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5. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

Despreaux : « De n’oser de la fable employer la figure, De chasser les Tritons de l’Empire des eaux, D’ôter à Pansa flûte, aux Parques leurs ciseaux, D’empêcher que Caron dans la fatale barque, Ainsi que le Berger, ne passe le Monarque ; C’est d’un scrupule vain s’alarmer sottement, Et vouloir aux Lecteurs plaire sans agrément, Bientôt ils défendront de peindre la prudence : De donner à Thémis ni bandeau ni balance, De figurer aux yeux la Guerre au front d’airain, Où le temps qui s’enfuit une horloge à la main : Et par tout des discours comme une idolâtrie, Dans leur faux zèle iront chasser l’allégorie. […] « Ce n’est pas que j’approuve, en un sujet Chrétien, Un Auteur follement idolâtre et Païen, Mais dans une profane et riante peinture, De n’oser de la fable employer la figure, etc. » Le sujet pouvait-il être plus Chrétien, qu’une Procession où on portait le S. […] Cela diminue l’étonnement où l’on a été de voir que l’Avocat d’une cause si favorisée n’ose ni dire son nom, ni marquer le lieu où il a fait imprimer son livre.

6. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Osa-t-on la représenter à la Cour ? ose-t-on la représenter aux yeux des Magistrats ? […] Jusqu’ici on n’osait point dédier au Roi des pièces dramatiques. […] Mais il ne peut dissimuler qu’on n’ose plus la donner au public, et qu’il la retira lui-même du théâtre. […] Je le suis bien davantage qu’on ose en mettre bien d’autres sur le théâtre qui ne valent pas mieux.

7. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Oserait-on dire, pour s’excuser, que la comédie est une bienséance, une nécessité d’état et de profession ? […] Il est singulier qu’on ait osé mettre au frontispice de l’Hôtel de la Comédie : Hôtel des Comédiens entretenus par le Roi. […] En quel royaume, fût-il peuplé de Topinambours, oserait-on graver sur un portail Hôtel des débauches, des ivrognes, des courtisanes, des voleurs, entretenus par le Roi ? […] On le voit, on l’admire, on l’envie, on veut l’imiter, on y est même forcé ; oserait-on déparer la compagnie par des haillons ? […] Oserait-on paraître ailleurs avec moins d’éclat, et déchoir de l’essor qu’on a pris ?

8. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Gémissant sur l’empressement que font paraître les peuples, et quelquefois même les Magistrats pour des pratiques condamnables, elle n’ose en venir à des extrémités, et se contente d’ordonner à ses Ministres de travailler à désabuser les peuples et à leur donner de l’horreur de tous les divertissements dangereux qui les enchantent. […] Quel est le Comédien qui ait osé monter sur le Théâtre le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le jour de Pâques ? […] Qu’il en use de même à l’égard de cette pernicieuse Sentence, où il a osé dire que la Comédie est « moins l’école du vice que de la vertu », page 33. […] Qu’un homme dans un ouvrage, où il accuse de péché mortel les Prélats qui vont à la Comédie, ose avancer qu’il y en a plusieurs qui y vont. […] Les Abbés de Cour n’osent même, dit-on, y aller.

9. (1697) Satire à Mgr Bossuet « SATIRE A MONSEIGNEUR JAQUES BENIGNE BOSSUET. EVEQUE DE MEAUX. » pp. 46-48

 De quel front ces Pasteurs vivant dans l’opulence Viennent-ils nous prêcher l’esprit de Pénitence ; Et comment dans ce siècle osent-ils se flatter, Qu’on subira le joug qu’il savent éviter ? […]  C’est ainsi, Grand Prélat, que le peuple raisonne Et fait une leçon aux Docteurs de Sorbonne : Pour imposer silence il faudrait réformer ; Nombre d’autres abus que je n’ose rimer.

10. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Mais dans le temps de ce concile, les Empereurs chrétiens, qui avaient purgé le théâtre, ne l’auraient pas souffert, les Comédiens ne l’auraient pas osé. […] C’est le rôle d’un crocheteur de débiter les ordures des halles ; oserait-on, sous ce prétexte, le faire monter sur le théâtre ? […] une école d’erreur, un prêche d’impiété, une chaire de pestilence, où l’on entend ce qu’on n’oserait lire ni écouter ailleurs ? […] Une Actrice oserait-elle prendre un rôle de femme publique, et débiter des saletés grossières ? et on ose prendre celui d’un impie, et vomir des blasphèmes !

11. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Toute pétrie qu’elle est de chimères, la comédie aurait-elle osé se flatter de cet honneur ? […] Il n’osa pas commencer à Rome ses folies théâtrales, un reste de pudeur lui fit craindre les yeux des Magistrats et du peuple. […] Le théâtre ne corrige pas les Grands ; il n’oserait l’entreprendre, et ne saurait y réussir. […] Et quel est le théâtre qui oserait démasquer et censurer les grands Seigneurs ? […] A son tour j’ose dire que la Cour gâte le théâtre.

12. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Que nos Philosophes du jour, si hardis et si superbes, osent attribuer à la matière et à la brute, la faculté de démêler et d’approfondir ces contrariétés ! Qu’ils osent assurer que les sensations, c’est-à-dire, les idées que reçoit l’âme matérielle, suivant leur système, par les organes des sens, puissent combiner des sentiments si déliés, si spirituels, et les juger ! […] Vous voilà à présent engagé, Monsieur, à occuper votre talent à des sujets utiles aux mœurs et à la Religion, et surtout à dissiper et à détruire ce tourbillon d’insectes qui lancent tous les jours contre elle leur aiguillon venimeux, et osent publier leurs railleries impies et punissables de ses dogmes sacrés. […] En finissant cette Lettre, je reçois le Journal de Trévoux, dont le principal Auteur est fort de mes amis, et s’est concilié l’estime générale des savants et des gens de bien par sa modestie, sa sagacité, son impartialité et son désintéressement : le cas qu’il fait de votre Lettre, l’a engagé à la déposer toute entière dans son Journal, comme un monument consacré à la Religion dont il est l’infatigable défenseur contre tous les Ecrivains qui osent l’attaquer.

13. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Or j’ose dire qu’on ne trouvera pas un seul Prédicateur dans l’Eglise qui ait approuvé, qui ait toléré la comédie, qui ne l’ait expressément & sévèrement condamnée. […] L’étalage que Satan ose mettre sous les yeux du Sauveur représente les illusions du théatre, dont l’Ange des ténèbres fascine l’esprit. […] Oseriez-vous l’arborer au théatre, y en supporter la vue ? […] Et l’on osera dire que le théatre s’allie avec le Christianisme ? […] Or j’ose dire qu’on n’en trouvera point qui ne condamne les spectacles.

14. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Jean-Jacques Rousseau de Genève l’a dit ; oserez-vous en appeler ? […] Oseriez-vous dire que les femmes ont les vices ci-dessus détaillés au point auquel les hommes en sont entichés ? […] Leucasius ose… Leucasius. […] Leucasius ose…Je parle au Roi, Il daigne m’écouter, Barbare, écoute-moi. […] Oseriez-vous deviner qui des femmes ou des hommes a porté l’art de la Déclamation à un plus haut degré d’élévation ?

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