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3. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « I. Occasion et dessein de ce Traité : nouvelle Dissertation en faveur de la Comédie. » pp. 1-3

L’autorité Ecclésiastique s’est fait reconnaître : par ses soins la vérité a été vengée, la saine doctrine est en sûreté, et le public n’a besoin que d’instruction sur une matière qu’on avait tâché d’embrouiller par des raisons frivoles à la vérité et qui ne seraient dignes que de mépris s’il était permis de mépriser le péril des âmes infirmes : mais qui enfin éblouissent les gens du monde toujours aisé à tromper sur ce qui les flatte. […] Il n’en faut pas davantage pour tromper les simples et pour flatter la faiblesse humaine trop penchée par elle-même au relâchement.

4. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

si vous n’en décidez que sur l’impression que vous font leurs ouvrages, votre condamnation me paroît hazardée : car ils pourroient alléguer pour leur défense : Lecteur, je puis me tromper moi-même, mais non pas vous tromper volontairement ; craignez mes erreurs, & non ma mauvaise foi.

5. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IX. Qu’il faut craindre en assistant aux comédies, non seulement le mal qu’on y fait, mais encore le scandale qu’on y donne. » pp. 41-43

, que je crains que leur probité ne soit de celles des sages du monde qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent avoir rempli tous les devoirs de la vertu lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs passions et à leurs plaisirs.

6. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Ils ne condamnent effectivement et ne rendent ridicules que certains défauts moins considerables, comme l’humeur difficile des vieillards, leur avarice, leur sévérité envers la jeunesse, leur facilité à se laisser tromper. […] Ajoutons que l’on apprend dans les Comédies mille mauvaises intrigues pour faire réussir ces mariages qui sont contre les Lois, soit pour gagner, ou pour tromper un père ; et que l’on y tourne toujours en ridicules ceux qui veulent corriger la jeunesse, et arrêter le cours de ses désordres.

7. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Nous savons que les représentations Théâtrales nous trompent ; nous nous plaisons à en être trompés. […] Si elles parroissent en corset, elles savent le rehausser par des rivieres de diamans. « Si nous ne devons pas espérer, dit encore l’Auteur que nous venons de citer, que les Comédiennes préférent à l’ajustement, sous lequel elles croiront dompter plus aisément les cœurs, celui sous lequel elles réussiroient d’avantage à tromper les yeux ; nous n’en aurons pas moins toujours le droit de nous plaindre de cet abus.

8. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

des enfants qui volent leurs peres, d’honnêtes bourgeois dupés par des frippons de cour, & surtout des femmes qui trompent leurs maris. […] La sévérité même qu’on a pour eux les autorise à secouer le joug, & est une excuse légitime des fourberies & des mensonges dont ils trompent leurs parents & leurs tuteurs. […] Malgré toute la sagesse de leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend les innocents plus adroits à tromper que les plus rusés ne le sont pour ne pas l’être. […] Par-tout quelqu’infidélité dont on rit ; des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent ; des enfants révoltés contre leurs parents, qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques frippons, des fourbes, des ministres de plaisir qu’on récompense.

9. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Lorsque je commençais, il y a plus de quarante ans, à étudier sérieusement le Théâtre, je trouvais d’abord, dans les Anciens et dans leurs Commentateurs, des règles qui choquèrent ma raison ; je fis bien des réflexions en conséquence ; mais, ne me fiant pas à moi-même et craignant de me tromper, je soumis mes lumières à la grande autorité de ces hommes qui, pendant plusieurs siècles, nous ont servi de guide, et je n’osais même communiquer mes doutes à personne. […] La matière est vaste et demanderait un ouvrage complet : le jugement que les gens d’esprit et connaisseurs porteront du peu que je viens de dire sera mon guide, et me confirmera dans mes idées, si on les approuve ; ou me les fera rejetter, si on juge que je me sois trompé.

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

J’ai cru même qu’il était absolument nécessaire qu’ils fussent tels que je les avais composé ; le Lecteur va bientôt juger si je me trompais. […] Au reste, comme chacun a son sentiment particulier, duquel on ne s’écarte presque jamais parce qu’on le croit le meilleur, je dois m’attendre que les raisons que j’allégue dans ce Discours préliminaire, afin de me justifier, persuaderont peu de personnes : je dois peut-être penser aussi que je me trompe moi-même.

11. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Par exemple, si on eût fait paraître sur le théâtre un homme à qui on n’eût donné que le nom de dévot et que l’on lui eût fait en même temps entreprendre ce que fait Tartuffe, tout le monde aurait crié : « Ce n’est point là un véritable dévot, c’est un hypocrite qui tâche à nous tromper sous ce nom. » Puisqu’il est ainsi, comme on n’en peut douter, puisque, dis-je, on connaît l’hypocrite par ses méchantes actions, lorsqu’il prend le nom et l’extérieur d’un dévot, pourquoi veut-on, pour nuire à Molière, qu’un homme qui a non seulement le nom d’hypocrite, mais encore qui en fait les actions, soit pris pour un véritable dévot ? […] Voilà un hypocrite. » Il est impossible de s’y tromper, et si je ne craignais d’être trop long et de vous ennuyer par des raisons que vous devez mieux savoir que moi, je parlerais encore longtemps sur cette matière. Je vous dirai pourtant, avant que de la quitter, que les véritables dévots ne sont point composés, que leurs manières ne sont point affectées, que leurs démarches et leurs grimaces ne sont point étudiées, que leur voix n’est point contrefaite et que, ne voulant point tromper, ils n’affectent point de faire paraître que leurs mortifications les ont abattus.

12. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DONATION EN FAVEUR DU PUBLIC. » p. 11

Tout mon regret, dans cette donation, qui, si je ne me trompe, serait la première de ce genre, c’est d’offrir un écrit de peu de valeur, si on ne le considère que sous les rapports de la diction et de l’exécution.

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