Qu’attendre d’un fanatique singulier qui se plaît à hipercritiquer l’Univers entier, & qui souvent pousse l’extravagance au point de ne pas être de son avis ? […] Il continue ainsi : « Un peuple badin veut de la plaisanterie & du ridicule (trahit sua quemque voluptas) il faut pour leur plaire des Spectacles qui favorisent leur penchant, au lieu qu’il en faudrait qui les modérassent. » Notre homme se combat de ses propres armes. […] Il est des loges grillées dans presque tous les Spectacles pour le premier, l’Avocat s’y place où il lui plaît. […] Dans les premiers temps du Théâtre, les Actrices guidées par le desir de plaire par leur propre talent, n’achetaient point les applaudissemens par la prostitution comme je l’ai vu souvent ; le mérite seul était récompensé ; on vénérait les talens & la conduite, au lieu que dans ce temps où la débauche est au dernier point, une malheureuse renommée par le libertinage & le nombre d’illustres Amans va ravir la palme due à l’Actrice de mérite, décorée de la sagesse.
Le desir de plaire au Clergé a décidé, la troupe, dans ces deux drames, les Gardes d’Assuérus & d’Athalie ont été habillés en Pénitens ; on trouve dans quelques vieux Rabins, dont les ouvrages sont, dit-on, dans le Talmud, que l’uniforme des Gardes Juifs & Assiriens étoient des sacs de Pénitent, avec leur capuchon .
Elles plurent au cardinal Bibiana & au cardinal Jean de Médicis, depuis Pape Léon X, qui les firent représenter à Rome.
Leur beauté naturelle auroit-elle pu plaire à des Spectateurs accoutumés aux désordres de Rowe, d’Otwai, de Dryden ?
Ou plutôt, plaise au ciel que rentrant en elle-même elle déteste ses voies perverses, et abandonne son infâme métier, et nous édifie autant par son repentir, qu’elle nous a scandalisés par ses désordres.
L’amant dont elle mérite la conquête est un Holopherne qu’elle s’efforce de seduire, pour en faire sa proie, ce qui n’est pas bien difficile : il est pris au premier coup d’œil, il va au-devant de ses fers, il étale le plus grand lune pour plaire. […] D’abord apres la mort de son mari elle bâtit au haut de sa maison une chambre & un oratoire où, sans voir personne, elle passoit les jours en prieres avec ses femmes, quoique jeune encore, d’une beauté parfaite, ayant tous ce qu’il faut pour plaire au monde.
« Je demande maintenantd (dit ce sçavant homme) si les masques plaisent à Dieu ; puisqu’en defendant de faire aucune figure, il défend à plus forte raison de faire des figures de son image. […] Il se trouvera des gens qui se plaisent si fort à cela, qu’ils ne croïent pas qu’il y ait au monde un plus grand divertissement que de courir ainsi masquez par les maisons.
» Plût à Dieu que nous ne fussions pas même obligés de demeurer dans le monde avec ces gens-là : cependant dans cette fâcheuse nécessité, nous devons en être séparés dans les choses mondaines. […] Au reste, je n’ai fait jusqu’ici tout ce détail, que comme pour répondre à des païens : car à Dieu ne plaise, qu’un chrétien veuille en savoir beaucoup pour renoncer aux spectacles.
Leur imagination frapée se peignait sans cesse le Calvaire, & toute la Terre-Sainte en proie aux Sarasins : il était donc naturel qu’on se plut à voir en action ce qui occupait tous les esprits.
Le Vaudeville deviendrait alors d’une difficulté prodigieuse, j’en conviens ; il aurait aussi plus d’agrémens, il plairait d’avantage en paraissant plus naturel.