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506. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Personne ne nie que les désordres de la Comédie, contre lesquels les Pères ont employé leur zèle et leur éloquence, ne fussent des désordres véritables.

507. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

 : « Pour bien faire connaître, dit-il, qu’est-ce que le théâtre, et en déclarer l’essence, on peut dire que c’est le temple de Vénus, où la volupté est traitée, estimée, honorée et adorée comme une divinité ; c’est la citadelle ou le fort où toutes sortes d’impuretés se pratiquent avec toute licence et effronterie » : ensuite de quoi il rapporte un exemple d’une femme chrétienne, dans le corps de laquelle le diable entra, pendant qu’elle assistait aux spectacles : car comme on faisait les exorcismes pour chasser cet hôte cruel, le chargeant de malédiction de ce qu’il avait été si cruel, que d’entreprendre sur une personne fidèle, il répondit toujours, ‘Dieu l’a ainsi permis, pour rendre témoignage de l’abomination de ces lieux infâmes, et quand j’en ai ainsi usé, ça a été avec justice, l’ayant trouvée sur ma terre, et dans un lieu où je suis le Seigneur et le maître’.

508. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Lorsque je commençais, il y a plus de quarante ans, à étudier sérieusement le Théâtre, je trouvais d’abord, dans les Anciens et dans leurs Commentateurs, des règles qui choquèrent ma raison ; je fis bien des réflexions en conséquence ; mais, ne me fiant pas à moi-même et craignant de me tromper, je soumis mes lumières à la grande autorité de ces hommes qui, pendant plusieurs siècles, nous ont servi de guide, et je n’osais même communiquer mes doutes à personne.

509. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Ce sont des défauts de cette espèce qui font que les personnes sans prévention, en convenant que Molière est le père du vrai Comique de situation, de la véritable économie théâtrale, ne regardent pas ses Ouvrages comme de parfaits modèles, & qu’elles condannent les mœurs du plus grand nombre de ses Pièces. […] Les premiers viendraient de son état, & nuiraient à l’importance ; les seconds, de sa personne, & seraient contraires à l’intérêt & à l’agrément. […] Dès qu’une jeune personne sera mariée, elle cessera de paraître sur le Théâtre national. […] non-seulement la belle conformation du corps en serait le fruit, mais la santé y gagnerait infiniment, si tous les jours, les jeunes-gens que renferment nos Colléges, les jeunes personnes qu’on élève dans les Couvens de filles, donnaient trois heures à des Danses vives, savantes, compliquées, où tous les membres seraient exercés. […] La convenance dans les habits d’hommes sera règlée par les Directeurs : les Directrices, de leur côté, décideront de la parure des Actrices-Citoyennes ; & jamais une jeune personne ne se montrera sur le Théâtre que sous l’habit & les accompagnemens qu’elles auront approuvés.

510. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Il en convient ; & il est surprenant qu’avec des idées si peu favorables de ses ouvrages, il ait voulu s’exposer au grand jour de l’impression, qui dans une personne de son rang le livre à toute l’Europe Ma cervelle est assez bizarre pour barbouiller des vers aussi faux que mauvais. […] Tous ces défauts littéraires ne nous auroient pas arrêté ; mais il est des fautes contre la religion, les mœurs & la décence, que la piété ne permet pas de pardonner, 1.° un esprit caustique qui n’épargne personne, même les Rois & les Pontifes. […] Il parle sur le même ton à Voltaire, avec qui il étoit encore plus lié, & dont mieux que personne, il connoissoit les mœurs & les sentimens.

511. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Il s’agit d’examiner si Alceste est un galant homme tourné mal à propos en ridicule ; si la pièce, comme vous vous l’imaginez, est contraire aux bonnes mœurs ; si un homme qui dit durement son avis sur tout, qui ne s’embarrasse jamais de mortifier personne, qui prend le Dé à tous coups, et s’établit orgueilleusement le Juge et le Précepteur du genre humain, qui joint l’insolence à la brusquerie, n’est pas un homme vicieux et blâmable ; et si la probité est un titre qui exclue la politesse et la modestie. […] « Les uns parce qu’ils sont méchants ; Et les autres pour être aux méchants complaisants. » dd C’est à ces derniers surtout à qui votre homme en veut : il les trouve des gens abominables, parce que moins féroces que lui et ne voulant se brouiller avec personne, ils laissent aller le monde comme il va, bien persuadés que le rôle de Réformateur est aussi dangereux qu’inutile à jouer. […] Enfin croyez-vous que personne s’imagine qu’une pareille fourberie découverte, les acteurs en seraient quittes pour s’excuser sur la Léthargie de la dupe ?

512. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Prêtres, Exorcistes, Ministres du Dieu vivant, ne me reprochez point d’avoir fait usurpation d’une femme qui appartint à vôtre Jesus-Christ ; non elle n’étoit point à luy, elle n’étoit point de ses sujettes, ny de son royaume, je l’ay trouvée dans ma maison, je l’ay trouvée sur mes terres, je l’ay trouvée dans mon Eglise & dans l’assemblée de mes bons serviteurs, & de mes fideles servantes, j’ay usé de mon droit, j’en ay pris prossession, personne ne me la doit disputer, elle m’appartient de bonne guerre, in meo eam inveni , je ne l’ay point été prendre dans sa maison, ny dans vos Eglises, je l’ay rencontrée dans un lieu qui est à moy, je m’en suis rendu le maître, je ne la quitteray point. […] Je ne puis comprendre par quelle juste raison on pretend que les Comediens qui sont les Acteurs qui representent ces faux Dieux sur le theatre, soient marquês d’infamie, & que les Poëtes qui sont les autheurs qui inventent & qui composent ces comedies, soient traités avec honneur, non dit ce Pere, je ne comprens point la raison de cette distinction, comme je ne vois point de difference entre leurs professions, je n’en vois point aussi entre leurs personnes, ainsi il me semble que les loix, selon la veritable intention des Legislateurs, ne sont pas plus favorables aux uns qu’aux autres, mais qu’elles les condamnent également tous deux. […] remarque que le Fils de Dieu entrant dans la maison de Iaire Prince de la Synagogue, pour resusciter sa fille qui étoit morte, il y trouva des joüeurs de flute, & une troupe de personnes qui faisoient grand bruit, & qui se preparoient à honorer la pompe funebre de la jeune defuncte, au son de leurs instrumens, mais Jesus-Christ rompit cette feste lugubre, & chassa ces musiciens importuns. […] J’avoüe bien que tout ce qui entre dans l’appareil des spectacles, & dans la representation des comedies, appartient à Dieu, & qu’il en est le Createur ; les chevaux du Cirque, les lions de l’Amphitheatre, les Gladiateurs des arennes, les voix & les instrumens du theatre, viennent de luy comme du principe de toutes choses, nemo enim negat Deum esse universitatis conditorem eamque universitatem, tam bonam, quam homini mancipatam  : car personne ne nie que Dieu ne soit le Createur de tout l’Univers, que tout l’Univers ne soit composé de bonnes creatures, par l’approbation même qu’elles ont receüe du Createur, & que toutes ces creatures n’ayent été destinées au service de l’homme par la disposition de leur autheur. […] , les crimes sont consacrés par les exemples des grands, ils deviennent religieux & venerables aux peuples, quand ils sont commis par des personnes distinguées par leur naissance, & par leur condition, & vous diriés qu’une chose est devenuë permise, si-tôt qu’elle s’est renduë publique : c’est pour cela que la sale de la comedie est toûjours remplie de monde, pendant que nos Eglises sont desertes, & ressemblent à des solitudes, & que le Comedien verra plus d’auditeurs au pied de son theatre, que tous les Predicateurs aux pieds de leurs chaires.

513. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Que nous importe, en effet, que nous sert ce plus précieux don de la liberté, le droit de vote et de suffrage, le droit de contribuer à l’élection de nos législateurs, de nos magistrats communs dont les rapports avec nos personnes, avec nos intérêts présents et sensibles, sont indirects ou éloignés, lorsque, d’un autre côté, on nous en donne de particuliers, sans forme protectrice, qu’il nous faut accepter bon gré mal gré, avec lesquels nous sommes continuellement en contact, qui sont si directement et à un tel point les maîtres de notre état, qui peuvent nous faire tant de mal impunément !

514. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Les Anciens avaient fait dans les Sçiences d’aussi grandes découvertes que nous, personne n’en doute.

515. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

Nous voyons encore Charlemagne, à l’instar des empereurs romains ses prédécesseurs, rendre une ordonnance, en l’année 789, qui rangeait au nombre des personnes infâmes cette espèce de comédiens histrions auxquels il n’était pas permis de tester, ni de former des accusations en justice.

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