Ce qui se trouvoit de plus beau dans toutes ces fêtes, c’est que l’Empereur défraya toute la Cour ; tous les habits, toutes les parures, furent faites à ses dépens : ce qui est bien plus noble & plus grand que tous les spectacles François, où non seulement on ne donne rien, mais où au contraire on rançonne le public à l’entrée ; ce qui va fort au delà des frais qu’il a fallu faire. […] On voit à Amsterdam trois sortes de maisons qui ont le crime pour objet, les deux premieres pour le faire commettre, la troisieme pour le punir, savoir, le théatre & les lieux publics, & une maison de correction pour les femmes perdues. Il y a des théatres de toute espece, comme à Paris, où l’on donné tous les jours quelque spectacle, & des lieux publics, comme en Italie.
Un Être en peinture qui n’existe plus depuis deux mille ans, un Être sorti de la fange, un fils de savetier, une servante de cabaret, une fille livrée au public. […] Aujourd’hui cet ouvrage est inconnu, on a fait tant de progrés dans les sciences, que ce qui étoit alors un problème, est devenu une vérité ou une erreur connue de tout le monde ; il semble qu’il a voulu amuser le public & faire montre de son esprit par des paradoxes où il traite le pour & le contre. […] Ezéchiel XXIII. 44. dit que les Chaldéens sont venus en Judée, & voyant des femmes fardées n’eurent pas besoin d’autre enseigne, & sans les connoître entrèrent tout de suite dans leurs maisons, comme chez des femmes publiques, & ne se trompèrent pas, ad eam ingressi sunt quasi ad meretricem .
L’Héroïde lui tient fort au cœur : il y a mis beaucoup de prétentions, & le public n’en fait aucun cas. […] Dorat ne peut se convaincre qu’il ait sérieusement regardé comme un scandale public la faculté d’orner, la raison dégager la morale, d’intimider les méchans . Ce n’est pas entendre les termes une faculté n’est pas un scandale ; mais employer ses talens à jouer des comédies & fournir matiere au Théatre, & à favoriser l’infame & pernicieux metier des Comédiens, c’est aux yeux du sage Gresset & de tous les gens de bien, un scandale publique qu’il a dû réparer publiquement, très-sérieusement, comme il a fait.
Dans les premières années du règne de Tibère, le Sénat fut obligé de faire un Règlement, pour défendre aux Sénateurs de fréquenter les écoles de Pantomimes, & aux Chevaliers Romains de leur faire cortége en public.
Les Grecs, les Latins, et avec eux les Auteurs dramatiques de tout pays ont pensé que la vraie définition de la Comédie, c’est d’être une représentation qui nous fait voir nos faiblesses, comme dans un miroir ; qui nous découvre les illusions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que nous sommes, et que la risée du Public nous fasse connaître combien nous sommes ridicules.
Elise n’est par contente de ces raisons, parce qu’elle conçoit clairement que rien au monde pourra mettre son honneur à couvert, lorsque la démarche de Valère sera rendue publique ; on l’accusera toujours avec fondement d’y avoir donné son consentement, et par conséquent on la croira coupable, etc… d’ailleurs Elise a raison d’être offensée de ce que Valère ne lui a point obéi, et n’est point sorti de la maison selon ses ordres dès le premier moment qu’elle a su qu’il y demeurait.
En effet, le Théâtre avait alors un frein, il redoutait les Censeurs publics ; et l’office de celui qui présidait au Chorus était établi pour arrêter la licence des Dramatiques. […] Au regard des bonnes mœurs, Eschyle est sur cela d’une attention qui tient du scrupule : il comprenait qu’on ne saurait rendre un plus mauvais service à l’Etat que de corrompre les hommes ; et que la ruine publique a le plus souvent sa racine dans la dissolution des peuples. […] Par conclusion : le Poète condamne le Philosophe à une peine publique à cause de ses singularités. […] Cette riposte caractérise bien Hercule ; elle le peint aussi au naturel qu’un singe représenterait le Grand Seigneur dans une audience publique.
Si ce n’est là tout le contraire de l’Évangile, j’avoue que je ne m’y connais pas ; et il faut entendre la religion comme Desmarets entend l’apocalypse, pour trouver mauvais qu’un chrétien et un théologien étant obligé de parler sur cette matière, appelle ces gens-là des « empoisonneurs publics », et tâche de donner aux chrétiens de l’horreur pour leurs ouvragese. […] [NDE] « Empoisonneurs publics » : expression d’abord employée par Nicole dans Les Hérésies imaginaires pour désigner les poètes et faiseurs de romans et reprise par Racine qui reprochait à Nicole ces mots.
» « Toutes les personnes qui entrent dans ces lieux profanes, et qui contribuent de leur bourse à les soutenir, quelque modique que soit d’ailleurs la somme, doivent se considérer comme ayant contribué, autant qu’il a été en elles, au succès de ces instruments de corruption, et se sont en conséquence rendues complices de l’exercice public et patent de l’impureté et de la profanation. […] Un homme ne doit pas penser qu’il n’a aucune part dans un acte de charité publique, parce qu’il n’est que l’un des dix mille individus qui y ont contribué : s’il a obéi à un sentiment de charité religieuse, et s’il en est résulté d’heureux et vastes effets, sa conscience lui dit qu’il participe à tout le bien auquel il a contribué.
Ignorez-vous que l’on y rencontre le collége de la luxure, que l’on y reçoit des leçons publiques d’incontinence ?