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31. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

L’avare Harpagon querelle ses enfans & ses domestiques d’un ton si badin & si bouffon, que ses domestiques & ses enfans se moquent de lui, depuis le commencement de la piece jusqu’à la fin. […] La misanthropie est certainement un vice dangereux : un misanthrope est ennemi des hommes : ce n’est pas seulement en déclamant contre le genre humain, qu’il dévoile son caractere, c’est par ses actions & sa conduite : un homme de cette trempe refusera de rendre service à ses semblables, parce qu’il les hait : il quittera sa femme & ses enfans, à qui sa présence est nécessaire, pour aller vivre seul au fond d’un désert.

32. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Tous les enfans faisoient des Chapelles, & Racine le fils dans la vie de son pere rapporte que ce fameux tragique construisoit des Chapelles avec les enfans, & faisoit la Procession avec eux. […] Les enfans, & même des vieillards sont encore des Chapelles, à la ruelle de leur lit sont étalées bien des images ; on les contemple, on leur parle, on leur adresse des vœux, des prieres avec toute l’ardeur de la passion ; que ne méritent pas les déesses des coulisses à demi-nues ? […] Quels germes de vertus elles répandent dans le cœur innocent des enfans ? […] Tout le monde y sait lire, un coup d’œil suffit à cette infame lecture, intelligible aux moindres enfans, les objets se gravent plus promptement & plus profondément dans le cœur, segnius irritant animos demissa per aurem ; quam quæ sunt oculis subjecta fidelibus. […] Juvenal recommande de ne rien souffrir d’indécent sous les yeux des enfans ; respectes leur foiblesse & leur innocence, que leur présence soit une barriere à nos passions : Nil dictu fædum visuque hæc limina tangas.

33. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Des admirateurs si zélés, des citoyens si riches, des enfans si respectueux & si tendres, des éleves si généreux devoient-ils vanter d’avance leur reconnoissance reconnoissance, & quêter si bassement de quoi élever un monument si bien mérité ? […] La qualité d’enfans de Moliere n’est pas honorable, on ne lui connoît d’enfans que la fille qu’il épousa ; qui voudroit avoir pour sœur la fille & femme de Moliere, qui par ses galanteries, remplit ses jours d’amertume ? […] Le délire du théatre n’étoit pas encore allé si loin, nous en avons parlé, voici quelques rimes pour Voltaire, qui ne sont pas moins des enfans du délire. […] Ces mesquines minuties jurent avec les appartemens superbes, les habits magnifiques, les domestiques nombreux, les équipages élégans des enfans de Moliere. […] Roi d’Angleterre, le dernier des Plantagenetes, n’est point un sujet favorable pour le théatre, il ne présente que des horreurs, qu’aucune vertu ne rachete, un usurpateur qui envahit le trône, au préjudice de deux de ses neveux, enfans de son prédécesseur, qu’il fait étrangler dans la tour de Londres.

34. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Allez, je ne sais pas, si vous n’étiez ma mère … C’est donc la leçon qu’on donne aux enfans dans une piece faite pour enseigner la vraie piété & démasquer la fausse. […] Deux amans accordés, pour un mot dit ironiquement se querellent, se dédaignent, se fuient, se recherchent, comme des enfans qui boudent, & se raccommodent sottement par l’entremise d’une Servante qui leur prend les mains & les leur met l’une dans l’autre : Boutez-là, Lucas & Perronelle. […] Ce n’est pas ici un scélérat qui parle, c’est une femme d’honneur qu’on fait parler & agir, une mère dans sa famille, qu’on fait instruire ses enfans, & employer la séduction & le crime pour favoriser leur mariage. […] Les deux amans transis, Marianne & Valère, viennent dans une scène aussi fastidieuse que longue, se bouder sottement pour rien, comme des enfans, & se livrer ensuite aussi sottement à une servante bouffonne qui se moque d’eux & n’avance de rien leurs amours. […] 13.° C’est une indécence inexcusable que l’indifférence avec laquelle écoute les plus grandes infamies, & débite les maximes les plus fausses & les plus dangereuses à son mari & à ses enfans, une femme & une mère qu’on veut donner pour modelle.

35. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

En France, en Espagne, en Portugal, les représentations théatâles n’ont point été une matiere d’accusation, cet usage étoit chez eux public, & reçu, tout le monde y venoit, tous les enfans y jouoient, les Magistrats eux-mêmes avoient été acteurs, & laissoient jouer leurs enfans. […] Le goût de la musique semble attaché à ce bénéfice, le dernier possesseur l’aimoit beaucoup aussi ; mais il étoit moins élégant, il n’aimoit que la musique sainte, il avoit composé & fait imprimer des cantiques, pour les missions, des livres d’Eglise pour le chant ; il en donnoit des leçons aux enfans & aux jeunes chantres. […]  23, dit, la comédie ést une chose indifférente, régardée en elle même, dans la speculation, comme une simple représentation d’une action humaine : elle seroit toutefois très-dangereuse, par les circonstances , (choix de l’action réprésentée, maniere de la représenter, caractères des représentans, dispositions des spectateurs ;) mais il seroit bien plus dangereux de les affectionner. c’est dommage de semer dans votre cœur des affections si vaines, si sottes, à la place des bonnes impressions ; on ne trouve pas mauvais que les enfans courent après des papillons ; mais n’est-ce pas une chose ridicule & lamentable, de voir des hommes faits (à plus forte raison des Ecclésiastiques) s’affectionner à de si indignes bagatelles qui outre l’inutilité, nous mettent en danger de nous perdre  ! […] Chez toutes les nations de la terre, de Pekin à Gibraltar ces femmes auroient été prises pour des foles, on les auroient enfermées ; mais en France les folies des Dames sont des graces, leurs sortises des gentillesses, qu’on se fait un devoir d’admirer, on les traite comme des enfans, leurs adorateurs ne sont-ils pas des enfans aussi, que le hochet de l’amour amuse ?

36. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Est-il étonnant que coupables comme lui, ses enfans cherchent à voiler leur faute ? […] Châtiment juste, pénitence utile : Dieu approuva la sagesse des précautions que prit & qu’enseigne le premier pécheur à tous ses enfans. […] Qu’au milieu même de la licence quelque personne respectable se présente, elle en rougira, fera des excuses, se couvrira ; elle n’osera paroître devant des femmes respectables, devant son père, devant ses enfans : tant la vertu se fait rendre justice par ses ennemis même. […] Mais, dit-on, combien de femmes dans leur maison, combien d’enfans, & même des personnes avancées en âge, dans des Communautés Religieuses, qu’on souffre habillées comme nous ! […] quelle éducation pour des enfans !

37. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

des enfans, sans doute ; non, des hommes faits ; & quels hommes ? […] J’ai ramassé des sommes immenses, j’ai rançonné les Rois & les provinces ; le théatre est un gouffre qui engloutit, & les pensions des Princes, & les présens des Seigneurs, & les fortunes des particuliers, & les filouteries des enfans de famille. […] Les théatres de société multipliés à l’infini, les passions des Acteurs & des Actrices (c’est-à-dire des enfans de famille qui jouent) ; très-applaudies, satisfaites décemment, parce qu’elles sont couvertes du voile du rôle (jolie décence !) […] Il détacha un Officier pour en savoir la cause : On célèbre, lui dit-on, les funerailles de la musique, que vos ordres ont mise à mort ; & les cris que vous entendez, sont ceux de ses enfans, qui la pleurent. […] Quelque temps après ce Prélat alla visiter les classes, selon sa coutume, pour examiner & récompenser les enfans ; il fut fort étonné de voir toutes les filles habillées de noir, il en demanda la raison : Monseigneur, lui dit-on, Zaïre est morte, nous en portons le deuil.

38. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Ne nous laissons pas extasier comme des enfans, avec des poupées. […] La seule vie de ce grand Prophète, ainsi que celle de son successeur Élisée, fournissent plus d’idées véritablement grandes que tous les théatres du monde ; ce feu qui tombe du ciel sur la victime & sur ses ennemis, cette pluie refusée pendant trois ans, qui tout à coup inonde les campagnes ; cette vision sur la montagne du Carmel ; ce courage à faire aux Rois de la part de Dieu les plus vifs reproches, & à leur prédire les plus grands malheurs ; cette chûte affreuse de la maison d’Achab & de l’Actrice Reine Jézabel ; ces résurrections des enfans de deux veuves ; cette victoire incroyable sur les Rois de Sirie ; ce siege de Jérusalem, où des plus horribles excès de la famine on passe dans un instant à la plus grande abondance, &c. […] ) rapporte qu’un Ambassadeur de quelque peuple barbare ayant assisté aux spectacles, & vû la fureur avec laquelle les Romains y couroient, demanda fort sérieusement : Ces hommes n’ont-ils point des femmes, des enfans, des amis, des maisons de campagne, des exercices du corps, qui puissent les amuser, sans recourir à ces objets imaginaires ? […] On auroit pû lui répondre : Ces hommes n’ont point de femmes, ils entretiennent des Actrices ; ils n’ont point d’enfans, ils sont célibataires ; ils n’ont point d’amis, ils se lient avec des compagnons de débauche ; ils n’ont point de campagne, ils la voient peinte dans des décorations ; ils n’ont point d’exercices, ils regardent des danseurs, &c.

39. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

De là un nombre infini de danses, pour toutes les passions, l’amour, la tendresse, la colère, la fureur, la joie, la tristesse, le désespoir ; pour toutes les nations, Turcs, Chinois, Sauvages, Maures, Indiens ; pour tous les états, les sexes, les âges, les enfans, les vieillards, les femmes, Soldats, Matelots, Esclaves, Bergers. […] C’est ce qui causa le crime & le malheur d’Hérode ; une danseuse fit perdre la vie au plus grand, au plus saint des enfans des hommes. […] Horace reproche à son siecle, comme un des plus grands désordres, qu’on obligeât les femmes de danser dans les fêtes, festis matrona moveri jussa diebus, à plus forte raison qu’on les y exerçât de bonne heure, & qu’on appelât belle éducation, comme aujourd’hui on en fait une partie essentielle, d’enseigner aux enfans ces molles attitudes, ces mouvemens lascifs, qu’ils ne goûtent déjà que trop. […] Scipion le second Africain, parlant contre une loi de Cracchus, se plaint qu’on donne une si mauvaise éducation aux enfans : Docentur præstigias in honestas cum sambuca, plaustris eunt in ludum histrionum, discunt saltare quæ majores ingenuis probet ducier voluerunt. […] C’étoient des foux ou des enfans qui faisoient ces fêtes.

40. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ce seul point devroit faire tout craindre pour ses enfans à une mere Chrétienne. […] Une actrice daigne-t-elle, a-t-elle le loisir de s’occuper du ménage, d’élever ses enfans, de veiller sur ses domestiques ? […] Quelle autre leçon y entendent, quel autre modele y voient les enfans que l’imprudence des parens mene au théatre ? […] La naissance, l’entretien, l’éducation, l’établissement des enfans. […] On prend le triste parti de n’avoir point d’enfans.

41. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

C’est la satisfaction maligne des peines d’autrui, la méchanceté brouillonne & folâtre, qui se plaît dans le désordre, qu’on nourrit dans les enfans, au lieu de les en corriger, sous le nom d’espiégleries.   […] Devenu grand, il sera un querelleur, il excitera des dissensions, se battra en duel, peut-être excitera des : révoltes, traitera mal sa femme, ses enfans, ses domestiques, ses confreres, &c. […] Montagne lui-même, qui dans ses essais a entretenu le public même de ses réves, eût-il deshérité le premier des enfans de son esprit, bien antérieur à ses essais ? […] Les Sénateurs voyoient impatiemment qu’elle accordoit les dernieres faveurs à son amant, dont elle eut des enfans : on lui ôta la couronne. […] Mais, ajoute-t-il, il est d’autres passions que la raison condamne ; parmi celles-ci, il en est qui ont quelque chose d’horrible, on peut les mettre sur la scene pour en donner horreur, comme les Lacédémoniens montroient à leurs enfans des esclaves ivres qu’ils faisoient même enivrer à dessein pour leur donner des leçons de sobriété.

42. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

On en revient méprisant pour sa femme, dur pour ses enfans, insupportable à ses domestiques. […] le jeûne doit vous rendre plus chaste, plus humble, plus modéré ; en revenant tout changé du spectacle, de quel œil regardez-vous votre épouse, vos enfans, vos amis, vos domestiques ? […] Ainsi vous devenez meilleur, & vous sanctifiez-ce qui vous approche ; votre femme vous devient plus fidele, vos enfans vous sont plus soumis, vos domestiques plus attachés, vous pouvez gagner vos ennemis même.

43. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

à voir la delicatesse avec laquelle on traite son corps, à l’indolence & l’oisiveté à laquelle s’abandonnent les gens du monde, ne les prendroit-on pas plûtôt pour des Disciples d’Epicure que pour des enfans de Jesus-Christ & de son Eglise ? […] Ce sera cette femme Chrétienne, qui renfermée dans l’enceinte de son domestique, éleve ses enfans dans la crainte de Dieu, laisse au Seigneur le soin de leur destinée, les aime tous d’une égale tendresse, ne leur marque d’autre place que celle où Dieu les appellera, ne s’abandonne point aux modes de luxe & de vanité, ne se trouve point dans les cercles de railleries & de médisances, ne s’assied point dans la Chaire du mensonge, ne paroît gueres qu’au Temple, & n’y va que pour y prier & y adorer, qui ne suit point les usages, les coûtumes, les maximes du monde, & qui par son rang & ses exemples donne du credit à la vertu. […] Lorsque les Juifs furent prêts de quitter la Judée, & de partir pour être captifs à Babilone, le Seigneur leur parla en ces termes, par son Prophete Jeremie : enfans d’Israël, lorsque vous serés arrivés à Babilone, vous verrés les Peuples qui porteront sur leurs épaules des Dieux d’or & d’argent, de pierre & de bois, pour donner de la crainte aux Nations ; donnés-vous bien de garde de vous laisser entraîner au torrent du mauvais exemple : & ne craignés pas comme les autres ces Divinités impuissantes & chimeriques ; & voiant devant & derriere vous la multitude qui adore ces Idoles, dites dans le fond de vos cœurs : c’est vous seul, ô mon Dieu, qu’il faut adorer : c’est vous seul que nous voulons adorer, & qui seul merités d’être adoré ;* dicite in cordibus vestris : te oportet adorari Domine.

44. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Qu’apprend un Bacchus, une Vénus, un Vulcain, un Satyre, les folies des Bacchantes, les groupes d’enfans avec leur jeux puériles ? […] Le luxe Typographique, & en particulier l’Iconomanie littéraire, n’est qu’une passion d’enfant à qui il faut des images, des poupées, des hochets, tous les enfans y courent ; mais que dis-je, des enfans ? Tous les hommes frivoles, qui ne sont que des enfans.

45. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Ainsi voit-on des enfans qui aiment la musique, qui chantent, qui composent des vers, des Bergers qui jouent de la flûte, de la musette : les rossignols chantent presque en naissant. […] Sa belle-sœur, sa femme, ses parents, ses enfans, sont peints d’après nature sous les personnages qu’il introduit. […] Le triple Mariage, autre de ses piéces, est l’assemblage de trois mariages clandestins, d’un pere fort vieux qui se remarie, & de deux de ses enfans, qui par hasard sont découverts en même temps, & qu’on approuve de part & d’autre par force, pour n’avoir rien à se reprocher mutuellement. […] Ses enfans avoient fait de même. […] On y fait mettre les enfans pour éviter les châtimens, mais il est si rare qu’on s’y mette à un certain âge dans le monde & devant le monde !

46. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

Que masquer ne soit contre les bonnes moeurs mesmes entre les Payens, prenons en à tesmoin Plutarque, lequel discourant des enfans perdus & desbordez parle ainsiAu traitté comment il faut nourrir les enfans. […] les conditions apposees contre les Loix & constitutions des Empereurs & contre les bonnes mœurs sont de nulle force & valeur : par exemple, si tu ne prens point de femme, si tu n’as point d’enfans, si tu homicides, si tu vas masqué, & autres semblables. […] & bien-souuẽt leurs femmes ont enfanté des mõstres ou des enfans manchots, epileptiques, cõtrefaicts & difformes : Conrad Euesque d’Helebestad de bonne memoire discourut à Cesarius Celestin vne histoire aduenue en France d’vn prestre, Cæsarius l. […] (dit le Dieu eternel) à ceux qui s’oublient de tant : pour destourner ce mal il n’y a que d’instruire les ieunes gens aux arts mecaniques, de bien faire nourrir & instituer aux bonnes moeurs & aux bonnes lettres les enfans de maison. […] Au traitté comment il faut nourrir les enfans.

47. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Quand les plus célébres Poëtes ont médité les principes de l’art toute leur vie ; quand ils ont passé les jours & les nuits à consulter les Anciens, à se nourrir des beautés de leurs ouvrages ; quand ils ont puisé les plus grands traits de leurs Poëmes dans ces sources ; quand après des refléxions profondes, des veilles opiniâtres, & avec un génie brillant, ils se sont à peine crus en état de porter ce noble fardeau, & n’ont proposé leurs découvertes qu’avec modestie, & que comme des doutes ; nous verrons des enfans sans principes, sans connoissances, s’abandonner à une yvresse aveugle, & se croire supérieurs à tout ce qu’exige le Théatre ? […] Ne sont-ils pas les protecteurs nés des Comédiens, les seuls maîtres de ces enfans du luxe ?

48. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dixième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 242-243

Je vais le conduire dans la chambre de nos enfans : c’est pour eux que je vous quitte.

49. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Ils n’épargnent ni peine, ni soins, ni frais pour attirer le public. « C’est assez l’ordinaire, dit l’Auteur du Comédien, que des enfans adoptifs, aient plus d’attention que nos vrais enfans, à se rendre dignes de notre tendresse. » Les connoisseurs poussent si loin la délicatesse sur ce point, que les habits même des Acteurs les réfroidissent, s’ils savent qu’on leur en ait fait présent, ou que l’Acteur, mal dans ses affaires, n’ait pas du en avoir de si magnifiques.

50. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Aujourd’hui donc plus que jamais, les parens doivent être attentifs, & les Instituteurs extrêmement en garde contre les attaques d’un ennemi si rédoutable à leurs enfans & à leurs éleves, & on doit en interdire la fréquentation, en écarter les idées, en combattre le goût, en faire sentir le danger, en faire craindre le péché. […] Les parties du corps que la pudeur vous fait cacher, pourquoi les présentez-vous à nud, & les laissez-vous sous les yeux de vos enfans ? […] Un pere, une mere, un Gouverneur, n’oseroient se montrer à nud devant leurs enfans, & ils laissent sous leurs yeux toute sorte de nudités ; on ne leur laisse ni tenir ni entendre des discours licencieux, ni même nommer des objets grossiers. Ces enfans n’ont qu’à lever les yeux, & dans les tapisseries, les plafonds, les lambris & les estampes, ils verront ce qu’on leur cache, plus grossiérement, plus dangereusement exposé, que les paroles n’auroient pu l’exprimer. […] Un des points de l’éducation sur lequel on insiste beaucoup avec raison, c’est de ne pas effrayer l’imagination des enfans par le récit des visions, des sorciers, des revenans, des spectres, &c.

51. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Le Triumphateur estoit seul dans un Siege élevé & distingué des autres, où estoient ses enfans devant luy, & comme à ses pieds. […] Mais enfin, ces graces s’accordoient rarement : & hors les droits naturels que les enfans ont à la gloire du pere, je trouverois qu’il y auroit plus d’infamie que de satisfaction, à paroistre par faveur dans un rang où le seul merite peut nous placer glorieusement. Aussi ie ne crois pas que la seule naissance donnast droit aux enfans de monter sur le Char de leur Pere. […] Toutefois, comme le Senat & le Peuple faisoit une partie du Spectacle, les enfans s’y pouvoient bien trouver comme témoins ou comme Partie civiles. […] que les enfans des Triomphans estoient montez sur les Chevaux du Char : Suet. in Tyb.

52. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

De quelles malédictions ne charge-t’il point cette malheureuse Cité qu’on oppose à celle de ses enfans qu’on veut égorger ?

53. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Les peres & les meres sont obligez de défendre à leurs enfans d’aller à des Comedies si pernicieuses ; le crime s’insinuë dans l’esprit des jeunes gens avec le plaisir, & il s’attache aisément à une matiere molle, & plus disposée au vice qu’à la vertu. Ces premieres impressions ne s’effacent que difficilement ; il n’est pas aisé de rompre ces premieres liaisons, ces anciennes amours sont d’ordinaire les plus fortes ; & si les peres & les meres ne doivent pas permettre à leurs enfans de commettre des actions contraires à ce que Dieu leur ordonne, ils sont obligez, à plus forte raison, d’empescher qu’ils n’aillent en des lieux, d’où ils reviendront avec de méchantes inclinations, qui seront des sources perpetuelles de mauvaises actions. […] C’est ce qui oblige les particuliers de ne point aller à ces especes de Comedies, les peres de défendre à leurs enfans d’y aller, les Magistrats d’empescher qu’on ne joüe des Pieces si dangereuses. […] Les peres & les meres n’ont pas assez de charité pour leurs enfans, s’ils souffrent qu’ils s’engagent en ces dangers où ils ne pourroient en conscience leur permettre de s’exposer, s’il ne s’agissoit que de la fortune & de la vie. […] Et puisque vous avez l’avantage d’estre les enfans de l’Eglise, n’ayez pas moins de respect pour un Dieu qui est son Espoux, & vostre Pere : n’ayez pas moins de charité pour les Fidelles qui sont leurs enfans, & vos freres.

54. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Toutes deux passèrent leur vie dans un célibat de libertinage ; mais celle-là ayant refusé de se marier, celle-ci dans un long veuvage après avoir eu plusieurs enfans, & entr’autre une fille mariée à Henri IV, qui ne fut rien moins qu’une vestale. Toutes deux pleines de vanité & de faste, éprises de leur beauté, occupées de leur parure ; mais comme Elisabeth avoit besoin de l’attache du Parlement, les Finances Angloises étant mieux économisées, le courant des dépenses plus modérées, & les prodigalités réservées pour les occasions d’éclat ; Catherine dépensoit le bien de son mari & de ses enfans ; elle lâchoit sur le peuple une meute de Financiers comme une meute de chiens sur le gibier. […] Carlos, & de lui former un beau Royaume en réunissant les Pays-Bas avec l’Angleterre ; elle n’en avoit aucune envie, & auroit trouvé quelque défaite pour ne pas tenir sa parole ; mais elle auroit eu le plaisir de mettre la division entre le père & le fils, & elle s’amusoit à offrir sa main & sa couronne comme on offre des joujoux aux enfans L’ambitieux D. […] Quelque Médecin, peut-être pour justifier ses refus, avoient répandu sourdement que par un vice de conformation de ses organes, elle ne pouvoit avoir des enfans sans risquer sa vie, & qu’elle ne consentit à se marierq que dans la vieillesse où les risques de la maternité ne l’allarmeroient plus. […] Beau prétexte quand on n’est plus en âge d’avoir des enfans !

55. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

L’Académie est à plaindre ; quoique sans doute pleine de religion, ses propres enfans exitent des orages, & répandent des ombres sur ses sentimens. […]  5. ce célèbre controversiste, cet éloquent Académicien, ce respectable Précepteur des enfans de France, je rougis de le comparer à un Tabarin : On répond, pour excuser le théatre, qu’il purifie l’amour, & lui ôte ce qu’il a de grossiereté & d’illicite, & se termine par le nœud conjugal. […] Les défauts des enfans ou des éleves ne font pas l’éloge des peres ou des maîtres. […] Il enseigne, il autorise la révolte des enfans, les fripponneries des domestiques, l’infidélité des femmes & des maris, le libertinage de la jeunesse. […] Non, mais il peut ne pas exagérer ses défauts, révolter les enfans contre leurs peres, & excuser les folies & les prodigalités mille fois plus dangereuses des enfans.

56. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

Il vit dans une attente continuelle de la gloire des enfans de Dieu.

57. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Ce sage qui servoit la France en Italie, qu’honnora l’Etranger qui servoit sa patrie, contente l’orphelin, pleure avec l’affligé, & des siecles ainsi défiant l’inconstance… dans nos cœurs à l’abri des insultes du temps, il érige à jamais d’illustres monumens, il instruit nos enfans à la reconnoissance & les siens à la bienfaisance. […] Ils sentoient qu’en inspirant aux filles l’émulation de la vertu, on leur préparoient des épouses vertueuses & dans la suite des enfans vertueux & c’eut été combattre leurs propres vues & l’esprit de la fête, si, comme Favard & Pesé, ils avoient admis la galanterie à leurs jeux. […] Dans les nouveaux Colléges élevés sur leurs débris, on a fort peu de soin de la Religion des enfans ; les livres innombrables sur l’éducation, la plupart d’après l’Emile de Rousseau, à peine en disent un mot en passant, n’en prescrivent aucun exercice.

58. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Le ciel à ma naissance , dit-il, me donna la vertu pour compagne : c’est de ce mariage que sont venus mes enfans que tout le monde admire. […] Il faut que notre théatre ait été à son école, & qu’il y ait appris ses railleries, son indifférence sur le mariage, l’adultere, les galanteries, les enfans naturels, le divorce, le célibat, le libertinage, &c. […] Marquis d’Est, & lui avoit donné onze enfans ; d’où est venue toute la Maison d’Est, Duc de Ferrare. […] la derniere année de sa vie, presqu’au lit de la mort, épousa sa concubine & légitima les enfans qu’il en avoit eu, dont il la laissa tutrice. […] Les autres enfans font des chapelles, il dressoit des théatres ; un masque étoit son joujou.

59. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

C’est par vous que Monime, Hermione, Athalie,  Phedre, Roxane, Iphigénie,  Heureux enfans de mes loisirs Vivent chez les François, font encor leurs plaisirs.

60. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

C’est apparemment pour rentrer dans son bien qu’il fait ce mariage, ou pour le plaisir de s’approprier des enfans qu’on lui dispute, ou pour avoir la permission de voir la Princesse tous les jours, car le premier bail n’étoit que pour trois fois la semaine. […] C’est la plus dégoûtante rapsodie, composée de tout ce qu’il y a de plus bas : voleurs en prison, leurs enfans mendiant à la taverne, mœurs & conversations analogues, &c. […] Ils sont aussi-bien écrits que ses Fables, qu’on fait apprendre aux enfans, aussi-bien & mieux écrits en leur genre que les Tragédies de Racine : leur lecture est moins dangéreuse que l’étude de ses tragédies. […] Racine lui-même, qui les arrosoit de ses larmes, qui les arrachoit à ses enfans, dont la femme n’a jamais voulu, ni les voir représenter, ni les entendre lire, Racine étoit bien éloigné d’en faire un livre classique : absurdité qu’un homme sage ne sauroit avancer.

61. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Parmi tant d’étymologies du mot de danse, que Menage, Saumaise, Bochart sont allés chercher dans l’Arabe, le Grec, le Latin, l’Allemand, il y en a une singuliere qui le fait venir du nom de Dan, l’un des douze Patriarches enfans de Jacob, tige de la tribu de Dan. Jacob, dit-on, faisant le caractère & prédisant la destinée de ses enfans, dit que Dan est un serpent qui mord les ongles du cheval, & fait tomber le Cavalier à la renverse : Dan coluber in via mordens ungulas equi, ut cadat ascensor ejus retrò. […] Est-ce donc en sautant, courant, cabriolant que s’annonce une mère de famille, attentive à son domestique, soigneuse de l’éducation de ses enfans ; un père de famille exact à ses devoirs, vigilant sur ses affaires ? […] Je ne parle pas des désordres de toute espece & sans nombre qui s’y commettent, folles dépenses en habits, en décorations, en rafraîchissemens ; dérangement des domestiques, des enfans, des voisins ; jalousies, vivacités, querelles, filouteries, insultes, diffamations de bien des gens, indécences de certaines mascarades impies, satyriques, scandaleuses ; parties de plaisir, qui précèdent ou qui suivent, &c. […] Leurs enfans vont en foule, comme des troupeaux, dansant & bondissant : Egrediuntur quasi greges, infantes eorum exultant lusibus.

62. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Doit-on les conduire comme des enfans, dont on détermine toutes les idées, & dont on dicte les jugemens ? […] Madame, ne pourrait-on pas faire taire ces enfans-là ? […] … Eh ne sommes-nous pas tous ses Ministres, ses enfans, une portion de sa divine essence ? […] Les enfans du pauvre comme ceux du riche, trouvent leur avantage & leur gloire à composer les Légions. […] ou comme ce Germain, Les Habitans des Villes n’ont-ils donc ni femmes, ni enfans, & sont-ils sans affaires ?

63. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Les enfans sont-ils plus soumis à leurs parens ? […] Tâchez sur-tout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parens, qui s’occupent de l’Education de leurs enfans, vous redoutent étrangement ; que les Personnes, à qui leurs Places prescrivent de la gravité & de la décence, craindroient d’être surpris dans les Temples où l’on débite si pompeusement vos maximes, que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos Prêtres & vos Prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les Loix accordent au dernier des Citoyens. […] Si l’on continuoit à les lire, ce seroit avec le même esprit & les mêmes dispositions que les hommes sensés portent à une farce, ou à un spectacle de marionnettes, spectacles si ravissans pour des enfans.

64. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

« A Sparte, pour préserver les enfans des excès du vin, on leur faisoit voir des esclaves dans l’ivresse. L’état honteux de ces esclaves inspiroit aux enfans la crainte ou la pitié, ou l’une & l’autre en même temps ; & ces passions étoient le préservatif du vice qui les avoit fait naître. » Les tragédies qui n’ont pas la ressource du dénoûment, sont encore plus rejettées de M. […] Les enfans de Calvin se réconcilient avec elle.

65. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Philippe de Macédoine disoit un mot qui lui fait peu d’honneur : On amuse les enfans avec des jouets, & les hommes avec des traités & des sermens. […] A la guerre, il sonne avec la trompette, il tire avec le canon, il ravage, il brûle, il massacre tous les drapeaux de la gloire & de l’intérêt de l’Etat : les conditions les plus basses ont leur Machiavélisme ; on en voit le germe jusque dans les enfans. […] Mais, quoiqu’il ne soit pas en état de faire comme Novere un piece entiere en pantomime, tous les hommes, mêmes les enfans, le peuple, les muëts & les étrangers, qui ne savent pas la langue du pays, parlent & entendent naturellement ce langage : la passion l’enseigne, les femmes sur-tout y sont éloquentes, parce qu’elles ont plus de délicatesse & de sensibilité.

66. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Le terrible Eschile faisoit mourir les enfans d’effroi, & avorter les femmes ; mais cet empire passager qu’il avoit sur les sens, il ne l’avoit pas sur les mœurs. […] Ce ne sont ni les Femmes savantes, ni les Précieuses ridicules, ni le Malade imaginaire, qui nuisent ; ce sont les fripons, les libertins, les gens durs, injustes, violens, dont il faudroit purger la terre ; ce sont ces femmes hardies qui par leurs désordres enseignent à leur sexe que la pudeur est ignoble & puérile ; ces brillantes débauchées, à qui l’on pardonneroit peut-être de ruiner les fortunes, si elles ne détruisoient pas les sentimens ; ces Actrices corruptrices de la jeunesse, ces mères étrangères à leur famille, ces marâtres qui dépouillent leurs premiers enfans, ces intrigantes qui trafiquent de leurs charmes pour faire monter l’ignorance & le vice aux grandes places. […] ce sont des enfans auprès de Corneille, C’est le plus grand génie qui ait jamais été. […] Au contraire rien de plus propre pour inspirer de la coqueterie que ces sortes de pieces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que prennent les pères & les mères de s’opposer aux engagemens & amourettes de leurs enfans.

67. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

J’ordonnai a l’Arcopage de veiller à l’education des enfans, je voulus qu’on les appliquâi aux connoissances qui fortifient la raison, accoutument l’esprit à l’attention à la pénérration, à la justesse, &c. […] Il y a peu d’artisans, de paysans, d’enfans même, qui ne sachent faire des chansons, & ne pussent, s’ils s’y appliquoient, composer des livres qui vaudroient les Chevilles de Me. […] La plûpart des enfans d’Apollon etoient de vrais Menuisiers qui faisoient des vers comme des coffres. […] C’est un cheval fouguex qu’aucun frein n’arrête : les monstres, les chimeres, les rodomontades, les hyperboles, qu’il entasse, vrais enfans du délire, font pitié. […] Dans son Agrippine il parle ainsi des Dieux : Ces enfans de l’effroi, ces beaux riens qu’on adore, & sans savoir pourquoi.

68. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Dans la guerre de la succession d’Autriche, après la mort de Charles VI, où presque toute l’Europe étoit en feu, le Roi de Prusse, ce Roi philosophe, qui malgré sa philosophie, deux fois ami & ennemi des deux parties, allié & combattant pour & contre selon ses intérêts, s’étoit emparé de la Saxe, & l’avoit ravagée, avoit chassé l’Electeur, son ami, Roi de Pologne, pris à Pyrna son armée prisonniere de guerre, assiegea Dresde la capitale, & la prit ; il y entra en vainqueur, se rendit au palais, & va rendre à deux Princes, & à trois Princesses, enfans du Roi de Pologne, qui y étoient restés, une visite dont ils se seroient bien passés. […] Il eut pour eux toutes les attentions qu’on devoit attendre de l’homme du monde le plus poli ; c’est en effet une très grande politesse de s’emparer des Etats d’un Souverain, de l’en chasser, de les dévaster, & ensuite d’embrasser ses enfans ; il fit ouvrir les boutiques, que la plus juste crainte avoit fermées, il donna un repas à tous les Ministres, il fit jouer un opéra Italien.

69. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

Religion sainte, si nos Peres vous ont joué sur leurs théâtres, leur simplicité semble les mettre à l’abri de tout reproche : mais comment nos enfans nous justifieront-ils des combats que nous vous livrons sur les nôtres dans un siécle où, sans parler de nos esprits forts , (p. 3. […] toujours tendre pour ses enfans, les verra sans doute avec douleur s’éloigner d’elle de plus en plus ; mais la patrie se réjouira de leur retraite, & croira faire un gain en ne les comptant plus parmi ses membres . […]  au milieu des gémissemens & des cris, demeure inconsolable de la perte de ses enfans… Sans que personne (Thren. 1. […] Consolez-vous, Rama, il est encore sept mille de vos enfans qui ne fléchissent pas le genou devant Baal. […] Ces enfans ainsi châtiés, comme ils le méritent, ne seront plus les Peres de cette race corrompue, de cette engeance vermineuse qui de leurs foyers se répand dans nos maisons, & fourmille jusques dans les Palais des Grands : ils ne seront plus ces oracles de l’impiété, qui jusqu’ici en ont engendré tant d’autres, (p. 3.

70. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Ces traits sont beaux, mais non sans exemples, Les histoires présentent fréquemment, & Melpomene met souvent sur le Théatre des peres & des meres qui s’exposent à la mort, à l’esclavage, à la perte des biens pour leurs enfans, des enfans pour leurs peres, les femmes pour leurs maris, des amis pour des amis, des sujets pour leurs Rois, sans compter les innombrables amans qui dans les romans s’immolent, du moins veulent s’immoler pour leur maîtresse. […] Le plaisir sera toujours le meilleur maître du genre humain ; les hommes enfans à tout age veulent qu’on les amuse pour avoir droit de les instruire. […] Il n’est que trop vrai que les hommes, enfans à tout âge, ne cherchent qu’à être amusés, & que le théatre les amuse, & c’est là le mal. […] Un casque, une coëffure à la Grecque sur la tête d’un mort seroit du dernier ridicule ; mais aussi un corps qui marche enveloppé d’un linceul, est un de ces revenans qui font peur aux enfans & aux nourrices. […] Je doute pourtant que cette nouvelle branche de l’art du Théatre fasse jamais fortune ; cette nouvelle farce pourroit tout au plus effrayer quelques enfans, ou occuper un moment quelque esprit mélancolique qui se repaît de spectres & de phantômes ; le public ne s’en amusera pas deux fois.

71. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Une actrice française sa maîtresse, que Charles II avoit amenée de Paris, plusieurs enfans naturels, un théatre brillant, des bals, des fêtes sans nombre, un luxe qui épuisa toutes les finances ; production naturelle du païs d’où il venoit, & où il avoit demeuré depuis la mort de son pere, signalerent un regne, que de si tragiques événemens auroient du rendre sage. […] Les jeux sont plus faciles, plus commodes, moins couteux que nos théatres ; ils sont moins dangereux, ils ne forment point d’enthousiaste, le poison y est moins apprétié, les empoisonneurs demeurent toujours dans le mépris & l’infamie ; on se licencie moins sous les yeux d’un pere de famille, dont la présence en impose ; ses enfans ne le volent point, ne se dérobent point à ses yeux, pour aller courir l’actrice ; on n’en fait point une affaire d’Etat, ce sont des Pandoures, qui sans doute font des ravages, & portent des coups à la vertu ; mais ils voltigent, & ne paroissent qu’un moment. […] On le faisoit passer pour impuissant, quoiqu’il eut une fille de son mariage, & sa fille pour illégitime, en disant que le Roi lui-même, qui vouloit à quelque que prix que ce fut avoir des enfans, avoit conduit son amant à la Reine, qui lui avoit donné sans peine son consentement. […] Louis-le-Débonnaire avoit été ainsi traité par ses enfans, dans une assemblée d’Evêques & des Grands du Royaume, Henri III & Henri IV par les Parlemens : Henri VIII, en Angleterre se déshonora par une pareille comédie, en faisant le procès à Saint Thomas de Cantorberi, plusieurs siécles après sa mort, le condamnant comme rebelle, exhumant & jettant ses cendres au vent, & la populace de Londres en trainant dans les rues, & brûlant, dans la place publique, un Pape de paille. […] Et ce n’est pas une legereté passagere d’un jeune homme ; c’est un homme marié, avancé en âge, qui passe sa vie dans la débauche, & après avoir eu plusieurs enfans légitimes, a jusqu’à 15 batards : ils sont tous gens de mérite ; les batards ne le sont-ils pas toujours ?

72. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Y a-t-il moins de mœurs, moins de Réligion, moins de fidélité dans les femmes, moins de pudeur dans les filles, moins de docilité dans les enfans, dans les Villes où il n’y a pas de spectacles ? […] Aussi Athalie & Esther, ces deux chefs-d’œuvre de Racine, n’ont-ils été dabord régardés par le Public, que comme des sujets de dévotion propres à amuser des enfans. […] … Un jeune pere de famille touchant à son dernier moment, fait appeler son épouse ; & après lui avoir fait les derniers adieux, je n’ai qu’une grace, lui dit-il, à vous demander : ne permettez jamais que mes enfans aillent aux spectacles. […] Ceci peut servir d’instruction à bien des peres & meres, qui répondront à Dieu de la perte de leurs enfans. […] Obligés encore plus que les autres à s’interdire la fréquentation des spectacles… ne se rendent-ils pas coupables devant Dieu, de toutes les suites, qu’elle peut avoir, à l’égard de leurs enfans ?

73. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

On verra dans le cours de cet Ouvrage que l’envie des succès d’autrui n’est pas l’éguillon qui m’a guidé : si ma fortune était moins bornée, la preuve serait aisé à donner : mon bien serait celui des enfans des arts ; au surplus, j’ai pour garands ceux qui me connaissent : souvent avili par des gens méprisables, c’est l’ordinaire, en état de leur faire payer cher leurs infâmes menées, j’en ai dédaigné les moyens, on le sait… un mot m’eut mis à même d’en avoir satisfaction, Mais me venger est au-dessous de moi.

74. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

On m’objectera que la musique d’Italie est très-savante, & que la nôtre n’est, au prix d’elle, que des jeux d’enfans.

75. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Je suis tenté de comparer le Compositeur de la musique d’un Drame qui lui est étranger, à ces nourrices qu’on charge d’élever les enfans : ont-elles pour leurs nourrissons les mêmes soins, la même tendresse que si elles leur avaient donné le jour ?

76. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Autant vous avez de goût pour les Spectacles, autant vous avez de mépris pour ceux qui vous les donnent ; & il n’est personne parmi vous qui n’aimât mieux voir ses enfans dans le tombeau que sur le théâtre. […] Les principes de votre religion ne vous inspirent que l’humanité & la douceur ; & vous vous repaissez du spectacle affreux d’une mère qui égorge ses propres enfans, d’un frère qui boit le sang de son frère. […] étrange réformateur, qui apprend à des domestiques à abuser de la confiance de leurs maîtres, en favorisant par toutes sortes de tromperies les passions criminelles de leurs enfans ! étrange réformateur, qui apprend à ces enfans eux-mêmes à se jouer de l’âge & de la foiblesse de leurs pères, à les voler, à les forcer de consentir à des alliances formées par la passion !

77. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

De nos aïeux il fut le tendre pere, De leurs enfans il est encor l’amour. […] L’époux chérit sa compagne, le fils soulage la vieillesse de son pere, le pere a l’œil toujours ouvert sur ses enfans, pour empêcher qu’ils ne se deshonorent par le libertinage, tout est intéressé à faire régner les bonnes mœurs. […] Il ne faut pas devenir le tyran des enfans, par un excès de rigueur : mais en général la legereté, la facilité, l’amour du plaisir, la vanité, sur-tout dans le sexe rendent absolument nécessaire la vigilance des parens & des maîtres, la suite du danger, l’éloignement des moindres libertés, si on veut conserver le trésor de l’innocence. […] Dans la troisieme, une femme allaitant ses enfans, & un pellican qui ouvre son sein à ses petits, Maternum pertentant pectus .

78. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce bal fut composé de cinquante de leurs enfans, petits enfans, arriere-petits-enfans, qui passerent toute la nuit à danser au son du violon dont jouoit le vieux pere, lequel exerce ce métier depuis soixante-dix ans. […] Tous les hommes sont imitateurs, jusqu’aux enfans, qui quelquefois se copient, y font des gestes plus naturels & plus expressifs que les meilleurs Pantomimes. […] L’Empereur avoit sa troupe qui n’étoit que pour lui ; elle n’étoit composée que des enfans des plus grandes maisons de l’empire. […] Ces petits ouvrages tenoient lieu d’histoire, on les récitoit dans les places publiques, on les faisoit apprendre aux enfans, on les transmettoit à la postérité.

79. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

-Martial ; et que le père Ménétrier a vu dans plusieurs cathédrales « les chanoines danser avec les enfans de chœur le jour de Pâques. » Il y a plus, Monsieur, et ce seul exemple devrait suffire, relisez les lettres de St. […] Allons, Monsieur, exécutez-vous de bonne grâce : laissez-nous entendre quelque bonne comédie, où le vice et l’hypocrisie soient livrés au ridicule ; laissez danser nos enfans, ne les envoyez point en enfer, et Dieu vous bénira.

80. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Cette decision de saint Paul peut servir de resolution au doute, que Madame *** proposa : car je veux pour un moment, que la Comedie dont je parle, soit comtée entre les choses indifferentes, ou qu’elle passe pour telle à l’égard des personnes, qui ne courent aucun danger d’y commettre le peché : je veux même, pour pousser le parallele plus loin, que la Comedie soit pour des ames, qui ont une vertu à l’épreuve, ce que les viandes immolées aux Idoles étoient pour ceux qui étoient instruits de la liberté des enfans de l’Eglise : mais on m’avouera, comme les Corinthiens, quand ils donnerent occasion aux autres, qui n’étoient pas si bien instruits, devinrent coupables du scandale qu’ils leur donnoient ; que ceux-ci, quand par leur exemple ils authorisent les autres, qui n’ont pas la même force, ni une vertu qui se peut exposer au danger de commettre le peché, sont aussi responsables de tout le mal, que les foibles y feront. […] Si un Pere ne remplit pas les dévoirs d’un Pere Chrêtien, lorsqu’il n’éloigne pas d’auprès de ses enfans les livres dangereux ; à combien plus forte raison lui est-il defendu de donner des préceptes à sa Fille, qu’elle s’expose à faire les prémiers naufrages de son innocence ? […] Par exemple une pensée volontaire contre la pureté, un desir deliberé, que l’objét de la pensée fait naître, conçu dans la Comedie, sera imputé à celui qui l’a formé, aux Comediens, qui par leur peu de modestie y auront donné occasion ; aux personnes, qui par leurs exemples ont approuvé la funeste fource de ce malheur ; au Pere & à la Mere des enfans, qui les y ont menés… « O !

81. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Les contes avec lesquels on berce les enfans sont moins incroyables que les Épisodes & souvent le sujet de ses Drames ; les Diables y dansent, les Dieux y radotent.

82. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

Nos enfans continuent à se bien porter.

83. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Le Journal de Trévoux avril 1776, rapporte d’après un voyageur moderne, que les chinois font apprendre par cœur des prieres à leurs enfans, & les leur font réciter chaque jour, matin & soir : ce que négligent assez communément les gens du monde. […] Parmi une foule de vers frivoles & galans, qui ne conviennent qu’aux gens de ce caractere, & dans un livre où il assure n’avoir eu en vue que l’instruction de ses enfans, M. le comte de Tremon, homme célebre, fait un observation singuliere sur la décadence du goût & de l’esprit de société, qu’il attribue à la mémorable révolution que causa dans les rangs & les fortunes des citoyens, le systême des billets de banque du sieur Law. […] Dans l’intérieur du pays, il y a divers peuples sauvages & féroces, sans religion & sans mœurs, toujours prêts à se battre, même avec leurs propres enfans. […] Quel pere sage oseroit y faire marcher ses enfans ? […] Il inspire plus que toutes les tragédies anciennes & modernes, l’humanité & la bienfaisance ; témoins Hérode dans Mariamne, Brutus & ses enfans, la Mort de César, Mahomet & Oreste, Semiramis.

84. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

On n’y oublie point les morts entassés, les ruisseaux de sang, les enfans expirans dans les bras de leurs meres ; les Soldats assouvis de meurtres & de pillage.

85. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Celle que le Sphinx proposait au Peuple de Thèbes, Qui fut cause qu’Œdipe eut la douleur amère De faire des enfans à Madame sa Mère11, doit baisser pavillon devant l’espèce d’énigme dont je parle.

86. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Cependant l’illusion sera elle que les simples & les enfans s’y méprendront, qu’ils croiront voir des objets que le Peintre lui-même ne connoît pas, & des ouvriers à l’art desquels il n’entend rien. […] En effet, ôtez au plus brillant de ces tableaux le charme des vers & les ornemens étrangers qui l’embellissent ; dépouillez-le du coloris de la Poësie ou du style, & n’y laissez que le dessein, vous aurez peine à le reconnoître : ou, s’il est reconnoissable, il ne plaira plus ; semblable à ces enfans plutôt jolis que beaux, qui, parés de leur seule fleur de jeunesse, perdent avec elle toutes leurs graces, sans avoir rien perdu de leurs traits. […] Quand Homère ou quelque Auteur tragique nous montre un Héros surchargé d’affliction, criant, lamentant, se frappant la poitrine : un Achille, fils d’une Déesse, tantôt étendu par terre & répandant des deux mains du sable ardent sur sa tête ; tantôt errant comme un forcené sur le rivage, & mêlant au bruit des vagues ses hurlemens effrayans : un Priam, vénérable par sa dignité, par son grand âge, par tant d’illustres enfans, se roulant dans la fange, souillant ses cheveux blancs, faisant retentir l’air de ses imprécations, & apostrophant les Dieux & les hommes ; qui de nous, insensible à ces plaintes, ne s’y livre pas avec une sorte de plaisir ?

87. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

… Samuel ne toléra-t-il pas les enfans d’Heli, quelque corrompus qu’ils fussent, & les siens mêmes, qui ne l’étoient pas moins ? […] Tels sont les Officiers d’un Prince, & les autres personnes qui sont obligés de suivre leurs Maîtres ou Maîtresses ou de mener leurs enfans aux spectacles.

88. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Qu’il faut être juste dans l’emploi des richesses ; qu’il ne les faut pas dérober à la societé ; que les enfans y ont une part légitime ; qu’en se concentrant, qu’en ensevelissant, pour ainsi dire, son ame dans son trésor, on se rend méprisable aux yeux même de ses enfans, auxquels on ne devroit inspirer que des sentimens de vénération & d’amour ; que ce n’est pas assez d’avoir contribué en machine aveugle à leur existence, pour exiger leur respect, il faut s’en rendre digne par ses vertus. […] Un enfant ne sçauroit se nourrir de son pain, s’il n’est coupé par sa gouvernante… La bonne est sur le Theatre, & les enfans sont dans le Parterre. […] Il n’y avoit point de Theatre à Sparte ; il auroit corrompu leurs mœurs : des personnages imaginaires représentant la difformité des vices eussent été dangereux ; mais ils faisoient enyvrer leurs esclaves pour instruire leurs enfans ; mais ils permettoient, ils encourageoient même le vol réel, pour se rendre plus soigneux & plus adroits ; c’est-à-dire, qu’il falloit qu’une partie des citoyens commît de mauvaises actions pour l’édification de l’autre. […] Si jamais il vous prend fantaisie de créer une nouvelle Republique, à l’imitation de Platon, admettez-y les histrions de place, les saltinbanques ; protegez, encouragez les tavernes, plaisirs selon vous bien supérieurs aux spectacles, & dont vous celebrez l’innocence ; que ces amusemens exquis fassent les délices de votre colonie, il est beau d’être le fondateur d’une nouvelle secte de Philosophie, & le législateur d’un peuple heureux : dispensez-vous seulement de proposer à vos nouveaux habitans, comme le modele parfait d’un divertissement public, cette danse où les vieillards, les hommes faits, & les enfans, accompagnoient leurs sauts de cette chanson que vous avez traduite de Plutarque, & que je vous rappelle ici : Nous avons été jadis jeunes vaillans & hardis ; nous le sommes maintenant à l’épreuve à tout venant ; & nous bientôt le serons, qui tous vous surpasserons.

89. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Les anciens étoient si délicats sur l’éducation de leurs enfans, qu’ils craignoient pour eux jusqu’à la tendresse des peres & des meres, ils consioient l’éducation au plus honnête homme de la famille, ils vouloient qu’il ne se passât rien d’indécent sous leurs yeux ; dans les repas même & les recréations, on tâchoit de cultiver leur ame pour la porter à la vertu. […] Le grand principe de nos jours est d’éloigner les enfans du vice en le leur rendant familier, & en inspirant le goût de la volupté, en guerir la passion ; & nos sages y applaudissent. […] Il a brisé les liens de la soumission des enfans, de la fidélité des épouses, de la déférence des jeunes gens : ainsi il a, en effet, couronné les mauvaises mœurs. […] Il blâme aussi les femmes qui ne nourrissent pas leurs enfans ; mais c’est la loi de la nature qu’on viole : la religion n’en dit pas davantage.

90. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Mais enfin soyons équitables, la comédie n’enseigne-t-elle pas aux valets de tromper leurs maîtres, aux femmes de se jouer de leurs maris, aux enfans de désobéir à leurs parens ? […] Ils accordent d’abord que les pieces obscènes & impies ne sont pas permises, que les Acteurs pèchent en les jouant, les Auteurs en les composant, les spectateurs en les regardant, les Magistrats en les tolérant, les parens & les maîtres en y laissant aller leurs enfans & leurs domestiques. […] Elle en a fait un recueil qu’elle a dédié à des enfans Pensionnaires dans le Couvent de Religieuses à Gisors, pour y être représentées, & servir, dit-elle, à leur instruction.

91. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

On se plaint que les nourrices gâtent l’esprit des enfans, en les berçant de contes frivoles. […] C’est un point essentiel dans l’éducation de ne pas laisser mentir les enfans, même pour s’excuser en choses légères, de leur parler toûjours vrai, de ne pas mentir devant eux.

92. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Que veulent ces vieillards, ces enfans éperdus ?

93. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Elle cherche à amuser les hommes, & comme ils sont enfans, ils ne haïssent rien tant que la tranquillité.

94. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Les parens des enfans qui auront remporté les prix, partageront leur gloire. […] Toutes les fois que les enfans devront jouer, les pères & les mères les conduiront : eux-seuls auront le privilége d’assister au Spectacle dans les Coulisses, & de parler les hommes aux Acteurs, & les femmes aux Actrices. […] Les Empereurs contraignirent aussi quelquefois des enfans de Sénateur & des Citoyens à se donner en Spectacle. […] Heureux pères, d’avoir donné le jour à de tels enfans ! Heureux enfans d’être nés dans un Pays, où tout était Fête, Spectacle, moyen d’acquérir de la gloire !

95. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Cette sage Romaine fit approcher ses enfans, qu’elle avoit élevé avec grand soin à la vertu. […] Une femme à sa toilette croit-elle avoir des devoirs à remplir, se souvient-elle qu’elle a un pere, une mere, un mari, des enfans, des domestiques, une messe à entendre, une priere à faire, des ordres à donner ? […] Ce que je crois très-vrai-semblable, c’est que Job, selon l’usage des Orientaux, qui donnoient à leurs enfans des noms mystérieux, relatifs aux événemens arrivés de leur temps, comme on voit par-tout dans l’Ecriture, Job a voulu dans les noms de ses trois filles représenter le changement de sa fortune.

96. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Je n’aime point cette cérémonie, qui me paroît injurieuse à Dieu : comme si quelqu’un alloit remercier un bon pere d’avoir eu le bonheur d’égorger ses enfans. […] Que deviendroient les enfans ? […] Pendant cinq à six mois que dura cette intrigue, écrite avec la plume d’un jeune romancier, on fait écrire tous les jours ces deux amans, comme la Mancini à Louis XIV, des lettres galantes, & on en donne deux pour modeles, dont aucune n’est l’ouvrage de ces enfans.

97. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Ces hommes, devenus commensaux des honnêtes gens, qui leur donnoient asyle dans leurs palais, mêlés dans les familles, vivant avec les enfans, les enseignant, les exerçant, jouant avec leurs élèves, tout fut confondu ; plus de distinction entre l’artiste, qui devroit seul professer l’art, & le citoyen qui ne devroit que l’encourager & en jouir. […] Sans doute, direz-vous, c’est pour montrer aux enfans la curiosité ? […] Dans la tolérance de l’exposition des enfans approuve-t-on le crime qui les fit naître, parce que pour leur sauver la vie on bâtit des hôpitaux où on les reçoit sans examen ?

98. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

L’Artisan qui travaille, n’y va pas ; le Magistrat, le Médecin, l’Avocat, l’Homme d’affaires, occupé de sa profession, le Père de famille, qui élève ses enfans, n’y vont guère. […] C’est grand dommage ; il faut des joujoux aux enfans. […] On ajoute qu’à défaut des Acteurs ou Actrices, les Actionnaires, leurs femmes & enfans se sort chargés dans le bail de remplir les rôles.

99. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

.° C’est un péché, quoique moindre, de se masquer sans changer de sexe : un pere ne peut pas le permettre à ses enfans, & un maître à ses domestiques. 3.° C’est toujours un grand péché de faire & de vendre des masques ; il faut quitter ce métier, ou refuser l’absolution. […] Les enfans le poursuivirent à coups de pierre ; il se sauva en se jetant dans un lac à demi-glacé. […] distingue plusieurs sortes d’habits, selon les âges & les qualités, les vieillards, les enfans, les femmes, les esclaves, &c.

100. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Cet homme persuadé debite, avec toute la force & l’ascendant de la persuasion, ces chimeres à des enfans, à des paysans, & les leur fait croire : elles passent de bouche en bouche, & s’accréditent.

101. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Nos Pièces simplement de Dialogues ne sont pleines sur-tout que de bouffonneries ; elles éxcitent le rire immodéré, par un Spectacle, par une action burlesque, & par de bons mots entâssés les uns sur les autres : elles ne peuvent amuser que la populace ou les enfans.

102. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Il fait allusion à la famine de Jérusalem où les enfans étoient abandonnés de leur mere, & à l’usage où étoient les femmes de ne pas nourrir leurs enfans : Sed lamiæ nudaverant mammam & lactaverunt parvulos suos ; filia populi mei crudelis sicut strutio in deserto. Dans le langage populaire les lamies sont des sorcieres ou des spectres qui mangent les enfans ; contes absurdes dont les nourrices bercent leur nourrissons, pour leur faire peur, & troubler leur imagination à leur grand préjudice : l’impression en reste toute la vie. […] Cléopatre, comme Venus sortans de l’onde, & avec la même indécence, étoit nonchalamment couchée sous un pavillon de drap d’or ; ses femmes anssi indécentes qu’elle, répandues autour d’elle & répandant des parfums, representoient les Nimphes & les Graces, avec les plus beaux enfans déguisés en amours.

103. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Blâmez-vous la sagesse de ces Anciens, qui pour inspirer l’horreur de l’yvrognerie à leurs enfans, faisoient enyvrer leurs esclaves ? excitoient-ils dans ces enfans le desir de boire, parce qu’un yvrogne dans la joie que lui inspiroit le vin, pouvoit témoigner la plus parfaite satisfaction ? L’abrutissement, suite inévitable de son intempérance, faisoit plus d’impression sur les enfans que n’en avoit fait sa gaieté passagere. […] Quoique l’amour que nous devons aux auteurs de nos jours soit gravé dans tous les cœurs ; il est certain qu’il y a des enfans dénaturés. […] Quel pere n’est pas idolâtre de ses enfans ?

104. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Tandis que l’ambition allume par-tout le feu de la guerre, qu’elle forme les Conquérans, établit les Empires sur les ruines de la liberté ; le Chef de la Nation sainte attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les Déserts montueux, logeant sous des tentes : Dieu lui découvre sa nombreuse postérité dans la sombre succession des tems à venir ; au fond de ce divin miroir, Abraham apperçoit le Libérateur promis, ses enfans passent en Egypte, pour s’y former en corps de Nation ; la plus dure servitude n’empêche pas leur population miraculeuse. […] Le Peuple cessant d’être fidéle, devient l’Esclave des Philistins ; les enfans de Loth établis aux environs de la Mer morte, accourent en foule pour enlever ses moissons & pour faire ses vendanges.

105. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Ainsy ces payens qui s’imaginoient faire un acte de Religion en sacrifiant leurs enfans à Moloch, ne laissoient pas de commettre un parricide, aussy bien que ceux qui tuoient ou exposoient leurs enfans nouveaux nez, quand ils ne les vouloient pas elever, se persuadant que cela leur estoit permis : & ceux qui s’estoient mis dans l’esprit que la simple fornication n’estoit pas un peché, ne laissoient pas de pecher en s’y abandonnant.

106. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Elles vont la chercher, la ramenent dans leur carrosse, lui cedent le fonds, lui donnent des fêtes ; à leurs exemples toutes les femmes des actionnaires & bien d’autres se font honneur de la société des actrices, sur-tout de celle-ci, on les voit par-tout avec elle ; mais jamais à l’Eglise : ces Dames se trouvent à la toilette de la Princesse, disputent aux femmes de chambre, l’honneur de la servir, en prenent des leçons de parure, cependant c’est la plus dangereuse rivale auprès de leur mari & de leurs amants ; la plus séduisante maîtresse de leurs enfans, le plus contagieux exemple pour leurs filles ; mais sa mere, sa sœur, elle-même ont été autrefois leurs femmes de chambre ; mais les comédiens furent toujours, & sont encore infâmes. […] Un plaisant la vit, & alla ramasser une troupe de poliçons qui vinrent chanter ses louanges, avec des huées, & à coups de poing ; on fit des informations, on ne put découvrir les coupables, & qu’auroit-on puni dans des enfans qui n’avoient dit que la vérité ? […] Par une autre loi plus équitable, quoiqu’opposée à la Jurisprudence Romaine, il donne une hipotheque privilégiée à la femme, sur les biens de son mari, pour la sureté de sa dot, & pour la conserver aux enfans, ce qui s’observe encore ; mais il a la bassesse d’y avouer qu’il l’a portée à la sollicitation des femmes : Assiduis mulierum aditionibus inquietati, L. 8, qui potior. in pignor.

107. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Comment les actrices élevent-elles leurs enfans, pour les disposer au début, & les faire entrer dans la troupe ? […] Le même auteur indique pourtant à ses enfans une foule de jeux & d’exercices plus convenables que la danse, que les cultivateurs peuvent bien faire & font en effet. […] Les enfans, les agneaux, les petits chiens sautent sans chanter.

108. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Sulpice, Et le Curé notre complice, Venons très solemnellement D’inhumer une jeune Actrice : Les Confreres menoient le deuil ; J’ai vu les enfans de Thalie, Les Eleves de la folie, Sangloter au tour du cercueil ; Moi, de qui l’ame est assez bonne, Je m’attendrissois in petto, Et je pleurois incognito Pour ne scandaliser personne. […] Dans ses fables même, s’il mêle quelqu’homme à ses animaux, c’est quelques bucherons, serruriers, villageois On y trouve aussi plusieurs de ces contes mêlés à ses fables, & en cent endroits de la galanterie, qu’un sage Gouverneur ne donneroit point à ses enfans. […] Toutes sont célébres de deux manieres differentes & très-vraies ; les transports, l’yvresse, le délire de l’amour, sont la description de leurs attraits & de leurs faveurs ; les remords, la réflexion, la probité sont le détail de leurs vices & de leurs bassesses, légereté, parjure, infidélité, vanité, friponnerie, sans mœurs, sans religion, sans décence, sans droiture, ranconer les amans, dépouillant les riches, Midas coupant la bourse aux enfans de famille, les rendant prodigues, dissipateurs, libertins, corrompus, les Juges dictant leurs arrêts ; jamais on n’en a dit tant de mal & tant de vérité.

109. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il y a bien de l’apparence qu’après le déluge les enfans de Noé danserent de joie d’être sortis de la prison de l’arche, car pendant le séjour qu’ils y firent, comment danser dans une salle de bal si étroite, si obscure, si incommode, au milieu de toute sorte d’animaux ? […] L’Histoire Poëtique lui compte au moins trois amans dont elle a eu des enfans, entr’autres Archéloüs, dont on prétend que sont venues les Sirenes, qui ont hérité des goûts & des talens de leur mère. […] Catherine de Médicis, qui les avoit apportés d’Italie, s’en servit pour amuser les Rois ses enfans, & demeurer maîtresse de tout.

110. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Quel avantage tireriez-vous d’être avoue de cette Epouse de Jesus-Christ, si vous continuez à lui faire répandre des larmes, à perdre ses enfans que vous regardez comme vos freres, en versant dans leur cœur le venin de la séduction, à faire revivre en un mot toutes les passions que le Sauveur a combattues, entretenant vous-même une guerre ouverte avec cet Homme-Dieu, dont vous détruisez l’empire dans les ames.

111. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Voilà les désordres dont les Comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours ; car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité & choses semblables, je ne crois pas que ce comique leur ait fait beaucoup de mal, & l’on peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que ces piéces ; parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les peres & meres prennent de s’opposer aux engagemens amoureux de leurs enfans.

112. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Pour dédommager les Grands Spectacles de ce qu’ils accorderaient au Théâtre-Ephébique, il suffirait que chacun d’eux eût le droit d’y prendre les Sujets exercés dans son genre, soit pour jouer instantanément dans les Pièces où ils auraient des rôles d’enfans à remplir, soit pour les attacher à leur Théâtre, lorsqu’ils paraîtraient suffisament formés.

113. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

On fesait ordinairement sur les enfans qu’on destinait à ce métier, la même cruauté, qu’un préjugé détestable autorise en Italie, pour conserver aux hommes une voix aiguë, toujours infiniment moins agréable que celle des femmes.

114. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Le succez de l’entreprise ne luy a pas été tout-à-fait malheureux, car il a son baptême pour ses enfans, tingit & ipse quosdam , dit ce docte Africain ; il a sa confirmation pour ses soldats, il a sa Cene pour ses initiés, il a son Evangile pour ses predicateurs, & enfin il a la comedie qui est la canonization de ses bons serviteurs & de ses fideles servantes ; la tragedie est pour ses martyrs, & la comedie pour ses confesseurs. […] Or quels sont ces vœux, les voicy en peu de mots : c’est de renoncer au diable & à ces œuvres, au monde & à toutes ses pompes : La raison est que comme la grace du Baptême nous doit faire enfans adoptifs de Dieu, il faut necessairement renoncer au diable, parce qu’on ne peut estre enfant de deux peres, ny serviteur de deux maîtres. […] Le monde de Jesus-Christ est toûjours éclairé de la lumiere de verité ; d’où vient que les élûs qui sont les habitans de ce monde sont appellez, filii lucis , enfans de lumiere. […] D’où vient que les reprouvez qui sont les habitans de ce monde sont appellez enfans de tenebres : & c’est aussi pour cette raison que ce monde aveugle & ignorant, ne connoit point Dieu, mundus cum non cognovitJoan. […] Helas, M. l’auriez-vous jamais crû, que dans l’état present du Christianisme, & que dans des villes bien policées on eût ouvert des écoles publiques pour y enseigner le vice, & pour y corrompre les bonnes mœurs ; comme si la nature gâtée comme elle est, jusques dans son fond, n’étoit pas une assez sçavante maîtresse pour enseigner toutes sortes de vices aux enfans ; cependant c’est ce qui se pratique tous les jours dans la comedie, où l’on enseigne non seulement l’art d’aimer, qui fit bannir autrefois un Poëte de Rome, mais encore l’art de commettre le peché avec esprit, & de conduire une intrigue avec adresse ; d’où il arrive que le poison de l’amour, aussi bien que celuy du plaisir, qu’Arnobe appelle, lenocinia voluptatum , venant à couler par les yeux & par les oreilles de ce jeune homme, & de cette jeune fille, il s’insinuera si avant dans leurs ames & dans leurs cœurs, qu’ils se rendront les veritables Acteurs de la piece, qu’ils ont vû representer par les Comediens, & feront qu’on verra dans le parterre ou dans la ville la scene de ce qui s’est joüé sur le theatre.

115. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

C’est lui qui a forcé Médée, fille d’Ætès, Roi de Colchide, à égorger aux yeux de Jason les enfans qu’elle avoit eus de lui. […] L’un tue son pere, épouse sa mere, & se trouve le frere de ses enfans ; un autre force son fils d’égorger son pere ; un troisieme fait boire à son pere le sang de son fils. […] Il tourne en dérision les respectables droits des peres sur leurs enfans, des maris sur leurs femmes, des maîtres sur leurs serviteurs. […] Et ne sont-ce pas les premieres leçons que l’on donne aux enfans, avant même qu’ils sçachent lire » ? […] Ce sont enfans moins dignes de courroux Que de risée.

116. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Les Casuistes ne sont point rares dans la capitale du Royaume ; il falloit interroger la Sorbonne : le Prélat, les Pasteurs vous auroient répondu volontiers ; mais vous vouliez être autorisée, & désesperant d’en tirer un avis favorable, vous avez imité les Rois d’Israël, qui consultoient les faux Prophétes : semblable à ces enfans du mensonge dont parle Isaie, qui disoient aux Prophétes : Ne nous annoncez aucune vérité fâcheuse, ce sont des oracles conformes à nos inclinations, que nous attendons de vous ; n’importe pas que ce soit des erreurs, pourvû qu’elles nous plaisent1.

117. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Le but de l’Eglise en rassemblant ses enfans, n’est pas de les attrister, par des idées sombres, & de les tenir immobiles plusieurs heures de suite, dans une posture gênante : elle cherche au contraire à les remplir d’une joie pure, dans la célébration des Fêtes, pour leur rapeler les bienfaits de Dieu ; Héliot (Hist. des Ordres Monastiques) raporte que les persécutions ayant troublé la sainte paix des Chrétiens, il se forma des Congrégations d’hommes & de femmes qui, à l’exemple des Thérapeutes, se retirèrent dans les deserts ; là ils se rassemblaient dans des hameaux les Dimanches & Fêtes, & y dansaient pieusement en chantant les prières de l’Eglise.

118. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Il donna pour lors à ses enfans des avis sages & chrétiens, qui supposent ses bons sentimens ; & cet ouvrage, où il ne montre aucune prétention comme dans les autres, est ce qu’il a fait de mieux. […] Il faut avoir un fonds inépuisable, de la plus basse flatterie, pour pouvoir penser & oser dire qu’on peut faire un éloge du crime & du scandale, comme si indépendamment de la Religion chrétienne, comme si dans toutes les religions & dans tous les pays du monde, par la simple raison naturelle, un double adultere, qui a duré quinze ans, d’où il est venu sept à huit enfans reconnus pour illégitimes, & qu’on a légitimés, pouvoit jamais être excusé ; à plus forte raison, être la matiere d’un éloge. […] L’ouverture s’en fit par des chevaliers plus mal-montés que Dom Quichotte sur Rossinante : ils avoient entre les jambes des chevaux de carton sur lesquels ils galoppoient comme des enfans sur une canne.

119. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Quelques Comédiens peuvent vouloir perdre de bonne heure leurs enfans, quelques mondaines, éleves du théatre, peuvent donner une mauvaise éducation ; mais rarement les parens font une loi de la grande parure ; soit modestie, soit économie, l’excès, l’affectation ne viennent guere que de la jeunesse. […] Mais la vanité, la corruption des enfans, la mauvaise compagnie qui les séduit, trop d’intelligence avec les parens, en allant bien plus loin, leur arraché, malgré eux, des dépenses aussi folles que pernicieuses à leurs ames, & ruineuses pour leur fortune. […] A-t-on le loisir de penser à ses affaires, à son mari, à ses enfans, à ses domestiques ?

120. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Voilà ce que c’est qu’un Chrétien, un homme mort au monde, à lui-même, & aussi différent des enfans du siécle, que la lumiere l’est des ténébres. […] Les spectacles sont interdits aux enfans de la Foi. […] Les peres & meres ne doivent pas laisser aller leurs enfans aux spectacles. […] Les spectacles sont interdits aux enfans de la Foi. […] Les peres & meres ne doivent pas laisser aller leurs enfans aux spectacles.

121. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Qu’on réunisse toutes ces conditions, qu’il n’y ait rien de mauvais, d’indécent ou de dangereux, jamais d’excès ni dans la chose ni dans l’affection qu’on y a ; que la gravité chrétienne la modestie, la piété s’y conservent ; qu’on ne se le permette que comme un besoin, un soulagement à la foiblesse humaine ; qu’on se traite comme les enfans, à qui on permet des récréations, mais sans excès, sans danger, sans indécence ; qu’on n’y souffre rien que de convenable aux temps, aux lieux, aux caractères des personnes, aux jours de fête & de pénitence, & on verra que si ce Saint paroît, dans la spéculation d’une abstraction métaphysique, avoir quelque légère indulgence pour le spectacle en général dans sa nature, personne n’en est en effet un censeur plus sévère dans la réalité & la pratique, où jamais ne sont ni ne peuvent être observées les sages loix qu’il a prescrites. […] De toutes ces discussions théologiques il résulte que la comédie, envisagée dans la spéculation, par une abstraction métaphysique, n’étant que la représentation des actions humaines, est par elle-même indifférente, comme la peinture, la sculpture, l’histoire, le chant, &c. tout peint, tout imite : les enfans même savent contrefaire.

122. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Le caractere de son écuyer n’est pas moins faux : on le donne pour un homme sensé qui n’a jamais lu de livres de chevalerie, & ne peut par conséquent en être infatué, & qui cependant quitte maison, femme & enfans, pour courir avec un fou, qu’il connoît tel, sous l’espérance chimérique d’un gouvernement, & des aventures extravagantes où il n’y a que des coups à gagner, & en gagne en effet en abondance, aussi-bien que son maître : il est cent fois rompu & laisse pour mort, &, contre toutes les regles du moral & du physique, il est sur le champ ressuscité par miracle, & revient en extravagant s’exposer à de nouveaux coups, & mener la vie la plus misérable.

123. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

.° Par le divorce avec sa femme légitime, après vingt ans de mariage, & en ayant eu des enfans. 3.° Par la pluralité des femmes, publique & autorisée, en ayant épousé une seconde pendant la vie de la premiere. 4.° Par le tyrannicide, ayant fait mourir trois de ses femmes, pour en épouser d’autres, qui étoient plus à son gré. 5.° Par la violence, ayant forcé Anne de Cleves, parce qu’il ne la trouvoit pas assez jolie, à demander la dissolution de son mariage. […] Il se joua de même de ses enfans, tant de sa premiere femme que des autres. […] Fruit infortuné du vice, elle nâquit d’une maîtresse, à qui son amant jugea à propos de donner de son autorité le nom & les honneurs d’épouse légitime, pendant la vie de la premiere, dont il avoit des enfans. […] Et Louis XIV, par son édit enregistré au Parlement, y appeloit ses enfans naturels, après tous les héritiers légitimes.

124. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Ils ont été effrayés de son renoncement au Théatre dans la fleur de son âge, de sa vie sérieuse & retirée depuis cette époque, de son application à ses devoirs domestiques, de sa tendresse bourgeoise pour sa femme & pour ses enfans ; de son insensibilité pour les succès, & pour ses propres Ouvrages qu’il avoit presque oubliés ; en un mot, du spectacle édifiant de sa philosophie chrétienne. […] Les enfans la savoient autrefois par cœur ; on leur faisoit déclamer avec emphase, paroissez, Navarrois, Maures & Castillans. […] Quoique ce vieux Roi soit amoureux, de même que ses enfans, ils ne sont pas tellement remplis de leur amour, qu’ils ne méditent des desseins importans, & conformes à leurs vûes. […] Je n’aime point à voir la même Princesse écouter tour-à-tour les déclarations du Père & des enfans.

125. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Dans l’Œdipe de Sophocle, la scène représente une place publique, un palais, un autel, des enfans & des vieillards prosternés, & plus loin, on apperçoit un peuple qui paroît environner les deux temples de Pallas & l’autel d’Apollon. […] Ses enfans l’ayant traduit en Justice comme un vieillard incapable d’administrer ses biens, il produisit cette piece pour toute réponse. […] Le dérangement de la fortune publique entraîne nécessairement avec lui celles des particuliers ; & il n’est pas plus nécessaire, comme quelques-uns le prétendent, qu’un Etat se doive à lui-même, qu’il ne l’est qu’un pere de famille soit le débiteur de ses enfans.

126. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Des qu’une fille est née, on lui serre étroitement les pieds, comme les Negres écrasent le nez de leurs enfans, & les Sauvages leur serrent la tête pour la rendre pointue. […] On est enchanté, comme des enfans, de ce concert harmonieux ; on s’admire soi-même en contemplant, en caressant ses breloques, qu’on compte pour autant de vertus & de talons.

127. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

L’Église est si persuadée des péchés de l’odorat que dans le premier & dernier Sacrement qu’elle administre aux Fidèles, le Baptême & l’Extrême-Onction, elle fait sur les narines comme sur les yeux, les oreilles & la bouche une onction & une prière particulière pour demander à Dieu la grâce de préserver ses enfans des péchés qu’ils pourroient commettre par l’odorat, & de pardonner aux mourans ceux qu’ils pourroient avoir commis. […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles.

128. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Le Roi se trouve à ceux de son Collége : il apprendra à ces enfans à admirer les graces de leur déclamation, la justesse de leur chant, la précision de leurs gestes, fruits précieux de l’éducation qu’on leur donne, & qui prépare d’habiles Généraux, Maréchaux, Chanceliers de la Couronne, qui en rétabliront la gloire un peu flétrie. […] Ceci me rappelle la fable des enfans qui jettoient des pierres dans un fossé plein de grenouilles.

129. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Le premier homme fut instruit par Dieu même, ainsi que celle qu’il lui donna pour compagne ; ils instruisirent & gouvernèrent leur famille, comme on le fait aujourd’hui, & mieux encore : les parens ne perdoient pas leurs enfans par une mauvaise éducation & de mauvais exemples. […] C’est un vrai conte de vieille, fait pour amuser des enfans : Velut agni somnia vanæ fingentur species, ut nec pes nec caput uni reddatur formœ.

130. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Jusqu’à l’âge de dix ans les enfans sont communément bien élevés, de dix à quinze l’éducation s’affoiblit ; les parens même commencent à les gâter. […] Les anciens interdisoient aux enfans les contes, les fables, les allégories qui renfermoient la moindre idée impure ; que sera-ce du théatre ?

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