On doit aux femmes cette inondation de théatres particuliers qui dans toute la France porte dans le sein des familles le poison du libertinage. […] Les spectacles particuliers sont le tête à tête ; les portes & les murailles y tendent des pièges, non-seulement parce qu’avant & après on trouve, on fait naître les occasions & les prétextes, qu’on ne joue la comédie que pour s’en ménager, mais encore parce que la petite assemblée est entierement soustraite aux regards du public. […] Turpin, homme sage & plein de zèle, dans la Préface de la Vie de M. de Condé : L’éducation actuelle de notre jeunesse est l’ouvrage d’un peuple de batteleurs & d’histrions aussi vils que ceux qui les payent ; une fille formée par de tels instituteurs semble être destinée à ranimer un jour les organes engourdis d’un Visir dédaigneux ou d’un Sultan stupide, pour quatre raisons ; 1.° la jeunesse va librement à la comédie, & se lie avec les Comédiens ; 2.° toute la tournure de son éducation la porte à goûter, à apprendre, à jouer la comédie ; 3.° la plûpart de ses maîtres & maîtresses sont dans leurs sentimens & leur conduite de vrais Comédiens ; 4.° tous ceux qui leur enseignent les choses d’agrément, la danse, la musique, les instrumens, la déclamation, &c. sont en effet des gens du théatre. […] des Religieux à la porte de leur couvent, sous les yeux de leur Supérieur !
On a cette espèce d’admiration pour les Saints, pour les Héros, pour les grands génies qu’on ne voit pas Mais dans l’état de corruption où nous a plongé le péché originel, cet amour pur, dégagé de la chair & du sang, d’un sexe à l’autre, est bien rare, s’il n’est une chimère, sur tout dans le rafinement & l’excès où cette Dame philosophe le porte. […] Mais non cette apologie porte à faux à tous égards. 1.° Les Actrices, par-tout sans pudeur, paroissent dans les provinces avec aussi peu de retenue. […] le démon y triomphe, il s’élance dans les cœurs par tous les traits que l’immodestie lui porte : Figurâ nudâ dæmon assidet. […] Quelque engageans que soient les agrémens du visage, il porte son antidote ; une sage modestie, une prudente gravité en imposent ; la vertu s’y peint avec les traits les plus respectables, l’ame se montre toute entiere sur ce miroir ; elle inspire l’estime, la crainte, le respect ; elle édifie, elle gagne, arrête, refuse, défend, exerce une sorte d’empire : un coup d’œil suffit pour déconcerter les plus téméraires & étouffer tous les sentimens corrompus que la beauté pourroit faire naître.
Ces lois, faites pour tous les états, ont une application naturelle aux Comédiens, soit par rapport à leur état et à leur personne, puisque étant dans la dernière classe, ils n’ont droit à aucune prérogative, et doivent être habillés de la manière la plus simple ; soit par l’abus qu’ils en font et qu’ils en font faire, personne ne porte plus loin les excès du luxe des habits, et par le goût et l’exemple rien n’est plus contagieux dans le public. […] 14.) ne nous laissent pas la peine de la faire, elles disent en termes exprès : « Tels sont les présents que l’on fait aux femmes prostituées, et ce que l’on donne aux Comédiens. » Les Comédiens étant tolérés dans le royaume, peuvent donc, quelque mauvais que soit leur métier, retenir ce qu’on leur donne à la porte ; mais comme il n’y a que leur métier de toléré, tout ce que les Actrices savent si bien gagner par leurs artifices, leur séduction, le commerce de leurs charmes, et qu’elles oseraient gagner par leur adresse à corrompre les autres, devrait être restitué aux pauvres. […] Elle en mène adroitement plusieurs de front, par la sage distribution de ses heures et de ses caresses, des rendez-vous judicieusement ménagés, et des portes de derrière habilement pratiquées. […] Elle en fit trophée, en reçut les compliments, et plusieurs se firent écrire à sa porte.
Il lui demande depuis quand elle la porte : depuis que je respire, Seigneur, répond-elle. […] Un confident de Danaüs vient lui dire que les portes du Palais sont forcées.
J’ai remarqué au Titre du respect dû aux Eglises, que l’Ordonnance du 24 Juillet 1728 défend d’afficher aux portes des Eglises des pièces de théâtre, à peine de destitution. […] « On voit encore aujourd’hui au lieu même où subsiste la Comédie Italienne, au-dessus de la porte qui donne dans la rue Françoise, les attributs de la Passion représentés en relief ; emblême, dit Villaret, de la piété des premiers Instituteurs de ce théâtre.
Et ces farces exécrables dont en France on fait un dessert de ciguë aux représentations tragiques et sérieuses, mériteraient sans doute une sévère punition du Magistrat parce que les mauvais propos et abominables que l’on y tient ne corrompent pas seulement les bonnes mœurs et n’apprennent pas seulement au peuple des mots de gueule, des traits de gausseries et des quolibets sales et déshonnêtes mais le porte à l’Imitation des friponneries et sottises qu’il voit représenter et qui par ses yeux (lesquels sont plus vifs que l’ouïe) passent dedans son cœur. […] Non madame je n’abandonnerai point vos pieds refuge de mes misères, tables qui me sauveront du naufrage, que je n’aie obtenu la bénédiction que je demande à votre Majesté par tout ce qu’il y a de plus saint au ciel et en la terre, par les plaies de mon Sauveur et le vôtre, par les mamelles de sa mère, par les mérites et le martyre de cette glorieuse Vierge Sainte Cécile dont je viens de représenter la constance, par la présence de votre époux le plus grand Roi que le soleil éclaire ; par l’amour qu’il vous porte et que vous lui portez, et par cette insigne piété qui vous relève autant sur toutes les Princesses de la terre que votre Majesté est élevée sur les têtes de ses sujets.
A mesure que la religion & les mœurs sont attaquées, il n’est pas surprenant qu’il s’élève des défenseurs du théatre, qui porte les plus funestes coups à l’une & à l’autre. […] Fléchier, Evêque de Nîmes, porte plus loin la précaution ; il ne veut pas qu’on imprime des écrits en faveur du théatre. […] Tout cela porte à faux ; Gresset étoit applaudi & méritoit de l’être, & le dépit de se voir condamné par un Auteur célèbre, qu’on ne peut accuser d’ignorance ni de foiblesse, n’ôte rien à la solidité de ses raisons & à la vérité de sa morale.
Le Poète qui voudra connaître particuliérement le Théâtre auquel son génie le porte, verra que les règles sont générales, du moins parmi une Nation, & qu’on ne saurait par conséquent les suivre avec trop de soin.
c’est presqu’un instinct coquet qui la porte vers lui : il ne faut pas souffrir cela : la sympathie opérerait, & ma fille, un jour, serait une volage… En vérité je suis folle.
La Comédie ayant enfin reçu des loix de la décence & du goût, la Parade cependant ne fut point absolument anéantie : elle ne pouvait l’être, parce qu’elle porte un caractère de vérité, & qu’elle peint vivement les mœurs du Peuple qui s’en amuse : elle fut seulement abandonnée à la populace, & reléguée dans les Foires, & sur le Théâtre des Charlatans, qui jouent souvent des Scènes bouffones, pour attirer un plus grand nombre d’acheteurs.