Si la matière est historique, et véritable, il y aura un peu moins de mal ; mais il y en restera toujours trop : Car ceux qui savent que c’est que de Poésieaf, voient assez, que ores queag le sujet soit historique, si le traite-t-on Poétiquement ; c’est-à-dire, on y mêle tant qu’on peut de menteries, et d’ordures païennes ; voire on estime, que tels excréments, sont les plus exquis ornements de l’ouvrage, qui serait méprisé, s’il n’était décoré, et embelli de telles fleurs ; le soin étant beaucoup plus grand, à représenter bien ; c’est-à-dire, au gré des spectateurs, et auditeurs ; qu’il n’est, à représenter chose bonneah, c. […] [NDE] comprendre : on met beaucoup plus de soin à représenter conformément aux attentes des spectateurs qu’à représenter des choses bonnes.
Il a soin d’ajuster aux courses de cet avanturier tous les événemens du temps, les affaires de Ladislas, de Casimir, de Michel, de Sobirski en Pologne, de Cromvel, de Charles II à Londres, du Duc de Guise à Naples, de Philippe IV à Madrid, de Mademoiselle de Montpensier, du Cardinal Mazarin en France, &c.
Il se plaint beaucoup de l’indécence des habits, & il soutient que la décence exige que les femmes ne laissent voir précisément que leur visage & leurs mains, encore même ont-elles soin de porter des gands.
On peut bien se persuader que sous un Prince toujours Philosophe il ne se passait rien dans les jeux publics qui fût indécent et déshonnête, rien qui pût choquer les belles maximes qu’il a composées, on les lit fort agréablement en notre langue par les soins de M. et de Madame Dacier, et il s’en est fait depuis quelques années une édition Latine en Hollande avec des commentaires. […] Il s’étend sur la folle prodigalité de ce Romain après quoi il ajoute : « J’ai pris soin d’écrire toutes ces choses, afin que ceux qui donneront des jeux à l’avenir, soient retenus par la honte, et qu’ils ne frustrent pas leurs légitimes héritiers, pour donner leur bien à des Comédiens et à des Danseurs. […] où il se pique de donner des préceptes honnêtes ; il recommande de fuir avec soin le Théâtre, persuadé que le son des instruments, les chansons et les danses amollissent et corrompent le cœur. […] L’on vous avertis de la part de Monseigneur l’Archevêque de Paris, que selon le saint Concile de Trente, et les Statuts Synodaux de son Diocèse, tous Paroissiens aient soin d’assister dignement à la Messe Paroissiale, aux Prônes, Commandements et Instructions qui se font en leurs Paroisses les saints jours de Dimanches. […] Or à mon avis, l’un des plus dignes soins de la bonté d’un Souverain envers ses sujets, est de les empêcher tant qu’il peut d’être oisifs.
Ils sont odieux par l’opprobre de leur origine : c’est le démon qui les a inventés, ce démon que Tertullien appelle le signe de la divinité, Simia divinitatis , pour imiter dans le soin qu’il prend de perdre les hommes, tout ce que Dieu a jamais fait de plus admirable pour les sauver.
Cette comédie toujours noble & grave seroit très-ennuyeuse, il a soin d’y mêler toujours des valers & des soubrettes, qui amusent par leurs saillies, leur naïveté, leurs bouffonneries ; mais il leur fait jouer un trop grand rôle.
Ils paroissent dans les meilleures compagnies, où on a soin de les présenter ; ils y entendent parler de tout ce qui peut exciter leur curiosité & développer le germe de leurs passions, & dans un âge si susceptible des impressions du vice on commence à le connoître & à se familiariser avec lui.
Au contraire rien de plus propre pour inspirer de la coqueterie que ces sortes de pieces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que prennent les pères & les mères de s’opposer aux engagemens & amourettes de leurs enfans.
Je vous déclare donc que bien loin de croire que le bien public m’autorise à critiquer les ouvrages de M. de Voltaire, je le regarderai toute ma vie comme un maître éclairé à qui je dois le peu de talents qu’on a la bonté de reconnaître en moi ; que je le regarde comme un ami dont le cœur est fermé à tout ce qui pourrait altérer ses sentiments en faveur de ceux qui s’y sont donné place, comme un protecteur moins attentif à ses intérêts qu’à ceux des personnes qu’il protège comme un père, aux soins et à la tendresse de qui j’ai l’obligation de n’être plus dans les chaînes de la finance, et à qui je dois l’avantage de pouvoir vivre avec l’aisance que les talents procurent à ceux qui les exercent ; quand je serais devenu sage, et que quand bien même je verrais malheureusement assez clair pour trouver quelque faute capable d’altérer tant soit peu le plaisir ou plutôt le ravissement que j’éprouve quand je lis ou que je vois représenter ses ouvrages, je ne m’en imposerais pas moins la loi de les défendre envers et contre tous.
Vous conservez avec le plus grand soin et le plus profond respect, les moindres parcelles de la sainte Hostie ; ne soyez ni moins soigneux, ni moins respectueux pour les paroles divines.