Par ce moyen tous les sons qui partaient de la Scène, venant à ébranler un de ces vases selon le rapport qui était entre eux, pouvaient frapper l’oreille d’une manière plus forte et plus distincte. […] , qui fut fait Evêque d’Antioche en 168, dit hardiment qu’on ne voit jamais les Chrétiens aux spectacles, de peur de souiller leurs yeux et leurs oreilles par des Vers indécents et profanes. « Nec spectacula spectare audemus, ne oculi nostri inquinentur et aures nostræ hauriant prophana, quæ tibi decantantur carmina. […] poursuit-il, si dans l’Eglise même, où le chant des Psaumes, l’explication de la parole de Dieu, et la présence de la Majesté Divine nous mettent en garde contre toutes les attaques, la concupiscence ne laisse pas quelquefois de se glisser dans le cœur, que doit-on se promettre dans un lieu, où les yeux par les objets, et les oreilles par les chants lascifs et efféminés, trouvent tant de pièges, et où l’âme séduite par le plaisir, n’entend presque jamais que des leçons d’une morale, ou païenne ou impudique. […] Plût à Dieu, ajoute-t-il, qu’il eût bouché les oreilles. […] « Au lieu que chaque crime, ajoute-t-il n’attaque qu’un de nos sens à la fois, la Comédie corrompt en même temps l’âme par les mauvaises pensées, le cœur par des désirs impurs, les oreilles par les paroles déshonnêtes et équivoques, et les yeux par les regards immodestes et licencieux.
Il leur avoit coupé la queue, & mis des pendans d’oreille & des coliers avec des rubans de toute couleur.
Roch par les oreilles, le Cochon de S.
Les contes & la plupart des œuvres de Dorat sont beaucoup plus licencieux que les contes de Lafontaine ; c’est une vraie nudité, une infâme obscénité, en style plus élégant que Marot, Regnier, & Rabelais, mais plus dangereux ; il ne s’en cache pas, la modestie lui est inconnue ; on n’a pas besoin de savoir qu’il étoit livré au théatre & aux Actrices ; son style, selon l’expression de Boileau, se sent des lieux que frequentoit l’Auteur ; il allarme souvent les oreilles pudiques .
La scène perdroit son agrément sans cet artifice ; elle languit, si elle n’excite les passions ; on veut être ému, & on ne pardonne pas aux Acteurs qui ne savent pas troubler notre repos & altérer notre innocence ; tout y concourt à séduire l’ame & à l’amollir ; le cœur, conduit par les yeux & par les oreilles, s’attache ; la raison suspendue se tait ; la religion n’est plus entendue dans un si grand fracas de plaisirs.
Les rois y trouveraient aussi d’utiles leçons que des prédicateurs à leurs gages et aspirant à un évêché se garderaient bien de porter à leur oreille.
Le Théologien a pourtant vu « mille gens d’une éminente vertu, et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, qui lui ont avoué qu’à l’heure qu’il est la Comédie est si épurée sur le Théâtre Français qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre ».
« Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie, Et que le blanc qu’elle a scandalise un chacun. » On dit à Dorilas … … … … … … « qu’il est trop importun, Et qu’il n’est à la Cour oreille qu’il ne lasse A conter sa bravoure et l’éclat de sa race. » Là, c’est un bel esprit du siècle à qui l’on fait entendre … … …. […] De la moindre vétille il fait une merveille, Et jusques au bon jour il dit tout à l’oreille.
Or, mettez à l’alambic tous les Opéras, vous n’en retirerez jamais que cette maxime retournée en mille façons différentes… On a beau dire que ce que l’on entend à l’opéra, entre par une oreille et sort par l’autre.
Souiller son esprit, son imagination, sa mémoire, son cœur, ses yeux, ses oreilles, sa langue, par une corruption même feinte ?