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389. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

On ne se contente pas de suivre le vice, on veut encore qu'il soit honoré et qu'il ne soit pas flétri par le nom honteux de vice, qui trouble toujours un peu le plaisir que l'on y prend, par l'horreur qui l'accompagne.

390. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

L’histoire nous apprend, en rougissant, que l’affreux Tibère faisoit servir l’enfance même à ses plaisirs ; mais ce n’étoit pas le crime de Rome entière ; il n’y avoit point à Rome de rendez-vous autorisés, de lieux privilégiés, de foires où l’on exposât cette nouvelle marchandise bien parée, arrangée avec art, où le riche libertin et le viellard dégoûté vinssent acheter à ses parens l’innocence d’une fille de dix à onze ans. […] Cassandre, vieux & gouteux, déclare entermes formels son impuissance pour les plaisirs. […] Chez quelques uns l’espérance de goûter un plaisir peu commun à voir ces tendres beautés s’évertuer autour d’eux a flatté leurs penchans libertins. […] Il n’est qu’un plaisir, il n’est que deux besoins pour tout ce peuple d’oisifs volontaires ; ils s’écrient aussi : du pain et le Cirque. […] La porte d’entrée, à tous ces sanctuaires du plaisir, est ouverte par les ris, les amours, le dieu du vin, le dieu du jeu, le dieu de la table.

391. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Je n’aurai donc jamais envie De cette liberté ravie, Serait envier son plaisir : S’il est permis que je regrette, C’est la perte n’en fût faite, Si tôt que j’en eus le désir.

392. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Parmi ces commotions où consiste tout le plaisir de la comédie, qui peut élever son cœur à Dieu ?

393. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

Par ce moyen il poussait la démonstration jusqu’au premier principe, et ôtait à la comédie tout ce qui en fait le plaisir, c’est-à-dire, le jeu des passions.

394. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Bien loin d’exiger à son entrée, ce feu d’artifice, ce bal, ce festin, il le désendit ; & préférant le plaisir d’être utile à la Gloriole d’une fête, qu’une nuit auroit terminée, il voulut que les sommes qui y étoient destinées, fussent employées à marier des pauvres filles. Ses vues bienfaisantes furent exécutées ; on assembla toutes ces filles & leurs fiancés, dans le Consistoire de l’Hôtel-de-Ville, les Capitouls les conduisirent à l’Autel, où M. de la Galaistere, l’un des Grand-Vicaires (à l’absence de M. de Lomenie, Archevêque, qui demeure depuis plusieurs années à Paris, & qui, sans doute, se seroit fait un plaisir d’assister à la cérémonie ;) après un discours où il joignit à une exhortation convenable, l’éloge le plus vrai, du Magistrat, auteur de la fête, leur donna la bénédiction nuptiale ; de l’Autel, les époux avec chacun quatre de leurs parents, passerent à la salle où on leur avoit préparé un repas, après lequel on leur permit de danser à leur maniere, jusqu’au soir ; la plus grande décence, & une parfaite tranquilité accompagnerent la franche & agréable gayété qui y regnoit. […] (réflexion ridicule, il y a peut-être deux ou trois femmes d’Officiers François) Le séjour des François opere des grands changements dans les mœurs : les festins, les danses, les comédies ont succédé aux horreurs de la guerre ; ce prodige a été opéré par le caractère (frivole & libertin) d’une nation qui répand par-tout l’amour du plaisir : Incidit in Scyllam cupiens vitare caribdim. […] Après le soupé, un beau feu d’artifice, suivi d’un bal paré, où se réunirent les graces & le plaisirs : qui sait mieux les réunir que les élégants Magistrats du dix-huitieme siécle.

395. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Les femmes n’étoient point encore admises dans les troupes ; depuis qu’elles en font le plaisir, la nudité des Satyres a passé aux Actrices. […] La Grèce avoit un genre de drame inconnu parmi nous, la tragédie satyrique, que le seul plaisir de la médisance avoit introduit. […] Il alloit avec fureur aux combats des gladiateurs & des bêtes, où l’on se tuoit ; il s’amuse de la vûe des supplices, des événemens tragiques, des batteries, des querelles, des injures de la populace ; il se repaît avec volupté de la satyre, de la médisance, des railleries où l’on déchire la réputation, &c. ce qui fait un des plus grands plaisirs & un des plus grands désordres du théatre, puisque rien n’est plus opposé à la religion, à la vertu, au bien de la société, que d’entretenir dans l’homme cette passion meurtriere. […] C’est son esprit, son emploi, sa vie, son plaisir.

396. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

La Rime dans sa Prose serait une faute impardonnable ; ce n’est que dans les Vers qu’on lui permet de paraître, encore prend-elle tant de formes diverses, qu’on la voit toujours avec un nouveau plaisir. […] On voit avec plaisir le trop de vivacité, de fracas & de maniéré, corrigé par une lenteur aimable, & par un beau simple. […] On jouira encore du plaisir de discerner quel est le genre des plus fameux Musiciens de notre Théâtre favori. […] Cette histoire est du moins la preuve que ce n’est pas d’aujourd’hui que les Musiciens Français n’aiment pas leurs rivaux d’Italie : j’ai cru que le Lecteur la lirait ici avec plaisir.

397. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

C’est la demande de l’eloquent Salvien, qui y ajoute : « Si Dieu daigne vous regarder quand vous vous trouvez à la Comedie, il doit par une suite necessaire se plaire aux choses qui s’y passent : mais puisqu’il en detourne les yeux, il les detournera aussi de vous. » Mais je veux qu’une personne soit de bronse ; & qu’au milieu du feu elle n’en sente aucune affection, aucun mouvement qui l’amollisse : cependant c’est cette prétenduë insensibilité qui est la plus vaine illusion, & en quoi consiste son mal : car la vanité, cette dangereuse passion, qui s’attache aux plaisirs du monde, fera du progrés, qu’elle n’appercevera pas d’abord, mais qui ne deviendra ensuite que trop sensible par l’insensibilité, qu’elle aura bientôt à tous les mouvemens d’une devotion chrétienne. […] Une jeune Demoiselle n’a pas encore éteint toutes les étincelles de la devotion, elle se flâte même qu’elle n’est pas enivrée des plaisirs du monde : cependant elle a une terrible demangeaison pour la Comedie : mais le remors salutaire de la conscience contre-balance ce desir : que dit-elle pour en étouffer les justes cris Madame *** est d’une probité reconnuë, & elle y va bien : je ne prétens pas à une vie plus reglée : on la voit si souvent qu’elle s’approche de la Sainte Table : elle est d’une devotion exemplaire : il n’est pas croiable, que son Confesseur lui permettroit la Comedie, s’il jugeoit, qu’elle y pechoit en s’y trouvant : ainsi donc, resoud cette jeune Theologienne, je m’y trouverai aussi, & je ferai comme je vois faire aux autres, dont l’âge & la vertu me peuvent être une juste regle. […] Une vie comme celle là, c’est à dire, une vie qui se passe dans les plaisirs du monde, n’est point une vie, c’est une mort spirituelle, c’est l’ombre de la mort éternelle ; & l’ombre n’est pas plus proche du corps qu’elle suit, que cette sorte de vie est proche de l’enfer. […] « C’est vous joüer, mon frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anatheme au demon, comme vous avez fait recevant sur les Fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joies, qu’il vous présente dans ce spectacle de vanité. » Elle a raison la Demoiselle, que du moins les Devotes s’en doivent absténir : & ce seroit à juste titre qu’elle se scandaliseroit, si quelqu’une de ces Demoiselles, qui se sont volontairement engagées à passer leur vie en priéres & en œuvres de charité, venoit se montrer dant la Comedie ; si elle veut prendre, diroit elle fort bien, part à nos plaisirs & à nos passetems, qu’elle renonce à sa vie retirée & à la profession : voila, Madame, quels seroient les justes sentimens de cette fille sur la conduite des Devotes : mais pourquoi ne s’applique-t-elle pas des regles si justes & si raisonnables ?

398. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le sieur Calhava, qui a des talens ; mais bien frivoles, encouragé par le public, & toujours refusé par les comédiens, se plaint sur un ton tragique que ces abus criant influent sur les mœurs & les plaisirs du public, dont le Théatre est la ressource. Il dit plus vrai qu’il ne pense : ce plaisir dangereux est une source féconde de mauvaises mœurs. […] Qu’un Misantrope amer, dans son triste loisir, se fasse une vertu de fronder le plaisir ; moi, je sai compatir à l’humaine foiblesse, & Ninon à mon gré l’emporte sur Lucrece. […] Mercier a la témérité de dire, Nosseigneurs les Comédiens doivent être subordonnés à l’Auteur : ils tyrannisent jusqu’à nos plaisirs. […] Il les croit essentielles au plaisir du Spectacle (non à la vertu apparemment) ; mais il veut les perfectionner selon ses idées.

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