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4. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PRÉFACE. » pp. -

Quand j’écrivis mon Histoire, j’étais encore au Théâtre ; et je ne pouvais en quelque sorte me dispenser de soutenir la Profession que j’exerçais ; j’étouffais peut- être mes véritables sentiments : mais, à présent que je me suis retiré, rien n’arrête plus ma franchise, et il m’est permis de m’expliquer librement. J’avoue donc avec sincérité que je sens dans toute son étendue le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre ; et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cette matière : mais, comme il ne m’appartient pas de prendre le même ton, et que d’ailleurs les Spectacles sont permis et soutenus par l’autorité publique, qui sans doute les permet et les soutient par des raisons que je dois respecter, il serait indécent et inutile de les combattre dans l’idée de les détruire : j’ai donc tourné mes vues d’un autre côté ; j’ai cru que du moins il était de mon devoir de produire mes réflexions, et le plan de réformation que j’ai conçu pour mettre le Théâtre sur un autre pied, et pour le rendre, s’il est possible, tel que les bonnes mœurs et les égards de la société me paraissent l’exiger : c’est ce que je ne pouvais entreprendre dans le temps que j’étais Comédien, pour les raisons que l’on trouvera dans le corps de mon Ouvrage.

5. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

On ne les connaissait pas du tems d’Aristote, puis qu’il dit dans sa Poétique ; « Les noms ne signifient rien, même doubles & séparés, comme Théodore, si l’on désunit les deux noms qui le forment, ni l’un ni l’autre ne signifient rien12. » Je crois avoir prouvé le contraire ; je vais le faire sentir encore mieux par ce même mot Théodore, que notre Philosophe soutient ne signifier qu’un simple nom d’homme. […] Dacier, qui fut plutôt d’Athènes que de Paris 3 , a tombé dans la même faute, si toute fois c’en est une ; on doit s’en prendre à l’éxcessive admiration qu’il ressentait pour les ouvrages de notre Philosophe, loin de soupçonner la justesse de son goût : si l’Auteur Grec avait soutenu que le blanc est noir, Dacier & la foule pédantesque des Commentateurs se seraient aussitôt mis à crier la même chose. […] Un grand nombre de Gens doctes ont soutenu qu’Aristote sur-tout n’était pas au rang des réprouvés.

6. (1588) Remontrances au roi Henri III « [Chapitre 2] » pp. 128-135

Ceux qui défendent telles choses disent une seule raison d’apparence, à savoir que tels jeux et spectacles, sont bons pour le menu peuple, afin de le détourner des berlanse et autres débauches qu’il fait lesdits jours de fêteRaisons de ceux qui défendent et soutiennent les jeux aux jours de fêtes. […] Les considérations susdites sont donc frivoles pour soutenir telle méchanceté. […] Raisons de ceux qui défendent et soutiennent les jeux aux jours de fêtes.

7. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

J’ôse me flatter qu’on me rendra assez de justice pour sentir que ce n’est que par ironie que je parais soutenir que les Personnages des nouveaux Poèmes doivent toujours être bas & vils. […] Plus il est prouvé que le genre naissant des Drames tant applaudis de nos jours s’est écarté des règles reçues, & soulève contre lui la critique & la raison, plus il est démontré que les Acteurs qui le soutiennent & le font valoir, ont des talens rares & supérieurs.

8. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VIII. Les spectacles favorisent les duels. » pp. 93-95

« Quel usage plus ridicule, dit Jean-Jacques Rousseau, que celui qui présente l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui jamais entra dans l’esprit humain, savoir, que tous les devoirs de la société sont suppléés par la bravoure, qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur, qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité, que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le tue ! Telle est la force de certains préjugés, qui, tout opposés qu’ils sont à la raison, se soutiennent toujours, et que les rois, armés de toute la force publique, ne peuvent détruire, parce que l’opinion, reine du monde, n’est point soumise au pouvoir des rois qui en sont eux-mêmes esclaves.

9. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Mes seules pensées ne soutiendront pas le nouveau Théâtre. […] Considérez qu’il soutient la Musique légére & bouffonne, plutôt que celle de l’Opéra-Sérieux ; car s’il avait entendu les Poèmes héroiques, se serait-il servi du terme de chanson ? […] S’il était méprisable, ainsi que le soutiennent de prétendus connaisseurs, verrions nous d’illustres membres de l’Académie Française s’abaisser à composer pour lui des ouvrages ? […] Après avoir soutenu qu’il est l’ouvrage du caprice & de la légéreté, « son regne dit-on, ne sera pas de longue durée ; il disparaitra aussi promptement que la mode des Pantins. […] Quoiqu’il en soit, elles soutiennent que de pareils intitulés désignent un genre grossier & vil, & qu’ils ne promettent rien d’absolument intéressant.

10. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Mon fils, soutiens ton nom. […] Elle ne fait point éclater, en regardant cette Urne, les αῖ, αῖ, φευ, φευ, des Grecs : elle jure de se venger, Faites m’en souvenir, & soutenez ma haine, O cendres, mon espoir aussi bien que ma peine. […] Cette Tragédie, qui n’a pu être soutenue que par un Génie très-grand & très-rare, est certainement admirable : mais est-elle la véritable ?

11. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

On ne peut pas douter que, dans les commencements, les Poètes, les Spectateurs et les Gouvernements n’ayent reconnu, d’un aveu unanime, que le Théâtre n’avait rien de mauvais, et qu’il méritait, au contraire, d’être soutenu et suivi ; mais, lorsque le profane fut resté en possession de la Scène, les sentiments se trouvèrent partagés. […] Dans ce cas, il change de sentiment en apparence, et soutient que le Théâtre est épuré, et qu’il n’y a pas une Pièce qui ne tende à la correction des mœurs.

12. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Enfin, Monsieur, je vous soutiens, quoiqu’en dise le Père Massillon, que le Poème dramatique est une Poésie indifférente de soi-même, et qui n’est mauvaise que par le mauvais usage qu’on en fait. Je soutiens que l’amour exprimé chastement dans cette Poésie, non seulement n’inspire point l’amour, mais peut beaucoup contribuer à guérir de l’amour les esprits bien faits, pourvu qu’on n’y répande point d’images ni de sentiments voluptueux.

13. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

On peut fixer cette seconde époque du Théâtre parmi nous, à Tristan l’Hermite, Mairet, Rotrou & Scudery, dont quelques Piéces soutiennent encore la lecture. […] Ses tableaux quelquefois aussi grands, mais mieux groupés, mieux dessinés dans l’ensemble, brillerent aussi d’une action plus ménagée & plus soutenue. […] Il semble que le Théâtre ne puisse plus se soutenir que par les Poémes des premiers Auteurs.

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