P as reconnue ! […] Lorsque nous sommes arrivées chez moi, une calèche me dérobait si bien aux regards, que personne de la maison ne m’a reconnue : nous sommes montées pour attendre Mr. […] J’ai cessé de l’écouter ; j’ai pris mon fils dans mes bras ; & plus clairvoyant par l’instinct seul de la nature, ce cher enfant m’a reconnue ; il balbutiait, en me souriant, le nom de maman.
Eveillez-vous encore peu davantage, et reconnaissez qu'on ne se rend point agréable à la Majesté de Dieu par les exercices qui déshonorent la dignité des hommes. […] Combien y a-t-il de personnes qui se reconnaissent ici dans la peinture que je vous fais des gens du monde ? […] Je demanderais volontiers à ceux que les grandeurs et les richesses font reconnaître par-dessus les autres, de quel supplice serait digne un esclave qui outragerait son maître de qui il viendrait de recevoir la liberté ? […] Nous reconnaissons d'une étrange façon les effets de ses souffrances ; nous avons reçu notre rédemption et notre vie par le moyen de sa mort, et ce bienfait n'est payé que par les vices d'une vie débordée. […] Nous les suivons toutefois après le Baptême ; nous savons bien que ces Spectacles sont des inventions du Diable: nous y avons renoncé ; d'où s'ensuit nécessairement qu'en y allant volontairement et avec dessein, nous devons reconnaître que nous retournons au Diable ; car après tout nous avons en même temps renoncé à l'un et à l'autre, et avons confessé que l'un et l'autre sont la même chose.
Ce sentiment intime nous engage à nous humilier devant lui ; à reconnoître que cet Etre suprême demeure dans une lumière inaccessible pour nous ; & que l’homme qui, conduit par ses propres lumières, prétend nous donner une définition exacte de cet Etre suprême, des qualités qui lui sont propres, de ce qui est possible en Dieu, & de ce qui y est impossible, mérite autant le titre d’insensé que celui qui dit dans son cœur, il n’y a point de Dieu 8. […] Vous faites profession de reconnoître la divinité de la Révélation : ainsi je me dispense de vous rappeller ici les preuves qui nous déterminent à la recevoir avec soumission ; & je me contenterai de vous indiquer en peu de mots notre manière de raisonner, en conséquence de la persuasion où nous sommes, à l’égard des dogmes qu’elle nous enseigne, & surtout à l’égard de la divinité de notre Sauveur. […] Il nous suffit par conséquent de voir que les Prophètes, les Evangélistes & les Apôtres s’accordent pour donner à Jésus-Christ le nom, les attributs & les prérogatives de la Divinité, pour nous déterminer à l’adorer comme vrai Dieu, & à reconnoître avec l’Apôtre9 qu’il est juste qu’au nom de Jésus-Christ tout genou se ploie dans les cieux & sur la terre.
Platon lui-même leur reconnaît cet avantage, lorsqu’il admet Aristophane à son Banquet. […] Les Italiens ont eux-mêmes reconnu la supériorité du comique Français ; & tandis que leurs Histrions se soutiennent dans le centre des beaux Arts, Florence les a proscrits de son Théâtre ; & a substitué à leurs Farces les meilleures Comédies de Molière traduites en Italien. […] c’est à cette précision qu’on reconnaît Molière, bien mieux qu’un Peintre de l’antiquité ne reconnut son rival, au trait de pinceau qu’il avait tracé sur une toile. […] Les hommes, dit-on, ne se reconnaissent pas à leur image : c’est ce qu’on peut nier hardiment : on croit tromper les autres, mais on ne se trompe jamais ; & tel prétend à l’estime publique, qui n’oserait se montrer, s’il croyait être connu comme il se connaît lui-même.
Ulysse, par exemple, à la faveur de sa cicatrice est reconnu d’une façon par sa Nourrice, & d’une autre façon par ses Bergers. » [Il y a moins d’art dans cette derniere, où Ulysse découvre exprès sa cicatrice, pour vérifier son discours, au lieu que dans l’autre c’est sa Nourrice qui le reconnoît en la voyant. […] Comme les Sujets qui rassemblent toutes ces perfections sont rares, il reconnoît que les grands Sujets de la Tragédie ne se trouvent que dans le petit nombre de ces anciennes Familles, fameuses par leurs malheurs. […] Athalie arrive, lui demande le Trésor qu’il a promis, il fait tirer le rideau qui couvroit Joas assis sur son Trône, & par les preuves qu’il donne à Athalie, la force à reconnoître que l’Enfant qu’elle voit est Joas. […] Lorsqu’Athalie est elle-même forcée de reconnoître celui dont elle occupe le Trône, celui qui reconnu son Roi, va la faire égorger : personne ne peut plus douter de la certitude d’une Reconnoissance qui produit la Catastrophe, Athalie perdant une autorité usurpée, & succombant sous l’autorité légitime. […] La Péripétie est la mort de Phocas : les deux Princes ne sont reconnus qu’après cette mort, & comme alors ils n’ont plus à le craindre, qu’importe au Spectateur, qui des deux soit Héraclius ?
Tout à-coup la Religion, toujours reconnue & respectée de cet Homme de Lettres, mais combattue encore dans son ame par la fausse gloire, par l’habitude, par l’autorité des exemples, la Religion acheve de lui dessiller les yeux. […] Au milieu de ces contrariétés & de ces doutes de mauvaise foi, poursuivi par l’évidence, j’aurois dû reconnoître dès-lors, comme je le reconnois aujourd’hui, qu’on a toujours tort avec sa conscience, quand on est réduit à disputer avec elle. […] J’ai tout lieu d’espérer que ce sujet, s’il doit être de quelque utilité, y parviendra bien plus sûrement sous cette forme nouvelle, que s’il n’eût paru que sur la Scène, cette prétendue école des Mœurs où l’Amour-propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités morales, le plus lumineusement présentées, n’ont que le stérile mérite d’étonner un instant le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger les vices, & sans parvenir à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres, & les ridicules de tous les rangs.
Il ne faut pas du moins, que nos faiblesses nous empêchent de reconnaître la sainte rigueur de sa loi, ni d’envisager le maintien austère de la vertu chrétienne ; au contraire, il faut toujours voir la vérité toute entière, afin de reconnaître de quoi nous avons à nous humilier, et où nous sommes obligés de tendre.
La Bruyere, dont les sentimens ont été reconnus si orthodoxes par son fameux Chapitre contre les Esprits forts, ne peut dissimuler que les Personnes pieuses ne connoissent qu’un seul péché au monde, qui est l’amour. […] Cette Piéce, adoptée par Moliere, & ensuite par Thomas Corneille, est, comme l’on sçait, tirée de l’Espagnol ; & l’on y reconnoît aisément le goût de la Nation, pour mettre des moralités dans la bouche des Valets. […] Quoique les Prêtres de Jocaste soient assurément reconnus pour des imposteurs, ces Vers, dans l’esprit des jeunes gens, occasionnent trop une mauvaise application. […] Après avoir parlé avec toute la délicatesse que la circonstance exigeoit, il reconnoît Moliere pour le fléau du ridicule, il loue M. de la Chaussée de la pureté de ses Piéces, & convient que, par le bien qu’il en a entendu dire, ses Piéces semblent concourir au but que la Chaire se propose, de rendre les hommes meilleurs. […] D’ailleurs, le trop grand usage des plaisirs permis est répréhensible, & peut toujours être l’objet de l’attention des Théologiens ; mais, pour le général des hommes, un honnête délassement d’esprit a toujours été reconnu absolument nécessaire.
Si, à la sublimité de la morale prêchée par notre maître, on reconnaît déjà sa divine origine, combien, mes chers auditeurs, les paroles que je viens de citer et qui sont sorties de sa bouche, ne devaient-elles pas disposer les cœurs à son adoption, et préparer la faiblesse humaine à en accepter, je ne dirai pas le fardeau, mais la douceur et la consolation ! […] h Un roi que le remords poursuit, dévore, et qui ne reconnaît d’autre recours que dans le prêtre qui l’a soumis à sa loi par la menace et la terreur de l’enfer : ce roi, sous le coup d’une absolution conditionnelle et toujours suspendue, abdique, sans le savoir, en faveur de son confesseur, et bientôt sa couronne avilie, écrasée sous les pavés, n’étonne plus que les fourbes, les perfides qui ont précipité leur victime dans l’abîme. […] Sans doute, nous y reconnaissons plus facilement nos voisins, mais il est impossible que nos traits échappent à nos regards, et si nous détournons la tête lorsque nos yeux les rencontrent, c’est déjà un des salutaires effets de la comédie. Permettez-moi, mes chers auditeurs, un rapprochement dont vous reconnaîtrez l’exactitude. […] Nous vous supplions d’ouvrir leurs yeux à la véritable lumière, afin qu’ils reconnaissent que votre morale s’adresse aux hommes vivant en société, et non à l’homme s’isolant de la société à laquelle il appartient, afin qu’ils ne proscrivent plus les distractions, les plaisirs qui apportent quelque soulagement à leurs maux.
Le Saint Evêque de Marseille, Salvian, parlant des spectacles, dans le sixième livre qu’il a fait du gouvernement de Dieu, est fort éloigné de les faire passer pour divertissements, puisqu’il les condamne avec tant de chaleur : voici ses propres termes : « Aller aux théâtres, dit ce Saint, est une espèce d’apostasie de la foi, une prévarication mortelle de ses Symboles et célestes Sacrements » : car, de grâce, quelle est la première confession que font les Chrétiens, lorsqu’ils sont admis au Sacrement salutaire du Baptême, si ce n’est dire et protester, qu’ils renoncent au diable, à ses pompes, aux spectacles que tu reconnais et confesses être des œuvres du diable ? Tu as une fois renoncé au diable et à ses spectacles ; ainsi il s’ensuit nécessairement qu’allant aux spectacles à dessein et de propos délibéré tu retournes en effet à ton premier maître qui est le diable : car ayant en même temps renoncé à tous les deux, et ayant dit et reconnu que le diable et ses pompes n’étaient qu’une même chose ; retournant vers l’un, tu retournes aussitôt vers l’autre : car je renonce, dis-tu, au diable, à ses pompes, aux spectacles et à ses œuvres, et après cela, tu dis, je crois en Dieu le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ son Fils.