Le premier est de s’en informer des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de spectacles.
On ne sait que trop que ces lieux de spectacle sont les écoles du Démon, où il n'a pas moins de Sectateurs, que de spectateurs.
Les spectacles en sont un objet très intéressant, ils ont la plus grande influence sur les mœurs.
Que ceux et celles qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on en appréhende d'ordinaire ne se croient donc pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.
Que ceux donc qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on appréhende d'ordinaire, ne se croient pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.
[FRONTISPICE] RECIT TOUCHANT LA COMEDIEJOUEE PAR LES JESUITES, ET LEURSDISCIPLES, EN LA VILLE DELyon, au mois d'aoustde l'an 1607a Les jésuites nouvellement rétablis à Lyonb, voulant donner du passetemps au peuple, et ménagerc par même moyen selon leur coutume, estimèrent qu’il fallait faire parler d’eux à bon escient, et qu’un spectacle simple et commun aurait trop peu de grâce. […] Se moquer de Dieu devant les yeux de toute une ville, exposer en risée la sainte vérité, faire que les profanes et athées se jouent audacieusement de tout ce qu’on proposera de vie et de mort éternelle, renvoyant le tout aux théâtres des jésuites : ce sera, si l’on croit ces drôles, un passetemps, un vain épouvantail, un jeu de trois jours, un spectacle remplissant les esprits mal assurés de vaines et détestables imaginations.
Ne se donnèrent-ils pas en spectacle sur des théâtres où ils jouaient la comédie, ainsi que dans les processions, dans les danses et dans les farces scandaleuses et obscènes, au milieu desquelles trop souvent ils profanaient nos plus saints mystères ? […] Ils faisaient construire des salles de spectacle dans leurs principaux collèges.
Le Roi voulut voir leurs spectacles ; ils en représentèrent quelques pièces devant lui ; elles lui furent agréables, et cela leur procura des Lettres du quatrième Décembre 1402. pour leur établissement à Paris. […] Les Confrères de la Passion, qui avaient déja fondé dans cette Eglise le service de leur Confrérie, louèrent cette grande salle qui se trouvait vacante, y firent construire un théâtre, et y représentèrent leurs jeux ou spectacles ; ils ne les nommèrent encore ni Tragédie, ni Comédie, mais simplement Moralités.
Ces spectacles renouvellent les combats des gladiateurs, où l’on se faisait un plaisir de voir couler le sang humain. […] quels spectacles ! […] Voilà ce que le gouvernement avec beaucoup de sagesse, a voulu confirmer, encourager, augmenter dans la nation, en donnant la plus grande vogue à un spectacle qui l’enseigne. […] C’en est trop pour faire connaître le danger d’un spectacle dressé par la main des crimes, et qui en fraie les routes. […] et qui n’en gémirait, si l’ivresse du spectacle ne rendait aveugles et inconséquents les hommes même les plus raisonnables et les plus fidèles à leur Prince ?
Ses idées furent diversement reçues du public ; on rendit justice à la sagesse de l’Auteur, mais on n’approuva pas généralement ses moyens de réformation, qui, à dire vrai, équivalent presque à une suppression entiere des spectacles.