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77. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Ce privilége exclusif ôte au peuple une nourriture saine, & empoisonne l’aliment grossier qu’on lui sert. […] Qu’importe, le peuple comme le grand n’a besoin que de Théatre : l’aimer, c’est avoir toutes les vertus ; il en est la vraie école. […] Il traduisit en vers les Pseaumes de la Pénitence, & composa quantité de poésies sacrées, Noëls, Cantiques en françois & en patois bourguignon, que le peuple chante avec plaisir ; comme Corneille qui termina sa vie par la traduction de l’Imitation de J.  […] Le Peuple fut long temps par vous-même abusé ; Il s’est lassé du sceptre, & le sceptre est brisé. […] Jugez au nom du peuple, & tenez au Sénat, Non la place des Rois, mais celle de l’Etat.

78. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Elle ne perd pas l’honneur, pour renoncer à la vanité ; ny n’est degradée de noblesse, pour se familiariser auecque le Peuple, & se mesler des affaires populaires. […] Il ne tonnoit pas deuant le Peuple, quand il n’estoit question que de faire nettoyer les ruës de la Ville, ou de releuer vn pan de muraille, qui estoit tombé, ou de taxer la viande de la boucherie. […] D’ordinaire on oppose les vertus ciuiles aux militaires : La Philosophie, & particulierement la Philosophie Stoïque, est vne source escartée, où le menu Peuple ne puise point. […] Ils espouuentent le Peuple par leurs maximes fieres & superbes. […] On court apres eux, par ce que le Peuple ayme les Prodiges, & que les Cometes sont plus regardées que le Soleil.

79. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Un autre secret du Machiavélisme, c’est d’amuser les peuples par des spectacles, pour les distraire sur les malheurs publics, ce qui procure par-tout tant de protection à Thalie. […] Mais, quoiqu’il ne soit pas en état de faire comme Novere un piece entiere en pantomime, tous les hommes, mêmes les enfans, le peuple, les muëts & les étrangers, qui ne savent pas la langue du pays, parlent & entendent naturellement ce langage : la passion l’enseigne, les femmes sur-tout y sont éloquentes, parce qu’elles ont plus de délicatesse & de sensibilité. […] Il faut que les tyrans fassent ensorte que leurs sujets s’accusent les uns les autres, se troublent eux-mêmes, & que l’ami persécute l’ami ; qu’il y ait de la discussion entre les riches, & de la discorde entre le peuple & les opulens ; ils auront moins de moyens de se soulever. […] L’histoire est pleine de ces traits : rien n’est nouveau sur la terre ; tous les tyrans ont opprimé les peuples de bien des manieres. […] Telle fut la politique des Romains qui leur fit conquérir le monde : c’est un vrai Machiavélisme nuancé de quelques vertus Quelle fut encore la politique de César, d’Auguste, de Tibere qui détruisit la république, en particulier le luxe, le faste, les spectacles, le libertinage, en amollissant les peuples.

80. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Ils ne doivent point oublier qu’ils sont destinés à faire le bonheur des peuples. La puissance séculière doit, lorsqu’il est nécessaire, montrer un bras armé pour maintenir sa propre autorité et faire respecter la religion, non seulement par le peuple, mais encore par les prêtres eux-mêmes, qui, si souvent, se sont livrés à des excès en tout genre et se sont fourvoyés tant de fois, dans un système de fanatisme anarchique et d’envahissement de pouvoir ! […] C’est là qu’ils prétendent régler les intérêts des souverains, des gouvernements et des peuples. […] Ce premier pas a déjà été funeste, et les conséquences en ont toujours été désastreuses, pour les souverains et pour les peuples. […] Quoique ces juges soient en apparence indépendants, ils ne sont que des juges ordinaires, dont l’indépendance ne ressemble en rien, à celle des anciens parlements qui, autrefois, formaient un contrepoids politique entre l’Etat et le peuple.

81. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Vous serez sûrement le premier Philosophe (M. d’Alembert) qui jamais ait excité un Peuple libre, une petite Ville, et un Etat pauvre à se charger d’un Spectacle public. […] Calomnie atroce, qui attaque par un écrit public tous les peuples policés ! […] Le peuple Français est sobre, laborieux, spirituel, industrieux ; il a la douceur de son climat ; il n’engendre point de monstres ; il n’est point couvert de forfaits. […] Rousseau met ces Montagnons, dont il a oublié les mœurs, la société et le caractère, au-dessus de tous les peuples de la terre. Il lui fallait un peuple qu’il ne connût pas, pour pouvoir en aimer un.

82. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

C’est la danse que le Peuple Juif pratiquait dans les Fêtes solennelles établies par la Loi, ou dans des occasions de réjouissance publique, comme lorsque David fit transporter l’Arche. […] Aussi les Danses sacrées se sont-elles conservées long-temps : dans le milieu du dernier siècle, on voyait encore à Limoges les Prêtres & tout le Peuple danser en rond dans le Chœur de saint Léonard, en chantant, Sant Marciau, pregas per nous, & nous epingaren per bous. […] A Mexico, avant que la barbarie Européenne eût détruit un Peuple libre, & sur lequel elle n’avait point de droits, on dansait dans les cours du Temple la Mitote ; cette Danse consistait à figurer deux cercles l’un dans l’autre : l’intérieur était formé par les Grands ; l’extérieur par des gens les plus graves d’entre le Peuple, & les Instrumens étaient au milieu.

83. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Il n’y a presque plus de Peuples de l’Europe, qui ne fassent leurs délices de nos Pieces & de nos Acteurs. […] C’est chez les Peuples dépourvûs de cet amusement instructif, que l’amour est le plus sujet à s’égarer. […] L’histoire de l’univers nous montre plus de vices chez les peuples privés de cet amusement plus utile encore qu’agréable, que partout ailleurs. […] Les Lacedemoniens devoient être les plus grands des hommes, le premier Peuple de la Grece. […] Voilà les mœurs respectables de ce peuple : voilà le digne fruit de l’extrême sévérité des loix de Lycurgue.

84. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Sortie de Tutele, mais consultant encore ses cinq Ministres, elle gouverna aussi bien elle-même, elle avoit de la bonté, de la franchise, elle étoit économe, ne faisoit point de dépense inutile, elle avoit l’humeur guerrière, dans le goût des peuples du nord. […] Si Christine n’avoit point connu le théatre, elle eut été heureuse, & eut rendu ses peuples heureux. […] Les peuples visigots & ostogrots ne s’amusoient point d’un pantomime, d’une arriette, d’un pas de trois, & n’apprécioient les Clairons, les Molés, les Guimards que ce qu’ils valent. […] Enfin après avoir été plusieurs années à se consulter, à s’observer, à se sonder, menacer, s’appaiser ; car elle n’en avoit nulle envie, sa résolution fut prise & exécutée, on se fit beaucoup de complimens de part & d’autre ; elle fit semblant de pleurer en quittant un si bon peuple, ce peuple fit aussi semblant de pleurer en perdant une si bonne Reine. […] De son côté, Sa Majesté mourante ne pouvoit se lasser d’admirer la fidélité d’un peuple qui la chassoit, parce qu’il étoit très-mécontent de sa conduite.

85. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Elle est complette, & la fin ne laisse rien à désirer, puisque Joas proclamé Roi par tout le Peuple, & délivré de ses ennemis, est paisible possesseur du Trône qui lui appartient. […] Prêt à couronner Joas, il apprend la foiblesse de tout le Peuple que la crainte a dispersé ; il se contente d’en gémir, Peuple lâche en effet & né pour l’esclavage Hardi contre Dieu seul ! […] Le Peuple, comme je l’ai dit ailleurs, pleure sur un Scélérat conduit au supplice, quand ce Scélérat témoigne son repentir par ses pleurs, parce que flentibus adsunt humani vultus. […] On peut bien dire qu’alors tous les Spectateurs étoient Peuple, ce qui arrive aussi parmi nous. […] Les Peuples du Nord en comparaison de ceux de l’Orient, y sont insensibles, & nous trouvons souvent parmi nous des hommes qu’elle ne touche point.

86. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Convient-il, Mes très chers Frères, d’étaler sur des Théâtres un attirail de vanité, d’y jouer des scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjonctures où chaque Citoyen doit prier pour son Prince ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes, et touché d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière, et fait passer de son cœur Royal dans celui de tous ses sujets, son humble confiance en Dieu, et sa charité pour son peuple. […] Vous croyez peut-être, Mes très chers Frères, qu’il est bon d’amuser et d’étourdir, pour ainsi dire, les craintes et les inquiétudes des peuples, et de leur mettre à la place de tant de tristes objets qui les environnent, des idées qui les divertissent.

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