile : Væ vobis qui ridetis quæ plorabitis, beati qui lugent. […] Cet amour platonique, que son enthousiasme pour le plus grand plaisir physique lui fait croire impossible, est la plus complette extravagance que la folie humaine puisse imaginer , quoique le divin Platon & l’admirable Fenelon l’ayent imaginé, sans être complettement extravagans ; cet amour est pourtant celui des anges qui n’ont point de corps, celui des saints pour Dieu qui n’est qu’un pur esprit, celui que Dieu demande de tout l’esprit, de tout le cœur, de toute l’ame, de toutes les forces ; c’est l’amour des ennemis, si fort recommandé dans l’Evangile, où n’entre pour rien le plus grand plaisir physique.
C’est pourtant là tout l’Evangile. […] Je vois sans nuage & sans enthousiasme que les loix de l’Evangile & les maximes de la morale profane, le sanctuaire & la scéne, sont absolument inaliables.
On loue l’orgueil, l’ambition, la fierté ; on enseigne la vengeance, la fureur, le désespoir ; on arbore le luxe, le faste, l’indécence ; on chante la mollesse, l’intempérance, la volupté : l’Evangile ordonne la pureté, l’humilité, la pénitence, la modestie, le pardon des injures. […] On a beau parer la morale du théâtre, et le théâtre lui-même, d’un air de piété ; on a beau l’étayer des décisions des plus graves Casuistes, il sera toujours vrai que l’Evangile et le monde sont deux ennemis irréconciliables : « Qui veut venir après moi, doit renoncer à soi-même, porter la croix, et me suivre. » g.
« Quant à ces jeunes personnes aimables et naturellement portées au bien, qui se plaignent de la rigueur avec laquelle on leur interdit les plaisirs du monde, et qui s’écrient que cette rigueur n’est point dans l’Evangile, qu’elles me permettent de leur demander, avec la plus affectueuse sollicitude, comment, dans leur conscience, elles peuvent concilier leur présence aux spectacles qu’elles fréquentent, avec ces préceptes de l’Evangile : “Soyez économe du temps !
Du cœur naissent les mauvaises pensées, les discours scandaleux, les écrits licentieux ; mais l’homme de bien tire de son trésor des choses anciennes & nouvelles : c’est l’Evangile.
Les uns éclairez de la veritable sagesse, qui est la sagesse de l’Evangile, les reprouvent ; les autres trompez par les fausses lumieres d’une prudence charnelle les justifient, ou s’efforcent de les justifier.
j’ai mis plus tôt qu’on ne pense : ce sont presque les propres paroles de l’évangile.
Non, le vice n’aura point un empire sans limites, et les consciences n’y éprouveront point une sécurité sans interruption ; tandis que les Ministres de l’Evangile s’acquitteront de leur devoir : tandis que ces Ministres seront regardés comme les Envoyés du Seigneur et les colonnes du Christianisme ; tandis qu’ils seront en possession d’être écoutés et respectés pour leur caractère, le sujet de la douleur des Poètes subsistera toujours ; le Théâtre sera toujours traversé, l’Athéisme combattu, et le libertinage réprimé. […] Dégrader de Noblesse les Ministres de l’Evangile à cause de leurs saintes fonctions, ce serait comme imposer des lois pénales à l’Evangile même et mépriser souverainement l’Auteur de la Religion chrétienne.
Après tout, cela paroît assez inutile à ceux qui prennent pour regle de leur conduite la morale de l’Evangile. […] Cependant faut-il rejetter cet hommage admirable qui y est rendu à l’authenticité de l’Evangile ? « J’avoue, dit-il, que la majesté de l’Ecriture m’étonne ; la sainteté de l’Evangile parle à mon cœur. […] Dirons-nous que l’Histoire de l’Evangile est inventée à plaisir ? […] Et l’Evangile a des caracteres si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l’inventeur en seroit plus étonnant que le Héros ».
Ces fureurs, ces emportemens, ce désespoir, ce langage passionné, ces motifs vicieux, qu’on veut donner pour une conversion héroïque, une victoire complette, un chef-d’œuvre de la grace, & qui dans l’esprit de l’Evangile sont de nouveaux crimes, font un jeu scandaleux de la religion & de la vertu, enseignent à se contenter d’une fausse conversion, & rendent suspectes les véritables. […] L’Auteur n’est que Poëte : un vers chez lui décide tout ; c’est sa Loi, ses Canons, son Evangile, sa probité.
Ils travestirent la morale pure de l’évangile et ils y substituèrent une morale mondaine, une morale relâchée, qui ne fait consister la religion, que dans de simples pratiques, que dans des croyances symboliques et mystiques, qui dans les fausses religions, sont si fabuleuses et si ridicules. […] Cette déclaration franche, loyale, faite avec une humilité chrétienne, fondée sur la justice, fondée sur l’évangile, fondée enfin sur les divins préceptes de Jésus-Christ, qui a dit formellement mon royaume n’est pas de ce monde, ramènerait infailliblement et en très peu de temps à la communion de l’église romaine, toutes les puissances qui ne s’en sont séparées que par l’effroi que leur ont causé les prétentions et la corruption du clergé catholique.
Comme ces deux passions ne passent dans l’esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l’Evangile, que pour de nobles maladies de l’âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes : les Poètes se rendant d’abord les esclaves de ces maximes pernicieuses, en composent tout le mérite de leurs Héros. […] Pour ceux qui sont remplis des maximes de la chair et du monde, et que Dieu par un juste, mais terrible jugement, a abandonnés aux désirs de leur cœur ; je ne m’étonne pas qu’ils trouvent de la faiblesse dans mes raisonnements ; ils en trouvent dans l’Evangile : ils n’ont pas accoutumé d’examiner les choses par les règles que j’ai suivies.
La satyre & la médisance ne blessent pas moins que l’incontinence la loi de l’évangile & celle de l’honnêteté.
Et ne me dites pas ce que quelques libertins opposerent autrefois à saint Ciprien, que l’Evangile, que l’Ecriture Sainte ne defend nulle part ni les bals, ni les comedies, ni les mascarades, l’Ecriture (répond ce grand Saint) a plus dit en se taisant, que si elle s’êtoit expliquée par des defenses expresses ; elle a eu honte de faire un precepte pour des choses, qui êtoient si visiblement indignes du Chrêtien, qu’elle formoit.
C’est la doctrine de l’Evangile, et la parole du Fils Dieu même : « Si ton œil te scandalise, dit-il, arrache-le, et jette le bien loin de toi. » « Si oculus tuus scandalizat te, erue eum, et projice abs te.
Les Saints Pères de l’Eglise, qui sont les organes du saint Esprit, et comme les seconds Apôtres de l’Evangile, ont tous puissamment déclamé contre ce divertissement.
Pour déraciner tout à fait le goût de la comédie, il faudrait inspirer celui de la lecture de l’Evangile, et celui de la prière.
L’opposition évidente des maximes de l’Evangile, avec celles qu’on y débite, et l’inutilité jusqu’à ce jour des efforts de ses défenseurs plus savants en morale que les Bossuet, les Nicole, les Peres et tous les Conciles, nous répond de l’accomplissement de votre prédiction.
» Ajoutons à ces autorités celle du troisième Concile de Milan dans la quatrième partie des Actes de l’Eglise de Milan page 485. qui s’exprime en ces termes : « Que le Prédicateur ne cesse de reprendre ces assemblées qui servent d’amorce aux péchés publics, et que les hommes accoutumés au mal comptent pour rien ; qu’il tâche d’en inspirer la plus grande horreur ; qu’il fasse voir combien Dieu y est offensé, combien de maux, de calamités publiques, et de dommages ils attirent sur les Royaumes ; qu’il témoigne en toute occasion combien on doit détester les spectacles, les Comédies, les jeux publics qui tirent leur origine des païens, et qui sont entièrement opposés à l’Evangile et aux règles de la discipline chrétienne ; qu’il représente souvent les châtiments publics que ces désordres attirent sur le peuple chrétien ; et pour fortifier les fidèles dans une doctrine si importante, qu’il emploie l’autorité très respectable des Pères, tels que sont Tertullien, Saint Cyprien, Salvien, Saint Chrysostome.
Elle a d’abord ramassé tous les vers & demi-vers qui ont un air de maxime, dans Shakespear, les a cousus ensemble comme un centon, les a distribués sous divers titres ; & de cet ouvrage de marqueterie, elle a dit, voilà un Evangile. […] La scène changea de face, la Mythologie prit la place de l’Evangile, la licence fut substituée à la vertu : les anciennes comédies sont révoltantes. […] Pour prévenir l’innondation de galimathias, dont la grande nouvelle de la paix va ouvrir les écluses, nous enjoignons à tout écrivain de se souvenir qu’il est chrétien, & qu’il ne doit pas sacrifier l’Evangile à la poësie.
Le théâtre subsiste en entier : il est à bien des égards porté à un degré de perfection bien supérieur aux anciens théâtres, et malgré un vernis de politesse et de décence qu'on y a répandu, il ne mérite pas moins les anathèmes de l'Evangile, et l'horreur des gens de bien, que celui des premiers siècles. […] » Voyant le combat des Athlètes, il leur crient d'après l'Evangile, ne frappez pas.
Si la marque à laquelle on reconnaissait les Chrétiens au rapport de Tertullien, était la fuite des Théâtres et des spectacles ; qui pourra, Messieurs et Mesdames, se persuader que vous professez la même Religion que ces premiers Chrétiens, que vous êtes imbus des mêmes maximes, que vous suivez le même Evangile, et que vous aspirez à la même gloire, si l’on vous voit encore dans ces assemblées impies, et assis dans les chaises de pestilence ?
L’Editeur pretend qu’ils augmentent la crédibilité de la Religion, & lui ont rendu de grands services ; qu’ils éclairent l’entendement, corrigent les affections vicieuses, rendent l’homme vertueux, ennoblissent le plus frivole badinage, à l’étendre ce sont des sermons, c’est un Saint Pere, c’est l’Evangile. […] Le sieur Clément ayant fait une critique de la Henriade, très-juste & très-bien faite, l’Abbé de Voisenon, par une imitation ou plutôt une dérision de la Généalogie de Jesus-Christ, dans l’Evangile de Saint Mathieu, fit la liste des principaux Critiques de Voltaire : ce qui ne répond à rien & ne signifie rien.
Il est vrai que la gloire d’être du goût & d’avoir servi aux plaisirs du serrail, flatteuse pour un Mahométan, ou pour un Comédien qui est ordinairement Mahométan d’inclination sur l’article, ne l’est guère pour un Chrétien, & que s’applaudir d’un succès qu’on devroit rougir d’avoir mérité, est bien contraire à l’esprit de l’Evangile. […] Le célibat de la débauche, plus contraire à la population que tout l’état Religieux, se multiplie à l’infini dans ceux mêmes qui frondent le plus cet état de sainteté, conseillé par l’Evangile.
Ils feront dix hérésies pour un bon mot : les Païens sont leurs oracles, la mythologie leur théologie, les métamorphoses d’Ovide leur évangile. […] où connaît-on cette grande vérité de l’Evangile : « Qui n’est pas avec moi, est contre moi ; qui ne ramasse pas avec moi, dissipe. » Ceux qui se servent du prétexte de la piété prétendue de ces pièces pour la justification du spectacle, sont-ils plus conséquents ?
La conduire & les paroles de Judith sont un tissu de traits contraires aux loix de l’Evangile. […] Aucune parabole de l’Evangile, où l’on en voit un très-grand nombre, l’Enfant Prodigue, le mauvais Riche, les dix Vierges, le Pharisien, ne présentent que des vertus. […] La pluralité des femmes, la liberté du divorce, le commerce avec les Payens, & l’idolâtrie, si long-temps regnante dans la Judée, avoient donné aux peuples, dans leur façon de penser, une étendue de liberté que l’Evangile a bien resserrée.
Mais, dit-on, un melange de décorations dévotes & de pieces galantes, des mysteres de l’Evangile & des Orgies de Paphos, des tourmens des Martyrs & des graces des Actrices, de Saints & de Déesses, feroit un spectacle monstrueux, aussi revoltant que ridicule ; il ne feroit dû goût ni des acteurs ni des spectateurs. […] L’Evangile se sert de ce terme en parlant de la mort d’un Dieu : Venerant ad spectaculum . […] C’est le signe de l’humilité, de la pureté, de la mortification ; c’est la livrée d’un Dieu qu’il a porté lui-même ; l’abregé de l’Evangile qu’il a enseigné.
Un mépris inutile & indécent de la Philosophie & de la Thêologie de l’Ecole, & un goût décidé pour les Philosophes Anglois & leurs systêmes ; des déclamations outrées contre le fanatisme, l’enthousiasme, c’est-à-dire, la piété & le zele de la Religion ; l’affectation de la profession déclarée de ne jamais parler des Mysteres & de la Religion revêlée, tout attribuer à la raison & à la nature, sans aucune mention de l’Evangile, de la Grace & de la fin surnaturelle : c’est un vrai Pélagianisme qui fait honneur de toutes les vertus au libre arbitre, sans reconnoître que la nature corrompue par le péché originel est incapable de pratiquer & de connoître cette perfection, sans la grace intérieure. […] Pelage parloit du Christianisme comme les Catholiques, admettoit une fin surnaturelle, une Eglise, des Sacremens, un Evangile. […] La partie morale, ces tableaux des vertus & des vices ne sont qu’un Evangile déguisé par un langage qu’il se fait, & qui ne laisse voir que la nature.
Mais pour ne rien entreprendre sur les devoirs de nos Pasteurs & des Prédicateurs de l’Evangile, j’abandonne le Comédien pour ne parler ici que du Poëte Comique, & pour rapporter de la maniére la plus succinte & la plus seche qu’il me sera possible, quelques-uns des jugemens que nos Critiques Séculiers & Réguliers en ont porté, Mr.
On accuse les Jésuites de cette conduite accommodante ; mais il faut convenir qu’ils ne sont pas les seuls qui trouvent des tempéramments avec l’Evangile.
Ils en ont été les organes, & les interprétes, pour dire plus clairement à tous les Chrétiens, ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent, que soüs des ombres ; c’est donc eux, qu’il faut écouter, quand il est question de bien faire le discernement des choses douteuses ; Et c’est eux aprés l’Evangile, que Dieu nous a donnez, pour être la juste regle de nos actions.
Pouvons nous donc souffrir qu’elles parlent plus haut que l’Evangile ? […] 15 & 16, de Scribis & Phariseis, met au nombre de leur erreur, leur goût pour la parure ; leur réproche, comme l’Evangile, leurs franges, leurs beaux habits, simbrias philacteria ; leur affectation à les étaler, dilatant magnificans ; ornés des bordures ou de broderies qu’il attribue à leur vanité, adulationem & laudem sepectantium ; il leur réproché d’y ajouter des mantelets de femme, muliebria pallia ; des galons, crapidis ; de riches courroies de souliers, ligatis calceamentorum .
La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu. […] Il faut pour avoir ce succès, qu’elle soit apprétiée par la justice, la charité, selon les loix de l’Evangile ; mais ce bien, put-on même l’esperer, ne racheteroit jamais les maux infinis que feroit la licence à attaquer les personnes.
Jurieu cependant est un ennemi déclaré du théatre, il dit l. 2, c. 3 : une personne qui revient du bal ou de la comédie est très-mal disposé à la dévotion ; on a beau dire qu’on a rendu le théatre chaste, qu’on n’y entend plus que des leçons de vertu, que les passions n’y paroissent animées que pour la défense de l’honneur, qu’on n’y produit que des sentimens de générosité ; pour moi je dis que les vertus du théatre sont des crimes selon l’esprit de l’Évangile, & que si on y entendoit quelque chose de bon, il est gâté par l’impureté des lèvres & des imaginations à travers lesquelles il passe. […] Il fait voir l. 2, c. 1, combien les plaisirs des sens, les plaisirs du monde sont opposés à l’Évangile, & c’est le langage de tous les Chrétiens ; il distingue les plaisirs grossiers, les crimes énormes qu’on n’entreprend pas de défendre, quoiqu’on s’y livre, & les plaisirs qu’on traite d’indifférends : la danse, le jeu, la comédie, les spectacles, les intrigues, le commerce de galanterie qui sont des acheminemens aux plus grands vices ; & il soutient avec toute l’Église qu’ils sont défendus.
y apprend-on à pratiquer l’Evangile ? […] On ne prescrira point contre l’Evangile & les bonnes mœurs : la coutume, l’exemple sont des armes défensives bien foibles contre la séduction des plaisirs & la violence des tentations : une vieille coutume n’est qu’un ancien abus, cet abus n’eut jamais une possession paisible ; l’Eglise, les Peres, les gens de bien, les remords de conscience, même des gens du monde, n’ont cessé de la troubler, & n’ont jamais permis de se retrancher sur la bonne foi & la conduite des amateurs.
La retenue, la sévérité, la simplicité de l’Evangile peut-elle plaire à des cœurs que la scène a corrompus ? […] qu’aime-t-on mieux, le sermon ou la pièce, les bouffonneries ou l’Evangile, la vie ou la mort ?
« La sainteté de l’Evangile parle à mon cœur. […] Le sort m’a refusé, je ne veux point le taire, D’un long amas d’aïeux l’éclat héréditaire : Et l’on ne me voit point de leur nom revêtu Par huit siècles d’honneurs dispensé de vertu. » Mais, combien il le dégrade ensuite, lorsqu’il lui prête les sentiments d’un factieux, qui déclame ainsi contre l’autorité du chef de l’église romaine : « Les crimes du Saint-Siège ont produit l’hérésie : L’évangile a-t-il dit ? […] Mais, ajoute le Chancelier : « Mais ce n’est pas là, Sire, La loi que l’évangile a daigné leur prescrire. » S’ils s’étaient écartés de cette loi, ce n’était donc plus comme prêtres et comme attachés à l’Evangile, dont ils auraient violé la morale, qu’il fallait les signaler et les dénoncer à l’opinion publique. […] Ce n’est pas dans les mots que la vertu consiste Pour la morale au fond, votre culte est le mien ; Cette morale est tout, et le dogme n’est rien 28. » Ainsi, pour cette fois, voilà l’indifférence, à l’égard de toutes les religions, hautement proclamée aux yeux du peuple : peu importe donc qu’il s’attache à l’Evangile ou à l’Alcoran, qu’il s’arrête aux dogmes de Zoroastre ou à ceux de Confucius, tout est égal ; la morale seule est ce qui doit l’intéresser. […] Qu’on me dise donc si, abstraction faite de toute idée religieuse, l’autorité purement civile, n’a pas un grand intérêt à réprimer tout ce qui tend à avilir la véritable morale de l’évangile ?
Isti enim infœlices, et miseri homines qui ballationes et saltationes ante Basilicas ipsas sanctorum exercere, nec metuunt nec erubescunt, et si Christiani ad Ecclesiam veniunt, pagani de Ecclesia revertuntur ; quia ista consuetudo ballandi de paganorum observatione remansit. » Tous les Pères de l’Eglise condamnent généralement dans plusieurs endroits de leurs Ouvrages tous les spectacles, comme contraires à l’esprit de l’Evangile, et à la discipline Chrétienne.
On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs.
L’Evangile veut formellement que l’homme quitte tout pour s’attacher à sa femme ; mais vous, qui vous croyez fait apparemment pour le corriger et l’interpréter, vous voulez que les hommes ne voient leurs femmes que le moins qu’il leur sera possible.
Parce que avant l’Evangile, il n’y avoit que l’adultere & la brutalité des excès, de défendus ; excès qui perdirent les compagnons d’Ulysse, mais non la modération qui sauva leur sage Roi, lequel agissoit par un motif d’humanité, qui rendoit sa complaisance nonseulement excusable, mais glorieuse. […] Quoique l’horreur pour le vice fût moindre avant l’Evangile, quoique dans toutes les nations, dans tous les siécles, & presque chez tous les hommes, la débauche ait eu une infinité de faces différentes, le commerce des deux sexes ne fut jamais permis hors du mariage ; la continence fut toujours une vertu, le libertinage un désordre.
Notre Prélat regne en maître absolu, Dispose seul de cette ame facile, Lui fait tout faire au nom de l’Evangile, Et se prépare à des plaisirs d’Elu. Le vice plaisir d’Elu, séduire au nom de l’Evangile, &c.
Elles sont très-contraires à l’esprit de l’Evangile, & très-étrangères aux Chrétiens, dont aucun n’a jamais dansé allant au supplice. […] Votre règle est l’Evangile, vos vœux du baptême sont votre profession, Jesus-Christ votre Supérieur & votre modelle.
La morale de l’Evangile est aussi invariable que ses dogmes, & s’il ne fait pas une défense expresse de la comédie, qui d’ailleurs étoit inconnue aux Juifs, c’est qu’il est inutile de porter une loi pour des choses visiblement indignes d’un Chrétien, & si opposées à l’esprit du Christianisme. […] Mais on se trompe, l’Evangile défend par-tout ces divertissemens : la pureté du cœur, la mortification des sens, la foiblesse de la chair, la légèreté de l’esprit, la force des passions, la malice du démon, la suite des occasions, la haine du monde, &c.
En effet Jésus-Christ nous déclare dans l’Evangile, que toute la Loi et les Prophètes sont renfermés dans ces deux Commandements. « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces, et le prochain comme vous-même. » Mais quel amour pense-t-on que l’Ecriture veut qu’on ait pour soi et pour son prochain ; c’est certainement un amour bien différent de celui que la Comédie inspire. […] L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire et tourments mérités ; Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ces vérités donne l’air de la fable. » Laissons donner aux Poètes les éloges que ces Vers méritent, et ne nous arrêtons pas davantage à faire sentir combien toutes sortes de fictions sont indignes de l’Ecriture, surtout celles qui ne roulent que sur des intrigues d’amour.
Malheurs attachés au mépris de l’Evangile, 306. […] Fagan sur l’état de Comédien, a, 295 Essai sur le moyen de faire du Colisée un établissement national, b, 459 Etat actuel de la Musique de Paris & des trois Spectacles, b, 131 Etienne (François), b, 131 Evangile. […] Son hommage rendu à l’Evangile, 192.
La Législation de Moyse, les Pseaumes de David, les Remords de Salomon dans l’Ecclésiaste, ses Oracles dans les Proverbes, les Lamentations de Jérémie, les Menaces d’Ezéchiel, les Guerres des Maccabées, la Loi de l’Evangile, l’Esprit de S. […] Mais cette loi est imparfaite depuis qu’il a plû à Dieu d’exiger quelque chose de plus, pour le peuple d’Israël dans la loi de Moïse, pour tout le monde dans l’Evangile. […] Que les Evêques, les Curés, les Prédicateurs, les Professeurs dans toutes les sciences, les Régens dans les écoles, les gouverneurs, les instituteurs, les maîtres en tout genre, commencent donc par donner la comédie, pour avoir droit d’instruire, afin qu’on écoute leurs leçons & qu’on en profite, ou plutôt qu’ils transforment l’Evangile, le droit, la théologie, la réthorique, les sermons, les plaidoiries, en comédie, que tous les maîtres se fassent Arlequins, car le Théatre est la meilleure école & donne les plus utiles leçons.
De peur que vous ne croyez que les Saints Pères exagèrent, et que la Comédie n’était pas autre dans ce temps-là qu’elle est aujourd’hui, mais que pour en détourner les Fidèles, les Prédicateurs de l’Evangile et les Auteurs Ecclésiastiques, la dépeignaient avec de si affreuses couleurs ; je veux bien que vous ne vous en rapportiez pas seulement à ceux-ci, mais que vous consultiez les Auteurs profanes. […] Hom. 6.i n Evangiles. […] Hom. 6.i n Evangiles.
Il est nécessaire de subvenir à la faiblesse des uns, en les instruisant ; et de prévenir l’opiniâtreté des autres, en détruisant leurs raisons vaines, par d’autres vraies et solides, que nous puiserons en premier lieu de l’Ecriture S. et de l’Analogie de la foi ; en après de la doctrine des Anciens, pour montrer par leurs témoignages, le consentement de l’Eglise primitive, et la pratique des premiers Chrétiens, qui allaient aux Théâtres bien d’une autre manière, et pour une autre fin, à savoir, pour y glorifier Dieu, pour y sceller de leur sang la vérité de l’Evangile, combattant et surmontant par leur constance, la rage de Satan, et la cruauté des Tyrans ; non pour contrister le S. […] Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien. […] I. epist. 10 ei , qui avait appris et exercé ce métier, lorsqu’il était encore païen ; et le voulait continuer, étant devenue Chrétien, non toutefois pour jouer au Théâtre en public, mais pour en façonner d’autres en son privé, et ce à cause de la pauvreté, n’ayant nul autre moyen de gagner sa vie ; enquis, dis-je, s’il devait être admis à la communion de l’Eglise ; répond : « Qu’il n’est pas convenable, ni à la majesté Divine, ni à la discipline de l’Evangile, que la modestie et l’honneur de l’Eglise, soient souillés d’une vilaine et infâme contagion : Car, ajoute-t-ilDeut. 22 ej , si la Loi défend à l’homme de se vêtir d’habit de femme, et si ceux qui le font, sont jugés maudits, combien plus grand crime est-ce de représenter des gestes sales, lâches et efféminés par l’enseignement de cet art impudique.
A l’Evangile, hélas !
Il n'y avait point de crime plus énorme pour ceux qui faisaient profession de vivre sous l'Evangile ; aussi n'y eut-il jamais d'action si sévèrement détestée par les Chefs des Fidèles, ils la condamnaient sans recevoir d'excuse ni de prétexte.
Dans la Préface de son Commentaire, sur l'Evangile de S.
Dans quel endroit de l’Evangile a-t-il trouvé cette morale ? […] A ce prix la conquête du Ciel est facile, l’Evangile bien sevére, & l’Enfer bien injuste !
Il est plus surprenant encore qu’on fasse ces distinctions dans la religion Chrétienne, dont l’adorable auteur passoit pour fils d’un Charpentier, dont les premiers Pasteurs étoient de la lie du peuple, dont tous les Disciplès regenérés dans le même baptême, rachetés par le même sang, nourris du même corps, professant le même Evangile, destinés à la même fin, sont tous freres, & ne doivent avoir qu’un cœur & une ame. […] L’effronterie d’un Prédicateur comédien, dont on se fait quelquefois un faux mérite, dépare l’Evangile, scandalise l’auditeur, decrédite la parole & le Ministre.
Les Académies dans les ouvrages qu’elles couronnent, les sujets des prix qu’elles proposent ; les feuilles périodiques dans l’extrait des livres qu’elles publient, les censeurs dans les approbations qu’ils accordent, n’ont gueres plus de délicatesse ; sur-tout le Théatre met tout sur la même ligne, les pieces pieuses & les farces licencieuses, les sujets de l’Ecriture & les Contes de Lafontaine mis en drames, l’Evangile & les Méthamorphoses d’Ovide, tout fait spectacle dans des bouches & à des yeux corrompus. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu.
En vain y travaillerez-vous, vous ne sauriez, dit l’Evangile, ajouter une coudée à votre taille. […] Rien ne nous oblige d’approuver en entier la conduite de cette femme célebre, peu conforme en bien des choses aux regles austeres que l’Evangile a prescrites depuis.
On s’y remplit de mille maximes fausses, directement opposées à celles de l’Evangile, car la morale des comédies, (il y faut joindre les romans) n’est fondée que sur des principes d’erreur et d’illusion, et ne peut conduire que dans des voies perdues et égarées.
Cyprien au Peuple persistant en l’Evangile, Salut.
N’est-il pas encore évident que ce parti dominateur, pour arriver à ses fins, ne recule pas, lorsqu’il faut fouler à ses pieds les principes de la religion chrétienne, et les maximes de l’évangile ?
Il suffit d’avoir lu l’Evangile, pour être convaincu que la Comédie ne peut pas s’accorder avec les maximes de ce Livre divin. 3°.
Sont-ils moins obligés que ceux des premiers siècles à travailler pour atteindre à la perfection de l’Evangile, à affaiblir et à mortifier en eux les passions de la chair, et à éviter les objets qui les excitent, qui les entretiennent, et qui les fortifient ?
Rougissez-vous de l’évangile ? […] La doctrine de ce Pere est celle de l’Evangile, qui viderit ad concupiscendum mæchatus est.
S’il était permis de mêler l’Evangile à des objets profanes, nous dirions : On ne cueille point des figues et des raisins sur les buissons. […] I let. 193), le désespoir d’Hermione avec la jurisprudence, et les fureurs d’Oreste avec l’Evangile ?
Le nouvel Aréopage, plus grave & plus austere, ne craindra-pas sans doute, le réproche de l’Evangile, Médecin guerissez-vous vous-mêmes : que celui qui est sans péché jette la premiere pierre ; cette actrice à qui vous ne demandez rien, & qui n’a plus dans ses charmes de quoi faire payer cherement la sévérité d’un arrêt, ne tiendra plus la balence & l’épée.
Les Jesuites même, qui étoient protégés en Prusse, malgré leur zèle pour la doctrine, après avoir rapporté six raisons de dissolution, dont aucune n’est légitime, se contenterent de dire que ces dispositions peuvent être regardées comme singulieres , & qu’il vient naturellement en pensée de demander comment on peut les concilier avec les textes de l’Evangile & de S.
Que l’Académie de Musique réunisse toutes ses grandeurs, le grand Quinaut, le grand Lulli, le grand Pécour, le grand Batistin, le grand Servandoni, & les grands mots du grand Mercure, & qu’on ose mettre en parallelle leurs puériles croquis, avec l’immense, l’éternel spectacle que nous offre l’Évangile.
comme s’il n’y avoit que les Religieux qui pussent mener une vie chrétienne, comme si la loi de l’Evangile n’étoit pas pour tout le monde.
Cela supposé, mon sentiment est, que ce membre pourri doit être séparé du corps de l’Eglise, et que l’y admettre ce serait offenser la Majesté divine, violer la discipline de l’Evangile et déshonorer le Sanctuaire. […] Et comme les douces peines de l’Evangile nous élèvent à un bonheur véritable : aussi les satisfactions légères du siècle nous précipitent-elles dans un malheur réel. […] Le meilleur moyen de vous justifier à l’égard du passé est de vous écarter du péril à l’avenir. » Encore un endroit de saint Chrysostome ; c’est dans la Préface de son Commentaire sur l’Evangile selon saint Jean. « Que sert de tracer ici une peinture exacte de chaque désordre qui se commet aux spectacles ? […] Il s’ensuit de là qu’on se fait une fausse idée de l’honneur, au mépris de l’Evangile, et au préjudice de la paix qui devrait régner parmi les Chrétiens.
Peres, & l’Evangile même.
C’est le grand principe de l’Evangile ; celui qui regarde une femme avec complaisance, a déjà commis le péché dans son cœur.
Si l’on m’objecte que dans la farce il y a des mots un peu libres, et de mauvaise édification qui fait que l’on condamne la Comédie, je réponds que c’est être ignorant Logicien, en ce que l’une n’est pas de l’essence de l’autre, et qu’étant deux actions différentes et séparées elles n’ont aucune analogie entre elles, et que tel aimera l’une, qui haïra l’autre, outre que s’il se dit quelques rencontres ou pointes d’esprit qui soient facétieuses, les termes en sont ambigus, et n’ont aucun sens qui puisse blesser les chastes oreilles ; Ce n’est pas que je ne souhaitasse qu’elle fût abolie, pour le peu de satisfaction que les honnêtes gens y reçoivent, cela obligerait au moins la plupart de nos Prédicateurs et les Ministres de ne quitter pas si souvent le texte de leur Evangile, pour nous étourdir la tête de telles matières, et parler avec plus de modération de la Comédie, et de ceux qui y assistent.
Aussi les Auteurs ne peuvent-ils de sang froid considérer leurs Comédies avec des yeux éclairés de la lumière de l’Evangile, qu’ils n’en gémissent.
Si ce n’est là tout le contraire de l’Évangile, j’avoue que je ne m’y connais pas ; et il faut entendre la religion comme Desmarets entend l’apocalypse, pour trouver mauvais qu’un chrétien et un théologien étant obligé de parler sur cette matière, appelle ces gens-là des « empoisonneurs publics », et tâche de donner aux chrétiens de l’horreur pour leurs ouvragese.
Pour réprimer ses passions, il court, il crie, comme l’aveugle de l’Evangile, après Jésus-Christ, et non pas après le théâtre (Tract.
Quant à ce qu’on leur fait dire que le Prince n’a pas le même Evangile à suivre que les particuliers, que l’Eglise d’aujourd’hui n’est pas aussi sévère que celle des premiers siècles sur la condamnation du vice et les occasions du péché, c’est une morale de courtisan que la Sorbonne n’a jamais enseignée et autorisée par ses décisions.
Sa réponse aux Lois par lesquelles on a voulu autoriser ces Comédies, est que quand les Lois au lieu de flétrir comme elles ont toujours fait, les Comédiens, leur seraient favorables ; tout ce que nous sommes de Prêtres, nous devrions imiter l’exemple des Chrysostome et des Augustins, qui disaient que si les Lois Romaines permettaient l’usure et les divorces, ces crimes n’étaient pas moins reprouvés par l’Evangile, parce que les lois de la Cité sainte et celles du monde sont différentes.
C’est ce qui fait espérer que Molière recevra ces Observations, d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : ce n’est pas un dessein formé de lui nuire, mais un désir de le servir : on n’en veut pas à sa personne, mais à son Athée : l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation : ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu, qu’il attaque ouvertement, et qu’un Chrétien témoigne de la douleur en voyant le Théâtre révolté contre l’Autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un Comédien qui se joue des Mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la Religion.
L’Evangile est moins indulgent. […] C’étoit si bien le goût du temps, que la Reine Marguérite, sœur de François premier, se fit honneur de mettre en drames, & de faite représenter dans la Cour tout l’évangile.