Ils ont écrit tous deux sur cette matiére, & dans leurs ouvrages paroît avec éclat tout ce que l’éloquence Chrétienne a de plus fort, de plus ingénieux, & de plus persuasis. […] Ce qui sans doute diminuëroit l’autorité de cet excellent ouvrage, & ôteroit tout le poids aux grandes véritez qu’il y enseigne, en faisant croire qu’il y auroit débité une morale outrée, aussi éloignée de la douceur de l’Evangile de Jesus-Christ, qu’approchante de la rigueur des superstitions de Montan. […] Je ne vous feray point icy l’analyse de ces deux ouvrages.
de Corneille a faite de ses propres ouvrages, vous instruira mieux, Madame, que toutes les poétiques du monde, et vous formera mieux le goût, que tous les autres livres ne sauraient faire. […] Voilà, Madame, quelques notions, qui pourront vous donner une idée générale de la perfection de la Comédie, et vous aider à connaître celles qui sont faites selon les règles de l’Art ; mais pour en être mieux instruite, je vous conseille, Madame, de lire le Discours que le célèbre M. de Corneille a fait sur le Poème dramatique, et qui se trouve dans le premier Tome de ses ouvrages : Il examine cette matière à fond, selon les règles que les Anciens nous ont laissées de la pratique du Théâtre, et qu’il entendait aussi bien qu’eux ; du moins on peut dire, sans le flatter, que ses Poèmes dramatiques égalent, s’ils ne surpassent pas ceux que l’antiquité a le plus admirés. […] La Comédie, comme la Peinture, a éprouvé diverses vicissitudes ; on a vu des siècles, où les Peintres étaient si ignorants et si grossiers, qu’après avoir achevé leur ouvrage, ils étaient contraints d’écrire au haut du Tableau, Ceci est un homme ; Ceci est un cheval ; afin qu’on les pût distinguer, tant leurs figures étaient mal dessinées : De même la Comédie dans de certains temps, ne consistait qu’en de simples récits, dont les sujets étaient pris de la vie, ou du martyre de quelque Saint : Ces récits étaient dénués d’ornements, sans être soutenus de décorations, ni de la magnificence des habits, dont les Comédiens ont accoutumé de se parer maintenant.
Voilà les seules différences que j’y trouve, ou plutôt je n’y trouve nulle différence, puisque les considérations qui se prennent du côté de la Religion et du Gouvernement, ne font rien à un Ouvrage purement d’esprit ; ou si elles font quelque chose, ce n’est que pour en bannir ce qui choque l’un ou l’autre. […] Revenons aux Coutumes des Grecs : Quelques coutumes qu’ils aient eues dans leurs affaires publiques, il est certain que dans les ouvrages d’esprit, ou dans les entreprises qui ne regardaient point la Religion, ils devaient agir par les mêmes lumières, par lesquelles nous agissons ; ils avaient là-dessus les mêmes vertus à suivre, les mêmes bienséances à garder, et la même raison à consulter ; ces choses sont de tous les temps. […] Pour les étrangers, vous savez bien que l’ignorance des règles, ou le peu de soin de polir leurs Ouvrages, leur fait souffrir toutes les extravagances que nous voyons sur leur Théâtre.
Ce mystere de politique n’est pas du ressort de cet ouvrage. […] Au milieu de l’esprit du monde qui regne dans cet ouvrage, on voit de grandes vérités & de sages leçons sur les mœurs, confirmées par l’expérience ; il la doit à ses malheurs qui le font rentrer en lui-même, & arracher le voile que la passion a mis sur ses yeux.
Tel est l’ouvrage très-superficiel de Cahusac sur la danse ; c’est un recueil de traits, d’anecdores amusantes sur la danse, où quelquefois même oubliant la décence & les égards dus aux choses saintes, il les tourne en ridicule, comme quand il fait donner un bal à Philippe II par le Concile de Trente, & le Legat du Pape qui y présidoit en fait l’ouverture. […] Peu d’ouvrages plus dangereux ; l’harmonie des vers, la gaieté, la finesse de la poësie, ne l’excusent pas aux yeux des gens de bien, qui en redoutent d’autant plus le poison, qu’il est plus ingénieusement préparé & plus agréablement servi.
il trouva un coffret enrichi d’or, de perles, et d’autres pierreries : et comme ses familiers lui eussent montré, qu’il s’en pourrait servir à plusieurs choses : Non, non, répondit-il, il faut qu’il serve pour garder les livres d’Homère : car il est bien raisonnable, que le plus précieux et le plus excellent ouvrage d’un esprit humain, soit gardé dedans le plus précieux ouvrage qui soit.
Déjà la terreur s’empare de presque tous les imprimeurs, on ne trouve que très difficilement à publier des ouvrages favorables à l’opposition.
Avec eux descendront dans l’abîme les sages selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’ouvrage de la création, qui blasphèment contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, que le monde est venu par hasard et s’en retournera de même.
J'en connais même un, distingué par son esprit et par son mérite, qui supprima un Ouvrage qu’il avait fait sur le même sujet, par le conseil d’un seul de ses amis qu’il consulta, et qui lui fit voir le danger qu’il y avait à le publier. […] Dites après cela qu’il faut raisonner de la Comédie comme du fer, des herbes, des Anges, etc. et que les choses n’étant mauvaises que par le méchant usage que les hommes en font, il faut dire la même chose de la Comédie, comme si la Comédie était l’ouvrage de Dieu. […] Vous direz peut-être que quand même les Comédiens n’auraient pas cette fin, elle subsiste toujours dans la nature de leur emploi qui n’en a pas d’autre, et qu’il faut distinguer la fin de l’ouvrier de celle de l’ouvrage ; que celle-là peut subsister indépendamment de l’autre, tout cela est vrai. […] il faudrait sans doute que j’entreprisse un ouvrage tout nouveau si je voulais m’attacher à faire voir l’opposition de ces maximes. […] Il me semble qu’après tout cela vous mériteriez bien qu’à la place de l’éloge que vous avez fait de votre ami, que vous pouviez embellir, en faisant remarquer l’honneur qu’il vous a fait de mettre votre Lettre, c’est-à-dire, une décision de Morale des plus importantes à la tête de ses Comédies ; vous mériteriez, dis-je, qu’on finît cet ouvrage par une satire contre votre personne.
Pourquoi ce Sçavant & ce saint Archevêque de Milan, Charles Borromée ne crut pas qu’il fût indigne de la pureté de sa morale, & de la rigidité de sa vertu, de revoir, la plume à la main, les Oeuvres de Theatre que l’on exposoit au public, si ce n’est parce qu’il croyoit que ces Ouvrages rectifiés & resserrés dans de justes bornes, pouvoient contribuer en quelque maniere à la réformation des mœurs ? […] Vous entreprenez la plûpart un Poëme Dramatique comme un ouvrage ingenieux, mais peu utile, si ce n’est peut-être pour vôtre interêt. […] Aussi bon Citoyen, qu’excellent Poëte ; aussi simple dans vos manieres, que brillant dans vos ouvrages, vous ne fîtes pas reflexion combien il est facile d’inspirer la fureur à l’ombre de la grandeur d’ame, & l’abus de la valeur avec la valeur même. […] Nous sçavons (& j’ose le publier après l’avoir entendu de lui-même) qu’un Poëte * dont le talent souple, toujours loüé, toujours censuré, s’aissaya sur tous les genres de poësie (avec moins de censure pourtant que de succès sur l’Opera) nous sçavons que cet autre Quinault abjura ses travaux couronnés, & déclara les maximes de ces sortes d’ouvrages diamétralement opposées aux maximes du Christianisme. […] Je veux toutefois qu’il y ait des Auteurs, & des Acteurs (on peut en supposer, puisqu’il s’en est trouvé) qui soient insensés & lascifs de gayeté de cœur dans leurs ouvrages, & dans leurs jeux.