D’après cela, voici le petit dilemme que nous proposerons au clergé gallico-romain ; nous lui dirons : Ou vous êtes conséquent dans l’application de vos lois ecclésiastiques sur les théâtres, ou vous ne l’êtes pas ; si vous êtes conséquent, vous excommuniez donc St Thomas, St Antoine, St Charles Borromée, St François de Sales qui approuvent le spectacle, et, par-dessus tous, le pape qui construit des édifices pour cet objet, et tient à sa solde des comédiens ?
Thomas, tiennent et maintiennent notre profession non seulement honorable, ains utile et très nécessairey ; affirmant outre qu’elle se peut exercer illaesa conscientia z, mot qui en son emphase coupe la gorge à nos censeurs contre lesquels il eût suffi, si c’étaient gens qui voulussent recevoir la doctrine ecclésiastique pour règle de leurs opinions.
C’est le père qui frotte de miel le vase qui tient la médecine qu’il présente à son enfant. […] […] Puisqu’on tient à bon droit tout crime personnel, Que fait là notre honneur pour être criminel ? […] Tenez, accommodons-nous plutôt, quand on me dira une grosse injure, j’en répondrai une autre, si je suis le plus fort : voulez-vous me laisser votre marchandise à ce prix-là ?
On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
On pourroit dire encore que l’arrivée de l’homme de Corinthe, quoique très-possible, tient un peu du Merveilleux, ce qui contribue à faire croire que ce Sujet a été ajusté au Théâtre par Sophocle : & n’est-ce pas un plus grand effort de génie, de savoir ajuster les Regles de son Art à un Sujet dont on conserve toute la vérité historique ?
« Il devait pour le moins, continue ce dévot à contretemps, en parlant de l’auteur du Festin de Pierre j , susciter quelque acteur pour soutenir la cause de Dieu et défendre sérieusement ses intérêts. » Il fallait donc pour cela que l’on tînt une conférence sur le théâtre, que chacun prît parti et que l’athée déduisît les raisons qu’il avait de ne croire point de Dieu.
Ce que Manlius exécuta et les voua encore à pareil temps ; ce qui est d'autant plus notable que ce Manlius fut élu Dictateur pour tenir les assemblées et faire ces Jeux seulement.
J’ai exactement tenu parole, et si mes Lecteurs en doutaient, il me serait aisé de les détromper, et de leur faire voir qu’il y a nombre de Pièces qui pêchent par des défauts d’imagination et de conduite, que je me suis bien gardé de relever : suivant ce principe, je dirai librement ce que je pense sur l’Astrate de M.
Les bons Anglois ne dissimulent point à l’estimable Garrik, qu’ils aiment sans l’estimer, la profession qu’il embrassa dans sa jeunesse, par légèreté, & à laquelle il tient aujourd’hui par nécessité. […] Se croiront-ils tenus de remplir les engagemens contractés par leurs prédécesseurs.
Qu’est-ce que l’amour brulé par une goutte d’huile, malade jusqu’à tenir le lit plusieurs jours, fermé à clef par sa mere, qui saute par la fenêtre ? […] Il enseigne par tout la même morale, dans l’art d’aimer, il exhorte à se tenir dans une honête propreté, il condamne l’indécence & le désordre des habits : nec vacua in laxâ pes tibi pelle natet ; mais il ne veut point dans les hommes de frisure, de parure récherchée, il faut laisser toutes ces foiblesses aux femmes, & aux hommes effeminés, qui leur ressemblent ; ce ne sont que des femmes impudiques, & des hommes qui outragent la nature : Cætera lasciva faciant concede puellæ, & si quis male vir quærit habere virum ; une noble négligence convient à l’homme, il ne doit plaire que par sa bonne mine : forma viram neglecta dicet .