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292. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Qu’il paraisse, que ce sont les seuls Acteurs qui parlent au Théâtre. […] C’est le Dialogue qui donna naissance aux Pièces de Théâtre, & qui les fait valoir. […] Les Grecs n’outrèrent jamais la Nature : ils eurent le secret d’en saisir la simplicité, à force de la suivre pas-à-pas : c’est d’elle qu’ils tirèrent les principales beautés de leurs Poèmes épiques, & des Pièces de leurs Théâtres. […] Je vais comparer une des Scènes du Théâtre moderne, prises au hazard, avec la prémière du Théâtre Grec qui me tombera sous la main. […] Scène grecque comparée à la précision du Dialogue du nouveau Théâtre.

293. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

En effet, comme le fait très bien voir M. le baron d’Hénin, les véritables auteurs de nos jeux scéniques sont ces pèlerins qui revenant de la Palestine, chantaient aux peuples émerveillés les événements anciens ou récents dont cette terre sacrée avait été le théâtre. […] Par malheur, on prit goût à la farce, et d’accessoire elle devint bientôt le principal : comme elle offrait une fidèle et naïve image des désordres du temps, elle ne pouvait être très pure et devait quelquefois causer du scandale : c’est ce qui détermina, en 1546, les révérends Pères de la Trinité à expulser de leur maison les confrères de la Passion, qui y avaient eu jusque là leur théâtre. […] Vers le milieu du dix-septième siècle même, des comédiens de province, qui fondèrent le théâtre du Marais où furent représentées les pièces de Jodelle, de Garnier et enfin de Corneille, se virent tenus à payer par chaque représentation un écu tournois aux Confrères de la Passion. […] L’espace me manque pour parler de la fin de ce volume où l’auteur a rassemblé des détails piquants sur une foule de cérémonies des diverses églises de France, toutes plus ou moins analogues à ces mystères qui ont donné naissance à notre théâtre : je renvoie à l’ouvrage même le lecteur qui sera curieux de lire le récit des offices où chaque antienne était terminée en chœur par ce refrain harmonieux : Hin ! […] [NDE] On trouvera cette ordonnance dans le corpus Haine du théâtre, voir lien.

294. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Concile général, tenu à Constantinople en 680. condamne les Comédies et les Danses qui se font sur le théâtre, et prononce contre les contrevenants, si c’est un Ecclésiastique, qu’il soit déposé ; et si c’est un Laïque, qu’il soit excommunié. On voit que ce Concile ordonne les mêmes peines que les précédents ; cependant il est certain que l’Idolâtrie ne paraissait plus sur les théâtres, dans l’intervalle du temps qui s’est passe jusques à ce Concile. […]  » Le même Tertullien presse les Chrétiens de fuir les Théâtres, par les périls auxquels ils s’exposent, sur la fin du chap. 27 où il suppose que tout ce qui se passe à la Comédie, soit généreux, honnête, harmonieux, charmant et subtil : « Regardez tout cela , dit-il, comme un breuvage de miel dans une coupe empoisonnée, et considérez qu’il y a plus de péril à se laisser emporter à la volupté, qu’il n’y a de plaisir à s’en rassasier. […] N’y a-t-il pas de funestes exemples de plusieurs personnes, dont la réputation était hors d’atteinte, et qui ont levé le masque à force d’aller au Théâtre ? […] C’est pourquoi quand vous seriez assez chaste pour n’être point blessé par la contagion de ces Jeux, ce que je crois impossible, vous ne laisseriez pas d’être sévèrement puni de Dieu, comme étant coupable de la perte de ceux qui vont voir ces folies, et de ceux qui les représentent sur le Théâtre

295. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Portons nos regards plus avant sur le Théâtre, & bientôt nous découvrirons le Sanctuaire de l’impureté. […] Les piéces de Théâtre ne respirent pour la plûpart que le feu impur. […] Qu’on vante sur ce point tant qu’on voudra la pureté du Théâtre moderne.

296. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple. […] que ce soit celui de peindre la Nature ; mais d’adoucir ce qui pourrait révolter : ne confondons point le Théâtre moderne avec celui des baladins où tout est permis. […] Puisse mon Livre inspirer aux Poètes du nouveau Théâtre le noble dessein de ne plus faire paraître tant de Pièces informes !

297. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Ce que c’est que les mariages du théâtre. […] Qu’un mariage de cette sorte, où les sens ne dominent pas, serait froid sur nos théâtres ! Mais aussi que les mariages des théâtres sont sensuels, et qu’ils paraissent scandaleux aux vrais chrétiens !

298. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Quel rôle joueraient sur le théâtre les vertus chrétiennes, comme le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté et la pénitence ? […] C’est ainsi que le théâtre nous représente le suicide, qui est en lui-même le plus grand crime qu’un chrétien puisse commettre, comme une action héroïque et comme un devoir, quand on ne peut se soustraire autrement aux rigueurs de l’infortune. […] « De même que la lecture des romans rend l’esprit romanesque, l’assiduité au théâtre rend aussi l’âme tragique.

299. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus obligeant et de plus avantageux pour Molière : et certes, s’il n’eût joué que les Précieuses, et s’il n’en eût voulu qu’aux petits Pourpoints et aux grands Canons, il ne mériterait pas une censure publique, et ne se serait pas attiré l’indignation de toutes les personnes de piété : mais qui peut supporter la hardiesse d’un Farceur, qui fait plaisanterie de la Religion, qui tient École du Libertinage, et qui rend la Majesté de Dieu le jouet d’un Maître et d’un Valet de Théâtre, d’un Athée qui s’en rit, et d’un Valet plus impie que son Maître qui en fait rire les autres. […] Les Vierges et les Martyrs ont paru sur le Théâtre, et l’on faisait couler insensiblement dans l’âme la pudeur et la Foi, avec le plaisir et la joie. […] C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV. […] Et néanmoins, malgré tous les soins de ce grand Prince, elle retourne aujourd’hui comme en triomphe dans la ville Capitale de ce Royaume, elle monte avec impudence sur le Théâtre, elle enseigne publiquement ses détestables maximes, et répand partout l’horreur du sacrilège et du blasphème : Mais nous avons tout sujet d’espérer que ce même Bras qui est l’appui de la Religion, abattra tout à fait ce Monstre, et confondra à jamais son insolence.

300. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Le Grand Maître de cette Ecole est le célèbre Molière, lequel après avoir tant aimé le Théâtre durant sa vie, a eu le malheur d’y mourir misérablement. […] Combien l’Ecole du Théâtre est détestable et nuisible aux jeunes gens. […] Elle croit que la Morale du théâtre est une science de pratique. […] Tous ces gens-là ne sont pas bien aises qu’on les tourne en ridicules sur un Théâtre. […] Pour corriger leur vie et régler leur raison, Les Chrétiens ont l’Eglise, et non pas le théâtre, dit M. l’Evêque de Grasse.

301. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. […] Mais sur quelles autorités notre Théâtre appuie-t-il son indigne conduite ? […] Pour Térence, il ne produit point de Prêtres sur le Théâtre ; il ne fait pas même mention d’eux dans ses Comédies. […] Le Sacerdoce est un trop saint et trop auguste ministère pour paraître assez décemment sur un Théâtre. […] Les chaires Chrétiennes sont-elles sous la discipline du Théâtre ?

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