Tout y est idolâtrie et superstition, dans l'origine, le titre, l'appareil, la dédicace, les circonstances, la représentation du théatre. […] Ils ont connu que rien n'était plus propre à leur attacher les hommes et à les détacher de Dieu, que les représentations théâtrales ; ils en ont inspiré le dessein, et donné le goût : « Ejusmodi autium ingenia inspirasse ».
Ils taisent à dessein que la Discipline ne parle pas des Comédies, qui sont d’ordinaire des fictions fabuleuses, mais seulement de la représentation de quelque histoire. […] 5. d’une composition sur quelque belle histoire, diligemment examinée par un Colloque, à toutes les pièces qu’il prendra fantaisie aux Comédiens de jouer, qui pour la plupart sont des fictions, dont le thème est un amour sale, et dont la représentation préjudicie à la Société ? […] Comprendre : « les représentations causent cent fois plus de mal qu’il ne peut découler de bien d’une fin morale montrant que ces mauvaises pratiques n’ont pas eu une bonne issue ». […] Il s’agit de Francesco Patrizi qui, dans le chapitre II, 6 de son De Institutione reipublicae libri novem que Vincent invoque au chapitre XI, récuse toute idée de représentation mais admet que les gens de lettres lisent les pièces (f. 123v de la trad. […] Comprendre : les pasteurs assistent au théâtre contre leur serment d’obéir à la discipline ecclésiastique qui le leur interdit (« les » = les représentations théâtrales).
Le Prélat s’éleve contre les chants passionnés de Lulli, contre les dangers de représenter, même l’amour légitime à cause des circonstances qui l’accompagnent, contre les scandales mêlés aux représentations du Théâtre ; il ramene à son opinion les Peres, les Philosophes anciens, Platon, & même le Philosophe Grec ; enfin il combat la Comédie par la vie sérieuse que commande l’esprit de la Religion.
Outre cela cette tristesse que cause la Tragédie est un chatouillement de l’Ame : & Descartes remarque dans son traité des Passions, que de même que le chatouillement, quand les nerfs ont assez de force pour le soutenir, cause un sentiment agréable qui deviendroit douloureux, si les nerfs n’avoient pas assez de force pour y resister, la tristesse que nous causent les Représentations Tragiques ne pouvant nous nuire en aucune façon, semble chatouiller notre ame en la touchant, & ce chatouillement cause un plaisir.
en m’offrant leurs fables, leurs représentations insensées.
Voici une troisième sorte de violateurs et de pécheurs publics auxquels Messieurs les Juges devraient s’opposer, parce qu’il y va de la gloire de Dieu, de l’honneur de l’Eglise, et du bien des fidèles ; et ne le faisant pas, ils participent à tous les crimes qu’ils commettent et font commettre ; ce sont les Comédiens, Tabarins, Bateleurs et Vagabonds, lesquels autorisés par Messieurs les Magistrats, perdent une infinité d’âmes par leurs sales représentations et discours impudiques.
pour éxemple des ces sortes de jeux les représentations de chasses, où l’on fait voir beaucoup d’adresse à poursuivre une bête fauve, à l’acculer, à la percer, après tous les tours & détours qu’elle a faits pour éviter la mort, jusqu’à fatiguer long-tems & lasser même les chasseurs. […] Les comédies de leur tems n’étoient que des représentations déshonnêtes de mille obscénités, qui en gâtant l’esprit des assistans, corrompoient aussi leur cœur : elles étoient même impies ; & si l’on y représentoit nos Saint Mystéres, ce n’étoit que pour les tourner en ridicule.
La singularité y attira la premiere fois un monde infini ; son indécence & sa platitude le fit détester à la seconde représentation : le grand Maréchal & le Baron de Kurt n’y virent presque personne. […] C’est une imitation renversée du fameux théatre de Scaurus qui tournoit à volonté, & faisoit voir successivement différentes représentations.
A plus forte raison s’interdit-on la représentation, plus dangereuse que la lecture, de toutes ces pieces : licence de représentation qui doit être sans bornes, puisque la plûpart des scènes Italiennes, comme on peut voir dans Ghérardi, ne sont ni apprises par cœur, ni composées, mais de simples esquisses, une sorte de canevas, sur lesquels chaque Acteur & chaque Actrice fait toutes les postures, & dit tous les mots qui lui viennent dans la tête, eh, quelle tête !
Foix, dans sa Préface des Veuves Turques, fait beaucoup valoir que l’Ambassadeur de la Porte, alors à Paris, ayant vu représenter sa piece, la lui demanda & en accepta la dédicace, & que son fils, qui entendoit assez bien le François, la traduisit en Turc, honneur, dit-il, qui n’avoit jamais été fait à aucune piece de théatre, & qu’on la représentoit dans les serrails des Seigneurs de Constantinople, du Capitan Pacha, du grand Muphti, du grand Visir, & même dans celui du grand Seigneur, tant elle est dans le goût & l’esprit d’une nation si chaste par tempéramment & par religion, Ses deux pieces, Arlequin au Serrail, & le Derviche qui épouse six filles dans son isle déserte, méritent aussi-bien que les Veuves le double honneur, le seul qui leur convienne, de la traduction Turque & de la représentation au serrail. […] Elle devoit bien l’être, le public n’est pas scrupuleux ; on en fit de grandes plaintes, elle mérita l’animadversion de la police, qui en défendit la représentation.