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306. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Dire que les spectacles influent sur les mœurs & les corrigent, c’est un paradoxe ridicule : je n’ai jamais vu les jeunes gens en revenir que plus amateurs d’eux-mêmes & plus dissipés. […] Sans doute un amour insensé rafraichit & désaltere : galimatias ridicule & bas, qui découvre la bassesse & la corruption des sentimens. […] Cet homme à part, cette subite métamorphose sont un vrai galimatias ; ce talent suprême, cette rareté, cet esprit, ce caractere distinctifs sont des excès de ridicule ; sa naïveté sans doute est une grace, quand elle est placée à propos : mais elle a ses défauts aussi, & n’a jamais joui, non-plus que les autres talens, du privilége d’être exempte de discussion.

307. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Il ne fut jamais naturel de voir les Immortels folâtrer et les plus hauts Etres descendre aux actions les plus basses : un Roi qui ferait toutes les grimaces et tous les tours d’un sagouin, ne serait pas à beaucoup près si ridicule et si impertinent. […] Cet assemblage bizarre n’est-il pas inventé pour rendre ridicule le tout, et chaque partie réciproquement aussi peu croyable que l’autre ? […] par exemple, qui n’est qu’un Demi-diable tremble qu’« à son retour on ne le promène dans un équipage ridicule d’un bout de l’enfer à l’autre, parce qu’il s’est mal acquitté de sa commission ». […] Car ce qui ne fait point d’impression ne fait point non plus de plaisir : et alors il y a du ridicule à se donner de la peine d’aller à un spectacle précisément pour y être spectateur. […] Ririons-nous d’entendre tourner en ridicule le Texte sacré ?

308. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Ils travestirent la morale pure de l’évangile et ils y substituèrent une morale mondaine, une morale relâchée, qui ne fait consister la religion, que dans de simples pratiques, que dans des croyances symboliques et mystiques, qui dans les fausses religions, sont si fabuleuses et si ridicules. […] Les prêtres des anciennes religions firent en conséquence tous leurs efforts pour égarer et fatiguer l’esprit humain, par les idées théologiques les plus incohérentes, les plus inconcevables ; par des fables ridicules, par des mystères absurdes et inexplicables.

309. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Contradictions et inconséquences humaines, êtes-vous plus déplorables que ridicules ? […] Dans la satire qu'il fit des habitants d'Antioche, il se moque, comme du plus grand ridicule et du plus grand désordre, de leur fureur pour le théâtre, il lance les mêmes traits contre les Empereurs ses prédécesseurs qui l'avaient aimé.

310. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Mais le goût dépravé du libertin doit-il vous empêcher d’assister à ces chefs d’œuvres de l’art, où le ridicule du vice est seul capable de faire aimer la sagesse ?

311. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Il ne cherche point l’abri de son nom pour en parer l’ouvrage qu’il médite, il manqueroit son but, & blesseroit sa propre délicatesse ; mais ce Grand dont le pouvoir est toujours plus fort quand il a moins d’éclat, détournera les coups de l’autorité ; il répandra des éloges, les accréditera auprès de la multitude ; les Censeurs couverts par le ridicule, seront réduits au silence ; ainsi ce même homme puissant qui n’auroit pu défendre, comme protecteur, cet écrit, le fera triompher comme panégyriste.

312. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Que diriez-vous, mais que ne dittes vous point tous les jours de ces Ecclesiastiques, qu’on a tant de peine à distinguer des personnes les plus prophanes, qui affectent une propreté si mondaine, des habits si vains, des ajustemens si ridicules, des maniéres si peu seantes à leur êtat ?

313. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité.

314. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Térence, qui à l’exemple de Ménandre s’est modéré sur le ridicule, n’en est pas plus chaste pour cela ; et on aura toujours une peine extrême à séparer le plaisant d’avec l’illicite et le licencieux.

315. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

J’attends avec impatience la Critique que vous nous promettez d’un ridicule national, vicieux et très-commun : je croirais que ce serait l’Esprit Philosophique, si ce caractère était celui de notre Nation, chez laquelle le vrai Philosophe est fort rare, si l’on entend par ce mot ceux qui enseignent et qui pratiquent les maximes de la bonne morale, et si nous n’avions pas vu naître dans ce siècle l’abus scandaleux de ce titre respectable, et la plus fausse Philosophie.

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