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159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Il est pourtant vrai que cette différence ne consiste que du plus au moins : même pièce, même rôle, mêmes habits, même chant, même danse, mêmes décorations, même spectacle, c'est toujours l'esquisse du tableau, l'essai de la représentation, l'imitation de la réalité, le commencement de l'orage, le prélude de l'acte, le germe de la volupté, l'ébauche de la passion. […] Croira-t-on une anecdote vraie que je tiens des Jésuites même ? […] Il compte parmi les avantages de son projet l'abandon des drames et des Romans, espèce de littérature qui outre les autres vices, est très peu capable de nourrir le cœur, de former les mœurs, et de produire de vrais citoyens […] Qu'on juge par là s'il est difficile de rendre la tragédie innocente, et si les maîtres de la morale évangélique ont prononcé avec raison, que le théâtre le plus épuré aux yeux du monde, sera toujours incompatible avec la vraie piété, et ne servira jamais qu'à réveiller des passions d'autant plus dangereuses, que nous en portons le germe dans la corruption du cœur. » Cette réflexion très vraie, très chrétienne, vient très à propos dans la vie de S.

160. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

« Si l’on veut regarder la Comédie dans son progrès et dans sa perfection, dit ce pieux Prince, soit pour sa matière et pour ses circonstances, soit pour ses effets ; n’est-il pas vrai qu’elle a traité presque toujours des sujets peu honnêtes, ou accompagnés d’intrigues scandaleuses ? […] Il est vrai que l’Herodes de Monsieur Heinsiusac est un Poème achevé, et qu’il n’y a point d’amour : mais il est certain aussi que la représentation en serait fort ennuyeuse. […] Il est vrai qu’elle ne fait pas ces effets dans toutes sortes de personnes: mais il est vrai aussi qu’elle les fait dans un grand nombre, qu’elle les peut faire dans toutes, et qu’elle les doit faire même plus ordinairement, si on considère de bonne foi quel est l’empire naturel d’une représentation vive, jointe à une expression passionnée sur le tempérament des hommes. […] Ils disent qu’il est vrai que la Comédie est une représentation des vertus et des vices, parce qu’il est de la fidélité des portraits de représenter leurs modèles tels qu’ils sont, et que les actions des hommes étant mêlées de bien et de mal, il est par conséquent du devoir du Poème Dramatique de les représenter en cette manière : mais que bien loin qu’il fasse de mauvais effets, il en a de tout contraires, puisque le vice y est repris, et que la vertu y est louée, et souvent même récompensée. […] « Il est donc vrai que le but de la Comédie, est d’émouvoir les passions, comme ceux qui ont écrit de la Poétique en demeurent d’accord : et au contraire, tout le but de la Religion Chrétienne est de les calmer, de les abattre et de les détruire autant qu’on le peut en cette vie.

161. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Tout est problême encore sur les vrais effets du Théâtre. […] Qui serait innocent, si elle était vraie ? […] Je crois avoir enfin trouvé le vrai moyen de donner au Public toujours du nouveau, & de ne jamais le rebuter. […] Le vrai mérite, dans les deux sexes, trouvera donc, par ce moyen, un établissement digne de lui. […] l’Humidité, qui est la vraie force productrice, dans une Junon vindicative & jalouse ?

162. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Il est vrai qu’il faut une grande précaution et beaucoup de discernement pour faire le choix des passions et des vices dont on peut faire usage sur le Théâtre ; mais je ne conviens pas qu’on doive en bannir sans distinction toutes ces passions et tous ces vices qui peuvent être dangereux sur la Scène. […] Une action comique soit qu’elle nous donne le vrai, ou qu’elle nous présente le vraisemblable, ne peut jamais avoir d’autre objet que de peindre les hommes tels que nous les voyons.

163. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Elle ne sauroit empêcher, ni même retarder les révolutions qui s’opéreront, de siècle en siècle, dans l’esprit général ; & les persécuteurs ne réussiront qu’à se rendre odieux, en troublant, il est vrai, le repos des Ecrivains illustres, mais en augmentant leur célébrité. […] Il n’est pas vrai que ces événemens désastreux doivent être effacés du souvenir des hommes. […] Quand cela seroit vrai, n’est-ce point à ceux qui sont lésés par une injustice qu’il appartient de réclamer contr’elle ? […] Si cette locution, le premier, le dernier des Citoyens n’étoit pas une locution absurde, il seroit vrai de dire que le dernier des Citoyens doit jouir dans la même étendue que le premier des avantages de la constitution. […] Si cela est incontestable, il est aussi incontestable que le vrai moyen de faire aimer la vertu, que le vrai moyen de faire détester le fanatisme & la tyrannie, c’est de les représenter fidèlement.

164. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Il est vrai que quelques vieux Seigneurs Académiciens murmuroient de cette basse association, & croyoient déroger par cette alliance. […] Il est généralement vrai qu’un homme qui ne jouit que de l’un de ses sens, est beaucoup plus recueilli & plus attentif aux objets de l’autre, & en juge bien mieux. […] C’est une vraie tyrannie de ne vouloir que des comédies régulieres, de caractere, comme ce qu’on appelle Chef d’œuvre de Moliere. […] Le vrai motif c’est l’injure reçue : Manet altà mente repostum, judicium Paridis spretæque injuria forma. […] Il est vrai que ce n’est pas le Temple de l’immortalité ; la postérité qui n’est pas payée n’étale plus la marchandise, & ne pense plus à l’acheteur ; il survit même souvent à sa gloire.

165. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

On n’y voit pas de vrais Chrétiens, ils cesseroient bien-tôt de l’être. […] Quelque systême de conscience qu’on tâche de se faire, il sera toujours vrai que les spectacles du théatre sont absolument défendus. […] Il est vrai que par une longue liste de Casuistes de tous les ordres & de tous les états, le P. […] Il est même vrai qu’en France jusqu’à la fin du dernier siecle, & dans le reste de l’Europe jusque dans celui-ci, cet objet peu intéressant étoit plutôt méprisé que combattu. […] Elle disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance : Je ne conçois pas comment on peut goûter quelque plaisir aux représentations du théatre, pour moi c’est un vrai supplice.

166. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Et quel scrupule se peut-on faire d’aller chercher de l’horreur pour le vice, et de l’amour pour la vertu, s’il est vrai que la Comédie inspire l’une et l’autre ? […] Nous ferons voir par le parti que nous prendrons, si nous sommes de vrais Chrétiens. […] Où est l’homme sage qui voudra s’exposer à perdre la paix intérieure, et à éteindre l’esprit qui anime un vrai Chrétien, pour un divertissement frivole  N'est-il pas écrit que celui qui aime le danger y périra ? […] Cela est très vrai. […] Mais il est fâcheux que pour avoir juré il n’en ait pas dit plus vrai.

167. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Mirum in modum incitabant qui Regio luxu vitam in venationibus conviviis spectandis libentissimè traducebant  ; que ses convives & ses favoris étoient des vrais libertins, Facetissimis helluonibus in omni genere popinalium delitiarum eruditissimis. […] Il en conclut que cette piéce n’a été imprimée qu’après sa mort, & il est vrai qu’il n’en reste aucune édition antérieure ; il cite quelque Lettre du Comte Baldessari, qui mande que la piéce a été réprésentée à la Cour d’Urbin, & nommée familierement Bibiana, sans lui donner le titre de Cardinal ; d’où il conclud qu’il n’étoit pas Cardinal encore. […] Riccoboni pretend que l’usage des masques vient des anciens Attellanes qu’on jouoient à Rome, toujours en masques ; c’étoient des vraies farces, dont le goût s’est conservé. Les farces Italiennes ne sont que des Attellanes, cette origine est très-vraissemblable ; mais d’ailleurs il est vrai que toutes les pieces de théatre se jouoient en masque à Rome, comme nous l’avons dit ailleurs, & que l’usage en étant établi, s’est perpétué en Italie. […] Goldoni & quelques autres imitateurs de Moliere, dit-on, ont cependant pris, & sont écouter, le ton de la bonne comédie, ce qui prépare quelque révolution théatrale, & Goldoni est extrêmement gay & fécond, même plus que Moliere, il est vrai que son langage n’est point pur, il mêle aisement les dialectes Italiens, le Venitien, le Toscan, le Napolitan.

168. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Il est vrai, que nous ne trouvons point formellement cette défense, vous n’irez point au cirque, au théâtre, au stade, à l’amphithéâtre, comme nous trouvons expressément ces paroles : Exode. […] Enfin si c’est Romulus qui a introduit cet usage chez les Romains ; il doit sans doute être mis lui-même au nombre des autres idoles ; s’il est vrai qu’il est le même que Quirinus. […] Cela est vrai : je sais que le soleil jette ses rayons sur un cloaque, sans qu’il en devienne moins pur. […] Quel plus grand plaisir, que l’éloignement du plaisir même ; que le mépris du siècle ; que la jouissance de la vraie liberté ; que le calme d’une bonne confiance ; que la sainteté de la vie, et l’exemption de la crainte de la mort ? […] Il est vrai que j’attacherai moins ma vue à ces misérables, qu’à ces monstres d’inhumanité, qui exercèrent autrefois leur cruelle rage contre le Seigneur.

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