La Parodie est un mauvais genre en lui-même : elle est sur le Théâtre comme la médisance dans la Société, le fléau mesestimable des vices & des défauts.
Si nous parlions donc rigoureusement, et dans l’exactitude des Jurisconsultes, ne considérant que ce qui se rencontre le plus souvent dans la pratique ordinaire de ces danses profanes, qui ont pris naissance de la corruption des mœurs des Hébreux, et des observances superstitieuses des Païens ; nous pourrions dire que tous ces exercices qui ne vont qu’au contentement des sens sont absolument mauvais ; parce que les vices s’y mêlent, et le péché s’y trouve très fréquemment, et que suivant la règle des Jurisconsultes,L. 3. et 4. ff. de leg.
par lequel ils montrent que les ravisseurs sont excommuniés par les Ordinaires des lieux ; d’où ils concluent, que les Evêques ont pouvoir d’ordonner généralement tout ce qui est nécessaire pour le bon règlement de leurs peuples touchant les mœurs, c’est-à-dire, pour les établir dans la vertu, et pour les éloigner du vice.
Donc ce saint évêque, père de l’église, l’un des plus savants docteurs de son temps, allait à la comédie : mais Nicole disait aussi que le danger de la comédie, est qu’on y fait paraître bien souvent le vice aussi aimable que la vertu.
La fameuse Christine, qui avoit régné avant lui en Suede, & abdiqué le trône, par un coup de théatre que ne la place pas au Temple de la Gloire, Christine avoit été livrée à ses jeux dangereux & frivoles : elle en contracta tous les vices & tous les défauts. […] Ces vertus austeres, rares dans les particuliers, si difficiles dans les princes, étoient d’autant plus admirables, que des passions violentes, un caractere indomptable, & le germe des vices qui s’étoient fait sentir dans sa jeunesse, sembloient y mettre des obstacles invincibles.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens.
La passion d’amour, soit qu’on la montre du côté du vice ou du côté de la vertu, ne corrigera jamais, si elle s’écarte de la nature. […] La passion de Ladislas naît du vice et non de la vertu : telle était la licence de la Scène du temps de Rotrou ; mais les Poètes tragiques depuis lui ont toujours fait ou tâché de faire croire aux Spectateurs que l’amour dans leurs Tragédies était enfanté par la vertu.
On n’est responsable que des couleurs que l’on prête aux vices ; & à l’égard de la punition Théâtrale que Dom Juan éprouve à la fin, qu’elle soit bien ou mal représentée, il n’en résulte pas moins l’aveu des Auteurs, que l’impiété de Dom Juan est digne du dernier supplice. […] Quand un vice ou un ridicule n’existent plus, on s’apperçoit moins de la nécessité de l’Ouvrage qui les a détruits. […] L’avarice, la perfidie, l’indévotion, & tous les vices y seront-ils moins communs ?
L’esprit d’irréligion, la corruption des mœurs, les idées philosophiques de population, l’envie de s’emparer de ses biens, la haine des censeurs du vice & les appuis de la vertu, ont mis dans les esprits une aversion infinie contre ce saint état, & allumé le flambeau de la guerre. […] La profanation des objets & du langage de la religion, qu’on a la témérité d’y mêler avec les objets & le langage du vice, ne sert qu’à pallier & augmenter le scandale & le sacrilège. […] Quoique le ridicule tombe sur l’hypocrite qui emploie les termes de la religion pour son intérêt, & que (dans l’Œdipe) les Prêtres de Jocaste soient reconnus pour des imposteurs, ces peintures, quoique naïves, sont trop sujettes à être mal interprêtées, & dans l’esprit des jeunes gens ces vices occasionnent une trop mauvaise application.
Ma sœur, il ne manque peut-être à plusieurs que le goût du travail : notre siècle est celui de la paresse ; ce vice gagne tous les états : on veut jouir tout-d’un-coup, & se reposer avant de s’être lassé.