En présence de Beauchâteau et de son épouse, elle raconta qu’elle appartenait à de très honnêtes gens ; mais que sa mère, devenue veuve, avait dissipé son bien et celui de ses enfants ; qu’alors elle fut obligée de demeurer avec un frère qui subsistait par le moyen d’un bénéfice. […] Beauchâteau, qui n’avait cru faire du bien qu’à une étrangère, était enchanté d’obliger la tante de sa femme, et de lui avoir sauvé la vie.
Voyons ce qu’on est obligé de sçavoir, & les dispositions qu’il faut que la Nature nous ait donnée. […] Sont-ils obligés de chercher au loin des Savetiers, des Maréchaux ferrans, des Bucherons, & les autres personnages qu’ils introduisent sur la Scène ? […] Qu’on les voye donc à chaque instant fréquenter les Manœuvres, les derniers Artisans, & toutes les espèces de gens qu’ils nous obligent de contempler au Théâtre. […] Votre réplique est séduisante, mais le genre de vos Drames vous oblige d’entrer dans des détails qui demandent une grande connaissance des choses.
Monsieur le Prince de Conti, qui avait fréquenté les Théâtres avant sa conversion, se crut obligé d’écrire contre la Comédie ; ce qu’il fit d’une manière savante, élevée et très pressante. […] M. de Voisin se crut obligé de défendre le Traité de Monsieur le Prince de Conti contre la Comédie, qu’il venait de donner au public.
On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter. La moindre expression de cette surveillance démontrera au clergé que s’il indique aux citoyens des devoirs à remplir, le prince et ses délégués sont là pour l’obliger à remplir les siens, et qu’ainsi la puissance séculière, devenant la protectrice et la mère tutélaire de la religion, sait en même temps forcer les prêtres et les peuples à observer ses rites et ses dogmes.
L’amour du théâtre est un si grand dérangement, que par les lois Romaines on est censé avoir corrompu un esclave, et par conséquent on est obligé de dédommager son maître, en lui payant le double de son prix, si on lui a inspiré ce goût ; ce qui est mis de pair avec les plus grands vices. […] D’abord innocent chez les Grecs, sévère chez les Romains, il tomba bientôt dans la plus effrénée licence ; cent fois les Empereurs furent obligés par des lois rigoureuses d’y rétablir les apparences de la vertu. […] Ils furent d’abord innocents ; mais les danses y devinrent si lascives, les bouffonneries si indécentes, les représentations théâtrales si licencieuses, qu’on fut obligé de les abolir. […] Rome païenne ne connaissait pas les vœux monastiques, elle n’avait qu’une quinzaine de Vestales, obligées à la continence, qui même après quelques années de service pouvaient se marier ; le mariage y était honoré, favorisé, encouragé ; le divorce permis devait même le faciliter. […] Afin de la prévenir, il fit des lois très sévères pour punir l’adultère et obliger au mariage, et promit de grandes récompenses à ceux qui s’y engageraient.
C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais cela n’excuse pas de peché, ceux qui, dans l’experience qu’ils ont de leur foiblesse, ne peuvent ignorer le danger où ils s’exposent : car si ces spectacles, tels qu’ils sont aujourd’huy, leur sont une occasion de scandale, c’est à dire, s’ils sont capables de les porter au mal, c’est une occasion de peché, qu’ils sont obligez d’éviter, sous peine de se rendre coupables du peché même. […] il est évident que ce sont ceux, qui à raison de leur dignité, & du rang qu’ils tiennent parmy les autres sont obligez de leur donner exemple, & qui doivent prudemment juger, que leur presence authorifera ces divertissemens, dont on a tout sujet de se défier, & qui par-là, leveront tout scrupule à ceux qui ne sont pas obligez d’avoir les mêmes ménagemens ; parce que leur exemple ne fait point de consequence ; ainsi un Ecclesiastique, un Magistrat, une personne considerable pour sa Charge, pour son Employ, ou pour l’opinion qu’on a conçuë de sa probité ; qu’une personne, dis-je, de ce caractere distingué, se permette ces divertissemens, & contribuë à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes, c’est un scandale, & plus ces personnes sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus ils donnent de hardiesse de les imiter en celle-cy. […] Si l’oisiveté est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ? […] De tout cela, Messieurs, je conclus, qu’il y a bien des gens, qui ne peuvent sans peché frequenter ces spectacles, quelque innocens qu’on les fasse ; puisqu’ils sont pour quelques-uns une occasion prochaine d’y tomber, pour les autres un juste sujet de scandale qu’ils donnent au prochain, & pour les autres enfin, une perte de temps & d’argent qu’ils sont obligez d’employer à des choses plus necessaires & plus importantes. […] Vous me direz qu’au Baptême on n’a renoncé qu’à l’affection & à l’attachement qu’on pourroit avoir aux pompes & aux vanitez du monde ; parce que s’en separer absolument, c’est un état de perfection à quoy Dieu n’oblige pas toutes sortes de personnes : cela est vray ; mais c’est un précepte de s’en separer du moins de cœur & de volonté, d’estime & de desir ; or dites-moy, si vous ne voyez point de danger d’y attacher vôtre affection, en y assistant si volontiers, & en y prenant tant de plaisir ?
C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais cela n’excuse pas de peché, ceux qui, dans l’experience qu’ils ont de leur foiblesse, ne peuvent ignorer le danger où ils s’exposent : car si ces spectacles, tels qu’ils sont aujourd’huy, leur sont une occasion de scandale, c’est à dire, s’ils sont capables de les porter au mal, c’est une occasion de peche, qu’ils sont obligez d’éviter, sous peine de se rendre coupables du peché même. […] il est évident que ce sont ceux, qui à raison de leur dignité, & du rang qu’ils tiennent parmy les autres, sont obligez de leur donner exemple, & qui doivent prudemment juger, que leur presence authorisera ces divertissemens, dont on a tout sujet de se défier, & qui par-là, leveront tout scrupule à ceux qui ne sont pas obligez d’avoir les mémes ménagemens, parce que leur exemple ne fait point de consequence ; ainsi un Ecclesiastique, un Magistrat, une personne considerable pour sa Charge, pour son Employ, ou pour l’opinion qu’on a conçuë de sa probité ; qu’une personne, dis-je, de ce caractere distingué, se permette ces divertissemens, & contribuë à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes, c’est un scandale, & plus ces personnes sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus ils donnent de hardiesse de les imiter en celle-cy. […] Si l’oisivité est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ? […] De tout cela, Messieurs, je conclus, qu’il y a bien des gens, qui ne peuvent sans peché frequenter ces spectacles, quelque innocens qu’on les fasse ; puisqu’ils sont pour quelques-uns une occasion prochaine d’y tomber, pour les autres un juste sujet de scandale qu’ils donnent au prochain, & pour les autres enfin, une perte de tems & d’argent qu’ils sont obligez d’employer à des choses plus necessaires & plus importantes. […] Vous me direz qu’au Baptême on n’a renoncé qu’à l’affection & à l’attachement qu’on pourroit avoir aux pompes & aux vanitez du monde ; parce que s’en separer absolument, c’est un état de perfection à quoy Dieu n’oblige pas toutes sortes de personnes : cela est vray ; mais c’est un précepte de s’en separer du moins de cœur & de volonté, d’estime & de desir ; or dites moy, si vous ne voyez point de danger d’y attacher vôtre affection, en y assistant si volontiers, & en y prenant tant de plaisir ?
La profession de Comédien n’était pas plus attachée à la servitude ; on n’y a longtemps employé que des esclaves, parce que ne trouvant personne qui voulût s’avilir jusqu’à être Comédien, on était obligé de se servir de ces malheureux qu’on y forçait. […] 4.), remarque que les voisins peuvent obliger une femme de mauvaise vie de vider la maison qu’elle a louée, et même sa propre maison. […] Sa corruption est si notoire, que la charité la plus délicate ne serait pas obligée de suspendre son jugement, et d’adoucir ces idées communes ; on aurait beau y apporter des mœurs pures, elles seraient bientôt dépravées. […] Thomas, le lui laissent, parce que la loi Romaine, qui subsiste encore en Italie, ne l’oblige pas à le rendre : « Quod Meretrici datur repeti non potest ; turpiter facit, sed non turpiter accipit. » (L. id. de condic. ob turp. […] ) Les Comédiens ayant toujours été regardés comme des esclaves vendus aux plaisirs du public, ils ne pouvaient pas plus renoncer à leur métier, qu’un esclave se dérober à son maître ; et s’ils prenaient la fuite, on les obligeait de revenir à leur service.
et qu’ils voient indignement profané par ces pratiques dangereuses, et par ces actions païennes, les oblige d’user de leur pouvoir, et d’empêcher par les voies Canoniques cette horrible profanation. […] oblige encore plus étroitement les Prélats de mettre la main à l’œuvre, et de suppléer à leur défaut par leur zèle et par leur autorité.
Les auteurs tragiques sont donc obligés, s’ils veulent exprimer une idée forte, de tourmenter leur génie pour la couvrir du voile de l’allégorie. […] Campistron, pour traiter le même sujet, avoit été obligé de placer la scene dans un autre pays, et d’appeler son héros Andronic. […] Nicolet étoit obligé de conserver ses danseurs de cordes. […] Les Associés jouoient des pieces de toute espece ; mais ils étoient obligés de les faire précéder par des marionettes. Les Délassemens avoient aussi des marionettes ; mais, pour différer des associés, ils furent obligés d’adopter la gaze des bleuettes.