Encore que l’envie soit généralement condamnée, elle ne laisse pas quelquefois de servir ceux à qui elle s’attache le plus obstinément, puisqu’elle fait connaître leur mérite et que c’est elle, pour ainsi dire, qui y met la dernière main. […] Mais comme il est inouï de dire que l’on attaque une personne à cause qu’elle a du mérite, et que l’on cherche toujours des prétextes spécieux pour tâcher de l’affaiblir, voyons de quoi s’est servi l’auteur de ces Observations. […] Ce prétexte est grand, il est spécieux, il impose beaucoup, il permet de tout dire impunément, et quand celui qui s’en sert n’aurait pas raison, il semble qu’il y ait une espèce de crime à le combattre. […] Mais vous connaîtrez d’abord que la charité ne fait point parler cet auteur et qu’il n’a point dessein de servir Molière, encore qu’il le mette au commencement de son livre. […] vouloir que les choses qui doivent justifier un homme servent à faire son procès ?
Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui indispose l'âme davantage, non seulement aux principales actions chrétiennes, comme la prière; mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures. Ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes, qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui recherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir chrétiennement.
Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.
Les cérémonies de la Religion, la richesse des Temples, les ornemens sacerdotaux font un tableau de la Divinité & de ses mystères, instruisent, touchent, augmentent le respect, animent la dévotion, la piété s’en sert utilement. […] Dans tous les temps & chez tous les peuples, les habits ont servi à distinguer les états des personnes par la forme & les richesses, & à faire paroître les agrémens naturels par l’arrangement & la propreté ; jusques-là rien que d’innocent, & même de convenable. […] Les effets du sacrifice de Magdelaine sont tous divins, Dieu lui pardonne ses péchés, loue sa charité, elle devient un modèle de toutes les vertus ; Dieu se servit du crime d’Holopherne pour le perdre, & de la beauté de Judith pour l’aveugler ; mais le péché d’Holopherne n’est pas douteux, & malgré son courage & sa victoire qui sont dignes d’éloges, les moyens dont elle se servit sont-ils bien légitimes ? […] De quoi serviroit son fard s’il ne devoit lui procurer des amans ? […] doit-elle servir à conserver ou à réparer la virginité ?
Mais quelles sont les armes, dont se sert le démon, me demanderez-vous ? […] Mes chers frères, ne vous trompez pas, je vous le dis encore une fois, ne vous trompez pas : nul ne peut servir Dieu et aller danser avec le démon. […] Suivons Jésus-Christ, comme des soldats suivent leur capitaine, et servons-le fidèlement comme notre maître. […] Peut-être que le diable qui tient déja l’âme captive par d’autres plus fortes passions, néglige de se servir contr’elle de cette tentation qui est trop grossière. […] Que celui donc qui regardait auparavant les ouvrages des hommes avec étonnement, s’arrête à considérer ceux de Dieu, et se serve pour cela des yeux que la foi lui donne.
Tu es riche, mais il ne fait pas bon se fier à la fortune ; et après tout, tant d’équipage pour si peu de chemin, ne sert pas tant comme il embarrasse. […] Nous nous en servons, et déliées, et par bouquets, nous les sentons, et nos femmes s’en parent le sein. […] A quoi leur servent les fleurs s’ils n’ont point de sentiment, et s’ils en ont, pourquoi les exposer aux flammes ?
Majesté ayant été informée que la permission qu’elle avait donnée aux Comédiens de se servir dans leurs représentations de Musiciens jusqu’au nombre de six, et de Violons ou Joueurs d’instruments jusqu’au nombre de douze, pouvait apporter un préjudice considérable à l’exécution des ouvrages de Musique pour le théâtre du Sieur Baptiste Lully Surintendant de la Musique de la Chambre de Sa Majesté, dont le Public a déjà reçu beaucoup de satisfaction. Et voulant qu’elle ait toute la perfection qu’elle en doit espérer, Sa Majesté a révoqué la permission qu’elle avait donnée auxdits Comédiens, de se servir sur leur théâtre de six Musiciens et de douze Violons ou Joueurs d’instruments ; et leur permet seulement d’avoir deux voix et six Violons ou Joueurs d’instruments. Fait Sa Majesté très expresses défenses à toutes les Troupes de Comédiens Français et Etrangers établis ou qui s’établiront ci-après dans sa bonne Ville de Paris, de se servir d’aucuns Musiciens externes et de plus grand nombre de Violons pour les Entr’actes, même d’avoir aucun Orchestre, ni pareillement de se servir d’aucuns Danseurs ; le tout à peine de désobéissance. […] majesté ayant été informée qu’au préjudice de son Ordonnance du trentième jour d’Avril mil six cent soixante-treize, qui fait défenses à tous Comédiens de se servir de Musiciens externes, quelques-uns ne laissent pas de faire chanter sur leur théâtre des Musiciens, qu’ils prétendent n’être pas externes, sous prétexte qu’ils sont à leurs gages, et empêchent par ce moyen que les ouvrages de Musique pour le théâtre du sieur Lully, Surintendant de la Musique de la Chambre de Sa Majesté, ne puisse avoir tout le succés qu’on en doit attendre ; à quoi voulant pourvoir, Sa Majesté a ordonné et ordonne, veut et entend que ladite Ordonnance du trentième jour d’Avril mil six cent soixante-treize, soit executée selon sa forme et teneur ; ce faisant permet auxdits Comédiens de se servir de deux Comédiens de leur troupe seulement pour chanter sur le théâtre, et leur fait très expresses défenses de se servir d’aucuns Musiciens externes, ou qui soient à leurs gages, à peine de désobéissance. […] majesté étant informée qu’au préjudice des défenses qui ont été ci-devant faites aux Troupes de ses Comédiens Français et Italiens, d’avoir dans la représentation de toutes sortes de pièces de théâtre, plus de deux voix qui doivent être de leur Troupe, et six Violons sans aucuns Danseurs ; lesdits Comédiens ne laissent pas de contrevenir aux Ordonnances qui ont été rendues à cet effet, en se servant de voix externes, en mettant un plus grand nombre de Violons, et même faisant faire des entrées de Ballets, et autres Danses : A quoi Sa Majesté voulant pourvoir, Sa Majesté en confirmant ses Ordonnances des trente Avril mil six cent soixante-treize, et vingt-un Mars mil six cent soixante-quinze, a fait très expresses inhibitions et défenses auxdits Comédiens Français et Italiens, de se servir d’aucunes voix externes, pour chanter dans leurs représentations, ni de plus de deux voix d’entr’eux ; comme aussi d’avoir un plus grand nombre de Violons que six, ni de se servir d’aucuns Danseurs dans lesdites représentations, sous quelque prétexte que ce soit ; à peine de cinq cents livres d’amende pour chaque contravention, au profit de l’Hôpital Général de sadite Ville de Paris ; Enjoignant Sa Majesté au sieur De la Reynie, Lieutenant Général de Police, de tenir sa main à l’exécution de la présente Ordonnance, qui sera à cet effet publiée et affichée partout où besoin sera.
Mais voyons si vous vous servez moins mal de Saint Cyprien, que de Tertullien. […] D’ailleurs qu’était-il nécessaire que vous découvrissiez par les moyens dont vous vous êtes servi, les excès que les Pères condamnaient ? […] On voit bien que Dieu ne se sert guère de votre ministère pour convertir le pécheur, ou pour entretenir le pécheur converti dans l’horreur du péché. […] Et ce qu’il y a de particulier et qui fait encore plus contre vous, c’est que Saint Charles veut que les Prédicateurs se servent pour tout cela des mêmes raisons et des mêmes arguments dont Tertullien, Saint Cyprien, Salvien et Saint Chrysostome s’étaient servis. […] Pour vous faire voir sur quel fondement je la puis tirer, je ne me sers que d’une raison qui me paraît sans réponse.
A quoi me sert un Oreste furieux, ainsi qu'Euripide le représente, ou un autre qui vient nous entretenir du meurtre qu'Alcméon fît de sa mère, ou bien celui qui porte un masque, ou qui fait des grimaces ayant l'épée au côté, et jetant des cris, ou celui qui s'habille d'une manière indigne d'un homme; laissons les fables d'Agesilaus, et du Poète Ménandre; pourquoi perdrais-je le temps à admirer dans les fables un Joueur de flute, et pourquoi m'arrêterais-je à considérer un Antigenide Thébain, disciple de Philoxene, qui faisait ce métier ? […] Comme les règlements même de la discipline humaine nous servent de préjugé contre ce dérèglement. […] Mais il n'y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin, et avec quel agreement les hommes et les femmes y sont parés; l'expression de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s'entretiennent, ne sert qu'à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées: Enfin nul ne va à la Comédie qu'à dessein de voir, et d'y être vu: Comment un homme se représentera-t-il les exclamations d'un Prophète, en même temps qu'il sent frapper ses oreilles par les cris d'un Acteur de Tragédie ? […] On peut justement appeler les Théâtres, et la carrière des courses publiques, une Chaire de pestilence ; Car tout ce qui se fait en ces Lieux est plein de confusion et d'iniquité : Ces assemblées ne fournissent que trop de sujets d'impureté, où les hommes et les femmes étant ensemble, s'occupent à se regarder : C'est là où se tiennent de pernicieux conseils, lors que les regards lascifs excitent de mauvais désirs ; et les yeux étant accoutumés à regarder impudemment les objets qui sont auprès d'eux, se servent de l'occasion qui se présente pour satisfaire leur cupidité. […] S'ils disent que les Spectacles leur servent seulement de jeu et de divertissement pour relâcher leur esprit; Nous leur répondrons, qu'il ne faut jamais acheter un divertissement par une vaine et inutile occupation : car un homme sage ne préférera jamais ce qui est agréable, à ce qui est plus honnête et plus avantageux.
D’une excuse de laquelle se servent ordinairement les gens du monde, pour justifier la conduite des jeunes hommes, et des jeunes filles qui vont au bal. […] Craindra-t-on bien que ces hommes ou ces filles ne trouvent point des occasions de se marier, s’ils ne se servent des moyens vicieux ou dangereux afin de rencontrer un parti ?