Puisse le Seigneur arracher du cœur de ses serviteurs tout désir d’un plaisir si dangereux : avertat Deus à suis tantam voluptatis exitiosæ cupiditatem. […] Vous vous trompez, mes Frères, & je n’en veux point d’autre preuve que le plaisir même que vous y trouvez. Oui ; ce plaisir prouve que vous avez reçu dans votre cœur l’impression de toutes les passions qu’on y représente. […] Je dis plus : la part que vous prendriez à ces dangereux plaisirs ne pourroit qu’anéantir aux yeux de Dieu le mérite de votre bienfaisance. […] Je dis plus : la part que vous prendriez à ces dangereux plaisirs ne pourroit qu’anéantir aux yeux de Dieu le mérite de votre bienfaisance.
: Vous n’avez encore qu’à dire, que le luxe, que la mollesse, que l’oisiveté, que les excessives délicatesses de la table, et la curieuse recherche du plaisir en toutes choses, ne font aucun mal aux riches, parce que les pauvres, dont l’état est éloigné de tous ces attraits, ne sont pas moins corrompus par l’amour des voluptés. […] Qui saurait connaître ce que c’est en l’homme qu’un certain fond de joie sensuelle, et je ne sais quelle disposition inquiète et vague au plaisir des sens qui ne tend à rien et qui tend à tout, connaîtrait la source secrète des plus grands péchés. […] C’est une racine envenimée qui étend ses branches par tous les sens : l’ouïe, les yeux, et tout ce qui est capable de plaisir en ressent l’effet : les sens se prêtent la main mutuellement : le plaisir de l’un attire et fomente celui de l’autre, et il se fait de leur union un enchaînement qui nous entraîne dans l’abîme du mal. Il faut, dit Saint Augustin, distinguer dans l’opération de nos sens la nécessité, l’utilité, la vivacité du sentiment, et enfin l’attachement au plaisir sensible : libido sentiendi. […] Ces trois qualités ont Dieu pour auteur : mais c’est au milieu de cet ouvrage de Dieu, que l’attache forcée au plaisir sensible et son attrait indomptable, c’est-à-dire la concupiscence introduite par le péché, établit son siège.
Mais aussi comme un fidèle mari et lui-même ami autant que plus il aime sa femme, autant en est (dit-il) plus jaloux, ne veut qu’elle prenne principalement plaisir et délectation qui ravît et lie l’âme qu’en lui et avec lui : ainsi notre Dieu veut que nous quittions tous autres plaisirs qu’en lui et avec lui. […] Ce qu’a fait que contemnant les plaisirs mondains et charnels, il a trouvé consolation et exaltation en la croix et affliction : comme aussi ont fait tous ceux qui l’ont suivi. Au contraire Lucifer se plaisant et contentant en l’amour de soi-même, a été privé de la consolation et communication de l’amour de Dieu, lequel seul peut bien-heurer et contenter en tout plaisir et délectation. Et pour cette cause étant réprouvé de Dieu, souverain plaisir, il a été fait malheureux, quels il tâche faire tous ceux qui se laissent abuser par ses maudites suggestions ès plaisirs mondains et charnels toujours dangereux, mais principalement pernicieux, les jours des fêtes, quand la délectation de l’âme avec Dieu son époux, doit prévaloir les voluptés corporelles cessantes, le corps et l’esprit ne pouvant aisément se réjouir ensemble. […] [NDE] Chapitre au sujet des fêtes : que les jours fériés consacrés à la majesté suprême, nous voulons qu’ils ne soient occupés d’aucun plaisir; ce même jour la scène théâtrale ne réclamera rien pour elle, ni le combat du cirque ou les spectacles pleins de larmes des femmes.
… « Anathème donc contre les plaisirs, les fêtes et les bals ! […] … Anathème aux plaisirs ! […] Ces plaisirs diffèrent suivant nos goûts, nos habitudes, le genre de notre travail et de nos occupations. […] La fatigue qui résulte des plaisirs, est le véritable repos de l’ouvrier. […] Cependant, mes chers auditeurs, ce sont ces nobles plaisirs, ces doux délassements, ces distractions qui satisfont notre esprit, notre intelligence ; ce sont, enfin, ces diverses émotions de peine ou de plaisirs que l’Eglise romaine frappe de toute sa réprobation.
: d’où il conclut « que le plaisir étant le repos de l’homme », selon Saint Thomas, il peut prendre au jour de dimanche celui de la comédie, pourvu que ce soit après l’office achevé : à quoi il tâche encore de tirer Saint ThomasPage 55. [« Lettre d’un théologien », page 55]. […] Rechercher son plaisir et encore un plaisir d’une aussi grande dissipation que celui de la comédie, quand on aurait songé alors à de semblables divertissements, eût été une profanation manifeste du saint jour. […] , d’avoir cherché leur plaisir « en son saint jour » : d’avoir regardé « le Sabbat comme un jour de délices », ou comme un jour « d’ostentation et de gloire » humaine : il leur montre la délectation qu’il fallait chercher en ce jour : « Vous vous délecterez, dit-il, dans le Seigneur » Ibid. […] D’autres le tournent d’une autre manière, mais qui va toujours à même fin, puisqu’il demeure pour assuré que les délices et la gloire du Sabbat est de mettre son plaisir en Dieu : et maintenant on nous vient donner le plaisir de la comédie, où les sens sont si émus, comme une imitation du repos de Dieu et une partie du repos qu’il a établi. […] En vérité on pousse trop loin la licence : les commandements de Dieu, et en particulier celui qui regarde la sanctification des fêtes sont trop oubliés, et bientôt le jour du Seigneur sera moins à lui que tous les autres ; tant on cherche d’explication pour l’abandonner à l’inutilité et au plaisir.
Il faut se rendre à ce palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l'art de tromper les yeux par les couleurs, l'art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] Tous les plaisirs violents produisent le même effet. […] Le plaisir fait naître le besoin du plaisir, et d'un plus grand plaisir ; l'habitude en émousse la pointe. […] Bernard appelle un plaisir frivole et puérile : « Spectacula, quid prosunt corpori ? […] Le sérieux doit être assis sur le trône ; au comble de la gloire, de la puissance et des richesses, a-t-il besoin des plaisirs frivoles de l'enfance ?
En effet, ou le Spectacle attache et fait plaisir, ou l’on en est mécontent. […] On s’était livré à tout ce qui pouvait agiter l’âme, et lui faire sentir du plaisir par cette agitation ; et rien ne découvre mieux cette volonté secrète, que l’indignation contre les personnes qui n’ont pas su troubler notre repos. […] Les Spectacles sont cette frénésie réduite en art ; il n’y a pas moyen plus court pour convertir en plaisirs nos maladies, en nous renversant la raison ; car tout ce qu’on y voit et qu’on y entend ne s’adresse qu’aux sens et à la cupidité. […] Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de vouloir voir ce qu’on ne veut pas être : car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui tourne le cœur ; et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie, et qu’il soit autrement disposé que ce qu’il aime. […] Il est vrai que peu de personnes connaissent tout le danger des passions, dont on n’est ému que parce qu’on en est le Spectateur ; mais elles ne causent guère moins de désordre que les autres, et elles sont encore en cela plus dangereuses, que le plaisir qu’elles causent, n’est point mêlé de ces peines et de ces chagrins qui suivent les autres passions, et qui servent quelquefois à en corriger : car ce qu’on voit dans autrui touche assez pour faire plaisir, et ne le fait pas assez pour tourmenter.
Qu’on livre son cœur à tous les plaisirs mondains, et à cent divertissements peu chrétiens, parce qu’on en doit bientôt faire pénitence ? […] Et l’on demande après cela quel mal il y a dans tous ces plaisirs du carnaval ! […] L’esprit du monde, l’intempérance dans les repas, les excès dans le jeu, les assemblées de plaisirs, la comédie et les bals sont-ils moins condamnables en carnaval qu’en Carême ? […] Quelle secrète aversion, si quelque personne vertueuse ose désapprouver ces sortes de plaisirs ? Et Jésus-Christ lui-même est-il mieux traité, si pour condamner ces plaisirs qu’il proscrit si hautement, on s’avise de citer sa parole ?
qu'est-ce que la cruauté, que de voir avec plaisir le mal d'autrui ? […] Faire goûter le plaisir des passions, sans en ressentir les inquiétudes et les peines. […] Elles produisent cependant la même émotion, qu'on dit un plaisir, dont on se fait un amusement. […] un plaisir mêlé de tant d'amertume vaut-il ce qu'il coûte ? […] Tout y est ennemi du travail, et n'en parle que pour s'en plaindre, et n'est occupé que de son plaisir.
Depuis la delicatesse & le luxe éleverent leurs desirs, firent fixer ces choix changeans, & ajuster vn lieu proche les murs de la Ville, qui fût comme consacré à leurs plaisirs. […] Claude fit bastir de Marbre les Loges des bestes destinées aux plaisirs du Peuple. […] Les Modernes suivant plutost le luxe que la raison, ont voulu des plaisirs de prix & qui coûtassent également de l’argent, du soin & du sang. […] Tout cet assemblage d’esclaves destinez aux cruels plaisirs de ces premiers temps, estoit apellé famille. […] Parce que comme ils estoient braues & choisis pour estre comme domestiques & particulierement destinez aux plaisirs des Empereurs, ils estoient demandez par le peuple.