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22. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

C’est pour ce sujet qu’il a fait dresser des Theatres dans les Places publiques ; et qu’exerçant et formant lui-même ces bouffons, il s’en sert comme d’une peste dont il infecte toute la vie. […] C’est pour cela qu’il enseigne dans son Introduction à la Vie Devote,Chap. 33. […] Chacun sait que ce Saint embrassa la vie solitaire du désert aussitôt aprés son Baptême ; qu’il y vécu quelque temps avec S. Basile, et qu’il goûta tellement ce genre de vie mortifiée, que dans les fonctions de l’Épiscopat, où l’ordre de Dieu l’engagea dans la suite, il n’eut aucun repos. […] Il n’a pas seulement une vie temporelle à entretenir, il a encore une vie éternelle à acquerir.

23. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

La Reine craignoit d’ailleurs que si jamais Elisabeth montoit sur le trône, c’en étoit fait de la religion Catholique en Angleterre ; ce que la suite de sa vie ne vérifia que trop. […] Elisabeth joua l’Espagne pour la troisième fois, quoique l’Espagne lui eut sauvé la vie. […] De quel droit la privoit-elle de ses Etats, & lui donnoit-elle un successeur pendant sa vie ? […] La Reine d’Ecosse, l’héritière présomptive d’Elisabeth n’étoit pas sa justiciable, on n’avoit aucun droit sur sa vie. […] Le sentiment de désespoir, ce dégoût de la vie ; & même le suicide ne sont pas rares en Angleterre.

24. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

La première, Que la vie Chrétienne et dévote, a et doit avoir ses récréations, et être d’une vie joyeuse. […] Ruse du Diable de persuader qu'en la vie vertueuse il n'y a que mélancolie et tristesse. […]  »2 Ces discours eurent telle force, que ce peuple trop crédule eût quitté l’entreprise commencée, si Josué, qui était allé visiter la même terre, aussi bien que les autres, n’eût dit tout le contraire, et n’eût fait voir la facilité de conquérir tout ce pays-là, la douceur de vie, les commodités des fruits, et d’autres choses nécessaires à la vie qui s’y rencontraient. […] Les pauvres sont frustrés de leur part et portion, puisque les riches doivent soulager les pauvres de ce qui leur est superflu, et par ainsi ils jouent la substance et la vie du pauvre, qui subsisterait et se conserverait en vie, si l'excès de la somme du jeu lui était appliquée. […] Ruse du Diable de persuader qu'en la vie vertueuse il n'y a que mélancolie et tristesse.

25. (1677) L’Octavius « Paragraphe XII du texte latin » pp. 42-46

Apprenez, pauvres misérables, ce qui vous doit arriver après la mort, par ce qui vous arrive durant la vie. […] Toi qui te figures une immortalité après cette vie, ne sens-tu pas ta condition, ne reconnais-tu pas ta faiblesse lorsque tu vois les dangers, lorsque tu es dans les ardeurs de la fièvre, et dans les tranchées de la douleur : Misérable, qui ne veut pas confesser sa misère alors qu’il la sent. […] Enfin, misérables que vous êtes, vous ne ressuscitez point, et ne jouissez point cependant de la vie.

26. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Laertius liu. 3. des vies. […] Comædo, appelle la Comedie, imitation de vie, miroir de coustume, et image de verité. […] Plut. en la vie d’Alexandre. […] Laertius liu. 3. des vies. […] Plut. en la vie d’Alexandre.

27. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il n’y a pas d’apparence qu’Ambroise, qui avait passé sa vie dans le plus grand monde, qui n’était pas même baptisé quand il fut élu Evêque, ne connût parfaitement les spectacles, et n’y eût souvent assisté, qu’il n’en eût même donné, aussi bien que son père. […] Personne ne fut la dupe de ce que l’Auteur de sa vie appelle une comédie : « Hac veluti in scena ficte representari, populus non ignorabat. » On jugeait bien qu’un homme qui toute sa vie avait été un modèle de pureté, ne devenait pas tout à coup impudique, et ne le serait pas dans son épiscopat : Nous prenons sur nous votre péché, et nous ne vous élisons pas moins Evêque, s’écria tout le peuple. […] Gardez-vous, dit-il, de fixer vos regards sur la beauté, sur la parure des femmes ; le désir suivrait de près, et le crime serait commis dans le cœur : « Jam mœchatus est in corde. » Gardez-vous d’écouter les douces paroles ni de souffrir les caresses empoisonnées d’un femme de mauvaise vie ; elle porterait le poison et la mort dans votre cœur, bouchez vos oreilles avec des épines, pour échapper à ses pièges : « Aures spinis sapiendæ, ut illecebras sermonis excludas. » Ce détail suffirait pour anéantir les spectacles, où sont réunis tous les dangers du vice. […] Il les fait voir ces dangers, et dans les pompes du luxe, qui fascinent les yeux, et dans les attraits des femmes, qui séduisent le cœur, et dans le poison des discours qui offusquent les esprits, et dans le torrent des mauvais exemples qui entraînent l’âme, et dans l’oisiveté de la vie et la frivolité des amusements qui corrompent tout. […] profitons du temps, aimable jeunesse, la vie s’envole comme un léger nuage, hâtons nous d’en jouir, ne laissons pas passer le printemps sans en cueillir les fleurs, avant qu’elles se flétrissent ; laissons partout des traces de nos plaisirs, faisons-nous des couronnes de roses, et ne songeons qu’à jouir agréablement des charmes de la volupté, puisque tout va s’anéantir dans le tombeau : « Non prætereat nos flos temporis, coronemus nos rosis antequam marcescant. » Si l’on ne voit pas dans ce portrait le théâtre et sa morale, le parterre et sa folie, les Actrices et leurs manèges, le spectacle et ses dangers, les coulisses, les loges, les foyers, les maisons des Comédiens, la vie des Comédiennes, on ne voit pas le soleil à midi ; mais si après ces connaissances, on aime encore, on fréquente le théâtre, plus misérablement aveugle, on ne voit pas l’enfer ouvert sous ses pieds.

28. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Celle-ci s’en occupa toute sa vie, & les plus grands malheurs ne purent l’en détacher. […] Point d’homme sage qui ne consente d’être pauvre pendant trois jours pour être riche pendant sa vie. Au contraire il n’en est point qui voulut être pauvre toute sa vie pour être riche pendant trois jours. […] Au contraire, pour trois jours de beauté voudroit-on être laide pendant toute la vie ? […] Voilà comme se passe le printemps de la vie, la saison des graces.

29. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

La mascarade la plus singuliere qu’il y ait peut-être jamais eu, c’est celle de l’Abbé de Choisi, qui a passé la moitié de sa vie, habillé en femme, avec toute la parure de la coquetterie, à faire la belle (dit sa Vie). […] On l’a vu habillé en femme, dit l’Auteur de sa vie, dans sa vieillesse & jusqu’à sa mort. […] Tout ceci est outré ; cette vie est un roman licencieux que cet Ecrivain médiocre auroit dû laisser dans les ténèbres, & qui est aujourd’hui oublié. […] C’étoit une des plus enthousiasmées amatrices du théatre, du bal, de la danse ; héroïne de la scène, élève de Thalie, sa vie ne fut qu’une comédie perpétuelle. […] Ce Roi d’Assyrie passa toute sa vie dans son palais, au milieu de ses femmes, filant, cousant, vivant comme elles, habillé, servi, traité comme elles.

30. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Qu’ils s’habillent doncques dittes-vous, qu’ils s’habillent même proprement, qu’ils voïent les honnêtes gens, & qu’ils vivent honnêtement avec eux : Mais qu’ils s’habillent en gens d’Eglise, que leur propreté soit conforme à leur profession, & que leur vie fasse respecter leur caractere de tous ceux, qui seront témoins de leurs actions. […] Si quelcun de ces solitaires, qui se sont volontairement condannez à passer leur vie en jeûnes & en priéres, venoit aujourd’hui se montrer dans vos assemblées, s’inviter lui même à vos plus-celebres repas, vouloir être de toutes vos parties, & ce qu’on ne peût même penser sans fremir, marcher en masque par les ruës de vôtre Ville ? […] Des Chrêtiens, qui doivent être le sel & la lumiére du monde, qui doivent être revêtus de Jesus-Christ, & exprimer dans toute leur vie la vie de ce Chef humilié & chargé d’épines. […] Je ne vous blâme pas du desir que vous avez de la rendre heureuse dés cette vie : mais vous êtes bien miserable, si vous pensez qu’il faille hazarder & son salut & le vôtre, & son éternité & la vôtre, pour une felicité si vaine si chimerique, pour une felicité qui ne doit durer qu’un moment. […] Claude de Colombiere de la Compagnie de Jesus : non seulement parce que je n’y ai rien trouvé qui ne soit trés conforme aux veritéz Evangeliques, mais encor parce que tous les Sujets y sont traitéz d’une maniere solide & édifiante, & que l’on y remarque le caractere de la Pieté & du zele de leur Auteur, qui ne s’est pas moins rendu recommandable par la regularité de sa vie, que par les Travaux Apostoliques, dans lesquelles il n’a pas manqué au Martire si le Martire lui a manqué.

31. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres. […] Le livre de l’Evangile est l’asile le plus assuré des peuples et des rois ; en le méditant, chacun y rencontrera le doigt d’un Homme Dieu, qui a su établir des droits et prescrire des devoirs ; comme homme il a senti combien l’indulgence et la miséricorde étaient nécessaires aux autres hommes ; comme Dieu il a offert, par les principes qu’il a tracés, les moyens de trouver le bonheur ici-bas, et de s’ouvrir la voie à une vie plus longue et plus glorieuse. […] Il doit soutenir sa dignité par sa foi et sa bonne vie. […] Conc. de Cologne, can. 1536 ; « 4° Afin que les ministres de l’Eglise puissent être rappelés à cette continence et pureté de vie, si bienséante à leur caractère, et afin que le peuple apprenne à leur porter d’autant plus de respect qu’il les verra mener une vie plus chaste et plus honnête, le S. […] Car, en matière de religion, l’exemple est le moteur le plus fort et le plus victorieux ; le sang des premiers martyrs a amené des flots de sang, parce que chacun voulait payer de sa vie son entrée dans la foi, et obtenir la couronne céleste, en mourant pour le fils de Dieu qui en était le suprême dispensateur ; Et puisque les ecclésiastiques veulent soumettre les autres chrétiens à l’observation des décrets des conciles, et qu’au moment de leurs décès ils leur font la fausse application de sentences exterminatoires, il est de toute justice, de toute pudeur publique qu’ils rentrent eux-mêmes dans la volonté de leurs propres lois, et qu’ils s’en montrent les fidèles et les zélés observateurs.

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